• Aucun résultat trouvé

Evaluation de la mise en oeuvre d'une intervention de Communauté juste avec des adolescents délinquants

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2021

Partager "Evaluation de la mise en oeuvre d'une intervention de Communauté juste avec des adolescents délinquants"

Copied!
327
0
0

Texte intégral

(1)

(

(~

(

Evaluation de la .ise en oeuvre d'une intervention de Co~nauté juste

avec des adolescents délinquants

Jacques Dionne

Département de Psycho-éducation et de Counsel ing Uni versi t~ McGi 1 1, Montréal

Mal 1990

Titre abrégé: Communauté Juste avec des adolescents déllnquants

Projet de thèse soumis à la Faculté des études supérieures pour l'obtention du titre de doctorat (Ph .D.)

(2)

Cette étude porte sur la première phase d'une expér imentat ion à long terme du modèle d' lntervention de la Communauté Juste de Lawrence Kohlberg avec des adolescents déllnquants francophones. Elle consiste

à évaluer la pl-emiè.-e année de mlse en oeuvl-e de cette intervention afin d'en assurer l'lI1téC;Irité et d'en altéllol-e.- la qualité avant de procéde.- à l'évaluation de son efficaclté des mesUl-es e xpé.- i men ta 1 es.

A l'aide du modèle de Stakes, une évaluation, :. la fois formative et sommative, a été condulte (octobre 1987 et octobre 1988) pour juger de la quahté d'implantation de la Communauté juste au quartler de la Terrasse du cenb-e 80Scoville. Cette uni té ue .-ééducat ion, ou on appllquait une lnte.-ventlon s'lnspit-ant du modèle psycho-éducatif de Gendreau (1978) et de Guindon (1969), offl-ai t la possibi l i té d'expérimente.- le modèle de la Communauté juste. L'obJectif était de compléter et de fall-e évoluer le modèle d'intervention de Boscoville. Douze jeunes et huit éducateurs ont participé à cette mÏLse en oeuvre de la Communauté juste de la Terrasse.

Les principauIC inst.-uments de la cueillette d' infonnations fUl-ent les rapports d'activités des éducateurs et du cCJnsultant, des questionnaires, dont le test de dél inquance I-évélée de LeBlanc et Fréchette (1989' 1975), le quest ionnait-e sur l'atmosphère morale (SAGI, School Atmosphere Quest ionnaire) de Higgins et ses cl,llaborateurs (1 9Bl ) , ains i que la dernière forme de l' entrevue de

(

jugement mOI-al (Sn1Jl) de Colby et Kohlberg (1987).

(3)

L'évaluation déci-it comment s'est dél-oulée cette mlse en oeuvre et montre qu'apI-ès un an d'effort, le modèle de la Communauté Juste est partiellement implal.té. Cependant, il se,-a nécessall-e d' lntensi fier la formahon des éduca teUl-s pour la quall té de l'intervenhon. [1 Y a eu auss i .me légère amé l i 0 ra hon de l'atmosphèl-e morale de l'uni té et les ado lescents o·,t prog,-essé dans le développement de leur Jugement moral.

Certaines I-ecommenda t ions sont fai tes POUl- amél

iOI-e,-l'intervention mOI-ale de même que la méthode d'évaluatIon. Des suggest ions sont aussi fai tes pour développel- des rechel-ches sur ce modèle d'intervenhon mOI-ale. En ef"fet, ce modèle s'avère prometteur non seulement pour ,-éfol-me,- les lndividus délinquants mais aUSSl POUl-aider à réfol-me,- les modalités que la soclété s'est données pour éduquer ces derniers.

L'expérimentatlon actuelle s'ajoute à plusieurs autres pour suggérer que le passage d'une perspective de traitement A une perspect ive d' éducat ion morale des I ndi vldus déllnquants semble être la voie la plus prometteuse à investiguer.

(4)

Abstract

A description and analysls of the outcomes of an experlment wlth Kohlberg's Just Commumty Approach ln the development of moral Judgements of f.-ancophone del i nquents lS examll1ed. Data were collected from l2 adolescents ,-angll1g in age fi-am 17 to 18 years and from 8 adult educato,-s lIwolved in the Just Commul1ity Program at Boscoville Cente,- (Montl-eal, (;Ic.) which was lmplemented between Octobe,- 1987 - October 1988.

Kohlberg's Structural lssue Moral Judgement lnterview and several questionnaires were administered and journals kept by the educators and the researcher. Anal ys i s of these data allowed us to descr i be how the program was implemented and showed that the 1ntervention apprec iabl y i ncreased the stage of moral judgement of partlcipants and improved the "moral atmosphere" of the progr am. 1 n compar i son to prev10us evaluatlons of the Just Community Approach, this program had more impact on these outcomes. 1t lS suggested that the effects of the program could be strengthened by more intensive training of educators.

(5)

r

li

.~

ii

,.. '1 '-'"

,

1V ri ~

'.

~ RetM!rc ie.ents

f

r

[

L'auteur tient à exprime,- toute sa gratitude au Dr. George C.

~

~

[

!

,

Mager, son dlrecteUl- de thèse, pour sa patience et son SUPPOI-t amlcal dUt-ant l'ensemble de sa fOI-matlon doctorale, alnSl qu'aux membres de son jury de thèse: les Ors. Geol-ge Ge is, Jacques Rebuffot et Soc\-a tes Rapagna pour leut-s C\-itlques I-igoureuses des dlvers Chdpltt-es de cette thèse. Il l-emerCle aussi les Ors. l'1arthe Hurtedu, "'arc LeBldnc et Jean-Marc Samson pour leurs JUdlC ieux consells pour so lutionner certams p,-oblèmes au cours de ce projet. Met-Cl, de plus, à Mlchel RainVllle pour aVOlr si blen su lUl commUluquer son enthousiasme face

à l'intet-vention mOI-ale. L'auteur expt-ime aussl sa gratitude .lUX Ors. Ralph Mosher, An., Higglns, Clark Powel-, William Jennlngs et Dawn Schrader pour le support qu'lis lui ont dpporté à divers moments de ce projet. A ses collègues de l'équipe du Centt-e de Psycho-Educatlon,

l'auteur dl t un profond merc 1 pour leur alde et leurs encouragements sou tenus. lien est de mêtle pour les éducateurs ( tr 1 ces) et 1 es Jeunes des quart iers du Plateau et de la Tert-asse de BOScovllle qUl ont co llaboré sans reUche à ce proJet et qu i ont persévéré malgré les di fficul tés rencontrées, et part lcul iè,-ement à Serge Due llette et Louis Letelller qUl ont su si bien encoUl-ager tous et chacun dans les mo.ents de découe-agements et à Serge Descoteau!'C pour sa profonde détermination à dlrlger ce projet Jusqu'au bout. Il lmporte aussi de reconnaître l'apport dynamique de deu!'C collègues étudlants, soit Michel Janosz pour 1 a passat ion des entrevues de jugement mor al et Robert Lavoie pour la passahon et le décodage de ces entrevues.

(6)

MercI aussl :. Nicole, Paule et Martine pour tous les sacrlflces qu'elles ont acceptes depuIs plus de cinq ans ahn de permettre:' un vleux rêveur de réal iser son rêve. Des remercIements sont aussi elCprlmés à l'IRPEM du Centre de Psycho-Education et à la Fondation J .A. BombardIer pour leur aIde financière:' la réal isation de cette elCpér imentatlon. Ce tableau ne pourrai t être complet sans soullgner l'aide cha 1 eureuse et patiente de Deni se Richard et de Huguet te Sauvageau pour la révisIon styllstique de certalOes parties de cette thèse, de même que la contnbution amIcale de PaullOe l1ichaud pour la dermère révISIon des textes ainsI que le travail métlculeUlc de mise en page et de dactylographie assumé par Diane Bernier.

