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ARTheque - STEF - ENS Cachan | Ignorances et questionnements : le rôle des enseignants de sciences dans l'éducation à la santé à l'école primaire au Brésil

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A. GIORDAN, J.-L. MARTINAND et D. RAICHVARG, Actes JIES XXV, 2003

IGNORANCES ET QUESTIONNEMENTS :

LE RÔLE DES ENSEIGNANTS DE SCIENCES

DANS L'ÉDUCATION À LA SANTÉ

À L'ÉCOLE PRIMAIRE AU BRÉSIL

Adriana MOHR

Universidade Federal de Santa Catarina, Brésil

MOTS-CLÉS : ÉDUCATION À LA SANTÉ – FORMATION DES ENSEIGNANTS – DIDACTIQUE DES SCIENCES – PROGRAMMES SCOLAIRES

RÉSUMÉ : J’ai analysé l'activité pédagogique dans le domaine de l'ES des enseignants de sciences des 3e et 4e cycles brésiliens. L'étude est faite à partir d'interviews d'enseignants et de l'analyse des programmes officiels. Les résultats permettent d'affirmer qu'il est urgent de modifier les idées fondatrices et la pratique de l'ES à l'école. Je présente et développe ces idées-là.

ABSTRACT : We have analyzed the teaching activities of Brazilian 3rd and 4th grade science teachers through personal interviews and the analysis of the official programs. We reached the conclusion that a radical change in the understanding and in the practice of school health education is urgently needed. We offer some guidelines to this effect.

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1. INTRODUCTION

Cette étude décrit et analyse le développement de l'éducation à la santé (ES) dans des écoles primaires de Florianópolis (Santa Catarina, Brésil). Pour atteindre cet objectif, le travail a été mené en deux fronts : l'analyse du programme brésilien et des interviews avec des professeurs des écoles. Finalement, le travail discute les possibilités et les limites de l'ES à l'école, selon les données récoltées soit dans la recherche de terrain, soit dans l'analyse des fondements de l'ES.

2. BREF PANORAMA DE L'ES AU BRÉSIL

Nous pouvons identifier trois principales périodes de développement de l'ES au Brésil selon sa présence et ses caractéristiques déclarées.

Jusqu'au début des années 1970 c'était l'éducation sanitaire qui était présente à l'école. L'important pour l'éducation sanitaire était de bien faire passer aux élèves des règles de conduite. L'éducation sanitaire et la gymnastique s'associaient comme activité pédagogique pour développer corps et esprits forts, attitudes et habitudes qui mèneraient les élèves à la santé et à une vie saine. Ces objectifs étaient poursuivis avec un autoritarisme explicite. Une autre caractéristique de cette période là était l'intervention directe et non dissimulée dans la vie privée des individus.

À partir des années 1971-1974 le Brésil a connu un grand changement de son système éducatif et une des nouveautés était l’introduction des Programas, Projets de Santé (PS) au programme des écoles et lycées. Selon le texte législatif qui les a créés, les PS devaient être des activités scolaires bien délimitées dans chaque établissement, même s'ils ne devaient pas se présenter sous forme de discipline (comme le sont la langue maternelle ou les sciences naturelles par exemple). De plus, le PS de chaque école devait être construit en étroite articulation avec l'université et les services de santé les plus proches de l'école. Aucune de ces directives là n'a pas été respectée et le PS est devenu une discipline scolaire à la charge du professeur des sciences naturelles. Contrastant avec l'époque précédente, avec les PS, les méthodes pour convaincre les élèves de suivre “le bon chemin de la santé” se sont assouplies et modernisées.

Plus récemment, à la fin des années 1990, un nouveau changement de programme scolaire a introduit l'ES comme un des six thèmes transversaux (TT) qui sont censés aider à construire et renforcer la citoyenneté des élèves. Celle-ci est vue, selon la législation brésilienne actuelle, comme la principale et la plus importante mission de l'école. Les TT doivent être objet de travail de tous les enseignants de l'école, mais, malgré ces intéressants principes le texte ministériel (BRASIL, 1998)

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présente l’ES fondée sur l'écart essentiel entre connaissances (devant être développées par les disciplines traditionnelles) et les habitudes, les comportements et les valeurs (cibles des TT).

Ainsi, malgré les différences d'appellation et de forme, l'idée implicite dans toutes ces époques et ces approches de l'ES décrites ci-dessus est que quelqu'un sait les "bonnes valeurs", les "bonnes attitudes" ou les "bons comportements" pour avoir ou atteindre et maintenir une bonne santé, et doit les enseigner aux élèves. Dit autrement, il y aurait une "voie royale" pour la santé, et montrer ce chemin aux élèves serait le but principal de l'ES à l'école. On peut dire, donc, qu'il s'agit plutôt d'effacer les ignorances en fournissant soit les informations correctes soit les règles de conduite.

