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L'institution de la science-fiction française, 1977-1983

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(1)

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L ' I N S T I T U T I O N DE FRANÇAISE LA SCIENCE~VICTION : ~977-19a3 -,

-

.-\

.

, " by Sophie BEAULt I~ "

'-A. Thesi-s submitted to the

, "

Facul ty of Gradua te Studies and Research :. in partial fu1fi11ment of the requirements

f or the degree of Master of Arts

" "

1

Department of French Language and Literature McGill University, Montreal

November 1985

cv

Sophie Beaulé, 1985

(2)

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'", , ;.' , (

--Le marché fr'ançais de la science-fiction, entre 1977

,

et 1983, se caractérise principalement par la question cen- . tral~ d~ pouvoir. Cette réflexion domine à ju~te titre un : champ dont l'autonomie se trouve co~trecarrée par des

diffi-" cultés économiques (marché en crise), sociales et économiques

(champ déclassé par rapport à l'institution canonique). L'a:

production fictionnelle,témoigne largement, par aill~urs, de cette «pathologie» du pouvoir: imaginaire centripète, ethno-centrisme et surtout fuite sch~zophrêne. Dans la présente étude, 'nous 'tentons de ::irconsc;:r ïre la prédominance de la question à travers les réflexions dé la sociologie de l'ins-titution et de la réception littéraire.

Il s'agit tout 'd'abord de situer le genre dans ses

prémisses axiomatiques et de tracer son évolution chronologique. :{Puis nous étudions les structures institutionnelles externes du

'"

c-ttamp. Par ailleurs, notre analyse se tourne vers le milieu social et l'écrivain y produisant, de Jllême que vers le public. En dernier lieu, nous juxtaposons les structures du champ et

les cara.ç~éristiq:ues du ,groupe socia~ à un corpus de fictions

dont nous extrapo'lons une lecture sociale et institutionnelle t 4

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(3)

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-.

ABSTRACT

Betwèen 1977, and 1983, the French Science Fiction

, '

), market is characterized essentially by the central question of power relations. This question dominates, and rightly SO, an

';.. area whose autonomy is thwar,ted by difficulties of an cconomic (market slumps), social and ideological lits lower status with respect to the canonical literary institution) nature. Moreover, the fictional output reveals clearly this «pathological» state

,

r'

of such power relations through portrayal of centripetal imaginary worlds, ethnocentrism and, especially, escapism of a

schizo-phrenic Sort. In this study, an attempt 1s made to delimit the predominance of the problem w1thin the framework provided by the sociology of institutions and reader response tneory.

Firstly, the genre is si tuated within its axiomatic

·p;-ernisse~f, and its evolution is chronologically retraced.

SecondlYJ the institutional structures extraneous to the area are

,

~

'studied. Furthermore, the analysis is oriented towarq the social . , -milieu, the writer who produces within this milieu, and the

. "

, 1

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.

publiO. Lastly, the structures of the area, together wi th the characteristics of the sucial group, are juxtaposed with a corpus of fictionaI",works analyzed from a social and institutional view-point.

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D~S MATI~RES

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1

NTRODUCT l

ON ...•...••• _ ...

l, •••••• I.f • • • • • • • • • • • • • • • 1 " Chapitre premier 1 J 't,.. l

LA SCIENCE-F'ICTION

COMM~

GENRE

1.1

,

1

5

Oéf in! tian . . . 'l' • • • • • • • • • • • • • • • 5

• Statut de la science-fiction _ Typologie de la science-f.iction

_ Science-fiction et cognition scientifiq\1e

Les tendances... ...•.... •...• .•....•• 17

,1

S. -F. et genres connexes

L'éventail de la science-fiction contemporaine

1:voiution de la science-fiction française .•.•••••

Chapitre dèuxième

STRUCTURES DE

L'

INSTITUTION.'~

•••

.'

R~e~ux de reproduction • . . . • . • . . . . • . . .

• :E:di tions et collections

Revues professionnelles et semi-professionnelles Fanzines Réseaux de diffusion ...•..••••..••••••••• ~ •••• • Circuit classique • Circuit parallèle Instances de consécration, ..••••••.• ;.; .'~ .-•••••••• La cri tique S. -F. • Les prix Académisation S. -F. i l . ~ " , ,

'<

38 38 73 81 , ,

(5)

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Stat~t du champ sçien~e-fictionnel •.••••.•••••••• • Institution culturelle

Système scolaire et université • Réactions du mi lieu S· -F .

,,>

:.. Impéri~l·isme anglo-américain

87 ~

Chapitre troisième -

CHAMP SOCIAL DE LA

SCIENCE-.

FICTION ... ,

115, Mili-eu social.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115

Les structures {'

• Système de normes et de valeurs L' inf luenee de la NSFF "

--Statut de l.'écrivain . . . • . • . . . • . : . . . 140

" .

• Déterminations externes

• Durée structurale des carrières _ Conditions économiques

_ Statut institutionnel _ Dispositions esthétiques

Le publie de la scienee-f ietion •. ~ \ .••.•...••• '~ . • 164 Les lectorats

\

-Particularités du public français-'

,

Chapitre quatrième -

LECTURE DE LA SCIENCE-FICTION

FRANCAISE ... .

185 • • l , ~a t:nonc~at~on. . . . . . . . . . • . . . • . . . . . . . . . . • . • • . . . • . • • . . 186 Indications m~atextuelles • Position du narrateur '. . ; Structures diégétiques ...•...•.•••••• ; ••••••••..

1?

195 ., _ No~ ~. Structures d"intrigue i i i " , ,

(6)

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Thématique sociale " Thématique institutionnelle Tendances scripturales ...••.••••••...• tcriture et langage S.-F. Rhétorique. ,

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, tchec de la science-fictio~ 'frança'is~~'. •. ~ ••• _ •• '. tI.,.

CONCLUS

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BIBLIOGRAPH 1 E. ; ::'::.

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223 229 237 246

(7)

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" '~ ' , ~ , J \ ' Tableau

'.

-LISTE DES ~ABLEAUX"

Page

'r; 1.

VOLUME TITRES / AN •••••••••• ',,' • • • • • • • • • • • • • • • •

43

2.

TIRAGES MOYENS DES 14 COLLECTIONS

IMPORTANTES 1982...

46 ;:- , )

3.

PRINCIPÀLES'ED"ITIONS 1'982, ET NSFF';""" •••

, I L _ 49 4. 5. '{ 6. , 1 , , } -'

PANORAMA DES PROZINE$

,(19'77:19~,3)

.' ... ,:

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REGULARITES DU srATUT DÜ;,P'RODUcl'EÙR.' .' ••.

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(8)

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, \ .- . INTRODUCTION

-,

La seule. production culturelle aut.hentl.que serait, selon F. Jameson, celle qui s'alimente de l'expérience col-lecti ve des groupes marginaux de la vie du système mondial comme la littérature noire, la littérature gaie ou le rock. l On pourrait aisément y ajouter des paralittératures ou «para-cultures» comme la bande dessinée, le jazz et surtout la science-fiction. Celle-ci naît' aux États-Unis avec le début du siècle et se cristallise rapidement en un champ culturel autonome au sein de l'institution littéraire. Elle se dote" ' de structures qu~ fav,orisent la production et la conservation d'oeuvres fictionnelles tout comme d'un discours de récupéra-tion lui assurant le pouvoir. Mais elle réunit principalement un milieu_ sooial où la communication entre les membres et la circulation des biens symboliques est intense. G. Cordesse SOUlignera avec pertinence dans La Nouvelle Science-fiction américaine le caractère participatif du milieu

science-fictionnel, -qUi sauve le genre de l'uniformité de la culture de masse.

