llossier nrineur
et
teehnique
enâppârence,
nrais
idéologiquernent
iourd,
la
questisn ciu
pl"iNfixe
dulivre
en
Belgique
est
un
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d'un
prix fixe du livre en Belgique ?
I
e
l0
aout 2006. les proFessionnclsI
a,
liv'e
françaisoni
pu
Êèrer lesl-uingr-.;nq
,n.
d.
laloi
Lang. Unquart de siècle que le
prix d'un
livre estimposé dans
tout
l'Hexagone.Un
quartde siècle, aussi, que la Belgique lorgne son
voisin direct. Réclamé dès le début des
an-nées 1980 pourtant, soit au moment de
son instauration en France,
un prix
Êxe du livre belge reste de ces projetsinache-vés dont le pays semble avoir le secret. Fixer le
prix
d'un
livre
Un
livre àprix
u fixe u est un livre dontle prix, estimé par l'éditeur, doit être
res-pecté par tous les détaillants : un roman
ou
Llne bande dessinée vendu dans unpoint
de venteA
sera trouvé au mêmeprix dans un
point
de vente B. Unecer-taine
flexibilité
est permise, une remise de 5 o/o(loi
Lang) ou plus pouvant être octroyée au client. Enlimitant
ie rabaisautorisé,
un
système deprix
fixe vise àempêcher les opérations de discount
satt-vage. Son objectif immédiat est donc de
placer tous les commerçants sur un pied d'égalité, sachant
qu'un
libraire utradi-tionncl
,,
doté généralement decondi-tions
moins attractivcs dela part
d'unfournisseur, aura plus de mal à proposer dcs ristournes séduisantes qu'une chaîne
Le
prix
fixe du
livre en Belgique
culturelle ou une grande surface. Les ou-vrages vendus au rabais étant
générale-ment des titres à succès, la
fixation
desprix
entend régulariser 1e marché afinque la vente d'un best-seller puisse
profi-ter à tous les points de vente. Par-delà la
défense de la librairie, le prix fixe entend défendre la création dans sa diversité: si
le livre dorrr le succès n est pas acquis ne
bénéficie plus d'endroits
oii
avoir
le temps d'être découvert et apprécié, alorsles idées et les sryles
finiront
par seraré-fier.
Présewer les livres dits à u rotationlente
r,
c'est
donc
assurer 1'existence d'æuvres nouvelles qui ne s'imposent pasd'elles-mêmes du jour au lendemain. Le prix fixe du livre ne nie pas la dimen-sion économique du livre, mais s'attache
à tenir compte de sa double nature, éco-nomique
et
symbolique. Ses principesrelèvent
en
ce sensdu
paradigme deu I'exception, ou de la u
diversité,
cul-turelle,qui
affirme gue /e liure n'€st pds unprodttit
comn'te /es autres.En
arra-chant ce dernier à
la
qualité de simpleproduit, ce discours ne postule pâs pour
autant que tous Les livres échappent aux
biens de consommation courante : au vu de
la
coexistence de livres substituables(réalisés en réponse à une demande pré-existante) et non substituables (pius
au-dacieux),
il
fait
le pari que la qualitéré-side
du
côté
des
seconds.Soit
unemultiplicité
de livresqui ont
le droit,
sinon le devoir, de partager les tables dela librairie
avecle Monica
Bellucci deRoberto
Frini,
le
DeceptionPoint
deDan Brown ou L'Euangile de Judas, dont
chacun pourra avoir i'envie ou le besoin à
un
moment donné, maisdont
I'exis-tence ne doit pas être dictatoriale.Un a non-parcours D belge
La levendication
d'un prix
txe
du livreen Belgique
voit
lejour
audébut
desannées 1980, à quelques mois de
1'en-trée en vigueur de
la
loi
Lang.