(

"

(7)

,',

So..aire Abstract

Table des .atières

vi

J 11

Rs.ercie.ents iv

Chapi tre Un: Introduction 1

Chapi tre Deux: Recension des écri ts 6

Ou en sommes-nous' 6

L'efficacité de l'intervention POUl- rédui,-e la récidive 7 La moral1té de l' lntervention en lnstitution 8 La valldl té théot-lque des Intel-ventions en lnst i tution 10

Jugement moral et actlon morale 14

Jugement lIor a 1 et dé 1 i nquance 20

L'Intervention morale avec des délinquants 24 La mIcro-Intervention: la dIscussion de dilemmes moraux 24 La macrO-Intervt;'ntion: le modt.>le de la Communauté Juste 27

Le projet de NlantJc 28

Le projet de FlorIde 32

Le projet de l'Unlversité de VictorIa 34

Boscovi Ile 37

Chap i tre Tro i 5 : L' i ntervent ion 43

Les fondements théor lques de la Communauté Juste 43

La ph llosoph le de l' éduca tion 43

La psycholog le du développement mal-al 44

La théone sociologique de l'éducabon mal-elle 49

La COlllmunauté Juste: son app llcat Ion 50

Les premlèt-es Intel-ventions morales 51

Les conditions de base d'une Communauté Juste 53

l.~s conditions Indirectes d'une atmospht.>l-e favorable au

développement mOt-al 56

L'ACJ et la st lmu \ a t Ion ltltellec tue lie 57 L'ACJ et la stimulation du t-alsonnement moral 59 Justification de l'expérimentation de l'ACJ auprés de

jeunes déllnquants québéCOIS 60

Le beSOin de vérlflet- l'ACJ dans un contexte culturel différent 60 La nécessité de l'expét-lmentation systématlque de l'lnterventlon 61 Le beSOin d'une approche conCiliant détentlon ou contr~le

et réh~bliltation 63

Boscov Ille

BOScovllle et sa psycho log le du développement L'organisation matérielle de BOscovllle

Le programme de BOScovllle L'env 1 ronnemen t

Les ae t 1 V 1 tés

Les aet \ v 1 tés hebdomadaires Implantation des activités ACJ Les buts de l' t'xpét-lence ACJ à BOScovllle

Buts généraux de l'ACJ

64 66 66 67 67 68 68 69 69 70

(8)

II

Table des .atières - sui te ChApitre Trois: L'intervention (sulte)

Buts Q~ l'ACJ à BOScovllle

Les ob Jec tl fs re 1 iés au personne 1 Les obJectl fs rel iés aux adolescents Les objectifs reliés au progl-amme Plan de mlse en oeuvre de l'AC]

Les actlvltés de l'ACJ L'Assemblée générale L'actlvlté Constitution

L'actlvlté d'enseignement moral Résumé

Chapitre Quatre: La ~thodologie

Genre de l'évaluation Le but de l'évaluatl0n Le modèle d'évaluation

La description de l'expérience Le Jugement SUl- l'expérience

L'appl1catlon du modèle d'évaluation de Stakes Les antécédents

Les ado lescents Les éducateurs La communau té

Les buts de l' lntel-ventlon de Communauté juste (ACJ) Le processus (les tI-ansact Ions)

Les questlons cruciales Quest Ion 1

Procédures de cueillette de l' infol-mation Quest ion 2

Sous-questions

Procédures de cuei Il ette de l' i nformat i on Quest 10n 3

Sous-questions

Procédures de cueillette de l'information Quest ion 4

Sous-ques t ions

Procédures de cuei l lette de l' i nformat i on Quest 10n 5

Sous-questions

Procédures de cueillette de l'information Les résul tats

Premlère question

Procédures de cuei llette de l'Information DeUXlème question

Procédures de cueillette de l' 1 nformat ion Troisième question

Procédures de cuei llet te de )' i ~format ion Le questIonnaire sur l'atmosph~re morale (SAD)

71 71 72 73 75 75 713 77 77 78 80 80 82 84 85 88 90 90 91 94 9b 98 98 99 100 102 104 104 105 106 107 107 108 109 110 110 110 111 112 114 115 116 116 117 118 119

(9)

. __ .... _. __ ..

_._._._--_._---

---Vlll

T..,le des utières - sui te Chapitre Quatre: la .thodologie (sui te)

L'entrevue de juge8@nt .oral

(SIMJI)

122

Procédures d'ana 1 yse des données 124

Analyse du SAQ 125

Anal yse du SI"'J 1 128

Analyse du queshonnall-e de déhnquance révélée 131

Chapitre Cinq: Les résultats 133

Les antécédents 133

Descnption des sUjets 133

les adolescents 133

Nlveau socio-économIque et scolaire 134

Nlveau de déllnquance révélée 135

Niveau de jugement moral 136

Fiabilité inter-Juges pour le décodage du Jugement moral 136

les éducateurs 139

Niveau de jugement mor a 1 139

Fiabilité Inter-Juges pour la for .. e B de l'entrevue SIMJI 141 Motivation des éducateurs à partiCiper au projet 141 Niveau d'expérience profeSSionnelle des éducateurs 143

L'at~,,_ hère .orale 143

Le processus 143 Question 1 148 Premier Indicateur 148 Deuxième Indicateur 149 Troisième Indicateur 153 Quatrième IndicateUl- 155 CinqUième Indicateur 157

Si)(1 ème lIld 1 ca teur 157

Sept ième lnd IcateUl- 158

HUitième Indicateur 158

Neuvième Indicateur 158

DI)(1ème et onZième indicateurs 159

Quest ion 2 163

Prem i er 1I1d i ca teUl- 163

Deux ième lnd icateUl- 165

Quest ion 3 166

Premier Indicateur 166

Deux ième lnd icateur 167

Question 4 169

Prem ier ind icateUl- 169

Deux ième lnd icateur 173

TrOisième Indicateur 174

Quatrième IndicateUl- 174

Question 5 176

Premier Indicateur 176

Deux lème lnd icateUl- 178

TrOisième IndicateUl- 179

(10)

-{

Ch;apitre Cinq: les résultats (suitr~

Les résultats pl-éli.inalres L'atmosphère lIIora le

Le juge.nt .oral des ado lescents le juglHllent .ol-al des éduateUl-s Chapitre Six: l'analyse des résultats L'analyse des condltions Morales lnlhales

Le nlveau lnltial de JugeMent .oral des adolescents de Boscoville L'atmosphère mOI-ale au début de l' iMplantatlon

L 'éva luabon du processus

l'évaluation sommatlve du processus Analyse du pl-emler cntère

Le par tage des pouvo 11-5 et des responsab III tés Niveau de réal1satlon du premier cn tè'-e

Ecart entl-e le pl al11 flé et le réa11sé face au premier cn tère Ana 1 yse de l' écar t face au prem i er cr itère

Ana 1 yse du deux lème cr 1 tère

La stimulation de la réfle)(lon morale chez les adolescents NIveau de réallsatlon du deu)(ième Critère

Ecart entre le plamflé et le rédllsé face au deuxième CrItère Anal yse du trOISIème cr 1 tère

Le support indlviduallsé aux adolescents Analyse du quatrième critère

Le suppor t aux éducateurs Anal yse du c lnqulème Cri tère

La compétence des éduca teurs pour app Il quer l' i nterventlon ConclUSIon de l'analyse sommahve du processus

L'évaluation formah ve du processus par l'analyse des résultats préllmlnaHes

Analyse du premIer crItère

Le progrès des adolescents au plan de leur Jugement moral Analyse du deU)(leme crItère

Le progrès des èducateurs au plan de leur développement moral Anal yse du trOISIème cn tère

Le progrès au plan de l'atmosphère morale de l'unité Conc lu510n

Chapi tre Sept: Cone lusion Recommendat Ions

al Recommandations sur la quallflcation de l'ACJ A Boscoville bl Recommandations Vlsant l'amélloration de la qua Il té de

méthode de l' évaluat ion

cl Recommandat10ns relatives à d'autres mise en oeuvre d'ACJ dl Recommandat lons relat ives aux recherches à poursuivre Bibliographie 180 180 185 186 189 189 190 192 194 194 19b 196 196 199 201 205 205 205 207 208 208 209 209 210 210 210 212 213 213 216 216 217 217 218 220 221 222 223 224 226 228

(11)

: ... T.bleau 1 Tableau 2 Tableau 3 Tableau 4 Tableau 5 Tableau 6 )(

Liste des Tableaux

Niveaux et stades de jugeMent mOI-al 46 Modèle de cueillette et d'analyse des informationc:: dans

l'évaluation d'un programMe d'intervention selon Stakes Bb

Evaluation des correspondances ou des dépendances 87

Evaluation sommative du processus 89

Evaluahon format ive du processsus centré sur les

dépendances entre les effets et le processus 89 Procédures de cueillette d'lnfo ... nahon sur les

antécédents de~ ado lescents 93

Tableau 7 Procédures de cueillette d'Information sur les

antécédents des éducatew-s 96

Tableau 8 Pt-océdures de c:uei llette d'Information sur les

antécédents de la communauté 97

Tableau CI Liste des sous-queshons I-elatives à la Queshon 102 Tableau 10 ProcédUl-es de cueillette de l' informahon pour la

