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Abbaye d'Abondance. L'aile orientale et la salle capitulaire

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Academic year: 2021

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HAL Id: hal-02094730

https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02094730

Submitted on 9 Apr 2019

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Abbaye d’Abondance. L’aile orientale et la salle

capitulaire

Sidonie Bochaton, Audrey Gaillard

To cite this version:

Sidonie Bochaton, Audrey Gaillard. Abbaye d’Abondance. L’aile orientale et la salle capitulaire. [Rapport de recherche] Archéologie et archéométrie - UMR 5138. 2018. �hal-02094730�

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Moyen Âge

Époque moderne

Région: Auvergne-Rhône-Alpes

Département: Haute-Savoie

Commune: Abondance

Lieu-dit: Chef-lieu - L’abbaye

Code INSEE: 74001

Opération archéologique n°: 2212561 Autorisation préfectorale n°: 2017/401

Type d’opération: Fouille programmée Responsable d’opération: Sidonie Bochaton

Abbaye d’Abondance

L’aile orientale et la salle capitulaire

Abondance, Haute-Savoie

Sidonie Bochaton

Avec la contribution de

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Illustration de converture :

Le chevet de l’abbatiale d’Abondance. (© S. Bochaton)

(4)

Abbaye

d’Abondance

l’aile orientale et la salle capitulaire

Abondance (74001)

Chef-lieu

Haute-Savoie

Auvergne-Rhône-Alpes

Rapport final d’opération

Campagne 2017

Autorisation n° 2017/401 Code opération : 2212561

Sidonie Bochaton (dir.)

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Avertissement relatif à la communicabilité des rapports de fouilles archéologiques

Les rapports de fouille constituent des documents administratifs communicables au public dès leur remise au Service Régional de l’Archéologie, suivant les prescriptions de la loi n° 78-753 du 17 juillet modifié relative à l’amélioration des relations entre l’administration et le public. Aux termes de la circulaire du 26 mars 1993, ils pourront être consultés ; les agents des Services régionaux de l’archéologie rappelleront à tout demandeur les droits de propriété littéraires et artistiques possédés par les auteurs et les contraintes qui en résultent pour tout consultant.

Les prises de notes et les photocopies sont utilisées pour un usage exclusivement privé et non destiné à une utilisation collective (article L122-5 du code de la propriété intellectuelle). Toute reproduction du texte accompagnée ou non de photographies, cartes ou schémas, n’est possible que dans le cadre du droit de courte utilisation, avec les références exactes et complètes de l’auteur et de l’ouvrage. Par ailleurs, l’exercice du droit à la communication exclut, pour ses bénéficiaires ou pour les tiers, la possibilité de reproduire, de diffuser ou d’utiliser à des fins commerciales les documents communiqués (Loi n°78-753 du 17 juillet, art. 10. Le non respect de ces règles constitue un délit de contrefaçon puni par l’article 425 du code pénal.

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Remerciements

Au terme de cette campagne archéologique et de ce rapport, je tiens à remercier les différentes personnes qui ont directement contribué au bon déroulement et à la réussite de cette opération. Cette gratitude s’exprime envers :

• Le Service Régional de l’Archéologie, pour son soutien financier et administratif, son Conservateur en chef Frédéric Letterlé, Laure Devillard et Colette Laroche. • Le Conseil Départemental de la Haute-Savoie pour son soutien financier.

• La Mairie d’Abondance, représentée par son maire Paul Girard-Despraulex, en particulier Nathalie Désuzinge, responsable du pôle culturel, Claire Berthoud et Christian Tupin, adjoints au maire, et les employés des servives techniques, pour leur aide et soutien financier.

• La communauté de commune du Pays d’Evian et de la vallée d’Abondance (CCPEVA), représentée par sa présidente Josiane Lei, et le Pays d’Art et d’Histoire, représenté par Sébastien Lamouille, animateur de l’architecture et du patrimoine, pour leur soutien financier.

• Les bénévoles ayant permis le bon déroulement de l’opération.

• Audrey Gaillard, anthropologue, et Arnaud Letailleur, spécialiste du petit mobilier. Mathilde Duriez et Amélie Roger pour leur aide sur le terrain.

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Notice scientifique

Auteur : BOCHATON Sidonie (Université Lumière Lyon II) Numéro d’OA : 2212561

Responsable de l’opération : BOCHATON Sidonie

Nature de l’opération : fouille programmée, avril/décembre 2017

Couverture géographique : Rhône-Alpes > Haute-Savoie (74) > Abondance Lien atlas : http://atlas.patrimoines.culture.fr/atlas/trunk/index.php?ap_ theme=DOM_2.01.02&ap_bbox=6.723;45.966;6.900;46.133

Code INSEE de la commune : 74001

Mots-clés du thésaurus : abbaye, église, cloître, salle capitulaire Chronologie : Moyen Âge, Moderne

Keywords : abbey, Medieval period, Modern period, Haute-Savoie Titre : Abbaye d’Abondance

Sous-titre : L’aile orientale et la salle capitulaire

L’abbaye Notre-Dame d’Abondance est située dans la commune et la vallée du même nom à une altitude de 920 m. Fondée officiellement en 1108, elle abrita des chanoines réguliers issus de l’abbaye de Saint-Maurice d’Agaune jusqu’en 1607, puis des cisterciens feuillants jusqu’à sa suppression en 1761. Premier bâtiment savoyard à être classé au titre des monuments historiques français en 1874,

ce sont ses peintures murales du XVe siècle qui en ont fait la renommée. Le bâti est pourtant resté de

manière incompréhensible dans l’ombre jusqu’à ce que quelques architectes et archéologues fassent

quelques observations au XXe siècle.