.'

... ,1 Les deux champs paralittéraires S. -F. et canor:ique

..

partagent fondamentalement les mêmes structures insti tution~'

"

(9)

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-,

marginal et rigoure,ux) dans s'on organisation -structurelle

" ' l

et sociale" ct est le second qui détient le pouvoir symboli-qUe sur la culture, fixée par une longue tradition institu-tionne11e. Une sociologie de l'institution s'avère lci pertipente dans l'approfondlssement des mécanismes du champ S.-F. et dans les stratégIes de pouvoir du champ canonique. Elle permet surtout de cerner un groupe social déclassé et sa réaction face à la réalité socio-historique actuelle. La présente étude procède à une lecture du champ français de la science-fiction entre 1977 ec 1983. Cet~e période est impor-tante tant au niveau de l'évolution fictionnelle que de

Vhistoire du champ en tant que rn2.rché. En effet, l'êxpansiQ..n du marché paralittéraire durant les années 7Ù permettra le

, ~

développement de la S.-F. et l'émergence d'une tendance avant-gardiste avec la nouvelle science-fiction française dite

politique dont la première maison d'édition, Kesselring, voï~

le jour en 1977. Mais cette expansiori sera stoppée par une'

- ?

crise générale de l'édition, entraînant avec elle une crise du marché S.-F. dont le moment le plus critique se situe en 1983 . . En outre, la crise du marché et l'influence de la nouvelle ,S. -F. politique mettent la question du pouvoir au centre du

ch1amp français, comme en témoignent par ailleurs les théori-$ations des agents S.-F. de même que les thématiques de la production fictionne11e nationale. L'analyse sociologique et lnstitutionnelle--basée principalement sur Bourdieu et

"

(10)

r

1

3

Dubois--, de mê~ que certains concepts de la réception lit-téraire nous aideront à mettre en relief les actualisations du pouvoir symbolique. Enfin, pour mieux cerner les parti-cularités de la S.-F. et son caractère paralittéraire, nous utiliserons les exemples des champs du roman policier et de • la bande dessinée.

Après avoir défini le genre et en avoir tracé l' évo-lution chronologique, nous procédons à une analyse des

st~uctures externes du champ, c'est-à-dire les réseaux de

re-production (éditions, revues, etc.), de diffusion et de con-sécration. Ces structures soulignent l'enfermement du marché de même que les difficultés d'autonomisation de son champ. Le milieu social laisse apparaître de son côté une homogénéité handicapée par une hiérarchie si~olique et la lutte pour le pouvoir, tant au niveau des agents célébrateurs que des

écrivains. Ces derniers possèdent un statut particulier dans le champ et dans la société: malgré les orientations esthé-tiques et le capital symbolique de chacun, les écrivains partagent une même «mouvance» sociale et occupent une posi-tion mineure dans le champ éditorial. Le problème d'autonomie du champ et d'insertion du producteur s'accentue par l'atti-tude du readership qui boude la production locale. Les

oeuvres fictionnelles témoignent enfin de la relation difficile' du groupe social et du système idéologique dominant ainsi que

le malaise de l'écrivain dans le champ S.-F.

(11)

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7

4

Loin de vouloir ,investiguer, en profondeur le champ

~.

français de la science-fiction, nous nous proposons d'en faire une lecture, ~écessairement lacunair~ par la nature même du travail. En effet, face au manque de recherches en ce domaine ainsi qu'à la rareté nes données statistiques et

sociolog~gues entourant le champ, nous ne pouvons qu'offrir une analyse lacunaire de la S.-F. en France. Dans le présent travail, nous avons utilise essentiellement des sources

premières--dépouillement de revues et fanzines, interviews, etc.--dont nous avons extrapolé des lignes directrices ainsi que notre hypothèse sur le pouvoir. La mouvance même du champ et les différentes positions institutionnelles de ses , agents rendent ainsi notre hypothèse fondam~ntalement intui-tive. Cette étude se pose donc comme une première approche de ce phénomène parti~u1ier au sein de l'institution aultu-relIe française .

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F. Jameson, ~Réification et utopie dans la culture de masse», dans ttudes françaises 19 , 3 (1983-1984), p. 136.

(12)

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\

CHAPITRE

..

" '1-" >

.

-PREMIER ~ -, 't

LA SCIENCE-FICTION COMME GENRE

.

,

..

Définition~ " -~', Statut de la science-fi~~io~ "., ," " ",.

La délimitation d'un champ au1;onome de{' la

science-'.

!

... :t

fiction s'esquisse en prem~er lieu à, ~r~'vers les l.imites du genre et de ses conditi'ons gép.ériques, sa pos~tion au sein de

-~----, ,

"-l' insti tution cultureJ,.le et ses "tendances 'f ictionmHles. oé-·, limitation qui peut appara~tre "poreuse; en effet; si le ,~

terme français ,originel s'avère restrictif, se rapportant au roman d'an~i~ipatiqq scientifique (avec Jules Verpel, le sigle

li ~

SJf acinlïs dans le contexte anglo-américain actuel signifie '"

...

,aut~~t la Science Fantasy, la Speculat~ve Fiction que la

, ,

~

S,tructural Fabulation. Le champ voit f'leurir de nombreuses

'o.

11-sous7ca~~gories: Space Op~ra, Heroic Fantasy (ou Sword and'

'"-... ,..,f,.

Sorcery)" hard and soft sciences... L'on étendrà par ail-leurs le champ de la S.-F. à travers les âges, nouant

celui-'"

ci avec les traditions de l'utopie et du. voyage

extraordi-~ ~.

naire (poésie, théâtre) et différents media artistiques comme , ,l~ >

)

(13)

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1e

i,critique J. van Herp, que la science-fiction en tant que

genre littéraire n'existe pas. 1

trne telle opinion souligne le pourquol du rejet de la science-fiction par la critique traditionnelle. Celle-ci

<,

l'enf~rme par de~, notions de paralittérature, de sous-genre

et de culture de masse. Ces termes, se voulant reutres,

,..

apparai~sent toutefois teintés péjorativement. Nous

étudie-rons~dans le~ pages suivantes en quoi le champ science-fictionnel répond ou ne répond poJnt à ces notlons. Tout comme 'les romans policiers ou sentimentaux, la sClenèe~

fiction s'inscrit effectivement dans le,champ paralittéraire, , '

c'est-à-dire dans l'éventail des ouvrages échappant à "la lit-térature instituée. 2 Littérature «paria», la paralittérature possède une topique et une rhétorique différentes , ~es , canOns , esthétiques dominants et vise des publics précls déclassés

, 1

par rapport à la classe culturelle pourvue du pouvoir

symbo-.. '

lique. Elle libère l'imaginaire de la liaiSon canonique (',. vraisemblance-mimésis, reflétant ainsi d'un autre regard les contextes socio~historiques particuliers. Elle ~e forge

en-,

fin un contre-modèle,instit~tionnel - , autonome constitué d'un

~ilieu social, d'un~ structure institlitionnelle de reproduc-~

/ tion et de conséc~ation et finalement dis~os~ de ~ègles

1 \' ~

1

génériques. L'institution joue un rôle maJeur dans la pro-tection, la conservation du groupe social déclassé face ,au t _ ~

.... .[ ~ • , " '} ", '" , .:' ,,'

(14)

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7

~

discours dominant de la cultu're. Le terme de paralittéra--' ture~ en tant que champ littéraire constitué et

anti-institutionnel, perd ici toute consonance péjo~ative et s'avère sociologiquement pertinent.

