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Étude de l'impact de la protection du milieu marin sur les activités Socioéconomiques des îles Kuriat

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Academic year: 2021

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Texte intégral

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HAL Id: halshs-00747015

https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00747015

Preprint submitted on 30 Oct 2012

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Étude de l’impact de la protection du milieu marin sur

les activités Socioéconomiques des îles Kuriat

Abdelkader Aguir

To cite this version:

Abdelkader Aguir. Étude de l’impact de la protection du milieu marin sur les activités Socioé-conomiques des îles Kuriat. 2011. �halshs-00747015�

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Étude de l’impact de la protection du milieu marin sur les activités

Socioéconomiques des îles Kuriat

A.Aguir

Résumé

Dans un souci de protection, de réhabilitation et de valorisation des espaces littoraux naturels, il a été mis en œuvre en Tunisie un programme national de la protection et de gestion des zones sensibles, et dans le cadre de ce programme et de ce travail, une attention particulière a été portée aux îles Kuriat qui est un espace important dans l'équilibre de l'avifaune ainsi que la diversité biologique marine dans cette zone se caractérise par une richesse inestimable en terme de biodiversité mais la fragilité et la vulnérabilité de son écosystème qui est riche et fragile nécessitent, par conséquent une attention particulière. Ainsi la protection et la gestion des îles Kuriat s’inscrivent dans un cadre réglementaire et dans la problématique générale de protection de l’environnement et du littoral. Et dans ce contexte particulier, la protection des îles Kuriat doit se réconcilier avec des activités parfois partiellement antinomiques, telles les activités humaines, constituées notamment par le tourisme, qui peut adopter des formes très intensives, ou les activités d’exploitation du milieu marin telles que la pêche professionnelle, nous prêterons ainsi dans ce travail une attention particulière à la prise en compte explicite de la dimension socioéconomique dans la protection des îles Kuriat. En effet, la définition du cadre général de la relation entre préservation de milieu marin et développement socioéconomique est au cœur de la problématique de ce travail. La première partie de cette étude sera consacrée d’apporter une présentation générale des îles Kuriat en analysant les caractéristiques de l’environnement côtier, marin et socio économiques, les pressions auxquelles sont soumises cette zone naturelles. Et pour recenser les liens qui peuvent être établis entre les activités présentes au sein des îles Kuriat et les politiques conduites par les gestionnaires nous avons mené une étude qualitative et il s’agissait par ce biais de décrire de façon lisible, l’ensemble de l’offre environnementale pouvant concourir au développement économique il s’est agi : d’identifier les contours de la politique de gestion mise en oeuvre, de sérier les choix de développement effectués, de recenser les moyens mobilisés et les partenariats développés et d’estimer enfin les résultats obtenus.

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1. Introduction

L’idée de soustraire certains espaces à des activités humaines remonte aux temps anciens et la première réserve de chasse tunisienne fut établie en 1240 sous le règne d’Abdallah Abou Zakaria. Elle concernait une zone, près du lac de l’Ichkeul, où les activités cynégétiques étaient assujetties à une autorisation écrite et soumise à un contrôle très strict1,donc Depuis l’antiquité, l’histoire de la Tunisie est intimement liée à la mer et au littoral qui a toujours été le siège d’intenses activités humaines et qui constitue une composante majeure de son territoire, actuellement le développement économique de la Tunisie s’est réalisé, au plan spatial, tout le long de la bande littorale. La concentration des investissements s’est accompagnée d’une concentration de la population. En effet, 85% des activités industrielles sont regroupées sur la zone côtière et les deux tiers de la population y vivent. De plus, les principales villes du pays, représentant 73% de la population urbaine, sont implantées dans cet espace.

Ces quelques données sont, en elles mêmes, suffisamment significatives pour interpeller les décideurs sur la nécessité d’initier des études dont les résultats renseigneront sur la dégradation éventuelle des certains écosystèmes littoraux et insulaires, sur la pression urbaine ou encore sur les différentes formes de pollution.

Ainsi l’intérêt porté en Tunisie aux zones côtières et à leur gestion intégrée puise ses justifications dans leur poids économique et écologique et aussi dans les engagements pris par la Tunisie dans le cadre des accords de Rio (chapitre 17 de l’Agenda 21) et de l’Agenda 21 de la Méditerranée (1994) et dans le cadre de la mise en oeuvre du protocole de la convention de Barcelone (convention de Barcelone de 1976, amendée en 1995), cinq sites ont été identifiés pour devenir des Aires Marines Protégées (AMP) Il s’agit de : l’archipel de La Galite (Nord de la Tunisie), Zembra et Zembretta, les îles Kuriat, la partie Nord-Est de Kerkennah, le littoral entre Cap Negro et Cap Serrat. Ainsi La création d’une agence spécialisée, l’Agence de Protection et d’Aménagement du Littoral (APAL) en 1995 est venue traduire l’importance accordée au littoral et dans le souci de mieux maîtriser le développement des zones littorales.

C’est ainsi que dans un souci de protection, de réhabilitation et de valorisation des espaces littoraux naturels, il a été mis en œuvre un programme national de la protection et de gestion des zones sensibles, et dans le cadre de ce programme et de ce travail, une attention particulière a été portée aux îles Kuriat qui est un espace important dans l'équilibre de l'avifaune ainsi que la diversité biologique marine dans cette zone se caractérise par richesse inestimable en terme de biodiversité mais la fragilité et la vulnérabilité de son écosystème qui est riche et fragile

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3 nécessitent, par conséquent une attention particulière.

Ainsi la protection et la gestion des îles Kuriat s’inscrivent dans un cadre réglementaire et dans la problématique générale de protection de l’environnement et du littoral.

Et dans ce contexte particulier, la protection des îles Kuriat doit se réconcilier avec des activités parfois partiellement antinomiques, telles les activités humaines, constituées notamment par le tourisme, qui peut adopter des formes très intensives, ou les activités d’exploitation du milieu marin telles que la pêche professionnelle, nous prêterons ainsi dans ce travail une attention particulière à la prise en compte explicite de la dimension socioéconomique dans la protection des îles Kuriat.

En effet, la définition du cadre général de la relation entre préservation de milieu marin et développement socioéconomique est au cœur de la problématique de ce travail. On prêtera ainsi une attention particulière à la prise en compte explicite de la dimension socioéconomique dans les politiques de gestion environnementale : est-elle développée ? Possède-t-elle des impacts établis sur le développement ?

Notre travail comportera donc deux grandes parties :

La première partie de cette étude sera consacrée d’apporter une présentation générale des îles Kuriat en analysant les caractéristiques de l’environnement côtier, marin et socio économiques, les pressions auxquelles sont soumises cette zone naturelles, en dévoilant les éléments ayant justifié la proposition du site pour son inclusion dans la liste d’aires spécialement protégées. Enfin, dans une perspective de conservation des ces milieux insulaires le cadre réglementaire et institutionnel sera présenté en analysant les caractéristiques et la mise en œuvre des instruments juridiques dans une perspective de développement durable.

Et pour recenser les liens qui peuvent être établis entre les activités présentes au sein des îles Kuriat et les politiques conduites par les gestionnaires nous avons mené une étude qualitative et il s’agissait par ce biais de décrire de façon lisible, l’ensemble de l’offre environnementale pouvant concourir au développement économique il s’est agi :d’identifier les contours de la politique de gestion mise en œuvre ,de sérier les choix de développement effectués, de recenser les moyens mobilisés et les partenariats développés et d’estimer enfin les résultats obtenus.

