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L'expérience de la grossesse chez des femmes pratiquant un travail corporel (issu principalement de l'eutonie de Gerda Alexander)

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Academic year: 2021

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L’EXPERIENCE DE LA GROSSESSE CHEZ DES FEMMES PRATIQUANT UN TRAVAIL

[ISSU PRINCIPALEMENT DE L’EUTONIE DE GERDA ALEXANDER]

JACINTE SEVIGNY

CORPOREL

MEMOIRE

PRESENTE

POUR L’OBTENTION

DU GRADE DE MAITRE ES ARTS (M.A.)

ECOLE DES GRADUES

UNIVERSITE LAVAL

MARS 19B9

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Cette recherche-action, faite avec deux co-chercheures à leur première grossesse, porte sur leur vécu de femme enceinte. D’une part, l’auteur s’est intéressée aux répercussions générales de cet état dans la vie de deux femmes québécoises. D’autre part, elle a observé l’incidence qu’a eu un travail de conscience corporelle sur le vécu de la grossesse de ces femmes.

Souvent idéalisée, la grossesse apparaît ici avec son double visage de joies et de difficultés. Le travail corporel expérimenté (décrit et présenté dans la recherche) a permis à ces femmes d’utiliser des moyens pour améliorer leur relation à elle-même aux niveaux physique et psychique. Elles y ont trouvé également des ressources pour approfondir la relation avec leur enfant en gestation.

Le lecteur trouvera aussi les commentaires des co-chercheur es concernant l’utilisation et les effets des moyens corporels expéri­ mentés au moment de l’accouchement.

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J’ai plaisir à remercier d’abord mon directeur de thèse, André Paré, pour son amitié, son support, ses encouragements et ses conseils. J’ai grandement apprécié sa confiance et son ouverture d’esprit.

Je remercie également mes deux co-chercheur es pour leur généreuse participation. Le partage d’une partie de leur intimité fut précieux et important.

Je tiens à exprimer ma gratitude à ces personnes dont l’intérêt pour mon travail fut une source inestimable d’encouragements. Parmi celles-ci, je tiens plus parti culièrement à nommer Clermont Olivier et François Côté.

Merci aussi à ceux et celles qui m’ont entourée pendant tout le temps qu’a duré ma recherche.

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A ces mères:

Micheline. Arline. Joanne, Réjeanne. Diane, Louise. Sandra, Marie-Paule, Mona, Louisette, Camille ... et à ces enfants oui ont séjourné et grandi en elles. Elles m’ont émue et touchée, avec elles j’ai appris au-delà des mots.

(5)

Page

INTRODUCTION... 2

L’origine de cet intérêt... 2

CHAPITRE I 1. L’ objet de I ’ étude... •... 4

2. A. Le contexte socio-culturel... 5

B. Petite histoire des pratiques d’accouchement actuel. B 3. La nature du travail corporel proposé aux femmes enceintes (présentation générale)... 9

CHAPITRE II: METHODOLOGIE 1. Présentation... ... 16

2. Le cadre de mon expérimentation... 17

3. L’organi sati on des rencontr es. . . ... 17

4. Les critères de participation... 18

5. Les exigences de participation... 18

6. Mes attitudes en tant que chercheure... 19

7. Mon intervention... 19

8. La cueillette des données... 20

9. Présentation de mes co-chercheures... 21

10. Moi en tant que chercheure... 22

11. Description des sessions de travail corporel... 23

11.1 Notes sur le contact... 2B 11.2 Notes sur la femme et l’attente... 29

11.3 Notes sur la respiration... 32

11.4 Notes sur la douleur... 35

11.5 Notes sur le prolongement... 40

11.6 Notes sur le mouvement léger... 41

11.7 Notes sur le tonus... ... 41

11.8 Notes sur la répétition du mouvement et sur la concentrati on... 45

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Page CHAPITRE III

Présentation des données... 57

1er vécu: Ar i ane... 5B 1. Le vécu global de la grossesse... 58

2. Son expérience du travail corporel... 62

3. Le vécu de l’accouchement... 70

2ième vécu: Carmen... 73

1. Le vécu global de la grossesse... 73

2. Son expérience du travail corporel... 75

3. Le vécu de l’accouchement... 87

Résumé des points communs du vécu des deux co-chercheur es... 92

CHAPITRE IV Analvse des données... 93

Le cheminement d’Ariane 1. Les implications de sa grossesse dans sa vie personnelle. 93 1.1 Relation à elle-meme... 94

1.2 Relation à son travail... 97

1.3 Relation à son corps... 97

1.4 Relation à son conjoint... 98

1.5 Relation à son bébé... 98

1.6 Relation au monde extérieur... 100

2. Les effets, les prolongements et les répercussions des expériences vécues lors des ateliers dans son cheminement de grossesse... 100

2.1 Travail corporel (généralités)... 101

2.2 Détente... 101

2.3 Contact avec l’enfant... 102

2.4 Le toucher... 103 2.5 Le repoussé... 103 2.6 Le prolongement... 104 2.7 La marche... 104 2.8 Positions d’accouchement... 105 2.9 Le son... 105

2.10 Expression d’une insécurité intérieure et le rapport au corps... 106

2.10.1 Exemple d’une relation entre le corps phy­ sique et le monde émotionnel... 106

(7)

Page Le cheminement de Carmen

1. Les implications de sa grossesse dans sa vie personnelle. 107

1.1 Relation à elle-même... 107

1.2 Relation à son travail... 108

1.3 Relation à son corps... 108

1.4 Relation à son conjoint... 109

1.5 Relation à son bébé... 111

1.6 Relation au monde extérieur... 113

2. Les effets, les prolongements et les répercussions des expériences vécues lors des ateliers dans son cheminement de grossesse... 113

2.1 Travail corporel (généralités)... 113

2.2 Détente... 115

2.3 Contact avec l’enfant... 116

2.4 Le repoussé... 116

2.5 Le prolongement... 117

2.6 La marche... 118

2.7 Positions d’accouchement... 11B 2.8 Le son... 119

Rappel des thèmes... 120

CONCLUSION... 127

Analyse critique de mon intervention... 129

BIBLIOGRAPHIE... 131

ANNEXE I: Où je place la subjectivité dans ma recherche... 136

ANNEXE II: Participation requise des co-chercheur es au projet de recherche... 139

ANNEXE III: Lexique de la terminologie utilisée... 141

ANNEXE IV: Résumé-synthèse de l’expérience de mes co-chercheures... 149

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ceux qu’elle touche; joyeusement par paires. elle les envoie s’accoupler.

La belle déesse bénit le ventre des -femmes, le protège lorsqu’il se gon-fle de vie, et soulage, au moment de la naissance, les douleurs dont l’amour est la cause... A travers les saisons, les années et les époques, les pouvoirs d’Aphrodite restent inviolables. car c’est la gardienne des mystères de l’union d’amour dont dépend toute vie".

(La renaissance d’Aphrodite, traduit par Paris, Binette, Boréal Express, Montréal, 1905, p. 30-39, in Charlene Soretnak Host Goddeness o-f Early Breece, Moon Books, 197B).

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PRATIQUANT UN TRAVAIL CORPOREL

[ISSU PRINCIPALEMENT DE L’EUTONIE DE GERDA ALEXANDER]

INTRODUCTION

Ma recherche s’intéresse particulièrement à ce moment unique et privilégié dans la vie d’une femme lorsque, pendant un temps prévu de 9 mois, elle porte un être en formation. Pendant ce temps, des transfor­ mations physiologiques importantes ont lieu qui ont des répercussions sur sa vie psychique. Son rapport au monde change, teinté de cette expérience intime sur laquelle elle ne peut avoir de contrôle absolu. Moment important autant pour la femme que pour l’être qu’elle porte.

L’origine de cet intérêt

C’est en côtoyant la femme enceinte et en travaillant corporelle­ ment avec elle, suite à un travail personnel intense de trois années à l’Ecole suisse d’eutonie Gerda Alexander, que je me suis rapprochée du mystère de la maternité. Ma quête personnelle me fit m’interroger sur ce moment de gestation. J’ai eu l’intuition d’un lien possible à faire entre le contexte dans lequel la mère vit sa grossesse et l’état d’être, ainsi que le rapport au monde de son enfant une fois qu’il est né.