L’étude du site abbatial a été reprise en 2015 dans le cadre d’une thèse en archéologie du bâti médiéval dirigée par madame Anne Baud, maître de conférences en archéologie médiévale à l’université Lumière – Lyon 2. Une première opération menée en 2016 avait consisté en relevés topographiques et architecturaux de l’aile orientale – cœur de notre problématique de thèse – ainsi que de relevés archéologiques du bâti. Une surveillance de creusement de tranchée d’assainissement contre l’aile orientale avait également eu lieu en amont des relevés. L’ensemble de ces opérations avait permis de récolter de nombreuses informations qu’il n’avait pas été possible de traiter entièrement, même si un premier phasage avait pu être proposé. L’opération 2017 visait donc, au moyen de la fouille d’un couloir situé dans l’aile orientale, de préciser ces premières données et affiner le phasage qui avait été proposé. Une première intervention eu lieu en avril, une seconde en décembre. Simultanément, les recherches dans les rares archives mentionnant l’abbaye et ses bâtiments avaient été reprises.

Avant notre étude, il était admis suite aux observations de l’abbé Georges Baud que l’abbaye avait fait l’objet de quatre phases de construction avant l’époque contemporaine : une période romane correspondant à la fondation de l’abbaye, une période gothique correspondant à la reconstruction de l’église et du carré claustral, une première période moderne durant laquelle les chanoines furent remplacés par les cisterciens (1607) et une seconde période moderne postérieure à l’incendie de 1728. Il est désormais établi qu’il y en eut au moins huit pour l’aile orientale :

-Phase I (XIIe siècle) : suite à la fondation de l’abbaye, une église et bâtiments conventuels sont

construits. Une première salle capitulaire se trouve dans l’aile orientale. Au nord, contre l’église, une pièce sert peut-être d’armarium, de sacristie ou de vestibule. Entre cette pièce et la salle du chapitre, un passage mène du cloître au chevet de l’église.

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novices ainsi que de convers, hommes et femmes, s’accroit. Le couloir de circulation entre le cloître et le chevet est impacté : une nouvelle baie est insérée dans le mur est. Elle devait servir à éclairer soit le passage, soit une nouvelle travée de salle du chapitre, peut-être agrandie vers le nord.

-Phase III (seconde moitié du XIIIe siècle) : le chœur de l’église abbatiale est reconstruit et agrandi

sous l’abbatiat de Raymond, abbé durant une trentaine d’années. Le nouveau chœur est entouré d’un déambulatoire et de sept chapelles rayonnantes portant le nom des jours de la semaine. Un transept le précède, et empiète sur la partie nord de l’aile orientale.

-Phase IV (première moitié du XIVe siècle) : reconstruction du clautrum sous l’abbatiat de Jean IV.

Le mur ouest de l’aile orientale est partiellement abattu puis reconstruit et une nouvelle salle du chapitre gothique est construite. De grandes baies sont percées dans le mur est, tandis qu’une entrée monumentale est aménagée dans le mur ouest.

-Phase V (XVe siècle) : suite à un incendie, il est ordonné par l’évêque de Genève de reconstruire

la nef de l’église, ainsi que d’aménager une sacristie à l’emplacement de l’horloge (1443), soit sans doute dans cette pièce située tout contre l’église au nord de l’aile. Un autre incendie a lieu vers 1446. Un accès direct est aménagé entre la salle du chapitre et le transept sud, permettant aux chanoines d’accéder à ce qu’il reste de l’église depuis l’intérieur. La nef est reconstruite dans la décennie 1470.

-Phase VI (XVIe siècle) : la construction d’un mur orienté nord/sud dans l’aile orientale réduit en taille

la salle du chapitre, dont la nouvelle entrée pourrait s’être trouvée en face de l’entrée monumentale gothique. La pièce au nord est détruite pour faire place à un couloir menant à l’étage de l’église puis à la nef par des portes (jubé ?). L’occupation valaisanne amène un renouveau : les abbés commendataires sont de nouveau élus, tandis que l’abergement de la seigneurie de Saint-Gingolph en 1563 apporte des liquidités. Sans doute est-ce l’époque de l’aménagement de la maison abbatiale au sud-est du carré claustral.

-Phase VII (1604 – 1728) : suite au départ des Valaisans catholiques, la situation se dégrade à l’abbaye. L’évêque de Genève François de Sales remplace les chanoines par des cisterciens feuillants non chargés de l’encadrement pastoral des habitants. La construction d’une nouvelle sacristie pour l’usage d’un curé est décidée en 1604. Celle-ci est aménagée à l’emplacement de la salle capitulaire. Une nouvelle est construite dans la partie sud de l’aile orientale, ainsi qu’un couloir reliant le cloître au chevet et un corridor extérieur. Un nouveau clocher aurait été construit dès 1612 sur le bas-côté sud de la nef.

-Phase VIII (1728 – 1761) : suite à l’incendie qui détruit partiellement la nef, le bas-côté sud et le clocher, un nouveau clocher-tour est construit en 1728, mais s’effondre dès 1730. Une nouvelle charpente est installée sur les bâtiments conventuels. Dans l’aile orientale, le corridor de la sacristie est détruit. L’abbaye est finalement fermée à la demande de l’évêque de Genève en 1761.

