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~ , " pal' Hlwllle aacloul'"l'ha ..
Pl'i ..
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la 'acult' de. Etuc1u ONc1u'-a .n we de l'obtention-a""un.
Mltl'!" .a artaD'PlU'tament clo Bo1 .... ' Economique
et de Science Politique, Unlverdt6 McGiU, Montréal. \ '. ~ Mireille Badour 1967 \ --_,.\:,.~_---~.~~''''".u
.... ----.-__
.1 -Avril 1967 ',,0'\
1
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<L
,-J 1.---_.
PREFACEcette
thè ..
aft,
pr4paHe IIOU la d1rectioQ ciup1'Oteeeeur H1cbael 011ver, du cl'partement cio 901euce 6coDDmlque et de SoieDC8 politique de l'tJD1vel"lI1t' McGlll. Bc»us teœu
à
le re_rc1el" e1ncèremeDt. desa bienveillante ooop4ratioza. Bc»ue teDOM 'galem.ent
à
upr1mltr DOt" grctitudeà
H. WllUam Badour JX)url'aide pr&oieuae qu'il DOue a apportée,tout au long
de la r"'aot1on de
cette thè...
L'auteur conservecependant l'entière
reepoaeabl.l1t'
de, ieUe. Sleeedans cette thè ... _
-AVAt.7-PROfOS
La ponsÉe poUtiquo et sociale d.u canada fwooça:18 G'eet
manifestée principalement cians un caDteltte nationaliste. La
pré-sente '.bèse œ propose d'a~ser l'une des mamieete.tiollS da ce
naUonslbme, celui de J.'Action Nat.1oWe. Cette revue ost née
soue le signe des l'&Wndications ®s droit.a <lu parler français.
En efiet, 0 'ost
à
la suite d'une 8~r1e cl'articl.tas signée PianoHomier (ps.eu.do~ du père Archambault.) publicSs dans le DoVoir
da mare 1912
-à
juin 1913 que la Ligue des cil'Oits du francais futcréée. En janvier 1917, la Ligue décide de publier une rGVU8
qui prit. tout dtabord le I20lil d'Action Fr8!lea1se. l)l,s le début dB sa publication, la Nvue voulut situer le probl~1lS des CÙ'01t8 du
frllIl~a1e dans un c~ plus général, clans un caclre plus national. Elle se proposa, d.s plus, de formuler ce qui, selon eux, avait le
plue mzmqué au nationalle1Il9 canadien-t'rançe1sa UIJ!.:) doctrine.
Durant. cOU.a première période (1917-1927), l'équipe de l iAction
Françoi 130 so préoocupa avant tout do l'é1ab)rnt.ion do cot.~o
doc-.q..rlno nationoloo En janvior 1927, le rcvuo prit, 10 nom d'lI.~.ion
Conadionœ-françaiGo. Dona 10 mot d'ordre do l'éà1~.1on do jonvior
1928, la Dirootion précise la raiGOn qui él ltOtiv6 ce chan.ZOmont.
eOUS voUlons, affirz;:seot-elloD distio@lor notre revue de l'AcUon
\
11 1
CI r:ous nI avions rien do commun avec l 'cet.'ii'r6 royalisto do Paria. ~uo lui aviono omp~·
té un nom, COJ:;'lIœ choo nous, ooaucoup cl • orge.-nos de prosso qui adoptèrent un mm déjà usité en Europe 0 III
Un an plus tard,
à
la suite de difficultés financières, la revue suspendit sa publication. CEl n'ost que quatre ans plustard,
enjanvier 1933, que la revue parut de nouveau, cette tois 60US le
nom de l t Action Nationale. Elle continue. aujourd'hui de porter
ce nom.
Min de marquer la continuité qui existe entre l' Action Françaiss (1917-1927) et l'Action Nationale (1933-1939), l'auteur
11
de cette t,hèse a choisi d'identifier la revue depuis le début de 198
publication jusqu'à la fin de la période étudiée (1917-1933) dCaprès
le nom qU'elle B'est donnée durant. la de1lld.èœ période de s;.
p~-cationa l' Action Nat1onel.e. L'auteur ne veut aucunement suggérer que la penaée de l'Action Française a
*é
identiqueà
celle de l'Action Nationale. Des changaœnte sa sont produits. Alors que l'Action Fi'aüçs1ea n'a pas b';s1~~à
i'~olâa06' l 'iü:ié?nè.mlCO 1 l'AC'"'.J.oD. fJa.Uon:ll.olim~,oi'Q coc rovonclicctionc, au mwau ~n=titutionrull,
à
llautoll!)meprovinciale. DO plue, cette d.erniôre entreprend, d.urant les années trente, un~ lutte contre le oapit.alisme qU'il oot. d.if:flo1le do
retra-cer à1i'eç-i:.e~ü~
à
l '~caon Fi'unçalsG. En dé~~ do cc~~o GW'Gl~tion.l Séqtrl.po don deux roVt!90 (qui dee:Ju,ra eenaible:iJ!9m la nGs et eub1~
1. ~ité pOl" le père Archambault, 111)3 la Ligue des droits du iron'ijais
II l'Action Frnnçoisoll 9 dnne IlCinquame ans de nationtüi8m9 pûsi'tii'I!.
AoUon Untiomlo, ClOX'o-ovril 1963, p. 658.
. .-:;;sv
Hi
l 'innu~nco du mGmo ~h€orleion! l'abM G:".-vulll) ooœN.o 10 lllB~
ioponanoo
à
la nation e~ la conço1li danG los mGmes t,O&"ii:'JOo Loe préoceupationa de ces doux revuoa sont ~Il!P, d'un point d.e vuo nationaliste, complémsntaires. L'objectif poursuivi par l'Action FraIl<;aise est l'élaboration de la doctrine; celui de l'Action_l~ational.e, la diffusion et, la réalisation de cette doetrina nationale. Ainei, l'étude de la revue ,durant. ces deux périodes, El peJ"JId.\!I
à
l'au-teur de cette thèee de préciser la nature du nationalisme précoDie4 par la NYttfJ.L'adopt,ion <lu titre Action Nationale permet, de plus, de
différencier la version canadienns-tran<iaiee de l' Action Française de celle de ~1aurr8e. Il est vrai qU'il existe entre cee deux revues de nombreuses l"el!Jsemblancee. Elles se proposent toutes deux
d'éla-borerune doctnM nationale qui se tonde sur une conception e.nal.ogue
<le la nation. crout,etoie, il est possible de distinguer ces deUlt mou-veœnts par le retue expliclt.e de l'Action Nationale d'accepter la apolitique d'abord" qui a caractêris~ 10 revue française. Comme le
souligD6 Michael Oliver:
1t~1aurrae t Slogan waB "politique d'abord".
Integral nationnliem was to
œ
roalized through the totalitarlon stete. PoliUcaWSB the fJupi'-ema a~; and YIlS divot"cod. from.
ordinary morality Brui individuel otbica
enQ. oould admit no at.anàard higheJ!' thon U.SI Ol:.'!l raison d 'J~~a~ ..
o.
thio conception woaz:ot ohcred by the Oe.nadian Action Francoise.
-
1I2 C 'oot d'ailleuro ce refus do taire de l'Etat l 'incllnllltion m~m':;) do la D1lt~.OIl qui donnoà
l'Action Nationalo son llspoct particulier.2. OliveE', l·liohaol K., Ci"ho Sociol. and Political Idooo of Fli'onoh
co.nodion No.tionolloto 1920-1945, thês6 (wu
pü.6Ü.2o)
do c!oC:;c:-.:,,:;pr6sont60
ô
l'Uiiivoro:'l.t6HOG1U,
1956, po 127.iv cette thèse .. par l'ob~e~it' qu'elle poursuit" - l'Buteur veut avant tout préciser la nature du nationalisme de 1- Action
Nationale, - se distingue de deux autre" études qui ont analysé la p9~sée de l' Action Nationale. L' étude de Michael 011 ver,
int.i-tul6e "l'he Sooial and Politioal Idees ot' Ftench canadian Nat10naliets 1920-1245, est une anal)rae globale des principaux courants de la
penade nationaliste durant cett.e p6r1ode et des 1ntluenoes europêennes
sur cee courante de pende. celle de ~I'ald Fortinl An AnIil;tei. ot
Iaolosr of a French Canadien Milne, 1917-195lt}POrte précis_nt
eUl' l'Aotion Nationale maie ee préoooupe surtout d'anal7ser
quantita-ti va_nt le, thèmes dG cette pens" en emploTam, le8 tecbld.quee de
l t8llaqH du contenu. Notre ftude est .. par oontre .. 8ese!lU.eUement
quaUt.ative. S'inspirant. d'un IchÔme pl'Opoe6 par les th~rio1ene
Classiques du nationaUsJœ, elle 88 propose dlanalTaer le sene et le
contenu de la do ct ri ne nationale de l' Action HatioD8l.e.
