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ARTheque - STEF - ENS Cachan | Savoir-être en communication orale

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Academic year: 2021

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A. GIORDAN, J.-L. MARTINAND et D. RAICHVARG, Actes JIES XXVI, 2004

SAVOIR-ÊTRE EN COMMUNICATION ORALE

Françoise WERCKMANN INSA, Strasbourg

MOTS-CLÉS : SAVOIR-ÊTRE – APPRENTISSAGE – ORAL – ÉMOTION – COMMUNICATION RÉFLEXIVE

RÉSUMÉ : Au-delà de la transmission des savoirs et des connaissances, l’enseignant est amené à travailler le savoir – être dont la maîtrise de l’oral. Sachant qu’il y a un lien indissociable entre le corps et la parole, l’étude du geste, de la voix, du regard et de l’aisance corporelle fait partie de l’apprentissage de la communication orale. Cette étude est faite dans le cadre de ma pratique en classes préparatoires et est illustrée par la présentation d’une grille d’analyse et de témoignages.

ABSTRACT : Beyond the transmission of the knowledges, the teacher is brought to work the knowledge-to be of which control of the oral examination. Knowing that there is an indissociable bond between the body and the word, the study of the gesture, the voice, the glance and body ease belongs to the training of the oral communication. This study occured during my practice in preparatory classes and is illustrated by the presentation of a grid of analysis and testimonies.

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1. INTRODUCTION

Le corps, bien que n’appartenant à aucune discipline, fait l’objet d’une attention particulière dans certaines matières comme l’Éducation Physique et Sportive, la communication, ou pour la préparation d’exposés et dans le cadre de démarches novatrices, telles les TIPE (Travaux d’Initiative Personnelle Encadrés), les PPCP (Parcours Personnalisés à Caractère Professionnel), les IDD (Itinéraires De Découvertes), les TPE (Travaux Personnels Encadrés). Ainsi, l’enseignant est amené à travailler le savoir-être dont la maîtrise de l’oral. Cela correspond aux transformations sociales qui amènent l’institution scolaire, du Primaire à l’Université, à questionner les méthodes et les contenus à transmettre. Il s’agit de diversifier les méthodes d’apprentissage pour d’une part tenir compte de la diversité des origines sociales et de l’hétérogénéité des publics. Ainsi à propos de l’éducation au développement et à la solidarité internationale le Bulletin Officiel du 14-06-2001 propose trois thèmes dont celui du respect de la diversité culturelle qui était le sujet du sommet des chefs d’Etats francophones de Beyrouth en octobre 2001. De même, nous trouvons dans la revue Corps et culture n°6-7 2004 intitulée « Métissages » la proposition entre autre d’un débat autour des « pratiques corporelles et sportives qui se présentent comme un excellent laboratoire de recherche de ce brassage de cultures ». Nous retrouvons la même problématique dans la dimension cachée d’E. T. Hall publié aux éditions du Seuil, qui est celle du territoire présentée comme quelque chose de culturel. Chaque civilisation a sa manière de concevoir les déplacements du corps, la conversation, l’habillement, l’habitation, l’intimité…

Il s’agit le plus souvent de motiver les élèves, de les aider à créer des liens entre les différents apprentissages et disciplines,mais aussi de créer des liens entre les apprenants par la mise en place de travaux de groupe, et enfin de créer des liens avec et entre les enseignants eux-mêmes. Ce souci de l’oral existe depuis la maternelle avec le développement du débat à visée philosophique (DVP) jusqu’en classes préparatoires avec le TIPE. Dans cette optique l’acquisition de connaissances c'est-à-dire de savoirs n’est pas l’objectif central, mais plutôt de développer des savoirs - être comme l’esprit critique et de questionnement, l’ouverture individuelle et en équipe, les capacités d’autonomie, d’initiative, d’argumentation et de communication…C’est pourquoi une place plus grande est faite à l’oral. Sachant qu’il y a un lien indissociable entre le corps et la parole, l’étude du geste, de la voix, du regard et de l’aisance corporelle fait partie de l’apprentissage de la communication orale.

C’est ce travail que je vais présenter dans le cadre de ma pratique en Classes Préparatoires, en classes de B.T.S. et dans le cadre d’une étude menée à l’IUFM à propos du DVP à l’école primaire.à l’aide d’une grille favorisant ce type de formation puis des témoignages d’étudiants concernant les obstacles intellectuels et culturels rencontrés au cours de leur apprentissage.

