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La validité convergente des instruments auto-rapportés de la psychopathie : recension systématique et revue critique

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Academic year: 2021

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La validité convergente des instruments auto-rapportés de

la psychopathie: recension systématique et revue critique

Mémoire doctoral

Thibaut Sériès

Doctorat en psychologie

Docteur en psychologie (D.Psy.)

Québec, Canada

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La validité convergente des instruments auto-rapportés de

la psychopathie: recension systématique et revue critique.

Mémoire doctoral

Thibaut Sériès

Sous la direction de :

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Résumé

La mesure auto-rapportée de la psychopathie a été critiquée depuis sa création. Présentement, il n’existe toujours aucun consensus dans la littérature quant au questionnaire auto-rapporté qui serait le plus approprié pour évaluer la psychopathie. Ainsi, plusieurs questionnaires auto-rapportés sont utilisés dans la littérature, ce qui rend la comparaison des résultats difficile, voire impossible. Ce mémoire sera donc une revue critique qui aura pour objectif de répertorier et comparer les instruments auto-rapportés spécifiques à la psychopathie chez les adultes sur les plans de leur validité convergente avec la Psychopathy Checklist-Revised (PCL-R) ou sa version courte la Psychopathy Checklist-Screening Version (PCL-SV), et leurs populations d’utilisation. Tous les instruments auto-rapportés mesurant la psychopathie chez les adultes créés depuis la conceptualisation de la psychopathie de Cleckley en 1941 ont été répertoriés. Des corrélations pondérées moyennes entre les questionnaires auto-rapportés et la PCL-R/PCL-R ont été calculées. Dans des populations majoritairement composées de détenus, ce sont les facettes de la

Self-Report Psychopathy scale – Short Form (SRP-SF) qui obtiennent les meilleurs indices de

validité convergente avec leurs homologues de la PCL-R (r = .33, .43, .65 et .64) et c’est le

Psychopathic Personality Inventory – Short Form (PPI-SF) total qui obtient la meilleure validité

convergente avec la PCL-R total (r = .46). La psychopathie semble être une pathologie difficilement mesurable par questionnaire comparativement à plusieurs autres troubles de personnalité. Pour améliorer leur mesure, il est proposé que plusieurs items personnologiques des questionnaires soient reformulés et que le nombre d’items soit réduit.

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Table des matières

Résumé ... iii

Introduction ... 1

Définition préliminaire et délimitation du concept de psychopathie ... 2

Sous-groupes prédominants de la psychopathie ... 4

Évolution historique du concept de psychopathie ... 6

Conceptualisations actuelles de la psychopathie ... 8

Modèles factoriels... 12

Instruments de mesure de la psychopathie ... 14

Objectifs et hypothèses ... 21

Méthode ... 23

Critères d’inclusion et d’exclusion ... 23

Protocole ... 23 Analyses ... 25 Résultats ... 27 PPI ... 27 PPI-R ... 27 PPI-SF ... 28 SRP-II ... 28 SRP-III ... 28 SRP-4 ... 28 SRP-SF ... 29 LSRP ... 29 TriPM ... 29 SPI ... 29 PSI et EPA ... 30 Discussion ... 31 PPI ... 31 PPI-R ... 34 PPI-SF ... 36 SRP ... 37 SRP-II ... 38 SRP-III ... 38 SRP-4 ... 39 SRP-SF ... 41 LSRP ... 43 TriPM ... 45 SPI ... 47

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v Discussion générale ... 49 Limites ... 52 Références... 53 Annexe 1 – Organigramme 1 ... 59 Annexe 2 – Organigramme 2 ... 60

Annexe 3 – Tableau d’extraction de données ... 61

Annexe 4 – Tableau 3 : la validité convergente entre le PPI et la PCL-R/PCL-SV ... 79

Annexe 5 – Tableau 4 : la validité convergente entre le PPI-R et la PCL-R/PCL-SV ... 81

Annexe 6 – Tableau 5 : la validité convergente entre le PPI-SF et la PCL-R/PCL-SV ... 84

Annexe 7 – Tableau 6 : la validité convergente entre le SRP-III et la PCL-R ... 85

Annexe 8 – Tableau 7 : la validité convergente entre le SRP-4 et la PCL-R ... 87

Annexe 9 – Tableau 8 : la validité convergente entre le SRP-SF et la PCL-R ... 89

Annexe 10 – Tableau 9 : la validité convergente entre le LSRP et la PCL-R ... 91

Annexe 11 – Tableau 10 : la validité convergente entre le TriPM et la PCL-R ... 92

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Introduction

La psychopathie est une pathologie souvent considérée comme un trouble personnalité qui intéresse les chercheurs et les cliniciens depuis des dizaines d’années. Depuis la 2e

moitié du 20e siècle, des auteurs tels que Cleckley et Hare ont permis d’en clarifier la conceptualisation. C’est à travers la recherche et les observations cliniques qu’il a été possible d’identifier des ensembles de traits ou de symptômes cohérents pour décrire et mesurer la psychopathie. Bien que la mesure du construit ait connu de grandes avancées dans les dernières décennies, certains aspects de ce dernier, tel que l’inclusion de la dimension comportementale, notamment en ce qui a trait aux comportements illégaux, ne font toujours pas consensus auprès des chercheurs et des cliniciens. Malgré ces désaccords, la PCL-R, entrevue semi-structurée mesurant à la fois les aspects personnologiques et comportementaux de la psychopathie, a fait l’objet de nombreuses études de validation et est actuellement l’outil étalon dans la mesure hétéro-rapportée de la psychopathie. La PCL-R exige toutefois un grand investissement de temps lors de la passation et de la cotation et nécessite un évaluateur formé pour être utilisée. Il s’agit d’une contrainte temporelle et financière importante pour les chercheurs qui veulent recruter un grand nombre de participants et les cliniciens qui veulent avoir un aperçu des traits psychopathiques de leurs patients/clients. Il serait pratique pour ces derniers de pouvoir utiliser un instrument auto-rapporté pour mesurer les traits psychopathiques, car il s’agit d’une modalité plus facilement et rapidement administrable. Cependant, il n’existe actuellement aucun consensus quant à l’instrument de mesure rapportés spécifique à la psychopathie à préconiser. Les questionnaires auto-rapportés mesurent la psychopathie selon des conceptualisations distinctes et ont des barèmes de cotation différents. Ainsi, il est difficile, voire impossible, pour les chercheurs et cliniciens de comparer leurs résultats lorsque différents questionnaires auto-rapportés spécifiques à la psychopathie (les instruments ne s’intéressant qu’aux caractéristiques intrinsèques de la psychopathie : les traits de personnalité et parfois les comportements propres aux psychopathes) sont utilisés.

Ce mémoire sera une revue critique qui visera tout d’abord à répertorier les instruments auto-rapportés spécifique à la psychopathie chez les adultes, puis à répertorier et combiner leurs indices de validité convergente avec la PCL-R et sa version courte, la Psychopathy Checklist –

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convergente et leurs populations d’utilisation. Les associations avec la PCL-SV seront aussi répertoriées en plus de celles avec la PCL-R, car elles permettent d’amasser plus de données et que dans différents échantillons, les corrélations entre la PCL-SV et la PCL-R sont très fortes (r>.80 ; Cooke, Michie, Hart et Hare, 1999). Ce travail fera le bilan sur les mesures auto-rapportées spécifiques à la psychopathie qui sont disponibles dans la littérature. Cette étude pourrait aider les chercheurs à effectuer une collecte de données plus adaptée à la portée de chaque instrument et d’uniformiser la mesure auto-rapportée de la psychopathie. Ce travail permettra par ailleurs aux cliniciens d’acquérir une opinion clinique plus juste de leurs patients selon l’instrument utilisé et le contexte d’évaluation. À notre connaissance, le dernier travail portant sur ce sujet a été fait par Lilienfeld (2006) dans le Handbook of psychopathy de Patrick. Cependant, plusieurs des instruments y étant décrits ont évolué et d’autres études de validation se sont ajoutées depuis, ce qui justifie une analyse supplémentaire des instruments de mesure. Notons aussi que Lilienfeld fait une description qualitative des instruments plutôt qu’une analyse quantitative de ces derniers. Ajoutons enfin que la recension faite par Lilienfeld a une visée plus large tandis que la présente étude ciblera qu’un seul type de qualité psychométrique, soit la validité convergente avec la PCL-R/PCL-SV.