Une amie, mère de 2 enfants, confirma à sa manière mon intuition. Elle me raconta comment ses 2 grossesses furent différentes et comment également ses 2 filles sont si différentes. Elle fit des liens entre une première grossesse vécue dans un climat de sécurité et le caractère plein d’assurance de sa fille. Elle a vécu sa deuxième grossesse à une époque plus difficile de sa vie en observant par la suite plus d’insé­

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curité chez cet enfant dans son rapport au monde. La littérature consultée par la suite vint confirmer l’influence de la vie psychique de la mère pendant sa grossesse sur l’état d’être de son enfant après la naissance (This, 1980; Dolto, 1977; Verny, 1981; Rostand, 1966). De la même façon que certains médicaments pris par la mère durant la gestation auront des répercussions sur le bébé.

Cela colora ma pratique qui propose à la femme un lieu d’échange et d’expérimentation de moyens affinant la conscience de son corps et la relation qu’elle peut entretenir avec son enfant. Il s’agit de moyens pour l’aider à être un lieu de sécurité paisible et rassurant pour l’enfant qu’elle porte et pour elle-même, des moyens visant à la mettre en contact avec ses ressources personnelles.

Dans le premier chapitre, je préciserai l’objet de mon étude et je présenterai le contexte socio-culturel dans lequel il s’insère. Par la suite, je décrirai la nature du travail corporel proposé en atelier aux futures mères.

Dans le deuxième chapitre, j’entre dans le détail de l’expérimen­ tation et de la méthodologie utilisée qui demande la participation des femmes enceintes en tant que co-chercheures.

A partir du compte rendu de leur expérience (3* chapitre), je ferai dans le quatrième chapitre l’analyse des données recueillies dans leur journal personnel suite à leur vécu des ateliers.

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1. L’objet de l’étude

Ma recherche tente d’identiiier ce que les manifestations du corps de la femme enceinte, avec toutes les transformations corporelles et psychiques que cela suppose, lui disent et lui révèlent par rapport à sa vie personnelle. Et ce, à partir d’une expérience de conscience corporelle privilégiant l’eutonie qui stimule ce rapport d’intimité et de rencontre avec la vie à l’intérieur d’elle-même à tous les niveaux (sensations, émotions, pensées, intuitions).

De façon plus spécifique, plus restreinte et réaliste, c’est d’abord une introduction pratique aux différents principes de travail de l’eutonie que je propose à la femme enceinte, compte tenu de son état et de ses besoins exprimés ou perçus subjectivement. Suite à ces expériences, je lui demande de tenir un journal qui rend compte de son vécu des expériences pratiques et des échanges verbaux qu’elle vit dans les ateliers et des prolongements de cette expérience dans sa vie de femme enceinte. De quelle manière utilise-t-elle les expériences vécues dans le cours et quelles sont les répercussions de celles-ci sur sa vie pendant la grossesse?

Dans ce contexte, je cherche à rejoindre la nature de l’expérience de la femme enceinte.

Mon étude s’inscrit dans un contexte socio-culturel que je tente maintenant de préciser.

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2A. Le contexte socio-culturel1

Pour en savoir plus, consultez l’excellent ouvrage Accoucher autrement. sous la direction de Francine Saillant et Michel O’Neill, 19B7.

Dans notre culture nous avons été éloigné et tenu à l’écart de tout ce qui concerne la naissance ou la mort, comme si ces manifesta­ tions de passage à la vie ou à trépas devaient être tenues cachées et secrètes.

Est-ce de la pudeur, de la honte, de l’ignorance, de l’incapacité à comprendre, à expliquer et à vivre ces moments forts de notre exis­ tence que sont la naissance et la mort? Ces moments demandent une capacité de 1âcher-prise, une confiance en des forces qui demeurent en dehors de notre contrôle absolu et qui nous mettent pourtant en contact avec la part de mystère contenu dans notre vie. Dans notre société occidentale, industrialisée, sur-médicalisée (Illich, 1975) l’esprit de l’homme en est venu à considérer le corps comme un objet, une mécani­ que, s’éloignant par là de la vie et des sentiments qui l’habitent. L’augmentation importante du nombre de césariennes n’étant possiblement qu’une manifestation de notre rapport au corps devenu objet. Mais la grossesse est plus qu’un utérus en déploiement. Ce moment implique l’affectivité, la participation de la mère dans l’acceptation du processus en cours à l’intérieur d’elle-même. C’est une expérience de communication avec la vie en formation, l’accord de la volonté à la sagesse du corps.

Chaque être humain a commencé par sortir du ventre de la femme et toutes les femmes de la terre sont liées par cette possibilité de mettre des enfants au monde. Notre capacité de participer et de collaborer à cette part d’inconnu de notre nature est d’autant plus obscurcie et inhibée lorsque la science intervient en régissant et en contrôlant le processus de la naissance (Illich, 1975). La mère possède pourtant un instinct comme chaque animal de la planète. Mais dépossédée d’elle-même, elle abandonne son corps et son enfant aux

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spécialistes plutôt que d’accompagner la nature en étant en contact avec son instinct, son intuition, ses perceptions, ses émotions sources de connaissances -fondamentales.

Accompagner la nature, la comprendre, savoir y participer et non pas la surpasser, c’est ce à quoi nous invite la menace de destruction pesant sur notre monde aujourd’hui. Dn ne peut défier indéfiniment la nature en jouant avec l’énergie atomique par exemple. Il ne s’agit pas de redevenir primitif mais d’être en contact avec la part instinctive de notre existence sans laquelle l’intelligence ne peut véritablement se développer. Ce mouvement est déjà amorcé, entre autres, par les luttes des femmes autour de la maternité commencées vers les années 1960-1970 (Colloque sur l’humanisation des soins en périnatalité "Accoucher ou se faire accoucher", I960) et l’émergence des techniques visant la démédicalisation et la réappropriation du corps. Ces techni­ ques sont à la fois une invitation à faire un travail sur soi et une réponse à la difficulté d’existence des mouvements collectifs.

Le temps où la majorité des femmes au Québec s’abandonnaient à leur nature de reproductrice en mettant au monde plusieurs enfants est révolu. Leur rôle de femmes porteuses, encouragé par la religion, créait un contexte dont elles ne pouvaient se libérer que difficile­ ment. Plusieurs facteurs, dont l’efficacité des moyens de contracep­ tion, entre autres, ont fait que progressivement le nombre d’enfants a diminué. On se trouve même à un moment où il n’y a que 1,4 enfant par couple (Statistique Canada, 1986). En très peu d’années, suite au «baby boom» de l’après guerre (Congrès de l’ACFAS, 1986), la société québécoise a connu une diminution de sa reproduction. Le contexte social et économique s’étant modifié, le rapport à l’enfant a lui aussi connu des changements. Plusieurs femmes choisissent maintenant de n’avoir qu’un enfant ou deux, ce qui modifie de façon radicale le modèle d’organisation familiale. Et ces enfants sont souvent désirés, attendus, espérés et planifiés.

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Certaines femmes ont le désir de donner le meilleur d’elle-même dans des conditions pas toujours faciles où la plupart du temps elles doivent combiner plusieurs rôles dont celui de femme, de mère, de travailleuse, dans un contexte où par surcroît les liens dans le couple sont souvent fragiles.

Comme elles ne vivront pas de grossesses à répétition et qu’elles ont accès à maintes informations et ressources, elles ont la possibi­ lité de devenir encore plus attentives, plus présentes et plus cons­ cientes de ce qui se passe en elles.

C’est dans cette perspective, et ce, même si on ne peut l’établir hors de tout doute, que pour une première grossesse la femme peut être aux prises avec des peurs, des inquiétudes et des malaises reliées pos­

siblement à sa propre gestation et naissance (This, 197B). La même chose peut se produire pour le père (This, 1980). Tout cela combiné avec l’inquiétude devant l’inconnu. De plus, plusieurs jeunes femmes se retrouvent seules sans le support familial existant dans notre société traditionnelle. Nous vivons également dans un contexte social où la part d’anxiété, d’angoisse et de stress est souvent plus grande que la possibilité de se détendre et de vivre plus paisiblement. Un déséquilibre se crée, affectant possiblement l’enfant en développement.

Pearce (1982) dans L’enfant magique dit que

"Si par exemple le corps de la mère secrète de l’adrénaline en abondance au cours de la grossesse, conséquence d’une angoisse chronique, d’un mauvais traitement ou de la crainte, l’enfant dans l’utérus partage automatiquement ces hormones de stress qui pénètrent le placenta. Le bébé se trouve emprison­ né dans une angoisse incontrôlable, une espèce de stress corporel permanent. Prisonnier de cette tension, l’enfant dans l’utérus ne peut se dévelop­ per intellectuellement ou établir le lien avec la mère en prévision de la naissance", (p. 41)

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De là l’importance de la mère comme matrice assurant la sécurité -fondamentale essentielle au développement.