-..
.,
:) 1~ 1 1 1 '1 1i
\ :\ \ 1 1 1 .i 1J
'1
1 1 1 1 .1 1 .1,T, -" ;V AVIJ!lP PROPOS • • • • • • • • • • • • " • • • • • • • • • • • 1. 1 II III
LA COHCEPI'ION IlE LA NA'I'10N
•
• •
•
•
•
•
•
••••
Conception poUtique de la Ration
Conception culturelle de la Nation
Conception da la Nation che. 11 Action Nationale
LES FOlmEMIU',·S DE LA NA""10I • • • • • • • • • • •
La natioDlUt4 objeotive La nationalit' eubjeotive LA REALlSi'PION DE LA HIl"ION UPr'seaoeli cl. la doot!'1ne P:ro81"ammI de vi.
• •
••
•
••
••••
CONCLUSION
.
. . .
.
.
. .
.
..
.
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..
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. .
. .
.
.
.
.
BI 11.10 œAPm • • • • • • • • • • • • • • • • e. • • • • • -l43
78
1231
1
1 1l
1!
l
1CHAPITRE PREMIER
La conception de la nation
Il eet di1'ticile sinon impossible de dermer du concept de la nation
une définition UDiversellement accept~e. .Afm81, un auteur coucient. de la cromJll,.eJd.té du phémmène national. lerita
nIt adm1ta of
no
simple detiDit10n sinee it is a complez ph!llOmeIlOD, often vague and Jl\V8ter1.oua in character~~fDana cette optique, le spécialiste français Re~ Johaanet souligne que ula partie obscure du principe deI Nationalités, 0 'est la Rational1t,u2.
De Bon
côttt
l'auteur aa4r1oain Rupert EIlel"8On suggère que tout oe qua l'on peut aftirmer de la nationJ c'est qu'elle représente le "Nouan en facedt
"Eux" •
Selon lui,"Nationaliem is no more than the assertion of
a parti culer "we" U'l"qed agaiDSt the "they" of the l'est of manldnd." 3
'1'outefob. il est à œter que la clIfinitioD du "Nous" a éU
historique-ment sujette à cie nombl'8U.ses interpdtations. Dans toute la g8!111118 d'opi-niona diverses J 4. nous allons dhtinguer deux conceptions fonàamentales
du natioD&l1ame qui vont noue permettre de nsituer" la pensée de l'Action Nationale et de pr~ci8er 80n caractère particulier.
1. in its Meam.
l .
2. Johannet, Re~, Le principe des nationallt~s, Nouvelle Librairie Nationale, Paris,
1918,
p:2ô.
Pour une âïiâb'se de l'origl.n.e du motnation, voir Johannat, op.
dt.,
pp.15-1G ainsi que Kedourie, E.,~ National.1sm, Hutchison, London, 1960, pp. 13-15.
3. Emerson, Rupert, From Emp1re to Nation, Beacon press, lbeton, 1960, p. 213,
4. Johannet, op. cit., pour un énoncê des diverses définitions proposées
depuis
l8S1;
pp.19-26 •
.
.,.l"
1 1 j I~Il
1i
• 1 .f , 11. \ \LI ---~-_._._-~.---- -. ---_.---_--
._-La première conception fait de la nationalité une entité essen-tiellement "politique" J le résultat d'un vouloir-Vivre collectif. Une
nationalité, selon Durkheim,
". •• sst un groupe humain dont les membres,
poUl' des raisons ethniques ou simplement
historiques, veulent vivre BOUS le8 mêmes 101s et former un même Etat ••• nS
Un second groupe de t.héoriciens conçoit le nation comme étant,
avant tout, une réalité culturelle et sociologique, un apouvo1r-vivre collectif".6 Ainsi,
N1e~
exprime cette conception de la façon suivantez"la natioaalit6 Commune est plus haute que l'union politique qui lie et sépare le8 hommes. Elle tait r.ud:tre entre eux par la grammaire, la langue, leB moeurs, leI!! traditions, les littératures, une confraternité qui les sépare des souches ~rangère8 et leur rend. odieux le lien qui les Attache à un peuple qui. n'est
pas le leur.1I7
I l faut noter, toutefois, que cette d1stinctJ.on est avant tout analytique car, sn tait, ces deux notione ont été intimement liées et
se sont in!lUenc.ses mutuellement. 8 Elle s'avère toutetois très utUe
5.
Durkheim, E., cité par Johannet, R., ~, pp. 22-23.ô. L'expression est de Hauser, cité dans Vergnaud, P., L'idée de la nationa-HU et de la Hbre di,epoBition dee peuples daM BSS rapPOrte avec
l'idée de i'Et4, Librairie Droz, aenève, p. l~.
7.
Ni ebhur , oité parJohannet, op.
cit.,p. 24.
S. cette distinction avait été torwlée par Meinecke:""'here are cul ture ... n.gtions (Kulturnl'ltionem) and
state-nations (staatnationem); thera are national
states in the political sense and national etates
in the national-cultural sensel among the
nation-al states in the polltical sense, and alBO among
those that are both pol1tical and culturel nations,
we haYe to diatinguieh the ancient and the modern
types. Finally, ve have to keep clearly in mind.
that in historical reality, theee dit'terent t'orma merge into another."
cité par Altred Cobban, National Selt-Determination, OXford University Press, London, 1945, p. 49.
• ••
---~ -~, ~\~
-3-pour una véritable c:ompréhenalon du phénomène national. Comme le suggère Cobban:
" • •• however much (tbis distinction) ma;v be
obscured in practice, (it) must. never he lost
to minci, for it lB the bagidi! of
âll
sound.thiiîidng
on tha national quest n."9Ces deux conceptions, nous allons le voir, se di stiDliUent nettement l'une de l'autre d'abord par lee relations qu'.elles établissent entre l'homme et la Dation
et
"ecundo, par les objectifs que chacune d'elles prcpol!leà
la nation.ce
dernier aspect est partioùllttrelll8nt eouli_ par Cobban:. '. ':\.,
» • •• the distinct! veness of en(l~ pl'Opoeed b.v the tWD developmeDte ••• 18 fundamental.lllO
Conc!Ption politique de la nation
Selon la conception politique, la nationaU.t' repose e8sent!ell~nt
sur le consentement ciee populations, sur le "principe salutaire de l'adhtS-l3ion l1bNn.ll Elle est l'expression d'une c1&ds1on de la part d'un groupe humain de vivre 8nsemble. Elle ost, pour reprenàr'e la phrase cUèbre de
Cette distinction est reprise par Cobban dans ce mime livre. De son oGté
Johannat ~ppo1!l8 l'idée allemande de la nationalité ethnographique
8
ls thêorie élective française. Laurendeau et Foree" dans leur d1ecuBslon du problème des nations S.u Canada.. atfirDmt:"le mot nNat,ion" présente en français comme en anglais plusieure sens d1fi'érents. n,y a en pert1culier ceux-ci: (a) la nation" c'est une entité ethnique, culturelle et
sociologique;
(b) la œtion .. c'eet une entité politique, légale et juridique.
Lau.rendel!UJI And!'é,"l.e Can!!ds$ une nation ou. deUK?
ou",
Le Ce!!8ds;!!p~r1ence ratée ... ou r&1asie .. Les presses de lttJniverèiié Lavât"
Congrèl!l det3AftâIres canadiennee, 1962, p. 71.
9. Cobban, A.# op. c1t.,p. 60. (souligné par l'auteur)
10. Ibid.
-11.Renan. E., Qu'est-ce qu'une nation? R. Helleu~ paris" 19351 p. VIII.