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2. APPRENTISSAGE DE L’ORAL

Afin de préparer mes étudiants à la présentation orale d’un dossier élaboré dans le cadre des Travaux Dirigés du cours de Sciences Humaines je propose au cours d’un premier exercice de se présenter mutuellement avec, comme support, une grille d’analyse de l’oral qui fait l’objet d’un cours. Cette grille empruntée à Daniel Mesguich (Professeur au Conservatoire National d’Art Dramatique) comporte six items dont trois sont essentiellement d’ordre physique : la voix, le regard, l’aisance corporelle ; les trois autres étant plus psychologiques s’agissant du plaisir, de l’émotion et de la personnalité. Je présente dans un premier cours les six items :

- Le plaisir

Il s’agit du plaisir éprouvé par les intervenants et celui ressenti par l’auditoire. - L’émotion

Il s’agit de la capacité de faire partager ses émotions avec l’auditoire. C’est un point important qui est lié également au premier item. L’émotion est au service de la logique : c’est ce qu’essaie de démontrer avec succès le groupe d’imagerie neurofonctionnelle de Paris et de Caen dirigé par B. Mazoyer « Développement et fonctionnements cognitifs » (Le journal du CNRS, 172, 2004. Le cerveau n’est pas un froid logicien. Il fonctionnerait même d’autant mieux que l’on éprouve des émotions en apprenant. Pour la première fois, l’imagerie cérébrale fonctionnelle a permis de visualiser ce phénomène…Or, jusqu’à présent, nous pensions que, pour raisonner au mieux, il fallait faire abstraction de nos émotions et ne rien ressentir. En communication orale, les spécialistes sont plus nuancés car une bonne prestation orale se doit de laisser une place plus ou moins importante à l’émotion. Cette approche semble être la bonne y compris pour la communication pédagogique, voire scientifique. Ainsi pour ce qui concerne le niveau cognitif, les résultats des expériences réalisées par le groupe d’imagerie neurofonctionnelle indiquent que les émotions ressenties par les sujets en apprentissage « chaud »-la peur de se tromper, le plaisir de corriger son erreur –assistent le raisonnement logique, et surtout l’acquisition. Des études en cours permettront de savoir si cet effet se maintient au fil du temps et si le cerveau émotionnel doit toujours être sollicité quand l’apprentissage est stabilisé. « L’imagerie cérébrale fonctionnelle nous a permis de visualiser pour la première fois une erreur de raisonnement. Mais surtout, ces résultats mettent en évidence la très forte plasticité du cerveau. Dans le cas du développement de l’enfant notamment, on pourrait envisager, à partir de ces données, la mise en place de nouvelles pédagogies », indique Olivier Houdé responsable de l’équipe « Développement et fonctionnement cognitif ».

La place de l’émotion est importante en communication comme pour toute activité artistique et pédagogique. La production d’émotions en art comme en pédagogie relève de stratégies et de mises en scène qui tendent soit à créer de l’émotion brute, c'est-à-dire faire rire ou pleurer, par exemple,

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soit à partir des émotions à permettre à chacun de se construire, c’est-à-dire de se situer par rapport à son histoire et au monde dans lequel il vit.

- La personnalité et la qualité d’animation des intervenants

La personnalité est définie comme « ce qu’on est habituellement, c’est-à-dire, la manière d’être et de faire qui nous est habituelle et qui se traduit par nos traits personnels » par « Outils d’aide à la construction du projet personnel de l’élève » (Groupe Recherche Formation Académie de Strasbourg, Annexe 3 p. 7). Les aspects de la personnalité sont multiples et il est impossible de les considérer tous ici. Si nous prenons les différents traits de personnalité privilégiés par nos collègues Conseillers d’Orientation pour rester dans le scolaire, six types de personnalité relatifs aux différents types professionnels sont privilégiés. Ainsi, on peut dire de quelqu’un qu’il est : une personne réaliste, une personne investigatrice, une personne artistique et pouvant travailler dans le domaine des arts, une personne entreprenante, une personne conventionnelle.

Les trois autres items constituent une approche plus physique et plus technique de l’oral.

Il y a un lien indissociable entre le corps et la parole, les explications et applications concernant chaque item le montre bien. Philippe Breton dans Éloge de la parole présente six moyens de communication qui sont en correspondance avec les six items précédents :

• Le geste : « L’immobilité vraie est le mouvement » (Novarina). Il y a un lien indissociable entre le corps et la parole.

• L’oral, la parole : qui correspond à la voix : rythme, débit.

• La musique : qui peut s’apparenter au ton, au déroulement de la prise de parole : l’accroche ou l’attaque, la fin, la conclusion, la chute, et aussi les différents niveaux de langage.

• Le silence : qui correspond aux pauses, à l’arrivée, au départ. • L’image : qui correspond aux supports du discours.

• L’écriture : qui est le support de l’oral.

Les prestations orales se déroulent ensuite dans un cadre très contraint : trois à quatre minutes par personne, l’évaluation se faisant par rapport au travail présenté et non par rapport aux personnes. L’ensemble des séquences est essentiellement basé sur l’écoute et la concentration de l’auditoire et des intervenants. Qu’en pensent les étudiants, comment le vivent-ils ?

2. TÉMOIGNAGES

Les étudiants sont donc amenés à préparer puis à présenter leur travail oral qu’ils auto-évaluent grâce à la grille d’analyse, ce qui leur permet d’avoir un rapport « objectif » d’observation, mais surtout chaque étudiant en observant l’autre s’observe lui-même : « Que ferai-je quand ce sera mon

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tour ? » ; « Qu’a-t-il fait tout à l’heure qui était bien » ; « Qu’aurait-il pu améliorer ? » ; « Que puis-je encore travailler avant que je présente ma communication ?» ; se calant le plus souvent sur les meilleurs.