Question 1 sur le processus 103

Tableau 11 Procédures de cuei llette de l'information pour la

Quest lon 2 sur le processus 106

Tableau 12 Procédures de cuei llette de l' infot-matlon pour la

Question 3 sur le processus 108

Tableau 13 Procédures de cuei llette de l'Informatlon pour la Question 4 sur le processus

Tableau 14 Procédures de cuei 1 lette de l'Information pour la Question 5 sur le processus

Tableau 15 Evaluation formative des effets

Tableau 16 Procêdures de cuei 1 lette de l' 1 nformat lOn sur 1 es

109

111

114

résultats préllminalres 119

Tableau 17 Atmosphère morale, moyennes 127

Tableau 18 ComparaIson de~ moyennes des 19 premIères questions

du SAQ 128

Tableau 19 Flabi 11 té 1 nter-juges SIMJI, forme A 130 Tableau 20 CaractérIstiques des adolescents de la Terrasse

en oc tobre 1987 137

Tableau 21 Fiabilité inter-juges SIMJI forme A, résultats 139 Tableau 22 Stades de jugement moral et pOl nts de matUrl té morale

des éducateurs au début de l'Implantabon 140 Tabelau 23 Fiabihté inter-juges SIMJI, forme B 141 Tableau 24 Niveau de motivation des éducateurs 142 Tableau 25 Atmosphèt-e mat-ale, octobre 1987 147 Tableau 26 Atmosphèt-e morale, mtli 1988 162

Tableau 27 Accompagnement IndiVIdualisé 168

Tableau 28 Présence des éducateurs aux supennslons 172 Tableau 29 Pet-ceptlon des éducateurs et de leur compétence

face à la Communauté Juste 178

Tableau 30 Atmosphè.-e morale, octobl-e 1988 182 Tableau 31 Compat-aisons des moyennes de 19 premIères questions

(12)

Tableau 32 Tab leau 33 Tableau 34 Tableau 3S Tableau 36 Tableau 37 Tableau 38 Annexe 1 Annexe 2 Annexe 3

(

Annexe Annexe 5 4 Annexe b Annexe 7 Annexe 8

(

Liste des Tableaux - suite

Jugement moral de~ adoles~ents, comparaison

pré-test et post-test 186

Jugement moral des éducateurs 188

Niveau de Jugement moral pré-test des expé,- iences

de Boscovi lle et de Flonde 192

Qualité de réalisation des indicateurs de la Guestlon 1 sur le processus

Quallté de réalisation des indicateurs du cn tère 2 SUI- le processus

Synthèse de l'analyse sommative qualité de réalisation des crltères

Différence de points de maturité morale entre les pré-tests et les post-tests

Liste des Annexes

Qu~stionnaire atmosphère morale SAQ

Entrevue de jugement moral (SlHJI> forme A

et feui 1 le de décodage

Entrevue de jugement moral (SlHJl) forme B

199

206 212 214

Ouestionnalre de déllnquance r~vélée et feuille de décodage Questlonnalre sur les caractéristIques socio-démographiques Ouest I onnai re rétrospectif

Questlonnalre de l'entrevue ethnographique des éducateurs Entrevue de jugement moral d'un ado 1 escent

(13)

,

Chapitre Un Introduction

(14)

{

Selon

"Man 1S born for the political commumty; he can be fully human, that 1S, a Just or wholly v1rtuous person only ln and through the communi ty."

Wal ter Nicgorski

Introduction

Scha,-f (1982), la réf:,,"';; . .!" éducative des ado lescents

déllnquants devrait ètl-e cons1dé,-ée en tant que théorie de la justice; c'est-à-dire, qu'elle devi-ait constitue,- un engagement pour assUl-er l'équi té de l'éducation dans une soc1été fondée sur la justice plutôt que de découle,- du désir instrumental des sociétés de ,-éformer le dé Il nquant.

S'engage,- à assUl-e,- cette équité d'éducation implique que l'on cherche à procurer à ces indIvidus une éducatIon spéciale bien adaptée à leurs besoins. En effet, l'une de leurs plus profondes aspirations est celle de "retrouver leur place parmi les hommes" (Maillou~, 1978).

Cette démarche de recherche d'équité d'éducation pour les adolescents délinquants est éminemment morale. Elle amène à réfléchir et à définIr la conception de l'homme qUI doit guider les actions éducatives des intervenants. Dans

cette

perspectIve, le premier but de l'éducation, selon MorIn (1982), est de viser l'épanouissement de l'être humain. Cet épanOUIssement découle de l'apprentissage des valeurs, car seules les valeurs peuvent améliorer la personne tout entière. Mais une telle éducation aux valeurs se doit d'être collective, car "c'est la relation initIale avec son semblable qui fait l'homme; par elle Il devient

et

se devient" (Morin, 1982>. Et

(15)

,-

,

2

l'épanouissement de la pe,-sonne ne peut se ,-éal iser que pa,- la participation à une communauté Juste et par la pratique des vertus

intellectuelles et morales (Nicgorski, 1986).

Si on accepte l'affit-matlon d'Aristote que la justice est la vertu centrale qUi inclut toutes les autres vertus, la recherche de la justice doit ~tre la préoccupation centrale de toute toute centrale de toute éducat ion mo,-ale. Or, l' app,-ent issage de la just ice ne peut se faire que dans un milieu Juste, c'est-à-di,-e dans un milieu qUi reconnaît et respecte la dignité et les drOlts fondamentau!'C de chaque

individu.

En plus de la clarificatiorl de ses fInalItés morales, l'éducation des délinquants suppose aussi une connaissance approfondie de leurs besoins et de leurs capacités, de manière à permettre à chacun d'actualiser tout son potentiel. Et cette connaIssance des besoins et capacités des indIVIdus relève de conceptions psychologiques permettant de comprendre le mIeux possible ce qU'lIs sont et ce qu'ils deviennent. Or, il est paradoxal de constater que,

jusqu'à maintenant, malgré toutes les connaissances accumulées sur les délinquants, les méthodes de réadaptation utIlisées se sont révélées plus ou moins efflcaces quant à leur capacité de "réformer" les individus (Martinson, 1974; LeBlanc, 1983) et plus ou mOlns adéquates quant à leur capacité de "réformer" l'éducatIon de ces jeunes (Scharf, 1982) •

Il Importe donc d'accentuer le mouvement de réfleXIon et de recherche pour développer des méthodes d'éducation qUl puissent

(16)

3

pet-mettre aux ado lescents dél inquants de développet- leur plein potentiel et de prendre la place qui leur revient au seln de la coll ec t 1 V 1 té •

Kohlberg a développé une méthode d'éducation morale qUl semble prometteuse pour atteindre ces buts. La conception de l'éducatlon morale (Power, Higgins et Kohlberg, 1989) de Kohlberg s'appuie sur une philosophle du développement moral (Kohlberg, 1981> inspirée d'Arlstote, Kant et Rawls quant à sa définition de la justice, et sur une théorie psychologique (Kohlberg, 1984) du développement moral qui est la prolongation de la théorie cognltive-développementale de Plaget. Cette conception est celle dG J'intervention de Communauté Juste qui a été expérimentée avec un certain succès, dans des écoles secondaires O<ohlbet-g, 1985, 1980; Mosher, 1980) et avec des délinquants en Institution (Jennings

et

I\ohlberg, 1983; Hickey

et

Scharf, 1980; Ouguld, 1981).

Toutefols, cette méthode d'intervention, bien qu'elle semble prometteuse, a encore besoin d'être e~périmentée si l'on veut vérifier son efficaclté avec des adolescents déllnquants. C'est là l'une des ra~sons pour laquelle il a été choisi d'expérlmenter le modèle d'intervention de la Communauté Juste à Boscovi Ile. Cette eICpénmentation s'lnsè,-e dans un effort de I-éflexlon collective, entrepr lS depuis plusieurs années, en vue d' améhorer la quali té de l'éducation des adolescents délinquants placés en Centre d'accueil au Québec.

(17)

1 .... 1

4

Le projet d'expérImentatIon du modèle d' lntervent Ion de Communauté juste comprend plusleUl-s phases qUI s'échelonnent sur plusleurs années. La p,-emlère de ces phases conslste à mett,-e en place une intervent ion de Communauté Juste et A évalue,- la qua 11 té de cette mlse en oeuvre de l' lnterventlon. La deuxlème phase portera sur la consolidation de l'interventlon. Et la trolslème phase conslstera A déterminer l'efficacité A court et A long terme de cette forme d'interventlon par rapport à d'autres types d'interventlon.