Î j l -1 j
\/
1,i Renan, "un plébiscite cie tous les joura ll•12
Plusieurs facteurs, tela que la proximiteS géographique, une
commu-nauté de langue et cie culture ets COJllIllS le souligne Renan,13 une
expéri-ence histor.1.Que commune peuvent f'avorieer la tormation de ce vouloir-vivre
collecti!, peuvent inviter une population
à
se réunir, mais ils ne llyforcent peso En dèfinitive, ce qui importe,
" ••• ee nlest pas de parler la mGme langue ou
d'appartenir au mGme groupe ethJJOgraphiqus,
c'est d'avoir tait de grandes choses dans le
pas84S et de vouloir en taire dams l'avenir.nl
4-C~te i~e est reprise par Fustel de Coulanges dans sa polémique avec
MolllIll!len en 1870. Il 8 'exprime en cel! t,ermes:
"Lee hommes sentent en leur coeur gu 1118 sont
un mGme peuple lorsqutils ont une' c:oœmnnautê
dtl<Ues, C1'intérits, d'a!fectioD8, de souve-nirs et dfeBpéranaes. Voilà ce qui tait, la
patrie. Voilà pourquoi les hommes veulent
marcher ensemble, ensemble travailler,
ensem-ble combattre, vivre et· mourir les uns pour
les autres. La patrie c'est ce qU'on aime.
n
se peut que l' Aleace soit allemaade par la race et le language, mais par lanationa-lité et par le sentiment de la patrie, eUe
est !rança1se.nl~
Pour Gtre à mSme d'accomplir ces grarulse choses, la nationalité
éprouve la besoin de se constituer en un Etat, de se donner un ~
politique souvorain. Ainsi, Henri Berl' ati'irm.G q1\ 'il
" ••• manque
à
la nationalité pour être une nationl'Etat qui lui soit propre ou qui soit
libre-ment accepté par elle. ,,16
12. Ibid, p. 88.
1;.
!lli,
p. 85. "Un passé héro!que, des grands hommelJ, de lagloire (j'entends de la '\f'éritable), voilà le capital social sur lequel OD assied
une idée nationale."
14.
~., XI (souligné pel' 1 a auteur) •15. Fustel de Coulanges, cité par Weill, Georges, L'Europe au XIX siècle et
ltidt§e de 10 nationalité, Editions Michel Albin, paris,
1938,
p.306.
16. Berl', Henri, c1t~ dans Vergnaud, P., op. oit., p. 16.
-i "
, 1
f
1
-5-L'Etat national est la taçon dl6tre politique pour une nationalité car
o'est par l'obtention de la communauté politique qU'elle s'exprime,
acquiert une vie, se réalise. En d'autres mots, le voulo:!l'-Vivre col-lectit a besoin de la souveraineté politique afin de pouvoir s'affirmer.
La crêàtion de l'Etat national eet donc l'acte constitutif do la nationallt~:
"Nationality 115 theretore mt onl:y a group helà together and animated by common coneciouanes8J
tut
it ia 8180 a group eeeldng to tind its expresld.on in what 1t regards as the highestton ot
orgauized aotivity, a BOvereign etate. n17D'après le8 t*cl.cieœ cl:ase1quos du national1eme, la carte de 1t.Eu1'ope devrait 8tre remanUs de façon qu.s lee t1'Ontiè:ree !!Oient. fix6e~
i..
DOn d'après les aocidents g'ographiquss ou la 'VOlonté des princes, mais d'après le prinoipe des nationalités. Une telle reconstruction de l'l!.'urope serait le gage d'une paiX durable. Mazzill1 exprima cette conviction dans
les termes euivanta:
"Or, lthumanit~ C'est l'association des patries; l'humanit9 0 test l'alliance des nations pour
accomplir, en paix et en amour, leur mission sur terre.ulS
L'idée nationale, dans ce contexte, se définit alors principalement en termt38 politiques et présente comme idéal l'identitication de l'Etat et
de la Nation. On peut dire qu'il y a. nationalité, affirme John stuart Mill,
u ••• là où sa trouvent des hommes unis par des sympathies CODllllWleB qui n'existent pas entre
eux et d'autres hommes, sympathies qui les portent, à agir de concert beaucoup plue volon-tiers qu '11s le teraient aveo d fautres 1
&
17 ~ Kohn, Hans, 'T'he Idee of NationaliBm, A Study in Ua 04'igina and
Background, l-iaoKtUan'
Co.,
New York, 1944, p. 19. 18. Mazl!dni, cité dans Weill, Georges, op. cit., p. 116.--.,
l~
1
-.. i
.
--.
'-
.... 1désirer vivre eoue le même gouvernement
et
à
désirer que ce gouvernement soit oxercÉI
exclu-si vement par eux-mSmee ou par une portion
d'entre eux.,,19
Selon la conception classique, cet idéal ae pose comme un ~ que possed.e la population, droit qui n'est que le prolongement de ses droits
démocratiques. UI'..9 ~p1Ù8tion qui peut c~1sir librement les institu-tions qui la gouvernent ne saurait taire partie d'un Etat Que par un acte de volonté. C'est là" soutient MUl." un droit ~lémenta1rel
Des droits et llburtée individuelles, Hill passe allègrament aux droits
et UberUs de:!! peuples.2l Ce déplacement des droits du plan individuel
au plan collectU allait avoir des conséquences très importantes pour
le développement du l1b6ralisme.22 • Cepenclont, pour Mill CODllle pour les
théoriciens de son époque, 11 ne t'ait aucun doute ,:tue 18 cause des liber-tés inàiviciuelles est int.1memant lUe
à
celle cie la libertcS nationale.19. Hill, J.S., cité dana Weill, Georges,
op.
cit., p. 304.20. Mill, J .S. J "Representative GoverDment" dans t1tll1t ari
am
sm , Liberty and Representati va Government, J. H. Dent & Sons Ltd. t EVer.yman' SILibr8l7, London, 196ô, p. j6ô:61 (souligné par l'auteur).
21. 1I0ne hardly knDwawhat ~ division
ot
human race ahould be .t'reeto do ii' mt àetermine with wh.tch ot the VariOUB collective
bodies of human beings thf31 cbooee to aesociate thomselvee.n Ibid, p.361.
22.
--.,
r~ l, 1 1 1 1 1i
! \,
-7-Il eat avantageux, selon. lui" que la population se prévale de son droit de se constituer en un Etat national oar c'est
à
l'intérieur d'un tel Etat que leB l.Mtitutions représentatives et, pu coœéquent" les libertés individuelles sont le plusil
mime de se développer. Ainsi Mill affine;-
.
-:,'
n ••• it 1s in general a noce8~_ condition
ot
treei nsti tutiollB t hat the bo1llld4Hee of govemmente
shoul<l coincide in the main w1t,h thoae
ot
nation-alitiea.,,23 . ' "
I l ajoute,
nireG institutions are nst to impoee1ble in ,.
country
made up of àitfereDt natJ.onalitiea."ou..Pour MUl, COD1DJ8 pour \iooCÙ'Ow Wilson d'ailleurs, le droit des peuples
de di8pose~ d'eux-mêmes est un corollaire des pt)Btulata dti~craUques
et l'Etat _tona1.
.
est l'instl'WllBnt. politique le plus apte à fnoriaer'
l'épanouissement de., libertés personnelles.25
n
estil
souligner" plU' conséquentl que cette conception de lanationalité eet fondée BU!' une croyance en la llbert~autoDDmie de
l'individu en tant qu'6tre moral et libre.
nL'ho~, affirme Renan, n'appartient ni
à
sa langueni
à
9a racel il n'appartient Qu'à lui .. ~œ, oaroleet un 8tre Ubrel c'est un Stre uor81..n20 •
23.
Mill.
J,SO I op.oit.,
p. )622~o Ibid., p. ,361. Mill était d'ev1e qu'il '7 IlVcit cmnge:o qu'une telle iOii'~té soit, caractérisée pal' des nminorités permanentes" et par
cons~quent qu'un système majoritaire he Goit pas apte
à
sauve-garder les intérita de tous les membres de la COIlllllWl8UU.25. l''''he 1ntimate connexion in hie (Woodrow Wilson's)
mnd of seU-determination witb democt'acy was Sho\ffl
by hie insistanca that demoaracy, or st leaet 'seU-government'" was a necessity for raal national independ-ence, and inc1dent&ll3r, thoreforel a naceseary
qualifi-cation ior membership in the League of Nations." Cobban, A., 2P.. oit., p. 65.
26. Renan, Et, Op. cit., p. ~.
-" ~ -1 J j ~ ,) ,j 'j j
i
: 1 -~---___ ~ ________ . _________ ... w._~ __ ___________________________ _
f'
~' ,1-8-cteet en tant qu'Stre Ubre qu'il or(§e la Nation et 1116 crée pour satisfaire ses "d~9irs" et Bes nbesoinsn • Dans ce contexte, la créa-tion de l'Etat-Na.créa-tion ne Be présente pas OOmBle un objectif absolu maie
plutôt comme un but instrumental. Comme le suggère Renan, "la perfection humaine est le but".