Dans cette optique, notre recherche s’intéresse à la pratique avec la femme enceinte d’un travail corporel privilégiant les principes de l’eutonie Gerda Alexander (1976). Cette pratique a comme objectif de proposer des moyens à la mère pendant sa grossesse pour l’aider à être un lieu de sécurité paisible et rassurant pour l’enfant et pour elle- même. Cette pratique se fait dans le respect de ce que vit la mère et dans le respect de l’enfant possédant déjà son individualité dans son sein.

Avant de décrire sommairement la nature du travail corporel expérimenté, je tiens à faire un bref historique des pratiques d’ac­ couchement actuel pour ainsi mieux saisir la façon dont peu à peu les femmes ont été dépossédées d’elles-mêmes.

2B. Petite histoire des pratiques d’accouchement actuel

C’est vers les années 1920 qu’au Québec, les femmes urbaines ont commencé à aller dans les hôpitaux pour y accoucher en sécurité et avec des risques réduits pour elles et leur enfant. Cet état de chose concerne encore la majorité des accouchements d’aujourd’hui. Le processus de médicalisation de la naissance s’est imposé au début des années 1950. "On refusait, de façon absolue, le risque de mortalité infantile associé à l’accouchement et l’on tentait d’éliminer la douleur" (Paradis, 1987, p. 28).

En 1970 débute au Québec un mouvement pour l’accouchement à domicile qui constitue une réaction au contexte hospitalier déshumani­ sé, interventionniste et exagérément préventif. Les médecins étant d’ailleurs formés plus pour les accouchements à risques que pour l’accouchement normal (Paradis, 1987). C’est la peur, le risque et le danger qui soutiennent la pratique de l’obstétrique de façon générale (Association pour la santé publique du Québec, 1981). Cela ne fait que

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renforcer l’inquiétude de la mère, ne lui facilitant pas le travail. L’empressement du médecin à utiliser ses habilités techniques l’aide à calmer sa propre anxiété et son inquiétude. Mais l’angoisse engendrée par le contact avec la technique médicale favorise la dépendance et la perte d’autonomie (Illich, 1975).

Dans les années 1970, la méthode Leboyer, axée sur la relation affective avec l’enfant naissant accueilli et entouré avec chaleur, in­ fluence la pratique obstétrique. De plus, il y a aussi l’expérience menée à la maternité de Pithiviers en France par le Dr Michel Odent. Celui-ci revendique pour la femme la possibilité, entre autres, de laisser son corps choisir la position lors des contractions et de l’accouchement. Cela entraîne ici en 1980, sous la pression des mères et des couples, l’ouverture de chambres de naissance dans certains hôpitaux (Paradis, 1987).

Graduellement, nous pouvons espérer l’amélioration du contexte entourant la naissance. Il importe de sauvegarder le caractère humain et individualisé en refusant la suprématie de l’intervention. Notre société est riche maintenant d’un savoir et d’un savoir-faire dus aux progrès de l’obstétrique assurant la protection de la mère et de l’enfant. Il importe désormais de laisser vivre toute la dimension affective. Cette dimension aide le couple et l’enfant à vivre un accouchement dans un climat de sécurité favorisant la diminution de l’anxiété, en contact également avec le caractère sacré entourant la naissance.

3. La nature du travail corporel proposé aux femmes enceintes (pré­ sentation générale)2

Voir le lexique de la terminologie employée mis en annexe III. Les mots mis en caractère gras réfèrent au “jargon eutonique” et se retrouvent dans le lexique.

L’eutonie est une approche corporelle développée empiriquement par Gerda Alexander il y a une cinquantaine d’années. Cette approche

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se situe dans le courant de pensée des tentatives visant à réconcilier le corps et l’esprit. L’eutonie contribue et participe au développe­ ment et à l’éveil de la conscience, éveil qui s’avère fondamental pour

i

notre évolution et notre survie. Gerda Alexander écrit d’ailleurs: "L’eutonie propose une recherche, adaptée au monde occidental, pour aider l’homme de notre temps à atteindre une conscience approfondie de sa propre réalité corporelle et spirituelle dans une véritable unité"

(1977, p. 21).

Le mût eutonie vient du grec EU qui veut dire bien, harmonie, juste, et TONDS pour tonus, tension. "L’eutonie est un état qui con­ siste à avoir toutes les parties de son corps à un degré de "tension" musculaire optimale en rapport avec l’action que le sujet se propose de faire, tout en étant capable d’observer l’action en cours" (Digelman, 1971, p. 67).

Le but poursuivi par cette démarche vise à l’équilibre du tonus afin que le corps s’adapte à toutes les situations à vivre ... il ne s’agit pas d’atteindre un état déterminé mais de retrouver une flexibilité tonique. Le tonus est la tension vitale de base présente dans tout l’organisme. (Brieghel-Mul1er, 1972).

La pratique de l’eutonie participe à un cheminement de croissance personnelle en mettant l’accent sur le développement de la conscience corporelle ayant des répercussions au niveau psychique. C’est une tentative pour être au plus près de sa réalité personnelle.

Dans ce travail, la personne se met à l’écoute d’elle-même dans des situations d’immobilité, de détente (décontraction et tonification musculaire - stimulation) et de mouvement. Elle cherche le mouvement organique ou eutonique. La personne est amenée à s’intéresser au réveil de la sensibilité de sa peau par le toucher conscient. Elle explore le contact avec son espace intérieur (muscles, organes, os) et le monde extérieur. Elle utilise consciemment les mouvements de prolongement et de force résistante (repousser) (à partir de la

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conscience de la structure osseuse) pour rendre conscient le réflexe de redressement.

Par une attention fine portée au corps, elle cherche une normali­ sation, une régularisation et une égalisation du tonus pour retrouver une sensation d’unité physique et psychique favorisant ainsi l’adapta­ tion la plus harmonieuse possible aux différentes circonstances de la vi e.

Cette démarche se fait à partir de l’observation consciente de ses sensations corporelles afin d’établir un contact intime avec ce qu’est la personne et ce qui vit à l’intérieur d’elle. Une présence à elle- même, à l’espace intérieur du corps, permet de développer sa capacité de réceptivité et par là, favorise une meilleure perception de l’autre. En étant attentive à ce qu’elle sent et ressent, en laissant circuler l’énergie en elle, cela peut favoriser ce processus chez l’autre, enrichissant dès lors la communication entre les deux personnes.

L’ensemble du travail est basé sur la disponibilité de l’être, prérequis nécessaire et essentiel pour l’acquisition véritable de toute connaissance. Dans ce sens, l’important n’est pas de sentir une sensation ou une autre, mais de laisser émerger la sensation réelle de façon à être au plus près de sa réalité corporelle individuelle. Le corps, dans une situation donnée, peut s’ajuster à ce dont il a besoin dans le moment. Ainsi, lors d’un exercice, quelqu’un pourra avoir une sensation de lourdeur tandis qu’un autre sentira de la légèreté, et ce, dépendamment de son état tonique de base (Gerda Alexander, 1977).

Une des façons utilisées pour éveiller l’univers des sensations est le développement de notre sens du toucher. La peau devient le seul véhicule pour cet éveil. La peau est le plus grand organe de notre organisme qui, pour de multiples raisons, entre autres par une stimulation inadéquate dans la prime enfance, est devenu insensible. Organe de protection mais aussi de communication, c’est par elle et avec nos autres sens (vue, ouïe, odorat, goût) que l’on entre en

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contact avec le monde extérieur et que l’on peut avoir des informations sur ce monde "... redonner vie à celui de nos sens qui tient une place si importante dans l’élaboration des premiers rapports au monde du petit de l’homme?" (Alexander, 1977, p. 94). (Pour plus de détails, voir les travaux d’Ashley Montagu, 1971).

Par la peau la personne touche un objet ou un être vivant, elle est aussi touchée et une relation s’établit. Le travail sur la peau lui permet de devenir sensible à ce qu’elle sent et ressent du monde extérieur en éveillant également sa propre sensibilité.

Dans un toucher calme et rassurant, réceptif et ouvert, la person­ ne active (en l’occurence le conjoint du l’intervenante) permet à l’autre (la femme enceinte) d’être confirmée dans son existence. Les résistances musculaires empêchent en effet l’émergence de la sensation corporelle. Ces résistances peuvent s’atténuer graduellement et laisser s’installer un sentiment de sécurité. Un contact affectif peut s’établir avec l’autre personne (contact nécessaire à la relation véritable, créatrice et non menaçante) (Veldman, 1986).