Au cours des pages qui suivent, le concept de psychopathie et les sous-groupes prédominants de la psychopathie seront décrits. Ensuite, les différentes conceptualisations du trouble ainsi que les modèles factoriels de la psychopathie seront décrits. Enfin, l’historique de l’évolution du concept de psychopathie sera présenté, ainsi que plusieurs instruments de mesure hétéro-rapportés et critiques auxquelles font actuellement face les instruments de mesure auto-rapportés.

Définition préliminaire et délimitation du concept de psychopathie

La conceptualisation contemporaine de la psychopathie la plus acceptée présentement dans la littérature scientifique est celle de Hare. Il définit la psychopathie selon des dysfonctionnements personnologiques (affectifs et interpersonnels) et comportementaux (style de vie impulsif et comportements antisociaux; Hare et Neumann, 2006). Plus précisément, Hare (1993) définit les psychopathes comme étant des prédateurs humains, qui froidement, sans le moindre sentiment de regret ou de culpabilité utilisent le charme, la manipulation, l’intimidation

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et la violence pour contrôler les autres. Actuellement, la psychopathie est généralement décrite comme un construit relevant essentiellement de la sphère de la personnalité. Cette conceptualisation personnologique de la psychopathie est appuyée empiriquement par des méta-analyses qui ont mis en évidence des liens significatifs entre les traits de différents modèles de la personnalité et les deux facteurs de la PCL-R ainsi que différents questionnaires auto-rapportés spécifiques à la psychopathie (Lynam et Derefinko, 2006).

Même si la conceptualisation générale de Hare est dominante en recherche et en clinique, il reste une polémique dans la littérature quant à la conceptualisation précise de la psychopathie. En effet, il n’y a toujours pas de consensus à savoir si les comportements illégaux devraient faire partie de la pathologie. Bien que plusieurs auteurs aient observé un lien entre la psychopathie et les comportements antisociaux et illégaux (r = .44, p<.001 ; Levenson, Kiehl et Fitzpatrick, 1995), d’autres pensent que cela ne justifie pas leur inclusion dans la mesure du trouble. Quelques observations appuient cette dernière suggestion. Tout d’abord, les comportements illégaux ne constituent pas un facteur exclusif à la psychopathie. Des individus avec d’autres troubles de la personnalité (Trouble de personnalité narcissique, Trouble de personnalité antisociale etc.) peuvent commettre ce type de comportements. Ainsi, inclure les comportements illégaux dans la mesure du trouble de personnalité psychopathique entrainerait un manque de spécificité. De plus, des traits de personnalité caractéristiques de la psychopathie tels que la désinvolture, le charme superficiel et le sens grandiose de sa propre importance peuvent se manifester sans conduire un individu vers l’illégalité. C’est d’ailleurs une problématique inhérente aux successful psychopaths (SP, définition donnée ultérieurement) chez qui les traits psychopathiques sont présents sans pour autant qu’il y ait présence d’actes criminels. Les SP échappent donc à certains instruments qui incluent des comportements illégaux. Ainsi, l’inclusion des comportements délictueux dans la mesure de la psychopathie entrainerait un manque de sensibilité chez celle-ci.

L’antisocialité se définit comme étant tout comportement ou attitude allant à l’encontre d’une cohésion ou des règles sociales. Ce concept englobe les comportements illégaux, mais ne s’y restreint pas. Le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM 5) adopte une vision plus restreinte du Trouble de personnalité antisociale (TPA) et le décrit essentiellement comme un ensemble de comportements délictueux (APA, 2000). Le TPA est parfois confondu avec la psychopathie, car ces troubles ont plusieurs traits de personnalité en commun: notamment

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le manque de remord, l’impulsivité, l’irresponsabilité et la tromperie. Cependant, la psychopathie comprend plusieurs traits de personnalité qui ne font pas partie du TPA : notamment un soi grandiose, la désinvolture, le manque d’empathie et des affects superficiels. D’ailleurs, Hare observe que la prévalence du TPA dans des populations générale et légale est trois fois plus élevée que dans celle de la psychopathie (Hare et Neumann, 2009). Ainsi, la plupart des individus satisfaisant aux critères du TPA ne sont pas des psychopathes. C’est donc dire que, tel que rapporté par le DSM-IV-TR (APA, 2000), ces deux troubles sont étroitement liés, bien qu’ils ne doivent pas être confondus.

Enfin, mentionnons que la vision populaire de la psychopathie est souvent erronée, car elle met beaucoup d’accent sur les caractéristiques sensationnelles de la pathologie. Par exemple, l’industrie cinématographique dépeint fréquemment les psychopathes comme des meurtriers, des individus avec une intelligence supérieure à la moyenne ou présentant des symptômes psychotiques (Hare, 1993 ; Salekin, Neumann, Leistico et Zalot, 2004). Or, on sait aujourd’hui que les psychopathes ne se réduisent pas à leurs comportements sadiques et parfois meurtriers, mais plutôt par un ensemble de caractéristiques liées à leur personnalité et, dépendamment des conceptualisations, à leurs comportements antisociaux. Il ne s’agit pas non plus d’individus avec une intelligence supérieure, bien que certains psychopathes peuvent être pourvus de bonnes ressources cognitives pour maintenir leur statut social. D’ailleurs, aucune corrélation significative n’a été observée entre la psychopathie et l’intelligence (Salekin et al., 2004).

Sous-groupes prédominants de la psychopathie

Psychopathie primaire et secondaire. En 1941, Karpman a introduit la distinction entre

les psychopathes primaire et secondaire, aussi appelés psychopathes idiopathique et symptomatique respectivement, pour différencier l’étiologie de comportements similaires chez ces deux types d’individus. Selon Karpman, seul le psychopathe idiopathique peut être considéré comme un vrai psychopathe. Chez ce dernier, des prédispositions génétiques, notamment une insensibilité et un égocentrisme prépondérant, expliquent ses comportements constamment axés sur la manipulation et la tromperie (Levenson et al., 1995). Karpman affirme que les comportements du psychopathe symptomatique s’expliquent par des causes psychogénétiques, tels que des facteurs environnementaux et des troubles émotionnels (impulsivité extrême).

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Contrairement au type idiopathique, le type symptomatique vit beaucoup d’anxiété, si bien qu’il s’agit toujours, selon Karpman, d’un facteur discriminant entre les deux types de psychopathie (Miller, Gaughan et Pryor, 2008 ; Levenson et al., 1995). Les psychopathes symptomatiques seraient plus nombreux et peuvent inclure les individus atteints d’une psychose ou d’une névrose avec une forte composante antisociale (Karpman, 1948). Karpman soutient que les deux types de psychopathes se retrouvent dans la population, cependant le type symptomatique est plus à même d’attirer l’attention des autorités et des professionnels de la santé dû à leur difficultés émotionnelles (Levenson et al., 1995). En 1995, Levenson a repris la conceptualisation de Karpman en y incluant des traits interpersonnels et certaines autres attitudes. Levenson décrit les psychopathes idiopathiques comme étant plus stables émotionnellement, mieux adaptés à la société et rarement, voire jamais, anxieux. Les psychopathes symptomatiques, quant à eux, sont décrits comme plus instables et plus susceptibles d’être atteints de maladies mentales (Levenson et al., 1995). En 1995, appuyant le modèle de Karpman, Mealey a proposé d’ajouter la nature de la motivation des psychopathes comme caractéristiques distinctives entre ces deux types d’individus. Selon elle, les psychopathes symptomatiques peuvent se montrer coopératif selon les circonstances alors que les psychopathes idiopathiques sont presque uniquement motivés par un mode d’antisocialité (Gillespie, Mitchell, Johnson, Dawson et Beech, 2013).

