Une communauté éducative
pour favoriser la persévérance
et la réussite des élèves du secondaire
France Dubé
Jean Bélanger
et JeanMarc Fontan
Université du Québec à MontréalCe projet a bénéficié du financement du Ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport 2010‐2012. 2012
Les Cahiers du CRISES
Collection Études théoriques
E
E
T
T
1
1
2
2
0
0
6
6
Cahiers du Centre de recherche sur les innovations sociales (CRISES) Collection Études théoriques ‐ no ET1206 « Une communauté éducative pour favoriser la persévérance et la réussite des élèves du secondaire » France Dubé, Jean Bélanger et Jean‐Marc Fontan Université du Québec à Montréal ISBN : 978‐2‐89605‐351‐3 Dépôt légal : 2012 Bibliothèque et Archives nationales du Québec Bibliothèque et Archives nationales du Canada
PRÉSENTATION DU CRISES
Notre Centre de recherche sur les innovations sociales (CRISES) est une organisation interuniversitaire qui étudie et analyse principalement « les innovations et les transformations sociales ».
Une innovation sociale est une intervention initiée par des acteurs sociaux pour répondre à une aspiration, subvenir à un besoin, apporter une solution ou profiter d’une opportunité d’action afin de modifier des relations sociales, de transformer un cadre d’action ou de proposer de nouvelles orientations culturelles.
En se combinant, les innovations peuvent avoir à long terme une efficacité sociale qui dépasse le cadre du projet initial (entreprises, associations, etc.) et représenter un enjeu qui questionne les grands équilibres sociétaux. Elles deviennent alors une source de transformations sociales et peuvent contribuer à l’émergence de nouveaux modèles de développement.
Les chercheurs du CRISES étudient les innovations sociales à partir de trois axes complémentaires : le territoire, les conditions de vie et le travail et l’emploi.
Axe innovations sociales, développement et territoire
Les membres de l’axe innovations sociales, développement et territoire s’intéressent à la régulation, aux arrangements organisationnels et institutionnels, aux pratiques et stratégies d’acteurs socio‐économiques qui ont une conséquence sur le développement des collectivités et des territoires. Ils étudient les entreprises et les organisations (privées, publiques, coopératives et associatives) ainsi que leurs interrelations, les réseaux d’acteurs, les systèmes d’innovation, les modalités de gouvernance et les stratégies qui contribuent au développement durable des collectivités et des territoires.
Axe innovations sociales et conditions de vie
Les membres de l’axe innovations sociales et conditions de vie repèrent et analysent des innovations sociales visant l’amélioration des conditions de vie, notamment en ce qui concerne la consommation, l’emploi du temps, l’environnement familial, l’insertion sur le marché du travail, l’habitat, les revenus, la santé et la sécurité des personnes. Ces innovations se situent, généralement, à la jonction des politiques publiques et des mouvements sociaux : services collectifs, pratiques de résistance, luttes populaires, nouvelles manières de produire et de consommer, etc.
Axes innovations sociales, travail et emploi
Les membres de l’axe innovations sociales, travail et emploi orientent leurs recherches vers l’organisation du travail, la régulation de l’emploi et la gouvernance des entreprises dans le secteur manufacturier, dans les services, dans la fonction publique et dans l’économie du savoir. Les travaux portent sur les dimensions organisationnelles et institutionnelles. Ils concernent tant les syndicats et les entreprises que les politiques publiques et s’intéressent à certaines thématiques comme les stratégies des acteurs, le partenariat, la gouvernance des entreprises, les nouveaux statuts d’emploi, le vieillissement au travail, l’équité en emploi et la formation.
LES ACTIVITÉS DU CRISES
En plus de la conduite de nombreux projets de recherche, l’accueil de stagiaires postdoctoraux, la formation des étudiants, le CRISES organise une série de séminaires et de colloques qui permettent le partage et la diffusion de connaissances nouvelles. Les cahiers de recherche, le rapport annuel et la programmation des activités peuvent être consultés à partir de notre site Internet à l’adresse suivante : http://www.crises.uqam.ca.
JuanLuis Klein
La pré d’exclu La mis pratiqu mobili Cette m • • Depuis mobili • • Pour c Comité logem Pour p suivan • • ésente étude uEs (IUPE).
ssion de l’In ues pour pe isation citoye mission se dé Un champ universitai croisement Un champ partenariat une réalisa s septembre isation par le une premiè une deuxiè chaque lieu é promoteur ent social. plus d’inform nts : Blog PE : Blog IUPE :
PR
e s’inscrit d ncubateur un rmettre un a enne par le lo écline en deu p centré sur re constitue t des savoirs d’application t développé ation concrèt 2007, l’équi e logement so ère, dans le s ème, dans le s d’interventi r en charge mation sur l http://p : http://iuRÉSENTA
dans les travniversitaire P accompagne ogement soc ux champs d’ r des préoc un mode sp . n centré sur entre l’Incub te de ce cham ipe de l’IUPE ocial : secteur Pellet secteur de l’a ion, l’Incuba d’accompag le projet Pa paroledexclu upe.wordpre
ATION D
vaux condui Parole d’excl ment critiqu ial. intervention cupations a écifique de p des partenar bateur unive mp d’applicat E s’est invest tier, à partir ancienne Bis teur a délég gner chaque arole d’excluE es.site11.com ess.com/E L
’IUP
its par l’IncluEs consiste ue auprès de n. académiques production d riats concret ersitaire de l tion. tie dans deux de septembr cuiterie Viau gué un repr démarche l
Es et l’IUPE
m/
PE
cubateur uni
e à croiser d e démarches
où le disp des connaissa ts avec des a ’UQAM et Pa x démarches re 2007 ; u, à partir de résentant un locale de m , consultez iversitaire P des savoirs e montréalais positif Incub ances fondé cteurs/proje arole d’excluE s partenarial juin 2008. niversitaire s obilisation p
les sites Int
Parole et des ses de bateur sur le ets. Le Es est les de sur le par le ternet
NOTES SUR LES AUTEURS
France DUBÉ est professeure au Département d’éducation et de formation spécialisées à l’Université du Québec à Montréal.
Jean BÉLANGER est professeur au Département d’éducation et de formation spécialisées à l’Université du Québec à Montréal.
JeanMarc FONTAN est professeur au Département de sociologie à l’Université du Québec à Montréal et membre régulier du CRISES.