Le concept de littérature de masse comme opposition

'à la

cultur~ let~rée

se vide

~~e

caractère

discrimina-toire. «Nous assistons depuis

quel~)décenni,es à

un

l ,

phénom~ne tout à fait nouveau qui confirme vraiment ,le

,II,

livre "dans son statut de media de masse»: 3 l' appar i tion sut' l~" marché de nouveaux medi'a de communication et une demande populaire plus importante transformeront le paysage ,

" ,

littéraire.·< Grâcë. à la t.élé'vision, au cinéma, à un concept " , 'élargi de la librairie (se retrouvant ,dans les grandes

sur-:

.. • #, faces), tous les produits du réseau lettré comme le "t:st-, p " ,

,

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, 1 \ )

seller, le roman.., adapté à l'écran' et son inverse la, n ve~li~

sation, le livre de poche, touqhent un public élargi. La

• J

littérat~re légitime contemporaine s'avère"à l'instar de ..,

,.1 .y , J

littérature de mas~,- ùne marchandise prodùite pour la , 'r con~.

-~-~ sonunation, jouissant des tactiques' du marketing et sujette

~ " - ~ 1 1

aux lois deI. l'économie. La science-fiction fait en effet

• 4. ~~... ~ ~

,part~e du champ de.grande p~oduction en ce, qu'elle est pro'

-duite en série '(mass-produced literature). La dimension économique du 'processus de::production prend ici le relais de

.

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" 1.

dimension esthétique. / ' -, , .-" , ~'

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(15)

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, 8

SF is situated within -the magnè~ic field of commercial market principles~

SF

is a commodity, although admittedly 'tne article which is traded on th~ market under the label "Science Fic~ioni' aIl too of-ten speaks against it. "

"

\,

'.

"

.

" Produit de consommatl.on plus qu'oeuvre littél;'aire", la S.-F ... «réduplicative» présente une '-esthétique c()dif l.ée; refuse'

",- ~, '

tou~ écart idéologique en offrant des situations et person--.

, .

nages stéréotypés. Cependant, à l'intérl.eur mème du' champ se trac) une frontière ténue; en effet, certal.nes tendances

• b

fictionnelles forment une avant-garde tant thémati'Qu~ q'ue

,

formelle qui ~mpêche le genre d'être exclusivement une

. ,

"

littérature de masse. Ainsi, la présence d'une sphère de -. ) .

.

production res-:t;reinte. dans le champ c'lassé comme appartenant

l

à la sphère de grande production situe la S.-F. dans la

cul-.

ture moyenne en voie de légitimation. ta S.-F. es~'une

.

littérature de classe, tout comme la littérature légitime. , ,

Par ailleurs, elle reJoindra différents types de réception

,

selon les tendances fictionnelles!.-Lé terme de littérature de masse apparaît donc lacunai~e tant au niveau de la produc-tio; fictfonnelle que de' sa

réceptl.on'~

L'on oonservera,

.

cependant le terme «populaire» pour décr~ire la science-'

..

'

fiction s'adressant à la fraction dominée du lectorat S. -F. , en raison de sa jeunesse ou de sa position sociale.

Si la science-fiction est encore confinée dans le

.

.

'~champ de la l'ittérature de masse, c'est que la critique

"

..

(16)

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"; canonique a longtemps lié le concept de l i tt:~,rature «dé-"..:" classée» ,à la notion,'de genre. i CeJ:ui-qi sera considéré

\ \ ...

"'t' ;.co'~e un choix parm~ les pos'sibles du discours, rendu:,

conventio'nnel par une soc~été et son idéologie. " , , Dans une socié~é~ on ~nstitut~onnalise la récurrence de certaines propriétés

.

" discursives, e~ les textes individuels "

sont' produits et perçus par rapport à ~~

la norme que constitue cette codification.~~.

• f..

Sera entendue par genre l~ttéraire une configuration socio-esthétique déterminée par u~e finalité en~osmose et par un

"

dispositif intertextuel jouant avec les thèmes, les attitu-" des et les paradigmes des autres genres l~ttéra.ires ou de la

i. • <

" science,

l~ philosoph~e

at la vie socio-économique qUotidieJne: 6

" ,

-Le genre propose un contrat de lecture répondant aux attentes du lecteur par l'assujettissement au telos ou par la

regéné-• 1

ration du modèle. Comme les autres genres, la

science-'.

fict~on s'intègre par opposit~on au système de l~ttérature

et s'é~ige en entité marginale malgré certaines aspirations au statut d~ la haute littérature.

J Typologie de la science-fiction

\

"

La. sC.ience:-fict~on comme genre demande une réflexion .... théorique et historique permettant de cerner l'axiomatique,

1:

l,es son'ventions et l~s fonctions propr.es de .. ce type y

littéraire. L'on utilisera ici comme hypothèse de base

1

"

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(17)

...

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.

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..

" " 10 . , , ... ' ~ "

la>ré~lexion de·'D."~uvin._

ceiuf'ci considè're la

science~"

fiction comme ~', ' .

u~ genre littéraire dont les cQnd{tions nécessaires et suffisantes 'sont la pré~

'sence et l'interaction de la distan- - ' clation et la connaissance, et dont le principal procédé formel est un cadre

, , imaginaire, 9ifférent du monde empir~que .,..

'0

de l'auteur. .

ua

l science-fiction est une littérature à la fois

méta-.,

empirique et non réaliste tout en n'étant pas métaphysique;

._-elle présente une réflexion libératrice par une

extrapola-4 • ~ L

tion temporelle. Ceci témoigne des deu~ constituantes'

principales de la sc~ence-fiction, ~est~à-dire la science--outil cognit~f d'appréhension de la réalité--et la

distan-... ~., \}

ciation née de la tradition ~topique. ~

,~ ~,

A l'horizon de la·science-fiction se retrouve lè'

'.

'

concept de novum, ou nouveauté étrange. S'inspirant de E. Bloch, D. Suvin définit le novurn comme un phénomène

totali-" sateur ou une relation traçant une tangente par ra~?ort aux normes de la réalité empizique vécue par l'auteur et son lecteur implicite. Le novum est à la base de la tension occasionnée par la S.-F. entre le lecteur et l:~nconnu,

cette tangente esquis~ée sur l'H~stoire. Genre historique donc, par une déviation du monde empirique, l,e novum', ,~st sys--:

,

tématisé par la cognition scientifique. Au niveau de la narration s,cience-fictionnelle, le novum tient une position

"

(18)

(

",' i. .,. ., . ~ .. I l .> •

hégémonique et centrale; en effet, il se produit une oscillation entre, d'une part, les normes de la réalité

,

des auteurs et le novum,actualisé et, , ct~autre part, le retour de ce novum à la

r~alité

objective'empirique. 8 La S'~;-F. révèle les asp~rations et l' ~déologie du

,

.

g,roupe social a qui elle

s'

adresser: En trava~llant par , condensation et déplacement, elie se fa~t historiosophie ~

soc~ale. Elle se pense en fonction du travail de l'~déo-logie (potentialité et limitation) et exprime dan~ ses

"

.',

réci ts l,: écart entre ce tr9-vail et le novum de son hypothèse fictive.