Légende : Galerie orientale du cloître et entrée du chapitre médiéval.

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Sommaire

Données administratives

1 Générique de l’opération 1 Fiche signalétique 2 Autorisations 3 Cartes et cadastre 6

Résultats scientifiques

9 Introduction 9

L’intervention archéologique

10 Présentation du site 10

Contexte historique et géographique de la fondation d’Abondance 10

Description du site 11

Approche historique des bâtiments 12

L’intervention 15 Problématique et méthodologie 15 L’apport de la bibliographie 16 Enregistrement 16

Résultats de l’intervention

17 L’aile orientale 17 Description du secteur 17

Apport des sources archivistiques 19

Rappel des résultats de l’opération 2016 20

L’étude du mur est de l’aile orientale (M 3002) 20

La moitié nord du mur 21

La moitié sud du mur 24

L’étude du mur sud du transept (M 5016) 26

Bilan provisoire 28

Résultats de l’opération 2017 30

Rappel des résultats de l’opération 2016 30

Nouveaux résultats 31

Synthèse 33

Étude anthropologique des ossements découverts

35

Phasage général

36

Phase I (XIIe siècle) 36

Phase II (XIIe – XIIIe siècle) 36

(10)

Phase IV (première moitié du XIVe siècle) 37

Phase V (seconde moitié du XVe siècle) 38

Phase VI (XVe siècle – 1604) 39 Phase VII (1604 – 1728) 39 Phase VIII (1728-1761) 41

Conclusion et perspectives

41

Bibliographie

42

Figures

45

Planches

61

Annexes

85

Inventaire des minutes de terrain 85

Inventaire des ESS et des EA 86

Inventaire des photographies 90

Inventaire des Planches 91

Inventaire des Figures 92

Inventaire du petit mobilier 93

(11)
(12)

Données administratives

Générique de l’opération

Suivi administratif et scientifique

● Direction régionale des affaires culturelles de Rhône-Alpes, Service régional de l’archéologie

Frédéric Letterlé, Conservateur Régional de l’Archéologie

Laure Devillard, Gestion de la recherche et secrétariat CIRA

Colette Laroche, Ingénieure chargée du département de la Haute-Savoie

Intervenants scientifiques et techniques

● Responsable d’opération

Sidonie Bochaton, Université Lumière Lyon 2

● Intervention de terrain

Audrey Gaillard, anthropologue

Mathilde Duriez et Amélie Roger, doctorantes à Lyon 2

○ Les employés des services techniques de la commune d’Abondance

● Inventaire et étude du mobilier

Arnaud Letailleur, spécialiste du petit mobilier

Clément Denizeau, archéologue

Soutien matériel

● UMR 5138 Archéologie et Archéométrie

Soutien logistique et matériel

(13)

Fiche signalétique

Identité du site

● Région : Auvergne-Rhône-Alpes

● Département : Haute-Savoie

● Commune : Abondance (code INSEE : 74001)

● Lieu-dit : Chef-Lieu

● Nom du site : Abbaye d’Abondance

● Coordonnées Lambert 2 étendue :

○ X : 986343.81 ○ Y : 6582431.10 ○ Z : 922 m NGF

● Références cadastrales actualisées

○ Commune: Abondance ○ Année: 201

○ Section: E

○ Parcelle: 1395 et 1396

● Statut du terrain

○ Propriétaire : Mairie d’Abondance ○ Propriété publique

○ Protection : Monument historique classé

Opération archéologique

● Type d’opération : Fouille programmée

● Arrêté d’autorisation n° 2017/401

● Date d’intervention : du 17 au 28 avril; du 26 au 29 décembre.

● Code d’opération PATRIARCHE : 2212561

● Programme : Établissements religieux et nécropoles depuis la fin de l’Antiquité

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● Titulaire de l’autorisation : Sidonie Bochaton

● Organisme : Université Lumière Lyon 2

Nature des découvertes

● Mots clés

○ Chronologie : Moyen Âge, époque moderne, époque contemporaine ○ Nature des vestiges immobiliers : édifices religieux

○ Nature des vestiges mobiliers : objet métallique, céramique

● Lieu de conservation du mobilier : Service archéologie et patrimoine bâti, 18

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(15)
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(17)

Fonds de carte: IGN Echelle 1:250000

Fonds de carte: IGN Echelle 1:25000

(18)

Plan cadastral: Ministère du budget

Service de la Documentation Nationale du Cadastre

82, rue du Maréchal Lyautey - 78103 Saint-Germain-en-Laye Cedex SIRET 16000001400011

©2014 Ministère des Finances et des Comptes publics

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(20)

Introduction

L’ancienne abbaye d’Abondance est située dans la commune du même nom en Haute-Savoie. Fondée vers 1100, elle est à l’origine de la fondation de deux autres abbayes dans l’ancien diocèse de Genève : Sixt (1144) et Entremont (1154). Nichée au cœur du val d’Abondance, elle a par le passé fait l’objet de plusieurs études historiques et architecturales. En revanche, l’étude archéologique des bâtiments restait à entreprendre. Mis à part les observations réalisées par l’abbé Georges Baud dans les années 1980, et un sondage réalisé par Joëlle Tardieu à la même époque, aucun sondage ou étude des élévations n’avait eu lieu. Depuis plusieurs années, la commune est engagée dans un vaste programme de restaurations qui a d’abord concerné les toitures. Ainsi, les trois ailes du carré claustral ont bénéficié d’une réfection complète visant à

mettre hors d’eau les peintures murales de la première moitié du XVe siècle. Actuellement, c’est

le chevet de l’abbatiale qui fait l’objet de restaurations.