Je réfère maintenant plus précisément aux travaux de Frans Veldman (19B6) qui parle de science de l’affectivité (haptonomie). Cet auteur rejoint les travaux de Zaslow et Breger dans leur étude sur l’autisme rapportée par Pearce dans L’enfant magique (1982). Zaslow et Breger mettent l’accent sur les quatre fondements de la liaison: l’étreinte accompagnée d’un pétrissage du corps de l’enfant contre soi, le contact oculaire prolongé et stable, le sourire et les sons apaisants (p. B5). Ces fondements présentés comme base pour le développement de l’indi­ vidu.

Par ce toucher-contact, accompagné de la voix, la femme enceinte peut entrer en relation avec son bébé. Elle se prolonge avec sa conscience (dans le désir de communiquer avec son enfant) à partir de ses mains posées sur son ventre, vers l’intérieur de l’utérus, rejoi­ gnant ainsi son bébé dans sa totalité. Le bébé se déplace à l’appel

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"amoureux" de la mère et déjà une communication, un lien affectif réel s’établit. De la même manière le père entre aussi en contact avec son enfant. "... un enfant peut repousser, faire le contact et même décharger déjà dans sa vie intra-utérine au même titre qu’il peut "voir" et entendre comme d’autres études l’ont déjà démontré" (Pourtier, 1980, p. 19).

Je me permets de mettre ici l’accent sur l’importance de dévelop­ per la qualité de son toucher qui devient un toucher sensible, récep­ tif, respectueux de l’autre l’aidant à être là avec ce qu’il vit dans le moment présent, le confirmant dans son existence. Cette relation de confiance d’ouverture et d’abandon est la plupart du temps remplacée par un mode de relation défensif, agressant ou fugitif. Quand l’un de ces modes n’est pas privilégié, on retrouve l’ambivalence immobilisant le comportement et créant des dystonies végétatives (cf. aux travaux de Laborit, 1976).

L’expérience de la détente procurée par une relation non menaçante rend le corps disponible à un travail sur la posture (tenue).

Le plus souvent la femme enceinte, avec le poids qui augmente, aura son ventre projeté vers l’avant avec une accentuation de la lordose lombaire et cervicale. Elle se tiendra les pieds écartés tournés vers l’extérieur avec les genoux en hyperextension et le haut du corps penché vers l’arrière... s’ajustant ainsi le mieux possible à la présence de l’enfant. Cette posture risque d’entraîner de la fatigue, des maux de dos, des problèmes de nerf sciatique, des crampes, des troubles de la circulation, des tensions musculaires et des dif­ ficultés respiratoires... (Pourtier, 1980).

Le travail sur la posture dans la pédagogie de Gerda Alexander n’implique pas un redressement volontaire entraînant un blocage du bassin et de la respiration. La personne tente plutôt de stimuler le réflexe de redressement (repoussé) présent à la naissance, tonifiant et renforçant ainsi la musculature profonde nécessaire à la statique

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(muscles érecteurs de la colonne) et libérant la musculature dvnamiaue superficielle (Gerda Alexander. 1977).

Dans cette posture (impliauant l’alignement de la structure osseuse et -favorisant un maintien économique) le corps reste mobile, la •femme se laisse porter par la terre (-force résistante du sol) et l’enfant reprend sa place dans l’anneau pelvien où il se trouve véritablement porté et non plus projeté à l’extérieur du centre de gravi té.

Le repoussé des pieds dans la position debout combiné au prolonge­ ment du sommet de la tête vers le pla-fond (contact dans l’espace) peut procure- une sensation de légèreté avec, comme résultat, un ventre moins proéminent et un sentiment de sécurité et de -force intérieure. J’aimerais mentionner tout de même Que la posture est intimement liée aux conflits ressentis lors de la grossesse (peur . joie - désir . refus) (Pourtier, 1980. Veldman. 1986). Etant donné aue les aspects physiques sont indissociables des aspects psychologiques.

Certains groupes de muscles, particulièrement sollicités à cause de la grossesse, seront plus concernés par le travail de conscience, de détente et de tonification. Notamment la musculature entourant les os du bassin (psoas-iliaque, carré des lombes, ischion-coccygiens ...). La libération du diaphragme et de la respiration se réalisera d’une part à l’aide d’étirements et du baîllement et d’autre part en travail­ lant la suppression des blocages du tonus dans le périnée, le diaphrag­ me, les intercostaux. les épaules, les mains, les pieds ... (Gerda Alexander. 1971).

Enfin, ën libérant des tensions. la femme conséquence la respiration qui se normalise.

libère par voie de

Tout ce travail sur l’espace intérieur du corps ( peau. musc 1 e. organes, os ) pour tendre vers un corps souple. aidé en cela par les effets du changement hormonal qui rendent les articulations de la femme enceinte plus flexibles. La femme cherche à ne plus être en lutte avec

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elle-même mais à participer à ce qui se passe physiologiquement en se préparant à laisser passer l’enfant.

Ce travail propose des moyens à la femme enceinte, moyens qu’elle apprivoise pour pouvoir les utiliser consciemment en fonction de ses besoi ns.

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METHODOLOGIE

1. Pr ésentat i on

Le type de méthodologie utilisée (qualitative) s’est imposé de lui-même de par la nature même du travail que je propose aux femmes enceintes. Le travail sur le corps implique tous les niveaux de l’être: le sensoriel, l’émotionnel, l’intellectuel et le spirituel (Eerda Boyesen, 1985). Chaque individu suit son propre chemin de développement et de croissance. Nous sommes donc dans un univers où il n’y a pas de normes ni de règles fixes. Notre intérêt se situe plus dans la recherche de la différence et l’originalité de chaque être humain vivant quelque chose d’unique.

La recherche qualitative ou expérientiel1 e est essentiellement l’étude de l’expérience plutôt que du comportement, c’est-à-dire de tout ce qui réfère au ressenti, au senti, au monde subjectif3 tel qu’il est vécu consciemment. L’accent est mis sur la découverte plutôt que sur la preuve (Laferrière, 1987). L’intérêt va vers la compréhension des personnes et le sens de leur comportement plutôt que sur l’explica­ tion des causes du comportement.

Voir l’annexe 1 en ce qui concerne la subjectivité.

La recherche qualitative est basée sur des données significatives et authentiques. L’authenticité par définition est ce qui agit par sa propre autorité. Ainsi mes co-chercheures me révèlent ce qu’elles vivent, choisissant ce qu’elles veulent me dire. Elles ne chercheront donc pas à me dire ce qui "ferait bien" mais plutôt à être le plus proche possible de leur expérience traduite par l’écriture. En tant que chercheure, j’ai à faire confiance à la connaissance que mes co- chercheures ont d’elles-mêmes. Je m’intéresse à leur réalité inté­ rieure. Leur réalité intérieure réfère aux significations qu’elles

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attachent à des situations et à des événements, la représentation qu’elles se -font de certains objets, la description qu’elles ■font de leur expérience vécue.

C’est à partir d’une description soignée et méthodique de ce qui est perçu dans l’expérience vécue, que je tente d’identifier et d’élu­ cider la signification essentielle. Je cherche la manifestation de l’essentiel gardant tous les éléments significatifs en relation avec l’objet de l’étude (Bachelor, 1986).

2. Le cadre de mon expérimentation

Depuis l’automne 1986, j’offre la possibilité à des femmes encein­ tes de vivre avec moi un travail corporel. Pendant l’hiver l’objet de ma recherche se précisa et je continuai à travailler avec les femmes enceintes, attentive à ce qu’elles me confiaient de leur vécu. Je me mettais le plus passible dans la peau de 1’exp1 orateur parti en pays inconnu. il n’était pas question de contrôler un phénomène mais de le laisser se déployer dans toutes ses dimensions. C’est au printemps que je demandai à deux femmes enceintes de participer en tant que co- chercheures. Toutes deux acceptèrent avec plaisir.

La participation restreinte à deux femmes enceintes en tant que co-chercheures à mon projet de recherche expérientiel1 e s’explique par le fait que ma démarche vise essentiellement à saisir et à comprendre la nature de l’expérience vécue par ces femmes et non pas à vérifier, démontrer ou prouver une hypothèse qui, dans ce dernier cas, aurait demandé un échantillonnage plus grand de participantes. Ce travail se veut plutôt exploratoire et descriptif sans désir de contrôler.