TABLE DES MATIÈRES
TABLEAUX ... XI REMERCIEMENTS... XIII RÉSUMÉ / ABSTRACT ... XV INTRODUCTION ... 17 1. UNE ÉCOLE AUX COMMUNAUTÉS MULTIPLES ... 19 1.1 Études antérieures : l’école multiculturelle ... 19 2. IMPLIQUER LES PARENTS DANS LA COMMUNAUTÉ ÉDUCATIVE... 20 2.1 Études antérieures : les parents et l’école ... 21
3. LA PERCEPTION DES PARENTS À L’ÉGARD DE L’ÉCOLE SECONDAIRE ... 25
3.1 Perceptions de parents d’élèves de l’école secondaire participante ... 25 3.2 Perceptions des parents d’élèves des écoles primaires bassin de l’école secondaire participante ... 30 3.3 Perceptions de familles de l’Îlot Pelletier ... 40 3.3.1 Perceptions ... 40 3.3.2 Attentes ... 43 3.3.3 Services ... 45 3.3.4 Interactions ... 46 4. PERCEPTIONS DES INTERVENANTS SCOLAIRE DE L’ÉCOLE SECONDAIRE ... 49 4.1 Présentation des résultats quantitatifs ... 50 4.2 Présentation des résultats qualitatifs ... 57 5. ANALYSE DU CORPUS PÉDAGOGIQUE AU SECONDAIRE ... 65
UNE COMMUNAUTÉ ÉDUCATIVE POUR FAVORISER LA PERSÉVÉRANCE ET LA RÉUSSITE DES ÉLÈVES DU SECONDAIRE X CONCLUSION ... 73 BIBLIOGRAPHIE ... 77 ANNEXES ... 79 Annexe 1 : Questionnaire d’entretien auprès des parents ... 79 Annexe 2 : Entretien auprès des parents d’élèves d’écoles primaires bassin ... 82 Annexe 3 : Entretien auprès des familles de l’Îlot Pelletier ... 83 Annexe 4 : Questionnaire complété par les intervenants scolaires ... 84
TABLEAUX
Tableau 1 : Synthèse des entretiens réalisés auprès des parents ... 29 Tableau 2 : Synthèse des suggestions des parents ... 30 Tableau 3 : Synthèse des résultats issus du questionnaire adressé aux intervenants scolaires ... 64 Tableau 4 : Analyse d’ensemble ... 69
REMERCIEMENTS
Nous souhaitons remercier les assistants de recherche pour leur participation lors de la réalisation des entrevues et leur contribution à la rédaction de ce rapport. Volet école secondaire Fannie Ayatsou Amélie Beaulieu Véronique Chabot Pierre Romane M. Cherestal Véronique Cousineau Marilou Gaucher Élyse Goulet Joannie Ladéroute Arianne Lalancette‐Chapdelaine Geneviève Leduc Eve Lequy Karine Plourde Volet écoles primaires Marie‐Lou La Barre Marie‐Pier Genest Catherine Godbout David Champagne Marie‐Claude Villeneuve Annie Séguin Michelle Cipelletti Audrey Bourcier Roxanne Koltai Patricia Séguin Geneviève Beaulieu Volet familles Îlot Pelletier Mathieu Lévesque Volet analyse du corpus pédagogique Julie Larochelle‐Audet Volet intervenants scolaires et mise en forme du rapport final Geneviève Beaulieu
Ce projet a bénéficié du financement du Ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport 2010‐ 2012.
RÉSUMÉ
Ce rapport présente les résultats d’une recherche‐action dont l’objectif général était de
mobiliser des représentants de l'école secondaire Calixa‐Lavallée, une école située dans
l’arrondissement Montréal‐Nord. L’objet de la mobilisation consistant à vérifier en quoi
les pratiques pédagogiques utilisées par les enseignants sont adaptées à la réalité
territoriale de cette école. Deux sous‐objectifs ont été ciblés. Le premier visait à favoriser
la collaboration entre l'école, un projet de revitalisation du secteur de l’avenue Pelletier,
des organismes communautaires du quartier ainsi que des parents. Le deuxième objectif
visant à sensibiliser, accompagner et former les acteurs scolaires dans l'appropriation et
le développement de pratiques pédagogiques adaptées à la réalité du milieu en
développant une approche visant le rapprochement famille‐école‐communauté.
Mots‐clés : Arrondissement Montréal‐Nord, École‐communauté, École Secondaire Calixa‐
Lavallée, Pratiques pédagogiques, Parole d’excluEs, Recherche‐action, Pauvreté
ABSTRACT
This report presents the results of an action research project the overall objective of which
was to mobilize representatives of the secondary school CalixaLavallée, a school located in
the MontréalNord borough. The object of the mobilization was to verify to what extent the
pedagogical practices of the teachers were adapted to the territorial reality of this school.
Two subobjectives were targeted. The first was to promote collaboration between the
school, a revitalization project of the Pelletier Avenue sector, community organizations of
the neighbourhood as well as the parents. The second subobjective was to sensitize,
accompany and train the school’s teachers in appropriating and developing pedagogical
practices that are adapted to the reality of the neighbourhood, all in an approach
emphasizing familyschoolcommunity conciliation.
Key words:
MontréalNord borough, schoolcommunity relations, CalixaLavallée secondary school, pedagogical practices, Parole d’excluEs, action research, poverty
INTRODUCTION
C’est sur le site de l’Îlot Pelletier que les membres de la communauté éducative composée de l’organisme communautaire Parole d'excluEs, de conseillers pédagogiques de l’école secondaire du quartier, des membres de la direction et de trois professeurs de l'UQAM se sont concertés afin de favoriser la persévérance et la réussite des élèves de l'école secondaire.
Cette recherche‐action et formation avait pour objectif général de mobiliser la communauté éducative de l'école secondaire afin que leurs pratiques pédagogiques soient davantage adaptées à la réalité du milieu. Deux sous‐objectifs en découlent : 1) favoriser la collaboration entre l'école, les organismes communautaires du quartier ainsi que les parents et 2) Sensibiliser, accompagner et former les acteurs scolaires dans l'appropriation et le développement de pratiques pédagogiques adaptées à la réalité du milieu en développant une approche visant le rapprochement famille‐école‐communauté. Ce projet se situe dans la lignée des projets visant la collaboration école‐communauté (Sander, 2000; Dryfoos et Maguire, 2002). Ce courant d’action vise habituellement la coordination des actions école‐communauté ou encore à soutenir le développement d’une approche intégrée et compréhensive de l’action de l’école dans sa communauté (Desimone, 2000). Le présent projet, qui s’inscrit à l’intérieur de ces deux courants de l’action école‐communauté, est cependant novateur au sens où cette action ciblera notamment une collaboration des partenaires de l’école et de la communauté dans le développement pédagogique de l’école.
Dans ce document, nous exposons d’abord les caractéristiques de l’école secondaire sise à l’Îlot Pelletier. Ensuite, la problématique de l’école québécoise et multiculturelle est exposée. Dans la troisième partie, des études antérieures présentant des modèles de collaboration école‐famille‐ communauté sont présentées. Enfin, des entretiens individuels et semi‐structurés nous ont permis de collecter des données sur les perceptions de parents d’élèves de l’école secondaire, de parents d’élèves des six écoles primaires du quartier ainsi que de familles participant à l’organisme Parole d'excluEs. Pour terminer, les intervenants scolaires ont répondu à un questionnaire comportant des questions à choix multiples ainsi que des questions à courts développement. Cette dernière étape de la recherche nous permet de présenter les perceptions des enseignants et intervenants de l’école secondaire du quartier. Les perceptions recueillies auprès des parents ainsi qu’auprès des intervenants scolaires nous permettent de poser un regard sur le point de vue de ces acteurs essentiels à la communauté éducative et d’en tirer des conclusions qui influenceront les pratiques pédagogiques des membres de la communauté éducative participante. En dernier lieu, nous présenterons une analyse du corpus pédagogique employé actuellement par les enseignants de l’école secondaire. Ceci constitue, une étape visant à accompagner les intervenants scolaire dans le développement de pratiques pédagogiques adaptées à la réalité du milieu.
