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L'utilisation des sources collatérales lors de l'évaluation de la dépression chez le sujet âgé

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Academic year: 2021

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LUCIE BOUCHARD

jâ.S

UL

*Zoo/

B7SXZ-L’UTILISATION DES SOURCES COLLATÉRALES LORS DE L’ÉVALUATION DE LA DÉPRESSION

CHEZ LE SUJET ÂGÉ

Mémoire Présenté

à la faculté des études supérieures de l’Université Laval

pour l’obtention

du grade de maître en psychologie (M.Ps)

École de psycologie

FACULTÉ DES SCIENCES SOCIALES UNIVERSITÉ LAVAL

Janvier 2001

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Avant-propos

Je tiens à remercier Monsieur Jean Vézina, pour le temps qu’il a consacré à ce travail ainsi que pour le savoir-faire dont il a fait preuve. De plus, je veux le remercier pour sa rigueur et pour le guide qu’il a été, me poussant à toujours faire mieux. Je veux également remercier les personnes âgées des centres de jour qui ont bien voulu participer à cette recherche, de même que les responsables de ces centres qui m’ont si bien

accueillie. Je tiens aussi à exprimer toute ma gratitude à monsieur Gilbert Gervais qui a su me redonner le goût d’apprendre. Je veux également remercier ma mère, mes tantes et Za sans qui je n’aurais sans doute jamais fini ce travail. De plus, je veux également souligner le support que Dan m’a apporté, il a été un lecteur patient. Enfin, je dédis ce travail à mon père qui a fait de moi la femme que je suis.

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TABLE DES MATIÈRES

Page

AVANT-PROPOS... 2

TABLE DES MATIÈRES...3

RÉSUMÉ...4 INTRODUCTION GÉNÉRALE...5 CHAPITRE 1-L’ARTICLE...16 1.1 Résumé... 17 1.2 L’introduction... 18 1.3 Méthodologie... 23 1.4 Résultats... 29 1.5 Discussion...35 CONCLUSION GÉNÉRALE... 41 RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES... 51

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Résumé

Les sources collatérales ont été utilisées dans plusieurs populations cliniques parce qu’elles permettent de valider !’information rapportée par la personne évaluée et qu’elles amènent de la nouvelle information. La présente recherche s’intéresse à l’évaluation collatérale de la dépression chez une population âgée. Les buts poursuivis ici sont de vérifier si le sujet et la source font des rapports concordants de la dépression du sujet, de déterminer si le sujet et la source sont en mesure de diagnostiquer la

dépression du sujet tel qu’elle est évaluée par un professionnel de la santé mentale et d’analyser l’influence sur le rapport collatéral des symptômes dépressifs et anxieux de la source collatérale. Les résultats montrent que le sujet et la source font des rapports concordants de la dépression du sujet, mais qu’ils n’arrivent pas au même diagnostic que le professionnel de la santé mentale. Les symptômes dépressifs et l’âge de la source collatérale influenceraient le rapport collatéral alors que pour les symptômes anxieux de la source collatérale, la composition de !’échantillon de cette étude rend impossible l’élaboration de conclusion.

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Introduction Générale

La procédure du «meilleur estimé diagnostique basé sur un consensus» réfère à une technique qui implique que les intervenants appelés à poser un diagnostic vont, en plus de leur jugement clinique, revoir toutes les informations disponibles concernant la personne évaluée (par exemple : information provenant directement de la personne évaluée, de son entourage, du rapport clinique, des tests psychologiques et médicaux). Ils vont par la suite conclure à un diagnostic final. Bien que des variantes de cette technique ont longtemps été utilisées en clinique et en recherche, ce n’est que vers le début des années 80 que la technique du meilleur estimé diagnostique basé sur un consensus, sera introduite formellement par Leckman, Sholomskas, Bélanger et Weissman (1982). Depuis ce temps, cette technique est largement utilisée dans une grande variété de domaines tel que les études de génétique familiale (Marizade et coll., 1992), les psychopathologies de l’enfant (Weissman et coll., 1987), les troubles de personnalité (Pilkonis, Heape, Rubby & Serrao, 1991), etc. (Klein, Ouimette, Salisbury, Ferro & Riso,

1994).

Ce qui est particulièrement intéressant avec cette technique c’est !’attention portée aux personnes, appelées sources collatérales (SC), qui, entretenant des liens avec la personne évaluée, sont en mesure d’apporter de !’information sur cette dernière (Chapman, Mannuzza, Klein & Fyer, 1994; Patel, Golberg & Moss, 1993). Cette

méthode permet d’obtenir le maximum d’information sur les particularités de la personne évaluée. De plus, il est présumé que cette procédure diagnostique fournit une plus grande validité au diagnostic final (Chapman et coll., 1994). Cette technique est donc novatrice, entre autres, par l’intérêt qu’elle porte aux SC. Son développement ainsi que son

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utilisation de plus en plus croissante ont suscité plusieurs recherches avec plusieurs populations, ce qui a permis aux connaissances sur les SC de se développer.

En fait, l’information collatérale a principalement deux fonctions lors de l’élaboration d’un portrait clinique. D’abord, elle sert à valider les informations rapportées par la personne évaluée. L’information fournie par la SC est donc utilisée pour vérifier les données provenant du sujet (Nitcher, Burke, Roccaforte & Wengel,

1993). Mais elle est également utilisée afin d’apporter de nouvelles informations. Les SC amènent un point de vue différent de celui du sujet et ajoutent de l’information supplémentaire à l’évaluation faite par les professionnels de la santé mentale (Niederche,

1988). Elles sont l’unique source d’information qui permet d’obtenir des données sur le comportement social, occupationnel et sur le rôle fonctionnel du sujet dans sa vie de tous les jours (Jorm, Mackinnon, Christensen, Henderson, Jacomb & Korten, 1997;

Niederche, 1988).

C’est sans doute lors de l’évaluation des enfants que les SC furent le plus étudiées (Fergusson, Lynskey, & Horwood, 1993; Rubio, Canino, Shrout, Dulcan, Freeman & Milagros, 1994; Semrund-Clikeman & Hund, 1991). En effet, plusieurs études se sont consacrées à !’utilisation de !’information collatérale chez les enfants et plusieurs des caractéristiques des SC ont été ainsi étudiées. Par exemple, certaines études s’intéressant à l’évaluation psychologique des enfants ont mis en évidence que les SC qui entretiennent des liens différents (père, mère, professeur, infirmière, médecin) avec l’enfant rapportaient de !’information différente (Briggs , Carter & Schwab, 1996; Achenbach, McConaughy & Howell, 1987). D’autres études se sont intéressées à l’influence de l’état psychologique de la mère sur l’évaluation qu’elle fait de la santé

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psychologique de son enfant (Semrund-Clikeman & Hund, 1991; D!Bartolo, Albano, Barlow & Heimberg, 1998; Mulhem, Faire lough, Smith & Douglas, 1992). Ainsi ces études ont montré que l’état psychologique de la mère influence le rapport qu’elle fait de son enfant. Les mères présentant des psychopathologies ont tendance à davantage rapporter la présence de symptômes associés à ces psychopathologies chez leurs enfants que celles n’ayant pas ces troubles (Weissman et call., 1987). De plus, d’autres

recherches ont démontré que le rapport collatéral pouvait être influencé par le sexe du sujet (Boyle & Pickles, 1997). Le rapport de la mère serait différent lorsqu’il s’agit de sa fille ou de son garçon. En effet, les mères rapporteraient davantage de problèmes de comportement chez leur garçon que chez leur fille (Briggs et coll., 1996).

Les recherches sur !’utilisation des SC lors de l’évaluation d’enfants ont donc apporté beaucoup d’éléments nouveaux et intéressants sur l’évaluation collatérale qui furent souvent mis à profit avec d’autres populations. Ainsi, les SC ont été, entre autres, étudiées chez les populations présentant des retards mentaux (Benson & Ivins, 1992; Bemavidez & Matson, 1993; Wolfgang, 1993) et chez les personnes ayant des difficultés d’apprentissage (Moss, Prossser, Ibnotson, & Goldberg, 1996). De plus, les sujets

dépressifs ayant des risques de rechute (Segal, Adams, & Shaw, 1992), les préadolescents susceptibles de présenter des tendances suicidaires (Milling, Campbell, Bush & Laughlin, 1996) et les personnes âgées schizophrènes (Hambrecht & Häfher, 1997) sont aussi des populations où les SC ont été analysées. C’est dans cette lignée que s’inscrit la présente étude. Bénéficiant, entre autres, de l’avancement des connaissances apporté par les recherches sur l’évaluation collatérale chez les enfants, la présente recherche veut étudier l’évaluation collatérale chez une population âgée. Cette population s’accroît rapidement

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depuis les trente dernières années. En effet, la proportion de personnes âgées est passée de 8.1 % en 1971 à 12 % en 1995 (Statistique Canada, 1996). De plus, il est prévu que cette proportion doublera au cours des trente prochaines années avec Γarrivée massive de la génération d’après-guerre au stade du vieillissement (Vézina, Cappeliez & Landreville,

1994). Les conséquences de cet accroissement majeur de cette tranche de la population ont suscité plusieurs travaux et plusieurs questions et problématiques touchant les personnes âgées furent ainsi étudiées.