L’étude du monachisme dans l’ancien diocèse de Genève, et particulièrement dans le Chablais, connaît depuis une dizaine d’années un renouveau très important, initié par les fouilles menées par Anne Baud à l’abbaye Notre-Dame d’Aulps dans la seconde moitié des années 1990. Ce renouveau s’est depuis traduit par plusieurs études universitaires, tant historiques qu’archéologiques. Arnaud Delerce a été le premier doctorant à soutenir une thèse sur le sujet

en travaillant sur la reconstitution du chartrier de l’abbaye d’Aulps1. Il a depuis reconstitué

une partie du cartulaire d’Abondance2 et travaille à présent sur les archives de la chartreuse de

Vallon. En Chablais, ce sont également les prieurés de Meillerie et de Saint-Paul qui ont fait

l’objet d’études historiques et archéologiques3, de même que l’abbaye du Lieu4. Dans le même

temps, et un peu plus loin du Chablais, la chartreuse de Mélan5 ainsi que l’église du couvent des

dominicains d’Annecy6 faisaient l’objet d’études universitaires qui se prolongent actuellement

en thèse, tandis que l’ancien prieuré augustinien de l’Aumône à Rumilly a fait l’objet cette

année d’une première étude commandée par la mairie7.

L’étude du site abbatial d’Abondance dans son entièreté a été reprise en 2015 dans le cadre d’une thèse en archéologie du bâti médiéval dirigée par Anne Baud à l’université Lumière-Lyon 2. Notre problématique de thèse porte principalement sur l’organisation conventuelle et les axes de circulation dans les abbayes augustiniennes d’Abondance et de Sixt, et en particulier dans la partie orientale des monastères. Afin d’y répondre, trois opérations de fouille programmée ont

eu lieu à Sixt8 : les deux premières ont permis de reconstituer l’organisation de l’aile orientale à

1 Delerce 2011 2 Delerce 2015

3 Bochaton 2012, 2014a, 2014b, 2017a 4 Béchonnet 2015

5 Duriez 2014 6 Roger 2014 7 Bochaton 2017c

8 Juin 2015, mai-juin 2016, octobre 2017.

(21)

travers l’identification d’une chapelle latérale dédiée à saint Jacques, la mise au jour de la salle capitulaire médiévale et moderne, ainsi que la reconnaissance de l’ancien logis abbatial dans

l’angle sud-est du carré claustral9 ; tandis que la troisième a permis de mettre au jour une zone

dédiée aux dépendances (grange, écuries, grenier-tour)10. Les opérations à Abondance avaient

le même objectif : identifier l’organisation conventuelle entre l’église des chanoines et le logis abbatial également situé dans l’angle sud-est du monastère.

L’intervention archéologique

Présentation du site

Contexte historique et géographique de la fondation d’Abondance

L’abbaye d’Abondance a été fondée autour de l’an 1100 dans une vallée du Chablais, massif préalpin de Savoie du Nord et région historique des anciens États de Savoie. La vallée est limitrophe de l’actuelle frontière franco-suisse avec le canton du Valais. Pourtant, à l’époque médiévale, il s’agit d’une seule et même région. Aujourd’hui, la partie française est appelée « Chablais genevois », tandis que la partie suisse est appelée « Vieux-Chablais ». C’est de là que sont originaires les chanoines ayant fondé l’abbaye.

Les récents travaux de Laurent Ripart sur l’abbaye de Saint-Maurice d’Agaune ont permis

d’éclairer le contexte historique de la fondation d’Abondance11. L’abbaye valaisanne, fondée

en 515, accueillait à l’origine des moines. Dans la première moitié du IXe siècle, les conciles

d’Aix-la-Chapelle imposent aux monastères de l’Empire de se placer sous la règle bénédictine ou canoniale, choisie par de nombreuses abbayes carolingiennes en raison de sa souplesse. En outre, le développement très important du culte mauricien et des pèlerinages était contraire à la règle de saint Benoit. Un chapitre de chanoines séculiers est donc installé. Ceux-ci vivaient

dans des maisons isolées avec femmes et enfants. Au XIe siècle, la Réforme grégorienne pénètre

les portes de l’abbaye. Les mentions d’épouses et d’enfants disparaissent. Pourtant, un contexte politique trop instable, et en particulier l’effondrement du Royaume de Bourgogne en 1032 puis la mainmise des Humbertiens dès 1077, empêche l’institution d’une vie régulière. C’est dans ce

9 Bochaton 2017a 10 Bochaton 2018 11 Ripart 2015

(22)

contexte que les chanoines les plus sensibles à la Réforme quittent Saint-Maurice pour la vallée d’Abondance.