1. U
NE ÉCOLE AUX COMMUNAUTÉS MULTIPLESL’école participante est située à Montréal‐Nord et accueille annuellement 1 300 élèves issus de près de 30 pays différents. Certains d’entre eux sont des enfants d’immigrants de première ou deuxième génération, d’autres sont de nouveaux arrivants. Cette école est aux prises avec un taux de décrochage scolaire frôlant les 40 %. Pour de jeunes immigrants, un des plus grands obstacles à surmonter consiste à s’intégrer socialement, se faire des amis, s’adapter aux coutumes et aux mœurs du pays d’accueil.
1.1 Études antérieures : l’école multiculturelle
Des études sur le sujet exposent les difficultés liées à l’intégration qui peuvent se traduire par de la discrimination, des stéréotypes et des préjugés à leur égard. On avance qu’un élève qui subit de la discrimination à l’école sera davantage à risque de décrocher avant la fin de ses études secondaires (Gardenhire‐Crooks, 2010). Le nouvel arrivant qui ne parle pas la langue d’enseignement, le français, sera scolarisé en classe d’accueil, en moyenne, pour une période de 10 mois. Malgré ces services, le processus d’apprentissage du français des élèves nouveaux arrivants peut être ralenti, car les immigrants n’ont pas l’occasion de pratiquer le français en classe avec des élèves francophones (Steinbach, 2010). Certains enseignants trouvent problématique les risques de ghettoïsation lorsque plusieurs locuteurs d’une même langue sont dans la même classe. De plus, l’isolement physique et symbolique de la classe d’accueil à l’intérieur des écoles peut contribuer à accentuer le sentiment d’isolement (Messier, 1997). Tout nouvel arrivant passe par un processus d’acculturation, processus d’adaptation de nature psychologique et socioculturelle qui se produit lorsqu’un individu entre en contact avec une ou plusieurs cultures autres que la sienne (Kanouté et al., 2008). Il peut donc être difficile pour les élèves qui arrivent d’un pays étranger de se faire un réseau social et des amis québécois, particulièrement s’ils ne parlent pas le français. Une étude de Steinbach (2010), révèle que même s’il souhaite avoir davantage d’amis québécois, le jeune immigrant ne s’estime pas capable de converser assez rapidement pour se faire comprendre tout en se faisant respecter.Certains élèves nouvellement arrivés au Québec éprouvent des difficultés à s’intégrer au système d’éducation québécois et peuvent aussi éprouver des difficultés scolaires. Des élèves venant d’Haïti, d’Afghanistan, du Pakistan, de l’Inde, de la Bosnie‐Herzégovine ou de la Somalie pourraient ne pas avoir bénéficié d’une scolarisation complète et régulière en raison de la guerre ou des tensions politiques dans leur pays d’origine (Armand, 2005). Pour ces raisons, ceux‐ci arrivent parfois au Québec avec un retard scolaire. On peut craindre que ces élèves n’aient pas
UNE COMMUNAUTÉ ÉDUCATIVE POUR FAVORISER LA PERSÉVÉRANCE ET LA RÉUSSITE DES ÉLÈVES DU SECONDAIRE 20
nécessairement développé la littératie dans leur langue maternelle et qu’ils soient alors confrontés au double défi de développer ces compétences à l’écrit dans une langue seconde (Painchaud et al., 1994). Ces élèves allophones ont de sérieuses difficultés d’apprentissage du français, car leur motivation et leur concentration sont affectées par les expériences traumatisantes qu’ils ont vécues antérieurement et des méthodes de travail québécoises différentes de ce qu’ils connaissent (Armand, 2005). Si la transition entre la classe d’accueil et la classe ordinaire ne se fait pas convenablement, le jeune risque d’être déstabilisé (Kanouté et al., 2008). Les membres de la communauté éducative doivent être sensibilisés à ces réalités. Selon Toussaint (2010), la responsabilité de l'intégration des élèves nouvellement arrivés au Québec incombe à l'ensemble des membres du personnel, où la réussite des élèves nouvellement arrivés et en difficulté d'intégration scolaire exige une intervention immédiate et appropriée et où l'établissement d'enseignement, la famille et la communauté seront des associés pour favoriser l'intégration de l’élève. Il nous apparaît alors important de contribuer à l’établissement d’une collaboration plus étroite entre les différents membres de la communauté qui sont impliqués et qui pourront avoir une influence sur la persévérance et la réussite des élèves.
2. I
MPLIQUER LES PARENTS DANS LA COMMUNAUTÉ ÉDUCATIVELes parents sont les personnes qui exercent la plus grande influence sur la réussite scolaire de leur enfant (Manscill et Rollins, 1990). La perception du parent face à l’école est très importante pour le développement de l’enfant. En effet, les parents qui ont une représentation positive de l’école auraient des enfants qui manifestent moins de comportements agressifs et plus de comportements pro‐sociaux dans leur milieu scolaire. Ces élèves seraient plus enclins à une adaptation sociale positive et à développer une représentation positive de l’école à leur tour (Bérubé et al., 2007). La fréquence des communications entre l’école et le parent est un facteur positif pour l’adaptation sociale de l’enfant : des contacts fréquents entre les deux milieux permettent à ceux‐ci de partager un point de vue commun, d’avoir les mêmes attentes envers lui et ainsi d’adopter des stratégies communes pour l’aider à réussir. En effet, il est démontré que des attentes différentes de la part des deux milieux peuvent être liées à de l’anxiété et de la frustration ainsi qu’à une baisse de motivation chez les élèves. Toutefois, l’implication des parents d’enfants fréquentant l’école secondaire dépend en grande partie des invitations faites par l’élève (Bérubé et al., 2007).
