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Effet modérateur de la personnalité sur la relation entre les motivations sexuelles et les conduites sexuelles extradyadiques

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Academic year: 2021

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Effet modérateur de la personnalité sur la relation entre

les motivations sexuelles et les conduites sexuelles

extradyadiques

Mémoire doctoral

Anne Dussault

Doctorat en psychologie

Docteure en psychologie (D. Psy.)

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Effet modérateur de la personnalité

sur la relation entre les motivations sexuelles

et les conduites sexuelles extradyadiques

Mémoire doctoral

Anne Dussault

Sous la direction de :

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Résumé

Les conduites sexuelles extradyadiques entrainent des répercussions négatives sur le bien-être, la santé mentale et la santé physique des individus concernés. La personnalité, déterminant les patrons de comportements, de pensées et d’émotions, et les motivations à l’origine du comportement sexuel, jouent des rôles centraux dans l’expérience de la sexualité. L’objectif de ce projet de mémoire doctoral est alors d’explorer la relation entre les motivations sexuelles et l’adoption de conduites sexuelles extradyadiques ainsi que l’effet modérateur de la personnalité sur cette relation. Au total, 709 participants en couple ont été recrutés dans la population générale et dans la communauté universitaire de la région de Québec afin de répondre aux questionnaires en ligne portant sur les motivations sexuelles, la personnalité et les conduites sexuelles extradyadiques. Les résultats de la régression logistique démontrent que des motivations sexuelles d’hédonisme et de domination augmentent la probabilité de s’engager dans des activités sexuelles extradyadiques alors que des motivations sexuelles d’amour et d’affection diminuent le risque d’adopter des conduites sexuelles extradyadiques. Les résultats démontrent également une interaction significative dans laquelle un niveau élevé de motivations sexuelles de soumission jumelé à un niveau élevé d’extraversion augmente la probabilité de présenter des comportements sexuels extradyadiques. Une deuxième interaction est significative dans laquelle des niveaux élevés de motivations sexuelles de reconnaissance et des niveaux moyen et élevé de névrosisme sont associés à un risque plus faible d’adopter des conduites sexuelles extradyadiques. Ces résultats contribuent au développement de meilleures pratiques en matière d’évaluation clinique en mettant en lumière l’importance de considérer les motivations sexuelles pouvant contribuer à certains comportements sexuels à risque tels que les conduites sexuelles extradyadiques.

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Table des matières

RÉSUMÉ ... III TABLE DES MATIÈRES ... IV LISTE DES TABLEAUX ... V LISTE DES ANNEXES ... VI REMERCIEMENTS ... VII

INTRODUCTION ... 1

CHAPITRE 1 : CONTEXTE THÉORIQUE ... 3

Conduite sexuelle extradyadique ... 3

Motivations sexuelles ... 6

CHAPITRE 2 : OBJECTIFS ET HYPOTHÈSES ... 12

Objectifs ... 12

Hypothèses en lien avec le premier objectif ... 12

Hypothèse en lien avec le deuxième objectif ... 14

CHAPITRE 3 : MÉTHODOLOGIE ... 15 Participants ... 15 Procédure ... 15 Instruments de mesure ... 16 Questionnaire sociodémographique ... 16 Motivations sexuelles ... 16 Personnalité ... 16

Conduite sexuelle extradyadique ... 17

CHAPITRE 4 : PLAN D’ANALYSES STATISTIQUES ... 18

Statistiques descriptives ... 18 Régression logistique ... 18 CHAPITRE 5 : RÉSULTATS ... 20 Statistiques descriptives ... 20 Régression logistique ... 20 CHAPITRE 6 : DISCUSSION ... 21 CONCLUSION ... 26 Limites de l’étude ... 26

Retombées sur le plan clinique ... 26

Recherches futures ... 27

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Liste des tableaux

Tableau 1. Personnalité selon le modèle en cinq facteurs de Goldberg (1990) ... 28

Tableau 2. Motivations sexuelles du Sexual Function Scale (Nelson, 1978) ... 29

Tableau 3. Résultats des analyses descriptives des variables à l’étude ... 30

Tableau 4. Résultats des analyses corrélationnelles entre les variables à l’étude ... 31

Tableau 5. Résultats de la régression logistique ... 32

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Liste des annexes

ANNEXE A ... 38 Formulaire de consentement ... 38 ANNEXE B ... 42 Questionnaire sociodémographique ... 42 ANNEXE C ... 45 Motivations sexuelles ... 45 ANNEXE D ... 47 Traits de personnalité ... 47 ANNEXE E ... 48 Relations extraconjugales ... 48

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Remerciements

La réalisation de ce mémoire doctoral a généré beaucoup d’idées, de travail et d’émotions. Je tiens à remercier toutes les personnes qui ont contribué, de près ou de loin, à l’accomplissement de ce projet.

Je tiens d’abord à offrir un merci patient et compréhensif à mon directeur de recherche, monsieur Stéphane Sabourin pour l’encadrement de ce mémoire doctoral. Je souhaite également transmettre un merci pertinent et constructif à l’image des commentaires offerts par madame Catherine Bégin, membre de mon comité d’encadrement.

Je dois un merci rigoureux et salvateur à madame Hélène Paradis pour son amour des statistiques, sa dévotion, sa grande disponibilité, son soutien et sa franchise. Sa contribution à la réalisation ce projet est inestimable.

Un merci rassurant et infiniment reconnaissant à Marie-Pier Vaillancourt-Morel s’impose pour sa générosité, ses idées, sa rigueur, son efficacité, ses encouragements, sa critique et son amitié.

Il est important pour moi de souligner, par un merci enthousiaste et inspirant, la générosité de madame Lina Normandin qui, par le partage et l’immensité de son savoir, m’a permis de trouver un sens à ma vie professionnelle.

Je dédie un merci admiratif à Raphaëlle, mon amie, ma collègue, ma complice avec qui j’ai grandi et évolué tout au long de mon parcours académique.

Enfin, je dois un merci précieux et chaleureux à ma famille, à mes amis et à mes collègues pour leur présence, leur patience, leur soutien et leur amour.

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Introduction

La sexualité est un enjeu central de la vie d’un couple et a d’importantes répercussions sur la qualité de vie, la santé physique et la santé mentale des individus. Elle résulte d’interactions complexes entre des facteurs physiologiques, cognitifs, affectifs, comportementaux, relationnels et socioculturels (Lussier, Bélanger et Sabourin, 2017). En déterminant les patrons de comportements, de pensées et d’émotions (Cloninger, 2009), la personnalité influence grandement l’expérience qu’un individu fait de la sexualité (Boivin, 2014). Elle a, entre autres, une incidence sur les raisons motivant un individu à s’engager dans des activités sexuelles (Brewer et Abell, 2015) ainsi que sur l’adoption de certains comportements sexuels spécifiques. Par exemple, la personnalité est associée au nombre de partenaires sexuels, à l’engagement dans des activités sexuelles à risque et dans des activités sexuelles avec un partenaire occasionnel, à l’adoption de comportements de harcèlement sexuel et de conduites sexuelles agressives (Heaven, Fitzpatrick, Craig, Kelly et Seba, 2000; Zietsch, Verweij, Bailey, Wright et Martin, 2010). Elle est également liée à l’adoption de conduites sexuelles extradyadiques (Allen et Walter, 2018).

La conduite sexuelle extradyadique constitue une des problématiques humaines les plus souffrantes sur le plan psychologique (Simard, 2016). Elle est susceptible d’entrainer des conséquences délétères sur les sphères physique (infection transmise sexuellement, grossesse non désirée, mort par suicide ou homicide, etc.), psychologique (traumatisme, détresse, culpabilité, anxiété, dépression, etc.), relationnelle (détresse conjugale, union instable, violence, divorce, etc.) et familiale (conflits, séparation, déménagement, etc.), et ce, autant chez le partenaire fidèle que chez le partenaire infidèle. Elle a également des répercussions sur la vie des enfants et des proches du couple (Simard, 2016). Bien qu’elles soient désapprouvées par une grande majorité d’individus, soit plus de 90 % (Smith, 1994), les relations extraconjugales sont fréquentes. Elle constitue le principal motif de consultation d’un grand nombre de couples amorçant une psychothérapie (Whisman, Dixon et Johnson, 1997) et la première cause citée lors d’une demande de divorce (Amato et Previti, 2003).