Lesconditions
d'émergenced'un prix
fixene sont pas remplies
pouf
autant.suf
le plan structurel, la Belgique ne bénéfi-cie pas, comme en France, de regroupe-ments d'acteurs significatifs.Au
niveauprofessionnel
tout
d'abord,
alors que1'Association
pour
le prix
unique (APU), fondée par JérômeLindon,
faitentendre sa voix en France depuis mars 7977, c'est le désert en Belgique.
Au
ni-veau
politique,
alors que 1'élection deFrançois
Mitterrand
àla
présidence dela
République enmai
1981 a marquéun
tolunant
dans la politique culturelle de la France, ces changementsn'ont
pasleur équivalent en Belgique. De plus, les actions menées restent limitées au
ni-veau
communautaire,
et non
fécléral,dont
relèvele
prix du
livre. Entre
les professionnelsct
lcspouvoirs
publicsenfin, Ie début
des années1980
neconnaît pas non plus de passerelles ana-logues à ce
qui
sefàit
dès les années 1970 en France, à i'occasion de Iadé-claration
du
2
août
1976 de
Valéry Giscard d'Estaing (uLc livre
n'est pasun
produit
comme les autres,)
ou
dtrsoutien public de François Mitterrand à
I'association de Jérôme Lindon.
Parallèlement
à
ces insullisances in-ternes, la question de la légitirnité euro-péenne de Ialoi
Lang participepleine-ment
des facteursqui ont
favorisé lesreports d'une politique belge clu prix du
Iivre:
instabilité de Ia législationfran-çaise
tout
d'abord, jusqu'en 1985 ;légi-it"'l:!,
:;il'l
i:lll'
30
timité partielle à partir de 1985 ensuite,
la fixation
du
prix
des livres nationauxétant autorisé€ par
un
arrêt dela
Coureuropéenne de Jusrice r acceptarion
pro-gressive de la
fixation
duprix
des livresimportés
enfin,
de 1990 à 2002(com-muniqué
favorable dela
Commissioneuropéenne). Cette longue période
d'in-certitude n'aurait
pas euI'impact
quel'on
sait sansla
relative ouverture du marchééditorial
belge-
le Lentic
es-time ainsi que les éditeurs francophones belgesont
réaIisé 57 %o deleur
chiffred'affaires à l'exportation en 2001,
tan-dis
que7l
o/o des livres achetés sur leterritoire provenaient de l'étranger, ten-dance guère différente à
la
fin
des an-nées 1970. Jusqu'en 1990,la timidité
belge face auprix
ûxe peut donc aussi s'expliquer parla
crainte de mettre enplace
un
systèmequi.
prenant
encompte
lesimportations sur
le
terri-toire,
serait peut-être voué àl'annula-tion.
Mais cette situation délicaten'ex-plique pas
tout
:
les risquespris
par la France, la Belgique peuttout
aussi bienles prendre. D'autant que les éditeurs et
les
libraires sont unanimement
favo-rables à I'instaurationd'un prix
fixe-un
véritable Lrxe auvu
de 1a suite desévénements.
Dar.rs les années 1990 en effet, I'ADEB
fait
preuvecl'un
revirement
des plus inattendus:
le
17
fevrier 1992, lors du dépôt d'une nouvelie proposition de loi, sa réponse est sans appel : la propositionse
montre bien
trop
sévère en matière de rabais autorisé. Se met en place unedivision
invisibie jusqu'alorsparmi
leséditeurs, entrc genres u majeurs
,
(litté-rature,
essai...)et
genres u mineurs,
(bande
dessinée,littérature
enfanti-ne...
).
Les édireurs économiquemenrles plus puissants de
I'ADEB
(aupre-mier rang desquels les éditions Dupuis,
avant
leur
rachat en2004
par Media Participations),qui
jusqu'au début desannées 1990 profitaient
d'un flou
juri
dique laissé
pour
les livres importés enFrance, se voient dorénavant conrraints
de
limiter
le discountà la seule Belgique.Fini le
rabais à l'étranger,I'idée d'un
prix fixe en Belgique apparaît comme la
tn
définitive
d'un
débouchéfort
ren-table.