3. L'ÉDUCATION À LA SANTÉ SELON LES ENSEIGNANTS

Pour connaître le développement de l'ES à l'école aussi bien que les objectifs pédagogiques poursuivis par les professeurs, j'ai fait des interviews avec des enseignants de la 5e à la 8e année (6e à la 3e dans le système éducatif français) qui développent l'ES dans des écoles de Florianópolis, capitale de l'État de Santa Catarina, ville de 170.000 habitants.

Ces interviews ont été réalisées d'une façon semi-structurée et enregistrées au magnétophone. Chaque interview a eu une durée minimale de 40 minutes. J'ai interviewé 22 enseignants de 23 écoles, concernant 19 quartiers de Florianópolis. Les enregistrements des interviews ont été analysés selon le but de l'interview, soit connaître les contenus développés comme ES, les aides didactiques utilisées et les objectifs du développement de l'ES à l'école.

Les informations obtenues des enseignants peuvent être résumées comme suit :

- L'ES à l'école est développée par des enseignants des sciences naturelles de façon à illustrer, avec des exemples quotidiens, des contenus des sciences.

- Il n'y a pas des projets structurés d'ES à l'école et la transversalité suggérée par la directive ministérielle n'existe pas dans les écoles.

- Les contenus déclarés les plus développés par les enseignants dans le domaine de l'ES sont la prévention aux risques, l'éducation sexuelle, les maladies sexuellement transmissibles, l'alimentation et l'hygiène personnelle et collective.

- Les objectifs dans le domaine de la santé déclarés par les enseignants sont la capacité de prévention face aux risques, la possibilité d'une vie heureuse et digne, la contribution pour une vie saine et pour l'estime de soi-même. Par rapport à ces buts les enseignants se croient démunis : ils développent l'ES quand même, mais ils savent qu'une fois hors de l'école, d'autres variables sont plus importantes pour les élèves et annulent tout (ou presque tout) le travail fait à l'école.

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- Les enseignants connaissent assez bien les conditions socio-économiques des leurs élèves mais ils ne s'en servent pas d'une manière plus fréquente ou significative dans les classes.

- Les enseignants identifient un grand intérêt des élèves vis-à-vis des sujets liés à la santé ; ils y reconnaissent un potentiel pour le développement des contenus de sciences. Par contre ils se servent très peu de cette situation-là.

4. POSSIBILITÉS ET LIMITES DE L'ES À L'ÉCOLE

Pourquoi développer l'ES à l'école ? Que doit-elle être pour répondre à certains besoins éducatifs et à des caractéristiques particulières de l'école ? Voilà deux questionnements que nous devons nous poser sur l'importance, le fondement et les objectifs de l'ES à l'école.

Je pense que des éléments de réponses à ces questions-là se trouvent dans divers champs.

D'abord, la manière dont l'ES est développée à l'école. En effet, elle semble être une application, sans grandes modifications de forme ou de fond, des pratiques préventives développées et utilisées dans le domaine de la santé publique. Dans ce dernier il est légitime, par exemple, d'avoir comme objectifs des réponses rapides et peu réfléchis de la part des populations cibles. Car le but principal et légitime, d’ailleurs, des campagnes de santé publiques est d'obtenir des individus des réponses pré-programmées et standardisées, et pas forcément de les faire réfléchir sur le thème en question. C’est n’est pas du tout le même cas pour l’école.

Cette inadéquation d’objectifs pour des pratiques d'ES peut être conséquence du peu d'attention que le champ éducatif a donné jusqu'à présent au thème de l'ES. En fait, si on fait une recherche bibliographique, par exemple dans la base des données ERIC, on trouve un très grand nombre de références à 'health education'. Mais dans la majorité des études le concept et la pratique sont développés à partir des principes, références et objectifs du champ médical ou de la santé publique. Il est absolument nécessaire, donc, que les fondements et les objectifs de l'ES à l'école deviennent des sujets de recherche du domaine didactique.

Une autre source du brouillard qui enveloppe le champ de l'ES à l'école, au moins au Brésil est le peu de clarté qu'a le personnel (de l'éducation et de la santé travaillant l'ES à l'école) à propos des limites et des caractéristiques propres à chacun des concepts de la santé de l'écolier, des campagnes de santé et de l'éducation à la santé. Le plus souvent on fait les deux premières en pensant réaliser la dernière.

Une autre exigence de la remise en cause des objectifs et du développement de l’ES est celui de considérer avec plus de profondeur le rôle de l'école et les éléments qui la distinguent des autres institutions sociales. L'ES présente dans des programmes scolaires et celle qui est développée par

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les enseignants, à mon avis, peut seulement avoir de la légitimité si elle a un profil pédagogique. C'est à dire si elle a pour but de développer la réflexion, des doutes, des connaissances qui permettent aux individus d'avoir de l'autonomie et de faire des choix réfléchis. L'ES à l'école doit faire apprendre les élèves à penser et à questionner, et non pas à obéir. Pour mettre cette question-là en rapport avec le thème de ces JIES : du point de vue pédagogique il faut que l'ES développe avec les élèves plus des questionnements que des réponses.