Puisque la compréhension du comportement sexuel dépend grandement des objectifs et des besoins desservis par celui-ci, l’étude des motivations sexuelles est indispensable pour mieux comprendre et prédire les comportements sexuels d’intérêt et d’en évaluer les répercussions. L’objectif de ce projet de mémoire doctoral est donc d’explorer la relation

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entre les motivations sexuelles et l’adoption de conduites sexuelles extradyadiques ainsi que l’effet modérateur de la personnalité sur cette relation.

Il est à noter que les adjectifs extradyadique, extraconjugal et infidèle sont utilisés de manière interchangeable dans le présent mémoire.

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Chapitre 1 : Contexte théorique

Conduite sexuelle extradyadique

La conduite sexuelle extradyadique est définie comme un acte à caractère sexuel posé avec un partenaire externe à la relation dyadique, et ce, sans le consentement du partenaire conjugal actuel. Ce geste constitue une violation des normes implicites ou explicites de cette relation (Blow et Hartnett, 2005). Il existe une hétérogénéité dans l’identification des comportements considérés comme une conduite sexuelle dite infidèle. En effet, la perception et la signification d’un acte sexuel (masturbation, baiser, caresse, sexe oral, coït, etc.) et des éléments qui le caractérisent (intensité de l’engagement, durée de la relation, nombre de partenaires, etc.) varient d’un individu à l’autre (Lussier et coll., 2017). En accord avec la conception sociale dominante de l’infidélité, seule la relation sexuelle complète semble obtenir un consensus lorsqu’il est question de comportement sexuel extradyadique (Simard, 2016). Dans la population générale, 20 % à 40 % des hommes et 14 % à 25 % des femmes rapportent avoir eu une relation sexuelle extraconjugale au moins une fois dans leur vie (Allen et Atkins, 2012 ; Atkins, Baucom et Jacobson, 2001 ; Laumann, Gagnon, Michael et Michaels, 1994; Mark, Janssen et Milhausen, 2011; Wiederman, 1997). Ces prévalences tendent à augmenter lorsque la définition des comportements sexuels extradyadiques s’élargit et lorsque les infidélités d’ordre émotionnel, c’est-à-dire le fait d’entretenir un attachement amoureux (Lussier et coll., 2017) ou une intimité émotionnelle envers une autre personne que son conjoint (Barta et Kiene, 2005), sont incluses (Simard, 2016). Il est toutefois primordial de tenir compte du caractère sensible de l’infidélité comme sujet d’étude. La vision majoritairement défavorable des comportements sexuels extradyadiques rend leur évaluation sujette aux biais de désirabilité sociale (Whisman et Snyder, 2007).

Les études portant sur les prédicteurs des conduites sexuelles extradyadiques ont permis d’identifier plusieurs facteurs augmentant leur probabilité d’occurrence. Béchard-Plourde (2011) propose un modèle les regroupant en catégories, soit les variables individuelles (genre, attachement, personnalité), les variables conjugales (durée de l’union, engagement, insatisfactions émotionnelles ou sexuelles, communication), les variables contextuelles (opportunités, normes sociales) et les variables familiales (divorce des parents, infidélité parentale, environnement insécurisant). Des études s’étant concentrées sur les variables individuelles comme variables d’intérêt ont démontré que certains traits de personnalité sont

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liés à la probabilité qu’un individu se tourne vers des relations extraconjugales pour satisfaire ses besoins sexuels et relationnels. Il est généralement accepté que la personnalité est un construit de nature multidimensionnelle où chaque trait de personnalité est distinct des autres et sous-tend des comportements, des attitudes, des pensées, et des émotions qui lui sont propres (Saucier et Srivastava, 2015). Le modèle en cinq facteurs (Goldberg, 1990) est la théorie dominante en psychologie de la personnalité. Il soutient que la personnalité se définit selon cinq grandes dimensions qui s’exprime à différents degrés chez l’ensemble des individus. Les dimensions du modèle, soit le névrosisme, l’extraversion, l’ouverture à l’expérience, l’agréabilité et le caractère consciencieux, ainsi que leurs 6 facettes respectives (McCrae & Costa, 2006) sont résumées dans le tableau 1. L’examen de la documentation scientifique révèle que certains niveaux d’expression des dimensions de la personnalité sont associés à l’adoption de conduites sexuelles extradyadiques. L’agréabilité et le caractère consciencieux seraient les traits de personnalité du modèle en cinq facteurs les plus fortement associés à l’infidélité sexuelle (Allen et Walter, 2018).

Les travaux d’Allen et Walter (2018) corroborent les résultats d’études précédentes démontrant qu’un faible caractère consciencieux et qu’une faible agréabilité augmentent la probabilité de s’engager dans des activités sexuelles extraconjugales (Barta et Kiene, 2005 ; Buss et Shackelford, 1997 ; Orzeck et Lung, 2005 ; Schmitt, 2004 ; Schmitt et Buss, 2000 ; Zuckerman et Kuhlman, 2000). Buss et Shackelford (1997) précisent qu’un faible caractère consciencieux est associé à des comportements d’infidélité plus sérieux, tels que des relations sexuelles extraconjugales impliquant la pénétration et des relations extradyadiques s’échelonnant sur des périodes de temps prolongées. D’autre part, les individus présentant une forte agréabilité et les individus présentant un fort caractère consciencieux se perçoivent davantage comme des personnes fidèles et rapportent moins de conduites sexuelles extradyadiques (Barta et Kiene, 2005; Orzeck et Lung, 2005; Schmitt et Buss, 2000). Ces résultats mettent en perspective le portrait clinique caractéristique de ces traits de personnalité, soit la présence d’une faible maitrise de soi, d’une grande impulsivité, d’un faible sens des responsabilités et d’un système de valeurs déficitaire (Roberts, Chernyshenko, Stark et Goldberg, 2005), susceptible d’influencer l’engagement dans des activités sexuelles extradyadiques. La psychopathie étant corrélée à une faible agréabilité et un faible caractère consciencieux (Miller, Lynam, Widiger et Leukefeld, 2001), les liens respectifs observés entre ces traits de personnalité et les conduites sexuelles

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extradyadiques sont cohérents avec les liens observés entre la psychopathie et l’infidélité. La psychopathie primaire est caractérisée par un sentiment de grandiosité, une tendance à mentir, à manipuler et à manquer d’empathie. La psychopathie secondaire est caractérisée par de l’agressivité, une faible tolérance à la frustration, un manque de buts à long terme et une déviance sociale généralisée (Del Gaizo & Falkenbach, 2008; Egan & Angus, 2004; Fowles & Dindo, 2006; Hare, 1997; Harpur, Hare, Hakstian, 1989; Savard, Sabourin et Lussier, 2006). Les caractéristiques associées à la psychopathie primaire et secondaire favoriseraient la transgression des règles du couple et ainsi le recours à l’infidélité pour l’assouvissement des besoins (Egan et Angus, 2004; Witt et Donnellan, 2008).

Des études démontrent également qu’un haut niveau de névrosisme est corrélé positivement au fait de s’engager dans des activités sexuelles extradyadiques (Barta et Kiene, 2005; Schmitt et Buss, 2000; Whisman, Gordon et Chatav, 2007), et ce, de façon plus marquée chez les femmes (Schmitt et Shackelford, 2008). Ces résultats pourraient, entre autres, s’expliquer par l’insécurité relationnelle et l’instabilité émotionnelle caractéristiques du névrosisme élevé. En effet, les individus présentant un névrosisme élevé tendent également à présenter un type d’attachement non-sécurisant (Jenkins-Guarnieri, Wright et Johnson, 2013). Selon la valence associée à la représentation de soi et à la représentation des autres, l’attachement non-sécurisant se manifeste par de l’anxiété d’abandon et/ou de l’évitement de la proximité. Les conduites infidèles pourraient alors être utilisées comme une stratégie de régulation des états affectifs découlant, entre autres, de la confrontation entre un désir de rapprochement et une propension à se sentir négligé ou rejeté (Josephs et Shimberg, 2010).