2.1 Études antérieures : les parents et l’école
Epstein (1991) souligne que lorsque les enseignants suscitent la participation ou l’engagement des parents, ces derniers discutent de l’école avec leurs enfants à la maison, se sentent plus aptes à les aider et développent une plus grande estime envers les compétences des enseignantes et enseignants. Il est important de noter que le facteur « implication des parents » n’est pas le seul à considérer lorsqu’il est question du risque de décrochage scolaire des élèves. Parmi les facteurs qui contribuent à prédire l’abandon scolaire, on retrouve le peu de soutien affectif des parents, un manque de cohésion familiale ainsi qu’une perception négative des enseignants au sujet de l’élève. Certains facteurs, comme la cohésion familiale, peuvent difficilement être influencés par les enseignants. Considérant le fait que la perception des parents à l’égard de l’école teinte la perception de leurs enfants, l’enseignant peut cependant contribuer à modifier ces perceptions (Deslandes et al., 2008). La collaboration famille‐école consiste à établir une relation qui permettra de créer un pont entre les deux principaux milieux que fréquente l’élève. Pour assurer une certaine cohérence, la famille doit travailler en équipe avec les membres du personnel. Ces derniers, qui travaillent chaque jour à la réussite scolaire et sociale des élèves, ont besoin de l’appui des parents pour favoriser l’apprentissage maximal de chacun d’entre eux. Les parents ne doivent pas être des juges du travail que font les enseignants, mais plutôt des partenaires de ces derniers. Peu importe les habiletés de l’enseignant, celui‐ci ne peut seul enrayer un problème chez un de ses élèves sans la collaboration des parents (Brossard, 1997). Malheureusement, pour certaines familles, il est difficile voire impossible de s’impliquer dans la vie scolaire de leurs enfants. Dans une étude sur la collaboration familles immigrantes‐écoles, les auteurs constatent que les interactions prenant forme entre les parents immigrants et les membres de l’école varient grandement (Vatz Laaroussi et al., 2008). Des études de cas où l’enfant s’est bien intégré à l’école ont été analysées; certaines conditions favoriseraient plus la réussite scolaire que d’autres. La « collaboration partenariale », dans laquelle les deux milieux se reconnaissent égalitaires ainsi que la « collaboration avec espace de médiation », dans laquelle l’utilisation d’un organisme ou d’une ressource communautaire permet d’établir une entente entre les familles et l’école, sont deux modèles fort prometteurs.
Certains chercheurs ont remarqué une corrélation positive entre l’engagement parental, et non pas uniquement la participation des parents dans la vie scolaire de l’élève, et la réussite scolaire (Kanouté et al., 2008). Dans une recherche faite par Bankston (2004), on a relevé que l’actualisation du capital social du parent, sa mobilisation et sa transmission à l’enfant permettent à l’élève d’être mieux préparé lors de son entrée scolaire. Le capital social est constitué d’un ensemble de ressources : niveau d’instruction des parents, structure familiale,
UNE COMMUNAUTÉ ÉDUCATIVE POUR FAVORISER LA PERSÉVÉRANCE ET LA RÉUSSITE DES ÉLÈVES DU SECONDAIRE 22
ressources autour des parents, projets concernant les enfants et la relation des parents avec l’école. Une recherche de Duvers sur les besoins d’informations et de formation de parents d’élèves haïtiens à Montréal montre que, quel que soit le niveau de scolarité du parent, le besoin le plus exprimé concerne la connaissance de la vie scolaire en général (Duvers, 2005). Le soutien positif que peut apporter l’enseignant à l’élève immigrant a aussi été documenté. La première étape consiste, pour l’enseignant, en tant que porteur de culture, à se décentrer de ses propres références et à travailler sur la menace identitaire (Kanouté et al., 2008). Par contre, certains enseignants éprouvent des difficultés à se détacher de leur culture personnelle et de leurs préjugés afin d’offrir un support adéquat aux élèves issus de l’immigration qui ont de la difficulté à s’intégrer à la vie scolaire.
Une étude de Chohan et Khan (2010) avait comme objectif de mesurer la corrélation entre les performances scolaires des élèves et le support parental reçu ; tandis que le second objectif cherchait plutôt à découvrir si le soutien parental avait un effet sur l’estime de soi des élèves. Suite à l’analyse des résultats, l’échantillon d’élèves de cette étude a été divisé en deux sous‐ groupes. Ceux du premier groupe, 185 des 305 participants, affirmaient que leurs parents prenaient divers arrangements pour les aider à réussir dans leurs études. Tandis que les enfants du second groupe, les 120 autres élèves, disaient ne recevoir aucune aide parentale. C’est en comparant ces deux groupes avec les résultats obtenus aux examens de février que les chercheurs ont découvert que le support parental aurait bel et bien un effet positif sur les résultats scolaires : 94,5 % des élèves du premier groupe et seulement 10,5 % de ceux du second groupe ont réussi leur examen. Ils ont aussi découvert que les élèves recevant de l’aide de leurs parents pour leurs travaux scolaires ont une meilleure estime d’eux‐mêmes. D’autres résultats ont montré que l’augmentation de la participation parentale dans l’apprentissage des enfants amène une nette amélioration des résultats scolaires, en plus d’un meilleur développement des compétences sociales. Par ailleurs, lorsque les parents s’impliquent activement dans la vie scolaire de leurs enfants, les problèmes de comportement tendent à diminuer grandement (Nokali et al., 2010).
Kanouté (2003) affirme que le taux d’échec dans les écoles est souvent attribué à un univers sociolinguistique, à une culture pauvre ou à un manque de stimulation intellectuelle. Elle a aussi constaté une corrélation positive entre l’implication des parents et la réussite scolaire des enfants. Les facteurs de réussite seraient la valorisation de la culture scolaire par les parents, les réactions positives aux évaluations et la promotion de l’importance d’un bon contact entre leur enfant et ses enseignants. Pour que tout ceci soit possible, le parent lui‐même doit tout d’abord avoir une bonne relation avec l’école, afin qu’il puisse s’y investir. Lorsque les parents présentent un niveau trop bas de scolarité et qu’ils ne se sentent pas valorisés par l’école, cela peut entraîner un sentiment d’incompétence. Les parents de milieux défavorisés ont souvent de la difficulté à être de bons modèles pour leurs enfants, puisqu’ils présentent des difficultés
socioéconomiques et qu’ils ont parfois des horaires incompatibles avec l’horaire scolaire. Kanouté distingue quatre types de parents. Premièrement, il y a ceux qui croient que la communication avec l’école est utile, mais souvent difficile. D’après eux, l’école communique la plupart du temps pour discuter d’aspects négatifs ou lorsqu’il y aurait des problèmes. Deuxièmement, il y a ceux qui croient en l’accompagnement scolaire des enfants à la maison. Plusieurs hypothèses sont émises quant au manque de soutien, entre autres causé par le manque d’intérêts, les capacités limitées et la difficulté à accepter ce sentiment d’impuissance et le stress de ne pas comprendre. Troisièmement, il y a les parents qui sont stressés à la simple idée de se rendre à l’école pour une rencontre de parents ou la remise d’un bulletin. Ils trouvent difficile de rencontrer tous les enseignants et de potentiellement recevoir des commentaires négatifs. Quatrièmement, il y a les parents qui tentent de trouver de l’aide externe pour favoriser la réussite scolaire de leurs enfants. Dans certains cas, les enfants reçoivent de l’aide de la part de l’école, tandis que les parents sont référés à diverses ressources afin de pouvoir mieux accompagner leurs enfants dans leur cheminement scolaire.
3. L
A PERCEPTION DES PARENTS À L’
ÉGARD DE L’
ÉCOLE SECONDAIREOn constate, à la lumière des résultats de ces recherches, que l’implication, la participation et la perception des parents à la communauté éducative sont des éléments clés dans la réussite et la persévérance scolaire des élèves du secondaire. Dans la section suivante, nous présentons les perceptions de parents d’élèves à l’égard de l’école secondaire ayant participé au projet « Une communauté éducative pour favoriser la persévérance et la réussite au secondaire ».