2. Le cadre général d’analyse des îles Kuriat

Pays côtier par excellence, étendues sur plus de 1200 kilomètres la Tunisie est aussi, de tout les pays de la berge sud de la Méditerranée, le seul à posséder plusieurs espaces insulaires ou on compte au moins 60 îles et îlots se présentant généralement sous forme d’archipel bien apparents dans le paysage côtier et désignés par des noms bien déterminés (l’archipel de la Galite, l’archipel

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de Kerkennah ,l’archipel de Kneiss, les îles de Kuriat, Zambra Zambretta…), et ces îles se caractérisent par une richesse inestimable en terme de biodiversité ainsi qu’une fragilité et vulnérabilité de son écosystème qui est riche et fragile et héberge une faune et une flore caractéristiques dont plusieurs espèces sont rares ou menacées et nécessitent, par conséquent une attention particulière.

Et dans le cadre de ce travail une attention particulière a été portée aux îles Kuriat qui est un espace important dans l'équilibre de l'avifaune, puisque ces îles représentent, à la fois une étape de passage et un lieu de nidification pour plusieurs espèces ainsi que la diversité biologique marine des îles Kuriat est particulièrement riche.

Consciente de l’importance de son patrimoine naturel, la Tunisie a signé et ratifié plusieurs conventions pour la protection et la conservation de la Biodiversité.

Nous allons tenter d’apporter une présentation générale des îles Kuriat en analysant les caractéristiques naturelles de l’île en dévoilant les éléments ayant justifié la proposition du site pour son inclusion dans la liste d’aires spécialement protégées.

2.1 Caractéristiques Naturelles des îles Kuriat

Les îlots de la côte orientale sont toujours, à l'image de la côte qu'ils devancent, très bas et caractérisés par une géologie de surface simple. Les îles Kuriat sont deux îlots situés en face de la côte de Monastir et possèdent un potentiel en termes de biodiversité terrestre et marine d’une grande importance environnementale, sont caractérisées par une richesse faunistique et floristique marine très importante (une flore marine en bon état et le couvert végétal terrestre très important évalué à plus de 50%) et par la présence d’espèces et de structures menacées et protégées en Méditerranée et dans le monde (Caretta Caretta, le pinna nobolis,les herbiers posidonie). Il est à signaler que dans la partie nord et rocheuse des îles et à des profondeurs très faibles il existe des formations de fonds de Maërl considérées comme très rares et très vulnérables à l’échelle méditerranéenne. D’après ce qui précède, les îles Kuriat possèdent un potentiel très important en termes de biodiversité terrestre et marine

2.1.1. Milieu Terrestre

Les Kuriat (Qûriya) sont deux îlots (Qûriya el Kbira et Qûriya Sghira ou Conigliera (l’île des lapins ou des lièvres)2inhabités à distantes de 2 km l'une de l'autre, situés en face de la côte de Monastir, à environ 16 km vers le large. Ils ont des altitudes basses ne dépassant pas 5 m. Leur géologie de surface montre essentiellement des matériaux très récents, surtout sableux de plages

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de dunes et de sebkhas, de chotts et de marais maritimes.

Qûriya el Kbira a une forme ovoïde et correspond à un mamelon fait par les grès jaunes coquilliers du Pliocèneavec des pentes très douces et des altitudes variant entre -1 m et 4 m, elle est longue de 3,5 km sur 2 km de large et couvre environ 270 ha et s'étend sur un périmètre de 6,9 km.3

La plus petite ou Qûriya Sghira a une superficie de 50 ha, dont la majeure partie est constituée de terres plates et basses ne dépassant que très rarement 0 m du Nord et au Nord-Est, ainsi que de plaines intertidales correspondant à la zone d'oscillation des marais au Sud

Figure 1. : Localisation des îles Kuriat

Source : Oueslati. A (1995), Les îles de la Tunisie. Éd. C.E.R.E.S.Tunis. p286 1- continent ; 2- isobathe (en m) ; 3- les îles

3 Agence de protection et de l’Aménagement du Littoral : Rapport définitif de Phase 2 : Gestion des zones

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Figure 2 : Coupe à travers la grande Kuriat4

1-grés pilocéne ; 2-grés coquiller tyrrhénien ; 3-chott colonisant des colluvions sableuo-limoneuses (Pléistocène supérieur –holocène) ; 4-sebkha ; 5-petit bourrelets de dune bordière ; 6-plage sableuse ; 7-platier rocheux évoluant par corrosion

Donc ces îles jouent un rôle important du point de vue de la biodiversité : elles constituent une escale migratoire pour une avifaune d’importance comme le goéland railleur classé comme espèce vulnérable. Elles sont aussi l’un des principaux sites de nidification de la tortue caouanne [Caretta Caretta] au sud de la Méditerranée et de ce fait constituent un écosystème vulnérable.

2.1.2. La biodiversité terrestre

La flore et la faune dans les îles Kuriat apparaissent comme particulièrement riches. L’intérêt de ce site réside dans la diversité des habitats terrestres méditerranéens présents, elle est également favorable à des espèces d’oiseaux d’intérêt méditerranéen, alors que les îles Kuriat couvrent environ 270ha et s’étend sur un périmètre de 6.9 km pour Qûrya El Kbira et pour la petite Kuriat ou Qûrya Sghira a une superficie de 50ha.

2.1.2.1. La Flore

Le couvert végétal sur les Kuriat se répartit en trois paysages :

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7  La végétation halophile

Appelée aussi végétation azonale, elle est abondante sur les îles Kuriat là où le sol est salin cette végétation est liée à la chimie du sol et sa salinité. Les plantes de ce type ont généralement des feuilles charnues ou des épines, et ressemblent aux plantes des déserts. Parmi les halophytes strictes on citera : Halocnemum strobilaceum, Salicornia arabica, Atriplex inflata, Suaeda vera, Suaeda mollis, Arthrocnemum indicum, Juncus maritimus. Outre les espèces strictement halophiles, on rencontrera également des halophytes modérées et des pseudos halophytes comme : Tamarix gallica, Hordeummaritimum, Plantago crassifolia et Plantago coronopus5

La Végétation psammophile

Cette végétation mérite une mention spéciale car, sans elle, une avant dune n’existerait pas. C’est elle qui retient, immédiatement en arrière de la plage, le sable transporté par le vent. Elle est constituée de plantes, dites Salsola Kali et Cakile aegyptica, qui sont adaptées à un milieu inhospitalier, caractérisé par un substrat mobile, une absence de sol, une aspersion par l’eau salée des embruns, un mitraillage par les grains en mouvement.

Dans les zones protégées de l’île se développent d'autres espèces telles que : Ammophilia arenaria, Euphorbia paralis... qui sont des excellente fixatrice du sable et qui explique l’existence d’avant dunes bien développées

La végétation ligneuse

Il s'agit d’une formation ne dépassant pas une centaine de centimètres de hauteur6

. Du fait de sa situation géographique, l’île est soumise à diverses influences climatiques étant exposées aux vents violents remplis d'embruns marins, ce qui ne permettent pas le développement de phanérophytes élancés. Les espèces identifiées sont surtout : Pistacea lenticus, Tamarix, Frankenia Corymbosa Ferula communis... dans les zones protégées entre les dunes littorales de la Grande Kuriat, on trouve certains arbres et arbustes atteignent des hauteurs assez importantes.

2.1.2.2. La Faune

La faune des Iles Kuriat se compose de :

. L'avifaune

L'avifaune dans les Kuriat est d'une importance internationale, puisqu'elles représentent, à la fois

5 www.apal.nat.tn consulté le 20 Mai 2011

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une étape de passage et un lieu de nidification pour plusieurs espèces. Les espèces observées sur les deux îles sont les mêmes que celles qui fréquentent le littoral et comportent une majorité d'oiseaux migrateurs et de nombreuses espèces de nicheurs, comme les laridés, les sternes et les limicoles7. Parmi les espèces observées ou rencontrées :

 La fauvette mélanocéphale: Espèce à plumage fauve, vivant à proximité des milieux salés.  Le Pinson du Nord : Il s'agit d'un passereau migrateur qui utilise les îles comme gîte

d'étape.