Bien que modeste, une association positive entre l’extraversion et l’adoption de conduites sexuelles extradyadiques est démontrée (Schmitt et Buss, 2000, Orzeck et Lung, 2005, Schmitt et Shackelford, 2008, Allen et Walter, 2018). Le caractère sociable, volubile, assuré et actif représentatif des individus hautement extravertis joue un rôle important dans l’attirance (Buss, 1989). De plus, l’infidélité étant une question d’opportunités (Buunk, 1980; Fricker, 2006; Træen et Stigum, 1998; Treas et Giesen, 2000), le portrait clinique de l’extraversion rend l’individu extraverti vulnérable à l’adoption de conduites sexuelles extradyadiques,

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Les résultats des études ayant explorer le lien entre les conduites sexuelles

extradyadiques et l’ouverture à l’expérience sont mitigés et contradictoires (Altgelt, Reyes, French, Meltzer et McNulty, 2018). Cette association nécessiterait d’être approfondie pour statuer sur son existence et le cas échéant, sur sa direction et sa force.

Afin de mieux comprendre et de prédire les conduites sexuelles extradyadiques, il est essentiel de se pencher sur les raisons poussant un individu à s’investir sexuellement avec une personne externe à la relation dyadique. Les liens observables entre la personnalité et les conduites sexuelles extradyadiques suggèrent que l’infidélité sert des besoins intrinsèques. Certains chercheurs rapportent que l’insatisfaction conjugale est la raison la plus fréquemment énoncée en réponse à l’infidélité (Barta et Kiene, 2005). Le fait de percevoir négativement sa relation conjugale est corrélé à une plus grande probabilité d’être infidèle (Buss et Shackelford, 1997 ; Thompson, 1983 ; Treas et Giesen, 2000). La satisfaction conjugale étant tributaire de l’évaluation qu’une personne fait de la qualité de sa relation, la probabilité de s’engager dans une relation extraconjugale tend à augmenter avec la diminution de la satisfaction conjugale (Maddox Shaw, Rhoades, Allen, Stanley et Markman, 2013 ; Shaye, 2009 ; Treas et Giesen, 2000 ; Whisman et Snyder, 2007 ; Whisman, Uebelacker et Weinstock, 2004). Or, bien que l’insatisfaction conjugale semble constituer un contexte favorable à l’émergence des conduites sexuelles extradyadiques, elle ne renseigne pas sur les besoins et les objectifs poursuivis par le biais de l’acte sexuel extradyadique. Il serait alors plus juste de concevoir les raisons à l’origine des comportements sexuels extradyadiques comme des motivations qui reflètent les besoins relationnels intrinsèques d’un individu et qui guident le comportement sexuel, dont l’adoption de conduites sexuelles extradyadiques.

Motivations sexuelles

L’intérêt scientifique pour les motivations sexuelles a d’abord porté sur leur fondement biologique. En effet, la motivation sexuelle est initialement conceptualisée comme une énergie sexuelle universelle d’origine biologique (Hill et Preston, 1996). Elle est décrite comme une pulsion innée conduisant à l’orgasme (Masters et Johnson, 1966) ou encore comme une pulsion uniforme déclenchée par des facteurs hormonaux (Singer et Toates, 1987). Cependant, bien que la contribution biologique à la mobilisation des expériences sexuelles soit bien documentée, il est difficile de réduire les motivations sexuelles à leurs seuls fondements biologiques. À cet effet, Levine (1987) distingue le désir sexuel de la

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motivation sexuelle. Il définit le désir sexuel comme l’énergie psychobiologique qui précède et accompagne l’excitation sexuelle issue de l’interaction entre les pulsions du système neuroendocrinien, les processus cognitifs générant l’envie et les processus motivationnels. Il conçoit les motivations sexuelles comme une composante du désir sexuel comprenant les facteurs psychologiques, socioaffectifs et cognitifs entrant en jeu dans les rapports sexuels (voir aussi, Boislard-Pépin, Green-Demers, Pelletier, Chartrand et Séguin-Lévesque, 2002).

De façon générale, les motivations sexuelles sont définies comme l’ensemble des raisons conscientes et subjectives incitant un individu à s’engager dans des activités sexuelles (Tang, Bensman et Harfield, 2012). L’amour, la recherche de plaisir et le désir de procréation, identifiés dans les écrits scientifiques comme le Big Three, sont les motivations sexuelles les plus étudiées (DeLamater et MacCorquodale, 1979). Cependant, elles ne peuvent se résumer qu’à ces trois facteurs. En effet, les motivations sexuelles varient en fonction des objectifs poursuivis par le biais de l’acte sexuel. Il existe donc un large éventail de raisons d’ordre physiologique, psychologique, personnel, relationnel, social et même économique poussant un individu à s’engager dans des activités sexuelles (Gouvernet, Combaluzier, Chapillon et Rezrazi, 2016). L’absence de théorie dominante et de consensus quant au nombre et à la nature des motivations sexuelles entrainent une variabilité dans la façon de les décrire et de les étudier (Stephenson, Ahrold et Meston, 2011). Stephenson et ses collaborateurs (2011) dénoncent cette variabilité qui complexifie la comparaison et la compilation des résultats des différentes études.

Plusieurs facteurs contribuent à déterminer la nature et la force des motivations sexuelles d’une personne. L’époque et la culture, ayant une incidence importante sur le contexte social, politique et économique, jouent un rôle important dans l’attitude envers la sexualité et les raisons reconnues comme acceptables d’être actif sexuellement (Hatfield, Luckhurst et Rapson, 2012). Le style d’attachement, se répercutant sur la façon d’aménager ses relations, la façon de se percevoir et de percevoir les autres, module aussi l’engagement dans la sexualité (Davis, Shaver, et Vernon, 2004). Le genre pourrait aussi influencer les motivations sexuelles. Selon certaines études, les hommes rapportent une plus grande variété de raisons de s’engager dans des activités sexuelles, dont plusieurs axées sur le plaisir (Hatfield et coll., 2012), alors que les femmes rapportent une majorité de raisons d’ordre émotionnelle (Browning, Hatfield, Kessler et Levine, 2000; Carroll, Volk, et Hyde, 1995; Hill et Preston, 1996; Leigh, 1989; Nelson, 1978). Cependant, les différences

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observées entre les hommes et les femmes tendent à diminuer lorsque la personnalité est considérée (Josephs et Shimberg, 2010). Les distinctions de genre observées pourraient alors être partiellement expliquées par l’endossement des rôles sexuels traditionnels (Brousseau, Hébert et Bergeron, 2012; Hatfield et coll., 2012; Stephenson et coll., 2011).

Considérant le rôle important de la personnalité dans l’expérience de la sexualité (Boivin, 2014), il est attendu que celle-ci influence les raisons motivant un individu à s’engager dans des activités sexuelles. Certains chercheurs ont démontré sa contribution dans les différences individuelles observées dans les motivations sexuelles rapportées (Impett et Tolman, 2006; Meston et Buss, 2007). Les travaux de Meston et Buss (2007) indiquent que ces différences individuelles sont liées de manière cohérente aux traits de personnalité du modèle en cinq facteurs chez les femmes (Meston et Buss, 2007). L’agréabilité, le caractère consciencieux et le névrosisme seraient les traits de personnalité les plus associés aux motivations sexuelles alors que l’ouverture à l’expérience n’aurait pas de lien significatif avec celles-ci. Ils démontrent qu’une faible agréabilité et qu’un faible caractère consciencieux sont associés à des motivations sexuelles axées sur les sensations physiques, l’atteinte d’objectifs et la régulation d’insécurités. L’agréabilité est aussi associée négativement aux motivations sexuelles d’ordre émotionnel, telles que l’amour, l’engagement et l’expression émotionnelle (Meston et Buss, 2007). Ils démontrent également que le névrosisme est associé positivement aux motivations sexuelles axées sur la régulation d’insécurités, la réduction du stress, le caractère utilitaire, la recherche d’expériences, la vengeance, l’amour et l’engagement. L’extraversion, quant à elle, serait seulement liée aux motivations sexuelles axées sur le plaisir. Malgré la pertinence de telles observations et certaines cohérences avec le portrait clinique des différents traits de personnalité, l’importante variabilité dans le choix des outils utilisés, des motivations sexuelles et des différents aspects de la personnalité étudiés entre les études ne permet pas de confirmer ces résultats et rend difficile l’établissement d’un portrait clair du lien entre les motivations sexuelles et la personnalité.