3. L’organisation des rencontres

Les ateliers d’expérimentation se déroulèrent sur 12 semaines. Les rencontres avaient lieu une fois par semaine à raison de 2 heures à 2'4 heures par rencontre. Dans ces rencontres, une partie était

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consacrée à l’échange verbal. Les thèmes abordés étaient -fonction du ressenti du moment pour laisser le plus de place possible à ce qui les habitait prioritairement. L’autre partie était une expérimentation corporelle pratique que je leur proposais.

4. Les critères de participation

Comme l’instrument de cueillette d’information choisi est la tenue d’un journal, les sujets devaient d’une part avoir la motivation nécessaire pour tenir un journal et, d’autre part avoir une certaine facilité à parler de leur vécu. En effet, c’est à partir des informa­ tions qu’elles partagent avec moi que je peux analyser leur expérience.

5. Les exigences de participation

Pour participer au projet, les co-chercheures devaient d’abord s’engager À être présentes aux ateliers prévus. Elles devaient égale­ ment écrire le plus tôt possible après chaque atelier, en faisant part aussi bien de la description de leur expérience que d’une réflexion sur leur expérience. Je leur proposai cette formule par écrit en leur suggérant d’inclure aussi leurs ambivalences, leurs certitudes et leurs contradictions, en étant présentes aux sensations corporelles, aux émo­ tions, aux pensées, aux intuitions, aux rêves et aux images qui pou­ vaient surgir. Elles pouvaient également inclure dans leur journal, et ce pour ne pas perdre de vue l’expérience complète de leur grossesse, leur réflexion et leur vécu sur leur expérience de grossesse avant le début des ateliers. Elles avaient également la possibilité d’écrire leurs réflexions sur le vécu des ateliers après avoir laissé "reposer"

quelque temps les expérimentations que je leur proposais.

C’est donc au premier atelier que je leur remis une présentation du projet (annexe II).

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6. Mes attitudes en tant que chercheure

D’abord j’assurai, par écrit, mes co-chercheures de la confiden­ tialité du partage de leur expérience. Je veillais également à avoir une écoute attentive et respectueuse de leur vécu. Je les informais qu’il n’y avait pas quelque chose à réussir mais des expérimentations à explorer. La difficulté même d’entrer dans le travail pratique proposé était quelque chose à accueillir et à constater.

J’essayais de mettre l’accent sur la différence du vécu de chacune, il n’y avait pas de règles ou de normes strictes de conduite à suivre: le vécu étant plutôt le révélateur de la personnalité unique de chacune et l’occasion de se découvrir.

Je m’intéressais prioritairement à l’expérience de grossesse mais, en même temps que mes co-chercheures, la préoccupation de l’accouche­ ment était présente, étant donné qu’elles étaient toutes les deux dans leur dernier trimestre de grossesse. J’avais la conviction qu’il n’y a pas de grossesse ni d’accouchement réussi ou échoué. Il y a une ex­ périence favorisant une meilleure connaissance de soi. Cette connais­ sance implique la découverte du sens de son expérience. Bien sûr, je suis personnellement en faveur de tout ce qui permet à la femme de vivre grossesse et accouchement avec le plus d’autonomie possible mais dans le respect également des choix qu’elle fait, tenant compte de sa réalité individuelle. Ensemble il s’agissait de ‘'cultiver" notre flexibilité et notre disponibilité face à l’imprévisible du déroulement de la grossesse et de l’accouchement.

7. Mon intervention

Mon intervention est faite de propositions et non d’obligations dans le respect de ce que chacune ressent dans son corps. Je cherche à donner le temps de vivre et de sentir son corps, de se laisser vivre.

Idéalement, en même temps que je propose le travail, je le fais également pour moi. C’est un mouvement constant de l’intérieur vers

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l’extérieur. J’apprivoise la réalité de mes co-chercheur es et ce qu’elle suscite en moi. Je fais confiance à leur sagesse. Elles savent ce qui est bon pour elles.

8. La cueillette des données

a. Pour la présentation des données

Dans un premier temps, la lecture de leur journal m’a amenée à faire un travail de différenciation. Du fait de les avoir côtoyées, j’avais une connaissance et une perception de leur expérience. Ma connaissance était fondée sur des bribes d’informations communiquées lors des ateliers et que j’avais notées. Le contact avec les journaux a confirmé ou infirmé ma perception de leur expérience en même temps que j’ai eu accès à de nouvelles informations.

Après cette première étape de différenciation, je me suis immersée dans l’expérience de chacune en lisant et relisant leur journal. A partir de ce moment, c’était toujours la perception que mes co- chercheures avaient de leur expérience que j’ai privilégiée. Et c’est pourquoi, autant dans la présentation des données que dans l’analyse, je recours aux données écrites de mes co-chercheures.

Ce contact avec mes données a duré trois mois. Ce fut un temps d’incubation. J’ai regroupé toutes les informations redondantes et j’ai gardé essentiellement les informations concernant l’expression de leur vécu. J’ai écarté toute description d’exercice et toute informa­ tion trop personnelle (ex: quand elle nomme quelqu’un). J’en suis venue à distinguer, dans les données de mes co-chercheures, quatre principales catégories: tout d’abord la description des sensations physiques, ensuite le ressenti émotionnel, la réflexion ou la spécula­ tion intellectuelle et les intuitions.

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chercheures. Etant donné l’objet de ma recherche, je n’ai pas trouvé approprié de présenter mes données selon ces quatre catégories.

J’ai, par la suite, fait le tri entre les données traitant de leur vie personnelle et celles concernant l’expérience du travail corporel. Déjà des thèmes émergeaient. Fondamentalement, j’ai tenté de rendre compte de l’intimité qu’elles ont communiquée dans leur journal. C’est pourquoi j’ai choisi de présenter mes données sous la forme d’un texte suivi dans lequel apparaît l’expérience globale de la grossesse in­ cluant le travail corporel.

Une présentation linéaire en rapport direct avec les ateliers aurait pu avoir un certain intérêt pour le lecteur. Mais la vision globale de l’expérience aurait été perdue. Surtout que l’expérience vécue en atelier ne trouvait pas nécessairement une résonance tout de suite auprès de mes co-chercheures. D’autre part, une de mes co- chercheures avait déjà suivi des ateliers avec moi au début de sa grossesse. Certains éléments se recoupaient donc dans le temps dans son journal. Une présentation linéaire devenait pour moi une solution i nappropri ée.

b. Pour l’analyse des données

Le résumé-synthèse de l’expérience de mes co-chercheur es (annexe IV) a été une étape importante avant l’analyse des données. Ce résumé a permis de préciser des thèmes pour l’analyse. J’ai été à ce moment encore plus sélective face aux données. J’ai gardé essentiellement, cette fois-ci, les données se rapportant de très près à la grossesse.

9. Présentation de mes co-chercheur es

Toutes deux en sont à leur première expérience de grossesse et d’accouchement. Pour les besoins de mon étude et dans le respect de la confidentialité, je changerai le prénom de mes co-chercheures pour les pr ésenter.

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Ariane avait déjà suivi des ateliers avec moi au début de sa grossesse. Elle accepta avec plaisir de continuer sa recherche en participant à la mienne. Elle était donc familière avec le contenu de mon travail. Parallèlement ou conjointement, elle suivit des cours prénataux, se fit suivre par une sage-femme et un médecin, et utilisa plusieurs ressources telles que l’homéopathie, l’acupuncture, l’os­ téopathie. Elle diminua sensiblement ses acticités professionnelles. Elle vit dans un contexte de facilité matérielle et sa vie de couple est ce que l’on peut qualifier de stable. Elle a déjà amorcé un travail de développement personnel.

Carmen quant à elle suivait mes ateliers pour la 1ère fois. Tout comme l’autre co-chercheure, elle avait cessé ses activités profession­ nelles et jouissait, elle aussi, d’une vie de couple stable. Elle a participé à des cours prénataux et était suivie par un médecin.

10. Moi en tant que chercheure

Quant à moi, je n’ai pas vécu l’expérience de la maternité mais j’ai vécu une exploration intense du travail corporel auquel je les invitais à participer. J’ai fait une réflexion sur ce que m’a apporté et m’apporte encore ce travail. Je me sentais proche en tant que mère potentielle de l’univers de ces femmes enceintes qui m’ont permis par leurs échanges de m’en rapprocher davantage. Etant impliquée person­ nellement dans un processus de "croissance personnelle", j’ai vécu leur grossesse comme pouvant être similaire à un processus de "grossesse psychique". Cette grossesse psychique implique un temps de maturation, se faisant le plus souvent à l’ombre, à l’abri de la lumière de la conscience (comme l’enfant dans l’utérus). Elle implique un temps nécessaire de croissance pour mener à terme une nouvelle perception de soi, une réflexion... une attitude nouvelle, une prise de conscience.