Successful Psychopaths. Les SP ne sont pas un sous-ensemble de psychopathes encore

très bien compris, car ils sont peu étudiés en raison de plusieurs difficultés méthodologiques principalement présentes sur le plan du recrutement. La définition et la conceptualisation de ce type de psychopathes ne sont donc pas claires. Bien qu’il n’existe pas de définition qui fasse vraiment consensus, il est courant qu’on se réfère à une définition semblable à celle de Mullins-Sweatt, Glover, Derefinko, Miller, et Widiger (2010) qui définissent les SP comme des individus regroupant les caractéristiques essentielles des psychopathes mais n’ayant pas commis de crime justifiant une arrestation ou ayant réussi à éviter une enquête. Quelques zones grises existent dans cette définition. En effet, un psychopathe ayant commis un crime justifiant une arrestation, mais n’ayant pas encore fait l’objet d’enquête est-il un SP ? De même qu’un SP doit-il être libre de tout dossier criminel ? C’est-à-dire que si une peine d’emprisonnement a déjà été purgée par un psychopathe, mais qu’après son retour en liberté ce dernier ne commet plus de crime, peut-il être considéré comme un SP ? par ailleurs, il n’est pas clair si les SP doivent être considérés comme

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des psychopathes sous-cliniques ou des psychopathes utilisant des caractéristiques compensatoires, telles que la socialisation ou l’intelligence, pour se montrer plus adaptés aux demandes de la société (Hall et Benning, 2006).

Plusieurs SP atteignent un certain succès professionnel et accèdent à des corps de métier prestigieux en raison de caractéristiques liées à leur personnalité tel que leur charme superficiel, leur égocentrisme et leur désinvolture, (Ullrich, Farrington et Coid, 2008). Comme le précise Hare (Babiak, Neumann et Hare, 2010) : «Tous les psychopathes ne sont pas en prison. Plusieurs sont en salle de réunion.» [traduction libre]. Les psychopathes oeuvrant au sein d’une corporation sont appelés psychopathes à col blanc (Boddy, 2011). Certains auteurs avancent que plusieurs sphères professionnelles telles que celles liées au domaine corporatif tolèrent les traits psychopathiques et vont même jusqu’à les valoriser (i.e. froideur émotionnelle, manque d’empathie). C’est-à-dire que ne se sentant pas tenus de respecter les lois, les psychopathes sont à l’occasion perçus comme des visionnaires ou des acteurs pouvant transcender la pensée conventionnelle. Il peuvent parfois s’engager dans des comportements comme la fraude, la corruption et la collusion (appelés crimes à col blanc) pour maximiser les rendements des industries pour lesquelles ils travaillent (Robinson et Murphy, 2009; Brody et Kiehl, 2010). Il est important de noter que tous les crimes à col blanc ne sont pas perpétrés uniquement par des psychopathes à col blanc. Cependant, quelques études récentes montrent que les criminels à col blanc (individus commettant des crimes à col blanc) pourraient présenter des traits psychopathiques en plus grande proportion que dans la population normale (Babiak et al., 2010). C’est donc dire que les psychopathes semblent avoir une propension à s’engager dans les crimes à col blanc.

Évolution historique du concept de psychopathie

Avant les années 1800, les médecins voyaient les psychopathes comme des individus souffrant de psychoses ou de manies. Au début des années 1800, Philippe Pinel observa que certains types d’individus maniaques ne présentant aucune difficulté de raisonnement s’engageaient tout de même dans des comportements dommageables pour eux-mêmes. Il nomma cette condition «manie sans délire» et pour la première fois, on faisait référence au concept de «folie morale» pour parler de la pathologie du système de valeurs caractérisant les psychopathes.

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Reprenant les observations de Pinel, le médecin Benjamin Rush vit dans la «manie sans délire» des éléments liés à la personnalité et y ajouta des caractéristiques tels que l’irresponsabilité et l’absence de honte. En 1835, J.C. Prichard élargi la vision de Rush en ajoutant qu’il s’agissait d’une maladie issue principalement ou complètement d’un dérèglement des émotions, du tempérament ou des comportements. Selon lui, ce trouble empêcherait les individus atteints de développer un sens du bien et des responsabilités. Dans les années 1890, l’Allemand J.L. Koch proposa de remplacer le terme «folie morale» par «infériorité psychopathique». À l’époque, le terme «psychopathique» était un mot générique comprennant tous les troubles personnologiques. L’«infériorité psychopathique» comprennait donc les irrégularités mentales en lien avec la personnalité qui influençaient un homme dans sa vie personnelle et son fonctionnement psychosocial. En liant officiellement la psychopathie à la personnalité, Koch orienta pour la première fois cette condition psychiatrique anciennement égodystone vers une conceptualisation égosyntone sans toutefois la concevoir comme un trouble à part entière. Probablement dû à sa connotation négative, le terme «infériorité» disparu progressivement pour laisser place à des termes tels que «personnalité psychopathique» et «état constitutionnel psychopathique» (Millon, 1981). En 1941, Cleckley proposa une conceptualisation intégrative axée principalement sur des traits de personnalité et il avança pour la premièrefois que les psychopathes ne se trouvaient pas uniquement qu’en prison mais également dans la population générale (Cleckley, 1955). Vint ensuite l’introduction du terme «sociopathie» qui fut repris par le DSM-I en 1952 (Millon, 1981). Les sociopathes sont décrits comme des individus ayant une capacité normale à ressentir de l’empathie, de la culpabilité et entretenir une loyauté envers autrui, mais leur sens du bien et du mal est basé sur les normes de la culture dans laquelle ils vivent ; cultures dans lesquels des actes antisociaux, voire criminels, sont vus comme normaux, voire nécessaires (Babiak et Hare, 2006). Les réactions sociopathiques n’étaient pas décrites comme un trouble mental mais bien comme une conséquence d’autres troubles de la personnalité. Il s’agissait d’une appellation étant loin de faire consensus puisqu’elle supposait une étiologie uniquement ou majoritairement environnementale et des symptômes basés sur la déviance par rapport aux normes sociales. En 1968, le DSM-II inclus le TPA comme un trouble de personnalité à part entière. Dans cette édition, ce trouble est défini à travers divers traits personnologiques et le DSM-II mentionne que les comportements antisociaux ne sont ni nécessaires ni suffisants pour diagnostiquer un TPA (Millon, 1981). En 1980, le DSM-III adopte une approche comportementale pour conceptualiser

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le TPA, c’est-à-dire que les critères diagnostiques sont majoritairement décrits en fonction de comportements, ce qui ne fit pas l’unanimité dans la population scientifique (Lilienfeld, 1994). Actuellement, c’est l’approche hybride qui est la plus acceptée dans la communauté scientifique. Elle décrit la psychopathie selon une combinaison de traits de personnalité et de comportements antisociaux (Cooke, Michie et Hart, 2006). Le DSM, quant à lui, n’a pas changé ses critères diagnostiques depuis sa 3e édition.

Conceptualisations actuelles de la psychopathie

Conceptualisation de Cleckley. Cleckley a eu une influence majeure avec la

conceptualisation de la psychopathie décrite dans le livre The Mask of Sanity, dont la première des trois versions est parue en 1941. Cet ouvrage reste une référence aujourd’hui et cette conceptualisation, à l’origine des modèles factoriels actuels, teinte largement la compréhension et la mesure contemporaine du trouble (Walters, 2012). The Mask of Sanity décrit les psychopathes d’une manière qui, à l’époque, était avant-gardiste. En effet, en proposant une description s’approchant de la sphère de la personnalité, il s’éloignait de l’approche prédominante de l’époque qui décrivait les psychopathes en fonction de caractéristiques relevant davantage de la psychose. Selon lui, bien que parfois fonctionnels et capables de vivre en société, les psychopathes peuvent se montrer plus dangereux que des individus atteints d’une condition psychiatrique grave nécessitant une hospitalisation à vie (Cleckley, 1955).