 Le Goéland railleur (Larus genei): Espèce appartenant à l'ordre des lariformes piscivores, se reproduit sur des îlots dans les lagunes ou les salines8 ce qui explique qu’une forte colonie nidifiante a été observée sur les îles Kuriat. Il est actuellement classé comme espèce vulnérable.

L'herpétofaune et les mammifères terrestres

L’herpétofaune Formée essentiellement de serpents ainsi que certaines espèces de lacertiliens (tel que Lacertidœ), qui sont prédateurs des oeufs d'oiseaux et des tortues marines. Et pour les mammifères terrestres il s'agit surtout de plusieurs espèces de rongeurs, dont les rats mangeurs d'œufs et une forte colonie de lapins, qui est vraisemblablement à l'origine du nom de Cogniliera attribué à la petite Kuriat.

2.1.3. L’environnement côtier et marin

Globalement, le littoral des îles Kuriat se caractérise par une côte de faible altitude. Celle-ci ne dépasse pas généralement les 2 m. Les principaux éléments morphologiques observés sont :

 La plage

 Le champ de dunes littorales  Les sebkhas

 Microfalaise

2.1.3.1. La biodiversité marine

Sont présentées ci-après les espèces remarquables pour leur rareté ou pour leur importance en tant que pôle de biodiversité.

7 Agence de protection et de l’Aménagement du Littoral : Rapport définitif de Phase 2 8 www.oiseaux.net consulté le 20 Mai 2011

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9  L'herbier à Posidonia oceanica

C’est une plante à fleur qui vit dans des profondeurs ne dépassant pas 40 mètres. Considérée comme étant le poumon des écosystèmes marins et représente des lieux de nurseries pour des nombreuses espèces animales. En effet près de 400 espèces végétales et 1000 espèces animales y trouvent refuge, fixées sur les rhizomes et/ou les feuilles de Posidonia oceanica, et constitue également une source importante de nourritures pour certains herbivores (oursin, saupe…)9

une partie de la production des feuilles de l’herbier va se retrouver après un certain temps détachée et déplacée par les eaux vers les plages ou elles forment des banquettes. Il permet la fixation des sédiments aux fonds marins grâce aux rhizomes qui forment une matte et forme aussi une barrière contre les vagues, les houles et les courants marins. Ainsi, ils protége le littoral contre l’érosion. Cependant l'abondance des laisses de Posidonie sur la plage des îles Kuriat (qui peuvent atteindre plus d'1m de hauteur par endroits) laisse supposer une densité foliaire importante et par conséquent un herbier en très bon état

Les fonds de Maërl

Les fonds de maërl se développent sur des fonds meubles de l’étage circalittoral. Leur répartition bathymétrique est variable, en fonction de la transparence de l’eau. Ils sont caractérisés par les algues calcaires arbusculaires ou laminaires libres qui appartiennent aux familles des Corallinacées et des Peyssonneliacées. En Méditerranée, plusieurs espèces peuvent dominer sur ces fonds, en particulier, Phymatolithon calcareum, Lithothamnium corallioides, Peyssonnelia rosa-marina, Lithothamnium valens ou Peyssonnelia crispata.Ces algues ont une croissance très lente (de1 à 2 m/an) et sont très sensibles à envasement. Les fonds de maërl, bien que peu productifs, sont responsables d’une grande partie des sédiments biogéniques des zones côtières. Cette formation organogène semble avoir un rôle écologique important puisqu'elle serait la frayère de plusieurs espèces halieutiques. Elle est située dans la partie nord et rocheuse des deux îles à des profondeurs très faibles, de 0.5 à 7 m. La présence de cette formation à de telles profondeurs montre que le milieu est sous influence des courants de fond

La grande Nacre, Pinna nobilis

Est un des plus grands mollusques bivalves existant dans le monde (longueur parfois supérieure à 1 m.). Endémique de Méditerranée, souvent décrite dans l'infralittoral entre 0.5 et 50 mètres, cette espèce a grossièrement la forme d'un triangle. Elle vit enfoncée dans le sédiment sur environ le

9 Ben Mustapha.K&Hattour. A: 2006. Les herbiers de Posidonie du littoral tunisien I-le Golf de Hammamet.

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tiers de sa longueur à l'herbier de posidonies. Elle semble se trouver avec des densités importantes dans l'herbier entourant les îles Kuriat. . Elle est par ailleurs inscrite sur la liste des espèces menacées en Méditerranée (annexe de la convention de Barcelone).

Caulerpa racemosa

Cette plante d’eau de mer atteint 15 cm de hauteur. Elle se distingue des autres caulerpes par son aspect insolite, rappelant les grappes de raisin. Elle fait le régal de beaucoup de poissons. Elle émet par ailleurs des substances toxiques pour les autres végétaux, préservant ainsi son territoire de leur concurrence. Cette espèce connaît une expansion très importante de son aire de répartition, Elle est très répandue autour des îles Kuriat

Aux alentours des îles Kuriat, Caulerpa racemosa occupe essentiellement la partie rocheuse de l'île, en se substituant aux communautés algales photophiles. Elle est aussi présente par touffes dans les herbiers de Posidonie, Son expansion semble se continuer avec une vitesse rapide.

La tortue Caouane : Caretta Caretta

La tortue Caouane une grande tortue pouvant mesurer jusqu'à 1,50 m constitue un élément important dans la biodiversité marine et est considérée comme un facteur d’équilibre du milieu marin. La baisse du nombre des tortues provoque la prolifération de leurs proies formées principalement, de méduses qui se nourrissent de larves de poissons. Ainsi, la présence en grandes quantités de ces proies engendre une diminution de la production de la pêche, d’un côté et cause une gêne pour les activités de loisirs marins et de tourisme, d’un autre côté. Cette espèce est considérée en voie de disparition et est de ce fait protégée en Méditerranée. De plus, un plan d'action pour sa protection a été établi dans le cadre du Plan d'Action pour la Méditerranée (PAM). Ce plan résume les principales menaces auxquelles est exposée cette espèce ainsi que les mesures à prendre pour assurer sa protection

L’avenir de cette espèce dépend principalement de la protection des lieux de ponte subsistant en méditerranée orientale

Les îles Kuriat sont l’un des principaux sites de nidification de la tortue Caretta Caretta au sud de la Méditerranée. La nidification de la tortue Caretta Caretta sur la grande Kuriat a été mise en évidence pour la première fois en 1988 alors que sur la petite Kuriat cela n'a été fait qu'en 1993, et de ce fait constituent un écosystème vulnérable.

Les sites de ponte se limitent à la partie sableuse des îles, ce qui correspond environ à 2 Km sur la grande île et à 800m sur la petite. Il est à signaler que les dépôts des laisses de Posidonie semblent limiter la longueur utile pour la ponte des tortues, constituant des banquettes infranchissables pour

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11 les femelles nidifiantes.

2.1.4. L’environnement Socio-économique

Les littoraux de la Tunisie sont soumis à un cumul de pressions anthropiques: les activités humaines sur les ressources naturelles pour subvenir à leurs besoins ayant des effets néfastes sur la biodiversité ; conduisant à la dégradation continue des écosystèmes et de la perturbation des espèces en effet le tourisme littoral représente environ 30%de l’économie tunisienne et il engendre une pression anthropique remarquable Nous présenterons ainsi les différents facteurs d’ordre démographiques, de pêche, touristiques et naturels menaçant l’état du milieu côtier et marins des îles Kuriat

2.1.4.1. La Population

D’après le Recensement Général de la Population et de l'Habitat 2010, le Gouvernorat de Monastir abrite une population de 515400 habitants et la commune de Monastir 81 294 habitants. Lors de recensement de 1994, la population s'établissait à 363 900 habitants pour le Gouvernorat et 50 743 habitants pour la commune de Monastir

Tableau 1 : Evolution de la population du Gouvernorat de Monastir (Unité : Millier)

Année 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010

Population 456.7 466.3 475.3 485.0 494.9 505.2 515.4

Source : Institut National de la Statistique (INS)

Il découle du tableau ci-dessus que le Gouvernorat de Monastir enregistre un taux de croissance moyen annuel relativement élevé, soit de l'ordre de 4%, causé par un solde migratoire positif. Ceci est expliqué par le développement des activités de services inhérentes aux fonctions touristiques, universitaires et administratives au détriment de l’agriculture.

