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Conrad Gessner, Mithridate-Mithridates (1555), éd. B. Colombat, M. Peters

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anne grondeux

Conrad Gessner, Mithridate-Mithridates (1555), édité par Bernard Colombat et manfred Peters, Genève, droz, 2009 (travaux d’Humanisme et Renaissance, 452), 407 p.

Savant suisse du xvie siècle (1516-1565), Conrad Gessner a effectué ses années de

formation à Zurich, Bâle, Strasbourg, Paris, montpellier, a acquis le grade de docteur en médecine, et été en contact avec les milieux érudits de son époque. L’introduction détaillée de l’édition de son Mithridate retrace sa biographie (1), puis propose un bilan de ses travaux linguistiques (2), avant de présenter plus en détails l’œuvre éditée et traduite (3-8), à l’origine un petit in-octavo de 159 pages qui offre une énumération des peuples et des langues. il s’agit en fait de notes de lecture qui avaient été compilées pour rédiger deux monuments, l’Histoire des animaux et l’Histoire des plantes, jamais publiée en entier du fait de la mort prématurée de son auteur, qui a succombé à la peste en 1565.

dans son ordonnancement, le Mithridate suit un ordre alphabétique strict dans l’ex-position des articles. il se présente comme une compilation presque impersonnelle, très neutre dans le ton, même si l’on voit bien que certains points intéressent le savant plus que d’autres, tels la Gallica lingua (p. 142-163) et la Germanica lingua (p. 165-201). au-delà de cet horizon européen traditionnel, Conrad Gessner s’inscrit dans le contexte géopolitique de son époque, en insérant dans son répertoire les langues nouvellement découvertes, dans la perspective d’une évangélisation de tous les peuples de la terre, fondée sur le fait que toutes les langues peuvent s’écrire, et appuyée sur le développe-ment de l’imprimerie. Le choix du titre, en référence à mithridate, roi polyglotte du Pont-euxin et grand adversaire de Rome, se situe dans une dénonciation contemporaine du centralisme linguistique de l’église catholique. L’intérêt pour les langues du nouveau monde n’empêche pas la survie de conceptions médiévales, l’hébreu restant ainsi la mère de toutes les langues, tandis que l’on retrouve aussi les soixante-douze langues origi-nelles qui donnent lieu à des variations dialectales.

Concernant les sources, l’antiquité apparaît à première vue prédominante par le nombre de citations. mais une analyse extrêmement serrée de leurs longueurs compa-rées montre qu’en réalité c’est à ses contemporains humanistes que Gessner emprunte le plus volontiers (aventinus, münster, Postel, Beatus Rhenanus, miechowita, Pirckheymer, althamer, Glareanus, aeneas Sylvius, Herberstein), le moyen Âge occupant quant à lui une place réduite, avec eustathe, marco Polo, Suidas, Bède, eginhard, Saxo gramma-ticus, Witichindus.

Une note complémentaire concerne la seconde édition du Mithridate, donnée en 1620 par Conrad Waser, orientaliste suisse de langue allemande et professeur de théologie à Zurich. Cette seconde édition, moins connue que la première, a remanié la présentation de l’œuvre et ajouté un certain nombre d’ajouts, concernant tout particulièrement les langues orientales.

outre l’édition critique du Mithridate accompagnée d’une traduction française, le volume offre des notes abondantes présentant les éclaircissements indispensables à la lecture d’un texte qui se révèle parfois difficile, ainsi que d’abondants indices : index des termes désignant les langues, index des noms de lieux, index des noms de peuples, index des sources et auteurs cités, index enfin des textes et termes donnés en échantillons. Une des particularités du Mithridate est en effet de proposer des extraits, qui peuvent aller d’un mot à des textes très longs, tels que les célèbres vingt-sept versions du Notre Père.

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chroniques et comptes rendus 363

elles font d’ailleurs l’objet, dans l’introduction, de développements complémentaires, par Jean-Patrick Guillaume pour l’arabe, par Sophie Kessler-mesguich pour l’hébreu, par Cyril de Pins pour l’islandais.

anne Grondeux CnRS-HtL

Cédric Giraud, Per verba magistri. Anselme de Laon et son école au xiie siècle,

turn-hout, Brepols, 2010 (Bibliothèque d’histoire culturelle du moyen Âge, 8), 631 p. Une introduction historiographico-méthodologique rappelle le status quaestionis et esquisse la méthode complexe à mettre en œuvre pour étudier non pas anselme de Laon lui-même, mais son école, en posant soigneusement la distinction entre « l’école à Laon » et « l’école de Laon ». L’ordonnancement suivi étudie tout d’abord anselme en son temps (L’homme et l’œuvre ; l’autorité), puis les Sentences, leur transmission et leur autorité, puis l’école de Laon et le mouvement théologique du premier xiie s. (Les

recueils ; leurs origines ; le magistère des théologiens). des annexes copieuses présentent le Liber Pancrisis (p. 503-558), ainsi que la fin du recueil Sententie diuine pagine ; une riche bibliographie vient compléter l’ensemble (p. 563-617).

Per verba magistri se présente comme une remise en perspective de la figure d’an-selme de Laon, qui a longtemps été appréhendé comme un personnage de second plan, en particulier sous l’influence d’abélard. La méconnaissance du personnage est aussi liée à la difficulté d’envisager l’ensemble de son œuvre, même si depuis Beryl Smalley on peut lui attribuer la conception de la Glosa ordinaria ; il demeurait toutefois difficile d’appré-cier l’influence de ses commentaires et de ses sentences théologiques. Pour répondre à cette question, Per verba magistri propose une enquête sur la figure d’anselme, sur son enseignement théologique, et sur l’existence ou non d’une école influencée par sa pensée.

L’étude des chartes laonnoises montre qu’anselme a mené une carrière brillante au sein de son diocèse, en particulier sous l’épiscopat de Barthélemy de Joux, comme écolâtre, chancelier, doyen, puis archidiacre. Cependant, ce qui prédomine durablement est sa figure de maître plutôt que de dignitaire ecclésiastique. Son influence est attestée par le nombre de ses élèves, puisqu’il est possible de retracer le parcours de vingt et un d’entre eux, Guy le Breton, Robert de Hereford, Hugues métel, matthieu d’albano, Hugues d’amiens, outre abélard bien sûr. mais surtout on constate la mise en place rapide d’une laudatio Anselmi à laquelle tous souscrivent, jusqu’aux maîtres de la généra-tion postérieure que sont Jean de Salisbury et Pierre le Chantre. tous vantent la modestie proverbiale d’anselme, figure discrète et modeste du bon maître. Cette stratégie va de pair avec la diffusion de ses sentences, orchestrée dans vingt-trois florilèges qui connais-sent une considérable tradition manuscrite. Le plus connu d’entre eux, le Liber Pancrisis, est assemblé vers 1130/1140 à proximité de Clairvaux, et répond au besoin de consti-tuer un recueil de théologie monastique adapté. Ce nouveau canon homogène et clos, mêlant Pères de l’eglise et maîtres contemporains, voit sa diffusion assurée par l’ordre cistercien, qui tend à pérenniser contre abélard l’école de Laon, appuyée sur la stature d’anselme. Parallèlement, vingt-deux autres florilèges attestent la diffusion de sa pensée et de sa méthode dans les cloîtres après la mort du maître. L’anonymat de ces recueils

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