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11. Description des sessions de travail corporel4-8

Dans cette partie, je suis consciente que le lecteur va être confronté à la difficulté de saisir toute la réalité des expériences proposées. Je tiens pourtant à décrire ce travail pour que le lecteur se fasse une idée globale de la nature de celui-ci. Si certaines subtilités sont difficiles à comprendre c’est que ce travail demeure essentiellement expérientiel.

Lors de LA PREMIERE RENCONTRE, je fais une brève présentation de la nature du travail corporel proposé (cf. au 1er chapitre, nature du travail corporel proposé). Déjà, j’indique que l’accent va être mis sur la différence du vécu de chacune et non sur la conformité. Cette différence s’inscrit profondément en chacune et va déjà s’exprimer par des sensations diverses, même si nous sommes là à partager le même espace-temps.

Par le fait même, ce que je propose peut plus ou moins convenir dépendamment de leur manière d’être. Les moyens proposés ne sont que ce qu’ils sont, c’est-à-dire des moyens pour entrer en relation avec elles-mêmes. Ces moyens ne sont donc pas une fin en soi, mais des outils à expérimenter.

Ces moyens existent déjà inconsciemment en chacun de nous, il s’agit d’en devenir conscient pour les raffiner et les utiliser selon les besoins du moment. Tout le travail à deux que nous explorerons est fait dans l’optique où il pourra être vécu également avec le conjoint.

Les exercices d’eutonie sont inspirés du travail que j’ai fait en eutonie en Europe et au Québec. Je tiens également à mentionner le travail de collaboration vécu avec les élèves de l’Ecole suisse d’eutonie Gerda Alexander au moment où j’y étais de 19B3 à 1986. Voir le lexique de la terminologie employée mis en annexe III. Les mots mis en caractère gras réfèrent au "jargon eutonique" et se retrouvent dans le lexique.

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Il n’y a pas non plus d’attitude précise à avoir, ni de manière de penser exclusive, ni de sentiment à "cultiver". Je les invite à être au plus proche de ce qui peut les habiter dans toute leur complexité et leurs ambivalences. Il n’y a pas d’échec ou de réussite aussi bien dans le travail que je leur propose que dans l’accouchement à venir, mais la possibilité d’être au plus proche de leur réalité et la pos­ sibilité de croître et d’affiner la compréhension qu’elles ont d’elles- mêmes et de la vie. Ce qui n’empêche pas d’idéaliser la grossesse et l’accouchement tout en se préparant par contre à toute éventualité.

L’univers physique et psychique est un tout complexe et inter­ relié. Porter sa complexité est un peu comme porter le mystère de l’enfant qui se développe dans le sein. Il implique beaucoup d’humi­ lité dans l’attention bienveillante que l’on se donne pour comprendre ce qui se passe à l’intérieur de soi. Je dis ceci pour préciser un peu mieux l’optique qui sous-tend le travail corporel proposé. Evidemment, je propose à mes co-chercheur es de se vivre plus détendues en même temps que proches de leur réalité. Cette réalité physique et psychique comporte la reconnaissance de régions corporelles ou "d’espaces psychi­ ques" encore peu intégrés à leur personnalité. L’intégration de leur réalité et les changements éventuels ne peuvent se -faire dans le meilleur des cas que graduellement, en même temps que la compréhension qu’elles peuvent avoir d’elles-mêmes. La rencontre avec soi-même est semblable au voyage que l’on entreprend. Rien n’est fixé d’avance, des changements peuvent toujours survenir en cours de route.

Mes deux co-chercheures sont en route vers une même finalité, celle de mettre un enfant au monde. Ce but les habite, elles s’y préparent.

Je partage avec elles l’expérience des amérindiennes qui s’en­ tourent lors de l’accouchement de personnes qu’elles aiment. Ainsi, si un accouchement est très long, on demande à la femme amérindienne s’il y a quelqu’un qu’elle aime qui n’y est pas, ou au contraire quelqu’un

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est peut-être là avec lequel elle ne sent pas d’affinité (Cournoyer, 1986). Je les invite ainsi à se préoccuper de leur entourage autant pendant la grossesse que lors de l’accouchement. Auprès de personnes choisies respectueuses de leur vécu, elles peuvent trouver le support et l’aide nécessaire dans ces moments impliquant beaucoup d’intimité et de solitude où elles auront à puiser à même leurs ressources personnel­

les. Cette situation pourra éventuellement adoucir la rencontre avec la technologie médicale, lors d’un accouchement à l’hôpital.

J’invite les femmes à regarder des photos d’embryon de grandeur réelle pour qu’elles puissent ainsi être plus près de l’espace qu’oc­ cupe l’enfant dans leur ventre. Cela me permet de mettre l’accent sur une parti cularité du travail que je privilégie, le rapport au réel. 11 ne s’agit pas de visualiser l’enfant, mais d’être avec lui dans l’espace du ventre avec toutes ses sensations, son amour, afin que l’expérience relationnelle avec l’enfant soit le plus possible "incar­ née". Lorsque la chair vibre, quand l’expérience s’y inscrit, l’esprit devient vivant, l’esprit se matérialise en s’unissant au corps... "afin que la conscience du corps devienne le corps de la conscience" (Bailly, dans Gerda Boyesen, 1985, p. III). L’enfant se développe dans l’utérus, c’est sa maison. C’est une maison qui varie de tension dépendamment des circonstances. Une maman détendue, confiante et rassurée, aura un utérus relâché dans lequel l’enfant aura plus d’es­ pace pour bouger. Au travers d’un espace flexible, le contact avec l’enfant se fera plus aisément (Veldman, 1986).

C’est tout d’abord en observant les manifestations de plusieurs dimensions de leur être, que ce soit un état émotionnel, des pensées ou des images intérieures, que je leur propose d’observer leurs sensa­ tions corporelles. Il ne s’agit pas de faire taire tout ce rapport à

soi-même, mais d’accueillir sans s’accrocher... C’est une disponibilité au présent et à ce qui surgit dans l’instant et la possibilité de voir un état se transformer.

C’est dans l’acceptation d’un état (mental, physique, émotion­ nel...) qu’une transformation peut avoir lieu. Un travail sur le corps permet une relation intime avec cette dynamique intérieure. Ce que l’on retient, ce que l’on considère comme négatif et que l’on

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réprime, on le retient aussi avec les muscles de notre corps et on empêche ainsi l’énergie de circuler. (Elizabeth Kubler-Ross (1985) dans ses travaux sur la mort, identifie cinq attitudes dans un proces­ sus de changement: dénégation, révolte (colère), marchandage, soumis­ sion (dépression) et acceptation).

"Réprimer la rage et la colère (Arès, guerre), c’est aussi refouler le tendresse et le rire d’Aphrodite,

dieu de la désir, la déesse de l’amour. La bio-énergie nous apprend que les mêmes complexes musculaires régissent le rire et l’or­ gasme, la colère et l’amour." (Paris, 1985, p. 149) .

"La sagesse, toutes les grandes traditions eudémi- ques nous l’enseignent, c’est la capacité d’accep­ ter ce qui ne peut pas être changé (l’inévitable) et de changer ce qui peut l’être" (Blondin, 1983, p. 312).

Après un travail de détente où je les invite à observer ce qu’elles sentent de leur surface d’appui du corps en relation avec le sol, elles observent de nouveau la densité de leur ventre... Dans ce travail elles observent, par exemple, comment elles sentent la relation de la tête avec la surface d’appui et, à partir de cette surface, je les invite à observer si elles peuvent laisser aller le poids, laisser s’étaler la tête...

Ce travail très simple permet de réaliser comment, en amenant la conscience en divers lieux du corps, il y a une transformation qui s’établit peu à peu dans la perception de son corps. Ce travail peut amener un relâchement de la musculature. La femme peut avoir alors la sensation de plus d’appuis du corps sur le sol. Des sensations de volume, de longueur, de largeur et de température peuvent se manifes­ ter .

Les encadrés contiennent la description plus ou moins détaillée des exercices réalisés. Des explications concernant les effets possibles de ces exercices suivent parfois. Des notes sont ajoutées pour détailler un peu plus certains concepts.

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De par le •fait même qu’elle soit "habitée", la femme enceinte est incitée à une relation déjà plus intime avec son corps qui l’appelle.