Il dialogue sans cesse avec lui-même : il méta-communique. Ce travail de réflexion souvent intense va se développer tout au long de la formation quand il prépare ses prestations orales, car il va découvrir ou repréciser certains aspects de sa communication qu’il ignorait et il va se découvrir en partie lui-même et les autres. Cette communication réflexive pourra ensuite se transférer dans d’autres domaines d’apprentissage et devenir un mode d’appréhension du monde en général.

Cette année, j’ai procédé, à l’issue des premières prestations orales de mes étudiants, à une enquête qui à portée sur 75 personnes âgées de 18-20 ans.

Sur le thème du corps dans la prestation orale :

1°) Indiquez quels problèmes vous rencontrez dans la maîtrise du regard, de la voix et de l’aisance corporelle.

2°) Quels sont les obstacles que vous rencontrez à l’oral d’ordre intellectuel, d’ordre culturel, d’ordre corporel et autres.

3°) Comment vous représentez-vous une représentation orale considérée comme bonne ? De quelles qualités et de quels atouts faut-il disposer ?

D’abord il faut noter la richesse des témoignages dont certains sont très touchants et personnels. Ils expriment les modalités d’une bonne communication orale, à savoir qu’il faut savoir allier une maîtrise corporelle de la voix (23 fois), du regard (25 fois) et de l’aisance (18 fois), avec une maîtrise intellectuelle de la communication : c’est-à-dire avoir bien préparé son sujet et bien le connaître. Les problèmes évoqués portent sur :

• La difficulté à maîtriser son regard et à accepter le regard des autres, voire leur jugement présupposé. Cette difficulté étant liée pour la plupart au manque de confiance en soi et à la timidité.

• La congruence : beaucoup d’étudiants ont du mal à mettre en harmonie leurs gestes, leurs attitudes corporelles et leur discours.

• L’adaptation au public : comment improviser, répondre aux questions sans perdre ses moyens, sans paniquer….

Les solutions proposées sont très intéressantes et souvent pertinentes, soulignant l’importance de l’acquisition ou de l’amélioration de certains savoir–être, tels l’importance de l’investissement personnel par rapport au sujet traité, être congruent, être dynamique, être cultivé (c’est-à-dire suivre l’actualité) et préparer son sujet, s’exercer. Pour 10 % des étudiants, une bonne communication orale repose sur la capacité que nous avons à nous concentrer et à gérer notre stress.

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3. CONCLUSION

C’est un cours que je fais depuis plusieurs années et qui a beaucoup évolué devenant de plus en plus pratique car les étudiants sont de plus en plus réceptifs à l’apprentissage de l’oral. Cela correspond à la mise en place dans la scolarité des TIPE et des travaux sur dossiers et à la recherche de stages et d’emplois en cours et en fin de scolarité. Mais cela correspond aussi à l’arrivée de ce que nous appelons actuellement l’individu hyper–moderne, à l’avènement d’un monde tiraillé entre recherche du bien-être et quête de l’excellence. Nous retrouvons cette montée de l’individualisme dans une autre enquête faite également à l’INSA sur le lien conjugal où il apparaît à l’issue de ce travail que le mariage symbolise un lien amoureux et non plus un lien social car une grande place est faite à l’amour et à la valeur de l’individu. Apparaît le paradoxe de l’individualisme relationnel (Cf. J.-C. Kaufman, L’invention de soi. Une théorie de l’identité), qui explique que l’homme moderne est tiraillé entre la réflexivité chère à Paul Ricœur qui la nomme joliment « la petite conversation » et que nous tentons de développer dans le cadre notamment des présentations croisées, et l’identité, que nous tentons de créer mêmes, qui nous fournit la stabilité. Tenus de nous inventer nous-mêmes, nous portons la responsabilité de nos échecs et de nos satisfactions. Le souci du corps et, donc, de l’oral, prend ainsi de plus en plus de place dans la construction de l’homme moderne. Il s’agit de trouver un bon équilibre entre réfléchir sur sa propre vie et agir dans la vie.

BIBLIOGRAPHIE

BACHELARD G. (1978). Le nouvel esprit scientifique. Paris : P.U.F.

BRETON P., GAUTHIER G. (2000). Histoire des théories de l’argumentation. Paris : La Découverte/Syros.

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KAUFMANN J-.C. (2004). L’invention de soi. Une théorie de l’identité. Paris : Armand Colin. PERRENOUD P. (2001). Développer la pratique réflexive dans le métier d’enseignant, E.S.F. RICŒUR P. (1996). Soi-même comme un autre. Paris : Point Seuil.

HABERMAS J. (1987). Théorie de l’agir communicationnel. Paris : Fayard.

SONNTAG M,. WERCKMANN F. (1998). Métacognition et pédagogie réflexive. In A. Giordan, J.-L. Martinand, D. Raichvarg (Éds), Actes des XXes Journées Internationales sur la Communication, l’Éducation et la Culture Scientifique et Industrielle. Paris : Association DIRES.

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