La réflexion sOC?,io-historique, la fusion de la cogni-"

tion et de la sublimation s'actualiseront ainsi à travers la fiction proposée par ce genre. Selon R. Scholes, la future fictioh est la forme la plus appropriée de fiction dans

le monde contemporain. Le modernisme concevant le temps comme un processus irréversible, le futur devient ici un feed-back , éthique pour mieux comprendre et diriger le présen~·~· La

fiction du futur résout le problème solipsiste du réalisme' ' donnant l~illusion de la connaissance, elle-même non

mimétique. 9 La fiction cognitivement distanciée de la

"

réalité socio-historique devient fabulatidn; c'est pour-quoi sa spéculatiqp s'avère scientifique. La

(19)

O

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..

'

12

t Structural Fabulation ou science-fiction

dériv~ ~ireqtement;'

;: de la tradition de la fiction spéculative et prend racine

. "

dans l'émergence de l'homme structurel. Elle réévalue la situation humaine dans des cadres spatio-temporels nouveaux. En effet l'homme strùcturel, à la faveur de l'épanou~ssement

.

-des sciences humaines et de la philosophie au XIXe siècle, transforme la conception spat~o-temporelle: «histor~cal

time, then, ~s only a tiny fragment of human time, which is

aga~n a tiny fragment of geological time, which is itself only.

,B.

bit of co smic time» .10 La fiction jouera avec ces nouveaux syst~mes d'appréhension du monde.

Il apparaît donc que la science-fiction' comme' 'spécula-tion distanc~ée plonge ses racines dans la tradition utopique occidentale. L'utopie se ppse comme un discours mettant .en scène une solution fictive des contradictions historiques et idéologiques de la société. Elle engendre des espaces

"

imaginatifs--parce que prOduits hypothétiques intcllectua-lisés--inverses du monde empirique de l'auteur.

, ".

Des jeux d'espac~, dans le texte et dans le référent du texte, à la fois ~magi­

naires et pluriels, fictifs-et en situation ,de dispersion, indiquent ou plutôt symboli-'sent de façon complexe dans l'imaginaire

le~ procès ,théol!ques et pratiques de l'his-tdl.re en cours.

Opérant de façon déictique, par l'exemple et la désignation, l'utopie est cet espace d'une communauté humaine plus pa~­

(20)

c

(

,', > ., 13 "

Réflexion ·distanciée, la S.-F~ devient avec la New Thing le lieu d'une «inconscience-fiction» s'élevant contre

~~ la circulation d~ l'énergie libidinale proposée par le

capi-,

talisme. B. Eizykman a développé.cette hypothèse dans

\

Science-fiction et capitalisme. qui décrit les positions science-fictionnelles (rédup+ication ou subversion) au sein du capitalisme. En effet, celui-ci est, comme toute société, un système complexe de mise en circulation réglée par l'éner-gie libidinale. Au sein de ce sxstème est apparue dans les

,

années

70

une mutation du désir qui entraîne un désinvestis-sement du désir capitalisme, entraînant une science-fiction de déliaison libidinale qui remet en cause les constituantes de notre réalité en faisant éclater la diégèse fictionnelle de même que .. la dimension spatio-temporelle. Face à ce

désir--

-mutant, la S.-F. classique et réduplicative maintient quant à

elle la régularité constante d'un système stable réglant les tentatives de désirs déchaînés. B. Eizykman appelle ce type

de fi~tion «fausse SF». La vraie science-fiction est une

utopie réaliste,parce que non-lieu social de passage des courants ~t désinvestissements libidinaux s'actualisant prinoip~iement par la subversion ~patio-temporelle et uto-pique, la remis~ en question des stratégies de pouvoir. Car le capitalisme,_transformant toute jouissance libre en

1

force de production et offrant à la libido une profusion

"

J

p ,

(21)

o

\ .

.

. " , " .

0'

.:~

, "

o

" , \ . II' 14 • J "

~'objets, détruit la cohérence et la territorialisation du

'.

sujet:

La S.-F. met en oeuvre une

toute-puissance du désir décodée, noR média-tisée: le monde devient support concret des flux déliés, les pouvoirs psychiques rétablissent l'énergétique du désir,

d'où le sort i2fligé au temps, à l'espace, à la réalité.

Les hypotI:èses d '..Eizykman s'avèrent ainsi pertinentes quant

à l'analyse de la fiction spéculative. La science-f~ction

'"

relève d'une réflexion-spéculation sur le monde empirique de l'auteur •

.~ Science-fiction et cognitidn.scientifique "

,

(

La réflexion scientifique comme outil cognitif de

~istanciation , se pose à la base du genre science-fictionnel;

"

l'évo'lution de celui-ci à l'époque moderne mettra d'abord de l'avant l'extrapolation sur des données techniques et scien- G

tifiques réelles, puis utilisera l'épistémologie des sciences- .. humaines au service d'une réflexion sociale et utopique. Le

,

premier point correspond à la tradition vernienne. Celui-c1 ' 1

~da~ta le ~ourant du voyage extraordinaire au nouvel âge

industriel. Le'roman .~cientifique joue avec l'imagination suscitée par les possibilités de la science; son évolution le conduira vers la hard science qui atteindra son point culminant aux ~tats-Unis durant les années 40 et 50. 'Les

.

(

(22)

,,(

.

-\(i

'\

,

,. , 15 1

sclenc~s exactes sont ici le véritable objet du rom4n,

ren-, "

dant l~ fiction vraisemblable par l'utilisation de gadgets techniques. Appuyée par 'le fétiche de la technologie, la hard science resta longtemps le courant principal de la

science-fict~on dont une de ses ramifications est le Space

Opera, récit réJuplicatif basé sur les gadgets.

, ,

Mais l'imagination et l'~mpératif littéraire ,s!avè-,

reront rapidement plus fructueux que la quincaillerie technologique de la hard science: H.G. Wells, 'pere.,'de la science-fiction moderne, donne naissance au

XI~e s~èdl~

au vé~itable récit d'anticipation scientif~que, 'r~~Qtian~

,

par sa réflexion historiosophique et sociale ave6 le conFe

,

'/ JI

~

.

philosophique du XVIIIe siècle,

L'épithète 'de "philosophique" désigne'

une science~fiction où le support et

èn tout cas la jüstification sont constitués par une thèse idéologique,

t utopique, poli tique ou moraliste. Les

sciences humainÎ~ y prennent le pas sur la science.

En effet, l'exploration idéelle prop~sée par la

science-fiction s'inscrira dans le cadre 'des normes cosmologiques et anthropologiques du monde empirique de l'auteur et du lecteur implicites: ~lle devient une ,soft science.' L' outil épist~­ mologique du novum sCience-fictionnel apparaît ic~ comme une émanation socio-hi~torique;' il- possède une attitude 'analogue à celle de la'science et 'de la philosophie. Il jouera sur

( .

(23)

o

o

o

, " -,

".

16 -, " ' ,. 'l f 1

les variatio~s spatio-temporelles, le relativisme human~ste

..,

révélant ainsi les prémisses.socio-historiques de son époque.

, 1

L'élément" de connaissance, analogue à l'épistémoloçie des sciences huma.i nes, marque donc la qualité et le pla1.s1.r esthétique de la science-fiction déterminant l'essence même de-la distanciation.