La présente thèse de doctorat porte sur l'évaluatIon de la premlère phase de ce projet, c'est-A-dlre sur l'évaluatlon de la mlse en oeuvre d'une InterventIon de "Communauté Juste" avec des adolescents délInquants au quartler (unlté) de la Terrasse 8oscovllle. Cette évaluation s'avère nécessalre pour améliorer la qualité d'applicatlon de l' Interventlon avant de procéder à des mesures plus élaborées portant sur l'efflcaclté de cette forme d'lnterventlon. Il importe en effet de s'assurer d'une part Que l'on mesure bien ce que l'on avait l'lntention de mesurer (Tremblay, 1985) et d'autre part que l'lnte,-vention mesurée SOlt blen en place

(Sechrest et Rosenblat. 1987).

Ce rapport d'évaluatlon présentera, dans un premler chapitre, une recension des écrlts sur l'intervention morale de Communauté juste, puis décrlra cette forme d'lntervention (chapitre 2). Le modèle choisl pour procéder à cette évaluation sera expllqué en détail à

l'intérieur du chapitre 3, qUl portera ~ur la méthodologie utllisée. Puis, suite à la présentatlon (chapitre 4) et à l'analyse (chapitre 5)

(18)

5

(

des lOformat ions recueililes de l'évaluation, certaines recommandation~ seront faites pour améliorer la qualité d'application de l'intervention de la Communauté Juste •

.

{

(19)

....

""'"

t

Chaptire Deux Recension des écrits

(20)

6

Blen qU'lI ne soit pas dans nos lntentions de revenlr sur la façon dont dlfférentes soclétés ont pu tralter leurs délinquants au cours de l'hlstolre (Empey, 1978), 11 lmporte cependant de faire le pOlnt pour savolr o~ nous en sommes rendus dans le domalne de la resoclalisations ou de la rééducation des adolescents déllnquants à la fin des années 80. Cette mise au pOlnt est d'autant plus pertlnente qu'on s'entend généra lement pour d lI-e que les succès sont rares dans le domaine de la préventlon de la déllnquance et de la réhabllitation des déllnquants (Ross et Fabiano, 1985). De plus, les débats ont été et ~ont encore passlonnés qu~nt à la posslblllté d'arriver à des résultats dans ce domalne.

(

Comme nous avons ChOISI d'expérimenter une forme prometteuse de réhabllltatlon d'adolescents délinquants, à saVOlr le modèle de la Communauté Juste de Kohlberg (Power, Higglns et Kohlberg, 1989), la majeure partIe de ce chapItre montrera en qUOl ce modèle est pertinent dans son explIcatIon de la délInquance et jusqu'à quel pOInt les InterventIons faltes selon ce modèle se sont révélées efficaces. Nous termInerons ce chapItre par un bref résumé des recherches faites sur 80ScOVllle pour explIquer pourquoi nous avons ChOlSl d'y réaliser cette expérImentatIon de la Communauté Juste.

Où en so . . es-nous?

Durant ces qUln:ze dernIères années, nous avons assisté à une remise en questIon profonde de l 'lntel-nat de rééducation et mêm~ de toute mesure de réhabllitatlon. On a mlS en doute leur efficacité

:{

(21)

,

... _ ..

__

..

_---7

questionné la moralité de l'intervention en internat. Et: on a cr1tiqué sévèrement la valid1té des d1vers modèles théoriques qU1 gU1daient les lntervenants.

L'efficacité de l'intervention pour réduire la récidive

Bien des efforts ont été lnvestls dans la productlon de relevés de 11ttérature conf1rmant qu'avec les déllnquants 11 n'y avalt rle~ à

falre et qu'aucun mode d'interventlon n'avalt vraiment été efficace pour rédu1re la récidive (Martinson, 1974). Parmi ces études, mentionnons celle de Llpton, MartInson et Wllks (1975) qui a eu un très grand lmpact, ainsl que celles de Lundman et Scarplttl (1978), de Romig (1978) de Wrlght et Dlxon (1977).

Par contre, depuis la fln des années 70, une sér:~ d'autres études ont démontré que le tableau n'était pas aUSSl nOlr qu'on l'avaIt prétendu et qU'lI étalt possIbl~ d'obtenlr des résultats Sl on établissalt les nuances qUl s'lmposaient IGendreau et Ross, 1979; Ross et Gendreau, 1980; Palme.-, 1979; Murray et Cox, 1979; LeBlanc, 1983; Le8lanc et Fréchette, 1989) et S1 on respecta1t certaines cond1tlons (Ross et Fabiano, 1985). Il découle de l'ensemble de ces travaux que certains modes d'inte,-vention sont efficaces pour ,-édulre le comportement dé11nquant non seulement durant la pe'-lode où l' Ind1v1du est en inst1tut1on ou en traltement, malS encore plusieurs années aprè$ l'interventIon (Ross et Gendreau, 1980; Gendreau

et

Ross, 1979).

On dOlt malheureusement reconnaître, que ces modes d'Interventlon efficaces sont encore le fait de certalnes exceptions. Et on retrouve un certaln consensus sur le faIt que l'lnterventlon en contexte

(22)

(

(

8

institutionnel dOlt continuer à ~tre questionnée et améliorée quant à sa morallté (Scharf, 1980) et quant à sa rigueur théorique et pratique (Ross et Fablano, 1985).

La moralité de l'interventiQ~ ~n institution

Scharf ( 1980) résume le d llemme mal-al que pose l' 1 ntervent ion en

déllnquance sous les aspects des dlfficiles équilibres entre 1) la protection de la socIété et celle du jeune contrevenant, 2) le besoln d'assurer l'équité dans les procédures légales du système judIciaire juvénIle et celul de veIller au meilleur intér~t de j'enfant et de l'adolescent, 3) le traItement à accorder au~ infractions commises par des adultes et à celles commlses par des mlneurs.

La légltImlté m~me de l'instltutlon a été dénoncée comme étant porteuse d'lnévItables abus de pouv01rs. CertdIns sont allés jusqu'à prôner la fermeture complète des instItutions pour mineurs (Bakal,

1973). D'autres ont fortement crltIqué les Idéologies sous-jacentes

au~ théorles psychodynamlques ou behavlorlstes dont se réclamaient certaInes lnstltutlons (Scharf, 1980, 1977; Schur, 1973; Szasz, 1963).

Par exemple, on met en cause les sérieuses contradictions morales qu'elles véhlculent, en particulIer le traitement d'un individu sous la contrainte ou encore l'imposition d'une façon arbitraire de critères de bons ou de mauvais comportements, les mauvais comportements étant, règle générale, ceux qui dérangent l'exerCIce du pOUVOIr de contrôle InstitutIonnel dans lequel les droits fondamentaux des lndlvidus ont vraiment peu de place.

(23)

!

1

!

Il

1 1

,

i

!

î

~ ~ r ,', , . . 1 9

enfants et adolescents, on doit '-econnaitl-e qu'à la sUite du ,"apport Batshaw (1975) et de la promulgation de la 101 de la Protection de la jeunesse, des efforts sérieux ont été entreprls pour améliorer la quallté des centres d'accueil de réadaptatlon de façon ~ ce Que les droits et les besolns des Jeunes sOlent re5~ectés. Dans l'ensemble du Canada, la loi des Jeunes Contrevenants essaie, d'une certaine façon, de résoudre le dllemme de la protectlon dp la soclété et celle de l'adolescent en mettant l'accent sur la responsabilité de ce dernl'!r par rapport A ses actes, c'est-A-dlre sur l'obllgatlon d'assumer le~

conséquences des lnfractlons dont 11 seralt trouvé coupable, en étant soumis A des mesures de réparation ou de~ mesures de garde.

Malgré tous ces efforts, on admet de plus en plus communément Que la réflexion sur ce plan doit ètre contlnuelle et qu'il est nécessalre d'IntensIfIer les efforts sur les plans de la recherche, de l'InterventIon et de l 'admInlstratlon des mllleux pour Que les Jeunes qUl scnt sUjets ~ une certalne forme de prlse en charge soc laIe pUlssent l'être dans le cadre de mesures QUl SOlent A la fOlS humalnes

et efficaces (Garrett, 1985; Jones, 1987). Cela représente tout un défi car, d'une part, toute lnstitution est soumlse aux forces de l'inertie, de la bureaucratie et du contrôle (Hickey et Scharf, 1980) et, d'autre part, comme nous l'avons souligné plus haut, les interventions qui ont eu une Lertalne efflcaclté sont plutôt l'exception que la régIe, en raison notamment de la val idi té des modéles théoriques qui les sous-tendent.