De par les deux fonctions qu’elles remplissent lors de l’évaluation du sujet soient la confirmation des données de Γauto-évaluation du sujet et l’ajout de nouvelles

informations, les SC peuvent être un outil très utile avec une population âgée. En fait, les sujets âgés pourraient être portés dans certaines circonstances (par exemple : problèmes cognitifs) à déformer leurs expériences et la véracité de certains aspects de !’information (par exemple : la qualité de leur mémoire) qu’ils rapportent pourrait être douteuse (Lynn, 1990). Les SC peuvent dans ces circonstances valider !’information apportée par le sujet (Patel et coll., 1993). La nouvelle information qu’elles apportent donne, quant à elle, l’accès à des données difficiles à obtenir autrement (Niederche, 1988).

Le dépistage de la dépression chez le sujet âgé est une application intéressante de l’évaluation collatérale dans cette population. La dépression est l’un des plus fréquents problèmes de santé mentale dans la population âgée. Il est estimé que 1% à 3% de la population âgée souffrirait de dépression majeure (Henderson et coll., 1993) alors que 40% à 65% des personnes âgées présenteraient une symptomatologie dépressive (Romanoski, Folstein, Nestadt, & Chahal, 1992). Des études ont également démontré que la dépression gériatrique est souvent sous-diagnostiquée, ignorée et méconnue par les

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professionnels de la santé. Plus de 40% des cas de dépressions gériatriques ne seraient pas diagnostiquées (Müller-Spahn & Hock, 1994). De plus, même dans les cas où la dépression est bien diagnostiquée, il semble qu’elle ne soit pas toujours traitée. En effet, seulement 10 % des personnes âgées qui ont été diagnostiquées dépressives ont reçu un traitement (Husaini, 1997; Katona,1994; Kenneth, 1994).

Lorsque la dépression gériatrique n’est pas traitée, elle peut entraîner éventuellement la personne âgée à être admise dans une maison d’hébergement. Il semble que le non traitement de cette maladie provoquerait également chez la personne âgée une diminution de la qualité de vie. Il est aussi à noter que cette maladie conduirait la personne à s’isoler socialement et augmenterait sa vulnérabilité à certaines maladies physiques. De plus, il semble que la présence de dépression serait reliée à une

augmentation de la mortalité (suicides) (Müller-Spahn & Hock, 1994).

Plusieurs facteurs peuvent être avancés afin d’expliquer le dépistage difficile et le non traitement de la dépression gériatrique. En effet, les symptômes dépressifs sont parfois pris pour les conséquences normales du vieillissement. De plus, ces symptômes sont parfois pris pour les symptômes de certaines maladies physiques ou organiques. Il faut également mentionner les effets des médications multiples qui peuvent à certains moments ressembler aux symptômes dépressifs ou encore les provoquer. Il ne faut pas non plus oublier que la présence de démence peut, elle aussi, venir brouiller le tableau (Niederche, 1988; Small, 1991). De plus, les personnes âgées elles-mêmes auraient tendance à sous-estimer leur symptômes dépressifs de telle façon que lors de l’examen elles rapportent plus aisément les symptômes somatiques et auraient tendance à oublier

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de mentionner les symptômes dépressifs surtout lorsqu’ils sont modérés (Müller-Spahn & Hock, 1994).

L’élaboration d’un portrait du sujet plus complet améliorerait sans doute le dépistage de la dépression gériatrique (Patel et coll.,1993). La SC apporte souvent !’information nécessaire pour compléter ce portait et suppléer lorsque certains éléments sont manquants (Patel et coll., 1993). Par exemple, il arrive que les sujets négligent de rapporter certains aspects négatifs de leur personnalité, information que la SC peut plus facilement fournir (Patel et coll., 1993). De plus, les SC permettent également d’apporter une certaine validité au portait clinique du sujet puisqu’elles peuvent confirmer les données de l’auto-évaluation de celui-ci (Jorm, Christensen, Henderson, & Korten, 1994; Jorm et coll., 1997; Jorm et coll., 1995; Vine & Steingart, 1994). Par exemple, il peut arriver que les sujets tendent à montrer une vision idéaliste d’eux-mêmes ce qui peut entraîner des distorsions dans l’évaluation. La SC permet donc de rajuster l’évaluation par la validité qu’elle peut apporter aux données (Patel et coll.,1993).

Cinq éléments majeurs ressortent de l’analyse des travaux précédents concernant l’évaluation collatérale de la dépression chez les sujets âgés. La première chose qu’il faut constater c’est que peu d’études se sont intéressées à l’évaluation collatérale de la

dépression avec cette population. Il faut également remarquer que ces études ont, pour la plupart, comme thème central la concordance entre l’évaluation de la dépression du sujet faite par la SC et celle faite par le sujet lui-même. Les données résultant de l’analyse de cette concordance sont très variables. En effet, des relations faibles (r = 0.29) (Gilley, Wilson, Fleischman, Harrison, Goetz & Tanner, 1995), modérées (r=0.42) (Nitcher, et coll., 1993) et élevée ont été trouvées (Vine & Steingart, 1994). De plus, il faut

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mentionner que les instruments de mesure de la dépression utilisés sont différents d’une étude à l’autre. L’échelle de dépression gériatrique et l’inventaire de dépression de Hamilton sont les instruments les plus couramment utilisés pour mesurer la relation entre l’évaluation de la dépression du sujet faite par la SC et celle faite par le sujet lui-même.

De plus, il faut également mentionner que dans la plupart des travaux précédents, la nature du lien unissant la SC et le sujet est passée sous silence (Gilley et coll., 1995; Weiner, Suetlik & Risser, 1997; Wolfgang, 1993). Dans ces circonstances, la SC peut être soit : le conjoint du sujet, son enfant, sa belle-fille, un ami, etc. Pourtant, les résultats de certains auteurs confirment le fait que les SC ayant des liens différents avec le sujet rapportent de !’information différente (Nitcher et coll., 1993). Les parents proches du sujet (ex. : conjoint ou enfant ), lorsqu’ils évaluent la dépression chez leurs parents âgés rapporteraient de !’information plus concordante avec celle du sujet que les relations éloignées (ex. : amis, belle-fille, etc.). De plus, la fréquence des contacts entre le sujet et la SC a pu influencer les résultats des travaux précédents. Il est en effet possible de croire que les parents proches ont un contact plus fréquent avec la SC que les relations éloignées. Mais il se peut que le contact soit également peu fréquent entre le sujet et la SC malgré la proximité du lien de parenté. Ceci est d’autant plus important qu’il semble possible de croire qu’une SC n’ayant que des contacts peu fréquents avec le sujet

apportera de !’information différente de la SC qui côtoie le sujet régulièrement. Par conséquent, si les liens unissant le sujet à la SC et la fréquence de contact entre le sujet et la SC ne sont pas précisés, il est possible de retrouver dans un même échantillon des SC qui ont des liens et des contacts différents avec le sujet âgé.