Les deux principales méthodes d’organisation des motivations sexuelles validées sont le modèle taxonomique et le modèle d’approche-évitement. Le modèle taxonomique consiste à créer des catégories basées sur les principales dimensions motivationnelles du comportement humain, à sélectionner les motivations sexuelles rapportées qui caractérisent ces dimensions et à confirmer la structure organisationnelle par l’analyse factorielle. Cette

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méthode a généralement pour résultat de créer des catégories hétérogènes de motivations, chacune englobant plusieurs raisons à l’origine de l’acte sexuel (Stephenson et coll., 2011). Le modèle d’approche-évitement (Cooper, Shapiro et Powers, 1998) organise les motivations selon deux continuums théoriques, soit le continuum approche-évitement et le continuum individuel/social. Les motivations d’approche impliquent de s’engager dans des relations sexuelles pour obtenir un résultat positif alors que les motivations d’évitement impliquent de s’engager dans des relations sexuelles pour éviter un résultat négatif. Les motivations d’approche et d’évitement ont une visée individuelle, c’est-à-dire qu’elles sont en lien avec des émotions subjectives ou des sensations, ou sociale, c’est-à-dire qu’elles sont en lien avec une relation avec un partenaire ou un groupe (Stephenson et coll., 2011). Selon les travaux de Stephenson et ses collaborateurs (2011), des catégories de motivations sexuelles empiriques peuvent fournir des informations qui ne sont pas saisies par des catégories de motivations sexuelles théoriques. Le modèle taxonomique constituerait donc un outil plus efficace pour mesurer les effets des motivations sexuelles sur le comportement sexuel.

Nelson (1978) définit les motivations sexuelles comme des besoins psychologiques qui organisent le comportement sexuel. Il développe le Sexual Functions Scale (SFS) conçu selon le modèle taxonomique. Cet outil permet d’évaluer sept motivations sexuelles soit, l’hédonisme, la reconnaissance, la domination, la soumission, la conformité, la nouveauté et l’amour/affection. Cet instrument évalue donc dans quelle mesure le comportement sexuel est motivé par la recherche de plaisir via la stimulation physique propre aux motivations sexuelles liées à l’hédonisme; par le besoin de se sentir compétent, bon ou plus doué qu’autrui propre aux motivations sexuelles de reconnaissance; par le besoin de se sentir en contrôle, en position de pouvoir ou par le besoin d’imposer sa volonté propre aux motivations sexuelles de domination; par le désir de renoncer au contrôle ou le désir de se sentir protégé propre aux motivations sexuelles de soumission; le désir de se conformer aux attentes des autres dans le but d’être accepté socialement propre aux motivations sexuelles de conformité; par la recherche de stimulation et le soulagement de l’ennui propres aux motivations sexuelles liées à la nouveauté; par le besoin de recevoir ou de partager l’affection et l’intimité de son partenaire propre aux motivations sexuelles d’amour/affection.

À l’aide du SFS, Nelson (1978) teste le lien entre les motivations sexuelles et 10 variables sexuelles, soit la fréquence totale des rapports sexuels, la fréquence des rapports sexuels

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intimes, la fréquence des rapports sexuels occasionnels, le nombre de partenaires sexuels, le pourcentage de comportements axés sur le plaisir sexuel du partenaire, la fréquence des orgasmes coïtaux, la fréquence d’initiation des rapports sexuels, la fréquence d’affirmation de ses préférences sexuelles, la fréquence où l’individu assume une position de soumission et une position de domination. Les résultats indiquent que les motivations sexuelles expliquent une partie considérable de la variance des différents aspects du comportement sexuel. De façon générale, les motivations permettant de mieux prédire ces différentes variables seraient, dans l’ordre, la conformité, l’amour/affection et le plaisir alors que la contribution des motivations sexuelles de soumission serait limitée. D’autres chercheurs ayant aussi utilisé le SFS pour démontrer l’association entre les motivations sexuelles et les comportements sexuels dits habituels (p. ex. s’embrasser) et inhabituels (p. ex. avoir du sexe en groupe) concluent également que la conformité est la motivation sexuelle la plus fortement associée aux comportements sexuels (Browning et coll., 2000).

Bien que les travaux de Nelson (1978) n’étudient pas directement les conduites sexuelles extradyadiques, il est possible de faire un rapprochement entre l’engagement superficiel et le caractère occasionnel des relations extradyadiques et certains aspects du comportement sexuel étudié par Nelson (1978) tels que la fréquence d’initiation des rapports sexuels, le nombre de partenaires sexuels et la fréquence des rapports sexuels occasionnels. Il est également possible de mettre en opposition les conduites infidèles et la fréquence des rapports sexuels intimes dont les objectifs sont discordants. Parmi les résultats obtenus, il est démontré que les motivations sexuelles de conformité sont associées négativement à la fréquence des rapports sexuels intimes; que les motivations sexuelles d’amour/affection sont associées positivement à la fréquence des rapports sexuels intimes et négativement à la fréquence des rapports sexuels occasionnels; que les motivations sexuelles hédonistes sont associées positivement à la fréquence d’initiation des rapports sexuels, à la fréquence totale des rapports sexuels, à la fréquence des rapports sexuels occasionnels et au nombre de partenaires sexuels; que les motivations sexuelles de reconnaissance sont associées positivement à la fréquence des rapports sexuels occasionnels, à la fréquence d’initiation des rapports sexuels et au nombre de partenaires sexuels; que les motivations sexuelles de nouveauté sont associées positivement à la fréquence d’initiation des rapports sexuels, à la fréquence des rapports sexuels occasionnels et au nombre de partenaires sexuels et que les motivations sexuelles de domination sont associées positivement à la fréquence des rapports sexuels occasionnels.

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Des études ayant utilisé d’autres outils que le SFS ont aussi permis d’exposer le lien entre les motivations sexuelles et le comportement sexuel. Par exemple, le fait de s’engager dans ses activités sexuelles dans le but de réguler ses émotions est associé à l’adoption de comportements sexuels à risque (Cooper et coll., 1998), le recours à la sexualité pour renforcer son estime personnelle présente une association positive avec le nombre de partenaires sexuels (Grossbard, Lee, Neighbors, Hendershot et Larimer, 2007; Gebhardt, Kuyper et Greunsven, 2003) alors que des motivations sexuelles de plaisir prédisent l’utilisation du préservatif (Browning et coll., 2000; Hill et Preston, 1996). De tels résultats supportent l’idée que les motivations sexuelles sont d’importants prédicteurs des comportements sexuels, ce qui suggère qu’elles pourraient également prédire les conduites sexuelles extradyadiques. Néanmoins, aucune étude n’a exploré directement la relation entre les motivations sexuelles et l’infidélité.

Dans ses travaux, Nelson (1978) conclut également qu’un modèle incluant la personnalité et les motivations sexuelles prédirait mieux certains aspects du comportement sexuel que la personnalité ou les motivations seules. Il teste l’effet de l’interaction entre les motivations sexuelles du SFS et quatre aspects de la personnalité, soit l’aliénation, l’estime de soi, la confiance et le contrôle sur les différents aspects du comportement sexuel mentionnés précédemment. Il démontre au moins une interaction significative entre la personnalité et l’ensemble des motivations du SFS. L’examen de la documentation scientifique ne relève aucune donnée sur l’effet de l’interaction entre la personnalité et les motivations sexuelles sur la prédiction des conduites sexuelles extradyadiques.

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Chapitre 2 : Objectifs et hypothèses

Objectifs

Considérant que les conduites sexuelles extradyadiques constituent une problématique répandue ayant de lourdes conséquences sur l’ensemble des individus concernés, que les motivations sexuelles soient associées à différents aspects du comportement sexuel, qu’un modèle incluant les motivations sexuelles et la personnalité prédiraient mieux certains aspects du comportement sexuel et que la relation entre les motivations sexuelles et les conduites sexuelles extradyadiques n’a pas été étudiée, l’objectif général de cette étude vise à explorer la contribution des motivations sexuelles et de ses interactions avec la personnalité sur l’adoption de conduite sexuelle extradyadique dans le but de mieux comprendre et prédire cette problématique.