(24)

{

10

La validité théorique des interventions en institution

La validité théorique des interventions en Institution a été remise en question de diverses façons. Cel-tains ont dénoncé l'absence quasI totale de théorie guidant l'lntervention dans ces milleux, plus particulièrement dans les prisons (DUgUld, 1981b). Hogan (1983) va même Jusqu'à affll-mel- que les sCiences sociales amérlcalnes se Cclractérlsent par une réslstance hostile à toute spéculation théOrique. D'autres ont soullgné que la plus grande faiblesse de la plupart des théorles psychologiques d'intervention est de ne fournir aucune conception pertinente (fondée sur des données de recherche) capable d'expliquer la conduite criminelle (Ross et Fabiano, 1985; LeBlanc, 1983) et capable de donner des lndlcations valables pour l'Intervention. Certains, dont Cusson (1974), ont mis en cause la non-clarté ou la non-pertlnence des obJectlfs poursuIvIs par la plupart des modèles psychologiques d'intervention qui négligent la resociallsatlon du Jeune délinquant et la nécessité de la dimension

éducative et qui devrait ètre au coeur de cette

resoclallsatlon.

Mais sur ce point aussi, on retrouve de plus en plus un consensus pour reconnaître qu'aucune théorie, qu'elle SOIt psychologique ou sociologique, ne peut, à elle seule, e~pliquer un phénomène aussi complexe que la délinquance (LeBlanc et Fréchette, 1989; Cusson, 1989; Jennings et al., 1983) et que, pour développer une conceptualisation adéquate de la relatIon entre les caractéristIques de la personnalité et de la conduite délinquante, des efforts de synthèse doivent être

(25)

11

faits entre la psychologie, la sociologIe et même la bIologIe (Jennings et al •• 1983).

Sur le plan des théories psychologiques, même si le débat subslste pour savoir quelle est la théorle la plus pertInente, l'étude des interventions qUl se sont révélées efficaces montre que ces interventIons ont comme point commun de chercher à améllorer la capacité de pensée du délinquant (Ross et Fabiano, 1985); elles ont mls en place des moyens pour aider le délinquant à améliorer sa capacité de raisonner, à développer sa sensibilité aux conséquences de ses actes, à réfléchir avant d'agIr, à mleu~ résoudre ses problèmes d'lnteractlons avec les autres, à développer d'autres façons de comprendre et d'Interpréter les règles sociales et ses obligatlons, à

conSidérer et à comprendre les pensées et les senl~ments des autres. Sur le plan SOCIologique, parmI les différentes théorIes qUI ont eu cours durant les dernIères décennies, la théorie de la régulation SOCIale (Hirschl, 1969; Fréchette et LeBlanc, 1987) est de plus en plus reconnue comme celle qUI repose sur les bases empiriques les plus solIdes. Selon Cusson (1989), cette théorIe "condUIt l'éducateur à

garder à l'esprit que la délinquance est moins une pathologle qu'un problème éducatif et que son but dOlt être moins de rendre le Jeune bien dans sa peau que de le préparer à se taliler une place dans le société", (p. 7).

En résumé, à la lumière de tes écrIts, pour être consldéré vallde sur le plan moral et sur le plan théorique et pour aVOIr certalnes chances d'être efficace en pratique, un modèle d'Interventlon auprès

(26)

12

de jeunes délinquants en Internat devrait 1) .-especter les droits fondamentaux de l' ado lescent dél i nquant, en par t lculier répondre à ses besoins de développement et le préparer à prendre sa place dans la société; 2) présenter une défInJtion socIologIque de la délInquance et

une déflnltion des caractérIstiques des individus déllnquantsj 3)

pourSUIvre des buts de resoclaiisation préCIS, c'est-A-dire viser à améliorer sa capaCIté de réfléchir, à transformer sa visIon du monde et sa VISIon de lui-même dans ce monde.

Le modèle d'InterventIon de la Communauté Juste de Kohlberg répon~

à ces critères (Kohlberg et al., 1974; Jennings et al., 1983). Pour Scharf et Hickey (1976), le but de ce genrr.- d'intervention est de créer un milieu perçu par les résIdents et les intervenants comme étant Juste et que ce mlIIeu stlmule le développement des capaCItés SOclo-cognltives des IndivIdus. Le modèle de la Communauté juste a donc comme objectIfs générau)(, le respect des droits fondamentaux des IndIvidus et la stImulation du développement des indIvidus. On postule que l'Immersion dans la vie Intensive d'une communauté est une conditIon essentIelle pour tout changement personnel réel chez le délinquant. On définIt le changement comme le passage de la capacité d'un point de vue e)(clusivement égocentrIque à la capacité de considérer le pOlOt de vue des autres, du groupe, de la collectivité.

En ce sens, 11 s'agit foncièrement d'une démarche d'éducation et de resoclal i~..1tlon. Cette conceptIon du changement repose sur la théor i e générale du développement moral de Kohlberg qui, par

(27)

' M ,

13

déI i nquance et une expl ication psychologlQue du développement du délinquant. Pour Kohlberg (1980), le développement social de l'ind1vldu peut être vu comme une progression vers des stades plus quaI i tatI fs de jugement moral, de percept 10n de SOI, des autres et du

monde, ou en d'autres termes, de capacltés socio-cognitives. Or, parmI les prIncipaux facteurs pouvant affecter ce développement, on retrouve, en plus du statut socio-économ1que, la participation à des structures sociales formelles et Informelles et la

d' expér imenter des r esponsab i Il tés réelles. La

possiblll té prinCIpale problématique des Jeunes délinquants seraIt qU'lIs n'ont pas le sentiment de pOUVOIr jouer un rôle 01 de partIciper activement ~ l'ensemble de l'organIsation de la SOCIété, pas plus dans des institutIons sociales comme l'école, que dans le monde du travall ou du gouvernement. Ce manque de stlmulation dans leur envlronnement e)(pl iquerai t en grande partIe les retards de développement Sl souvent observés chez la plupart de ces jeunes qUl sont, par rapport à des Jeunes non-déllOquants ~ un stade i nfér leur de développement de Jugement moral (Jenni ngs, KIl kenny et Kohlberg, 1983) • Les

institutions sociales, en effet, Joueraient un rôle déterminant dans. la croissance morale et l ' attel nte du stade f l nal de ralsonnement moral des indlvldus (Scharf et Hic:key, 1976).

Les pr i nClpales réserves ou CTl tiques expTlmées par plusIeurs auteurs (Ross et Fabiano, 1985; Morash, 1983) à propos de la théorie de la délinquance de Kohlberg portent surtout sur la problématique du llen entre le raisonnement moral et l'action morale et sur la

(28)

pertinence du jugement moral dans l'exp 1 icat ion de la dél i nquance et dans la réhabllitatlon du délinquant.

Jugement moral et action morale

Dans la synthèse des cr i tiques fal tes à propos de la théorie de Kohlberg, Harris (1983) est d'avls Que le !len possible entre le ralsonnement mOI-al et la condulte mOi-ale est plus falble que ce que prétendent les théorie iens du développement mOl-al. Cette question a pourtant falt l'obJet de plusieurs ,-ecenSlons des écrlts (Blasl, 1980; JUi-koV1C, 1980; Jenlungs et al., 1983; Kohlberg et Candee, 1984; Kutmck, 1986). Il ,-essort de l'ensemble des études faltes qU'lI y a un certain llen entre le Jugement moral et l'action morale qu'on pourrait résumer de dives-ses façons.

(

AlI1si, comme dans tout autre développement structural au sens

piagétlen, c'est g,-âce à l'activlté du sUjet (achon morale) que se construi t la sb-ucture de pensée (stade cogni tivo-moral) du sUJet. Le stade de Jugement moral du sujet détel-mlne jusqu'à un cel-tain pOlnt la façon dont l'lndlvldu comprend le problème moral auquel 11 fait face, et la nature de sa comp,-éhenslon lnfluence la façon dont 11 se conduit dans l' ac t ion pour résoudre ce p,-obléme.

En fait, plus un lnd1vidu pI-ogresse dans les stades de

raisonnement moral, plus 11 est probable qu' il se conduise d'une façon cohérente et morale. A1ns1 les individus du niveau

post-convent ionnel, dl fférenc iant mleu~ les obllgations et les

responsab i Il tés morales des él éments non-morau~ du problème, agiront

(

probablement plus souvent d'une façon cohérente avec leur jugement que

(29)

,

f

,

15

les individus des stades moins avancés (Kutnick, 1986, Kohlberg, 1984) •

Pour certa1ns (Locke, 1983; I<.ohlberg

et

Candee, 1984; Blasi 1983, 1985), la quest10n est moins de ~avoir s' 11 y a un lien entre le Jugement moral et l'action morale que de savoir comment s'opère ce lien et quels sont les facteurs qui entrent en Jeu. Dl fférentes hypothèses d' explicat ion sont proposées. Selon Locke, S1 on dl st i ngue

le raisonnement moral du Jugement moral, on peut alors proposer deux phases dans l'établissement du lien entre le stade de raIsonnement moral et le comportement moral: celle du raIsonnement vers le jugement, et celle du jugement vers l'actton. Et, à chacune de ces phases, d'autres facteurs reliés, soit au contexte de la sltuatton, Salt à l'individu, pourraIent exercer une influence complémentaIre sur ce processus.