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Un autre élément qui ressort des travaux précédents c’est que,contrairement à ce qui a été fait chez les enfants, la plupart des travaux réalisés auprès des personnes âgées ne comparent pas les données fournies par le sujet et par la SC avec celles d’un

professionnel de la santé mentale. En effet, la comparaison entre le diagnostic du

professionnel de la santé mentale, l’évaluation de la mère et l’auto-évaluation de l’enfant à été plus largement étudié. Ce qui a permis de faire ressortir certaines tendances, par exemple, le fait que dans certaines études le rapport de l’enfant soit plus semblable à celui du professionnel de la santé mentale que celui de la mère (Semrud-C likeman & Hund, 1991). Cette procédure de comparaison a également permis de démontrer le rôle des symptômes dépressifs et anxieux chez la SC. Les mères présentant de tels

symptômes étaient moins en mesure de diagnostiquer la dépression du sujet tel

qu’évaluée par le professionnel de la santé mentale (Mulhern et coll.,1992). Ce dernier, grâce à la méthode objective qu’il utilise, est en mesure d’apporter un point de vue plus objectif quant à l’état mental du sujet. Lorsque les évaluations du sujet et de la SC ne sont pas comparées au diagnostic du professionnel de la santé mentale, il est impossible de dire si le sujet et la SC évaluent correctement la dépression du sujet. Les quelques études qui ont mis en relation les données provenant de la SC et du sujet âgé avec celles d’un professionnel de la santé mentale montrent des résultats variables. En effet, l’entente dans les études varie de peu élevée, à élevée. Par exemple, dans certains travaux, 20% des sujets s’évaluent comme étant déprimés, 27 % des SC concluent également à la présence de dépression chez le sujet alors que seulement 7% des sujets de cet échantillon ont été diagnostiqués déprimés par le professionnel de la santé mentale (Weiner et coll., 1997). D’un autre côté, les résultats de certaines études montrent un

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meilleur niveau d’entente entre le sujet, la SC et le diagnostique du professionnel de la santé mentale (Nitcher et coll., 1993). Dans cette étude, 70% des cas qui étaient diagnostiqués dépressifs par le professionnel de la santé mentale étaient également diagnostiqués dépressifs par le sujet et par la SC. En plus, 68% des cas qui étaient diagnostiqués comme non dépressifs par le professionnel de la santé mentale, étaient aussi diagnostiqués non dépressifs par le sujet et la SC.

Enfin, l’analyse des études précédentes révèle que les auteurs n’ont pas tenu compte de l’état psychologique de la SC dans leurs recherches. Il faut penser que la présence d’anxiété ou de dépression chez la SC peut influencer l’évaluation collatérale. En effet, les études qui se sont penchées sur ce phénomène dans d’autres populations cliniques ont montré que les symptômes d’anxiété et de dépression de la SC influencent l’évaluation collatérale (Jacomb, Jorm, Christensen, Mackinnon, & Hendersen, 1994; Fergusson et coll., 1992). Par exemple, dans certains travaux, il a été trouvé que le nombre de changements de personnalité chez la personne âgée rapportés par la SC était significativement corrélé avec les symptômes dépressifs et anxieux de cette dernière (Jacomb et coll., 1994), de telle façon que les SC déprimées ou anxieuses rapportaient davantage de changements de personnalité chez la personne âgée que les SC qui ne présentaient pas ce type de problème. De même, une étude réalisée auprès de mères d’enfants souffrant de maladies graves, a montré que l’état dépressif de la mère

influençait le rapport qu’elle faisait de l’état dépressif de son enfant (Fergusson et coll., 1993). Les mères déprimées rapportaient davantage de symptômes dépressifs chez leurs enfants que les mères non déprimées.

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Buts et hypothèses

Suite à l’analyse des études précédentes et devant les éléments majeurs qui en sont ressortis, il apparaît nécessaire de poursuivre la recherche afin de déterminer la validité de Γ information collatérale. La comparaison entre le rapport d’évaluation collatérale de la dépression du sujet âgé et l’auto-évaluation faite par le sujet apporte !’information nécessaire pour déterminer la validité de cette information. Cette recherche tente également de savoir si le sujet et la SC apportent un diagnostic valide de la

dépression du sujet. À cette fin, les évaluations du sujet et de la SC sont comparées à celle du professionnel de la santé mentale. D’un autre côté, le contrôle des variables, types de liens et fréquence des contacts entre le sujet et la SC, différencie cette étude des travaux antérieures. En effet, pour être incluse dans cette étude, la SC devra être le conjoint ou la conjointe du sujet. De plus, les SC devront partager au moins 6 mois de vie commune avec le sujet et par conséquent être en contact quotidien depuis au moins cette période avec ce dernier pour être considérées dans cette recherche. Le contrôle de ces deux variables devrait également permettre d’obtenir une corrélation plus élevée entre les évaluations du sujet et de la SC que celles obtenues dans la plupart des travaux

antérieurs (Gilley et coll., 1995; Weiner, Suetlik & Risser, 1997; Wolfgang, 1993). Ces variables pourraient jouer un rôle important dans la variabilité de l’intensité des

corrélations trouvées dans les études précédentes (Gilley et coll., 1995; Weiner, Suetlik & Risser, 1997; Wolfgang, 1993). Il faut ajouter que les variables anxiété et dépression de la SC seront mesurées afin de déterminer le rôle de ces variables sur l’évaluation de la dépression du sujet faite par la SC. En effet, les SC devront répondre, au moment où elles évalueront le sujet, à des questionnaires mesurant la présence de symptômes

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dépressifs et/ou de symptômes anxieux. Enfin, cette étude veut accorder une attention particulière à !‘information collatérale, la validité de cette information ne fait que rarement Punique objet des travaux précédents malgré son importance. Suivant ces objectifs des hypothèses ont été élaborées. D’abord, une corrélation forte (/•>0.70) et significative devrait être trouvée entre l’évaluation de la dépression du sujet faite par la SC et celle faite par le sujet lui-même lorsque certaines variables, soient le lien et la fréquence des contacts entre le sujet et la SC, sont contrôlés. Ensuite, l’évaluation faite par la SC et l’auto-évaluation du sujet devraient être concordantes avec le diagnostic du professionnel de la santé mentale. Enfin, l’anxiété ou la dépression chez la SC devrait influencer l’évaluation de la dépression du sujet faite par la SC de telle façon que les symptômes dépressifs ou anxieux chez la SC seront corrélés fortement (r>0.70 ) et significativement avec les symptômes dépressifs chez le sujet tels qu’ils sont évalués par laSC.

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ÉVALUATION COLLATÉRALE DE LA DÉPRESSION GÉRIATRIQUE

L’utilisation de sources collatérales lors de l’évaluation

de la dépression chez le sujet âgé

Lucie Bouchard

sous la supervision de M. Jean Vézina

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Résumé

Cette étude s’intéresse à la validité de l’évaluation collatérale de la dépression chez une population âgée. Les objectifs visés sont de vérifier si le sujet et la source collatérale évaluent la dépression du sujet de façon concordante, d’établir si le sujet et la source collatérale sont en mesure de diagnostiquer la dépression chez le sujet tel que diagnostiquée par un professionnel de la santé mentale et de déterminer si l’anxiété et la dépression chez la source collatérale peuvent influencer le rapport collatéral.

L’échantillon de cette étude est composé de soixante et un couples de personnes âgées, dans trente de ces couples le sujet est déprimé. Les résultats montrent une entente modérée entre Γauto-évaluation du sujet et le rapport collatéral. Toutefois, le sujet et la source ne sont pas en mesure de diagnostiquer la dépression chez le sujet. De plus, il semble que les symptômes dépressifs de la source collatérale ainsi que son âge influencent le rapport collatéral.

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L’utilisation de sources collatérales lors de l’évaluation de la dépression chez le sujet âgé

Avec le début des années 80 apparaît la procédure du meilleur estimé

diagnostique basé sur un consensus. Ce type de procédure diagnostique inclut, entre autres, l’information de personnes appelées sources collatérales (SC), qui grâce à leurs liens avec la personne évaluée sont en mesure d’apporter de !’information sur cette dernière (Chapman et coll., 1994; Patel et coll., 1993). L’attention particulière accordée aux SC avec la procédure du meilleur estimé diagnostique basé sur un consensus permit à la recherche sur les SC de se développer (Chapman et coll., 1994). En fait, les SC sont surtout utilisées pour remplir deux fonctions lors de l’évaluation. Premièrement,

!’information qu’elles apportent permet de confirmer les données rapportées dans l’auto- évaluation du sujet (Nitcher et coll., 1993). Deuxièmement, les SC servent aussi à apporter de l’information nouvelle.

Les SC ont été étudiées avec différentes populations cliniques. L’évaluation collatérale a, entre autres, servie lors de l’évaluation : des enfants (Fergusson et coll.,

1993; Rubio et coll., 1994; Semrund-Clikeman & Hund, 1991), d’une population présentant des retards mentaux (Benson & Ivins, 1992; Bemavidez & Matson, 1993; Wolfgang, 1993), de personnes ayant des difficultés d’apprentissage (Moss et coll., 1996), d’enfants dont la mère présente des symptômes de dépression et d’anxiété (Briggs et coll., 1996; Mulhem et coll., 1992), des sujets dépressifs montrant des risques de rechute (Segal et coll., 1992), de préadolescents susceptibles de présenter des tendances suicidaires (Milling et coll., 1996) et de personnes âgées schizophrènes (Hambrecht & Hâfher, 1997).