Cleckley définit la psychopathie à travers 16 caractéristiques : 1) un charme superficiel et une bonne intelligence ; 2) une absence de délire et autre signe de pensée irrationnelle ; 3) une absence de nervosité ou de manifestation névrotique ; 4) une manque de fiabilité ; 5) des menteurs et personnes insincères ; 6) un manque de remord ou de honte ; 7) des comportements antisociaux inadéquatement motivés ou sans objectif apparent ; 8) une mauvais jugement et incapacité à apprendre des expériences ; 9) une égocentrisme pathologique et incapacité à aimer ; 10) une pauvreté générale dans les réactions affectives ; 11) une perte spécifique d’introspection ; 12) un manque de sensibilité générale dans les relations interpersonnelles ; 13) des comportements fantastiques et non-attrayants lorsqu’ils consomment de l’alcool ou pas ; 14) un suicide rarement complété ; 15) une vie sexuelle impersonnelle, insignifiante et pauvrement intégrée ; et 16) une incapacité à suivre des plans de vie et ce, qu’ils soient bons ou mauvais.

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Dans sa conceptualisation, Cleckley n’accorde qu’une place restreinte aux attitudes et comportements antisociaux. Ces actes sont décrits comme ayant de faibles conséquences et comme étant secondaires à des traits caractériels, ce qui contraste avec la majorité des conceptualisations actuelles (Walters, 2012). Ainsi, les SP peuvent être inclus dans la description que Cleckley fait de la psychopathie contrairement à plusieurs modèles contemporains qui mettent l’accent sur les comportements antisociaux et illégaux.

Conceptualisation de Hare. Hare est probablement l’auteur ayant encore l’influence la

plus marquante sur la conceptualisation contemporaine de la psychopathie. En effet, en s’inspirant des 16 traits énoncés par Cleckley, Hare a défini les traits de personnalité, les attitudes et les comportements qui sont aujourd’hui les plus utilisés pour conceptualiser la psychopathie. Bien que sa conceptualisation fasse l’objet de critiques, notamment parce que celle-ci inclue des comportements non spécifiques aux psychopathes (comportements antisociaux et illégaux), plusieurs instruments de mesure s’en sont inspirés (PPI, SRP, etc.).

Hare conceptualise la psychopathie selon deux dimensions majeures: la dimension affective et interpersonnelle et celle de la déviance sociale. La première dimension se subdivise en deux sous-dimensions : les dimensions affective et interpersonnelle. La première se compose d’un charme superficiel/une désinvolture, d’un égocentrisme/un sens grandiose de sa personne, du mensonge pathologique et de la tromperie/la manipulation. La seconde se compose d’un manque de remords, d’affects superficiels, d’une insensibilité/d’un manque d’empathie et de l’externalisation du blâme. La dimension de la déviance sociale se subdivise aussi en deux sous-dimensions : la dimension du style de vie impulsif et de l’antisocialité. La première se compose d’un besoin de stimulation/d’une propension à s’ennuyer, d’un style de vie parasitaire, d’une incapacité à planifier des objectifs à long terme, de l’impulsivité et de l’irresponsabilité. La seconde se compose d’un faible contrôle comportemental, de problèmes comportementaux en jeune âge, de la délinquance juvénile, de la révocation des conditions de sortie et de la versatilité criminelle (Hare et al., 2006).

Conceptualisation de Kernberg. Dans la conceptualisation de Kernberg, la personnalité

psychopathique est nommée personnalité antisociale, mais ne réfère en rien à la personnalité antisociale du DSM. Elle s’inspire plutôt de la conceptualisation classique de Cleckley (Kernberg,

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2003). Selon Kernberg, la personnalité antisociale est un sous-groupe de la personnalité narcissique sous sa forme la plus sévère (Widiger, 2006). Kernberg conceptualise le trouble narcissique sur un continuum débutant par la personnalité narcissique, passant par le syndrome du narcissisme malin et se terminant par la personnalité antisociale (Kernberg, 2003).

Ainsi, selon Kernberg, le trouble de personnalité narcissique, trouble se situant à l’extrême le moins sévère du continuum, se caractérise par un soi grandiose qui représente une défense contre une agressivité inconsciente qui prend souvent la forme de l’envie. Ici, les actes antisociaux reflètent plus l’expression d’un soi grandiose et un sentiment de droit acquis que des enjeux de domination et de sadisme, bien qu’il s’agisse tout de même d’enjeux présents dans leur monde interne (Kernberg, 2003).

Vient ensuite le syndrome du narcissisme malin qui se définit par la présence de traits de personnalité narcissique, de paranoïa et de comportements antisociaux. Selon Kernberg, les narcissiques malins peuvent s’assujettir à un code moral qu’ils idéaliseront rendant leurs comportements violents légitimes. Ayant une certaine capacité d’internalisation du bon objet, ces derniers peuvent aussi s’affilier avec des individus eux aussi perçus comme grandioses et peuvent entretenir un sentiment de loyauté envers quelques personnes (Kernberg, 2003).

Finalement, Kernberg conceptualise la personnalité antisociale comme étant la résultante de structures intrapsychiques pathologiques issues de l’interaction entre un modèle d’attachement malsain lors de l’enfance, une prédisposition génétique à l’agressivité excessive et une disposition à l’activation d’affects agressifs. Ayant développé des relations d’objets pathologiques durant l’enfance en raison d’une déficience du système d’attachement, il n’existe aucun bon objet dans leur monde interne. Cette absence de bon objet entraine ces patients à percevoir leur environnement comme un mélange de violence et de haine. La projection massive de leurs conflits internes sur l’environnement entraine inévitablement de la paranoïa. Ainsi, l’objet est toujours perçu comme menaçant, instable, sadique et devant être dominé, manipulé ou détruit. Le psychopathe vit dans l’envie constante d’autrui puisque les objets sont perçus comme capable de simuler un monde interne sain n’étant pas dominé par la violence ; chose qui pour lui, est impossible. Selon Kernberg, cette envie entraine une dévaluation des autres et l’expérience d’un soi grandiose de même qu’un besoin de destruction de l’objet par des comportements sadiques.

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Une distinction majeure avec le syndrome du narcissisme malin réside dans le fait que les individus antisociaux ne peuvent entrer en relation que lorsqu’ils sont en position de pouvoir. De ce fait, il leur est donc impossible de s’affilier à autrui ni même d’internaliser un code moral (Kernberg, 2003). De plus, lorsque confrontés aux conséquences de leurs actes d’exploitation, les narcissiques malins peuvent démontrer une certaine culpabilité ou des remords, ce qui n’est pas le cas chez les antisociaux (Widiger, 2006).

Conceptualisation de Meloy. Dans son livre The psychopathic mind, Meloy (1988)

décrit sa compréhension du développement de la personnalité psychopathique. Selon lui, il est commun d’observer de l’abus dans l’enfance d’un psychopathe. Ce dernier grandit souvent auprès d’une mère imprédictible, inconsistante et affectivement carençante, ce qui pourrait le pousser à la percevoir comme une prédatrice agressive ou une étrangère passive. En une telle absence de sécurité, l’enfant renoncerait au développement d’une relation d’attachement avec sa mère ce qui ultérieurement, le rendrait incapable de s’investir dans toute relation d’intimité. La figure d’attachement principale de l’enfant représentant pour lui une menace, il pourrait avoir l’impression de grandir seul dans un monde de prédateurs. Cette vision pourrait se cristalliser au fil des années. Selon Meloy, les psychopathes auraient l’impression de vivre dans un monde composé d’individus malveillants de qui ils doivent se protéger, les rendant prompts à s’engager dans des comportements asociaux, voire antisociaux. L’agressivité des psychopathes est donc comprise par Meloy comme une réaction de survie conséquente aux relations d’objets entretenues dans le monde interne de ces derniers (Meloy, 1988).