Le premier objectif de ce projet de mémoire doctoral consiste à identifier, parmi les motivations sexuelles conceptualisées par Nelson (1978) résumées dans le tableau 2, les motivations sexuelles significativement associées à l’adoption de conduites sexuelles extradyadiques. Dans le cadre d’une relation exclusive, la relation sexuelle complète avec un partenaire externe à la relation dyadique est le seul acte sexuel pour lequel il existe un consensus quant à la définition d’une conduite sexuelle extradyadique. La définition des conduites sexuelles extradyadiques est donc restreinte à la relation sexuelle extraconjugale impliquant la pénétration.

Le deuxième objectif de ce projet de mémoire doctoral est d’examiner l’effet modérateur de la personnalité sur la relation entre les motivations sexuelles et la conduite sexuelle extradyadique. De façon plus spécifique, il vise l’exploration des interactions entre les sept motivations sexuelles de Nelson (1978) et les traits de personnalité du modèle à cinq facteurs susceptibles de modifier la probabilité qu’un individu s’engage dans une relation sexuelle extradyadique.

Hypothèses en lien avec le premier objectif

1. Considérant qu’une association négative entre la conformité et la fréquence des rapports sexuels a été démontrée et que les conduites sexuelles extradyadiques accusent un caractère sensible et une forte désapprobation sociale et que la

conformité reflète dans quelle mesure le comportement sexuel est motivé par le désir de se conformer aux attentes des autres et d’être accepté socialement, il est attendu

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que la conformité présente une association significative avec l’adoption de conduites sexuelles extradyadiques et que cette relation soit négative de sorte que des

motivations sexuelles de conformité diminuent la probabilité d’adopter des conduites sexuelles extradyadiques.

2. Considérant qu’une association entre l’amour/affection et différents aspects du comportement sexuel a été démontrée, telle qu’une association positive avec la fréquence des rapports sexuels intimes et une association négative avec la fréquence des rapports sexuels occasionnels, il est attendu que l’amour/affection présente une association significative avec l’adoption de conduites sexuelles extradyadiques et que cette relation soit négative de sorte que des motivations sexuelles d’amour/affection diminuent la probabilité d’adopter des conduites sexuelles extradyadiques.

3. Considérant qu’une association positive entre le plaisir et différents aspects du comportement sexuel a été démontrée, tels que la fréquence d’initiation des rapports sexuels, la fréquence des rapports sexuels occasionnels et le nombre de partenaires sexuels, il est attendu que l’hédonisme présente une association significative avec l’adoption de conduites sexuelles extradyadiques et que cette relation soit positive de sorte que des motivations sexuelles hédonistes augmentent la probabilité d’adopter des conduites sexuelles extradyadiques.

4. Considérant qu’une association positive entre la reconnaissance et différents aspects du comportement sexuel a été démontrée, tels que la fréquence des rapports sexuels occasionnels, la fréquence d’initiation des rapports sexuels et le nombre de

partenaires sexuels, il est attendu que la reconnaissance présente une association significative avec l’adoption de conduites sexuelles extradyadiques et que cette relation soit positive de sorte que des motivations sexuelles de reconnaissance augmentent la probabilité d’adopter des conduites sexuelles extradyadiques.

5. Considérant qu’une association positive entre la nouveauté et différents aspects du comportement sexuel a été démontrée, tels que la fréquence des rapports sexuels occasionnels, la fréquence d’initiation des rapports sexuels et le nombre de

partenaires sexuels, il est attendu que la nouveauté présente une association significative avec l’adoption de conduites sexuelles extradyadiques et que cette

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relation soit positive de sorte que des motivations sexuelles de nouveauté augmentent la probabilité d’adopter des conduites sexuelles extradyadiques.

6. Considérant qu’une association positive entre la domination et différents aspects du comportement sexuel a été démontrée, tels que la fréquence des rapports sexuels occasionnels, il est attendu que la domination présente une association significative avec l’adoption de conduites sexuelles extradyadiques et que cette relation soit positive de sorte que des motivations sexuelles de domination augmentent la probabilité d’adopter des conduites sexuelles extradyadiques.

7. Considérant qu’uniquement une faible contribution de la soumission dans l’explication des différents aspects du comportement sexuel est démontrée, il n’est pas attendu que les motivations sexuelles de soumission soient associées à l’adoption de conduites sexuelles extradyadiques.

Hypothèse en lien avec le deuxième objectif

Considérant que la personnalité a une influence sur la sexualité et plus spécifiquement sur l’adoption de conduites sexuelles et sur les motivations sexuelles et qu’un modèle comprenant de la personnalité et les motivations sexuelles prédirait mieux certains aspects du comportement sexuel, il est attendu que la personnalité modère la relation entre les motivations et l’adoption de conduites sexuelles extradyadiques, c’est-à-dire que l’effet des motivations sexuelles sur les conduites sexuelles extradyadiques varie en fonction du score de personnalité.

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Chapitre 3 : Méthodologie

Participants

L’échantillon comprend 2592 participants recrutés dans la population générale et dans la communauté universitaire de la région de Québec. Seuls les individus en relation de couple ayant répondu aux questionnaires d’intérêt ont été retenus pour participer à la présente étude. L’échantillon final (N = 709) est composé de 77.3 % de femmes (n = 548) et de 22.7 % d’hommes (n = 161), âgés de 18 à 77 ans. La moyenne d’âge de l’échantillon est de 27.51 ans (ÉT = 9.13). Au total, 41.5 % des participants ont un diplôme d’études collégiales (n = 294), 30.5 % ont un diplôme universitaire de premier cycle (n = 216) et 20.3 % un diplôme universitaire de cycle supérieur (n = 144). La majorité des participants sont étudiants (66.6%; n = 430), 31.9 % occupent un emploi à temps plein (n = 226), 5.2 % occupent un emploi à temps partiel (n = 37) et 2 % sont sans emploi, à la retraite, à la maison ou en arrêt de travail (n = 14). La majorité des participants ont un revenu annuel inférieur à 30 000 $ (64,5%, n = 454). Dans le présent échantillon, 14.4 % des participants sont mariés (n = 102), 30.6 % sont conjoint de fait (n = 217) alors que 55 % rapportent être en relation de fréquentation (n = 390). La durée moyenne de ces unions s’élève à 5.16 années (ÉT = 6.84).

Procédure

Le recrutement est effectué à l’aide d’une publicité invitant des femmes et des hommes âgés de 18 ans et plus à participer à une étude en ligne d’une durée d’environ 45 minutes portant sur les déterminants de la sexualité à l’âge adulte. La publicité est distribuée par le biais de listes électroniques de l’Université Laval, des médias sociaux tels que Facebook et Twitter, des sites internet de petites annonces tels que Kijiji et d’affiches apposées sur les babillards de divers lieux publics de la ville de Québec. Le sondage comprenant l’ensemble des questionnaires est accessible via le site « LimeSurvey » dont l’hyperlien est inclus dans la publicité. L’utilisation de questionnaires en ligne est privilégiée en raison de la nature intime et intrusive des thèmes abordés. La méthode d’échantillonnage en ligne a été étudiée et plusieurs de ses bénéfices sont démontrés (Bagley et Genuis, 1991). Les données recueillies sont saisies automatiquement dans une base de données privée et sécurisée à laquelle seuls les chercheurs associés à l’étude ont accès. Le matériel inclut un formulaire de consentement éclairé (annexe A) comprenant les informations détaillées sur la nature des procédures, les risques et l’inconfort potentiel pour les

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participants, les avantages de l’étude et de leur participation, la nature volontaire de la participation à l’étude et la confidentialité. Le formulaire de consentement fournit également les informations afin de contacter l’investigatrice principale, son directeur de recherche et le comité d’éthique à la recherche de l’université Laval. Une liste de ressources psychologiques que les participants peuvent conserver au besoin est aussi disponible à la fin du questionnaire. Aucun incitatif monétaire n’est offert aux participants.

Instruments de mesure

Les variables à l’étude sont mesurées à l’aide de questionnaires autorapportés sous la forme d’un sondage via le site internet « LimeSurvey ». La forme et le mode de présentation des questionnaires originaux ont été adaptés au format numérique de l’étude.