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Il semble, d’ailleurs, que les SC soient particulièrement utiles lors de l’évaluation des sujets âgés puisqu’elles permettent de valider l’auto-évaluation du sujet et d’apporter de la nouvelle information. Il est particulièrement intéressant d’étudier !’utilisation de l’évaluation collatérale lors du dépistage du problème de santé mentale le plus important dans cette population soit : la dépression gériatrique. En effet, 40% à 65 % des personnes âgées présenteraient des symptômes dépressifs (Romanoski et coll., 1992), alors que 1% à 3% souffriraient de dépression majeure (Henderson et coll., 1993). De plus, il est admis que la dépression gériatrique est souvent sous-diagnostiquée (Müller-Spahn & Hock, 1994) et que même dans les cas où les personnes souffrant de cette maladie reçoivent bien un diagnostic, il semble qu’elles ne soient pas toujours traitées (Husaini, 1997; Ratona, 1994; Kenneth, 1994).

Les conséquences d’une dépression gériatrique non traitée sont importantes. Une perte de la qualité de vie, un isolement social, une augmentation de la mortalité (suicide) et une augmentation de la vulnérabilité à certaines maladies physiques (Müller-Spahn & Hock, 1994) sont constatés lorsque cette maladie n’est pas traitée. En plus, il semble qu’une dépression gériatrique non traitée conduirait éventuellement la personne âgée à être admise dans une maison d’hébergement (Müller-Spahn & Hock, 1994).

Les difficultés de dépistage et le non traitement de la dépression gériatrique peuvent être expliqués à l’aide de plusieurs facteurs. Les symptômes dépressifs sont souvent confondus avec : les conséquences normales du vieillissement, les maladies physiques ou organiques, les effets des médications multiples ou avec la présence de démences (Niederche, 1988; Small, 1991).

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Le dépistage de la dépression gériatrique serait sans doute facilité par l’ajout de davantage d’éléments informatifs lors de l’évaluation (Patel et coll., 1993). La SC amène souvent les éléments informatifs essentiels permettant de compléter et valider le portait clinique (Patel et coll., 1993; Jorm et coll., 1994; Jorm et coll., 1997; Jorm et coll., 1995; Vine & Steingart, 1994).

La concordance entre l’évaluation de la dépression du sujet faite par la SC et celle faite par le sujet lui-même est la condition qui fut le plus étudiée dans les travaux

précédents. Cependant, il faut noter que peu d’études se sont intéressées à l’évaluation collatérale avec une population âgée. Les résultats des quelques études qui se sont intéressées au sujet, tout comme les instruments de mesure utilisés, varient beaucoup d’une étude à l’autre. Dans certains travaux utilisant l’échelle de dépression gériatrique, une relation faible (r = 0.29) entre les évaluations du sujet et de la SC a été trouvée (Gilley et coll., 1995). D'autres études concluent à un accord modéré (r=0.42) avec ce même instrument (Nitcher, et coll., 1993). Enfin, à l’aide de l’Inventaire de Dépression de Hamilton un lien élevé entre l’évaluation collatérale et l’auto-évaluation du sujet a été trouvé (Vine & Steingart, 1994).

De plus, dans la plupart de ces travaux, les données fournies par le sujet et par la SC ne sont pas mises en relation avec celles provenant d’un professionnel de la santé mentale. Ce dernier amène une évaluation plus objective de l’état mental du sujet. Il est impossible de dire si l’évaluation du sujet et de la SC sont valides lorsque ces évaluations ne sont pas comparées au diagnostique du professionnel de la santé mentale. Les

résultats des études ayant fait ce type de mis en relation ont trouvé des résultats variables. Certains travaux ont montré un niveau d’entente peu élevé (Weiner et coll., 1997). En

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effet, dans ces travaux 7% des sujets ont reçu un diagnostic de dépression du professionnel de la santé mentale, alors que 20 % des sujets s’auto-évaluent comme déprimés et que 27 % des SC concluent également à ce diagnostic. Le sujet et la SC surestiment donc les symptômes dépressifs du sujet. D'autres travaux montrent,

toutefois, une meilleure concordance (Nitcher et coll., 1993). Dans 70% des cas de cette étude, le sujet et la SC concluent au même diagnostic que le professionnel de la santé mentale soit la présence de dépression chez le sujet. En ce qui concerne les sujets qui ne sont pas déprimés selon le diagnostic du professionnel de la santé mentale, 68% sont également diagnostiqués comme non dépressifs par le sujet et la SC.

Les limites des travaux précédents peuvent sans doute expliquer une partie de cette variabilité de la concordance entre le diagnostic du professionnel de la santé mentale et les évaluations du sujet et de la SC, tout comme être responsables de la variabilité de l’accord entre l’évaluation de la dépression du sujet faite par la SC et celle faite par le sujet lui-même.

Il faut, premièrement, remarquer que les auteurs négligent de vérifier la nature du lien unissant la SC et le sujet (Gilley et coll., 1995; Weiner et coll., 1997; Wolfgang, 1993). Il est admis, cependant, que les SC ayant des liens différents avec le sujet évaluent celui-ci de façon différente (Nitcher et coll., 1993). De plus, les résultats des travaux précédents ne tiennent pas compte de l’influence possible de la fréquence des contacts entre le sujet et la SC sur les résultats. Les SC ayant des contacts peu fréquents avec le sujet apporteraient de !’information différente de celle qui sont quotidiennement en relation avec lui. Il est donc important de contrôler ces deux variables afin d’éviter les biais qu’elles peuvent amener.

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De plus, les études précédentes ne tiennent pas compte du fait que la SC peut présenter des symptômes d’anxiété ou de dépression susceptibles d’influencer

Γévaluation collatérale. Certains auteurs ont trouvé, lors d’études portant sur d’autres populations cliniques ou s’intéressant à d’autres thèmes, que les SC déprimées ou anxieuses n’évaluaient pas le sujet de la même façon que les SC ne présentant pas ces troubles (Jacomb et coll., 1994; Fergusson et coll., 1993). En effet, la présence de tels symptômes conduirait la SC à surévaluer les troubles du sujet. Il est donc nécessaire de tenir compte de l’état psychologique de la SC lors de !’utilisation de l’information collatérale.

Buts et hypothèses

Devant les résultats divergents des études précédentes, il apparaît nécessaire d’entreprendre de nouvelles études pour consolider les connaissances concernant la validité de l’information collatérale. A cette fin, le rapport d’évaluation collatérale de la dépression du sujet âgé est comparé à l’auto-évaluation faite par le sujet. De plus, cette recherche veut apporter sa contribution à la vérification de la capacité des sujets et des SC à distinguer les sujets diagnostiqués déprimés des non déprimés tels qu’ils sont identifiés par le professionnel de la santé mentale, afin de savoir si le sujet et la SC apportent un diagnostic valide de la dépression du sujet. Cependant, cette étude se distingue des recherches antérieures puisqu’une attention spéciale est accordée au contrôle des variables types de liens et fréquence des contacts entre le sujet et la SC. En effet, seuls les conjoints (es) du sujet partageant au moins 6 mois de vie commune avec celui-ci seront utilisés comme SC dans cette étude. Contrôler ces deux variables devrait entraîner une concordance élevée entre les évaluations du sujet et de la SC. Enfin, pour déterminer

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le rôle des variables anxiété et dépression de la SC, celle-ci devra remplir des questionnaires mesurant ces variables.

Conformément à ces buts des hypothèses ont été émises :

1- Une corrélation forte f>>0.70) et significative devrait être trouvée entre f évaluation de la dépression du sujet faite par la SC et celle faite par le sujet lui-même lorsque certaines variables, soient le lien et la fréquence des contacts entre le sujet et la SC, sont contrôlées,

2- L’évaluation faite par la SC et Γauto-évaluation du sujet devraient être concordantes avec le diagnostic du professionnel de la santé mentale.

3-L’anxiété ou la dépression chez la SC devraient influencer l’évaluation de la dépression du sujet faite par la SC de telle façon que les symptômes dépressifs ou anxieux chez la SC seront corrélés fortement (/*>0.70 ) et significativement avec les symptômes dépressifs chez le sujet tel qu’évalués par la SC.