Au
seindu
secteur dela
bande dessinéelui-même toutefois,
desten-sions voient le
jour,
qui visent àinterro-ger ie médium : un collectif d'auteurs et de dessinateurs se demande ainsi, dans
La
Libre Belgique, sila
bande dessinéen'est pas, elle aussi,
un
livre au sens de(
support privilégié
dela
création 1,.
François Schuiten
et Philippe
Geluck, tous deux auteurs à succès chez Caster-man, se prononceront en faveur du prix fixe, de même que Benoît Peeters,au-teur et conseiller chez le même éditeur,
les
éditions
indépendantesFréon,
ou encore leCLEBD
-
Confédération desLibraires en bande dessinée
Dix
ans plus tard, les plus puissants édi-teurs de bande dessinée passant les unsaprès les autres sous Ie contrôle français,
leur discours se montre plus favorable à un
prix
fixe. Manque de chance pour lelivre,
les obstacles se situent désormaisau
niveau politique
:
après plusieursmois de réflexion autour
d'un
texte duministre socialiste de l'Economie Char-les Picqué, l'idée
d'un prix
txe
du livrese rassied au Sénat
ori
e1le subit lesas-sauts du
MR
et duVI-D.
Nous sommesà la
veille
des élections législatives. La discussion traîne en longueur. Pour seconsacrer à des projets plus importants avant
la
dissolution dela
Chambre, le Premierministre Guy
Verhofstadtin-terrompt le
débat
en promettant
de déclarerle prix fixe du livre
commeu relevant de caducité ), c'est-à-dir€
offi-ciellement reporté à
la
législature sui-vante.Interrogée
le
19 septembre 2003 sur la reprisedu projet
deloi
Picqué,la
mi-nistre
VLD
des Affaires économiques,du Commerce extérieur, de l'Energie et
de
la Politique
scientifique dela
nou-velle législature, Fientje Moerman, s'est néanmoins
dite
surprise:
u Jen'en
ai pas trâce.Et
je constate que la liste des projets deloi
relevés de caducité par legouvernement ne comprend pas ce pro-jet sur le prix unique du livre 2. o
Oubli
administratif
?Report inventé par
les partisansdu prix
fixe ?Ou
façon pro-pre de se débarrasserd'un
dossier em-barrassant ? Lanomination
de FientjeMoerman indique
entout
cas que lesefforts réalisés sous la précédente législa-ture sont réduits à néant.
Demain
A
I'heureori
éditeursct
libraires recon-naissentI'utilité
d'un prix fixc
du livre, maisoii
la vision de la cultr-rre défendue en Belgique continue à s'y opposer, untravail
de reciéfinitiondoit
sans douteêtre mené auprès des pottvoirs publics
pour que les enjeux du
prix
fixe du livre soienr mieux compris. Cet effort de sen-sibilisation est d'autant plus urgent quede nouveaux probièmes,
le
commercenationalement,
rendent
encore
plusmalaisées les conditions d'exercice de la
vente
traditionnelle
de livres. Le con-trôle du prix des livres n'est pas une me-sure suffisanre.ll
n'en
reste pas moins un paramètre essentiel.Le travail le plus pressant consiste à s'en-tendre sur le principe de u diversité cul-turelle
,
visé en premier lieu par le prixfixe du livre. Elle implique
que lesac-teurs les plus
sensiblesaux
aspectséconomiques
du livre
prennent davan-tage conscience des enjeux culturels dudébar.