D’après L. Rippart, cette fondation a dû se faire en deux temps : d’abord, les seigneurs de Féternes, une des plus anciennes familles chablaisiennes connues, donnent en 1088 ou 1103 l’ensemble de leurs propriétés en vallée d’Abondance. Puis, le 2 mai 1108, c’est le prévôt Gui

de Saint-Maurice qui concède la vallée au prieur d’Abondance12. Ce prieuré est avant 1121 érigé

en abbaye et reçoit de nombreuses donations, en particulier dans la vallée et le Pays de Gavot. Les chanoines se mettent à essaimer dans l’ancien diocèse de Genève avec la fondation de Sixt avant 1144 puis d’Entremont avant 1154 (pl. 1). La vie régulière est finalement introduite à Saint-Maurice en 1128, et l’abbé Rodolphe d’Abondance devient abbé de l’abbaye mère. Il ne s’agit pourtant pas d’une filiation à proprement parler. Si Saint-Maurice maintient des relations avec l’abbaye de Sixt jusqu’à sa suppression, il s’agit bien d’un ordre indépendant. En 1156, un accord de confraternité est conclu entre les chanoines d’Abondance et de Saint-Maurice,

mais l’acte insiste également sur les aires d’influence des deux monastères13. Abondance

entretenait également des liens difficiles à caractériser avec les chanoines du Mont-Joux et plus particulièrement avec le prieuré de Meillerie (Pays de Gavot), dont un prieur deviendra abbé

d’Abondance dans la seconde moitié du XIIIe siècle. En revanche, la domination d’Abondance

sur Sixt et Entremont est bien réelle et précisée à plusieurs reprises dans les actes du XIIe siècle.

La légende veut que les chanoines se soient dans un premier temps implantés plus haut dans la vallée, au lieu-dit « La Chapelle ». La même histoire se raconte à Sixt ; pourtant, rien ne permet de le prouver. L’abbaye est aujourd’hui située dans la commune d’Abondance, au cœur d’un élargissement de la vallée en direction du sud qui se referme en aval au niveau du verrou glaciaire des Portes. Construite à flanc du mont Jorat et en contrehaut de la rivière de la Dranse, elle bénéficie ainsi d’un ensoleillement important (fig. 1).

Description du site

Le site abbatial d’Abondance comprend trois ensembles : l’église paroissiale (fig. 2), le carré claustral (fig. 3) qui accueille à la fois le presbytère, les services municipaux et le site touristique, et la tour dite « de l’abbé » (fig. 4), siège de l’office de tourisme et de la salle de musique. L’église présente un plan surprenant composé d’une nef unique de quatre travées, d’un transept débordant et d’un sanctuaire entouré d’un déambulatoire et de sept chapelles rayonnantes. La façade et les deux premières travées ont été reconstruites entre 1893 et 1895 (fig. 6 et 7). Le

reste de l’église est traditionnellement daté de la seconde moitié du XIIIe siècle par la mention

12 Delerce 2015 13 Ripart 2015

(23)

de l’obituaire, mais plusieurs auteurs avancent qu’il pourrait être plus ancien14. L’église est couverte de voûtes d’ogive. L’abside est composée de trois niveaux : des arcades ouvrant sur les chapelles, un niveau intermédiaire et des fenêtres hautes (fig. 8). L’ensemble de ces caractères

permet d’établir des comparaisons avec la cathédrale de Lausanne et les églises cisterciennes15.

Les bâtiments conventuels sont composés de deux ailes latérales, une aile sud et un cloître. Le

cloître, a priori construit dans la première moitié du XIVe siècle, ne conserve que trois galeries,

la galerie nord ayant été détruite par le feu. L’aile occidentale, dont on dit qu’elle était réservée aux hôtes et aux convers, est aujourd’hui non-accessible en raison de la présence du presbytère. L’aile sud accueille est composée de trois niveaux : un rez-de-chaussée composé d’un couloir desservant plusieurs pièces réservées aux locaux de la mairie d’Abondance. Comme à Sixt, c’est ici que se trouvaient la cuisine, le réfectoire, et des pièces de stockage. À l’étage, un second couloir desservait les cellules des chanoines de même qu’un chauffoir. L’accès au rez-de-chaussée se faisait primitivement par des escaliers passant sous la galerie sud du cloître ; aujourd’hui de grands escaliers mènent de l’un à l’autre dans la partie sud de l’aile orientale. Enfin, au second étage, un autre couloir dessert plusieurs pièces où se trouvent actuellement les réserves du musée.

Quant à l’aile orientale qui nous intéresse plus particulièrement dans le cadre de ce rapport, elle est située entre l’aile sud des bâtiments conventuels et le transept sud et la première travée de la nef de l’église. Sa position dans la pente impacte son organisation : les pièces se répartissent sur cinq niveaux (cave, chapitre médiéval, chapitre moderne, sacristie moderne, appartement) situés à l’est de deux escaliers superposés (fig. 8). Tout au nord, dans le prolongement de l’aile et contre l’église, se trouve des espaces de liaison qui permettaient d’accéder aux bâtiments conventuels à l’église : un couloir latéral, situé derrière la fameuse « porte de la Vierge » au rez-de-chaussée (fig. 9), et un espace jusque-là indéterminé à l’étage. L’opération 2016 a permis de mettre en évidence l’ancien bas-côté sud de l’église abbatiale. Si son existence n’est plus à démontrer, on ignore tout de son apparence en raison de la disparition de la nef médiévale,

brûlée au XVe siècle et de la nef moderne, brûlée en 1728. À l’étage, l’espace étudié en 2016

s’est avéré être un lieu de circulation constitué d’une cage d’escaliers qui permettait d’accéder au premier niveau de l’église depuis l’aile est (fig. 10). Deux portes aujourd’hui bouchées se trouvaient dans le mur gouttereau sud de l’abbatiale et permettaient de passer de cet espace à un éventuel ancien jubé, et par la suite à la tribune où se trouvait l’orgue.