Z7
L~!Et~-Ns.tion"
c'est lanCOMtructio~
politique Illa plus apte
à.
répondre aux besoins de l thol1lïlla. Renan, U est vrai, va plus loin 'lue Mill et conçoit la nation comme un "principe spirituel"" une "conscience mol'ale", CepEtndantt cette conscience morale dameureune cr~ation de l 'homme et, au semee de celui-ci. Renan l t affirme
sans ~u1voque:
nb
grande a~gaUon cl 'ho~ saine d teaprit etchaude de coeur, cr4e une conscience morale qui
8' appelle nation. '.l'ant que cette conscience nnrale
pI'Ouve sa foroe par les saCri.fiCe8 qu'exige lt.bà1-cation de l',incliviclu au profit de la eoJllIllWl8uté, elle est légitime, elle a le droit d'e:dster.a28
En cl'autres mote, la nation cominuera dtex1ster tant qutello Bera voulue par sea membras, tant qu'ile treront pr3ia
il
se eacrltier pour elle. Renan entrevoit d'ailleurs la possibilité de la dieparition dos nations. Elles ne sont pas, a!tirme-t ... 11, quelque chose d'éternel. \lnles ont commencé, elles finiront. La Confédération européenne, probablement, lee rempla:era".29 D'ailleurs, il !aut, noter que, pour Mill comme pour Renan, le droit queposB~dent
les peuples de disposer d'eux-mGmes n'est pas un droit absolu.JO
L' absolu demeure l 'hoIlUIla et la coincidenae de la nation et de l' Etat ,l'idéal vers lequel doit tendra toute politique aspirant. ê garantir les
27.
Renan,B.,
oité dans Vergnaud, P.,op.
cit., p. 76. 28. Renan, E. p 02- ait., p. 95.29.
~" p.92.
30.
nAux yeux de D1eu et de l'avenir, itUsses et Fran~a1one sont que des hommos. Noua nten appelons au
prin-cipe des natioooll.tés, affirme Renan, que quand la nation opprimée est supérieure selon l'esprit
à
oelle--.
.,
I~ 1 '1 1 '. , .!.1 ~
..
-9-liberUs individuelles. Selon catte conc<3pUon,
IIl'f'he nation ae a political unit _ or· state, ie Q
utUitarian orgai:d.zatillJl, iramed
b.Y
pGliticalingermity
tor
the achievemeut&ot
pvl1tical" ..with wbiah mq be 1noluded economic,
ewan-'-'-Cee llbert6s justifient l'Etat-Nation en mime temps qu-oUes constituent un frein à son action. C lest précioément sur ce point que vont porter les critiques dtActon et de Zimmern. C'est
ln
une dangereuse iUu-.~n,affirment ces dam.ere. Identi!ler la Nation et l'Etat
et
réclamer pour l'Etat la souveraineté politique no peut résw. ter qu tà
la restrictionsiDOn à l'aboUtion des dro1tsdélllocratiquea. Ainai, Acton 'crlt:
"U
we tùe the establlshmiilnt,ot
liberty tOI' therealisation
ot
mral. duties to be the end of civil 8Ociety,we
lINBt œnclude t.hat those states are aubstanti3lly' the most per!ect which like the B ri tieh and Austr1an Empires includedistinct
nationaUtlos ldthout oppressing t.hem,"32
---qui ltoppr1œ. Les partisans absolus de la nationalité ne peuvent 8tre que des e~rite étroits. La pertect10n hunudœ
est le but.1I
Renan, E., o1té par Vergnaud,
P.,
~-f' cit., p. 76Mill, de son oSté. après evo l"sccsptê ce droit au niveau des
prinoipetll conetate que plueieurs considérations rendent 8& réali-sation tl'es difficUe. sinon indtSsirable, ciantl. certa1~ cati. Dans l'ordre pratique, le. géogt>aphie poso des problèmes treB diftie:llos
à
l'tSgler. Dana 1 iorlÙ"8 moral et social, U est quelqUefoispréfé-rable qu'une nationalité ooit abeor~e par une autre qui lui est
supérieure. I l ne fait aucun doute poUl" Mill QU .il est avantageux
pour le basque et le breton de faire partie de la nation lrançs1se, pour le galloiS et l'4coaeais, de la nation anglaise. Il énonce la conc1uoion suivante, quelque peu étonnante d'aUleurs;
IIWbatever reall1' tend.s te the admixture ol nationaUties,
end t.o tho blending of: the1r attributea and. pecul.1arities
in a COLmlOll union" 16 a benetit. to the human ra.ce. Il lÜll, J .9., op. cit., p.
:364.
3l.Cobban, A., op.
01\_,
p. 60.32.Aet.on. Lord! tSNationali-Q'1I in Essaye on Freedom end Power, World
PUblbhlng Comparv, Cleveland:Oh1o" 1962, p. lb8.
-• i
1
-10-La véritabla garantie des àroits démocratiques est plutôt la
coexis-tence des nations à l'intérieur ""un mêm.e Etat. :i..a Nation et l'Etat,
maintient Zimmern, sont deux notions f'oncièrement d1atinctee et
doi-vent le demeurer:
UIt ie olav that there ie a tunde.mental clitference between t.he t,wo concept,ions. Nat1onal.1 t.;r. like
religion, is subjective. Stateltood i8 objective.
Nat1onalit1' 18 ps;rchologloal. Statehood 18 poli ..
tical. Nationalit.y ie a condition
ot
the %dnd ..Statehood 18 3 condition
ot
lav. National1v isa spiritual possession. Statcbood i6 an ootorcea ..
ble obligation. Nationality' 19 a
w'"
ot
teeling,thinking and liVing. Statehood 113 a condition
inseparable tram
au
civUized wqsot
living.")3Conc8pt1on ctllt.urelle ou ethmgrBEhigue de la uation
Lee auteurs déjà. cité~ ont souligné l'importance à.G la volonU
des indi v1.duo liane la créatiou da la œtion. Far coIl"~·e, le groupe
de théoriciens qua nous allons êtud1u maint~nant va rei'user de taire
de la nation le résultat d'une d~ciGion de la part dt~~ groupe
d'indi-vidus. La nation, affirment-ile, ne saurait être la lIz-é8Ul.tat arti1'iciel
d;un acte de volonté contractanteu34 car la nation est antérieure à
l'individU. Elle eet prl§eente à sa naissance et. continue O.-exister à
sa mort.:
"Noue n'avons pas voulu notr;:" nationalité, soutient
i-l~urras, noua na l t ilVOIlB ni déUbéréa J ni lllêmo
acceptée, nous en sommes nés. 1135
Nous faisons partie de 101 n.."tlon C01Dl!l:3 de la 1'amille. Nous naissons
d'elle qui est déjà riche da vie et d'expérience. La nation n'est dona
, p. 52.
34. Maurras, cité par Vergnaud, f'., ~p. oit., p. 104.
--.,
1 ,.
(.1
,r· " \ ~. - - - ._ .. _--_.- _ .... _--- - - _ . -_._---_ ... ----_._---11-pas une association volontaire, elle constitue une cOlIlllJllD.Quté naturelle, "La patrie est une sooiété ~turolle ou
(ce qui revient au même) historlque.II)6
La preuve du caractère naturel de la nation, C'est la J'lSture incompl.ète de l'homme. L'homme, en effet, en deho:rs de la nation, est
un Gtre incomplet, incapable J de par sos propres efforts, d' atteindre
son plein épanouissement. L'appartenance
à
la nation lui est donc c1ictéepar ea nature. L 'homme est easentiellement un "Stre ethniquell et son
ciéveloppement. ciépend cie celui de la nation. En d'autres mote, son dee-tin est irrémédiablsœnt lié à celui de la nations
"Le petit homm ••• est reçu clans l'enceinte d'une
nature empreade, clémente, hume1nel il ~. vit que parce Qu1il en est le petit citoyen.",7
Des liens orgamqueeet vitaux relient donc l'hoDlJlle à la nation. En fait, l 'holllIllll'J est lié à la nation comme une partie au tout 1 comme un membre à
un organisme. Le raieonnOlllent n'eet pae ici simplement analogique. La
nation constitue, pour ces auteurs, un organieme qui possède non seule-ment une vie qui lui est propre, mais ausei
une
personnalité distincte,nLa di!t6reneedos languee, les limites naturelles, lee souvenirs d'une mSme histoire, toUt contribue
à créer parmi les hommes ces grands individus
qu'on appelle dee natiOIl8; de certaines propor-tions leur sont nécessaires pour ex1.~I}~, de certaines qualités lee distinguent ••• 11;31:5
Selon la conception culturelle, l'humanité est divisée en nations et chacune d'elles possèd.e un VPe particulier, un IIc8l"actère fondamantal"
36. ll..aurrae,
C.,
cité dans~~,
C.,
The Rise ofInte~al
Nationaliemin France, Columbia University press, New York, 1939, p.