Kohlberg (Kohlberg et Candee, 1984) émet l'hypothèse qu'entre les stt-uctures cognitivo-morales (stade et type moral> et l 'actLon morale, 11 y a une 1nteraction de deux types de Jugement (de déontologIe et de responsabillté) avec les capaC:Ités du mal de l' indLvidu. Le Jugement déontologLque permet au sujet d'évaluer Sl une action est bonne ou mauvaise, tandis que le Jugement de responsabLl1té lUL permet de

VOll-S'LI devrait donner SUite à son Jugement déontologique, c'est-à-dIre passer aux actes dans telle S1 tuatlon. Parmi les capaCités qUi déterminent s ' i l est capable de tradu1re son jugement en action, Kohlberg mentionne les capacLtés intellectuelles de l'lndIvldu, sa capacité d'attention et sa capacité de délai face au)( gratlfications

(30)
(31)

1"'-.-1 Fonction 1 interprétation selection de principes stade moral type moral Schéma l

Mod~le de la relation entre le jugement moral et l'action morale

Fonction 2

prise de décision

choix déontologique I~

Fonction 3 Fonction 4

suite donnée à ••• suite donnée à •••

(jugement moral) (capacités non morales)

jugement contrôles du moi:

de responsabilité ~I Q.I.

ou d'obligation attention

délai

Extrait de Koh1berg, Candee (1984), Figure l, p. 71

t;'. i \,

-

.

... "7' action morale ~

:.

(32)

Blasl (1980) émet l'hypothèse que la volonté de l'lI1dividude passer à l'action découle d'un sentiment d'ob11gabon d'agir. Dans cette perspecbve, la I-esponsabilité constltue, en quelque sorte, la VOle par laquelle passe le Jugement moral pour devenlr une action mOI-ale. La l-esponsab 11 i té suppose qu'on se sente 1 ié aux autres. qu'on s'en SOUCle et qu'on prenne soin d'eux. L'une des cr i tiques lmpor tantes fa 1 te à la conceptlon du développement moral de Koh lberg (Gtlllgan et Be lensky, 1978) fut ce lle de nég l1ger l' lmportance de la. responsabllI relat ionnelle lnterpersonnelle. Selon Kutmck (1986), un lndivldu a beaucoup plus de chance d'être motlvé à participer à une act lon morale quand il se sent en i nterrelat ion.

C'est en ce sens que plusleurs auteurs ont présenté l'atmosphère

(

morale comme un élément clé facIlltant ce passage du Jugement moral à

l'action morale (Power et al., 1989; Power et Reimer, 1978; Jennings et Kohlberg, 1983; HlggIns, 1980; Mosher, 1979, 19BO; Hickey et SCharf, 1980>. Face à ceu!( qUl reprochaient à la théorie de Kohlberg d'Hre trop individuallste et trop rationnelle, cette lmportance accordée au contexte social du développement moral (atmosphère morale) a non seulement orIenté la théone vers la communauté malS a aUSSl faIt prendre en consldération des facteurs affectifs et relationnels favorisant ou inhIbant le développement moral.

On peut dIre que les études que nous venons de présenter semblent confIrmer l'e!(istence d'un certain lIen entre le jugement moral et l'action morale. Il importe cependant d'éviter de conSIdérer ce lien d'une façon sllnpllste car, en plus du stade de jugement moral, on doit

(33)

.

,

19

aussi cons idérer d'autres fac teurs qu 1 entrent en Jeu dans ce processus, dont le contexte, les capac1tés du mOL de l' ind1v1du a1nsi que la compréhenslon de sa ,-esponsabi 1 îté dans cette sltuatlon. En d'autres termes, toute achon morale plus que la compréhension de ce qui est blen dans une sltuatlon partlculière. Certains facteurs comme la peur, la pression du groupe, la lacheté, le manque de volonté, la panlQue, la dépersonna 1 i satIo .... des rel at 10ns. peuvent mfluencer même un lndlvidu de stade très avancé et l'empêcher de faire des gestes qu' il considère comme bons dans telle si tuatlon particulIère.

On dl t souvent du Jugement moral qu' 11 est une cond1 bon nécessaire mais non sufflsante de l 'actlon morale (Kohlberg, 1984). S'i 1 en est ainsi, quelles seraient les autres condltlos requises? Il s'agit là d'une questIon très complexe qui a été très peu étudIée Jusqu'à maintenant. Et pourtant, il s'agit d'une questlon crUCIale pour un l ntervenant qui cherche à appllquer cet te théor i e. Par e)(emple, avec des adolescents délinquants, on peut se demander ~ qUOl cela servlrait d'améllorer leur Jugement moral 51 cela ne les

amèneraIt pas à agir moralement.

Une autre façon de cr i tiquer ou de prouver l ' eXIstence d'un llen entre le jugement moral et l'action morale a été de regarder certalns comportements déviants ou délmquants. Une des questIons centrales de cette réflexion est de savoir dans quelle mesure le nlveau de Jugement moral peut aVOIr une valeur e)(plicatlve de la déllnquance et peut constituer un objectif pertinent de réhabi litatlon.

(34)

20

Jugelllent moral et dl!linquance

Les points de vue sont partagés quant au lien entre le nlveau de Jugement mOl"al et la déllnquance. Cet-talns, dont McCord (1983), vont jusqu'à afflrmet- qu' 11 est faux de pt-étend,"e que le jugement moral puisse reposer sur un processus de développement et de maturation et qu'aucune théor 1 e de stades de développement, pas plus celle d'Erlkson, que celles de PIaget ou de Kohlberg, n'a réussi à prouver que le psychopathe manque nécessaIrement de matun té. D'autres, dont Brandt et :2lotmck (1989), considèrent que la notion de Jugement moral ne peut explIquer le comportement dél inquant, car le contrôle du comportement relève de structures psychiques comme celles du surmoi et du mOl.

(

PlUSIeurs s'appuIent sur une recension des écnts effectuée par

Jurlfovlc ( 1980), tant pour défendre que pour cr i tiquer la théor i e cognitive développementale du jugement moral.

Jusqu'à maintenant, plus d'une vingtaine d'études ont porté sur cette questIon. Blasl (1980), Jenmngs, Kilkenny et Kohlberg (1983), Kllkenl1y (1986), Arbuthnot, Gordon et Jurkovic, (1987) en ont fait des relevés r 19oureux qUI appulent l'hypothèse voulant que les indlvidus déllnquants aient tendance à ,"aisonner selon un stade de Jugement moral lI1féneur à celui des lndividus non-déllnquants. Selon ces auteurs, on aurait plus de chances de retrouvet- les indlvidus dé I l nquants un niveau pré-conventionnel de jugement moral. Toutefois, ces auteurs reconnaissent qu'en raison du fa i t que certains

{

..

déllnquants se ,-etrouvent à des stades plus avancés (à un niveau

(35)

-,

21

conventionnel), et que plusieurs individus non-délinquants se situent

à un niveau pré-conventionnel, on ne peut prétendre que le niveau de jugement moral SOlt une cause de la déllnquance, blen qU'lI semble en être un aspect important (Blasi, 1980; Gavaghan, An10ld et Glbbs,

1993) •

Le problème à résoudre devlent donc plus de comprendre le rôle que le Jugement moral Joue dans la dél inquance. Selon Kil kenny, l'indivldu qUl est au niveau pré-conventionnel de jugement moral n'est pas par déflmtion plus déllnquant; il ne se sent tout SImplement pas ou très peu ob 1 i gé de ,-espec ter que 1 Que cOl1ven t i 011 Que ce so 1 t, ce Il es

de l'ensemble de la SOCiété ou celles d'un sous-g,-oupe culturel. Le nl veau de ,- ai sonnemen t moral pré-convent lonnel se retrouvant d'ordlnaire chez les enfants et les pré-adolescents, Kohlberg (Hlckey et Scharf, 1980) comparalt les adolescents déllnquants de quinze à

dix-sept ans comme ëlyant une maturIté morale moyenne semblable à celle des enfants de dix ou douze ans.