\

Issue de l~utop~e et du voyage extraordinaire, la science-fiction s'éloigne ainsi diamétralement du courant

/

.'

mimétique de la littérature, même ,$1. elle utilise la-temp6~,

ralité ouverte de la littérature réaliste. Le caractère scientitique de la cogn~tion manque aux littératures

réa-l~ste et naturaliste, où la nature humaine et sa destinée

prédom~nent la fiction. Au contraire, de la scfence·fiction,

le discours sur l'Histoire est médiatisé par la conSCl.ence individuelle; 1a temporalité est elle aussi sUJette 'au déterminisme social préexistant tandis que celle-Cl fera

.

dans la S.-F. -l'objet d'une recherche épistémologique. Lé

-~ genre science-fictionnel appelle une le~ture conjecturale:

,

',' sémantiquement, le discours est fondé su~ une syntagmat~que

"

--~

'\,

-\.

,

/

intelligible, dont l'effet d'étrangeté supposera un pa~adigm~

absent, élément important du plaisir ·esthétiq~e.

'...r\ i'

( ... ) SF

is a u-topla (no-place) both through ltS ideological intluence and in its mode 'of decipherment: as

ln

a utopia, the -readeris transported from a locus or place--the actual syntagmatic sequence--to a non-locus or no-place"

, ,

... ' r,

(24)

...

c

o 17

.,

' ", -' 1 il

'the paradiqmatlc "mirage" wlüch 14 presumably regulates the message.

Le discours science-fictionnel suppose un univers lacunaire, tant aux niveaux stylistique, narratif qu'idéologique, que

"

le lecteur devra reconstruire pour matérialiser cet univers de la fable. Le paradigme absent régularise l'énoncé et donne le caractère «réaliste» de la S.-F. Le système sémio-tique propre de la science-fiction démontre donc la' diver-gence entre le courant conjectural et la littérature de type mimétique.

, (

Les tendances

S,-Fe

et genres connexes

Longtemps appelée «mythologie de notre temps» ou «succursale du fantastique», la science-fiction ne peut ni~r

en effet ses- lien~ avec les genres connexes du merveilleux, du fantastique et l'apport d'éléments mythiques réactivés dans ses fictions. La fable mythologique 'comme genre non cognitif et utilisant la distanciation (étrangeté) s'avère parallèle à la S.-F. Littérature

de

l'imaginaire, la

science-fiction utilise les mythes anciens tout en révélant des thèmes propres au Zéitgeist d'une.société.

( ••• ) la SF est une littérature'mytho-graphigue. On a beau l'appeler une

\!

, ,

(25)

o

o

c ' " ,

o

Il 18

littérature d'idée, elle ne cherche pas à convaincre par arguments ( •.. ) mais à faire éprouver les conséquences de cer-tains concepts, et ceci au moyen de complexes d'images et de situations ar-chétypales "chargées" (reliantes) tirée!_ d'un fond culturel parfois très ancien. ~

La fable mythologique s' avère ic~ un métalangage .. s'enseignant dans le social, chargé de la quête de l ' iden-tité d'une collectivité. Structure synthétique de symboles et d'archétypes, elle renvoie à l'imaginaire et raconte 1 f

his-toire symbolique d'une société par son atemporalité. L'utopie active le rite mythique en le spatialisant; elle met en évi-dence la contradiction ~déologique de la société, Joue sur _ la dynamique sociale les rapports idéologie/pratique. 16 La

science-f iction partage auss~ avec le mythe le concept de distanciation. L'élé~ent mythique de la S.-F. s'étendra

~ouvent aux personnages et aux s~ tuations. Le mythe ne

,

répond cependant pas entièrement aux conditions de la

o science-fiction: alors que celle-ci analyse le dynamlsme

socio-historique d'une société par le biais du novum de cognit.ic:: scientiflque, le mythe échappe au temps en prop~"I'"

sant des solutions surnaturelles aux phénomènes humains. Le fantastique inspl.re une partie de l' imag~nation

science-f ictionnelle à l'instar du mythe. Si l'on considère

'.,

le fantastique comme l'expression des hantises huma~nes à "~ travers une distorsion de la réalité v~rs l'imaginaire ainsi

, 1

1

(26)

'. . / .' -,

(.

t' ,

.<

'. ' :~ , . 19 -, ' ...

qu'un' appel au mystère, la conve'rgence avec là

science-ficd,on se fait alors sensil:?le. Celle-ci polarise l'a.... ..~ ~ 'r

"7 '

déchirure de l'univers quotidien exprimé dans le conte

fan-... '(... .'~ ,

tastique tout en la métiiatisant par la rationalité

scienti-, ( , .,. ~ r<~

fique. r ,On constate toutefois que les déux modes ~litt:é~a,Ù~'es '~.

diverge~t plus qu'ils nef-se rapprochent': Le fantastique

1

, \

s'avère Url' genre évanescent entre l' ét~ange et -le merveï.ileux;

,. ,. ~ . '

, "

.,

.'

loI se si tue\ au moment de «l' hési tation éprbuvée' par un être ,,, ~ ne cannait que les lois naturelles, face à un événement

~

en

a~parence surnaturel».~7

L'étrànge correspondra au sur-

.

.

naturel expliqu~ et le merveilleu~ au surnaturel accepté.

"

.

...

La tension entre le monde empirique et les loisl anticogni->,

4,

tives incluse dan~.' le conte fantastique n' existe pa~ dans les conditions génériques de la $cience-fiction't

'odorav-rattache la science-fiction au «merveille~x, instrumental» plutôt qu 1 au fantastique pur. Il entend par

là un merveilleux utilisant des gadgets et des perfection-nements techniques i le récit, à partir de données insti

tu-tionnelles, développe une intrigue dominée par la logique., Les données tn1tiales sont surnaturelles:

les robots, les êtres extraterrestres, le cadre interplanétaire. Le mouvement du réei t consiste à nous obliger à voir com-bien ces éléments en apparence merveilleux nous sont en falot proches, jusqu' à quell8

.-pôi~t ils sont présents dans notre vie.

(27)

,

..

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o

" .~ ,

o

20 d' '

L' appareil techni~~ et scientifique; de la science-fiction; possède un pouvoir dl attractior. siml.laire aux phénomènes magiques du merveilleux. Tous deux: créent des univers

fic-tionnels pleins et cohérents. Tandis que la science-fiction s'intéresse à une spéculation où l' l.maginatl.on est orlentée :_par les possibilités cognitives de l'époque, le mervel.lleux construi t quant à lui des univers à-temporels et archaïsants, indiffér:nts a'..!x limites de la réal<~té du monde~ue. Le merveilléux puisera. de plus dans l'imaginaire mythique pour recréer' des figures et des espaces traditionnels non médiatisés. Le terme de «merveilleux instrumental» s' appli-que moins à la sc_ence-fiction optimale qu'à la Sciencer '

Fantasy, type de science-fic,tion où la «science» s'avère

,-

,

d'essence magique. Le terme d' instrumentalité technique

.

conune outil cognitif et vraisemblance rationnelle contredit le merveilleux où le surnaturel arbitraire est accepté comme "- tel.

L'éventail de la

2ci~nce-fictl.on

contemporaine

Les' infiltrations d~s genres non mi~étiques auront une

,-,

\

influence sensible sur les diverses orientat,ions-' de la science-, fiction. Celles-ci s'appuient sur une thématique cpnunune issue du voyage extraordinaire et de l'utopie. La sCl.ence-f iction moderne, née au XIXe siècle, se tourne v~rs un nouveau

, \

(28)

, ,

..