ID.
'57. Maurras, C., cité dans Vergnaud, P., op. cit., p. lOS.
38.
Mme de StaUl, cité par Joharmet, R., op. cit., p. 20.t"~
-12-qui .8 'exprima sponta~nt dans sa langue j ses traditions, ses
insti-tutions. Herder qui, l'un des premiers sinon le pramer
à
préciser cette conception, att'irme:".,.he idea of humanity, God gave it_ expression in the di!!erent Q,ationalit!es.lt39
De sa part, Fichte précise que les nat.ionalités se distinguent les unes des autres par des traita objectife, des traits culturels, qui
sont des traits naturels et nonartiticiels:
"The distinction bet,ween the prussians and the
other Germans ie artiticial., founded on
insti-tutions estabJ.ished arbltriril;r or
tu
chance.
'l'he distinction between Germans and other
Eur0-pean nationalitiesie founded on nature.n40
D'ailleurs, la langue allemande possède un terme,"volk", qui traduit très bien ce caractère fon.d.amental de la nation et qui (à la suite du
39. Her<1er, cité par Ergang, R., "Herder and the Foundations of German Hationellsm" and. SDyder, L., op. cit., p. 1;36':"137.
De nombreux observateurs ont Boulignê le ta1.t que cette concep-tion "objective" a été élabor~ par les théoriciens allemands et de l'Europe de l'ElSt alors que la conception politique a été adopt~
surtout par les th~r1cienB français et anglais. Il y a, bien entendu, des exoeptions
à
cette règle, Maurras, Barrès, par exemple, ont été fortement innuencés par la conception culturelle. Cepen-dant, i l est possible d'attirmsr, comme le fait le Royal Instituts of International. Affaire, quea"("'he) English and French writere (e.g. Mill, MCDougall, Renan, Johannet) have on the whole emphasized the political and subjective aspect, connecting the nation cloeely with the etete
end. find1ng the test of nationaUty in personal
teeling. German Bnd Central European writers, on the other hand, have tended to treat the nation.' primarily as a cultural and racial group and te
tind the test ot nationality in sueh objective marks ae language and descent.. Il
Royal Institute ot Int.ernation Affaire, NationaUsm, Old'ord University Press, London, 1939, p.
35.
4D.
Richte, cité p!1r Ergang, R., op. cit., p. 137 ~soulignê par l'auteur).mouvement national initié entre 1914 et. 1918 visant
à
éllmicer tous lee dérivatifs ~r8Dgere) va supplanter le mot nation. Jahn pr~cisela signification du terme Itvolk" en ceB tel."Dll$8z
ilLe Volkstum est ce qu'il '1' a de commun dans un
peuple, son essence inh6rente,ea vie mouvante, sa toree de régéndration, sa taculté reproduc-trice. C lest par lui que
règne
dans toua leDI116mbres ci lune mêlD8 nation une pende et un sen.-. timlJnt national (Volksttl.mlioh), un amour et 1Ul8
baine, une allégresse et une trietesse» un renon-cement et UlIS jouissance. un espoir et une noe4tal-gie, une attente et une toi nationalee."~
c.
caractère tondUlSntal, cette persormaJ.1tê, la nation le transmet ~F.tous S8S IIIBmbrea. LaœUonalité ciment alors un t:rait lDbérent
à
lliJà1vidu et non le résultat cl'un choix.
n
s'en suit quel"StrictlT speakiug, ••• it ce.sed to be seU-cletermination at all. 'he indiviclual did DOt
cletermine tds nation; rathe~" the nation determined the illCiividual.nl+'G
n
est évident que, aelon ·cett.e conception, la formation et le d6veloppement de l'indi viclu dépendent des !act.eU1'8 sur lesquels il niaque très peu de mait.ro.be. Barrès va jusqu'à attirmer que le nation&-l1eme "e'eet l'ecceptation d.u d6terminieme" .43 par conséquent, il ne
saurait être question de fonder la nationalité uniquemant sur la volont4S humaine car la Ubert~ de pensée est une illudon. Ltbomœ est un 8tre
d~term1M et 8a llpenaée eet encba!née".
44
Pour les uns, les traite41.
Jabn, F .L., cité dans WeUl, Georges, op. cit. ~ p.4.
42.
Cobban, A.,op.
cit., p.S3.
43. Bar"s, Maurice, Scènes et doctrines du rJationalielme, P6liX Juven,
pane, 1902, p. 8.
-44.
'fous les théoriciens n'aocorderont pas le rnSme poids aux factours "détermill.9..nta". Pour Hourras, par exemple, l'êl4ment volontaire 1 l'actionhWilédne, jûueIl~ un ~51o t..oa ~~am, dons le dévclopp=:nt de l~ c..., .. ·U.on
alors que 'i'aine tait de l 'homme un simple automate déterminé par la race J le milieu et l'époque. Barrès, do son côté, accentue l'influence de la _ race, de la terre et dee moM.
Voir H!\Ves, C.J., Hietorical Evolution of Modern Nationaliem, Richard. R. Smith Inc. J New York, 1931. section
Vi,
pp. 168 ... 212.-.,
[ .
"'\
-' ! ,
caractéristiques de la nation sont transmis
à
l'individu dès sa naissance par 11entrem1.sEI de la race. Pour les autres, il eat nécessaire que les prédiepoe1tione reçues soient actualisées par le milieu, par t:I.ladTerreet les Morts" selon Barrès, par l'ordre social
et
politique selon Ma\U'TBS.De leur côté, les th'orlc1eD8 allemands, tels que Fichte, Soblegel, '!'reiechke,
'VOnt faire de la langue "cette force fataLe qui mène llind1v1dun4S , Elle
eet l'spreslion la plus profonde et la plus éleentaire du ~Die de la race. En fait, elle est le dsignelt de la nation,
"ce
qu!. parle la m8me langu.8, c'eet untout
quela pure nature a lié paf avance de liens
molti-plee et invisibles ••• Un pareil tout ne
peut
admBttre en son 8ein aucun peuple d'\1D8 autre origtne ou cl 'une JJutre langue, ni vo1lloir se Di6l.er
avec
lui. n ..La langue d.eviencira éventuellement le signe de lasupél"1orit' allemaD4e
et,
par coDséquent, de la mission civilisatrice allemande. Fichte atfirme, "C'est vous (Allemands) qui, parmi tous le8peuples, pos!édes le plus nettement le germe de la perfectibUité heureuse
et
à qui revient la pr&Sbnce dans le dévelop~nt de l'huma-Dité. .,. Si vous
sombrez,
1 'hwnaJd.t~toute
entière sombl"8 avec vous sans ospoir de res-tauration future.u47
Ainsi, la r&al.isation de la nation ne se présente pas B1mplement.
comme un fait de cOll8œence ou comme un dé81r de la part d'une
popula-tion de vivre ensemble mais comme une Maesait' objel:tiw ou, pour reprenàre les œta de Maurras, eomme Itune obligation rationnelle et
45.
Fichte, oit.d dQno Joh:mœt, R., op ..c1t..,
p. 2101.46.
~.47. I1'ichte, c1~é p8r ~loc, J.rr., La nGtion, Il:à1Uonc d.e leAt'~N,
Montréal, 1944, p. 61.
-.,.
\~
1 ,
- ---- ---~--
---~._---- - - ---- --~---._-_._.~.-_ .. -,-~ .. , --~--_._--_. --
._-(
msth6matiqueiJ •
48
En d'autres mote, lanatura même doS! choses(ctest-à-dire l'existence de l'individu comme Stre ot1m1que et pour certains auteurs l'avancement même de la ci vilisstion) exl.ge l'épanouissement
de la nation. Si les naUons étaient supp~es, affirme Maurras,
It . . . . DOUS aurions
à
craindre un reoul de civilisation.n49 .La réalisation de la nation devlent alors un abeolu. Liappartenanae
il
la nation cde pour sea membrel!l un de'VDizo, celui de taire de la r~alisation de la nation l'objectil premier de leurs activit~8:
""'he nation 8S 8 cultural conception, ••• is
normal.l1'
regaroded as a goodtblns
in U!lelt,a
bae1c tact, an ineacapable datum of humanlite. lt belong8 te· the realm -orthe actiYiw
ot
the human spirit, its ach1evements are in the fieldot
an
and. llterature, phUosopb;yand rellg1on.'t 50
Comme le suggère Cobban, la nation agrtmd1t eoll8idkablemeDt son champ d'activité. Elle n'est plus limiUe 8U domaine politique mail!l doit p6n4trel" la vie e~lère de l'individu. Elle doit le
re.101ndre
par11&&1:., la l1t,t~l'ature, la philosophie. On compreDd alors, dans ce
contexte, l'importance accordée
à
l' éQucation. 51Proposer
à
l'activité humaine la réalisation de la nation comme valeur première allait poeer le problème politique .. le problème des49.