3.1 Perceptions de parents d’élèves de l’école secondaire participante
Méthodologie Afin de favoriser l’implication des parents d’élèves de l’école secondaire participante, nous avons d’abord entrepris de les interroger sur leurs perceptions à l’égard de cette école. Les entrevues ont été effectuées le 25 novembre 2010, soit lors de la remise du premier bulletin scolaire. En après‐midi et en soirée, 109 parents ont été interrogés au sujet de leurs perceptions à l’égard de l’école secondaire de leur enfant. Des questions portant sur leurs connaissances des services offerts par l’école, des points positifs et négatifs de l’établissement, mais aussi au sujet de leur implication dans l’école de leur enfant leur ont été adressées (voir annexe 1). Les données ont été recueillies à l’aide d’enregistreuses numériques et ont été analysées afin de faire ressortir les thématiques principales abordées par les parents. Toutes les entrevues ont été effectuées sur une base volontaire. Afin de conserver l’anonymat des participants, aucune donnée nominale n’est divulguée dans ce rapport.L’aide et le soutien pédagogique
Il a été soulevé par les parents à plusieurs reprises que les élèves étaient bien encadrés à l’école secondaire participante, ce que les parents semblaient apprécier. Certains parents ayant un enfant qui éprouve des difficultés d’apprentissage étaient satisfaits qu’il soit scolarisé dans un milieu adapté à ses capacités. D’autres appréciaient beaucoup que les élèves qui ont des besoins particuliers soient intégrés dans les classes ordinaires. Les parents ont affirmé, en grande majorité, que les enseignants étaient attentionnés, présents et encourageants avec leur enfant. Certains ont toutefois fait valoir leur désir que les professeurs incitent davantage leurs enfants à participer à la récupération, à effectuer leurs devoirs et à respecter les dates d’échéance. La plupart d’entre eux ont avoué être encouragés par le dynamisme des enseignants.
UNE COMMUNAUTÉ ÉDUCATIVE POUR FAVORISER LA PERSÉVÉRANCE ET LA RÉUSSITE DES ÉLÈVES DU SECONDAIRE 26 Finalement, lorsque nous avons demandé le niveau de satisfaction des parents par rapport aux services éducatifs offerts par l’école, la majorité se disait satisfaits ou très satisfaits des services éducatifs offerts à l’école. Attentes des parents envers l’école Des parents ont mentionné qu’ils souhaitent que leurs enfants aient beaucoup plus de devoirs à accomplir à la maison, tandis que d’autres aimeraient qu’ils puissent bénéficier de plus d’aide aux devoirs – étant donné les difficultés éprouvées par certains parents à offrir eux‐mêmes une aide efficace. Certains parents ont suggéré que leurs enfants puissent vivre des journées étudiantes ou des stages dans des milieux de travail pouvant potentiellement les intéresser. Ce qui est ressorti, c’est la volonté de chacun des parents à vouloir que leurs enfants aient un diplôme reconnu, qu’ils aient une bonne éducation et qu’ils puissent continuer d’étudier malgré les difficultés rencontrées. Ils désirent que leurs enfants apprennent à s’intégrer et à fonctionner correctement dans la société. Ils disent aussi vouloir que leurs enfants aient accès à tout ce qu’eux‐mêmes n’ont pu avoir dans la vie.
Ceci étant dit, certains parents disent compter sur l’école pour les aider à encadrer et à structurer leurs enfants, ainsi qu’à leur apprendre à vivre dans le respect et l’harmonie.
Les services offerts à l’école secondaire
Une thématique abordée lors des entrevues auprès de parents d’élèves de l’école secondaire participante traite des services offerts aux élèves ainsi que de ceux offerts aux parents. Une grande majorité des parents reconnaissent qu’il y a de nombreuses personnes‐ressources qui offrent divers services pour leurs enfants tels que le conseiller en orientation, le travailleur social, l’orthophoniste et le psychologue. En considérant tous les services offerts par l’école, les services les plus souvent nommés étaient la récupération et l’aide aux devoirs. À la lumière des réponses obtenues auprès des parents, ce seraient aussi ces deux services qui seraient les plus utilisés par les jeunes. Toutefois, il est important de noter que certaines familles ne connaissent pas le service d’aide aux devoirs, puisque, lorsque nous leur avons demandé quels services supplémentaires pourraient être utiles pour eux ou pour leur enfant, certains d’entre eux ont répondu vouloir avoir accès au service d’aide aux devoirs. En ce qui concerne les services offerts à l’école pour les parents, la plupart d’entre eux ont affirmé ne pas être au courant des services qui leur étaient offerts. Certains parents connaissaient les services, mais ne les utilisaient pas. Rares étaient ceux qui utilisaient des services offerts aux parents, mis à part un : la friperie.
Une meilleure promotion des services offerts pour les élèves et pour les parents pourrait être une piste prometteuse pour cette école secondaire.
La communication
L’aspect à améliorer le plus souvent soulevé par les parents est la communication entre les parents et les enseignants. Tout en voulant respecter l’autonomie de leurs enfants, les parents souhaiteraient être informés des difficultés scolaires et sociales existantes et pouvoir bénéficier d’un suivi plus soutenu, surtout dans le cas des élèves exigeant une attention particulière. De plus, certains parents trouvent qu’ils sont mis au courant très tardivement des difficultés de leur enfant. En effet, c’est à la première remise du bulletin, en novembre, que certains ont appris que leur enfant éprouvait des difficultés scolaires. Selon certains parents, il serait judicieux de tenir une rencontre avec les parents avant la remise du bulletin pour prévenir les échecs chez des élèves qui ont des difficultés scolaires. Une mère a affirmé vouloir recevoir de l’aide, afin de pouvoir guider son fils plus adéquatement dans ses études. Un couple a aussi proposé l’idée de faire des rencontres de parents à tous les trimestres, dans le but de réagir tôt lorsque surviennent des difficultés. Pour resserrer la collaboration entre la famille et l’école, une bonne communication est primordiale. Les parents apprécieraient qu’on retourne leurs appels et qu’il soit facile de parler à un enseignant lorsqu’ils en éprouvent le besoin. Selon plusieurs parents, il est très difficile de communiquer avec un enseignant. Lorsqu’ils appellent au secrétariat, le répondeur est toujours branché. Comme nous disait la mère d’une élève de cette école : « Il n’y a pas de suivi, tu es dans le néant et tu ne sais pas si la secrétaire a transmis le message ».
La relation entre les enseignants et les parents pourrait être grandement améliorée par de meilleures procédures de communication. À cette même question, certains parents ont mentionné souhaiter avoir un accès à un portail sur Internet au moyen duquel ils pourraient entrer plus facilement en contact avec les enseignants ou les professionnels qui travaillent avec leur(s) enfant(s). De plus, ils apprécieraient aussi avoir accès à l’échéancier des travaux et des examens de leur(s) enfant(s) sur ce portail afin de pouvoir faciliter le suivi scolaire à la maison. Sécurité Par ailleurs, certains parents ont mentionné leur souci à l’égard de la sécurité dans l’école ainsi que lors des activités parascolaires. Un élève a déjà vu des inconnus dans l’école, ce qui a troublé ses parents. Certains parents ont aussi fait sentir leur inquiétude par rapport à la sécurité déficiente sur le territoire scolaire.