'

.

'

c

, ,

C

),

.t l ' '< • ,~ 21

..

" ",

catalyseur de l'esprit: la science, et ses répercussions sur il 1 avenir humain . Seront développées des tangentes

ima-'1 ~;.

ginatives suscitées par les cr~ations scientifiques ét leurs

conséquence~ ~ociales: machines et gadgets comme les armes et les moyens de transport et d~; communication, les robots

/

et les ordinateurs. La~science influence et transforme

.

-,

""

l'homme: app~raissent alors les mutants ou androïdes, possé-dant des pouvoirs psychiques le~ rapprochant du «sur-homme».

~ "Çj ,

La science permettra de plus la conque te de la dimension spatio-temporelle; l'homme explore les possibilités tempo-relIes, modifie l'histoire au travers de l'uchronie et des formes utopiques, découvre des univers p~+a'llèles et

étran-"

gers. Il rencontre ainsi l'ext:ra-\terr'estre avec qui il " ,

entre en conflit, soit pa~ ,lef

d,ésir de la colonisation, soit pour se protéger d~,so~ ~~res~ivité. Les écrivains

extra-- ) ~ i.

polant sur lè·fùtur de l'homme créent des sèciétés souvent:

- 1 . .. r . ~ ....

,." . ' , ' " 19

" 't: '.(~, "'dystopiques, technocratiques ~t,~t6'talitaires. Ces

sociétés exaltent de plus des instincts habituellement ré~

primés par le code éth.lcdisocial. L' explora.tion eschatolo,:-, , gique suscitera enfin la réflexioh ~istoriosQphique surtout

- 1 \

avec la Speculative Fiction, renouant ave6 "la tradition du~ con,te philosophique traditionnel. "

~,

'l

Ces thèmes se manifesteront plus ob moins fortement \. selon leur affiliation aux' 'tendances science-fictionnélles. ' . ,

(29)

o

-', '"

'-o

o

'.

"

22 , < ~~ ~ i

L'on distingue trois courants majeurs au sein de la S.-F.

mo~erne: la conjecture rat~onnelle, regroupant ~ia

\ '

speculati ve F lction et Id hard science, le récit

.

.

réduplicatif où le référent saientifique apparaît'secondaire--Science Fantasy et Space Opera--et enfin le versant merveil-leux avec la Heroic Fantasy ou , S~ord and Sorcery.20 Ces orientations utiliseront différemment'les prémisses génolo-giques de la science-fiction optimale, d'où les statuts ~~~titutionnels dist1ncts 9ue l'on retrouve au se ln même du champ S. -F •

.

,

La science-fiction ~ptlmale repose, selon Suvin, sur les critères de consistance\~t de cohérence prêgents dans la narration. Le novum doit être totalisateur au niveau de l'environnement social et chez les personnages.

,

,

L'oeuvre devra en outre présenter un «paradigme absent» vraisemblable, ç!est-à-dire un univers c~édible, «réaliste», à travers les

~noncés idéologiques et le dispositif intertextuel'. Cet,te

illusion de réalité procure le plaisir esthétique en susci~

tant l'imagination du lecteur.

, In optimal SF, the interaction of the

~ vehicle (relation in the fict10nal

.~ uni verse), makes therefore for th reader's freedom: this freedom . rehearsed traced ut an nsè bed

in the very act of réâding before and 21 parallel to form1ng a conceptual system.

Un novum inconsistant ou partiel relèguera par contre l'ouv~age'

(30)

(

,

.

~. 1., 1 , "

-,C

'\

(

1 '" , ~

.

de S.-F. dans le pesslmum. Celui-ci peut être banal,

inco-1

hérent~, dOgTl}?ltique ou invalide. Le pessimurn b'anal livre un

novurn limité cu trop lâche; quittant le ,strict domaine de

'la

sciencè-fiction~ il s'approche d'autres genres comme ~le,

~ "

~oman d'aventure~ L'univers de la fable s'avèr~ mal énoncé

dans le pesslmurn inc!ohérent

ta~dis

que dans le récit

dogm~­

tique, l',auteur ne réussit'point à créer un paradigme imagi-naire riche, les éléments extra-,fictionnels étant ~rop

nombreux: technologie, politique, prophéties, etc. Le

i

pessimurn invalide présente, quant à lui, un novum non étayé par une cognition scientifique, ce qui le rapproche du

fan -tastique et du merveilleux. La distanciation existe, mais

, '

ne renvbie aucunement au monde empirique du lecteur. Le pessimum se caractérise donc par un novum limité par un en-chainement logique et une narration déficients; la dis tan- ' . c1ation est annlhilée, coupant tout plaisir esthétique.

Une hiérarchisation s'est esquissée au cours de l'évolution de la S. -F. entre les différents sous-,genres, selon leur rapprochement de la sClence-fiction optimale. Dans le champ actuel du genre, l ' on note alnSl la présence

dominante de la ha rd science et de la fictlon spéculative. Vient ensuite la tendance réduplicative avec la Science Fant1aSy et le Space Opera. Enfin, la Heroic Fantasy, longtemps dénigrée,

,

jouit présen~~m~~t d'un regain'de faveur chez les fans et les

, ,

(31)

o

'f

o

-, , ... ~ .. 24 "

critiques, 22 autant aux États-Unis où le merveilleux -est

"

,-plus' prisé que chez le lecteur français.

Après avo~r catalogué l' imag~nation des auteurs du

XIX~( siècle, la conjecture rationnelle relevant des sciences

exactes dominera la première moitié du

xxe siècle .. sous la

forme du hard science. L'hypothèse initiale est ic~

sc~en-tifiquement plaus~ble et extrapolée; issue de l ' idéolog~e ,4

technocratique, ce type de science-fiction possède une forte tençlance didactique. La soft science, plus prlsée actuellement, se base plutôt sur une cogn~tion analogue aux

-

. ,

sçiences humaines. Une de ses tendances, la Speculat'i ve Fiction, apparaît aux années soixante et renoue avec la tra-di·tion utopique. Fille d 'Hiroshima et de la faillite du

s~stème 'capitaliste, la Speculative F~ction se veut

un

diagnos-,'. tic du "mal' social, un appel à la recherche d'al ternati ves.

" ~

,

, ,

Nous vi vans à l'intérieur d'un énorme roman. .Il devient de moins en moins nécessaire pour l'écrivain de donner un contenu fictif à son oeuvre. La fiction est déj à là. Le t'l:'avall d~3romancier

est d'inventer la réalité.

Cette science··fiction pessimiste s'inspire des mouvements " <.'

littéraires cOntemporains et donna des oeuvres de qualité, asseyant le. genre auprès de la -littérature officielle.

La Science Fantasy, dérivant de la', hard science,

appa-,

ra'Ît beâuco\J.p plus lib'r~, quant à ses attaches scientifiques.

.

,

, ., ,

.

\ ,'" , \ ~._._.-

(32)

-..

' , '

c

c

, \ 25

..