Méthodologie Participants

Soixante et une personnes âgées fréquentant les centres de jour de la région de Charlevoix et de la Rive Sud de Québec ont participé à cette étude. Le nombre de participants a été choisi afin de répondre adéquatement aux critères de puissance statistique1. L’échantillon des sujets est composé de 29 hommes et de 32 femmes, âgés

11 Puissance statistique pour r de Pearson (δ/d)2 = N-l où δ= la coefficient de puissance choisi est 2.8 qui correspondant à une puissance statistique de 0.80, où d =le coefficient de corrélation approximatif dans la population 0.70 dans cette étude et où N= nombre de sujets nécessaire pour obtenir cette puissance. (2.8 /.70) 2=x-l. Il faut donc au moins 17 sujets pour avoir une puissance statistique de 0.80 dans cette étude. De plus, il est admis qu’il faut au moins 60 sujets pour pouvoir utiliser les courbes ROC (Zweig & Campbell, 1993).

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de plus de 65 ans qui ont en moyenne 74 ans. Trente sujets, soit 49% de !’échantillon, sont déprimés selon le diagnostic du professionnel de la santé mentale. Les participants ont en moyenne complété six années de scolarité. En plus, s’ajoutent les 61 SC (1 SC par sujet) qui sont le conjoint ou la conjointe du sujet depuis au moins six mois. Il est à noter qu’en moyenne ces couples partagent entre 8 mois et 63 ans de vie commune. Quatre- vingt-quinze pour cent de ces couples sont mariés alors que 5% sont conjoints de fait. Les SC sont âgées en moyenne de 73 ans et sont légèrement plus scolarisées que les sujets (7 ans de scolarité complétés).

Matériel

Tous les sujets âgés ont répondu à l’Échelle de Dépression Gériatrique (EDG) (Bourque, Blanchard, & Vézina, 1990). Cet instrument est spécialement conçu pour une population âgée (Nitcher et coll., 1993). Il est composé de 30 items qui mesurent les manifestations spécifiques de la dépression gériatrique. Ce test est administré, dans cette étude, par la chercheuse. Les réponses prennent la forme oui/non. L’EDG contient des instructions individuelles qui invitent le sujet à répondre en se basant sur comment il s’est senti durant la dernière semaine. Ce questionnaire nécessite peu de temps lors de

!’administration et il propose au sujet une tâche simple (Javaid, Sheikh, & Yesavage, 1986). Il faut également noter certains avantages de l’EDG sur les autres inventaires de dépression gériatrique. En effet, il est plus facile à compléter que d’autres (ex. :

Inventaire de dépression de Beck). Il suggère aussi la présence de désordres affectifs sans exiger une longue observation du patient et est libre d’items somatiques (Bourque et coll., 1990). Un score à l’EDG inférieur à 10 signifie l’absence de dépression, un score de 11 à 20 indique un état dépressif léger et un score de 21 à 30 implique un état dépressif

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variant de modéré à grave (Vézina, Landreville, Bourque, & Blanchard, 1991). La version française de l’EDG, montre une bonne fidélité et une bonne validité. Les résultats obtenus à partir des données québécoises montrent une bonne stabilité

temporelle (r : 0.70) ( Bourque et coll., 1990), une bonne cohérence interne (0.90 formule 20 du Kuber Richadson, 0.88 méthode des deux moitiés) et une bonne validité

concomitante qui fut démontrée à partir de la comparaison avec !״inventaire de

Dépression de Beck (Bourque et coll., 1990). En plus, l’examen de la validité factorielle de l’EDG indique la présence d’un seul facteur distinct qui explique 23% de la variance totale (Bourque et coll., 1990).

En ce qui concerne les SC, la version révisée pour les SC de l’EDG leur fut administrée (EDG-C). Cette version a été développée par Nitcher et co11.(1993) à partir des 30 items originaux de l’EDG. Le pronom « je » de l’EDG a été simplement substitué par les pronoms : « il ou elle ». Les items de l’EDG-C sont comme ceux de l’EDG administrés par la chercheuse et utilisent le format de réponse oui/non. La SC doit évaluer comment s’est sentie la personne âgée durant la dernière semaine.

De plus, la version française l’inventaire de Dépression de Beck (IDB) (Bourque & Boudette, 1982) est utilisée pour mesurer l’intensité des sentiments dépressifs chez la SC. Il a été choisi dans cette étude puisqu’il est un bon outil de dépistage préliminaire de la dépression gériatrique (Vézina et coll., 1991). Il est constitué de 21 items, qui se présentent sous forme de quatre propositions parmi lesquelles le sujet doit faire un choix (0=absence de symptôme, 3= symptôme présent de façon intensive) (Vézina et coll.,

1991). En ce qui concerne les qualités psychométriques de l’IDB, elles sont en général satisfaisantes. Si l’on regarde plus spécifiquement la fidélité de cet instrument chez une

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population gériatrique, les résultats de certaines études montrent une bonne cohérence interne (coefficient Alpha standardisé de Cronbach : 0.85), une stabilité temporelle satisfaisante (test re-test après quatre semaines r= 0.82) et une homogénéité interne élevée (test moitié-moitié de Spearman-Brown r=0.76) (Vézina et coll, 1991). En ce qui concerne la validité concomitante, elle fut démontrée par la corrélation entre les résultats à VIDB et à l'EDG (/0.62=־). Pour la validité de construit ces auteurs ont démontré, suite à l’analyse factorielle de la structure de l’instrument, la présence de trois facteurs. De plus, ils ont trouvé que la spécificité de l’IDB variait de 85.7 % à 96.9 % dépendant du résultat de division utilisé, tandis que la sensibilité variait entre 66.9% et 44.9%.

En plus, la SC devra compléter l’inventaire d’Anxiété Situationnelle et de Trait d‘Anxiété version française (I AST A-Y) (Gauthier & Bouchard, 1992). L’IASTA-Y est une mesure d’anxiété se divisant en deux échelles. La première, l’échelle d’anxiété situationnelle, est composée de 20 phrases évaluant l’état émotionnel actuel du sujet (échelle Likert à quatre points variant de « pas du tout » à «beaucoup »). La seconde, l’échelle de trait d’anxiété, comprend 20 phrases évaluant l’état émotionnel habituel du sujet (échelle Likert à quatre points variant de « presque jamais » à « presque toujours ») (Gauthier & Bouchard, 1992). De plus, cet instrument est relativement court à

administrer (10 à 15 minutes). Il faut ajouter que l’IASTA-Y possède de bonnes qualités psycho métriques. En effet, des études ont montré une bonne consistance interne (alpha de Cronbach : 0.94 pour l’échelle d’anxiété situationnelle, 0.90 échelle de trait d’anxiété) et une bonne validité de construit (Gauthier & Bouchard, 1992). Cette dernière fut évaluée à l’aide de l’analyse de la structure factorielle et montre l’existence de deux facteurs distincts correspondant aux deux échelles (Gauthier & Bouchard, 1992). De

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plus, l’homogénéité interne fut étudiée par la corrélation interitems et montre des coefficients pour l’échelle d’anxiété situationnelle de 0.37 à 0.74 et de 0.44 à 0.70 en ce qui à trait à l’échelle de trait d’anxiété (Hébert, Bravo & Voyer, 1993).

Cependant, les résultats de certains auteurs montrent que certaines modifications doivent être faites à VI AST A-Y s’il est administré à une population gériatrique

(Bouchard, Gauthier, !vers & Paradis, 1996). En effet, il faut doubler la taille des caractères, spécifier à chaque item le contexte situationnel ou général de chaque échelle, supprimer les chiffres de l’échelle de Likert et les remplacer par leur signification

respective et regrouper la liste des choix de réponses à chaque item. De plus, des récents travaux ont permis d’établir un seuil limite permettant de discriminer les sujets déprimés des non déprimés pour l’échelle des traits (!vers, Bouchard, Gauthier & Moufette, 1994). Ainsi un individu sera qualifié d’anxieux s’il a obtenu un score supérieur à 46 pour l’échelle des traits. En ce qui concerne l’échelle situationnelle, l’instabilité de ce que mesure cette échelle rend difficile l’élaboration de pareil seuil limite.

En ce qui à trait au diagnostic de dépression, il était établi à partir de la

consultation des dossiers de chaque sujet. Les personnes âgées participant aux rencontres des centres de jour font l’objet d’une évaluation psychologique réalisée par un

professionnel de la santé mentale, au moment de leur admission. Par la suite, un suivi régulier est effectué par différents intervenants du milieu de la santé qui, si besoin est, référèrent à un professionnel de la santé mentale. Les résultats de ces évaluations et du suivi sont notés au dossier. La consultation de ces dossiers, avec l’accord du sujet, donnait donc accès au diagnostic du professionnel de la santé mentale.