UNE COMMUNAUTÉ ÉDUCATIVE POUR FAVORISER LA PERSÉVÉRANCE ET LA RÉUSSITE DES ÉLÈVES DU SECONDAIRE 28
Certains parents suggèrent qu’il y ait plus de surveillance à la cafétéria et à l’extérieur de l’école, à la fin des cours. Certains parents ont même suggéré l’instauration d’un code de conduite plus strict.
Les parents souhaitent s’impliquer
Comme nous l’avons constaté à la lecture des études sur le sujet, l’implication des parents est un élément important lorsqu’on souhaite favoriser la persévérance et la réussite des élèves du secondaire. Plusieurs parents pensent devoir s’impliquer autant, sinon plus, que les enseignants dans les apprentissages scolaires de leurs enfants. Ce soutien est perçu comme ce qui pousse les enfants à se surpasser et c’est pourquoi les parents trouvent important de s’informer de la scolarité de leurs enfants. Par ailleurs, il est intéressant de constater que plusieurs parents tentent de s’impliquer dans la vie scolaire de leurs enfants et ce, malgré les difficultés rencontrées. Lors de notre visite à l’école secondaire participante, un père a affirmé « contrôler » tout ce qui concerne l’apprentissage de son enfant. Il disait l’accompagner dans ses activités parascolaires et s’assurer que les devoirs étaient toujours faits. Une mère a avoué avoir vécu des difficultés d’adaptation à travers les cheminements de deux de ses enfants, mais elle a affirmé ne jamais les avoir laissé décrocher avant la fin de leurs études secondaires. L’expérience personnelle de cette femme est ce qui l’a poussée à avoir cette détermination; son mari, n’ayant pas complété ses études secondaires, a toujours éprouvé des difficultés diverses. C’est pourquoi elle comprend l’importance de la scolarisation et elle souhaite ce qu’il y a de mieux pour ses enfants.
Par contre, il est dommage de réaliser que plusieurs parents essaient d’aider leurs enfants à réussir, mais que certains obstacles les en empêchent. Certains parents éprouvent des difficultés à aider leurs enfants dans leurs travaux. La langue d’enseignement étant le français, elle ne rend pas la compréhension accessible à tous. Par le fait même, certains parents ressentent un sentiment d’impuissance. Certains éprouvent de la difficulté à aider leurs enfants, puisqu’ils n’ont pas complété eux‐mêmes leurs études secondaires. Ils souhaiteraient recevoir des formations, afin d’être en mesure de mieux les accompagner à la maison. Il est aussi important de rappeler que la plupart des parents ne sont pas au courant des services qui existent pour eux à l’école.
Certains parents s’impliquent en défrayant les coûts pour les activités parascolaires ou en offrant leur temps bénévolement pour des activités diverses au sein de l’école. Ils disent vouloir travailler de concert avec les enseignants pour guider leurs enfants dans leur cheminement scolaire. Une mère qui a été interviewée aime s’impliquer dans les activités parascolaires, parce qu’elle dit que c’est un passe‐temps pour elle et que ça lui libère l’esprit. Une autre mère disait trouver important d’encourager son fils dans les bons moments, pour ne pas uniquement se concentrer sur les difficultés scolaires. Cette même dame affirme dire très régulièrement à son
fils qu’elle est fière de lui et qu’elle l’aime; elle pense que, ça aussi, ça compte énormément dans son cheminement. Malheureusement, plusieurs parents ne trouvent pas le temps de s’impliquer dans la vie scolaire de leurs enfants – ou dans les activités parascolaires. Ils disent que c’est vraiment difficile pour eux d’être présents, mais ils encouragent tout de même leurs enfants à participer aux activités organisées pour eux à l’école.
Les parents qui ont des enfants qui éprouvent des difficultés semblent avoir des attentes encore plus grandes envers l’école, tout en restant conscients que leur implication personnelle est essentielle à la réussite scolaire de leurs enfants. Plusieurs parents croient que sans leur implication, certains enfants auraient beaucoup de difficulté à réussir. Toutefois, les parents qui éprouvent des difficultés à assurer un bon suivi scolaire ont évoqué le souhait de bénéficier de formations adressées aux parents.
SYNTHÈSE
Le tableau suivant présente une synthèse des principales thématiques abordées par les parents d’élèves de l’école dont il est question. Nous les avons regroupées de la manière suivante : les points forts, les points à améliorer, les services connus, l’implication des parents et les services évoqués par les parents.
Tableau 1 : Synthèse des entretiens réalisés auprès des parents
Points forts • Liens enseignants‐élèves
• Services éducatifs
• Professionnels disponibles
• Services adaptés et intégration scolaire Points à
améliorer • Communication parents‐enseignants lorsque la demande émane des parents • Promotion des services offerts à l’école
• Sécurité
• Fréquence de la communication des résultats scolaires Services
connus • Aide aux devoirs • Récupération
• Friperie Implication
des parents • Présence aux rencontres • Participation aux activités parascolaires
• Accompagnement dans les travaux et devoirs • Encouragements Services demandés par les parents • Aide aux devoirs* • Formations pour les parents • Incitation à participer à l’aide aux devoirs et à la récupération • Portail pour : ‐ Promouvoir les services offerts ‐ Favoriser la communication parents‐enseignants ‐ Accéder rapidement aux échéanciers et résultats scolaires * Ce service a aussi été nommé parmi les services connus et offerts à l’école.
UNE COMMUNAUTÉ ÉDUCATIVE POUR FAVORISER LA PERSÉVÉRANCE ET LA RÉUSSITE DES ÉLÈVES DU SECONDAIRE 30 Un deuxième tableau présente les pistes et les suggestions proposées par les parents d’élèves de l’école participante. Elles sont subdivisées selon les interlocuteurs visés : les parents, les enseignants et l’équipe‐école.
Tableau 2 : Synthèse des suggestions des parents
Pour les parents S’investir dans le suivi des devoirs, des échéanciers S’impliquer dans les activités parascolaires pour se centrer sur des aspects positifs Respecter l’autonomie de l’enfant tout en s’informant sur la vie scolaire Pour les
enseignants Établir une meilleure communication avec les parents, lorsque le besoin se fait sentir par ceux‐ci
Rencontrer les parents plus souvent, plus tôt Pour l’équipe‐ école Offrir des formations aux parents Mettre à jour le site Internet pour la promotion des services offerts à l’école Créer un portail pour rendre accessibles aux familles : − les résultats scolaires, − les échéanciers des travaux, − le calendrier des évaluations, − la communication bidirectionnelle Offrir un encadrement, une structure et une socialisation harmonieuse Assurer la sécurité en fortifiant la surveillance Établir un code de conduite plus strict
3.2 Perceptions des parents d’élèves des écoles primaires bassin de l’école
secondaire participante
Méthodologie Les entretiens ont été réalisés auprès de 381 parents des six écoles primaires‐ bassin de l’école secondaire participante (voir annexe 2). Afin de conserver l’anonymat des participants ainsi que des écoles, nous avons associé un chiffre à chaque école. Les sujets sont répartis comme suit : les parents des élèves de l’école primaire‐bassin 01 (n=80), école primaire‐bassin 02 (n=67), école primaire‐bassin 03 (n=16), école primaire‐bassin 04 (n=95), école primaire‐bassin 05 (n=81) et de l’école primaire‐bassin 06 (n=42) ont répondu au questionnaire d’entrevue lors des journées de rencontre de parents pour la remise du premier bulletin scolaire en novembre 2011.