Approche historique des bâtiments

Contrairement à l’abbaye de Sixt, les archives de l’abbaye d’Abondance ont disparu. Aucun original concernant la période 1108-1300 étudiée par A. Delerce n’a été conservé. Parmi ces

14 Grandjean 1962, Baud 2014 15 Oursel 1954, Grandjean 1962

(24)

copies, peu de mentions des bâtiments ont été trouvées : il s’agit de l’église, lieu de rédaction

d’un acte entre 1182 et 1192, ou encore du réfectoire vers 126516. L’obituaire de l’abbaye

précise que l’église abbatiale fut reconstruite par l’abbé Raymond Bondat, ancien prieur de

Meillerie, entre 1267 et 129617 (fig. 2). L’un de ses successeurs, l’abbé Jean IV, aurait d’après

la même source fait refaire le claustrum. Suite à cette reconstruction probablement partielle des bâtiments conventuels, le cloître (fig. 3) est décoré de peintures murales très probablement financées par le comte de Savoie sous l’abbatiat de Guillaume de Lugrin (1411-1435).

Les visites pastorales apportent de précieuses informations. Jean de Bertrand, qui effectue la première le 8 septembre 1411, soit seulement deux mois avant l’élection de Guillaume de Lugrin, ordonne de réparer le dortoir et le réfectoire. Pourtant, il ne faut pas nécessairement y voir un dortoir et un réfectoire détruit : on remarque que la situation est identique à l’abbaye de Sixt, et il faut sans doute l’interpréter comme une injonction à reprendre la vie communautaire « selon la règle de saint Augustin », comme précisé lors des deux comptes-rendus. En revanche, la seconde visite qui a lieu le 25 octobre 1443, fait référence à un grave incendie qui a touché l’église :

« Item tota navis ecclesie cum crotis a fundamentis est in ruina, et similis turris in

introïtu ecclesie a fundamentis a parte borea ruinatur, quam reparationem edificiorum ecclesie faciat quanto citius habuerit commoditatem in annos sex, videlicet omni anno tantum quantum

in sex annis sit completa reparatio, et incipiat primo anno in futura Pasca18. »

Il est également ordonné de construire une sacristie « in loco ubi est horilodium19 » et de réparer

les fenêtres vitrées des chapelles du lundi et du mardi (probablement celles du sanctuaire). La visite du 9 mai 1471 confirmait qu’aucun travail de grande ampleur n’avait été engagé puisque la nef et le clocher se trouvaient dans un état « lamentable ». Toutefois, des travaux de

réparations avaient été lancés par le chanoine Guigues d’Arlod20. Dix ans plus tard, le 16 juillet

1481, le rapport félicitait l’abbé commendataire Jacques-Louis de Savoie pour les travaux de reconstruction de l’église :

« Quia est ecclesia insignis, et abbatie occasionale incendium ipsius modo non mediam

ipsa abbatia passa fuit jacturam, prefatusque R.D. Commendatarius unam partem fructium in constitutione ipsius abbatie et ecclesie benigne elargitus fuit, […] de cetero exortatur ut tota jam per eum bene cepta prosequatur, sed etiam ad reparationem restauratam ipsius abbatie non

stilum [non solum] in edificiis, sed etiam in paramentis necessariis ad cultum21. »

16 Delerce 2015.

17 L’abbé Raymond Bondat décède un 23 août. Il est encore témoin d’un acte à Meillerie en 1296. 18 Archives Départementales de la Haute-Savoie (ADHS), IG98

19 Oursel 1954, p. 191 20 Oursel 1954, p. 193 21 ADHS, 1G99

(25)

Enfin, une dernière source du 26 juillet 1458 vient accréditer la thèse d’un incendie : il s’agit d’un contrat établi par l’abbé François Ducrêt et qui concerne la commande d’un nouveau Code

de la table, détruit au cours d’un incendie douze années plus tôt22. S. Ferraro ayant travaillé

sur ces documents, elle propose de restituer deux sinistres : un premier entre 1411 et 1443 ayant endommagé exclusivement l’église et peut-être la partie nord de l’aile orientale où sera construite la sacristie, un second en 1446 qui serait un incendie et qui aurait touché les bâtiments conventuels.

Le XVe siècle ou la première moitié du XVIe siècle voient la construction ou l’aménagement de

la maison abbatiale appelée « tour de l’abbé » : il s’agit d’un bâtiment quadrangulaire attaché à l’angle sud-est du monastère (fig. 4). D’après Deonna et Renard, un tremblement de terre l’aurait sévèrement endommagé en 1536. En 1612, l’abbé Aizza aurait fait abattre l’ancien

clocher pour en reconstruire un et élever les voûtes à certains endroits23. Un autre incendie se

déclare le 14 octobre 163324 et touche la nef et les toitures des bâtiments conventuels. Enfin, un

dernier incendie se produit le 19 juillet 1728. Le rapport de l’architecte et du maître-charpentier est riche en informations puisqu’il mentionne les bâtiments et les pièces qui ont été endommagés

ainsi que les travaux à réaliser25. À cette occasion est construit un nouveau clocher du côté nord

de l’église.