Pour vivre le passage de la détente à une autre partie du travail, je les incite à se glisser, à s’étirer contre le sol et surtout à être à l’écoute, de sentir ce que leur corps a envie de faire.

Je les invite ainsi à avoir un autre rapport avec leur corps qui n’est plus: j’utilise mon corps pour faire telle ou telle chose "corps- objet" (mental) mais il devient "corps-expression" (viscéral)... Qu’est-ce que je sens que mon corps a envie d’exprimer? (Boyesen, 1985). Je laisse mon corps parler.

Je leur fais ensuite expérimenter le contact avec un objet. Dans ce travail il s’agit d’amener son attention au point de toucher du corps avec un objet (exemple: la main sur une balle de tennis) et de prolonger sa conscience vers lui.

Ce travail peut susciter des sensations de chaleur, de picotements, de légèreté, de volume...

Après avoir établi le contact avec l’objet, j’invite la femme enceinte à se prolonger avec sa conscience à partir de sa main posée sur un côté de son ventre. Par la conscience, elle contacte l’espace de l’utérus, dans le respect de son bébé qui a déjà son individuali­ té. Elle va vers son enfant, elle l’entoure dans sa totalité, elle se manifeste et elle le laisse se manifester.

Le bébé peut répondre en faisant un mouvement vers la main qui 1'appelle.

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Pour terminer, je leur propose d’expérimenter la position accroupie.

Une position fondamentale chez la femme primitive qui détend et tonifie naturellement le périnée, ce dernier devant être souple pour laisser passer l’enfant sans difficulté (Paciornik, 1982).

11.1 Notes sur le contact

Le contact tel que défini par Gerda Alexander (1977) est une capacité innée. Développer et renforcer cette capacité implique que dans ce mouvement d’aller vers, l’autre ou vers l’objet, je puisse également cultiver mon individualité en restant en relation avec ma dynamique personnelle.

Le contact entre la mère et l’enfant

Qui possède l’autre? La maman ou le bébé... Peut-elle accueillir l’originalité de cette vie? Peut-elle être en relation sans l’envahir du être envahie? Cette dynamique est complexe, subtile et mystérieuse. Elle tend vers la complicité de la rencontre.

"Les troubles du contact peuvent consister soit en un défaut d’être vers l’enfant ou de l’être trop, ou dans l’autre sens, il peut y avoir un refus d’accepter l’enfant ou au contraire un accapare­ ment. L’équilibre ne peut être trouvé que dans celui entre la possession et le respect de l’objet"

(Digelman, 1971, p. 41).

propre de la sans par effet que le

qu’elle se fasse

Il n’y a pas quelque chose à faire arrive, seulement quelque chose à ne refuser d’agir sur l’autre, s’abstenir s’affranchir de toute tentative

termes positifs, il faudrait relation ai 11eurs "Il semble en intime soit être voulue, pour qu’elle pas faire: de la manoeuvrer,

de domination. En termes positifs,

affirmer que la relation intime se produit selon la règle de la stimulation infime,

infime quand s’installent un attente, puis un rien à faire de l’ordinaire, juste l’air

Il y a stimulation silence, puis une ou à vouloir, juste du temps. Si quelque

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chose doit se produire, cela va se produire. Les corps vont s’animer, les sentiments vont poindre, des courants vont passer, des grands pans de peau vont se détendre, chacun va retrouver son souffle, se mettre au repos comme s’il était seul..."

(Pelletier 19B7, p. 120).

Et il me plaît d’ajouter, chacun s’unit à l’essentiel, à la vie en mouvement à l’intérieur de lui.

11.2 Notes sur la femme et l’attente

Dans l’attente, la femme enceinte est directement confrontée à la patience, à la tolérance devant l’inconnu et l’imprévisible, à l’aban­ don face à l’incertitude du dénouement de sa grossesse. Sa grossesse l’invite à un lâcher-prise incroyable face à l’enfant se développant en elle. Cette expérience corporelle et psychique unique peut la mettre en relation directe avec la sagesse même de l’être. La femme enceinte est pétrie intimement de son expérience au plus profond d’elle, dans sa chair.

Porter un enfant c’est être en relation avec une qualité primor­ diale de la psyché féminine, l’attente. Attendre que les circonstances soient mûres avant d’agir, que l’enfant soit formé avant la mise au monde (inspiré de Paula Klimek, analyste jungienne, 1987),

Lors de la DEUXIEME RENCONTRE, je propose un travail d’observation de la respiration.

J’invite mes co-chercheur es à observer où se situe le diaphragme et à répérer son mouvement lors de l’inspiration et de l’expiration.

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Connaître et comprendre le mouvement du diaphragme c’est saisir de l’intérieur le grand rôle qu’il joue lors de l’expulsion de l’enfant. C’est comprendre aussi la technique respiratoire sur laquelle on insiste dans les cours prénataux et qu’elles auront la liberté d’utiliser si tel est leur désir.

Dans la position allongée, je les invite à sentir les ailes du nez en s’aidant de l’air qui passe pour repérer l’intérieur des narines. Elles identifient comment elles sentent chacune des narines. Elles suivent le passage de l’air et les sensations dans 1’arrière-gorge.

Les consignes existent pour aider la conscience à être en l’en­ droit nommé. Elles peuvent sentir ou ne pas sentir, l’important c’est d’accueillir ce qui se passe et même d’accueillir l’absence de sensa­ tion.

Elles laissent s’ouvrir légèrement la mâchoire. Le passage de l’air à l’expiration aidera à observer les lèvres, l’intérieur des genci­ ves, les dents, le palais supérieur, l’étalement de la langue dans la bouche, l’espace sous la langue et le fond de la gorge. Elles amènent ensuite leur conscience vers la trachée située sdus le sternum, qui se divise pour aller dans chacun des poumons. On s’in­ téresse à l’espace occupé par le poumon droit... le poumon gauche et au mouvement de toute la cage thoracique que l’on peut éventuellement sentir jusqu’aux épaules. Elles amènent leur conscience au diaphrag­ me s’abaissant à l’inspiration et provoquant le gonflement du ventre.

Ce mouvement berce naturellement leur petit bébé.

L’influence de la respiration peut se faire sentir jusqu’aux organes génitaux.

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La main déposée sur leur pubis, elles observent si elles laissent passer le mouvement de la respiration jusque-là. Je complète ce travail en leur proposant de laisser se -faire la respiration comme une vague. A-t-elle une influence dans les bras, les jambes et la tête?

Je les invite à faire une recherche pour découvrir le rapport entre le mouvement de leur tête et de leur bassin à l’inspiration et à l’expiration. Pour observer le plus naturellement possible, elles se servent du rire, de la toux ou de l’éternuement qui sont des manifes­ tations physiques spontanées impliquant habituellement un mouvement dans tout le corps.

Je leur propose de faire le son "0”, très grave en sentant le son qui part du bas ventre. La production de ce son incluant une bascule du bassin a, comme conséquence possible, une influence dans la nuque.

La production de son grave influence également l’état intérieur et peut être un outil de travail. Elles observent comment leur bébé réagit à ce son (This, 1977).

Pour que mes co-chercheures saisissent un peu mieux la correspondance entre le mouvement du bassin et de la nuque, je leur prends les pieds et soulève leurs jambes. En tirant les jambes, il y aura un mouve­ ment de bascule du bassin se répercutant jusqu’à la nuque. Ensuite je repousserai les jambes vers elles, ce qui amènera le mouvement i nverse.

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Ce mouvement influence également la respiration.

11.3 Notes sur la respiration

La respiration se -Fait indépendamment de notre volonté et peut également être soumise au contrôle volontaire sans être libre pour autant. Dans cette optique, Gerda Alexander mentionne que c’est en libérant le corps de ses tensions chroniques que la respiration se libère par voie de conséquence.

Dans les situations difficiles, physiques et émotionnelles, le réflexe du corps sera d’arrêter de respirer pour contrôler la situa­ tion. Mais en inhibant ainsi ce mouvement naturel on empêche également

l’apport d’oxygène dans le sang et tout l’organisme en souffre et notamment le bébé.

La respiration haletante que l’on propose aux femmes dans les cours prénataux qui est une respiration haute et courte permet de contrôler le mouvement du diaphragme pressant moins l’utérus pendant les contractions. D’une part, la femme sentira moins de douleur mais d’autre part ce type de respiration peut installer un état d’hyper­ ventilation et de panique. Les femmes qui peuvent entrer dans la douleur de la contraction, sans inhiber complètement la respiration, vont permettre à leur bébé d’être bien oxygéné dans cette situation de stress. Gémir, crier, geindre, chanter... sont d’autres moyens que la femme a à sa disposition pour garder le contact avec elle-même et son enfant. Mais culturellement on a aussi appris à inhiber ces manifesta­ tions expressives et 1ibératrices.