Meloy a beaucoup écrit sur l’agressivité et la violence dont peuvent faire preuve les psychopathes. Il fait la distinction entre deux types d’agression: l’agression affective et l’agression prédatrice. Il avance l’hypothèse que le fonctionnement psychologique des psychopathes prédispose, précipite et perpétue chez eux l’expression de l’agression prédatrice. Il discrimine ces deux types d’agression selon plusieurs caractéristiques dont la plus importante est certainement l’activation intense du système nerveux autonome sympathique (accélération de la respiration, transpiration, rigidité musculaire, dilatation des pupilles, etc.). Dans l’agression prédatrice, une telle activation est soit absente ou minimale, ce qui explique la froideur avec laquelle sont souvent commis les crimes des psychopathes. Pour Meloy, la plupart des autres caractéristiques distinguant les deux types d’agression sont secondaires à l’activation ou l’absence

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d’activation du système nerveux autonome sympathique. Parmi ces dernières, il nomme l’absence d’expérience émotionnelle subjective et consciente dans l’agression prédatrice. En effet, rétrospectivement, aucun affect n’est rapporté par les individus ayant fait l’expérience de ce type d’agression. La sensation ressentie est plutôt l’euphorie, et celle-ci est ressentie avant l’accomplissement de l’acte agressif. Selon Meloy, l’agression prédatrice se caractérise également par l’absence de déplacement rapide de la cible d’agression. C’est-à-dire que, dans l’agression affective, lorsqu’il y a activation du système sympathique, si une tierce personne s’immisce dans un conflit, il est fréquent de voir l’agresseur changer sa cible d’agression pour viser cette tierce personne. Dans l’agression prédatrice, en l’absence de l’activation du système sympathique, le prédateur ne démord pas de sa proie, même advenant la venue d’autres individus dans le conflit. De plus, contrairement à l’agression affective, l’agression prédatrice n’est pas en réaction à une menace réelle ou perçue et n’a pas pour objectif de réduire cette menace pour permettre au corps d’atteindre son état d’homéostasie. Bien que Meloy conceptualise ces types d'agression comme étant deux catégories dichotomiques, c’est-à-dire qu’il ne fait pas état d’un continuum reliant les deux type d’agression, il postule tout de même qu’il est possible de passer d’un type d’agression à l’autre et ce, très rapidement (Meloy, 1988).

Modèles factoriels

Les modèles factoriels sont souvent utilisés pour concevoir la psychopathie. Ils ont pour objectif de simplifier le construit en regroupant les items des instruments de mesure en quelques dimensions. Les modèles factoriels de la psychopathie sont formés selon une approche top-down. C’est-à-dire que des traits de personnalité et des comportements ont empiriquement été sélectionnés lors d’analyses factorielles et ont ensuite été regroupés pour former des facteurs. La majeure partie du temps, lorsque les auteurs font référence aux facteurs de la psychopathie, ces derniers font référence aux facteurs de la PCL-R, car il s’agit de l’instrument de mesure étalon dans le domaine. L’approche top-down a pour avantage de permettre la formation de modèles factoriels relativement bien reçus par les chercheurs puisque les analyses factorielles ont été menées sur la PCL-R et que cet instrument est bien accepté dans la communauté scientifique. En contrepartie, cette approche a pour inconvénient que le modèle factoriel ne pourra qu’être, au mieux, aussi bon que la conceptualisation originale de la PCL-R (Cooke et al., 2006). Cela

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s’explique par le fait que les items constituant le modèle factoriel ne sont qu’une sélection des traits de personnalité et comportements constituant la PCL-R.

Modèle à deux facteurs. Le modèle à deux facteurs, conçu par Hare en 1991, fut le

premier modèle regroupant différents facteurs de la psychopathie (Hare et al., 2006). Le facteur 1 (F1) représente les aspects affectifs et interpersonnels de la psychopathie et le facteur 2 (F2) les aspects de déviance sociale. Suite à la remise en question des analyses statistiques utilisées dans la formation du modèle à deux facteurs (Cooke et al., 2006) et de la conceptualisation que la PCL-R préconise qui, selon certains auteurs, s’éloigne trop de celle de Cleckley (Skeem, Mulvey et Grisso, 2003), d’autres modèles ont été créés.

Modèle à trois facteurs. Le modèle à trois facteur, conçu en 2001 par Cooke et Michie

(Hare et al., 2006), avait pour objectif d’approcher la conceptualisation de la psychopathie de l’approche personnologique initialement proposée par Cleckley (Skeem et al., 2003). Avant de faire leurs analyses factorielles, Cooke et Michie ont donc supprimé de la PCL-R les quatre items mesurant les comportements antisociaux qui, selon eux, ne font pas partie intégrante du construit (Visser, 2011). C’est un modèle à trois facteurs qui s’est montré le plus représentatif de la psychopathie. Le F1 représente la facette interpersonnelle, le F2 la facette affective et le facteur 3 (F3) les comportements et le style de vie psychopathique. Les F1 et F2 sont issus de la scission du F1 du modèle à deux facteurs et le F3 comprend un sous-ensemble des items du F2 du modèle à deux facteurs en mettant toutefois moins d’emphase sur l’antisocialité (Visser, 2011; Hare et al., 2006). Le modèle à trois facteurs ne fait pas l’unanimité. En effet, Hare est d’avis que les procédures quant aux choix des items et des analyses factorielles menées ne furent pas faites de manière consciencieuse (Hare et al., 2006).

Modèle à quatre facettes. Lors de la parution de la deuxième édition de la PCL-R en

2003, Hare proposa un nouveau modèle hiérarchique à quatre facettes. Selon Hare, ses analyses factorielles confirment la viabilité d’un modèle à quatre facteurs (facteurs affectif, interpersonnel, du style de vie et antisocial), mais les patrons corrélationnels de ses analyses suggèrent également la viabilité du modèle à deux facteurs (facteur affectif et interpersonnel et de déviance sociale). Il conclut que le modèle le plus représentatif de la psychopathie est un modèle hiérarchique composé de deux facteurs généraux (facteur de premier ordre) et quatre facteurs précis (facteurs

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de second ordre) qu’il nomme facettes. Hare affirme que ce modèle est valide auprès d’individus incarcérés et dans la population générale et que les comportements antisociaux et illégaux font partie intégrante du concept de la psychopathie (Hare et al., 2006). Cependant, encore une fois ce modèle ne fait pas consensus puisque Cooke et Michie n’ont pas réussi à répliquer les résultats obtenus par Hare (Cooke et al., 2006).

Aucun modèle ne fait présentement l’unanimité, cependant ceux faisant l’objet du plus grand nombre d’études sont le modèle à trois facteurs et celui à quatre facettes. Certains postulent la supériorité du premier (Cooke, Michie, Hart et Clark, 2005 ; Walters, 2012), tandis que d’autres, celle du deuxième (Vitacco, Neumann et Jackson, 2005 ; Hill, Neumann et Rogers, 2004). Le fait que les études utilisant la PCL-R soient plus souvent conduites auprès de populations psychiatriques ou incarcérées, dans lesquelles les actes criminels sont plus présents, peut donner l’impression que le modèle à quatre facettes est plus viable. Cependant, d’autres études doivent être menées, et ce, dans différentes populations, car si l’illégalité ne fait pas partie intégrante du concept de psychopathie, l’inclusion d’une quatrième facette diminuerait la sensibilité des instruments en excluant, par exemple, les SP.

Instruments de mesure de la psychopathie

Il existe deux types d’instrument de mesure de la psychopathie : les instruments hétéro-rapportés et auto-hétéro-rapportés. Les premiers sont remplis par un tiers, c’est-à-dire toute personne autre que le sujet évalué, les seconds sont remplis directement par le sujet.

Instruments de mesure hétéro-rapportés.

Psychopathy Checklist (PCL(-R)). La PCL-R est aujourd’hui l’instrument de mesure hétéro-rapporté le plus utilisé dans la littérature. Sa premièreversion nommée à l’époque PCL ou

Research Scale for the Assessment of Psychopathy fut créée par Hare dans les années 80 auprès

d’individus incarcérés. À partir des 16 traits de personnalité psychopathique de Cleckley, Hare créa une liste de plus de 100 traits personnologiques et de comportements qui, selon lui, caractérisaient la psychopathie. Il sélectionna 22 de ces traits de personnalité et comportements pour former les items de l’instrument. En 1985, Hare fit paraître la première édition révisée de la PCL qu’il nomma PCL-R. Dans cette édition, deux items de la PCL furent supprimés, 10 titres

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changés et la procédure améliorée. En 1991, Hare apporta des modifications mineures à la PCL-R et c’est à partir de cette version que des analyses statistiques ont été menées pour créer les différents modèles factorielles de la psychopathie (Hare et al., 2006).