, \\ \1

Par la

te~hnique'

du grossiss_ement (comme l'éloignement spa- _ tial ou tespporel) et de l'insolite, elle po~sède une

,esthétique du sensationnel tendant vers' le baroque. 24 Sa forme la plus prolifiq~ réside dans le Space Opera, dont

,

l'essor fut donné dans la revue américaine Amazing Stgries de Hugo Gernsback. Le Space Opera--comme souvent la hard science classique--furent taxés par Butor de réduplication~

. '"

1

r

s~ 1!'on fuit indéfiniment loin dans - " l'espace ou le temps, on va se trouver dans une région où tOtlt est possible, où l'imagination n'aura même plus besoin de faire un effort de coordination. Le résultat sera une réduplic2Sion appauvrie de la réalité quotidienne.

'l,

Le Space Opera traduit l' incapaci té de l'auteur de créer"' des sociétés futures par la réactivation copstante de l'idéologie

,

'dominante du monde empirique. Il se modèle sur unè matrice narrative immuable et constante à toute la littérature rédu- , \

. ~

plicative: un méf~it initial portant atteinte à la soc,~été

r

sera combattu par le héros. La situation de désordre réglée,

- 26 "

il Y a retour à la situation initiale de paix. La rédup.li-catio!'l se signale donc en fonction de l' cipposi tion à l' évéIfe-' ment pertarbateu::::- de l'ordre social et idéologique. Malgré de oelles réussites, le Space Opera et le récit réduplicatif contribuent encore de nos jours à discréditer le genre aux yeux de la littérature légitime par ,la récurrence des élichés.

"

(33)

-0

, .

o

o

-

.

, ' ~, ;

26

'.

La Heroic Fantasy, tendance la plus éloignée du genrë science-fictionnel, est décriée par de nombreux critiques, tant du côté mainstream que science-fictionnel. Ce type de

~.-F. effectue un retour vers l'épopée. Sa volonté de se

rapprocher des mythes sourciers de l'humanité le fait situer le cadre romanesque dans des civilisations ancestrales ou des sociétés post~atomiques~ participant au même mouvement de fascination-répulsion face à la société technocrati~ue que la science-fiction, la Heroic Fantasy reconstruit des socié-tés archaïques, unifiées par une forte organisation religleuse, éthique et sociale. Des héros mythiques affronteront des

puissances maléfiques ~t destructives -dans un univers irra-tionnel similaire au merve~lleux.

.

-,

La présence actuellement grandissante de la Science Fantasy et le retour, sous le terme de néo-formalism~, de la hard scienc~ témoignent de l'évolution du genre et de l'état du marché suite

au

mouvement de la fiction spéculative~-New

Thing en Angleterr~. et Speculat1ve Fiction aux ~tats-Unis.

La fiction spéculat~ve, profondément pessimiste, s'lnscrit

\

dans le courant contre~culturel des années soixante. Elle oppose à la raison et au progrès historique les forces de l'instinct et de l'inconscient, à travers des techniques

for-t ,

mel~s poussées. Elle constitue la tendance littéraire d~,

,

champ S.-F.; quoique touJours présente, elle s'atténu~ra

<

(34)

, )

(.

(

.-. " ,. 1 '\ 27

,,,-...

, , , ' 1 }' , 1"'\''''

avec le mouvement" actuel de la s.oc.iét:é o~cidentale. , "

, \

The flowering ~of '''sp~qulative fiction" followed logica1.ly not' onlY from the crisis of the' spiritua1 culture of bourgeois society, but also from a phe'nomenon one could calI a cul tura-1-wear1ng out of the very' system of SF. The 1ntrinsic popularizat~on of science and technology (ma~nly via TV) ,àeprived SF of its priyilege~to be'one

.6f

the main links between the world of exa~t

k~owled27 and the world of daily

expe-r~ence.

: /

Ceci laissera donc la voie à la hard science et au courant du -l,' merveilleux.

\... "f

~volution de la science-fiction fr,ançais'e '\

Même si le genre science-fictionnel ainsi' nommé ese' , '\ né avec le siècle, il plongera .ses raciI1,es au-delà de la

Renaissance par le biais de l'utopie, du vC?y~ge' 'extraordi- " naire et de l'anticipation. La France se taille rapidement'

" ... ". " ' 1 "

-une placè importante dans le genre conjectural aveq' Savihien

, :

Cyrano de Bergerac en 1657 et au XVllle~siècle avec Restif de la Bretonne ou l'Abbé Desfontaines. Le Siècle des Lumières

,

',verta en out:re la première collectioÎ1~' des Voyages

extraordi-,#Il ~'I'

na~res (1787'';""89). Pou~suivant la tradition littéraire, le"

XIxe siècl~ produit des oeuvres uChroniques--avec Louis

1 \ l "

",

Geoffroy~ 1 • et".;Renauviet--et dystopiques avec Souvestre; , l \ ~ , \ .. les

o.J f \ i '~\. '-\ '

grands noms, de 'la littérature sacrifient aussi au genre, comme

, /'~

f'I.-, , ~"

(35)

~ ,

--..

o

, " , ' , - 1 "

o

\'\ 28

---1 ~

H. de Balzac et

v.

H~90. M~

la prbdtiction reste encore

1

1

dans-ce siècle sans légi~1mité statutaire, ni tradition

"

officielle. Des auteurs comme Bodin, Cabet, C. de Granville resteront cloisonnés dans le champ de la paralittérature. 28

considèré comme le père de la science- fiction avec

,

H.G. Wel~s en Grande-Bretagne, Jules Verne obtiendra dès' 1863 une grande notoriété parmi les publics minoritaires,' . '-...

",-'" -surtout chez les jeunes; c'est ainsi qu'en raison de son succès même le genre sera tenu à l'écart de la littérature officielle. Jules Verne fait face à une double exigence--le souci de la vraisemblance tiré du roman réaliste, et la subordination à la science--qui détruit l'effet utopique 'et l'essor d'une véritable anticipation conjecturale. Le rprn,~n scientifique vernien s'avère donè à l'opposé du caractère_' philosophique de l'oeuvre wellsienne't , En effet Wells, fon-'

dateur de la science-fiction actuelle, s'éloigne de l'expli.ol'

'"

éation scientifiqùe pour laisser place à l'imagination, -' utopique et anticipatrice. Cet auteur produira, à partir de 1895, des oeuvres à la fois plus adultes que celles de V~rne,.'

l ,

\

et au ton moins moralisateur. Les tendances ul tér-d,eures de 'l'

l~ Speculative Fiction et de la hard science découleront "

,~espectivement de ces deux auteurs.

.

..

L'oeuvre de Verne provoque rapidement l'imagination d'écrivains tels _ que Calvet, Lourie et Robida, qui If im,1teront

(36)

c

- , ,';-, " " < "

"P1U~ ou moins' servilement.

c.

Flanunarion propose après .1870 des( rêveries scientifiques tandi's que J. H. Rosny

AIné, dix ans' plus tard, met sur pied un véritable «mer-veilleux scientifique»,. Ce dern~er est, rec·6nnu par J. van '\Herp comme le père ,de la

s.