Les résultats du recensement général de la population et de l’habitat (RGPH) de 2010 montrent une importante densification (La densité de la population s'obtient en divisant le nombre de personnes par la surface considérée mesurée en kilomètres carrés ou en hectares) dans les régions côtières de Monastir qui est de l'ordre de 468 hab. / km2 par rapport à 357 hab./ km2 en 1994. Cette concentration de la population dans les centres urbains côtiers et la plus forte urbanisation qui y domine (par rapport à l'intérieur du pays) induit des pressions de plus en plus fortes sur l’environnement et les ressources naturelles dans les zones littorales. L'intervention humaine, dans

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ce cas, accroît le degré de pression par le transport maritime, occupation du sol et surtout par les activités halieutiques déchets, et l’exploitation accrue des ressources ce qui participe à la déstabilisation des écosystèmes. Les impératifs du développement économique entrent souvent en contradiction avec la nécessité de protéger les espaces naturels, seul un aménagement intégré, se situant dans l'interface économie/écologie, est à même d'assurer un développement harmonieux et durable.

La concentration urbaine est la résultante de la tendance à la concentration des activités économiques sur le littoral avec ce que cela peut générer comme risques de déséquilibre de l'environnement.

2.1.4.2. Le développement économique

* Les activités halieutiques

La côte de Monastir s'étend sur 64 km, de Oued Hamdoun à Békalta et abrite cinq ports de pêche situés à : Monastir, Sayada, Teboulba, Békalta, Ksibet El Médiouni. Et avec une production de15905 tonnes en 2010, Monastir détient 10,08% de la production nationale.

La flottille, quant à elle, est estimée à près de mille embarcations dont la moitié motorisée. Le processus de modernisation induit par la mise à niveau s'est traduit par l'amélioration des performances techniques de la flottille et par l'acquisition de bateaux de 25 mètres qui peuvent rester plusieurs jours en mer et pêcher par des fonds supérieurs à 50 mètres.

Le développement des technologiques de pêche ont un effet négatif sur les stocks des ressources halieutiques et aussi sur les écosystèmes. L'intensification de la pêche au chalut benthique sur le littoral de Monastir et les bancs des îles Kuriat représente la principale cause de dégradation des herbiers de Posidonie définie comme la base de richesse des eaux littorales. En effet, la pratique de chalutage est strictement interdite dans des faibles profondeurs (inférieures à 50m), et portant les marins pêcheurs travaillent dans des fonds ne dépassant même pas les 10m10. De plus, cette technique de pêche représente une source de capture accidentelle des tortues marines durant la saison des ponts sur les rivages des îles Kuriat.

Les risques de dégradation de la faune et la flore sont fortement augmentés par le non respect des zones et des périodes de pêche réglementés par les textes (Textes de 1994 et 1995 relatifs à l'exercice de la pêche).

10 APAL / SCET-TUNISIE – Etude de gestion de la zone sensible littorale des îles Kuriat Rapport provisoire de

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L'usage des engins prohibés tel que le Ghzel (filet de 150 à 200m) et la tartarone (Kiss) favorisent la destruction du couvert végétal et la mort des espèces animales considérées comme très vulnérables et très rares à l'échelle méditerranée.

L'accroissement de la fréquence d'accostage et de mouillage des bateaux dans les zones d'herbiers au large des plages menacent l'état des feuilles et rhizomes ce qui déstabilise la nature du substrat et donc diminue la transparence des eaux marines.

Les activités touristiques

En dépit des avantages qu’il procure en termes de source de devises à la région et créateur d’emplois, le tourisme de masse a eu un rôle crucial dans la dégradation de l’environnement marin et côtier, on trouve qu’en Tunisie, plus de 95% du total de la capacité d'hébergement et des activités touristiques se situe essentiellement sur le littoral ce qui implique une quasi saturation des espaces réservés à cet effet. Et dans le cadre de développement du tourisme dans le Gouvernorat de Monastir plusieurs aménagements ont été faits sur la côte de Bekalta Dimas (20000 lits prévus sur 200 ha) et le projet de station touristique intégrée sur le site de palais présidentiel (5000 lits sur 70 ha).11Le Gouvernorat de Monastir verra ses capacités en lits plus que doubler à moyen terme. Monastir dispose d'une Marina et d'un port de plaisance à vocation internationale qui peut accueillir 400 bateaux d'une longueur maximum de 45 m, En 2010, 4350 plaisanciers y ont accosté et 2000 d'entre eux ont visité les Iles Kuriat, L'O.N.T.T (Office National du Tourisme Tunisien), pour sa part, y organisait des excursions régulières pour touristes et on trouve aussi des gens propriétaires des bateaux organisent eux aussi des excursions régulières aux îles Kuriat on cite par exemple Le Pacha,Le Lac Majeur,Le Sultan,Le Barberousse…

Les facteurs naturels

Pour l'ensemble des côtes tunisiennes le phénomène de l'élévation du niveau de la mer constitue une forte préoccupation. En effet, le niveau de mer s'élève annuellement de 0.5 mm à 2 mm ce qui risque de perdre une grande partie des zones humides et de terres basses du littoral tunisien12.

Les dernières investigations sur les caractéristiques naturelles du domaine côtier des îles Kuriat montrent que bien que les côtes sableuses qui représentent l'un des principaux sites de

11

APAL/SCET-TUNISIE-Gestion des zones sensibles littorales-Îles Kuriat- Rapport de phase 2- Définitif, Août 2008

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ponte de la tortue Caretta caretta est en situation d'amélioration, les côtes Nord et Ouest seraient réellement en dégradation13.

Au plan d'ensemble, l’impact des pressions démographiques, de développement d'activités touristique et halieutiques aussi bien que les facteurs naturels sur la zone côtière nécessitent la mise en place d'un cadre institutionnel et réglementaire relatif à la conservation de la biodiversité et l'aménagement du littoral Tunisien.

En conclusion, Il apparaît que les îles Kuriat possèdent un potentiel très important en termes de biodiversité terrestre et marine. Par ailleurs, certaines espèces de flore et de faune sont considérées comme menacées devenues rares, vulnérables ou en danger vue le risque de disparition encouru dans un avenir prévisible a cause de l’influence que l’homme exerce sur la nature, qui serait responsable de multiples bouleversements de la nature, y compris par exemple de la disparition de certaines espèces animales ou végétales, suivants diverses modalités : déchets, exploitation accrue des ressources, tourisme, transport maritime et occupation du sol surtout par les activités halieutiques et les activités touristiques. C’est un souci de protéger ces espèces en particulier et l’environnement et la gestion durable des ressources en général que la Tunisie a ratifié pas moins de 56 conventions et accords dont 12 s’intéressent spécifiquement à la biodiversité marine. L’impact de la protection du milieu marin sur leur environnement socioéconomique peut s’analyser à l’aune des filières concernées à divers titres par les dispositifs de protection et de valorisation mis en place.

3. La protection du milieu marin : un mode de gestion opérationnel

Ayant un statut de protection reconnu à l’échelle nationale, possédant un plan de gestion, présentant un haut degré de rareté et de vulnérabilité en terme de biodiversité, suscitant un grand intérêt économique, scientifique et éducatif, les îles Kuriat rempliront les conditions qui leur permettront d’être éligibles à l’inscription sur la liste des Aires Marines Protégées. Cette opportunité n’est pas des moindres, car étant reconnues patrimoine naturel à l’échelle méditerranéenne et mondiale, les îles Kuriat intégreront un programme plus large de protection et de conservation et pourront par la même occasion bénéficier de subventions optimisant ainsi les investissement en matière de protection, de conservation et de mise en valeur des îles.