Suite à la suppression de l’abbaye en 1761, les bâtiments sont donnés à la Sainte Maison de Thonon qui les possède jusqu’à l’invasion française de septembre 1792. L’abbaye est par la suite morcelée et vendue comme bien national à des particuliers de la vallée. Les bâtiments abbatiaux subissent des dégâts, mais sont sauvegardés contrairement à l’abbaye voisine d’Aulps. C’est le premier monument savoyard à être classé comme monument historique en 1875. Dès lors, les travaux menés à l’abbaye sont surveillés, des plans sont dessinés et les archives sont sauvegardées. L’église fait l’objet de réparations en 1888 et d’un projet d’agrandissement à partir de 1893 (fig. 6). En 1902, c’est le cloître qui fait l’objet d’une restauration complète.

Entre 1874 et 1889, c’est la « tour de l’abbé » et l’aile sud du carré claustral26.

22 Gardet 1976, p. 111, citant ADHS, SA178. 23 Mercier 1885, p. 132

24 Châtelain, Baud 1983, p. 108 25 Guyon 1887

26 Les documents relatifs à ces travaux et restaurations sont conservés aux Archives départementales de la Haute-Savoie.

(26)

L’intervention

Problématique et méthodologie

L’opération 2017 avait pour objectif de compléter les données recueillies en 2016, consistant en un plan topographique de la zone orientale des bâtiments conventuels, en la découverte de deux massifs maçonnés perpendiculaires au mur oriental de l’aile est, ainsi qu’en relevés pierre à pierre réalisés à l’intérieur et à l’extérieur de la même aile. Plus généralement, il s’agissait de répondre à notre problématique de recherche portant sur l’organisation spatiale et les circulations au sein de l’abbaye.

Avant 2016, les données historiques permettaient de mettre en avant les phases de construction suivantes :

-Phase I : époque romane. Construction d’un premier monastère à partir de l’an 1100.

-Phase II : époque gothique (1260-1350). Reconstruction de l’église sous l’abbatiat de Raymond et du claustrum sous celui de Jean IV.

-Phase III : époque moderne (1443-1728). Restauration de l’église suite à un sinistre, construction d’une nouvelle sacristie. Construction de la maison abbatiale.

-Phase IV : destructions de la nef et de la galerie nord du cloître suite à l’incendie de 1728. Nouvelle toiture.

-Phase V : époque contemporaine. Restaurations de l’abbaye suite à son classement au titre des monuments historiques.

L’opération 2017 s’est déroulée en deux temps :

-du lundi 17 au vendredi 29 avril : une équipe composée de S. Bochaton, M. Duriez, A. Gaillard et A. Roger est intervenue à l’intérieur de l’aile orientale et dans l’angle nord-ouest de l’aile, à l’angle du cloître et de l’ancien bas-côté sud mis en évidence en 2016, et dans un couloir où se trouvent des escaliers. Suite à l’aménagement d’une trappe dans les escaliers, un remblai

provenant a priori de l’église abbatiale et déposé là dans la seconde moitié du XIXe siècle a été

évacué par les employés des services techniques municipaux. Ce faisant, plusieurs fragments de carreaux de pavement (pl. 14 à 21), quelques ossements, et divers objets, ont été séparés du remblais et sauvegardés pour étude.

-du mardi 26 au vendredi 29 décembre, S. Bochaton et A. Gaillard sont à nouveau intervenues pour enregistrer et fouiller le dernier espace libéré par l’évacuation du remblai. Ce travail a été effectué par une équipe de bénévoles de la commune.

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Les objectifs de cette opération étaient les suivants :

-mettre entièrement au jour la baie en tuf située dans la partie nord du mur M 3001 et partiellement

relevée en 2016 (BAI 3030) ; compléter le relevé du même mur ; identifier l’espace auquel

donnait accès cette même baie et qui se trouvait à l’angle du cloître et de l’église.

-définir l’emprise de cette pièce en recherchant son mur sud, qui serait sans doute à associer à la

salle capitulaire gothique fonctionnant avec le cloître reconstruit au XIVe siècle et qui subsiste

encore aujourd’hui.

-compléter les informations issues des relevés pierre à pierre afin de proposer dans un premier temps un phasage de l’aile orientale, et dans un second temps des restitutions des différents états de la salle capitulaire des chanoines, puis des cisterciens.

L’apport de la bibliographie

Dans aucun des ouvrages ou articles écrits sur l’architecture de l’abbaye la question du chapitre médiéval n’a été abordée. On sait que l’abbé Georges Baud s’était pourtant intéressé à l’organisation de l’aile orientale, en témoigne son journal dans lequel il écrit :

« Sous l’escalier de la petite tribune. On a retiré une marche au-dessus du plan qui conduit à la sacristie. Le coup de scie dans la marche indique quelle planche soulever. L’intérêt : La porte romane murée et invisible du côté du cloître. Cette porte a-t-elle communiqué un jour avec le cloître ? Je lui semble avoir été utilisée comme lieu de passage pour entrer dans l’abbatiale. Comme c’est indiqué ci à côté le mur gauche et le mur de face ont été s[?]. Crépissage, chanfrein. On y voit encore à gauche dans l’angle le départ d’une voûte d’arête. Était-ce le lieu de station monastique en hiver ? […] La zone de la sacristie actuelle, des escaliers de bois, est une zone qui a subi des remaniements. Témoin : la belle porte (ou fenêtre) gothique située derrière le placard à gauche du lavabo. La porte murée dans le jardin de Monsieur Gay. Porte qui a peut-être donné accès au-dessous de la sacristie actuelle. La famille Gay aurait caché là les étains durant la guerre 39-40. Idem dans le placard gauche de la sacristie : soulevant le parquet

on peut aller sous la sacristie27. »

La restitution de B. Maxit montre d’ailleurs les éléments mentionnés par G. Baud, à savoir une ouverture murée dans le mur du cloître et un possible accès par le croisillon sud du transept (fig. 11).