-F,." française. Choisissant la

, '

conjecture d'anticipation et le roman préhistorique, Rosny Ainé possède un style lyrique 'et soigné. Malgré ses tenta-tives 'pour faire entrer la science-fiction, dans la sphère de la 'haute littérature, le genre, restera circonscrit «au niveau moyen de la littérature bourgeoise de loisir». 29

Ce genre' fort populaire à la fin du XIXe et au début du XXe siècle, qui voient un foisonnement de feuilletons et-d'utopies émanant de groupes socialistes, sera maintenu dans la marginalité avant de devenir clandestin après la Première Guerre Mondiale. Le début du siècle connait

. cependant des écrivains comme M. Renard, G. le Rouge, Maurois " et j . de La Hire, ainsi que des prjx 'Goncourt, décernés à A. ,

- Nau 'et Farrère. Des collections émergent comme «Sciences " et Voyages» ou « Lectures pour 'tous». Ce la ne suff i t pas:

lentement étouff~ par les spécificités de la tradition roma-nesque française, introspective et reniant l'intrigue

d'

av~nture

30 et malgré les influences du gothic novel et

du roman populaire, le récit français d' anticipation scienti-fique s'éteindra Jlresque complètement avec les années trente.

(37)

o

o

,,' '" " 1 J' " • 1

Le début du siècle voi t " àpparai trè aux, t;ta ts-Unis un nouwau, ·,type de fiction ant.1cipatrice: Hugo Gernsback, en 1911, crée. la science-fiction. Elle oppose ~e voyage spatial et l'exploration galactique à l'uni vers terrestre

J

de la S. -F. française; de type vernien, elle lance le

Space Opera e:t incorpor~ le fantastique au genre conjectural.; ;'. Règnera ainsi jusqu'à l'âge d'or

de~a

S.-F. américaine

,

"

..

.

(1950) une littérature sérieuse, didactique, tlm.1dement anti-.cipatrice, et ce, grâce à J.W. Campbell de la revue Astounding.

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Par ,-son adhésion au roman d'aventure et une techn.l.que narra-tive efficace, la science-fiction américaine j~uit d'une popu-larité ascendante. En France, J. Spitz (1936) reste seul

autel;lr de force face aux Asim8v, Heinlein, Van Vogt. N'oublions pas toutefois les Barjavel, Ray, Messac et finalement B. R. Bruss qui s'avère, à la fin des années quarante, la char-n.1ëre entreO Ir anticipatlon scientifique et la science-f iction françaises.

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La ,SF française de cette époque est donc axée sur la formulation de

l'angoisse devant un aven.l.r lié à la science. Mais elle est peu souvent le lieu d' une réflex.1on sur les pos-sibili tés et les dangers de la science: elle participe du refus implicite de changement comme

reste de la littéra-ture de l'époque. '

En effet, c' est dans les années cinquante que l~

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science-fiction réapparait véritablement en France;' la

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Hard Science américainè sera introduite par des fans con-vaincus: les «savanturiers» Vian, Spriel et Queneau; 1 Dorémieux, Klein, Sternberg fon~ paraître des articles dans des revues sérieuses comme Esprlt et Les Temps

moder-~, lancent des revues, collections (Fleuve Noir -Anticipation, Présence du Futur, Le Rayon fantastlqUe, etc.J, tradulsent les meilleures oeuvres anglo-saxonnes dont Les ChronlqUes martiennes (R. Bradbury) qui

déclen-,

chera la faveur du publlC. Sont aussi introduites des revues américaines telles Fiction et Galaxy. Cette avalan-, che inspire des auteurs français de qualité équivalente à

la S.-F. américaine: Wul, Carsac, Klein, Curval, Limat,

Richard-Bessière pour ne citer qu'eux. Beaucoup d'auteurs et de critiques qui> influenceront la science-fiction ulté-rieure se regroupent autour de la, libralrie La Balance

(rebaptisée plus tard L'Atome), alors seule librairie

spécialisée et foyer de création. La jeune science-fiction françalse, renouvelant ses thèmes et sa technique d'écri-ture, correspond bien ~ la volonté technocratique et

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industrielle de l'époque. Mais comme la décennie précédente, la S. -F. française n'arrive point à imaginer un avenir lié

à la science.

çette contradiction vécue entre les pouvoirs avérés de la science et la difficulté d'imaginer un futur dont elle serait la base aboutit à "la fin

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de l'utopie" et à privilégier deux voies: l'humoristique, fondée sur le développement imperturbable de don-néès absurdes, mais présentées comme constituant ~a rationalité scientifique;

la démissionnaire, qui thématise la passation du pouvoir à une race3~upé­

rieure garante de notre avenir.

L'élan sera toutefois de courte durée. En 1965, des cèllections et des revues ont disparu, ce qu~ réduis~ t con- ~

sidérablement les débouchés des jeunes écrivains. Ceux-ci, amateurs pour la plupart, ne forment point un groupe harmo-nieux, d'où les dissensions chez les éditeurs. Les mauvaises gestions des revues et des collections éloigneront celles-ci d'un marché encore trop fragile. Le public boude la produc-tion naproduc-tionale, préférant la producproduc-tion américaine à la française ne possédant pas encore de personnalité propre. Cet arrêt de la science-fiction correspond à un changement

?'orien~ation chez les Américains; la Speculative Fiction

prend le pas sur la S. -F. «dure». Déjà amorcée vers 1950

avec les magaz~nes Galaxy, IF e~ The Magazine of Fantastic and Science Fiction, la fiction spéculative prendra son véri-table essor vers la fin des années soixante où les problèmes pOlitiques, écologiques et sociaux la rapprocheront de la lignée wellsienne. L'émerg~ce de la Speculative Fiction réactive le champ de là S. -F. par ailleurs en plelne crise: Une trop forte commercialisation avait saturé le marché, de

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nombreuses revues et fanzines dispara~ssent. De plus,

l'évolution de, la science avait rendu un grand nombre de récits désuets.

A~nsi trahie par la science en 1945, puis en 1957 par la technique qui rendait ca-ducs ses efforts dans deux domaines, la

prédiction et 1i'réal~sme dans la

descrip-tion du futur, la science-ficdescrip-tion fut

obligée de faire un retour sur

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l1e-même

et de se remettre en quest~on.

Cette transformation s'opère effectivement en 1969 sous l'im-pulsion de Klein qui- crée une collection destinée au public

littéraire: «Ailleurs et Demain». Un nouvel engouement en

résulte; des collections et des revues réapparaissent ainsi

Cque de nombreuses rééditions d'auteurs--français et anglo- ,

saxons. La New Wave américaine trouve résonance dans

l'après-mai 1968; les nouveaux auteurs surgissent, comme Andrevon,

Oouay, 'Walther et surtout Jeury qui intègre l'acquis du mo-dèle américain aux préoccupations propres de la société

française. La science-fiction découvre la pSYChanalyse et le

socialisme, devient dystopique et militante. En 1975 parait

Les Soleils noirs d'Arcadie, anthologie réalisée par D.

Walther qui voulait créer une fiction spéculative à la

fran-çaise, parallèle à la New Thing anglaise. Po~itique, cette

nouvelle S.-F. française abandonne l'«Ailleurs et Demain» au profit d'un «Ici et Maintenant»--nom de la collection des

édi-tions Kesselring, première maison d'édition consacrée à cette

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prod~ction 'fictio'n~~ii~.

Si ce mouv~ment fut ëie- courte

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durée, il aura eu l'avantage de révéler une nouvelle géné-ration d'auteurs et de dégage,r définitivelTlent le profil

d!une S.-F. française. La fiction spéculative française,

arme subversive à la mbde converge, par des techniques

'scripturales renouvelées, au nouveau roman. Particulièrement)

dystopique, elle révèle la peur des écrivains face à l'aven~r

et au c~apgement. Les écrivains tendront à «subv~rtir la

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"pseudo-réali té", l'affublant de ...masques hall~,cinés pour la "

donner à 'loir ",1 à ressentir». 3.4

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