En vertu des analyses préexistantes, les actions de protections, de mise en valeur et de gestion dans les îles Kuriat ont un impact sur l’environnement socio-économique qui peut s’analyser à l’aune des filières concernées à divers titres par les dispositifs de protection et de valorisation mis

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APAL/SCET-TUNISIE-Étude de gestion des zones sensibles littorales- Îles Kuriat / Rapport de phase 2- Définitif, Août 2008

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en place. On dresse ci-dessous les actions de protections, de mise en valeur et de gestion dans les îles Kuriat et la liste des grands effets escomptés à cet égard.

3.1. Les actions de protection

La première action de protection est que les îles Kuriat sont inscrites sur la liste des Aires Sensibles Protégées (ASP). En effet, toute action visant à protéger une espèce animale ou végétale ou à conserver le milieu naturel, n'aura de consistance que si elle est inscrite dans un contexte structuré. Le classement est un moyen de garantir une légitimité à toute action dans la mesure où il permet d'assurer un cadre juridique, de définir un périmètre reconnaissable et d'identifier les organismes chargés du contrôle et de la gestion,

Toute action inscrite dans ce cadre aura automatiquement effet d'exécution obligatoire.

3.1.1. La protection de l’environnement naturel, marin et côtier

L'instauration d'une zone de protection marine (aire protégée) constitue le préalable à toute activité de préservation et de protection. Une telle démarche aura un effet direct sur la planification, la gestion et le suivi de l'écosystème.

La zone de protection marine peut être établie pour l'ensemble des îles Kuriat, des hauts fonds et des fonds sous marins avoisinants dans le but de conserver et protéger des ressources halieutiques, et leur habitat (herbier de Posidonie en particulier), conserver et protéger des espèces menacées et leur habitat (Tortue, nacre.. .), conserver et protéger des espaces marins caractérisés par une biodiversité ou une productivité biologique riche.

L'aire marine à protéger sera représentée par les îles Kuriat et les étendues marines limitrophes14, une délimitation provisoire sera établie selon les critères suivants:

 L'extension de l'herbier de posidonie (Posidonia oceanica)  L'aire de nidification des tortues marines (Caretta Caretta)  Les habitats caractéristiques (fonds de maerl)

 Les rivages ou habitats dégradés et les zones assez fréquentées (les côtes affectées par le tourisme et les zones des mouillages et de plongées)

Le zonage de l'aire marine s'applique à tout le plan d'eau, les fonds et les aires terrestres considérés

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APAL / SCET-TUNISIE – Etude de gestion de la zone sensible littorale des îles Kuriat Rapport provisoire de Phase 2- Juin 2008

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dans la conservation. Tenant compte des critères de délimitation, à titre provisoire L’APAL et L’INSTM ont proposé le zonage suivant15

:

 Zone de réserve intégrale: limitée par l'isobathe 5m,

 Zone tampon: étendue depuis l'isobathe 5m jusqu'à l'isobathe 10m. cette zone tampon est utilisée pour des activités d’écodéveloppement telle que l’éducation relative à l’environnement,

 Zone naturelle (d’intérêt écologique faunistique et floristique) : jusqu'à la limité inférieure de l'herbier,

 Zonage temporel dans les zones ouest et entre les deux îles qui interdit la présence de visiteurs de la plongée ou de la pêche dans la zone frayère (poissons) ou de nidifications (tortue) ou de repos (oiseaux d'eaux) et cette zonage temporel ou restrictions temporaires d'accès ou d'utilisation lorsque certaines composantes ou fonctions particulières d'un écosystème ont besoin d'une protection accrue,

 Zonage vertical dans le chenal d'accès aux îles: dans ce cas l'habitat du fond bénéficie toujours de la protection totale, l'usage de la colonne d'eau reste autorisé (navigation, transport) qui peut servir à assurer une protection accrue aux ressources naturelles ou culturelles qui se trouvent au fond de la mer ou près de celui-ci, pendant que se poursuivent à la surface des activités récréatives, de transport maritime ou de pêche.  Zone d'utilisation spéciale C'est la zone relative aux aires dont les objectifs de gestion

incluent les activités de récolte des ressources renouvelables, l'aquaculture et le transport maritime et la présentation de toute une gamme d'activités de loisirs de plein air et d'éducation du public.

Donc la stratégie visant la mise en valeur des îles Kuriat préconise deux types d’actions :

 Action d’aménagement in situ (grande Kuriat) : la priorité donnée à la protection et la conservation à l’état naturel des îles limite les aménagements pour la mise en valeur de l’île et ce par l’aménagement d’un circuit pour les visites guidées, La protection des sites de ponte des tortues Caouanes, La protection de la faune et flore, la réalisation d’un appontement et la mise en place d’un dispositif de signalisation et d’information,

 Action de promotion scientifique et touristique : Les mesures de protection des îles Kuriat

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doivent associées à une stratégie permettant de faire participer les îles à la dynamique socio-économique de la région. En effet la stratégie visant la protection des aires naturelles des sites et opte plutôt pour une gestion de ces ressources dans un schéma de développement durable.

Ainsi, les îles Kuriat en tant qu'aire sensible protégée, constitueront un support à exploiter pour développer de nouveaux créneaux dans le domaine du tourisme (écotourisme), et développer des programmes de recherches scientifique ce qui a un effet direct sur la planification, la gestion et le suivi de l’écosystème.

4. Les enjeux Socio-économiques

L’implantation et les actions de protection, de mise en valeur et de gestion de la zone peuvent être un outil de développement local et de gestion des conflits d’usages sur le milieu marin. Cette question intéresse plus particulièrement deux secteurs qui, en raison de leur impact économique, social, ou historique occupent une place de premier plan pour toutes les questions liées à la protection et à la conservation. Il s’agit en premier lieu du tourisme qui ne cesse de croître dans cette région. En second lieu, il s’agit de la pêche qui occupe également une place de premier plan en raison de son importance sociale dans le gouvernorat de Monastir.

4.1. L’impact sur la pêche

Il s’agit de l’effet le plus directement perceptible sur les activités humaines, dans la mesure où la gestion de la ressource halieutique se trouve au centre même du dispositif de protection. La pêche professionnelle est l’une des professions qui apparaît comme la plus concernée par les contraintes imposées par la protection de la zone. S’il est vrai que la mise en réserve d’une partie importante de la bande côtière peut se révéler lourde de conséquences pour l’exercice de ce métier, il apparaît également clairement que lorsque l’instauration s’est faite en concertation avec les professionnels de la mer et qu’elle a été accompagnée de mesures spécifiques, l’impact économique qui s’en dégage peut être largement positif.

4.1.1. La description générale du secteur

Les côtes de Monastir s’étend sur 64Km, de Oued Hamdoun à Békalta et arbitre cinq ports de pêche situés à : Monastir, Sayada, Teboulba, Békalta, Ksibet El Mediouni. De plus, des sites naturels offrent aux artisans pêcheurs des lieux au débarquement des produits de leur pêche. La flottille quant à elle estimée à prés de mille embarcations dont la moitié est motorisée.

Le processus de modernisation induit par la mise à niveau s’est traduit par l’amélioration des performances techniques de la flottille et par l’acquisition de bateaux de 25 mètres qui peuvent rester plusieurs jours en mer et pêcher par des fonds supérieurs à 50 Mètres.

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Les données sectorielles existantes pour les côtes de Monastir témoignent de la fragilité des métiers de pêche au regard de la stagnation de la production observée depuis 2006 autour des 15 milles tonnes par an (15988 tonnes en 2006)et la régression de la production de la pêche côtière de 2926 tonnes en 2006 a 2239 tonnes en 2010.