~~urras, C.,cit~ par Vergnaud,P.,
op. oit" p.43.
50.
Cobban,c.,
op. cit., p.60.
51. " ••• le Moniteur de l'~ire français signalait négligemment les .fameux niacoyre ft la nation allemande de Fichte comme des
10 çons publiqUllls t ai tes à Berlin SUl' l'amélioration de l' ~du
oaaon pSi' 'Wl e~lèbi:e p1'Ores!leur allem.and.1I
Oh~yallie~J J.JI.'9LeS sgndes oouvree pgl1t19uee, Librairie Amand Colln, Pêns, 1.,,.
,p.
~•
• p
1 J
relations entre la. nation et l'Etat. Contrairement
à
la conception politique de la nation, la conception culturelle ne p r é . pas lamocl.aliM
des liens entre l'Etat et la nation. La nationalité est conÇue COl'.llll8 uns coJ!llllUnauté culturelle plutôt que politiquo, le"!ul-tat
des forces objectivee plutôt que de l'action de l'Etat. D'ailleurs, en AUemagne, la tendance a ét~ de distinguer ces deux termes - le volk(peuple, nation) du Steet (Etat)
.52
alors que la langue anglaise iden---titie louvent les deux termes. Le problèmo se pose alors en cee termes: Quelles dol vent Stre les relations entre la nation et l'Etat? La nation a-t-elle bel!lOin d'un inst1'\1lZll8nt poUtique poUl' atteindre . n pleincl4ve-lcppement? Si oui, cet inat.l"WDI'nt poUÙque cioit-il posséd.er la souvvainatt§ absolue?
Historiquement, en Europe de l'Est particul1ftrement, les revencl1ca-tioM nationales s'ex:pr1mèrent d'abord en termes culturels.53 Cependant,
52.
Hlmlbolt 'criva1t en 1792.'~e constitution of the 8tate and the national coœmm1t7, olosel.y as they lfJS1' he interwovEm, shoul.d naver ba coJ1tused. If the etate constitution impoll&8, aither
lv
euper10r powerand force,
or
br
cuetom aDd law! a oertain relationeh1p in itl!l citizens, there il!l turthermozoe 8JlOther relaUonsbip, freeq chosenb.r
them, and. infinitelJr multifarious and changing. And i t 1s the latter, t,he free woridng of the nation in its ~:'e, which 14""Gserves al1 the bene.tits, the yoaming tOI' wh1ch 1e.ade men to fOB a soci~y.11o1t~ done M.8e~rtney, C.A., National States and NatioD!l MillOritios,
OXford
University Fl'eBS, LoïidOn~ Hfmlphre,yMD1ord,
1934, p.102.
HaoQl~ilGY, C.A., c1ana son llwa t~~lonal. ~a~es a • ..d t~&Uonal. MiroûrltiGs,
raconte 1 tentrovue entre Kossuth et les porte-parole de la
nationa-Ut6 serbo:
"What do you uncleretand b,y "nBtionll aeked Kossuth?
nA race which possesses its own language, custome aul
culturel! was the 1ntel'ost,ing reply ~ "and enough seli'-conso1ouenese to preserve them".
liA "nat.ion;; mü.et
w.6Q
h~.'iV 1'ta ûw g;:ivermn.entll .. answered Kossuth.''t'le do not go SC) tar as that", replied the Serba. One nation gan Uveunder eeveral. governmente, and again; several nations can torm a single etatell •
Macertnq, C.A., op_ oit., p. 117.
-"
-17-BOUS l'impulsion dee théoriCiens de l'école allemande, le mouvement, Dational prit. une orientation nettement pol1tiqueo Il devint
con-forma à la justice et
à
ltordre naturel que les- hommes parlant la mGme langue soient. réunis d8JlS un même Etat. Le poète allemand, Arndt, écl'i t:"Aussi loin que résonne la langue allemande,
Bt que Dieu chante dans les cieux,
n
faut que cela eoit, U faut que cela soit .. Il .faut que cela' soitlà
toute ltAllemagn.e.",4Herder avait d~jà 8Oulign4 l'aspect artificiel, "contre nat1U'8"
de l'Etat qui rassemble plusieurs nations. La nation, avait-U atfirm6, a le droit de se constituer en un Etat. Avec lee th~oric1eD8 allemands, de Fichte à 'l'reichke, ce droit va devenir une IU1ceseité. Fichte !!SOutient:
"'l'he national etate canmt be ballt out ot
8t\Y material. by deUberate artist1'7, but
the nat10n muet tiret bQ àeveloped aM
formed to suetain it.n55 "
En tusionnant le nation&l.iame culturel. au nationaUeme politique,
le pr1nc1pe des nationalit~ subit une traneformation prolonde. Selon Oobban,
""'he cl"itical I1IODlBnt. in the b1stor;y of nationaJ.ity
HaB l1hen the b1tbel'to Q1~lDgU1ebable, 11' 1lOT.
entlrely separate, ideas of the cultur&1. nation
ana
the6pol1tical ef.ate ••• merged in one single
idea."S '
Le principe do la libre d1spoaition des peuples tait place au d~er
m1ntema natlonal.. S7 '\'reichke précise les implioatioM d'une telle iden-tification lorsqu'il attirme au sujet de ltAleace Lorraine;
54 • .Arndt, Maurice, c1.t~ dans Joh8lll19t., R., op. oit., p. 211.
55. Fichte, cit,.!i dans Royal Institute of International Affairs, op.oit., P.47~
56.
Oobban, A., op. cit., p.49.
57. Ib1d.~
-
p. 53., f .~.
....
_'-_._-J~1
-lB-"Le pa.ya ellamand que nous réclamons est. nôtre par la aature et, par l'hi Btolre... Nous,
Alle-mands, ql1i connaissons l'ill®magna et la Franoe, nous savons ce qui convient lldeux que ces
mal-heureux. eWt-mSmea.". Nous voulons. contre leur volonté, leur rendre leur êt.re propre.use
Les .tl'Ontières doivent, 8tro retracées non plus suivant le désir ciElS populations mais selon les tormatione culturelloB1 particulière-ment linguistiques. La population n'a plus le choix. me doit "'unir avec cea qui pU'lent la même langue. COtte doctrine allait constituer
non seulement une menace pour la stabilité du système international
mais ausei et. avant tout pour les droite individ.uele. En effet. l'Etat, en !l 'ldenUlisnt. fi la nation, devient UD8 "collmND&uté l'B)ralell s
n'l'he stato, a!t1.rœe 'rreicbke, is a ml"al colllIll\lld.ty.
&Dei ~.8 ûalled OD to poBitive aohievements 1'or the
eduoatinD of the human raco1 and ite last parpose 119 that in it and tbrougb it • people sbeuld eeiueate itselt to a real obaracter; tor that it ie the higbeet moral dut y tor a people as for an individuel.,,'fj
L'Etat-nation n'eet plus une 1nBt.1tut1on utllit.aire s;rant pour fonction de procurer aux individus de multiples services. Son roJ.8
eat de doter le sooiété d'un but moràk et, avec Hegel, on aeBittt.e pré-cis6ment à ceMe déification de l'Etet. L'Etat. devient l'incarnation de l'Esprit. de la nation, l'~Um.ant spirituel de la civilisation
et
la constitution, un principe divin et. éternel.60 La liberté pour lesindi-vidns consiste essentiellement en l'obéissance aux lois de l'Etat.
sa.
''l'zoeichke, cité d&na Johannot, R.,op.
oit., p. 211. 59. rt're1ehke, eit~ par z.laca~nSYJ C.A., op. cit., p. 103.60.
lin
ie absolutely essentiel that the constitution, thoughhaving a temporal. or1gin, should. not be regarded as made.