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Procédure

Les participants ont été rencontrés individuellement par la chercheure lors de leur visite au centre de jour. L’infirmière responsable du centre jour a mis en contact la chercheuse avec les personnes âgées qui étaient en couple. La participation de ces personnes a été sollicitée. Ensuite, la personne devait lire et signer le formulaire de consentement qui informe le sujet des buts et objectifs de cette recherche et garantit la confidentialité. En signant cette formule de consentement, le sujet consent à participer à cette recherche, accepte que son conjoint évalue son humeur et donne accès à son dossier médical. Suite à cette démarche, le sujet devait indiquer le nom de son conjoint ou conjointe ainsi que le numéro de téléphone de cette personne. Ensuite, le sujet devait remplir une fiche de caractéristiques dans laquelle on lui demandait : son nom, son âge et son sexe. Puis, le participant âgé complétait l’EDG.

En ce qui concerne le conjoint ou la conjointe du sujet, il (elle) a été contacté, le plus tôt possible, par téléphone, il lui a été demandé s’il (elle) acceptait de participer à cette étude. Si tel était le cas, cette personne était rencontrée par la chercheuse à son domicile et elle devait lire et signer la formule de consentement, compléter l’EDG-C, l’IDB, l’IASTA-Y et répondre à des questions portant sur son nom, âge et sexe.

Enfin, pour assurer l’anonymat et la confidentialité aux sujets et aux SC de cette étude, un code constitué de chiffres et de lettres a été attribué aux différents

questionnaires afin qu’il soit impossible de faire un lien entre le questionnaire et la personne qui y a répondu. . Il est à noter qu’aucune des personnes approchées pour participer à cette étude n’a refusé.

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Résultats

Les données sont analysées à l’aide du progiciel SAS. Certaines statistiques descriptives sont ainsi calculées. En ce qui concerne l’EDG, la moyenne des scores de tous les participants est de 10.37 (SD= 4.53), celle des sujets déprimés tel qu’évalués par le professionnel de la santé mentale est de 10.79 (SD=5,25) alors que ceux qui ne sont pas déprimés selon le professionnel de la santé mentale ont une moyenne de 10.00 ( SD=3.8l) à l’EDG. En ce qui concerne les résultats moyens des SC à l'EDG-C pour l’ensemble des participants de !’échantillon la moyenne est de 13.01 (SD=6.29) alors que pour les SC ayant évalué des sujets diagnostiqués déprimés, la moyenne est de 14,83 (SD=7,06). En ce qui a trait aux SC ayant évalué des sujets diagnostiqués non déprimé, elles ont un score moyen de 11.38 (SD=5.05) à l’EDG-C. Pour ce qui est des résultats des SC à l’IASTA-Y et à l’IDB. ils sont présentés au Tableau l.

Tableau 1

Scores moyens des SC à l’IDB et à l’IASTA-Y pour les couples sujet-SC dont le sujet est diagnostiqué déprimé, non déprimé et pour l’ensemble de !’échantillon.

Non Déprimés Déprimés Total

Questionnaire M SD M SD M SD

IDB 10.88 6.29 10.72 7.43 10.80 6.79

IASTA-Y (trait) 34.47 12.07 33.97 9.25 32.52 10.34

IASTA-Y (état) 33.00 11.85 32.00 8.55 34.23 10.74

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Relation entre !,évaluation de la dépression du sujet faite par la SC et celle faite par le sujet lui-même

Le calcul du coefficient de corrélation de Pearson permet de vérifier s’il y avait une relation entre l’évaluation de la dépression du sujet âgé faite par la SC et celle faite par le sujet lui-même. Le résultat de la corrélation entre l’EDG et l’EDG-C montre une relation modérée et significative (/0.48=׳, p< .0001). En ce qui concerne les couples sujet-SC dont le sujet a été diagnostiqué déprimé par le professionnel de la santé mentale les résultats montrent une corrélation modérée et significative (/0.43 =׳, p < .01). De la même façon, une corrélation modérée et significative est trouvée pour les couples sujet- SC dont le sujet est diagnostiqué non déprimé (r— 0.53, p < .001).

L’évaluation collatérale de la dépression du sujet en relation avec les symptômes dépressifs de la SC

Un coefficient de corrélation de Pearson est aussi calculé pour évaluer l’influence possible des symptômes dépressifs de la SC sur le rapport d’évaluation que celle-ci fait de la dépression du sujet. A cette fin, les données de l’IDB et de l’EDG-C sont corrélées. Les résultats de cette analyse démontrent une relation faible mais significative (/-=0.30,

p< .02) lorsque l’ensemble des données de cette étude sont considérées. De plus, une

relation faible et significative (/0.40=׳, p< .03) est aussi trouvée lorsque seules les

données des sources ayant évalué des sujets diagnostiqués déprimés sont analysées. Une relation faible et non significative (/*=0.20, ns) est aussi obtenue lorsque les SC ayant évalué des sujets diagnostiqués non déprimés sont étudiées. À l’aide d’une analyse de corrélation partielle, l’influence de la variable âge de la SC est mise en évidence. Les résultats démontrent que le coefficient de corrélation entre l’IDB et l’EDG-C diminue et

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devient non significatif lorsque Γ influence de l’âge de la SC est retiré de la relation entre VIDB et PEDG-C (r partiel = 0,22, ns).

L’évaluation collatérale de la dépression du sujet en relation avec les traits d’anxiété de la SC

Le calcul d’un coefficient de corrélation de Pearson entre les données obtenues à l’EDG-C et les données obtenues à PI AST A-Y échelle des traits permet de vérifier l’effet de la présence de traits anxieux sur l’évaluation de la dépression du sujet faite par la SC. Un coefficient de corrélation de Pearson faible et non significatif (r=0.15, ns) est obtenu. Afin de voir si la variable âge de la SC a également un effet sur la corrélation entre PEDG-C et l’IASTA-Y une corrélation partielle est effectuée. Il semble que la variable âge n’influence pas cette relation (r partiel^ -0.05, ns). Cependant, étant donné que seulement cinq SC présentent des traits anxieux tel qu’évaluées par PIASTA-Y (i.e. : avoir obtenu un score d’au moins 46 à cette échelle), il est difficile d’établir des

conclusions les concernant. Dans ces conditions, il ne paraît guère pertinent de pousser plus loin l’analyse des données provenant de PIASTA-Y échelle des traits.

Comparaison entre les variables : symptômes dépressifs de la SC. symptômes anxieux de la SC et âge de la SC en ce qui à trait à leur valeur prédictive du résultat à l’EDG-C.

Afin de voir si les symptômes dépressifs de la SC tels que mesurés par PIDB, les symptômes anxieux de la SC tels que mesurés par PIASTA-Y et l’âge de la SC sont des variables qui permettent de prédire le résultat de l’évaluation collatérale de la dépression du sujet, une analyse de régression multiple est effectuée. Les résultats à cette analyse montrent que les variables âge de la SC (ß = -0.28,p < .005) et l’intensité des symptômes dépressifs chez la SC (ß = 0.30, p < .03) sont en mesure de prédire de façon significative

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le résultat à l’EDG-C. Cependant, la présence de symptômes anxieux chez la SC (ß = -0.15, ns) n’est pas un bon prédicteur du résultat à l’EDG-C.

L’évaluation de la dépression du sujet faite par la SC et celle faite par le sujet lui-même en comparaison avec le diagnostic du professionnel de la santé mentale

Afin de vérifier si l’auto-évaluation du sujet et l’évaluation de la SC sont

concordantes avec le diagnostic posé par un professionnel de la santé mentale une analyse des courbes « Receiver Operating Characteristic » (ROC) est effectuée à l’aide du logiciel MedCalc. Sur la base des résultats obtenus aux courbes ROC, il est possible de dire si l’évaluation du sujet ou de la SC est en mesure de distinguer un sujet diagnostiqué dépressif par le professionnel de la santé mentale, d’un sujet diagnostiqué non dépressif par ce dernier. Si les résultats de l’analyse ROC montrent une courbe qui tend vers le coin supérieur gauche, ceci implique que l’évaluation du sujet ou de la SC est

concordante avec celle du professionnel de la santé mentale. Contrairement, si la courbe tend vers la diagonale (45 degrés) l’évaluation du sujet ou de la SC ne concorde pas avec celle du professionnel de la santé mentale.