Questionnaire sociodémographique

Le questionnaire sociodémographique (Annexe B) compile des informations sur l’âge, le genre, le niveau de scolarité, le revenu, l’état civil, l’orientation sexuelle et, s’il y a lieu, la durée et la stabilité de la relation de couple actuelle des participants.

Motivations sexuelles

Les motivations sexuelles sont évaluées à l’aide de la version française de l’instrument Sexual Functions Scales (SFS; Nelson, 1978) (Annexe C). L’outil comprend 56 items mesurés sur une échelle de Likert à quatre degrés variant de « très important » à « pas important du tout ». Il comporte sept sous-échelles comprenant chacune 8 items, soit l’hédonisme (α = . 83), la reconnaissance (α = . 83), la domination (α = . 83), la soumission (α = . 77), la conformité (α = . 85), l’amour et l’affection (α = . 85), ainsi que la nouveauté (α = . 84). Un score total variant de 8 à 32 peut donc être obtenu à chaque échelle. Plus le score obtenu sur une de ces échelles est élevé, plus l’expression de la motivation sexuelle évaluée est élevée.

Personnalité

Le Mini-International Personality Item Pool (Mini-IPIP; Donnellan, Oswald, Baird et Lucas, 2006) (Annexe D) est une version abrégée de l’International Personality Item Pool de 50 items (Goldberg, 1999). Cet outil comprend 20 items divisés en cinq échelles évaluées selon une échelle de type Likert à cinq degrés variant de « fortement en désaccord » à « fortement d’accord ». Chacune des échelles comprend quatre items mesurant l’une des cinq dimensions de la personnalité, soit le névrosisme, l’extraversion, l’ouverture à l’expérience,

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l’amabilité et le caractère consciencieux. Un score élevé sur une échelle traduit un haut niveau du trait mesuré chez l’individu. La version anglaise du questionnaire démontre une cohérence interne acceptable au sein de cinq études avec des alphas de plus de. 60 (Donnellan et coll., 2006). La version française du Mini-IPIP démontre une cohérence interne adéquate (α = .73 à .81) (Laverdière, St-Hilaire et Diguer, 2010).

Conduite sexuelle extradyadique

La conduite sexuelle extradyadique est évaluée à l’aide d’un questionnaire maison de huit questions (Annexe E). La présentation du questionnaire et certaines questions sont basées sur des formulations proposées dans des études antérieures, où l’emploi de termes neutres est préconisé afin de favoriser le dévoilement (Balderrama-Durbin, Allen et Rhoades, 2012; Whisman et Snyder, 2007). La question d’intérêt pour évaluer la conduite sexuelle extradyadique est la suivante : « Depuis le début de votre relation avec votre partenaire conjugal actuel, avec combien de personnes avez-vous eu des relations sexuelles, en excluant votre partenaire actuel? ». Toute réponse correspondant à un nombre supérieur à zéro constitue une manifestation de la conduite extradyadique. La variable est donc traitée de façon dichotomique.

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Chapitre 4 : Plan d’analyses statistiques

Statistiques descriptives

À l’aide de la version 25.0 du logiciel Statistical Package and Social Science (SPSS), des analyses descriptives et corrélationnelles sont effectuées dans le but d’examiner les caractéristiques de l’échantillon ainsi que les liens entre les variables à l’étude.

Régression logistique

Les données sont d’abord centrées afin de diminuer l’impact de la multicolinéarité entre les prédicteurs et faciliter l’interprétation des résultats. Afin de répondre aux objectifs de ce projet de mémoire doctoral, soit d’identifier les motivations sexuelles significativement associées à l’adoption de conduites sexuelles extradyadiques et d’explorer l’effet modérateur de la personnalité sur la relation entre les motivations sexuelles et l’adoption de conduites sexuelles extradyadiques, une régression logistique comprenant 12 variables indépendantes, soit les sept motivations sexuelles de Nelson (1978) (hédonisme, reconnaissance, domination, soumission, conformité, amour/affection, nouveauté) et les cinq traits de personnalité du modèle à cinq facteurs (Goldberg, 1990) (extraversion, névrosisme, ouverture à l’expérience, caractère consciencieux et agréabilité) et la variable dépendante dichotomique indiquant l’adoption de conduites sexuelles extradyadiques, est effectuée. Conformément à la régression logistique standard, toutes les variables sont entrées en même temps dans l’équation, c’est-à-dire qu’ils ne sont pas considérés dans l’analyse selon un ordre prédéterminé. Les interactions significatives sont interprétées grâce à des tests d’effet simple, c’est-à-dire que l’effet du prédicteur (motivation sexuelle) sera calculé selon différents niveaux du modérateur (trait de personnalité). Pour chaque interaction significative entre une motivation sexuelle et un trait de personnalité, l’effet de l’interaction sur les conduites sexuelles extradyadiques est calculé pour des scores faible, moyen et élevé du trait de personnalité modérateur, le score faible correspondant à la valeur du score moyen duquel a été soustrait un écart-type et le score élevé correspondant à la valeur du score moyen additionné d’un écart-type. Les analyses statistiques sont réalisées à l’aide du logiciel Mplus version 7.11 (Muthén & Muthén, 1998). Un niveau de signification alpha de .05 et la méthode « maximum de vraisemblance à information complète » (ou FIML pour Full Information Maximum Likelihood) pour le traitement des données manquantes (Arbuckle, Marcoulides et Schumacker, 1996; Wothke, 2000) sont utilisés. La méthode FIML permet d’estimer les paramètres sur la base des données disponibles et des valeurs

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implicites des données manquantes compte tenu des données observées (Schlomer, Bauman et Card, 2010).

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Chapitre 5 : Résultats

Statistiques descriptives

Dans le présent échantillon, 22.30 % (n = 158) des participants rapportent au moins une relation sexuelle extradyadique depuis le début de leur présente relation conjugale. Les tableaux 3 et 4 présentent les résultats des analyses descriptives (étendues, moyennes, écarts-types, pourcentage) et corrélationnelles de l’ensemble des variables à l’étude.

Régression logistique

Les résultats de la régression logistique permettent d’expliquer 14 % de la variance de l’adoption de conduites sexuelles extradyadiques (R2 = .14). Le tableau 5 présente les

résultats des associations entre les motivations sexuelles et les conduites sexuelles extradyadiques. Les résultats démontrent que des motivations sexuelles hédonistes et des motivations sexuelles de domination augmentent la probabilité d’observer des conduites sexuelles extradyadiques alors que des motivations sexuelles d’amour et d’affection diminuent cette probabilité. Le tableau 6 rapporte les interactions significatives entre les motivations sexuelles et la personnalité identifiées par la régression logistique. Les résultats indiquent que des motivations sexuelles de reconnaissance diminuent significativement les probabilités d’adopter des conduites sexuelles extradyadiques chez les individus présentant des niveaux de névrosisme moyen et élevé alors que cette association est non-significative

chez ceux présentant des niveaux faibles de névrosisme. Les résultats démontrent également

que des motivations sexuelles de soumission augmentent significativement les probabilités d’adopter des conduites sexuelles extradyadiques chez les individus présentant des niveaux d’extraversion élevés.

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Chapitre 6 : Discussion

La visée de ce mémoire doctoral est de mieux comprendre et de prédire la problématique de l’infidélité par l’exploration de la contribution des motivations sexuelles et de ses interactions avec la personnalité sur l’adoption de conduite sexuelle extradyadique.

L’hypothèse #1 stipulant que les motivations sexuelles de conformité diminuent la probabilité d’adopter des conduites sexuelles extradyadiques n’est pas validée par les résultats obtenus. Contrairement aux études précédentes ayant démontré que la conformité est la motivation sexuelle du SFS permettant de mieux prédire certains aspects du comportement sexuel, soit la fréquence des relations sexuelles et la fréquence des relations sexuelles intimes, les résultats de la présente étude ne démontrent pas de lien entre la conformité et les conduites sexuelles extradyadiques. Cette différence peut s’expliquer par le fait que les conduites sexuelles extradyadiques ne faisaient pas partie des comportements sexuels étudiés précédemment et, donc, que les conduites sexuelles extradyadiques se distinguent significativement des aspects étudiés précédemment. La différence observée dans les résultats pourrait également découler des différences dans les échantillons. En effet, les échantillons des études précédentes comprenaient des participants de différents statuts conjugaux et non seulement des personnes formellement en couple, ce qui pourrait impliquer que l’effet de la pression sociale sur le comportement est moins important chez les individus en couple. De plus, plus de la moitié des participants de l’échantillon de l’étude de Nelson (1978) sont âgés de 20 ans et moins alors que la moyenne du présent échantillon est de 27,5 ans. Cette distinction pourrait indiquer que le besoin de se conformer diminue en importance avec l’avancement en âge.