Tout d’abord, nous présentons les résultats par école pour les questions qui abordent la fréquentation actuelle et future de l’école secondaire par les enfants des parents interrogés. Dans un deuxième temps, nous présentons les perceptions des parents à l’égard de l’école secondaire du quartier, ce qu’ils connaissent au sujet de cette école et leurs attentes à l’égard de l’école secondaire du quartier, et ce, toutes écoles primaires confondues.
UNE COMMUNAUTÉ ÉDUCATIVE POUR FAVORISER LA PERSÉVÉRANCE ET LA RÉUSSITE DES ÉLÈVES DU SECONDAIRE 32
Fréquentation actuelle et future de l’école secondaire participante présentée par école primairebassin École primairebassin 01 Avezvous actuellement un enfant qui étudie à cette école ? Oui : 26 % Non : 68 % Pas de réponse : 6 % Allezvous inscrire votre ou vos enfants à l’école secondaire du quartier ? Pourquoi ? Oui : 50 % Non : 38 % Ne sait pas/Pas de réponse : 12 % Oui parce que… − Située à proximité de la demeure familiale − Belle école − L’enfant suivra le chemin de sa sœur qui est déjà à cette école Non parce que… − Cette école a besoin de plus de changements − L’enfant ira au secondaire dans le secteur privé − Quartier dangereux, délinquance, gangs de rue (X5) − Mauvaise réputation − Manque d’encadrement − Je pense déménager (X4) Peut‐être parce que… Aucun répondant
À quelle école comptezvous envoyer votre enfant un fois rendu au secondaire ?
École publique : 45 % École privée : 14 %
École primairebassin 02 Avezvous actuellement un enfant qui étudie à cette école ? Oui : 3 % Non : 97 % Pas de réponse : 0 % Allezvous inscrire votre ou vos enfants à l’école secondaire du quartier ? Pourquoi ? Oui : 10 % Non : 60 % Ne sait pas/pas de réponse : 30 % Oui parce que… − Parce que cette école se trouve dans le quartier − Favorise le public − Programme scientifique intéressant − Veut que ses enfants vivent la même expérience qu’elle − De parents à enfants, ils vont tous à cette école − Près de la maison − Meilleure réputation Non parce que… − Veulent envoyer leurs enfants au privé (X3) − Leur enfant est déjà inscrit dans une autre école − Loin de la maison (X3) − Ne viennent pas du secteur − À cause des préjugés au sujet de cette école (X2) − À cause de la clientèle, de la violence, de la délinquance et des gangs (X4) − Veulent envoyer l’enfant dans un endroit qu’ils connaissent − Cette école n’offre pas de vrai programme sportif − Recherche un volet sports‐études bien établi − École avec plus de sports − Pas l’école de quartier (X10) − Préfère l’école privée ou programme particulier (par exemple le volet international d’Henri‐Bourassa) o Plus d’encadrement o Programme particulier (par exemple « danse étude ») o Plus enrichi o Plus grande rigueur − Pas de programme particulier ou enrichi Peut‐être parce que… − Peu importe l’école, l’enfant fait les notes − Étape encore trop lointaine − Cela dépend des intérêts et des choix des enfants − Possiblement, par manque de choix − Peut‐être déménagement en vue − Demande à être visitée (X2) − Il faudrait qu’il y ait un programme particulier − Ne connaît pas l’école À quelle école comptezvous envoyer votre enfant un fois rendu au secondaire ? École publique : 38,5 % École privée : 38 % Ne sait pas/pas de réponse : 23,5 %
UNE COMMUNAUTÉ ÉDUCATIVE POUR FAVORISER LA PERSÉVÉRANCE ET LA RÉUSSITE DES ÉLÈVES DU SECONDAIRE 34 École primairebassin 03 Avezvous actuellement un enfant qui étudie à cette école ? Oui : 19 % Non : 81 % Pas de réponse : 0 % Allezvous inscrire votre ou vos enfants à l’école secondaire du quartier ? Pourquoi ? Oui : 44 % Non : 0 % Ne sait pas/pas de réponse : 56 % Oui parce que… − Connaît des enfants qui ont bien réussi − Bon niveau, bonne école − La connaît, l’aime bien, encadrement − Proximité, pas le choix − École du quartier − Pas moyens de l’envoyer ailleurs − A entendu du bien de l’école Non parce que… − Va regarder pour une autre école Peut‐être parce que… − Pas pris de décision, je ne sais pas − Si encore dans le quartier À quelle école comptezvous envoyer votre enfant un fois rendu au secondaire ? École publique : 62,5 % École privée : 0 % Ne sait pas/pas de réponse : 37,5 %
École primairebassin 04
Avezvous
actuellement un enfant qui étudie à cette école ? Oui : 10 % Non : 87 % Pas de réponse : 3 % Allezvous inscrire votre ou vos enfants à l’école secondaire du quartier ? Pourquoi ? Oui : 26 % Non : 23 % Ne sait pas/Pas de réponse : 51 % Oui parce que… − Fera comme sa grande sœur − Correspond aux attentes − Bonne discipline (mère avec enfant à cette école) − Tiens au courant des évaluations au fur et à mesure (mère avec enfant à l’école secondaire du quartier) − Programme scientifique − Bons commentaires, bons profs, bon enseignement (X4) − Certains ont bien réussi à cette école, il y a de l’espoir − Enfant accepte et fait ses devoirs (mère avec enfant à cette école) − Une des meilleures écoles de la Pointe de l’île, connaît beaucoup l’école secondaire du quartier (mère qui travaille là) − Si mon enfant n’est pas admis dans un programme d’éducation internationale (PEI) ou dans un programme de sport ailleurs (X3) − Proximité/pas le choix − C’est une grande école − Mieux que d’autres écoles Non parce que… − Je préfère le privé (X7) − Déménagement possible (X6) − Je n’aime pas cette école (X4) − Je préfère le PEI (X4) − Un peu loin − Son garçon n’a pas le tempérament pour survivre à cette école − Mauvaise réputation, n’aime pas cet endroit, historique − Pas recommandé − Pas bonne dynamique avec les agents de sécurité − Ça fait peur, gang de rues, aire ouverte à l’entrée (mère qui travaille là occasionnellement) Peut‐être parce que… − Pas décidé encore, doit y réfléchir − Pas eu assez d’informations − Mon mari décide − Si l’enfant est intéressé − Jamais entendu − Va vérifier la qualité de la formation − Si nous habitons encore le quartier − Enfant intéressé par programme international à Henri‐Bourassa sinon le programme scientifique de l’école secondaire participante À quelle école comptezvous envoyer votre enfant un fois rendu au secondaire ? École publique : 48 % École privée : 13 % Ne sait pas/pas de réponse : 39 %