Il est d’abord possible de faire une analyse graphique de l’efficacité de l’évaluation faite par le sujet et par la SC à l’aide de cette technique. La Figure 1

présente les courbes obtenues à partir des résultats du sujet et de la SC. Il est possible de voir que les deux courbes tendent davantage vers la diagonale ce qui implique que les évaluations du sujet et de la SC ne concordent pas avec celle du professionnel de la santé mentale. L’analyse des surfaces sous les courbes (SSC) donne des résultats plus détaillés et permet l’analyse quantitative des résultats. Il faut considérer que plus le résultat de

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Figure 1. Analyse des courbes ROC de l’évaluation réalisée par les sujets et les sources collatérales (SC) de !’échantillon avec le diagnostic du professionnel de la santé mentale

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l’SSC s’approche de un, plus le résultat de l’évaluation du sujet ou de la SC est

concordante avec celui du professionnel de la santé mentale. D’un autre côté, une SSC de 0.5 indique que l’évaluation du sujet et de la SC est divergente du diagnostic du professionnel de la santé mentale. Les résultats du calcul des SSC montrent une SSC de 0.52 (SE : 0.07, intervalle de confiance 95% : 0.39 à 0.65) pour les sujets et une SSC de 0.65 (SE : 0.07, intervalle de confiance à 95% :051 à 0.77) pour les SC. La comparaison des SSC indique l’absence de différence significative entre l’SSC du sujet et celle de la SC (différence entre les SSC : 0.128, ns). Il semble donc que les évaluations du sujet et de la SC ne sont pas concordantes avec celle du professionnel de la santé mentale.

Cependant, le fait qu’il n’y ait pas de différence significative entre les deux SSC implique que le sujet et la SC font des évaluations relativement semblables de la dépression du sujet.

Mesure du niveau d’accord entre le rapport du sujet et celui de la SC.

Enfin, des coefficients Kappas sont également calculés afin de mesurer le niveau d’accord inter-jugement entre le diagnostic du professionnel de la santé mentale, le rapport du sujet et celui la SC. Le coefficient Kappa varie entre un et moins un. Plus le coefficient est près de un, plus l’entente entre les juges est parfaite ; plus il s’approche de zéro, plus il y a indépendance des jugements et enfin plus il tend vers moins un, plus il y a de désaccord entre les juges. L’accord entre le rapport de la SC et celui du

professionnel de la santé mentale est faible (k= 0.27) tel qu’évalué par la méthode du coefficient Kappa de Cohen. De même, un coefficient de Kappa faible, mais négatif (k = -0,24) est trouvé lors de l’analyse de ce coefficient entre le rapport du sujet et le

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SC, réalisés à l’aide de l’EDG et de l’EDG-C, ne sont donc que faiblement en accord avec l’évaluation du professionnel de la santé mentale.

Discussion

Devant les résultats divergents des recherches précédentes, la présente étude s’intéressait à l’évaluation collatérale de la dépression chez une population âgée afin de consolider les connaissances concernant la validité de Γinformation collatérale. De plus, cette recherche voulait vérifier la capacité des sujets et des SC à distinguer les sujets diagnostiqués déprimés des non déprimés tel qu’ils sont identifiés par le professionnel de la santé mentale, afin de savoir si le sujet et la SC apportent un diagnostic valide de la dépression du sujet. Enfin, cette recherche voulait déterminer l’effet de l’anxiété et de la dépression sur le rapport de la SC. Suite à ceci, des hypothèses ont été émises soient : la présence d’une relation forte et significative entre l’évaluation de la SC et celle du sujet, la concordance entre le diagnostic du professionnel de la santé mentale, l’évaluation de la SC et l’auto-évaluation du sujet et enfin une relation forte et significative était attendue entre la dépression et/ou l’anxiété de la SC et le rapport d’évaluation de la dépression du sujet réalisé par la SC.

Concordance sujet. SC et professionnel de la santé mentale

Il est possible à partir des résultats obtenus, dans cette étude, d’affirmer qu’il existe une relation modérée et significative entre l’évaluation de la dépression du sujet faite par la SC et celle faite par le sujet lui-même, corroborant ainsi, avec une population francophone, les études précédentes (Nit cher et coll., 1994). Donc, l’évaluation du sujet et celle de la SC sont modérément concordantes lorsque les variables fréquence des contacts et type de lien entre le sujet et la SC sont contrôlés. Cependant, il semble que le

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fait de contrôler simultanément la fréquence de la relation et le type de relation unissant le sujet et la SC n’entraîne pas une corrélation plus élevée.

Le fait que le sujet et la SC évaluent de façon modérément concordante la

dépression du sujet à l'aide de l’EDG et de l’EDG-C, a également été démontrée à partir de l’analyse des courbes ROC qui montre l’absence de différence significative entre les SSC de la SC et du sujet. Toutefois, les courbes ROC démontrent également que le sujet et la SC seraient incapables, à l’aide de l’EDG et de l’EDG-C, d’évaluer la dépression du sujet tel qu’évaluée par le professionnel de la santé mentale. Ce résultat est également confirmé par les données faibles obtenues lors du calcul du coefficient Kappa. Ceci vient infirmer la seconde hypothèse de la présente étude. Ces résultats semblent mettre en doute !’utilisation de l’EDG et de l’EDG-C lors de l’évaluation de la dépression chez le sujet âgé. Mais, il faut garder à l’esprit que l’EDG et l’EDG-C sont utilisés pour dépister les symptômes dépressifs chez le sujet âgé et non pas pour poser un diagnostic.

D’ailleurs, certains auteurs affirment que l’EDG, et par conséquent l’EDG-C, ne mesurent pas tous les critères diagnostiques du DSM-III (Bourque et coll., 1990) alors qu’il est probable que le professionnel de la santé mentale base son diagnostic sur ces critères. En plus, les études précédentes concluent aux bonnes qualités psychométriques de l’instrument, il est donc possible que certaines des particularités de !’échantillon soient responsables des résultats trouvés lors de l’analyse des courbes ROC. Il faut également, lorsque l’on considère les résultats de cette étude, tenir compte d’une limite

méthodologique importante lors de la classification des sujets déprimés et non déprimés. La consultation des dossiers des sujets pour poser le diagnostic de dépression comporte plusieurs limites. En effet, la profession du professionnel de la santé mentale

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(psychologue ou psychiatre), les critères diagnostiques utilisés, le temps écoulé depuis Γ évaluation, la possibilité que le patient ait reçu un traitement pour son état dépressif n’ont pas été pris en cause lors de la classification des sujets déprimés et non déprimés. Ceci a dû provoquer un biais majeur rendant Γinterprétation des résultats comparant les sujets déprimés aux non déprimés difficile. Cette limite méthodologique peut sans doute expliquer le fait que les scores à l’EDG des sujets déprimés et non déprimés sont

relativement semblables, ce qui est très étonnant. Il faut donc traiter ces résultats avec parcimonie.

Tout en tenant compte de ceci, certaines données émergeant de cette recherche peuvent apporter des pistes d’explications intéressantes à certains des résultats peu satisfaisants dans cette étude.

Rôle des symptômes dépressifs de la SC

La présence de symptômes dépressifs chez la SC peut être expliquée en partie par le fait que la corrélation entre l’EDG et l’EDG-C ne soit pas plus élevée. Les résultats obtenus lors de la mise en relation des données de l’EDG-C et de l’IDB montrent qu’il y a un lien faible et significatif, ce qui indiquerait que les symptômes dépressifs de la SC auraient une influence sur l’évaluation qu’elle fait du sujet. Mais cette influence ne serait remarquée que lorsque le sujet est déprimé puisque la corrélation ente l’EDG-C et l’IDB n’est pas significative et devient encore plus faible lorsque les SC évaluant les sujets non diagnostiqués déprimés sont étudiées. La dépression chez la SC influencerait, ainsi, le rapport qu’elle fait du sujet mais seulement dans les cas où le sujet présente des symptômes dépressifs. Cependant, il faut garder à l’esprit lors de l’analyse de ces corrélations, qu’outre les faiblesses de la classification des sujets déprimés et non

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déprimés, il y a des limites reliées à !’utilisation de corrélations. En effet, le niveau de signification statistique n’apporte aucune indication sur la grandeur de l’effet, ni sur l’importance de la corrélation. Ainsi, les corrélations entre l’EDG-C et l’IDB sont faibles que tous les sujets soient étudiés ou qu’ils soient séparés selon le diagnostic du

professionnel de la santé mentale. Le fait que certaines corrélations soient significatives ne permet pas de conclure à lui seul sur l’influence de la dépression sur le rapport de la SC. De plus, la corrélation initiale diminue et devient non significative lorsque l’effet de la variable âge de la SC est retiré de la relation entre l’EDG-C et l’IBD. C’est donc que cette variable explique une partie du lien trouvé. Toutefois, lors de l’analyse de

régression multiple la variable symptômes dépressifs chez le sujet s’est montrée être un prédicteur significatif de l’EDG-C. La variable dépression a donc une influence

significative sur le rapport de la SC. Ceci vient donc confirmer en partie la troisième hypothèse de cette étude voulant que les symptômes dépressifs de la SC soient reliés avec l’évaluation que celle-ci fait du sujet.