L’hypothèse #2, stipulant que les motivations sexuelles d’amour/affection diminuent la probabilité d’adopter des conduites sexuelles extradyadiques, est validée par les résultats obtenus. Ces résultats sont conformes à ceux de Nelson (1978) démontrant que des motivations sexuelles d’amour/affection permettent de prédire certains aspects du comportement sexuel. Selon le SFS, les individus démontrant des motivations sexuelles axées sur l’amour et l’affection rapportent le besoin de recevoir et de partager l’intimité de son partenaire. Ils soutiennent que l’acte sexuel favorise le sentiment d’intimité avec le partenaire et la sensation de proximité dans la relation. D’ailleurs, plusieurs considèrent que la sexualité et l’amour sont indissociables. L’acte sexuel est alors utilisé pour témoigner l’affection, la considération et les sentiments à son partenaire (Nelson, 1978). Selon les

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résultats obtenus, les individus rapportant des motivations sexuelles d’amour et d’affection présentent moins de risque de s’engager dans une relation sexuelle extradyadique. Se déroulant le plus souvent dans le cadre de relations superficielles, occasionnelles ou partiellement investies, les conduites sexuelles extradyadiques vont à l’encontre des besoins de proximité et d’intimité.

L’hypothèse #3, stipulant que les motivations sexuelles hédonistes augmentent la probabilité d’adopter des conduites sexuelles extradyadiques, est validée par les résultats obtenus. Ces résultats sont en accord avec ceux de Nelson (1978) démontrant que des motivations sexuelles axées sur le plaisir permettent de prédire certains aspects du comportement sexuel. Selon le SFS, les individus rapportant des motivations sexuelles hédonistes s’engagent dans des activités sexuelles motivés par la recherche de plaisir via la stimulation physique. Ils rapportent une grande libido, des besoins importants de contacts physiques et sexuels ainsi qu’une recherche d’émotions fortes. Ils accordent une importance particulière à l’assouvissement de leurs désirs et à la réduction des tensions physiques par l’acte sexuel (Nelson, 1978). Selon les résultats obtenus, ces individus sont plus à risque de s’engager dans des activités sexuelles avec un partenaire externe à la relation dyadique établie. Il est possible que l’importance de l’appétit sexuel et la priorité de satisfaire le besoin sexuel entrent en conflit avec le caractère exclusif de la relation dyadique en restreignant les opportunités d’assouvir le désir sexuel à la disponibilité d’un seul partenaire. La recherche d’émotions fortes peut aussi contribuer à l’explication de ces résultats.

L’hypothèse #5, stipulant que les motivations sexuelles de nouveauté augmentent la probabilité d’adopter des conduites sexuelles extradyadiques, n’est pas validée par les résultats obtenus. Contrairement aux études précédentes ayant démontré que la nouveauté permet de prédire certains aspects du comportement sexuel, tels que la fréquence des rapports sexuels occasionnels, la fréquence d’initiation des rapports sexuels et le nombre de partenaires sexuels, la présente étude ne démontre pas de lien entre la nouveauté et les conduites sexuelles extradyadiques. Tout comme le cas de l’hypothèse #1, cette différence peut s’expliquer par les différences d’échantillon et le fait que les conduites sexuelles extradyadiques ne faisaient pas partie des comportements sexuels étudiés par Nelson (1978) et donc, que les conduites sexuelles extradyadiques s’en distinguent significativement. En effet, le besoin de nouveauté est possiblement plus important à la fin

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de l’adolescence et au début de l’âge adulte alors que cette période correspond à la découverte et à l’investissement grandissant de la sphère sexuelle.

L’hypothèse #6, stipulant que les motivations sexuelles de domination augmentent la probabilité d’adopter des conduites sexuelles extradyadiques, est validée par les résultats obtenus. Selon le SFS, les motivations sexuelles de domination sont associées aux besoins de se sentir en contrôle, en position de pouvoir et/ou d’imposer sa volonté. Les individus qui s’engagent dans des activités sexuelles motivés par la domination rapportent un sentiment de puissance et de satisfaction face à l’ouverture, à la vulnérabilité et à la soumission de leur partenaire. Ils apprécient l’idée de conquérir l’autre et d’influencer sa façon de se sentir et de se comporter (Nelson, 1978). Selon les résultats obtenus, ces individus sont plus susceptibles d’adopter des conduites sexuelles extradyadiques. Il est possible que l’excitation associée à la conquête de nouveaux partenaires puisse soutenir l’envie de l’individu motivé sexuellement par la domination de s’engager dans des activités sexuelles extradyadiques. En effet, dans le cadre d’une relation conjugale établie, le défi et l’excitation liés à la conquête du partenaire peuvent se trouver réduits par l’engagement et la disponibilité de celui-ci. Les relations sexuelles pouvant être utilisées comme un outil dans la lutte de pouvoir entre les partenaires d’un couple (Haley et Doherty, 2010), il est également possible qu’un partenaire puisse avoir recours à des relations sexuelles extradyadiques pour prendre le contrôle ou se sentir en position de force face à son partenaire en imposant sa volonté par l’acte sexuel extradyadique. À cet effet, Haley et Doherty (2010) décrivent trois types de liaisons extradyadiques associées à la lutte de pouvoir. La liaison mesquine utilisée pour témoigner l’insatisfaction au partenaire principal, la liaison casse-tête où le choix surprenant d’un partenaire externe à la relation dyadique a pour effet de confondre le partenaire principal et la liaison mythique qui laisse planer le doute de l’existence d’une relation extradyadique. En considérant le fait que la majorité des individus désapprouvent les relations extraconjugales (Lussier et coll., 2017), il est aussi probable que l’idée d’influencer un partenaire externe à la relation dyadique à s’engager dans une relation sexuelle malgré l’existence connue du couple ou encore d’influencer le partenaire à demeurer dans la relation dyadique malgré l’adoption de conduites sexuelles extradyadiques contribue à l’actualisation de tels comportements en procurant à l’individu motivé sexuellement par la domination un sentiment de puissance et/ou de satisfaction face à la soumission de l’autre.

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Comme la personnalité modère la relation entre les motivations sexuelles de reconnaissance et l’adoption de conduites sexuelles extradyadiques et la relation entre les motivations sexuelles de soumission et l’adoption de conduites sexuelles extradyadiques, il est nécessaire de tenir compte de ces interactions dans l’interprétation des résultats. L’hypothèse #4, stipulant que les motivations sexuelles de reconnaissance augmentent la probabilité d’adopter des conduites sexuelles extradyadiques, et l’hypothèse #7, stipulant que les motivations sexuelles de soumissions n’auront pas d’effet sur l’adoption de conduites sexuelles extradyadiques ne peuvent être interprétées telles qu’énoncées c’est-à-dire sans tenir compte de l’effet modérateur de la personnalité.

Le deuxième objectif de cette étude est d’explorer l’effet modérateur de la personnalité sur la relation entre les motivations sexuelles et l’adoption de conduites sexuelles extradyadiques. Les analyses effectuées ont permis d’identifier deux interactions significatives entre les motivations sexuelles et la personnalité influençant l’adoption de conduites sexuelles extradyadiques. Alors que les résultats de l’interaction entre les motivations sexuelles de soumission et l’extraversion indiquent une probabilité accrue d’adopter des conduites sexuelles extradyadiques, les résultats de l’interaction entre les motivations sexuelles de reconnaissance et le névrosisme indiquent une diminution du risque d’adopter des conduites sexuelles extradyadiques.