Tableau 1. : Production de la pêche par type

Unité : en tonne Année 2005 2006 2007 2008 2009 2010 Chalut 251 222 162 465 420 398 Poissons bleus 10203 12742 13129 13542 13225 13172 Côtière 2412 2926 2122 1943 2156 2239 Thon 97 84 66 79 81 96 Total 12963 15974 15479 16029 15882 15905

Source : Commissariat Régionale de Développement Agricole –Monastir

Sur la base de cette production, le chiffre d’affaires estimé pour la zone s’élève à 37 millions de dinars, résultant en grande partie de la production de la zone de Monastir, Sayada, Teboulba (les 3 zones les plus proches des îles Kuriat) et cette production découle essentiellement de pratiques artisanales et côtières illustrées par la taille modeste des bateaux, la distance relativement proche des côtes, la taille restreinte de l’équipage, les techniques utilisées (filets maillons…)

Tableau 3 : Production de la pêche par Chiffre D’affaire

Unité : MD Année 2005 2006 2007 2008 2009 2010 Chalut 875 856 660 1219 1100 1043 Poissons bleu 16004 19094 18280 21576 21067 20983 Côtière 12951 16417 14320 13181 14624 15187 Thon 248 291 268 278 284 338 Total 30078 36658 33529 36256 37075 37551

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Tableau 4 : Evolution de la Flottille de pêche

Année 2006 2007 2008 2009 2010

Barques non motorisées 386 364 400 360 331

Barques motorisées 465 465 517 516 516

Sardinier 50 53 53 55 58

Chalutier 4 4 4 4 4

Thonier 1 1 1 1 1

Total 906 878 975 936 910 Source : Commissariat Régionale de Développement Agricole -Monastir

Avec une production de la pêche côtière de 2239 tonnes en 2010, Monastir détient 11.8% de la production nationale.

Le poids de la pêche dans l’ensemble des activités économiques dans le Gouvernorat de Monastir se reflète aussi dans la population qui y est occupées, soit 3680 personnes a titre permanent16

Tableau 5 : Évolution de la Main d’œuvre dans la pêche

Année 2006 2007 2008 2009 2010

Main d’œuvre 3540 3597 3788 3710 3680

Source : Commissariat Régionale de Développement Agricole –Monastir

L’analyse de l’état actuel de l’activité de pêche dans la région de Monastir a révélé une nette régression puis progression de ce secteur .En effet, avec une production de 37551 tonnes en 2010 Monastir détient 10% de la production nationale. Néanmoins, certaines techniques de pêche associées au phénomène de surexploitation aux îles Kuriat ont causé la destruction des herbiers frayère et la diminution du stock des ressources halieutiques ce qui implique de lourdes conséquences sur le plan économique et écologique : par delà ses effets directs, l’activité halieutique présente de nombreux effets indirects agissant sur les processus de distribution et de commercialisation mais aussi sur des secteurs comme la construction navale ou le secteur bancaire ;s’étalant vers les politiques touristiques ou encore d’aménagement territorial.

4.1.2. L’effet réserve

La diminution des stocks représente un des obstacles auxquels doivent faire face les pécheurs

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20

dans les îles Kuriat. Dans ce contexte, la protection du milieu marin revête un rôle majeur dans la reconstitution des stocks grâce à l'effet réserve, défini comme suit: «Si on protège les poissons de la capture, ils vivent plus longtemps, grossissent et produisent un nombre d'œufs exponentiellement plus grand»17. La création d’une réserve, ou toute activité de pêche est interdite, permet : le maintien des équilibre naturels, l’augmentation des effectifs et de la biomasse maritime. Ces éléments sont essentiels pour le repeuplement des zones périphériques autorisées à l’exploitation, ce principe s'est vérifié à plusieurs reprises empiriquement, et notamment lors d'une expérience réalisée sur l’archipel de la Galite et Zambra Zambretta. De manière plus pragmatique, on observe trois types d'effets18

 Effet sur la taille avec un accroissement de la taille moyenne des espèces en zones protégées (phénomène le plus rapide et le plus reconnu) ;

 Effet sur la densité avec une densité en zones protégées supérieure ou égale aux zones non protégées;

 Effet sur la diversité avec un accroissement du nombre d'espèces.

Cet effet s'accompagne de deux autres effets: «l'effet tampon» qui désigne «une atténuation durable des fluctuations saisonnières des différents paramètres analysés (densité, biomasse, diversité) » 19 ; autrement dit, l'effet réserve provoque un certain équilibre temporel (par opposition à « l'effet refuge» qui intègre la dimension spatiale). L'autre effet intitulé «effet cascade» évoque la réduction tant dans le nombre que dans la diversité, des espèces répertoriées au sein des zones protégées.

Souvent considérées comme facteurs d'handicap pour le développement des activités halieutiques, les actions, et notamment la réglementation qui est perçue comme pesante voire bloquante dans le développement du secteur halieutique,cependant, elle tend à favoriser la pêche professionnelle au détriment de la pêche récréative elle est en faveur de la protection et la préservation de l'espace marin, apparaissent comme un moyen de pérenniser les emplois et le revenu des pêcheurs, devenus aujourd'hui les garants de l'environnement. Dans ce cadre, l'immersion de récifs artificiels (de plus en plus prisés) favorise l'effet réserve20. Ces structures artificielles visent en effet, d'une part, la préservation d'espaces propices aux activités

17 Roberts C.M, « Les réserves marines en tant qu’outil stratégique », Bulletin volume11,n°3-4,2005 pp13-15 18

Sébastien Mabile, les aires marines protégées en Méditerranée : outil d’un développement durable, Juin 2004 ,527pages

19 Francour P., « analyse pluriannuelle de l’effet réserve » in Olivier Ajaccio, septembre 1991, Secrétariat du

MADPAN., 1992, p.7.

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halieutiques, en phase avec les intérêts économiques des pêcheurs et d'autre part, la valorisation biologique de la zone, en phase avec les intérêts environnementaux des gestionnaires

En conclusion, on soulignera que la promotion d'une pêche dite « durable» constitue l'un des axes d'affaires porteurs dans le domaine de la biodiversité marine: J. Bishop et al. (2006) soulignent21 que ces pratiques se trouvent simultanément en phase avec la nécessaire gestion des stocks halieutiques, qu'elles s'adressent à des marchés en forte croissance et que leur rentabilité leur permet de financer les services de gestion de l'écosystème.

Et dans, le cadre du maintien et de l'utilisation rationnelle des ressources halieutiques, la promotion d'une pêche responsable permettra l’augmentation des effectifs et de la biomasse des poissons, la diminution des risques de prises accidentelles des tortues marines, la protection des herbiers frayères, donc l’exploitation rationnelle des ressources halieutiques constitue l’une des priorité du schéma de gestion des îles Kuriat. En effet, une bonne utilisation de ces ressources permettra le renouvellement de ces dernières et par conséquent le maintien des îles Kuriat en parfait état d’équilibre. C’est dans ce cadre qu’intervient le programme de sensibilisation des pêcheurs à la nécessité d’observer les restrictions concernant la pêche dans le périmètre de protection et la nécessité d’utiliser des techniques de pêche adéquate.

4.2. La dimension touristique :

Dans le gouvernorat de Monastir, le tourisme est essentiellement balnéaire et cela malgré la présence de plusieurs sites archéologiques ainsi que de plusieurs manifestations culturelles. Le développement que connaît ce secteur lui permet d’occuper une place privilégiée dans l’économie régionale et nationale. En effet, il constitue un secteur d'activité de première importance du point de vue de ses retombées directes et indirectes. Le nombre de touristes à Monastir est en évolution et selon les statistiques officielles, le nombre de touristes a augmenté de 3,7% en 2010 en comparaison avec les chiffres de l’année 2009. Le nombre de nuitées a également enregistré une hausse de 2,7%22.