En 2003, Hare publia la deuxième et plus récente édition de la PCL-R. Cette version, dont est issu le modèle à quatre facettes, n’a connu aucun changement suite à la parution de sa premièreédition tant par rapport à sa procédure qu’à ses items. Des modifications ont cependant été faites dans le manuel d’utilisation de l’instrument en ajoutant des statistiques descriptives, des explications concernant la validité, la fidélité, la généralisation des résultats et la structure factorielle de l’instrument (Hare et al., 2006). La PCL-R, qui se conceptualise selon une approche dimensionnelle, contient 20 items cotés sur une échelle de type Likert de 0 à 2. Les scores peuvent varier de 0 à 40 et le seuil nord-américain pour le diagnostic de psychopathie est de 30. Elle se complète à partir d’une entrevue semi-structurée et d’informations collatérales (dossier médical et/ou criminel de l’individu évalué). Il est possible de l’utiliser dans plusieurs contextes tels qu’à la cour, dans les prisons et les hôpitaux psychiatriques et de l’appliquer chez des individus de différentes ethnies, cultures et statuts socio-économiques (Hare et al., 2006). Dans son manuel d’utilisation, Hare rapporte qu’il est important que ce test soit mené par un clinicien expérimenté dans des conditions standardisées étant donné les conséquences que peuvent avoir le diagnostic de psychopathie sur l’individu et la société (Hare, 2003). Bien que la PCL-R soit un instrument valide pour mesurer la psychopathie, elle ne semble pas être l’instrument à préconiser pour évaluer le risque de récidive. En effet, Walters et al. (2012) observent que l’âge et l’histoire criminelle sont des informations plus simples à récolter que les informations nécessaires pour compléter la PCL-R et permettent de faire d’aussi bonnes, sinon de meilleures prédictions que celles prédites par le modèle à trois facteurs de la PCL-R.

En 1995, Hart et ses collègues ont créé la PCL-SV (Hart, Cox et Hare, 2005). Il s’agit d’un instrument de 12 items cotés sur une échelle de type Likert de 0 à 2. Les scores peuvent varier entre 0 et 24 et le seuil pour le diagnostic de psychopathie est habituellement de 18. La PCL-SV se base sur la PCL-R et nécessite approximativement deux fois moins de temps à administrer (Hare et al., 2006; Hart et al., 2005). La PCL-SV a été validée auprès de la population générale, délinquante et hospitalisée (Hart et al., 2005) ; elle est fortement corrélée avec la PCL-R (r>.80) dans différents échantillons et est représentée par le modèle à deux facteurs (Cooke et al.,

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1999). Hare mentionne dans son manuel d’utilisation que la PCL-SV est un outil de dépistage servant à déterminer si le clinicien doit passer la PCL-R (Hart et al., 2005) et ne devrait donc pas être utilisée seule.

Interpersonal Measure of Psychopathy. La Interpersonal Measure of Psychopathy (IM-P) est un instrument de mesure conçue par Kosson et ses collègues en 1997. Elle vise à mesurer certains types d’interactions entre le sujet et le clinicien. Elle cible des comportements spécifiques à observer en rencontre dans le but de minimiser le jugement subjectif du thérapeute durant son évaluation. Pour créé la IM-P, les auteurs de cet instrument sont partis de la prémisse qu’en s’engageant dans une entrevue avec le clinicien, le psychopathe devrait présenter des manifestations comportementales de sa pathologie. La IM-P évalue entre autres si l’individu interrompt son interlocuteur, est intolérant lorsqu’on l’interrompt, semble anormalement calme, etc. (Kosson, Steuerwald, Forth et Kirkhart, 1997b). Dans une population carcérale, la IM-P corrèle significativement avec le score global de la PCL-R (r = .26 à .51) ainsi que chacun de ses deux facteurs (F1, r = .33 à .62 ; F2, r = .15 à .31 ; Zolondek, Lilienfeld, Patrick et Fowler, 2006 ; Kosson Steuerwald, Forth et Kirkhart, 1997a). De plus, la IM-P corrèle plus fortement avec le facteur interpersonnel de la PCL-R qu’avec le facteur affectif et le facteur du style de vie psychopathique dans le modèle à trois facteurs. Cela démontre sa bonne validité de construit puisqu’elle a pour but de mesurer les aspects interpersonnelles de la psychopathie (Zolondek et al., 2006). Cependant, la IM-P semble moins applicable aux populations d’étudiants. En effet, elle n’est pas corrélée au facteur affectif et interpersonnel du modèle à deux facteurs (Kosson et al., 1997a). Kosson rappelle que la IM-P se veut un adjuvent de la PCL-R et non un substitut (Kosson et al., 1997a). Notons que certains auteurs remettent en doute l’utilité de la IM-P puisqu’une étude démontre que les comportements qu’elle mesure sont probablement déjà évalués implicitement par la PCL-R. L’instrument n’apporterait donc pas d’informations supplémentaires à la PCL-R qui seraient indispensables à l’identification d’un individu psychopathe (Zolondek et al., 2006).

Business Scan-360. Le Business Scan-360 (B-Scan 360) est un questionnaire auto-rapporté qui évalue les traits psychopathiques d’un individu dans le cadre de son milieu de travail par l’intermédiaire des professionnels qui l’entourent. Plusieurs questionnaires sont distribués au corps professionnel d’une organisation pour évaluer la nature de leur relation avec l’individu

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évalué. Ce dernier ne rempli donc pas le B-Scan 360. Une première version de 113 items fut initialement conçue par Babiak et Hare en 2012, cependant, un an plus tard, Mathieu proposa une version de 20 items validée auprès d’individus œuvrant dans le milieu des affaires (Mathieu, Hare, Jones, Babiak et Neumann, 2013). Peu d’étude se sont intéressées au B-Scan 360 jusqu’à maintenant, mais le modèle à quatre facettes semble pour l’instant le modèle factoriel le plus applicable au questionnaire (Hall et al., 2006). Le B-Scan 360 est un outil que les chercheurs auraient avantage à développer, car il est le seul outil auto-rapporté à évaluer spécifiquement les traits psychopathiques dans un contexte de travail.

Instruments de mesure auto-rapportés. Les instruments de mesure auto-rapportés

spécifiques à la psychopathie ont souvent été critiqués, car il paraît contre-intuitif de demander à un individu trompeur, manipulateur et n’ayant qu’une faible capacité d’introspection de répondre lui-même à des questions visant le dévoilement et la compréhension de soi. Le scepticisme par rapport à la validité des mesures auto-rapportées ne se limite pas qu’aux champs de la psychopathie. En effet, de manière générale, la méthode d’évaluation des questionnaires auto-rapportés a souvent été remise en question puisque, pour plusieurs raisons, certains auteurs soutiennent qu’il n’est pas possible pour un individu d’évaluer son propre fonctionnement psychologique de manière valide (Kroner et Loza, 2001). En contrepartie, ces outils d’évaluation comportent plusieurs forces et avantages. Dans les prochaines lignes, les forces des questionnaires auto-rapportés seront discutées suivis des critiques formulées à leur égard.

Les forces des questionnaires auto-rapportés. Les auteurs soutiennent que les questionnaires auto-rapportés ont trois forces majeures. Tout d’abord, le fait que le sujet soit observateur de ses propres traits ou comportements est un avantage en soi, car le construit d’intérêt peut être mesuré sans l’intermédiaire d’une tierce personne qui pourrait potentiellement biaiser l’évaluation. En effet, il peut être difficile pour des évaluateurs sans expérience tels que des parents ou des collègues de mesurer de manière représentative un construit comme la personnalité (Andershed, Gustafson, Kerr et Stattin, 2002). Ces derniers peuvent ne pas avoir les compétences pour le faire et le possible lien affectif qu’ils entretiennent avec la personne pourrait entrainer un manque d’objectivité lors de la complétion des items. Même lorsque le construit est mesuré par un évaluateur formé, des items traitant par exemple du manque d’empathie ou de

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culpabilité nécessitent que ce dernier fasse appel à son jugement clinique le rendant sujet à un biais d’interprétation (Lilienfeld et al., 2006).

Par ailleurs, dans plusieurs domaines, notamment celui de la psychopathie, certaines mesures auto-rapportées contiennent des échelles de validité permettant d’évaluer les styles de réponses (Lilienfeld et al., 2006). Ainsi, bien que les psychopathes puissent avoir recourt à la tromperie, ces échelles peuvent permettre de déceler les profils de réponses invalides ou fournir des renseignements quant à l’interprétation à faire des résultats aux questionnaires.