Selon les résultats obtenus, les individus hautement extravertis rapportant des motivations sexuelles de soumission sont plus susceptibles d’adopter des conduites sexuelles extradyadiques. Les motivations sexuelles de soumission telles que définies et opérationnalisées par Nelson (1978) sont associées à l’envie de perdre le contrôle et de se sentir vulnérable, dominé et envahi par son partenaire pour alimenter la sensation de proximité. Une gratification est retirée par le fait de donner au profit de la satisfaction sexuelle de l’autre. Pour sa part, l’extraversion est associée à l’implication, à la sociabilité, au besoin d’activation et de stimulation. En plus d’être exposé à un plus grand nombre de situations sociales et de nouvelles rencontres, un individu hautement extraverti et motivé sexuellement par la soumission peut s’avérer plus sensible au désir de l’autre pouvant l’amener à être incapable de refuser les avances d’un partenaire externe à la relation. Il peut, par le biais de l’acte sexuel, chercher à satisfaire le partenaire extradyadique pour chercher à établir ou consolider la relation. L’excitation liée à la perte de contrôle peut également être amplifiée par l’interdit associé à la transgression de la règle d’exclusivité du

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couple tout comme le sentiment de vulnérabilité peut être intensifié par l’absence de repère dans une relation avec un nouveau partenaire.

Selon les résultats obtenus, un individu présentant des motivations sexuelles de reconnaissance ainsi qu’un niveau de névrosisme moyen à élevé est moins susceptibles de s’engager dans des relations sexuelles extradyadiques. Les motivations sexuelles de reconnaissance telles définies et opérationnalisées par Nelson (1978) reflètent le besoin de faire ses preuves, d’être admiré pour son expérience et d’être reconnu comme un bon amant. L’individu présentant des motivations sexuelles de reconnaissance aime être complimenté sur ses performances et désire éviter que les autres le pensent incapable. Pour sa part, le névrosisme se caractérise par une grande sensibilité, une propension à ressentir des affects négatifs, à entretenir des idées irrationnelles à propos d’événements anxiogènes ou de conséquences négatives, à perdre le contrôle de ses impulsions et à s’adapter plus difficilement au stress (Costa et McCrae, 1992). Il sous-tend des éléments d’anxiété, d’hostilité, de dépression, d’impulsivité, de timidité sociale et de vulnérabilité (Costa et McCrae, 2006). Le désir de bien faire les choses sous-jacent au besoin d’être reconnu et la sensibilité du névrosisme sont cohérents avec l’idée d’investir pleinement la relation conjugale afin de gagner l’admiration de son partenaire. À cet effet, Starratt et Schackelford (2010) s’intéressent aux différentes stratégies employées par les individus pour protéger leur relation contre les risques de relation extradyadique de la part de leur partenaire. Parmi celles-ci, ils identifient la tactique de l’incitation positive qui consiste à susciter l’intérêt du conjoint au détriment de partenaires potentiels. Cette stratégie est cohérente autant avec le désir de reconnaissance qu’avec l’insécurité et l’hypervigilance du névrosisme. De plus, en tenant compte de l’importance accordée au fait d’être perçu comme un partenaire sexuel expérimenté, capable et compétent, il est possible que l’adoption de conduites sexuelles extradyadiques soit freinée par l’anticipation des répercussions négatives sur la perception du partenaire conjugal et l’anxiété liée à la transgression de la règle d’exclusivité du couple. L’anticipation des conséquences négatives influence négativement l’analyse du coût et des bénéfices de commettre un acte sexuel extradyadique.

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Conclusion

Limites de l’étude

Malgré la pertinence des résultats obtenus, cette étude présente plusieurs limites. D’abord, le recrutement semble avoir été influencé par les méthodes de recrutements utilisées. L’échantillon de convenance utilisé dans le protocole de recherche est composé majoritairement de femmes et d’étudiants universitaires ce qui limite la portée des résultats. La disparité entre le nombre de participants masculins et féminins peut avoir influencé sur les résultats obtenus. En plus du genre, il est également possible que l’éducation et l’âge des participants aient un impact sur les motivations et le comportement sexuels. Les études futures devraient privilégier un échantillon représentatif de la population générale permettant, entre autres, d’intégrer le genre comme une variable indépendante et d’offrir une meilleure généralisation des résultats. Concernant les instruments utilisés, la formulation de la question permettant d’identifier l’adoption de conduites sexuelles extradyadiques comptabilise le nombre de partenaires externes à la relation dyadique et non le nombre de fois où l’individu s’est engagé dans des activités sexuelles extradyadiques. Une formulation axée sur la fréquence aurait pu renseigner sur la sévérité du comportement sexuel extradyadique et ainsi influencer et/ou nuancer les résultats obtenus. De plus, malgré la pertinence des motivations sexuelles proposées par Nelson (1978) et de bonnes qualités psychométriques du SFS, le questionnaire a peu été utilisé et n’a pas fait l’objet d’une étude de validation, ce qui limite également la portée des résultats. Enfin, ce projet de recherche visait à mieux comprendre et prédire les conduites sexuelles extradyadiques. Le caractère exploratoire cette étude ne permet pas de produire un modèle complet de la prédiction des conduites sexuelles extradyadiques. Des études futures pourraient explorer la contribution d’autres prédicteurs d’intérêts afin de contribuer à la construction d’un modèle plus complet.

Retombées sur le plan clinique

Malgré le caractère exploratoire de l’étude, les résultats de ce présent mémoire offrent des retombées cliniques intéressantes. La sphère sexuelle étant souvent négligée dans l’évaluation clinique, ils mettent en lumière l’importance de l’évaluation des motivations sexuelles. En effet, une meilleure compréhension des besoins psychologiques desservis par la sexualité pourrait permettre l’exploration d’alternatives permettant d’assouvir ces besoins de façon moins coûteuse que les conduites sexuelles extradyadiques. Une telle

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démarche pourrait aider à prévenir ces comportements et leurs conséquences. Alors que la majorité des individus affirment désapprouver les relations extraconjugales, il est possible de croire que les conduites sexuelles extradyadiques peuvent créer des conflits dans le système de valeurs de l’individu qui s’y engage. Le fait de mieux comprendre l’acte sexuel extradyadique pourrait contribuer à diminuer la souffrance et le jugement associés à de telles conduites et de mieux orienter la thérapie sur l’adoption d’une conduite sexuelle plus consciente et assumée. Bien que cette étude se concentre sur les comportements sexuels extradyadiques, il est possible qu’une meilleure considération des motivations sexuelles puisse aider à prévenir d’autres comportements sexuels à risque et leurs conséquences physiques et psychologiques. En effet, une meilleure compréhension des raisons motivant la prise de risque dans le cadre d’activités sexuelles peut entrainer une diminution des comportements néfastes. Or, davantage d’études sont nécessaires pour mieux comprendre la contribution des motivations sexuelles dans l’expérience de la sexualité.

Recherches futures

L’étude de l’effet des motivations sexuelles sur l’adoption de conduites sexuelles extradyadiques ainsi que le rôle modérateur de la personnalité sur cette relation visait une meilleure compréhension de ce type de comportements reconnu pour avoir d’importantes répercussions négatives sur le bien-être, la santé physique et la santé psychologique des individus concernés. Dans cette optique, de futures études pourraient poursuivre l’étude de l’implication des motivations sexuelles sur les conduites sexuelles extradyadiques en tenant compte de différentes caractéristiques de l’individu (personnalité, genre, style d’attachement, orientation sexuelle, satisfaction conjugale), mais aussi de son partenaire et de leur relation (dyade d’attachement, qualité de l’intimité, la durée de la relation). Le but de cet exercice serait d’établir un modèle de prédiction le plus juste possible afin de comprendre, d’expliquer et de limiter les conséquences associées aux conduites sexuelles extradyadiques.

Figure

Tableau 1. Personnalité selon le modèle en cinq facteurs de Goldberg (1990)
Tableau 3. Résultats des analyses descriptives des variables à l’étude   Variables   n  Étendue  M  ÉT  Motivations sexuelles  1
Tableau 4. Résultats des analyses corrélationnelles entre les variables à l’étude  Variables  1  2  3  4  5  6  7  8  9  10  11  12  Motivations sexuelles  1
Tableau 5. Résultats de la régression logistique  Régression logistique  Variables   B  ÉS  Wald  RC  p  Motivations sexuelles  Hédonisme  Reconnaissance  Domination  Soumission  Conformité  Amour/Affection  Nouveauté  0.06  -0.09 0.11 0.04 0.02 -0.10 0.00

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