Les répercussions de ces flux sur l'économie sont majeures Environ 340 milles d'emplois et représente 6.5% de la création du PIB.

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Bishop j. et al.,Building biodiversity business :report of a scoping study, working paper,2006,p45 et suivantes

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Tableau 6 : Structure du secteur du tourisme en Tunisie Activité économique PIB (million de dinars) Part dans le PIB Population active occupée (milliers)

Part dans Population active occupée

Tourisme 2369.8 6.5% 340 11,5 %

Source : le tourisme tunisien en chiffres ONTT

Et la présence d’un espace protégée constitue un élément déterminant pour diversifier les créneaux du tourisme et les îles Kuriat constituent partout des lieux d’attraction privilégiés en raison de leur environnement. Cet attrait constitue un atout pour l’économie locale qu’il convient de valoriser dans une perspective de développement, sans toutefois négliger les outils juridiques ou matériels de contrôle et de protection face à ce secteur qui constitue également une menace importante pour la conservation.

4.2.1. L'écotourisme et son application aux îles Kuriat

L'écotourisme constitue sans surprise un autre des segments porteurs en relation avec la biodiversité qu'identifient23 J. Bishop et al. ; Le développement de ce segment touristique indique de nombreuses potentialités de développement dans les îles Kuriat bénéficiant d'une importante biodiversité, que ce soit en professionnalisant le management de cette zone ou en profitant de leur proximité pour développer une structure privée d'accueil ou de prestations de services.

Le souci de la qualité environnementale des destinations, peu apparent dans les premières phases du développement touristique, est allé croissant sous la pression des consommateurs très attentifs à la propreté, à la qualité des eaux de baignade ou aux risques pour leur santé. Il ne faut cependant pas surestimer le rôle potentiel des consommateurs dans une meilleure gestion environnementale des stations touristiques24.

Il est nécessaire de mieux connaître cette « qualité de l'environnement» que demande le tourisme si l'on souhaite qu'il devienne un levier de protection efficace. Deux domaines sont particulièrement importants: la propreté et l'hygiène; la qualité des eaux de baignade et l'assainissement

Mais ces potentialités demeurent pour l'heure insuffisamment exploitées dans les îles Kuriat , le tourisme étant, du point de vue des aires sensibles ou des aires marine protégée , mieux connu pour ses nuisances environnementales.

23 Bishop j. et al.,Building biodiversity business :report of a scoping study, working paper,2006,p45 et suivantes 24 PNUE/PAM, “Dossier sur le tourisme et le développement durable en Méditerranée”, Report N°.159

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Mais le modèle touristique dominant en Tunisie est basé sur la concentration aussi bien spatiale les infrastructures touristiques sont situées majoritairement dans la frange littorale, l'arrière pays étant délaissé ce qui mettre en valeur certaines régions, essentiellement celles du littoral oriental, cumulant plus de 95% des lits , dans la mesure où l'affluence touristique présente un fort caractère saisonnier durant la période estivale, ce qui accroît l'impact sur l'environnement et affaiblit sa rentabilité. Les répercussions environnementales sont logiquement très négatives (pollution des eaux, processus d'érosion du sol, dégradation de la flore et de la faune terrestres comme subaquatiques).on peut citer ici que la petite Kuriat accueille en moyenne 180 visiteurs par jour du 15 juin au 30 Août.

En effet, le nombre de visiteurs annuels s’est accru d’environ 5 à 10% ce qui traduit par une augmentation des bénéfices des activités ayant trait du tourisme (transport en bateau, restauration) et ce qui accroît aussi l'impact sur l'environnement et affaiblit sa rentabilité et cette intensité diminue l'attractivité de la destination et fait peser une hypothèque majeure sur le caractère durable de la fréquentation.

 Les différentes activités liées au tourisme dans et à proximité des îles Kuriat

 Exemple d'activité liée au tourisme: La plongée sous-marine

Aujourd'hui, le tourisme de masse tend à se différencier et la recherche de la qualité environnementale est toujours plus forte. Dans ce contexte, le tourisme subaquatique, lié à l'intérêt croissant pour l'environnement marin, la richesse des paysages, de la faune et de la flore, occupe une place importante parmi les segments en croissance de l'écotourisme.

Afin de préserver les sites les plus visités et les plus attractifs, dans les îles Kuriat il apparaît essentiel d'envisager une gestion durable de la plongée pour permettre aux fonds marins de

Le tourisme Baignade Plaisance Promenade Pêche Activité de plongée sous marine Chasse

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conserver leur richesse sans pour autant les rendre systématiquement inaccessibles à l'homme. La promotion d'un « écotourisme subaquatique» où la découverte et le respect de l'environnement marin sont prioritaires, est alors envisageable.

La mise en place d'une gestion intégrée du site peut ainsi limiter les effets négatifs de ces activités. On observe ainsi un intérêt croissant des plongeurs pour les sites protégés en général qui jouent dès lors un rôle important dans la dynamique touristique d'ensemble des régions bordières (Francour et al, 2001).

Quelques études économiques ont indiqué que les sites protégés ont engendré une industrie touristique sous-marine importante (Brown et al. 2002). En outre, quand la plongée est partiellement ou totalement interdite dans la réserve, les clubs locaux s'attribuent et exploitent l'image et le statut des sites protégés pour leur publicité, contribuant de la sorte à l'essor des flux et à la notoriété des sites adjacents.

4.2.2. De l'écotourisme aux choix commerciaux

L'impact touristique de l'action environnementale est d'autant plus perceptible que les évolutions sectorielles accordent une place croissante, voire déterminante à la dimension écologique:

 Le rôle diffus du concept de tourisme durable: la notion de gestion de l'espace littoral y tient une place particulièrement notable;

 L'avènement de l'écotourisme comme segment à part entière est pris en compte par l'ensemble des opérateurs touristiques.

La convergence théorique entre protection de l'environnement et tourisme durable est ici manifeste: mais l'une de ses conditions de réussite réside dans le choix d'un positionnement commercial adéquat. A grands traits, pour maintenir les revenus liés au tourisme en limitant volontairement la fréquentation des sites, il est nécessaire d'accroître soit le revenu brut par visiteur, soit la valeur ajoutée par visiteur. Or, cela n'est possible qu'en sélectionnant une clientèle plus haut de gamme que celle qui fréquentait habituellement en grand nombre les lieux.

Cette démarche sélective et relativement élitiste en terme commerciaux conditionne la compatibilité des démarches environnementale et touristique telle qu'exprimée par le concept de tourisme durable.

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4.2.3. Une illustration par de nouvelles pratiques: whale-watching et pescatourisme

Deux études successives25 ont abordé cette problématique touristique spécifique en définissant les niveaux de pratique actuels et en délimitant les potentiels respectifs de ces activités.

Une courte définition doit permettre de situer les deux activités

Le « whale-watching » consiste à amener les touristes en mer à proximité des cétacés dans leur habitat naturel26 (dans les îles Kuriat existe des centaines des dauphins). Alors qu'elle se pratiquait en Amérique du Nord dès les années 50, cette activité potentiellement lucrative est relativement récente en Méditerranée.

La pluriactivité « pêche tourisme» (également connue sous la terminologie italienne « Pescatourismo ») a trait à l'organisation de sorties touristique dans le cadre de pêches professionnelles. L'offre consiste à embarquer des touristes à bord du bateau de pêche le temps d'une marée pour observer (voire participer) au travail des pêcheurs (calées et relèves des filets, des palangres ou des nasses et démaillage des prises). En certains sites à travers le monde, peuvent s'ajouter à ce concept la vente directe du poisson (l'équivalent de la « vente à la ferme»), une petite restauration à bord (poisson fraîchement pêché), ou encore la découverte des sites et de l'écosystème, en relation par exemple avec le whale-watching.