Pour expllquer cet état de chose, la théorie de Kohlberg prétend que les lnstltutlons soclales ont un effet Important su,- le développement moral des lndlvldus. Selon Thrower (1971) <dans Hlckey et Scharf, 1980; Kohlberg, 1978), les enfants élevés dans des mllleux autoritaires comme les orphellnats, Où Ils sont de plus privés de posslbilltés de liens affectlfs normaux, ont tendance, règle générale,

à se développer tl-ès peu au plan moral, b len que leur développement i ,\ ellectuel soi t normal. Stanley (1976) a Montré Que les famllles des délinquants étalent A un niveau plus primltif de développement

(36)

r

22

moral que celles de sujets non-déllnquants, ou encore, qu'on y

retrouvalt moins d'occaSlons de stimulation de jugement moral sous forme de dlScuSSlons et d'échanges I-espectueux des pOlnts de vue des indlvidus sur des enjeux moraux concernant la Vle de la famille. Hudg 1 ns et PI-entlce ( 1973) ont mis en év 1 dence que 1 es mères des sUJets non-dél inquants étëllent en général à un stade de ralsonnement moral plus élevé que les mèl-es de sUJets déllnquants. Jurkovic et Prent1ce (1974) ont I-éallsé que les fam1lles des déllnquants étaient mOlns chaleureuses et vlva1ent plus de confllts caractérlsés par la donunat lon et l' host 111 té que les fam111es des non-déllnquants.

Toutefols, blen qu'ils I-econnaissent cette importance des structures socIales dans le développement mal-al des individu~,

Kohlberg et ses collègues avouent qu' 11s ne peuvent avec leur seule théorie psychologlque expliquer comment ces I-éahtés SOCiales agissent dans l'étiologie de la déllnquance (Jenl1lngs, Kllkenny et Kohlberg,

1983) • En effet comment expliquer que, bien qU'lI n'y alt pas de réelles dlfférences de ralsonnement moral entre les adolescents et les adolescentes, les filles commettent beaucoup moins de crimes que les garçons et que leurs infl-actions sOlent en général beaucoup moins graves que celles de ces derniers.

Une façon de I-épondre à cette quest ion est de l-eCOUrlr à la théorie soclologique du contrôle social (Hirschi, 1969) dont les données emplr 1ques ont démontré que les fi Iles sont d'une certaine façon plus bées aux conventions sociales. Cela s'expriment chez les filles par l'j~~~rtance qu'elles accordent aux llens d'attachement, au

(37)

.-,

23

fait de plaire et de prendre soin des autres.

En fai t, même S1 la théorie du ra1sonnement moral se révèle pertinente POUl- e)(pllquer en pa.-t le pourquo1 cer ta l ns types d'adolescents nsquent davantage de devemr délinquants, Il est nécessa1re de recourH à une théorIe sociologIque complémentaire pour explIquer les facteurs soc Iaux qui se sont révélés les plus Importants dans le développement de la délinquance des indivIdus. Kohlberg et ses collègues (JenOlngs et al., 1983) croient que la théoTle du controle soclal est parmI les théorIes sociologIques de la dél i nquance, celle qui peut le mieux compléter la théorIe du développement mora l, car elle permet l' él aborat ion d'une perspectl ve soc i o-psyc ho 1 og i que pouvant

approches psychologIques dél i nquance.

et

inclure les meilleurs éléments des soc l 0 1 og i ques pour exp 1 iquer la

Dans l'état actuel des connaIssances, bien que la théorie du contrôle social soit celle qUI semble la plus solIde au plan empirique, on doit reconnaître avec Cusson (1989) qu'elle est peu préclse dans ses recommandations quant aux genres d'intervention qUl seraient les plus efflcaces pour remédie,- à la déllnquance ou du moins pour en diminuer l'étendue dans la société et le développement chez

les individus.

La question devient alors de savoir en quoi l'intervention sur le jugement moral peut être une Interventlon effIcace pour aIder le jeune délinquant à retrouver sa place dans la SOCIété.

(38)

L'Intervention /IIOrale avec des délinquants

Jusqu'à maintenant, deux genres d' lnterventlon morale lnsplrés de la théone cognlbve développementale ont été tentés avec des sujets déllnquants, salt, la micro-Intervention et la macro-Intervention (Gibbs, Arnold, Alhborn et Chessman, 1984). Elles visent toutes deux

à fournir au sUJet l'occasion de conSldérer le point de vue des autres en relabon avec son pl-opre pOint de vue (prise de rôle), à créer un déséquillbre cog11ltlf favOl-lsant son évolution vers un stade plus a vancé de Jugemen t ma ,- al.

La mIcro-intervention morale fut initialement. mlse au pOInt par Blatt (Blatt, 1969; Blatt et Kohlberg, 1975> avec des enfants et des adolescents en mIlleu scolaire, mais elle fut rapidement essayée avec des délInquants. Cette forme d'interventIon, consiste en la dlscussion en groupe de dilemmes moraux hypothétiques en vue de stImuler la capaCI té de pnse de rôle des sujets.

La macro-intervention ou interventIon dite de la Communauté juste est celle Où l'on essaie d'agir sur l'atmosphère morale de

l'InstitutIon en se fondant sur des prlncipes de justice et de démocrat ie. Les groupes de sUJets (étudiants, dél i nquants) sont appelés dans l a mesure du possible à coopérer entre eu~ et avec les intervenants, à élaborer, à décider démocratiquement et à faire respecter les règles de leur communauté (Hickey et Scharf, 1980; Power, Higglns et Kohl berg, 1989).

La lliera-intervention: la discussion de di le~s IIOraux

(39)

,-.

25

discussl0ns de groupe, à e)(pliquer et à justifier les ralsons de leurs choix ou de leurs décisions face aux dllemmes qUl leur sont présentés. Comme les sUJets sont, la plupart du .. emps, à des niveaux dlffé,-ents de Jugement moral, les ,-alsonnements des sujets p lt.lS avancés ont pou,-effet de stimuler les sUJets moins avancés pour qu'lis quallflent

leur I-aisonnement (Lockwood, 1978).

Cette forme de micro-intervention fut ut i llsée à plusleurs repnses avec des dél inquants. Certalnes intel-vent Lons dont celle de Copeland et Pal- ish (1979) , avec des dé Ji nquants dans une pr Ison mi Il taire, n'ont pas obtenu de ,-ésul tats Slgt"ll ficat 1 fs. MalS la plupart des intel-vent ions de dlSCUSSlon de di lemmes moraux avec des délinquants montrent qu' 11 est posslble de les falre prog'-esser avec cette forme d' Interventlon (Hlckey, 1972; Fleetwood et Parlsh, 1976; Ventis, 1976; Séguln-Tremblay et Klely. 1979; Jenl1lngs, Hlgglns et Power, 1980; Rosenkoettel-, Landman, et Mazak, 1980; A,-buthnot, Gordon, Martin et GoUhardt, 1983; Arbuthnot, 1984; Glbbs, Arnold, Chessman et Ahlborn, 1984; Arbuthnot et Gordon, 1986).

M~me si on dOlt reconnaltre la Justesse de certalnes crltiques

(Gibbs et a.l., 1984) quant à certa1l1es failles méthodologlques de plusieurs de ces études (entre autres, l'absence de groupe de cantrô le, le manque de ,-eprésentatLvl té des sUJets, la petl tesse des échant i 110ns) , i l res te que les dernlères études qu 1 furent menées avec une grande rigueur méthodologlque (Gibbs et al., 1984; Arbthnot et Gordon, 1986) confirment que, si ces Interventions sont condultes par du personnel blen formé durant une période suffisamment longue, il

(40)

est possible de faire progresser le jugement moral des déllnquants avec cette forme d'intervention. De plus, même des auteurs, qui ont des réserves face A la valldlté de la théorie du développement du Jugement moral, ,-econna i ssent la validité de cette forme d'lnterventlon et suggèrent qu'elle SOlt incluse en complémentarité ~

d'autres formes d'intervention si on veut établir un programme efficace de resoclalisatlon (Ross et Fablano, 1985).

Goldstein et Glick (1987) qui préconisent l'importance d'une approche psycho-éducatlve avec de~ délinquants violents incluent dans leur modèle d'intervention une composante d'apprentissage d'habiletés sociales, une composante du contrôle de l'angolsse et une composante du développement du jugement moral. Et pour atteindre ce dernier but, ces auteurs utilisent la micro-lnterventlon de discussion de dilemmes moraux en groupe.

De l'ensemble de ces études on peut dire que la mlcro-intervention morale semble être un moyen relatlvement efficace pour stimuler et améliorer la qualité du ralsonnement moral des sujets délinquants. En utillsant cette forme d'Intervention avec des délinquants, on obtient l'effet 8latt (81aU, 1969; Blatt et Kohlberg, 1975; Arbuthnot, 1984), c'est-A-dire l'avancement d'environ un tiers de stade de jugement mor'al.