Mais, ce qui semble aussi important, c’est le rôle de la variable âge de la SC. En effet, la variable âge de la SC est un aussi bon prédicteur du résultat de l’évaluation collatérale que les symptômes dépressifs chez la SC. Le coefficient de régression étant négatif, ceci indique que plus la SC avance en âge, moins son évaluation de la dépression du sujet est élevée. Il est possible d’expliquer ceci par le fait que les SC plus âgées appartiennent à une cohorte qui est peut-être moins informée au sujet de la dépression et donc moins en mesure d’en rapporter les symptômes. L’influence de l’âge de la SC n’est, cependant, pas rapportée dans d’autres études ce qui laisse supposer que certaines des limites de cette recherche soient responsables de ce résultat.

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Il faut, entre autres, penser au fait que !’échantillon est constitué uniquement de personnes fréquentant les centres de jour donc ayant peut-être des caractéristiques particulières différentes de celles des personnes âgées en général. Par exemple, on peut penser que leur état physique et psychologique est peut-être moins bon que celui de la population en général, puisque ces personnes ont besoin de recourir à ce type de service.

Il est également possible que certaines SC aient présenté des troubles cognitifs, ce qui a pour effet de rendre !,échantillon moins représentatif. Ceci serait d’autant plus vrai avec !,avancement en âge puisque le nombre de problèmes cognitifs augmente à mesure que les populations vieillissent. D’ailleurs, il est admis que la présence de troubles cognitifs chez le sujet ou chez la SC provoquait, entre autres, des problèmes de

représentativité de !,échantillon (Knâuper & Wittchen, 1994; Rubio et coll.; 1994; Gilley & Wilson, 1997).

Certaines autres limites ont également pu influencer les résultats de cette étude tel que les limites attribuables aux sujets, aux SC, au diagnostic du professionnel de la santé mentale, à la grandeur et à la composition de !,échantillon, à !,utilisation de

questionnaires.

Il est reconnu que les sujets ont tendance à attribuer leurs symptômes dépressifs à des symptômes physiques, ce qui peut entraîner le sujet à sous-estimer ses symptômes dépressifs (Knâuper & Wittchen, 1994). Ceci a peut-être influencé les résultats de cette étude. De même, il est possible qu’il y ait eu, dans certains cas, une relation émotive négative entre le sujet et SC ce qui a pu également introduire des biais dans les données (Hambrecht & Hâfher, 1997). De plus, le stress de la SC peut pousser celle-ci à

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L‘influence de la variable stress de la SC et santé de la relation émotive entre le sujet et la SC n’ayant pas été mesurées dans cette recherche, il est impossible de connaître leurs effets sur les données. Il faut également considérer la possibilité d’erreur dans le diagnostic émis par le professionnel de la santé mentale. Étant donné que les

professionnels de la santé mentale ont tendance à sous-diagnostiquer la dépression du sujet âgé, les faibles résultats obtenus sont peut-être, tout simplement, le reflet de cette tendance.

Il faut aussi mentionner que la grandeur et la composition de !’échantillon ont rendu impossible !’interprétation de certains résultats. En effet, le fait que !’échantillon ne contienne que 5 SC présentant des trait anxieux rend impossible les conclusions touchant cette variable. Enfin, il faut toujours garder à l’esprit les limites inhérentes à !’utilisation de questionnaires tel que la manipulation de concepts faisant appel à la mémoire à long terme, la recherche d’épisodes particuliers dans la mémoire, le jugement et la coopération nécessaire pour effectuer ce type de tâche (Knäuper & Wittchen, 1994). Pistes d’avenir

Il serait pertinent de reprendre cette étude avec un plus grand nombre de SC anxieuses afin de voir si cet état peut influencer le rapport de la SC et/ou la relation entre l’évaluation de la dépression du sujet faite par la SC et celle faite par le sujet lui-même. Il serait également dès plus utile d’entreprendre des études afin de voir si les effets de la variable âge de la SC trouvés dans cette étude se répéteraient dans d’autres recherches. Enfin, il serait judicieux de reprendre cette recherche en contrôlant davantage la méthode de classification des sujets déprimés et non déprimés. Ceci permettrait sans doute de mieux utiliser les SC.

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Conclusion Générale

La présente recherche voulait étudier l’évaluation collatérale de la dépression chez une population âgée afin déterminer la validité de !’information collatérale. Cette

recherche voulait, également, savoir si le sujet et la SC posent un diagnostic valide de la dépression du sujet. Enfin, cette étude cherchait à déterminer l’effet du statut

psychologique de la SC sur l’évaluation qu’elle fait du sujet. À partir de ces objectifs, des hypothèses ont été émises. Il a d’abord été supposé qu’il y aurait une relation forte et significative entre l’évaluation de la SC et celle du sujet. Ensuite, la concordance entre le diagnostic du professionnel de la santé mentale, l’évaluation de la SC et l’auto-évaluation du sujet était attendue. Enfin, la dernière hypothèse impliquait la présence d’une relation forte et significative entre la dépression et/ou l’anxiété de la SC et le rapport d’évaluation de la dépression du sujet réalisé par la SC.

Quatre conclusions principales peuvent être tirées des résultats de la présente étude. D’abord, à la lumière des données trouvées dans cette recherche il est possible d’affirmer que l’évaluation du sujet et celle de la SC sont modérément concordantes lorsque certaines variables, soient la fréquence de la relation et le type de relation

unissant le sujet et la SC, sont contrôlées, mais ce contrôle n’entraîne pas une corrélation plus élevée, contrairement à ce qui avait été supposé. En fait, les résultats de cette recherche montrent l’existence d’une relation modérée et significative entre l’évaluation de la dépression du sujet faite par la SC et celle faite par le sujet lui-même. Ce qui vient appuyer, avec une population francophone, les travaux précédents (Nitcher et coll.,

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D’autres résultats de cette étude ont également démontré la concordance modérée entre la rapport de la SC et Γauto-évaluation du sujet. L’analyse des courbes ROC montre qu’il y a absence de différence significative entre les SSC de la SC et du sujet. Ceci laisse présumer le fait que la SC et le sujet font des évaluations concordantes de la dépression du sujet lorsque l’EDG et l’EDG-C sont utilisés comme instruments de mesure.

La seconde conclusion qu’il est possible de tirer, c’est que les sujets et les SC ne sont pas en mesure d’évaluer la dépression du sujet telle qu’évaluée par le professionnel de la santé mentale, lorsque l’EDG et l’EDG-C sont utilisés comme instruments de mesure. Ceci fut démontré à partir des résultats à l’analyse des courbes ROC et confirmé par la médiocrité des coefficients Kappa. Ce résultat vient questionner la capacité de l’EDG et de l’EDG-C à évaluer la dépression chez le sujet âgé. En effet, à partir des résultats obtenus à ce questionnaire les sujets et les SC n’arrivent pas au même diagnostic qu’un professionnel de la santé mentale. Cependant, l’EDG et l’EDG-C sont des

instruments servant à dépister les symptômes dépressifs chez le sujet âgé et non pas à poser un diagnostic. Ce qui fait l’EDG et l’EDG-C inclut peut-être des éléments qui ne sont tout simplement pas les mêmes que ceux qu’utilisent le professionnel de la santé mentale pour poser son diagnostic. En effet, c’est l’ensemble de la symptomatologie dépressive qui est mesurée par l’EDG et l’EDG-C alors que le diagnostic du

professionnel de la santé mentale n’inclut que les symptômes permettant le diagnostic de dépression. Il faut également tenir compte du fait que les études précédentes concluent aux bonnes qualités psycho métriques de l’instrument, les caractéristiques des individus constituant !’échantillon sont peut-être différentes de celles des personnes âgées en

Figure

Figure 1. Analyse des courbes ROC de l’évaluation réalisée par les sujets et les sources  collatérales (SC) de !’échantillon avec le diagnostic du professionnel de la santé mentale

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