!t (the prino1plo of t,he Mnst.itution) is rather t,o be
conQel ved as aœolutely perpetual and rational end, there!ore,
8e divine, m1bBtantial, and above and beyond the aphere
ot
what ie made. 11
Hegel, G., ""'he Philosophy
ot
Law" 1 seleotod and t.ranslated by J.Loewanœrg, dans loewenoorg, J. ad. J Hegel SéIllct1ons, Charles Scnbner's Sons, Now York, 1957, p. 448 •
. f'
_.
1
1
-19-L'individu nia de aens, de valeur qU'en tant; que membre obéissant de
l'Etat-nation. Ainsi,
"It 113 tl'ds identitication 01' mrêlity wlth the Sittliohke1t aTm! the state, end. Us coroUa1',Y J
the t,.heo:r;y that the value ot eva17 actiVity and
every institution muDt be judged sole~ in terms of lte usefulneas to the stete, which consti tutes
the eSBence of totalitarlanism.nb1
Par la pr~s8nte 8D8l1'ses de cee deux conceptions de la nation
(anal1'se qui ne sa prétend. pas exhaustive) 1 !lOue avons voulu clarifier
le diversité fondamentale des vues qui a marquIS l'étude aussi bien que
la pratique du ~ticnal1sz.= dane les temps modernes. Slinspirant de
ce cadra, llOUS allons examiner le nationilisme élaboré par 11 ~pe
de l'Action Nationale et tacher d'en pr~ciser la nature.
Conception d! la utton ches l'Action Nationale.
La nation, selon l."ctuipe de l'Action Nationale, nrest pas une cr4Sation de l 'hoDllJle, maie un tait de nature, voulu par Dteu afin de servir de ncadre nBtureln,62
à
la 8Oc1'U.nUne nation eet un orgam8llle moralJ c'est le tl'Uit de la nature; la mathématique n'T peut rien. Aussi Joseph de Maistre I!-t-il pu ae moquer d lune
assem-blée d'hommes se IIl8ttent en frsis de tatre une nation.n63
En eftet. la providence a divisé l'humanité en groupes distincts, en
nations virtuelles, et a assigné
il
chacune d'entre eUes une "fin légi-time et· confOl'lOOè
leur nature, l i eutollOmte COmpl~ell. 64 C0rtainoa ~ ·61. Royal Institute of International Affaire, op. cit., p. 49.62. Laul'$ndew, Aodré.9 Notre nationalisme, 'P1"acts Jeune-Canade,
octobre 193" Le
Devoir,
p.6.
63.
Villeneuve, Rodrigue, o.m.i., IlNotre avenir politiquaet
!lOS frèresde la disperelon", Action Francaiso J juillet 1922, p. 14 ..
64.
Robert, A., pte, "Aspirations du canada-trançais2 fondementphilo-sophiquo" .. Action Francaise, févzwler 1922, p. 66.
---~_.~-~.
,
-20-sont· act.uellement parvenues alors gue d'autres sont encore en voie de
~estation. Cependant toute?, comme les individus d'ailleurs, doivent obéir à cette
Il • • • impulsion tout.e int.érieure donnée par Dieu
a~~ créatures raisonnables et ~u~ .les dirigent vers le terme de leur destinée. Il 5
Le rapprochement suggéré entre la nation et l'!individu n'est pas l'oriui t, ni simplement· analogique. iJ6 La l=lation ne saurait être considérée ni COI!lllle une abstraction, ni comme un simple aggrégat d' individus. .li.lle yossède une fin qui lui est propre et, par conséquent, une Vie réelle:
6;. Ibid.
"Les peuples, comme les individus, naissent,
gran-di ssent et se développent de plus en plus. La loi qu'ils suivent invariabiement peut aussi s'appeler, suivant l'expression d'Auguste Comte,
Sur ce point, l'équipe de' l'Action Nationale s'oppose nettement à Bourassa qui affirmait lors d'une conférence à la Palest.re nélt.ionale, le 'JJ avril 1935:
liNon, Dieu ni a pas créé les races. Il a créé l'hOIn."lle
cl+, insU t.ué la famille procréatrice du genre humain.
La famille en se prolongeant a engendré la tribu, le! clan, la race, la nat.ion. ~. Est-ce à dire -=lue la di ver-sit.é des races et lan'?;Ues est contraire à l'ordre diVin? Non, c'est tout au mieux un développement nat.urel ou accidentel qui ne doit jamais porter att.einte aux ins-titutions établies par Dieu lui-même, la famille, la société civile, l'Ji,glise .•. "
IIUn document historique: tout.e la pensée de Bourassa sur le s~para
tisn::.ell
, Action Nat.ionale, mai-juin 19,,4, p. 923.
~,c. Groulx a t,outefois cJuelques hésitations sur ce point:
Il'T';rpe de société humaine, mais de nature différente Qa l ' homme, la nation ne possède ni subst.ance propre, ni unité, ni personnalité substantielles. Il s'ensuit. que la vie nationale ne soutient, avec la vie des vivants que nous sommes, gue de· pures analogies." Cependant i l ajoute:
Il.:i.t pourtant, la nation possède une vie véritable, puisque nous voyons ces grands organismes croître et décroître, abci.iguer ou lut ter, naître et. mourir. Il
Groulx, L., IIL'histoire et la vie nat.ionale" dans Dix ans ulAction Francaise, Bibliot.hèque Qe l'Act.ion française, ivIontréal, 1926, p. 235 •
.. - .. __ .. __ ._--~ ... ---.. "---r--..
-~-.
.,
. 'Îh,i
1 1 1 1---.- -.--.---.---- ---1~
..
21.-la loi des trois état,B: l5tat de commencement.,
6tat de progrè~
ct
état de complémant.u67De plus, chaque nation, en se développant, exhibe certains traits parti." culiers englobam certainas valeurs morales et, lmellectuoUes qui lui
sont propres. En un m:rt., chaque nRtion incarne 'Un f,;œe eartiouller.
11. 1 abbé G1'o'Ulx affirme:
"Dieu, qui a tait les patries et les race",
les Q voulues diverses pour la diversité des
apUtudes
et
l'échange dee eemees.n68Un Bimple regard autour de nous, soutient Arthur
LaDremeatl,
suffità
DOUS convaincre de la v~rac1.té de cet.te affirmation. ~re Canacl1.~69
nnglais et Canacü.ona fran;ais, i l wste um f1àivergence dt&!en.
GNoue SOJlllœS différente, const,stons-le sans
amert wr.e •••
,,70
Nous avons une façon pmi cUlière de comprerxire la vie et mime de la
coJUievoir car notre moœ de penser est. très d:lft~renf; de celui des
Cana-diens Ollglais. La lucidité de vision noua est JlécGesaire avant d'agir
alors que le Canadien anglais se meut dans un illogisme qui lui 6ft
"congénital".71
Il nlest pas question pour un peuple d'anéantir ses traits
caracté-ristiques mais plutôt de les développer. C'est pour lui oon seulement
un droit mllis ausei un devoiz:p car cbaque nation est appelée
il
contribuer,67. Robert, A.,
pte,0E. cit.,
p.66.
68. ~ulx, LOI "Notre avenir en Amérique" 1 deM Orientat1oll~, E<iitions du
Zod.:\eque, Montréel ,1935, p. 293-294.
69. L'expression eet du père Villeneuve, op. cit., p. 13.
70. LWrGnà_sau" Arthur
i'
Pûllt.1c1Qne et, éducation nationalell, AcUon
NaUonale J avril 1935, p. :?1)4.
71. ~., p. 206.
selon ce qll'elle est,
à
l'avancement de le civiliea.tion~"La destinée suprême de tout. peuple dana l'ordre
<ie la culture et d.e la civilisation, c toat
d'incarner un type dthumardté, c'est d('j jeter 72 une note originale cians b eymphonie hwna1ne."
En eUet, lorsqu'une nation a atteint un certain niveau de maturité,
elle a le devoir de p.e di!fueer moralem.ent et 9~1ritllellement.,· et de
ce t'ait de contr1.bn.er
è
J.I~,;,aÏ&eement de b civill.Astion. Cette id.. esra repriee pElr les coms:'!8ire(Cj du rapport, ... remble;,v en cee termesi"l.a marche de l'esprit dans le monde continuera
de e topérel%' par modes d.e ault.ures et de c1 viU ...
eatioDs part.iœllères, l'une réeondant ltautre, et les unes int'luençant. lee autres."'l3
ta nation, a'eet donc l'intermédiaire néaet!lsaire entN l'hoDl!llm et
l'universel. Le type nat.ional, c'est le tremplin vers Vutx:.versel.