La_r esfnr a t i.on _et _son _i_nf l_uenc e_sur _l_e_cor gs

Il est possible de sentir un mouvement dans tout le corps pendant la respiration car elle implique le mouvement des os de la cage thora­ cique se répercutant nécessairement dans toute la structure osseuse, s’il n’y a pas de tension musculaire qui empêche le mouvement de se

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■faire dans l’ensemble du corps. C’est une situation possible mais une petite peur, une tension, un conflit intérieur... provoqueront une

tension musculaire immobilisant alors une partie du corps.

Llînf l_uence_du_son

La production de son et l’écoute de musique ont beaucoup d’in­ fluence sur le corps... le même son ou la même musique n’aura pas la même influence sur chacun. Je les invite à être attentive à cela pour

elle et pour leur bébé (Verny, 1982, Granier-Deffene et Busnel, 1981).

Des observations empiriques fort intéressantes démontrent que les sons graves rejoignent l’espace du bassin et tout le bas du corps. Les sons aigus stimuleront plus le haut du corps (idem pour le bébé)

(Marie-Louise Aucher, 1979).

Lors de la TROISIEME RENCONTRE, je propose à mes co-chercheures de regarder des photos et dessins du bassin. La structure osseuse du bassin forme un berceau naturel protecteur où se développe leur bébé. Je les invite à se laisser imbiber de la forme de l’ilion, de l’ischion et du pubis. On regarde également le mouvement de nutation et de contre-nutation que le sacrum fera lors de la descente du bébé et lors de sa sortie. En comprenant aussi que ce mouvement du sacrum et la légère distension au niveau de la symphise pubienne auront une consé­ quence sur la musculature qui s’attache au sacrum et à l’ischion, pouvant ainsi participer à la sensation de douleur présente lors de 1’accouchement.

Pour mieux saisir le mouvement d’hélice que l’on retrouve dans les os du bassin, je leur propose d’explorer un mouvement de torsion, qui est bénéfique également pour le diaphragme.

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Cette position est la 9ième position de contrôle proposée par Gerda Alexander. Elle contrôle les muscles du thorax et des épaules et participe à l’étirement de la colonne vertébrale. Cette position est bénéfique pour la colonne étant donné l’accentuation du poids au niveau du ventre. Elle agrandit également le répertoire des mouvements d’étirement souvent restreint à quelques mouvements.

Après des étirements plus globaux, elles retrouvent une position confortable pour passer à l’étape de répérer les os du bassin en se servant d’une balle qu’elles roulent sur les surfaces dures (os) du bassin. Assises, sur un petit banc de bois, elles repèrent plus précisément un ischion. (L’ischion est la partie osseuse qui nous supporte et que l’on perçoit facilement lorsque l’on est assis sur une surface dure).

Le travail sur l’ischion où s’attache la musculature profonde impliquée dans le passage de l’enfant, favorise le relâchement de cette musculature. En relâchant la musculature, toute la région pelvienne se trouve mieux irriguée et favorise aussi une meilleure circulation dans les jambes. On travaille un ischion à la fois en s’assoyant sur le petit banc, sur une seule fesse à la fois.

En travaillant l’ischion, elles entrent en contact avec des zones douloureuses. Elles apprivoisent la douleur en se concentrant sur un point douloureux. Elles tentent d’établir le contact avec le banc, à partir de ce point. Si la douleur diminue, elles trouvent un autre point de tension, si elle augmente, elles changent légèrement la position pour trouver un endroit où c’est possible d’amener leur attention, d’établir le contact avec la surface d’appui et de sentir la douleur diminuer ou disparaître.

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11.4 Notes sur la douleur

Quand la douleur augmente et qu’elle devient insupportable, un relâchement musculaire ne peut se réaliser. Dans la douleur excessive, la réponse du corps sera de se tendre davantage pour ne pas sentir. La respiration coupée sera aussi un indice d’une douleur trop grande à affronter pour le moment (Brieghel-Nul 1er, 1979).

Par ce travail je leur propose d’observer les effets du contact vers l’extérieur qui a comme conséquence de "libérer" la tension. "... ne pas fuir ce qui leur semble douleur. Mais au contraire l’affronter, l’accepter. Seule manière de se libérer de la peur et de la souffrance qu’elle engendre" (Leboyer, 197B, p. 12).

Après avoir travaillé un ischion, elles s’allongent pour constater de l’intérieur les effets de ce travail sur l’ensemble de leur corps.

Les conséquences peuvent se répercuter dans tout le côté et la jambe. Une observation intéressante sera de constater comment on sent l’air qui pénètre dans la narine du côté de l’ischion travaillé. On observe ici, qu’en travaillant attentivement un point particulier du corps, il y a des répercussions dans le reste du corps et notamment dans l’espace de la mâchoire lié directement au bassin. Une gorge et une mâchoire détendues aident à ouvrir l’espace du bassin (Pourtier, 1980, Zenner, 1986). Ce travail permet de l’observer dans la sensation physi que.

Après avoir fait l’autre côté, elles se retrouvent assises sur les deux ischions. Dans cette position, je les invite à rouler d’avant en arrière sur les "pieds des fesses" ou berceau (ischions) en laissant aller le poids. La même chose sera réalisée en déplaçant le poids d’un ischion à l’autre, sans utiliser la musculature. Ensuite elles établissent le contact des ischions avec le banc pour le repoussé.

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Pour mieux saisir ce mouvement de repoussé, elles -Font un travail à deux dans lequel l’une repousse, avec l’ischion, le doigt de l’autre. Dans un premier temps, en ayant la musculature détendue, la cons­ cience s’installe dans l’ischion pour aller vers le doigt qui sert de surface résistante. Une fois ce contact établi, elle accentue activement le poids contre le doigt.

Ce travail demande attention et concentration et c’est une façon de bien saisir la poussée du bébé lors de l’expulsion en allant dans le sens du sacrum, cette fois-ci. Ce travail bien compris et réalisé, libère la musculature du périnée, favorise une meilleure circulation et aide à saisir les principes du redressement tels que proposés par Gerda Alexander.

De retour dans la position assise sur le banc, je leur propose de bouger le bassin d’avant en arrière pour trouver l’endroit où elles se sentent en équilibre sur les ischions, ce lieu où il n’y a pas d’effort à faire pour se tenir assis.

Mes mains, posées sur le ventre et les lombaires, visent à leur permettre d’être présentes aussi bien à l’avant qu’à l’arrière et de libérer cet espace. Je les invite à laisser faire le mouvement de la respiration jusque dans mes mains, cela favorise l’établissement du contact. J’observe également comment elles utilisent le haut de leur corps, apportant de légères corrections extérieures n’ayant leur raison d’être que si elles sont senties de l’intérieur. Les corrections permettent d’entrer en contact avec une nouvelle sensation corporelle.

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Dans la continuité du travail sur le bassin, elles repèrent l’ar­ ticulation de la hanche en bougeant la jambe en légère rotation interne et externe. Ce mouvement se -fait dans la conscience du -fémur qui bouge en laissant la musculature, entourant la cuisse, la plus détendue possible. La suite de ce travail se fait allongée au sol,

les jambes allongées avec un appui des talons au mur en trouvant l’angle corps-jambes le plus confortable. Elles roulent ensuite un talon de façon à venir trouver l’appui sur le centre de celui-ci. Elles tiennent un moment la jambe dans cette position en relâchant tout ce qui est inutile pour tenir la position, et au moment désiré, elles laissent le pied revenir dans sa position naturelle. Elles refont ce travail à quelques reprises en observant le relâchement des muscles et leur participation dans ce mouvement très simple. Après avoir fait l’autre jambe, elles observent l’influence ressentie dans le corps et plus parti culièrement dans la région lombaire.

Ce travail du passage de l’activité à la passivité influence entre autres le psoas iliaque, un muscle très important pour la statique.

Le travail se termine en laissant glisser les deux plantes de pied au mur. En se servant de l’appui des deux pieds, elles se repoussent du mur pour se retrouver allongées dans le plaisir de sentir le glisse­ ment des pieds contre le mur et du corps contre le sol.

A la QUATRIEME RENCONTRE,

elles réveillent d’abord la sensibilité de leur peau en se servant du mur pour s’y frotter et s’y glisser. Elles terminent en touchant avec les mains les régions du corps plus difficilement accessibles.

Références

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