Cette étude regroupe l'analyse des activités de pêche-tourisme et whale-watching, qui feront ici l'objet d'une analyse commune. Cette analyse permis d'envisager des mesures d'encadrement de l'observation touristique des cétacés dans les îles Kuriat afin d'en exalter les atouts tout en limitant les impacts, l'objectif étant de mobiliser ces pratiques pour contribuer à la résorption du conflit d'usage qui oppose pêcheurs côtiers et dauphins.

En 2007 il existe seulement une agence de voyage à Monastir proposant des observations touristiques de cétacés. Le potentiel de développement du secteur semble néanmoins important, puisque jusqu'à une dizaine de pêcheurs pourraient être concernés par des projets de cette nature, en fonction de l'évolution des conditions juridiques d'accès à l'activité. Une telle croissance du nombre d'intervenants sur le marché nécessiterait « une sérieuse préparation pour limiter les impacts de cette activité et développer ses seuls bénéfices ».

L’obstacle majeur nuit à l'essor de l'activité c’est Les investissements rendus nécessaires sur

25 G. Richez, Aspects socio-économiques de l’observation des grands dauphins sur les rivages des zones d’application

du programme LIFE « LINDA », et MAYOL P et GAMBAIANI D, Whale-watching et Pescatourisme en Corse: Etat des lieux et propositions de gestion, PNRC, Programme LIFE Linda, avril 2007

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26

l'embarcation pour satisfaire les exigences de cette nouvelle clientèle.

4.2.4. La mise en tourisme durable comme objectif global

Selon l'Organisation Mondiale du Tourisme (O.M.T.), « le tourisme durable doit:

 exploiter de façon optimum les ressources de l'environnement qui constituent un élément clé de la mise en valeur touristique, en préservant les processus écologiques essentiels et en aidant à sauvegarder les ressources naturelles et la biodiversité ;

 respecter l'authenticité socioculturelle des communautés d'accueil, conserver leurs atouts culturels bâtis et vivants et leurs valeurs traditionnelles et contribuer à l'entente et à la tolérance interculturelles ;

 assurer une activité économique viable sur le long terme offrant à toutes les parties prenantes des avantages socioéconomiques équitablement répartis, notamment des emplois stables, des possibilités de bénéfices et des services sociaux pour les communautés d'accueil, et contribuant ainsi à la réduction de la pauvreté.

Le développement durable du tourisme requiert la participation, en connaissance de cause, de tous les acteurs concernés, ainsi qu'une forte direction politique pour assurer une large participation et l'existence d'un consensus. Le tourisme durable est le fruit d'efforts permanents et il exige le contrôle constant des effets de cette activité, ce qui suppose l'adoption, chaque fois qu'il y a lieu, des mesures préventives et/ou correctrices nécessaires.

Le tourisme durable devrait aussi satisfaire, au plus haut niveau possible, les touristes, et représenter pour eux une expérience utile en leur faisant prendre davantage conscience des problèmes de durabilité et en encourageant parmi eux les pratiques adaptées. »

Le niveau d'exigence pesant sur l'ensemble des acteurs et des décideurs concernés est donc très élevé et réclame une gestion anticipée et coordonnée du positionnement touristique.

L'analyse du marché fait ressortir la contrepartie de ces exigences sous la forme de nombreuses opportunités justifiées par la prise de conscience récente des acteurs privés sur leur implication dans la détérioration des ressources naturelles

Une étude conduite par l'OMT entre 2002 et 2003 a rapporté, au-delà de cette prise de conscience, la volonté pour la population touristique enquêtée de participer à la valorisation et à la protection du milieu. A titre d'exemple: «45 % [des touristes britanniques] seraient prêt à [payer plus cher] pour soutenir la préservation de l'environnement local et pour limiter les effets négatifs du tourisme sur l'environnement.». Cependant cette démarche découle souvent de la crainte de voir

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27 régresser leur qualité de vie.

Une réflexion commerciale structurée et organisée doit en effet permettre de valoriser ce travail en implantant durablement des activités humaines rentables à proximité des îles Kuriat.

4.3. Des retombées plus larges?

Au-delà des effets directement perceptibles de la protection, qui lient intuitivement les secteurs qui précèdent à l'aire sensible en termes de devenir économique, d'autres retombées plus indirectes peuvent être envisagées.

4.3.1. Un complément du modèle de développement économique

On songe à la mise en valeur d'activités préexistantes respectant les principes du développement durable -certaines aires créent ainsi des labels de qualité pour valoriser les productions réalisées sur leur territoire- tel que la recherche, l'ingénierie environnementale, les énergies renouvelables….et l'une des précautions que les consultants ont souhaité prendre réside dans la reconnaissance du rôle moteur de l'initiative du secteur privé en matière d'innovation économique. A titre d'illustration donc, deux secteurs peuvent être mentionnés:

 .Les Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication (NTIC) : si nous définissons l’espace économique comme étant d’abord un espace physique c’est a dire un territoire et comme étant un espace virtuelle (l’information) ceci entraîne que l’activité touristique appartient à un espace économique physique c'est-à-dire à un territoire et appartient à un espace économique virtuelle c'est-à-dire l’informative et l’île de Kuriat c’est une espace physique et il faut que les touristes soient bien informé sur ce site, l’usage des Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication pour mieux faire connaître la site est un atout majeur pour attirer le tourisme basée sur la nature et qui exploitent de façon optimum les ressources de l'environnement.

 La filière environnementale, au travers par exemple de l'ingénierie environnementale, des stations d'épuration et de l'industrie des énergies renouvelables, constitue un 2e secteur porteur, grâce notamment à une image et un patrimoine naturel marqué, il va de soi que le milieu naturel préservé est un facteur d'image et de savoir-faire important, propice au développement de regroupements thématiques d'entreprises

La proximité des pôles universitaires des îles Kuriat constitue une zone privilégiée en matière de recherche scientifique ce qui recèle de fortes externalités potentielles pour le secteur privé.

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4.4. Une modélisation des retombées

En vertu des analyses préexistantes, l'impact de protection du milieu marin sur leur environnement socioéconomique peut s'analyser à l'aune des diverses filières concernées à divers titres par les dispositifs de protection et de valorisation mis en place, On récapitule ci-dessous la liste des grands effets escomptés à cet égard.

Figure 3 : La dynamique de la protection et ses conséquences socioéconomiques

Source : graphique fait par l’auteur sur la base de la synthèse des documents

En effet, l’exploitation des ressources halieutique rencontre des obstacles matérialisées autour de la diminution des stocks et de la quantité pêchée et de la stagnation de la flotte professionnelle et l’instauration de zones protégées et plus précisément de zones de pêche prohibée pourrait alimenter d’éventuels conflits d’intérêts entre gestionnaires de la protection du milieu marin et pêcheurs professionnels mais l’ « effet réserve » et ses conséquences sur le stock halieutique est souvent présenté comme une solution dans le but de pérenniser les emplois et le revenu des pêcheurs ,au total l’impact halieutique de la protection des îles Kuriat sans doute l’élément socioéconomique le mieux connu et qui ,apparaît favorable.

Et concernant les activités commerciales et touristiques le caractère préservé constitue un atout pour le secteur touristique reconnu par l’ensemble des professionnels et utilisé comme outil de commercialisation. L’opportunité touristique liée à la protection du site paraît manifeste au regard de la forte intensité touristique qui le caractérise. La protection crée donc une valeur ajoutée mais

La Dynamique de la protection La dimension traditionnelle (l’effet réserve) Le développement

d’activités à forte valeur ajoutée (la présence d’activité de recherche

sue le site)

La dimension commerciale et touristique (exploitation sur un

mode différent de celui qui est habituellement employé)

La prohibition des activités

Figure

Figure 1. : Localisation des îles Kuriat
Figure 2 : Coupe à travers la grande Kuriat 4
Tableau 1 : Evolution de la population du Gouvernorat de Monastir  (Unité : Millier)
Tableau 1. : Production de la pêche par type
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