UNE COMMUNAUTÉ ÉDUCATIVE POUR FAVORISER LA PERSÉVÉRANCE ET LA RÉUSSITE DES ÉLÈVES DU SECONDAIRE 36 École primairebassin 05 Avezvous actuellement un enfant qui étudie à cette école ? Oui : 15 % Non : 85 % Pas de réponse : 0 % Allezvous inscrire votre ou vos enfants à l’école secondaire du quartier ? Pourquoi ? Oui : 36 % Non : 41% % Ne sait pas/pas de réponse : 33 % Oui parce que… − L’école répond à leurs attentes et elle l’a prouvé avec leurs enfants (X3) − Confiance en le directeur (X5)‐ Bon encadrement − C’est l’enfant qui a décidé − Proximité (X8) − Conseil de l’enseignant(e) − Je trouve que c’est une bonne école (X3) − Il y a un bon accueil − Dans le temps du parent c’était une bonne école et si des mesures sont prises pour qu’elle le reste oui − Les amis iront là − École performante − Les autres enfants qui ont fréquenté l’école n’ont pas eu de problème − Pour l’encadrement − Bon programme − Parce qu’il y a de la famille qui y va Non parce que… − J’ai un enfant à cette école et ça en a fait un décrocheur − Je préfère le privé (X4) − L’enfant veut aller à l’école privée − C’est une bonne école, mais l’environnement n’est pas sécuritaire (X2) − L’entourage est mauvais (X2) − L’école n’est pas dans son quartier (X2) − Il n’y a pas de discipline dans cette école (X2) − Gang de rue (X8) − Avec plus d’informations, peut‐être, mais pour l’instant non (X3) − Manque de respect − Pas confiance en l’école (X2) − Je veux que mon enfant aille à l’école où je suis allé − Va aller à la même école que les autres membres de la famille (X2) − Trop de problèmes (X2) − Trop une grande école − Beaucoup de nationalités − Mauvaise réputation Peut‐être parce que… − Mes amis inscrivent leurs enfants à cette école − Si l’enfant a de bonnes notes, il sera inscrit à Henri‐Bourassa − Dépend des notes, possibilité d’envoyer l’enfant au privé − Ne connaît pas les écoles du quartier − Risque de changer de quartier − L’entourage fait peur À quelle école comptezvous envoyer votre enfant un fois rendu au secondaire ? École publique : 41 % École privée : 27% Ne sait pas/Pas de réponse : 32 %
École primairebassin 06 Avezvous actuellement un enfant qui étudie à cette école ? Oui : 19 % Non : 81 % Pas de réponse : 0 % Allezvous inscrire votre ou vos enfants à l’école secondaire du quartier ? Pourquoi ? Oui : 33 % Non : 36 % Ne sait pas/pas de réponse : 31 % Oui parce que… − C’est une bonne école − C’est la meilleure école − Mon autre enfant fréquente cette école et il l’aime − C’est mon école de quartier − Le directeur de cette école est bon Non parce que… − Taxage, violence − Pas assez de devoir en secondaire 1 et les élèves n’ont pas appris assez de choses en mathématiques − Déménagement − J’ai eu de mauvais commentaires sur l’école/mauvaise réputation − Je veux inscrire mon enfant au PEI − Mon autre enfant est à l’école privée Peut‐être parce
que… − Mon enfant choisira son école − Je dois magasiner l’école, je veux visiter plusieurs écoles − Je déciderai plus tard durant son cheminement scolaire − Je veux comparer les programmes, étant donné les bonnes cotes des écoles privées − Ça dépend du quartier où j’habite À quelle école comptezvous envoyer votre enfant un fois rendu au secondaire ? École publique : 19 % École privée : 17 % Ne sait pas/pas de réponse : 64 %
UNE COMMUNAUTÉ ÉDUCATIVE POUR FAVORISER LA PERSÉVÉRANCE ET LA RÉUSSITE DES ÉLÈVES DU SECONDAIRE 38
À la lumière des résultats présentés dans ces tableaux, nous constatons que certaines perceptions sont partagées par les parents de différentes écoles qui souhaitent y envoyer leurs enfants : améliorations observées ces dernières années, sentiment de confiance, bonne école de la commission scolaire, enfant(s) de la même famille qui l’ont fréquentée. Tandis que d’autres parents invoquent des perceptions opposées et ne souhaitent pas y envoyer leur enfant (s) à cause de sa mauvaise réputation, de la violence ou du taxage, ou encore car ils ne croient pas que l’environnement soit sécuritaire.
Il est intéressant de comparer les perceptions des 381 parents d’élèves et leur intention d’envoyer ou non leur enfant à l’école secondaire du quartier. En effet, 32 % des répondants affirment qu’ils souhaitent inscrire leur enfant à cette école contre 37 % des parents qui disent qu’ils ne l’inscriront pas à cet endroit. Par ailleurs, 31 % des répondants indiquent qu’ils sont indécis quant à cette décision. Bien que ce ne soient pas les données issues des inscriptions effectives, ces intentions nous permettent de constater qu’il y a encore des efforts à faire de la part de la communauté éducative pour rehausser l’image de cette école publique de quartier. SYNTHÈSE PERCEPTIONS DES PARENTS D’ÉLÈVES DES ÉCOLES PRIMAIRES Perceptions des parents des écoles primairesbassin Perceptions positives ⋅ Bonne école secondaire ⋅ Amélioration marquée dans les deux dernières années ⋅ Le directeur a beaucoup aidé l’école ⋅ Enseignement de qualité ⋅ Rénovations des établissements ⋅ Amélioration de la sécurité Perceptions négatives ⋅ Mauvaise réputation ⋅ Pas assez de sécurité à l’extérieur de l’école ⋅ Mauvaise clientèle d’élèves ⋅ Enseignement de piètre qualité ⋅ Située dans un quartier défavorisé Perceptions de parents ayant déjà un enfant qui fréquente cette école secondaire ⋅ Amélioration générale ⋅ Enseignement de qualité ⋅ Programmes à vocation particulière ⋅ Bonne école ⋅ Beaucoup d’activités offertes Perceptions de parents dont aucun enfant n’a fréquenté cette école secondaire ⋅ Beaucoup de violence, de drogue, mauvais milieu ⋅ Pas une bonne réputation ⋅ Manque d’encadrement ⋅ Ils offrent un diplôme d’étude professionnel ⋅ Installations sportives ⋅ Bon directeur, a changé l’école ⋅ Certaines améliorations ⋅ Multiculturalisme Autres ⋅ Programmes à vocation particulière (sports, sciences) ⋅ Bataille, intimidation, drogue, gangs ⋅ Belles installations sportives (piscine, etc.) ⋅ Les enseignants sont compétents, serviables et à l’écoute des élèves