Dans les cas des professeurs interviewés (qu'on peut sans souci de trop se tromper, généraliser pour le Brésil), leur formation contribue beaucoup pour la situation trouvée. L'ES est traditionnellement attribué au professeur de sciences (le livre didactique aussi met ce champ-là dans celui des sciences naturelles). Il faut d’abord questionner cette réduction. Une ES scolaire effective a besoin de l'apport des différents disciplines (de la langue maternelle aux mathématiques). Voilà une des raisons pour laquelle le nouveau programme proposée au Brésil (Brasil, 1998) place l'ES comme thème transversal (Busquets et al., 1999). Malgré l'intérêt didactique et épistémologique de cette approche il y a encore peu d'action pédagogique dans ce sens, parce que la formation initiale ou continue des enseignants ne s'occupe pas suffisamment de cet aspect-là. Basée sur des données obtenues grâce aux interviews je peux dire qu’en plus de l'aspect du contenu proprement dit, les professeurs n'ont presque aucune formation pour s'occuper des aspects qui dépassent la composante du développement des concepts présents dans une activité d'ES à l'école. On rencontre alors un professeur qui développe des thèmes liés à la santé, ayant comme unique compétence le fait d'être un adulte expérimenté. Pour rester sur deux exemples qui ont apparu fréquemment dans les interviews, je mentionnerai le domaine de la sexualité et celui de la nutrition.

Bien sûr, une ES à l'école est beaucoup trop large pour qu'un seul professeur s'en occupe. L'ES doit même dépasser l'équipe des enseignants et être objet de travail d'autres professionnels qui, à l'école ou hors de ses murs, travailleront sur le thème de la santé avec des enfants et des jeunes.

Dans le cas brésilien, cet aspect est source de soucis pour ceux qui se battent pour une autre ES à l'école. Dans notre pays le personnel de l'école se réduit généralement aux enseignants des divers disciplines et à deux enseignants qui ont une formation spéciale : un pour superviser et orienter le travail des professeurs, l’autre qui se charge des problèmes présentés par les élèves. Celui-ci a quelquefois, une petite spécialisation dans le domaine de l'éducation sexuelle. Même dans le cas d'une petite école (300 élèves) on arrive vite à la conclusion que le personnel n'est pas suffisant pour répondre aux besoins imposés par un développement adéquat de l’ES à l’école. Il n'y a pas dans le cadre de l'éducation publique brésilienne un apport des infirmières scolaires, ou d’assistante sociale qui partageraient les multiples tâches de l’ES scolaire. Les professeurs des sciences prennent alors (consciemment ou inconsciemment) la responsabilité de développer tout le travail qui devrait être fait par une équipe pluridisciplinaire. Quels que soient les efforts qu'ils fournissent, le résultat sera

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toujours loin d'être satisfaisante soit au point de vue didactique, soit sur celui de la santé ou de la vie des élèves.

Vu tous les aspects mentionnés, il me paraît urgent que des didacticiens et des professeurs concernés effectuent une analyse en profondeur sur les limites et les possibilités de l'ES à l'école. Je défends qu'une telle analyse doit mettre en cause les compétences professionnelles aussi bien que la formation reçue pour agir dans le domaine de l'ES.

De plus, le débat doit considérer aussi le rôle que la société veut pour l'école, car, dans le rythme actuel, on arrivera vite à un amalgame négatif entre l'école et le centre social pour jeunesse.

BIBLIOGRAPHIE

BRASIL (1998). Parâmetros Curriculares Nacionais : terceiro e quarto ciclos : apresentação dos

temas transversais. Brasília, MEC/SEF.

BUSQUETS M.D. et al. (1999). Temas Transversais em Educação. 5ª ed. São Paulo, Ática.

MOHR A. (2001). L’éducation à la santé dans l’activité pédagogique des enseignants. In A. Giordan, J.-L. Martinand et D. Raichvarg (Éds), Actes des XXIIIes Journées Internationales sur

l’Éducation la Communication et la Culture Scientifiques et Industrielles, 513-516.

MOHR A. (2002). A Natureza da Educação em Saúde na Escola Fundamental e os Professores de

Ciências. Tese de Doutorado. Programa de Pós-Graduação em Educação : ensino de ciências

naturais, Programa de Pós-Graduação em Educação, Universidade Federal de Santa Catarina, Florianópolis, Brasil.

REMERCIEMENTS

Cette participation au congrès a été rendue possible grâce au financement octroyé par la Fundação de Ciência e Tecnologia de Santa Catarina, Brasil.

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