La
diversiré
ne
tient
pas
aunombre de
titres
publiés. Elle
est del'ordre
des contenus.Or
aucuneéqua-tion,
à cejour,
ne permetd'en
rendrecompte. Aucune statistique,
non
plus,ne permet
d'affirmer
ies résultatspro-bants du
prix
fixe du livre.Un prix
fixedu
livre
serair néanmoinsun
premierpas dans 1'affirmation qu'une politique
du livre
n'est
pâs impossibleen
Bel-gique:
condition insuffisante pour pro-téger le livre, leprix
fixe n'est-il pasau-jourd'hui une condition préalable à tout
regard porté sur la culture en Belgique ?
En vertu de la
loi
du
plus grandnom-bre,
la
dernière
proposition
discutée prér'oyait une remise maximale de 10 %pour
I'ensemble des livres.Il
s'agit 1à d'une compensation pour la bandedes-sinée. Si ce compromis vise à
sauvegar-der le réseau de librairies traditionnelles,
il
n'en illustre
pasmoins,
unefois
deplus, une simpliûcation des principes de
la
loi
Lang auproût
de la seuledimen-sion économique de
la culture. De
cepoint
de vue, les réflexions actuellesre-lèvent encore
d'une
intervenrion ensi-mili,
oi
la
sauvegarded'une
industrie(1'édition
majoritaire
belge)
et
d'un
commerce
(la
librairie
traditionnelle)
l'emporte sur des préoccupations
cultu-relles.
Un
telprix
fixe du livre vaut-il lapeine d'être tenté ? Le développement
durable
doit-il
reposer sur des constâtsquantitatifs (sans souci de ce
qui
sefait
peu) er historiques (par opposition à ce
qui peut se faire) ?
T*goy
Habrand
1.
COLLECTIF
lauteurs/dessinateurs],u Faut-ii un
prix
fixe pour la bandedes-sinée ?
,,
dans La Libre Belgique,24jan-vier 2001.
2.
DUPIAT
(Guy), *Moerman: "Non
au
prix
fixe
du
livre",,
dansLa
LibreBelgique, 19 septembre 2003.
Autour
du prix fixe du livre
Un essaiTanguy HABRAND, le prx fixe du livre en Belgrque, histotre d'un combat,
avant-pro-pos d'Hubert Nyssen, Bruxelles, Les
lm-pressions nouvelles, parution février 2007. L'essai s'attache à identifier les causes de
l'absence d'un prix fixe du livre en
Bel-gique, démarche
qui
prend appui surl'émergence et la mise en place de la loi
Lang. Par-delà l'exemple belge, rl
inter-roge 1a pratique du discount appliqué au
livre et le conflit entre deux visions de la
culture
:
une culture soumise aux règles du marché pour les uns, une culture àprotéger pour les autres.
Un appel à signatures
Un appel à signatures est lancé en vue
d'effectuer un état des lieux : réunir tous
ceux qui se sont prononcés en faveur d'un prrx fixe du livre belge (du roman au
livre scolaire, en passant par l'essai et la
bande dessinée), mais aussi voir émerger
les voix de ceux qui n'auratent pas eu
l'occasion de se manifester jusqu'ici. Les
srqnatures sero'rt rem,ses aux pouvoits publics chargés du dossier à l'occasion de
la Foire du Livre de Bruxelles 2007.
http ://www. p rixf r xed u I i vre. be.
Un débat
La Maison du Livre se transforme pour un
soir en agora où il sera question du livre
et de son prix. Qu'entend-on exactement par < fixer > le prix d'un livre ? Quelles en
sont les objectifs ? Pourquoi n'y a-t-il pas
d'équivalent à la loi Lang en Belgique ?
Le débat, anrmé par Patrick Moens,
ac-cueillera des intervenants favorables et
opposés au projet. Après une brève
pré-sentation de la logique du prix fixe et des
causes de son absence en Belgique, ils
exposeront leurs arguments
et
répon-drort aux qLrest or's du Public.
Jeudi 1 5 |êurier 2007 à 20 heures, La N,4ai'
son du Livre, 24-28, rue de Rome, 1060 Bruxelles. Site . www.lamaisondulivre.be.
31
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