G1'Oulx va critiquelr vivement lee "intellectuelsn qui désirent se
IJUbérert' de leur miUeu national.. Cet.te 8Oi-d:1.eant libération,
&lUr-gén~%'al. L IhoIiIIIIe àoit s IUn!'sciner clans son milieu mUonsl s 111 veut atteindre l'universel,
"Slil est vrai, soutient Groulx, QU'on na cr4e bien
qul&~C tout soi-môme. toute son individualité, toute 88 pereoDDsl.1té, j'estime qulU n'est n1 sain,
ni profitable ni pou%' l'artiste. ni. pour ltkl"ivein,
ni poUl" un art, ni pour une littérature, de se libérer
de sa foi, de son PÇ'B. de son telllps, ni surtout de
eoi-mSœ. Sous prét.exte de tendre
à
l'universel, fayt-il_ _ _ _ _ courir le risQUe de n'atteindre qu'à l timpersonne1"n7t.
72. Gl'oulx, L.,"Notl'e destin français", dans Directives, Editions du
Zodiaque, Nontréal, 19':11, p. 197-198.
73.
Ra ri. de la Commission d'a uete sur les problèmes constitut,ionne1D,vol. II, presse li..'ugene Doucat, Qu
56,
p.18.
-74. Grom,
L. , ~.!t91a d'une eociétê nationale en l'an 1958', Con1'éronoepromD.c~e au bSD:!uet do olôture du Congrès Qnnuel da la Sooiété
st-Jo&,-Baptiste, Valleyfield" le 19 octobre 1958, Editions du Devoir,
p.
8-9.
--'l'il
, . 1
--1.'
!
Le ciéveloppeœnt de le nation s'avère donc, pour les collaborateurs de la revue, une nécessitê sociale.
n
est exigé tant par l'avancementcie la c1v:1.lisatioll universelle que par l tépanouissement total de l'homme:
'tJna
nationalité) n'a de valeur et elle n'a dedroit que par mD aptitude
à
terdr, envers seenationaux, le rôle d'un organisme de civ:1.lleation.n
75
Il ne .rait aucun doute que, pour l'é:iuipG, l'homme en dehors cie la nation est. un être incomplet. Groulx oite les paroles suivantes cie Daloe.
" ••• pour 8tre pleinemem homme, il faut d'abord
Stre
lamembrE: d'un certtdn groupe ethnique et. nat1on~1 en
avoir subi l'influence pEll" ilX>de de culture.u"{
L'hoJll!œ na saurait att.einQ.r.9 la plénitude do son êpatlOttlssement
intel-lectuel et moral sallS la ciévelopp3<œnt da see " Ilpti t.lldes ethniques".
77
Pour ce fairo, l 'hO!Dllle a besoin d '3tN en aontaat permanent aveo les
richessa8 culturelles que ses an~es ont aecumulées au cours des sièolea.
C 'C)at la nation .)ui est le dépositaire collGotif de cette riobesse. Le
milieu national est done mr81ement nkessaire
à
l·épanouies~m.ent de lapersolll:ie humaine;
'tVivre en nati()nalit~, afi'irma E-astien, ~ lest donc
vivre dans un cadre naturel et· nécesesire.u78
De son appartenance llnat,urellell
à
la nation, de sa Ô/vocation ethnique,l'homme e le sentiment in9tinctit.
n
possède un Il Bens nationsl,u, catte75.
76.
77.
78.
79.
" ••• force obscure dépo8~e d.ans le plue intime de nos
cel-fl.:"1l1es, pas (aie) des siècles de sAturation f!"ellçe!!'Je
et cat.hol1que ••• " 79
Groulx, L., "Notre avenir en AmériQueu J cians OrienUtio!!i, op. cit. p.296.
(l.1"QlÙ.'!t,
L., "L'
éducntion nationale", dans Directives"ce.
ol~., p.l42-143.L'expression e~ de !.li.nville, Esàrco, "L'intérôt individuel et national", daM ~ucatlon nationale" .Editions Albe"t L~vesque, l~ntréal, 1935, p.S6. Bastien, Hermas, Conditions do mtro destin national" Editions
Albert Lévesque 1 l-!ontréal., 1935,
p.
116.Laurendeou, Arthur" liA la rachercho d'une nustique nationale",
Action Nationale, déc::embre 1936" p. 226.
-tL
-24-cette
n.racult9", mêmaà
l tétat lat.ant, m~mail
l'état d'instinct,peut orienter les ·!'Ictions de toute 'ln0 collectivité vera la r~alisation
de sa pereolU'l8l.1té. go Loraqufelle est sctiv~ par une prise de cons .. cienee, elle est
8
m!me de"oo.gouverne{r) le citoyen dans ltaccompUeseœnt
de ses actes privée
et
publics, les ordonnant aublen général du pqs. nal. .
Le destin de l 'homme est donc indissolublement lié
à
celui de la nation.'!'rsvailler à la r~albation de la nation, c'eet, travailler ~ sa pl"Opl"8 .
rtS8lisation.
Le nation e~t donc une communauU nat,ure11e ~ui d'rive de la nature mBUII) cie l'hoDl!Zle. Elle est tout ci.abord une communauté blologlqu8, car, dès ea naissanoe 1 l thomme eat situé dans un milieu national
dont
il eubitl'influence par lfhér~dité~
" ••• nous naissons, affirme Groulx, aveo des
prédie-~td.t1one ps;ychologlg~eBJ un certain déterminisme
pèse
déjàsur noue.
nBZA l'intérieur de ce lJdUeu nationsl., lfhonJDle t.rouve lme langue, une toi, un hér1t.age de souven1rs~ dtinspirAtione, d1i.nsti.tutionB juridiques, enfin tout un !lavoir culturel de gr.tmd. pl"ixlt • Qui dit nation, dit milieu culturel, milieu qui va agir sur l'homme J qui va l fengegar d.ans la voie do eon
80. /tAu lendemain de la conquête, nos pères sont mis en d.emsUN
de ohoisir entre deux allégeancel3 intellectuelles. ~. un
inetinct 1 qu'ils au! vent eans le bifJn com~rendre 8 leur
f
nsp1re de durer selon la loi de leur sang."La Direction de l' Aetion Française" "Notre avenir poU tique ", Action
FranSail!.3, janvier 1922, p. 18" (souligné pe.r 11aut.eur).
81. perrault, A., "Notre 8"TE1mr poUtiquev le sena national" J Action Françeise, IlOvembl'~ 1922,
v.
259. .•82. Groulx, L., "L'éduoationnatiormle", 2I!.~i., p.143.
-. .,.
,
":'.---- ._":'.----":'.---,":'.----~---~----_._--. __ . ---_ .. _._---.. -._--_ .. _ .. _._---_._---
._._---
-25-perfectionnement, qui va "incliner sa riche mais impuissante nature
h umal.ne vers son epanolllssement • . , . ' Il 83
L'équipe de l'Action Nationale va refuser toutefois de faire du peuple un être dont les actions sont absolument déterminées par des forces extérieures.
IIUn peuple n'est pas un être passif et fatal. Etre de liberté, il n'a qu'à le vouloir pour faire sa destinée, beaucoup plus qU'elle ne lui est faite. C'est comme être libre que la Pwvidence
l'appelle
à
collaborerà
ses desseins. 1Il:54/
Il est donc nécessaire que le peuple se perçoive comme communauté
natu-' , natu-'
relle, comme communauté distinct.e, et décide par un acte de volonté de vivre en tant que nation. La nation, C'est. aussi un :vouloir-vivre
collec-tif.85 Donc, deux éléments constituent la nationalité:
ilLe premier, appelé par les philosophes élément matériel, se définirait comme suit: possession
en commun d'un héritage de souvenirs, de gloire, de traditions, de similitudes ethniques et cul-turelles. L'autre élément, l'élément formel, le principal, se pourrait définir: volonté de vivre'
ensemble à raison de solidarités p~ysiques et
morales indiquées plus haut, volonté de
préser-ver le patrimoine héréditaire, ~ raison de sa
valeur même, pour le dévelo~pement qu'il assure
à la personnalité humaine. Il b •
Bien que la formulation de la définition de la nationalité évoque jusqu'à un certain point Renan, le contenu se rapproche définitivement
83. Ibid.
84. La Direction de l'Actio'nl"rançaise, IlNotre avenir politique Il , p. l5,.op.cit.
85. Un vouloir-vivre collectif gui a un sens très àifi'érent
du vouloir-vivre collectif renanien. Voir :i;~ral p. 70-78.
86. Groulx, L., IIpour qU'on vive", dans Orientations, op. cit., p. 224.