Finalement, le plus grand avantage des questionnaires auto-rapportés est probablement la grande économie qu’ils offrent par rapport au temps de passation, au matériel nécessaire à l’évaluation et à l’expérience et la formation requise par le clinicien (Forth, Brown, Hart et Hare, 1996; Lilienfeld et al., 2006). Des outils telle que la PCL-R doivent être complétés par des évaluateurs formés, ils requièrent plusieurs heures de passation et de cotation et nécessitent des informations collatérales à l’entrevue d’évaluation. Les outils auto-rapportés, quant à eux, ne prennent souvent que quelques minutes à compléter. Il s’agit donc d’une force non-négligeable, et ce, compte tenu du fait que, dans le domaine de la psychopathie, plusieurs outils auto-rapportés montrent de fortes corrélations avec les instruments hétéro-rapportés (r = .50 à .62). Au plan de la recherche, cette économie facilite le recrutement des participants puisque les questionnaires auto-rapportés peuvent être administrés à plusieurs individus en même temps sur une courte période de temps. Cela donne une plus grande accessibilité à la population générale souvent non-disponible à se livrer à des évaluations de longue durée.

Les limites des questionnaires auto-rapportés. Plusieurs critiques sont souvent émises à l’égard des questionnaires auto-rapportés spécifiques à la psychopathie. Une première est qu’ils s’adressent à des individus trompeurs. Il semble logique que ceux-ci fassent preuve de malhonnêteté, de désirabilité sociale ou simulent des symptômes lors de la passation de questionnaires puisqu’il s’agit de caractéristiques faisant partie intégrante de leur pathologie. Cependant, ce désavantage doit être nuancé à partir des données empiriques actuelles. Tout d’abord, des corrélations faibles et négatives ont été observées entre la désirabilité sociale et le PPI total (r = -.11 ; p<.001) (Ray, Hall, Rivera-Hudson, Poythress, Lilienfeld et Morano, 2013). D’autre part, les résultats sont moins cohérents en ce qui a trait à la simulation de symptômes

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psychiatriques. Dans une étude, aucune association n’a été observée entre la simulation de symptômes et le score total du PPI-R (r = .00, p>.05) (Poythress, Edens et Watkins, 2001) alors que dans une autre, une corrélation modérée significative avec le score total du PPI-R (r = .27 ;

p<.001) a été observée (Ray et al., 2013). Notons que dans la dernière étude, la simulation est

associée à la facette comportementale (PPI-R-II) (r = .32 ; p<.001) et non à la facette personnologique (PPI-R-I) (r = .07 ; p>.05) de la psychopathie. Il est donc possible que la simulation de symptômes ne relève pas des traits de la personnalité psychopathique.

Une seconde critique souvent faite aux questionnaires mesurant la psychopathie est de surreprésenter la dimension de l’émotivité négative (anxiété, irritabilité, hostilité et méfiance) dans leurs items et ce, particulièrement dans les questionnaires s’intéressant aux comportements des psychopathes (Lilienfeld et al., 2006). Cette critique origine du fait que plusieurs autres troubles tels que les troubles anxieux et thymiques présentent des degrés élevés d’émotivité négative. Il s’agit donc plus d’un facteur confondant que d’un facteur spécifique à la psychopathie (Liliendfeld, 1994). Selon Lilienfeld (1994), l’anxiété vécue par les psychopathes pourrait être une conséquence de leur manque de peur. C’est-à-dire que leur manque de peur les rendrait enclins à se placer dans des situations anxiogènes. Il pourrait donc être judicieux que les questionnaires s’intéressent au manque de peur plutôt qu’à l’émotivité négative pour augmenter leur spécificité.

Une troisième critique faites à l’égard des mesures auto-rapportées évaluant la psychopathie est que certains questionnaires semblent obtenir de mauvaises intercorrélations. En effet, certaines études observent des corrélations faibles entre les questionnaires auto-rapportés (r

= .14) (Lilienfeld et al., 2006 ; Hare, 1985), cependant celles-ci n’utilisent pas uniquement des

questionnaires spécifiques à la psychopathie. Lorsque les études s’intéressent aux intercorrélations entre les instruments auto-rapportés spécifiques à la psychopathie, les forces corrélationnelles observées sont très fortes dans des groupes d’étudiants (r = .68 à .72) (Anderson, Sellbom, Wygant et Edens, 2013). Cette critique semble être émise en raison d’une mauvaise connaissance des types de mesure de la psychopathie.

Finalement, un dernier désavantage majeur des questionnaires est le fait qu’ils ne peuvent donner lieu à un diagnostic. Il est important de comprendre que les questionnaires n’ont pas été

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conçus pour être utilisé à cette fin et se veulent des compléments des instruments hétéro-rapportés.

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Objectifs et hypothèses

La PCL-R est un instrument hétéro-rapporté largement validé pour mesurer la psychopathie, mais elle exige un grand investissement de temps et un évaluateur formé. Il serait pratique pour les chercheurs de pouvoir utiliser un instrument auto-rapporté pour mesurer les traits psychopathiques sans les inconvénients que présente la PCL-R. Cependant, il n’existe actuellement aucun consensus quant à l’instrument de mesure auto-rapportés spécifique à la psychopathie à préconiser. Les questionnaires mesurent la psychopathie selon des conceptualisations distinctes et ont des barèmes de cotation différents. Ainsi, il est difficile, voire impossible pour les auteurs de comparer leurs résultats lorsque différents questionnaires auto-rapportés spécifiques à la psychopathie sont utilisés. Ce mémoire pourrait permettre d’uniformiser la mesure auto-rapportée de la psychopathie dans les domaines de la recherche et de la clinique. La présente étude est une revue critique qui vise tout d’abord à répertorier les instruments auto-rapportés spécifique à la psychopathie chez les adultes, puis à répertorier leurs indices de validité convergente avec la PCL-R et sa version courte, la Psychopathy Checklist –

Screening Version (PCL-SV) et enfin, les comparer entre eux sur les plans de leurs validité

convergente et leurs populations d’utilisation.

L’hypothèse principale de ce mémoire est que les instruments de mesure auto-rapportés spécifiques à la psychopathie obtiendront de bons indices de validité convergente (corrélations fortes) avec la PCL-R/PCL-SV. En effet, les outils auto-rapportés devraient s’être inspirés de la PCL-R/PCL-SV puisqu’il s’agit de l’instrument étalon dans la mesure de la psychopathie.

Deux sous-hypothèses sont faites. Tout d’abord, les instruments de mesure auto-rapportés de la psychopathie obtiendront de meilleurs indices de validité convergente dans les populations générales que dans les populations en contexte carcéral. Cette sous-hypothèse part de la prémisse que dans les traits psychopathiques sont plus présents chez les détenus si bien que ces derniers auront plus tendance à tromper les questionnaires ou faire preuve de moins bonnes capacités d’introspection, ce qui diminuerait les corrélations avec la PCL-R/PCL-SV. La deuxième sous-hypothèse est que les corrélations entre les facteurs/facettes comportementaux(ales) des instruments auto-rapportés et les facteurs/facettes comportementaux(ales) de la PCL-R/PCL-SV seront plus fortes que les corrélations entre

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facteurs/facettes personnologiques des instruments auto-rapportés avec les facteurs/facettes personnologiques de la PCL-R/PCL-SV. Les mesures comportementales sont susceptibles d’obtenir de meilleures corrélations, car ils sont plus facilement opérationnalisables que les traits personnologiques.

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Méthode

Critères d’inclusion et d’exclusion

Cette revue critique inclus toutes les études empiriques provenant d’articles, de chapitres de livre ou de thèses écrits en anglais ou en français. Les études doivent s’intéresser à une population adulte et faire état de l’existence d’au moins un instrument auto-rapporté spécifique à la psychopathie. Finalement, les études doivent rapporter au moins une corrélation entre le score total, un facteur ou une facette d’un des instruments auto-rapportés spécifique à la psychopathie sélectionnés et le score total, un facteur ou une facette de la PCL-R ou sa version abrégée (PCL-SV) pour être incluses dans les analyses. Les corrélations avec la PCL-SV sont incluses, car les corrélations entre les deux versions sont très élevées (r>.80 ; Cooke et al., 1999).