Toutefois, pour que cette forme de micro-intervention soit efflcace, on doit respecter certaines conditions (Gibbs et al., 1984). Premlèrement, il semble important qu'elle soit conduite dans un milieu instltutionnel qui soit juste, c'est-~-dire où il n'y a pas d'abus de

(41)

27

,'.

pouvoir. Deuxièmement, que l'intervention solt conduIte par du personnel bien formé et qu'elle soit d'une durée suffIsante (bIen que cette "durée sufflsante" ne soit pas clalrement défi me). Troisièmement, 11 est Important que les dilemmes discutés soulèvent des points de vue divergents dans le groupe et qu'il y aIt une dIsparité minimale d'un deml stade entre les partIcipants (Nucci, 1987) •

C'est en grande partie en raison de la très grande diffIculté de respecter la première de ces conditions, soit d'éduquer dans un milIeu institutionnel respectueux de la justice (Scharf, 1973; Scharf et Hickey, 1976) que le modèle de la Communauté Juste a commencé A être expérimenté avec des délinquants (Hickey et SCharf, 1980; Kohlberg, Kauffman, Scharf et Hickey, 1975).

La macro-intervention: le modèle de la Com.unauté juste

Le modèle de la Communauté Juste fut et est encore beaucoup plus expérimenté dans des écoles qU'lI ne l'a été dans des instItutIons pour dél inquants. Comme les expériences conduItes en milieux scolaires ont été revues et analysées d'une façon détaillée allleurs (Power, Higgins et Kohlberg, 1989; Hlggins, 1980; Mosher, 1980), et comme nous expliquerons d'une façon plus approfondie les fondements théoriques et l'artIculation pratique de ce modèle d'Intervention dans un prochain chapitre, nous nous limiterons pour l'instant à faire un relevé des principales expérImentatIons de Communauté juste qui ont été faites dans des institutions pour délinquants. Nous présenterons quatre proJets pilotes dont trois ont été réalIsés par Kohlberg et ses

(42)

collègues et un par une équipe de Colombie Brltannique. La première de ces expériences pilotes fut celle de la prison de Niantic au Connectlcut.

Le projet de Niantic

Ce proJet fit suite à une première tentative de micro-intervention au pénitentier de Cheschire (Hickey, 1972; Kohlberg, Scharfet et Hickey, 1973; Hickey et Scharf, 1980) où, en plus des effets de la dlScusSlon de dilemmes moraux hypothétiques, on tenta pour la première fois d'étudler l'atmosphère morale de la prison, ainsl que la dlfférence de performance de raisonnement moral des résidents face à des dilemmes moraux hypothétiques et face à des dilemmes moraux reliés

à la vie de la prlson. ,

l

Cette première expérience à Cheschire permit de faire certaines constatations qui furent à l'origine de l'expérimentation d'une approche de la Communauté Juste à Niantic. On réalisa, entre autres choses, qu'il était possible de stimuler le développement du raisonnement moral des ,-ésidents emprlsonnés, malS que le bas niveau de qualité d'atmosphère morale de la prison freinait cette évolution. Alnsl, comme Les réSldents percevaient les règles de l'établissement cOlllme illégitimes, 11s ne pouvaient accepter la validité d'un raisonnement prônant l' importance de structures sociales et de procédures pour falre règner la justice dans la société et pour éviter l'anarchle (ce qui est caractérlstlque d'un ralsonnement du niveau conventionnel), car tout ce qu'ils connaissaient à l'intérieur de la prlson étalt des tractations instrumentales dans leurs interactions

(43)

29

avec leurs palrs ainsi que l'utllisation arbritraire du povoir de punition et de récompense par l'autorlté bureaucratlque de la prison

(caractéristlques des raisonnements de nlveau pré-conventionnel). SUlte à ces constatations, on chercha à créer un milIeu o~ le but était de falre progresser le développement du Jugement moral vers un niveau plus élevé et de stimuler la cohérence entre l'actlon et le jugement moral. On croyaIt que ce but seralt plu~ faClle à attelndre là ou régneralt une atmosphère de justice fondée sur la partIcipation démocratique des membres de la communauté.

L'éxpérlence de Nlantic commença par l'établlssement d'une première Communauté juste dans un groupe expérimental de vingt femmes avec six Intervenants et un superVlseur. Cette expérIence se contlnua avec un foyer de groupe de transitlon à l'extérieur de la pr ison. Parallèlement, on tenta de mettre sur pied le même genre d'expérience avec un groupe d'hommes. mais on n'y parvient pas et on

dut arr~ter l'expérlence après un an.

Scharf (1973) fit l'analyse de la premlère phase, celle du groupe expérimental de femmes en prlson. Les résultats ont été plutôt mitigés quant ~ la progresslon du Jugement moral des sUJets (n=24) quand on les compare aux résultats obtenus à Cheschire (n=19) avec une micro-intervention, soit en moyenne un progrès de 21 pOlnts de maturlté morale (MMS) pour le groupe de Niantic, contre un progrès de 17 points pour le groupe de Cheschire. Cela est très peu signlficatif ~ première vue. Toutefois, dans une analyse plus fine, Scharf faIt ressortir que les sujets :hez lesquels on observe un changement ont

(44)

première communauté Juste dans un groupe expérimental de vingt femmes avec SlK intervenants et un superviseur. Cette expérlence se continua avec un foyer de gl-oupe de transition à l'extérieur de la prison. Parallèlement, on tenta de mettre sur pied le m~me genre d'expérience avec un groupe d'hommes, mais on n'y parvint pas et on dut arrêter l'expérience après un an.

Scharf (}973) fit l'analyse de la première phase, celle du groupe e~périmental de femmes en prison. Les résultats ont été plutôt mitIgés quant ~ la progression du jugement moral des sujets (n=24) quand on les compare au~ résultats obtenus ~ Cheschire (n=19) avpc une micro-interventIon, Salt en moyenne un progrès de 21 points de maturIté morale (MMS) pour le groupe de Niantic, contre un progrès de 17 points pour le groupe de Cheschlre. Cela est très peu signifIcatif

à première vue. Toutefois, dans une analyse plus fine, Scharf fait ressortir que les sujets chez lesquels on observe un changement ont tendance à faIre des progrès plus importants ~ Nlantic qu'~ Cheschire: 46% des sujets de Niantic (11 sur 24) ont progressé d'au moins un demi stade comparativement à 30% des sujets de Cheschire (6 sur 19). De plus, un regard plus attentif sur les résultats obtenus permet de s'apercevoir que les sujets plus jeunes ont tendance ~ progresser davantage. Et Scharf émet l'hypothèse que les capacités logiques des sujets (au sens cognitif piagétien) semblent être aussi un des facteurs influençant le développement.

Un peu plus tard, après que l'Intervention fut mieu~ implantée, Scharf et Hickey (1976) rapportent des résultats plus significatifs et

Figure

Table  des  .atières
Tableau  32  Tab leau  33  Tableau  34  Tableau  3S  Tableau  36  Tableau  37  Tableau  38  Annexe  1  Annexe  2  Annexe  3  (  Annexe Annexe  5  4  Annexe  b  Annexe  7  Annexe  8  (

Références

Documents relatifs

Elle montre en ef- fet que le pouvoir d’achat du salaire net moyen ralen- tit depuis le début de la crise et qu’il a même reculé pour la première fois de 0,4 % en 2012..

Publiée il y a presque deux ans, une étude de la Banque de France 2 montrait que « les changements de composition de la population active expliquent la totalité de la hausse de 2 %

Les 6 chiffres de son code sont écrits dans le même ordre que les lettres de son prénom.. Trouver le

Ainsi, considérant le niveau scolaire, on observe que le score des filles est significativement plus externaliste que celui des garçons aux pre- miers niveaux

Silence (moi : « au niveau de la PEC »), Heu … Je pense que c’est un peu compliqué quand on est pris dans une relation trop proche, je ne crois pas qu’on soit soignant …

L’affirmation selon laquelle les délinquants sont « de plus en plus jeunes et de plus en plus violents » est l’un des plus vieux et des plus répandus poncifs ayant cours dans

A sa dixième réunion en mai 1994 ,le Comité de gestion de GPA a examiné les mesures prises en vue de la création d'un programme commun coparrainé des Nations Unies sur le

Dans presque tous les pays de la Région, un appui technique a été fourni aux programmes nationaux de lutte contre le SIDA dans des domaines tels que l,éducation pour la santé et