Protocole

Sélection des études. L’auteur principal de la présente étude a fait la sélection des études

en deux temps. Dans un premier temps, il a retenu tous les instruments de mesure auto-rapportés spécifiques à la psychopathie créés après la conceptualisation de Cleckley en 1941 jusqu’en décembre 2015. La première année a été choisie parce que la conceptualisation de Cleckley a été la première à présenter un regroupement de traits de personnalité pour décrire la psychopathie et que plusieurs instruments de mesure s’en sont inspirés. Les banques de recherche utilisées pour ce mémoire ont été PsycInfo, PsycBooks et PsycAtricles. Les mots clefs ont été cherchés dans la section «Keywords» des moteurs de recherche. La combinaison des mots clefs suivants a été choisie : «(psychopath OR psychopathy OR antisocial* OR anti-social*)» ; «AND (questionnaire OR self-report OR self-assessment)» et «NOT (youth OR juvenile OR young OR adolescent OR child OR children)». Cette recherche a permis d’identifier 237 études (voir organigramme 1 en annexe 1). Chaque section relative à la méthodologie de ces articles a été lue pour identifier les 88 articles utilisant un instrument spécifique à la psychopathie. Sept instruments ont été répertoriés : le PPI (-R, SF), le SRP (II, III, 4 et SF), la LSRP (aussi appelée LPSP, SRPS, LSP), le TriPM, le SPI, le EPA et le PSI.

Dans un deuxième temps, toutes les études comprenant des données sur la validité convergente d’un instrument auto-rapporté et ses différentes versions avec la PCL-R/PCL-SV ont

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été sélectionnées. Les banques de recherche utilisées ont été PsycInfo, PsycBooks, PsycAtricles, PubMED et Google Scholar. Ainsi, les études publiées et les thèses ont été prises en compte. Les mots clefs ont été inscrits dans la section «Any fields, All fields ou tous les mots suivants» selon le moteur de recherche utilisé. Les mots clefs suivants ont été choisis : «l’abréviation de l’instrument de mesure cherché» ; «AND PCL» ; «AND (Psychopathy OR psychopath OR antisocial*)». L’auteur principal a cherché la version papier des études lorsqu’elles n’étaient pas accessibles en format numérique. Ce dernier a également cherché et utilisé les études inscrites dans la section «références» de certains articles et dans la banque de dissertation et de thèses

ProQuest lorsqu’elles étaient pertinentes. Tous les articles sélectionnés ont été lus et ceux

contenant des associations entre l’instrument auto-rapporté d’intérêt et la PCL-R ou la PCL-SV ont été sélectionnés. Les doublons ont ensuite été identifiés et triés. C’est-à-dire que lorsque deux études utilisaient le même échantillon, seul l’étude faisant état du plus grand nombre de données pertinentes a été retenue. Ensuite, l’auteur principal a refait la procédure de sélection pour s’assurer qu’aucune étude contenant des indices de validité convergente avec la PCL-R ou la PCL-SV n’avait été erronément mise de côté. Pour le PPI (-R, SF), 16 études s’intéressant à la validité convergente avec la PCL-R ou la PCL-SV ont été identifiées à l’aide des moteurs de recherche, neuf pour la SRP (II, III, 4, SF), six pour la LSRP, trois pour le TriPM, une pour le SPI, aucune pour le EPA et le PSI (voir organigramme 2 en annexe 2).

Extraction des données. L’auteur a ensuite entré les informations suivantes dans des

tableaux à partir des études sélectionnées: l’auteur de l’étude, l’instrument auto-rapporté utilisé, le nombre de participants, le sexe des participants, leur ethnie, le pays dans lequel ils résidaient au moment de leur participation, le type de participant (i.e. détenus, population générale, etc.), si l’étude a été publiée ou non, le type de corrélation (Pearson ou Spearman) et les indices de validité convergente avec la PCL-R et/ou PCL-SV (voir annexe 3). Lorsque des informations étaient manquantes, un courriel était envoyé aux auteurs. Sur trois courriels envoyés, un portant sur une étude utilisant le PPI n’a pas été répondu.

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Analyses

L’auteur principal a combiné les tailles d’effets des études et thèses sélectionnées selon une méthode développées pour les fins spécifiques de la présente étude. Plus précisément, il a combiné les indices de validité convergente entre les instruments auto-rapportés et la PCL-R/PCL-SV pour obtenir des corrélations pondérées moyenne. Les études et thèses sélectionnées utilisant parfois le r de Pearson et parfois le rho de Spearman, l’auteur principal a d’abord transformé les corrélations en Z de Fisher pour obtenir des corrélations sur une même unité de mesure. Cette transformation s’est faite à partir d’un tableau de conversion. Ensuite, la statistique W a été calculée (n-3) pour chaque échantillon. L’indice W représente l’inverse de la variance et permet de pondérer les corrélations en fonction de la grosseur de l’échantillon. Puis, l’auteur principal a calculé les corrélations pondérées moyennes entre les instruments auto-rapportés et la PCL-R/PCL-SV. Ainsi, pour chaque corrélation, il a multiplié le W par le Z (ZW). Ensuite, il a additionné les ZW correspondant aux corrélations de même nature pour chaque échantillon (∑ZW ; i.e. l’addition de tous les ZW issus des corrélations entre la LSRP totale et le F1 de la PCL-R). Par la suite, il a additionné les W de chaque échantillon (∑W) et divisé chaque ∑ZW par le ∑W correspondant pour obtenir le ∑Z. Le ∑Z représente la taille d’effet globale pondérée pour les associations de même nature. Finalement, il a transformé chaque ∑Z en r de Pearson à l’aide d’un tableau de conversion pour obtenir l’indice de validité convergente global. Toutes les analyses ont été refaites une deuxième fois par l’auteur principal de cette étude pour s’assurer de la justesse des résultats.

Les prochaines lignes énumèrent quelques informations supplémentaires d’ordre générale sur les analyses. Tout d’abord, la taille des échantillons prise en compte dans les analyses n’équivaut pas nécessairement à l’échantillon complet utilisé dans l’étude, mais à l’échantillon ayant complété le questionnaire auto-rapporté et la PCL-R ou la PCL-SV. De plus, seules les corrélations en valeur continue ont été inclues, car les corrélations des valeurs dichotomisées (corrélations faites sur des scores inférieurs et supérieurs à des seuils arbitraires) ne rendent pas compte de l’état des associations entre les instruments pour les participants ayant eu des scores modérés, ce qui peut biaiser la validité convergente entre les instruments. De plus, quand les articles rapportent la taille d’un échantillon selon un intervalle (par exemple n = 12 à 14 individus), le point milieu de cet intervalle a été choisi pour mener les analyses (par exemple 13

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individus). Quand la validité convergente avec la PCL-R était donnée en fonction de la structure à deux et à trois facteurs, seules les corrélations en lien avec la structure à deux facteurs ont été prises en compte, car dans la littérature, cette structure est plus utilisée que celle à trois facteurs. Une étude n’a pas inscrit les corrélations entre le PPI total et les facettes 1 et 2 de la PCL-R et entre le PPI-SF total et les facettes 1 et 2 de la PCL-R parce qu’elles n’étaient pas significatives. Des corrélations nulles (r = 0) ont donc été assumées et ont remplacé ces données manquantes, car des corrélations non significatives sont reconnues comme n’étant pas différentes de zéro. En effet, un p>.05 signifie que les auteurs de cette étude ont plus de 5% de probabilité d’obtenir la corrélation qu’ils ont observé si l’hypothèse nulle est vraie (H0 : r = 0). On doit donc conclure que

H0 est vraie, soit que la corrélation n’est pas différente de 0 (Howell, 2008). Enfin, pour

interpréter les corrélations moyennes pondérées, c’est le barème de Cohen (1988) adapté aux sciences sociales qui a été choisi (faible, r = .10 à .29; modérée, r = .30 à .49 ; forte, r = .50 et plus).

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