Enregistrement

L’étude du site abbatial de Sixt ayant été commencée par la société Hadès, nous avons choisi de reprendre leur système d’enregistrement, tant pour nos opérations à Sixt que pour celles

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d’Abondance, afin de faciliter la compréhension de l’ensemble des données. Ce système comprend :

-des zones d’intervention (Tableau 1),

Zone Identification Année d’étude Responsable

1 Aile orientale

Bas-côté sud

2016 S. Bochaton

2 Aile orientale 2017 S. Bochaton

Tableau 1 – Rappel des zones d’études

-des entités spatiales structurées, formant un ensemble architectural cohérent, subdivisé en entités spatiales (ex : ESS 3 Aile orientale et ES 3-0.1 Cave sous le chapitre moderne),

-des entités archéologiques constituées d’un identifiant de trois lettres, suivi du numéro de zone (Hadès), mais du numéro d’ESS pour le présent rapport, et d’une numérotation continue à trois

chiffres (ex : MUR 3001),

-des unités stratigraphiques construites composées du numéro de la zone (Hadès), mais du numéro d’ESS pour le présent rapport, et d’une numérotation continue à quatre chiffres (ex : USC 30001).

Résultats de l’intervention

L’aile orientale

Description du secteur

L’aile orientale est comprise entre les murs M 3001, correspondant au mur occidental de l’aile,

et le mur M 3002, correspondant à son mur oriental (pl. 3). Au nord, elle est limitée par le mur

sud de l’ancien bas-côté sud (M 6022) et le mur sud du transept sud (M 5016). Aujourd’hui,

l’aile est divisée latéralement en deux espaces : à l’est et contre le mur M 3002 se trouvent deux

pièces (ES 3-3.1 et 3-2.1), tandis qu’à l’ouest se trouve un long couloir orienté nord/sud (ES 3-2.2). Ces deux pièces sont elles-mêmes séparées par un couloir orienté est/ouest.

• Entrée de la salle du chapitre médiévale

Le mur M 3001 est principalement caractérisé par les vestiges de l’entrée d’une salle situés

dans la troisième travée depuis le nord de la galerie orientale du cloître (fig. 12, TRA 4008).

(29)

condamnée à une date indéterminée, mais les jambages de l’arcade ainsi que quelques décors ont été laissés en partie apparents. Il s’agit des chainages de blocs de pierre calcaire de gros module présents sous les culots décorés de personnages, et d’un mur bahut sur lequel reposent deux colonnes de calcaire surmontées de chapiteaux à décors végétaux de molasse. Cette entrée monumentale mesurant 3,80 m de largeur se trouve exactement en face de ce qui a été interprété par l’abbé Baud et reconstitué par Bernard Maxit comme l’entrée principale du monastère

d’Abondance. En outre, le remplage de l’arcade de la troisième travée TRA 4008 présente

des décors particuliers par rapport à ceux des autres arcades : les chapiteaux des colonnes supportant le remplage sont flanqués au nord d’un visage humain sculpté dans la molasse, et au sud d’un acrobate. Quant aux roses du remplage, elles sont surmontées de deux personnages assis et tournés vers l’intérieur de la galerie. Leurs têtes ont disparu, mais il semble évident que ces personnages tournent le dos à l’entrée du monastère pour regarder ce qui se passe à l’intérieur de cette salle (fig. 13).

Tous ces éléments, à savoir une grande arcade ouverte sur le cloître dans l’alignement de l’entrée du monastère et pourvue de décors particulièrement soignés, suggère que la pièce située dans l’aile orientale était la salle capitulaire des chanoines d’Abondance. Étonnement, celle-ci n’est jamais mentionnée ni localisée avec précision dans la documentation. Son histoire a été très rapidement esquissée par l’abbé Baud : d’après lui, la salle médiévale se trouvait à l’emplacement de la sacristie actuelle, et était accessible par un couloir de circulation longeant la galerie orientale du cloître. Le chapitre d’époque moderne se trouvait au sud de l’aile. Pourtant, les données issues de l’étude du bâti de la façade orientale de l’aile est montraient une réalité beaucoup plus complexe, qu’il n’avait pas été possible d’interpréter dans le rapport 2016 en raison des délais impartis.

• La sacristie et son couloir

La moitié nord de l’aile orientale est composée de deux espaces : une sacristie à l’est et son couloir à l’ouest (fig. 14 et 15). Cette sacristie est à la fois accessible depuis le transept sud et depuis le couloir, qui permet également d’accéder à l’étage de l’église ainsi qu’à l’ancien dortoir des religieux. Une fenêtre à meneau éclaire cette pièce qui est voûtée (fig. 16). La création de ce couloir a entrainé la condamnation de la porte médiévale du chapitre (pl. 4 et 5).

• La partie sud de l’aile orientale

Au sud de l’aile orientale, avant la cage d’escaliers aménagée à une date inconnue, se trouve une salle traditionnellement reconnue comme ayant été la salle du chapitre de l’époque moderne (pl. 3). Sa façade orientale est enduite, ce qui ne permet pas de mener une étude du bâti (fig. 17). En revanche, on distingue des fenêtres datées de l’époque moderne et un contrefort qui

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soutenait la voûte intérieure. Cette pièce était accessible depuis une porte située dans le couloir menant du cloître au cimetière et lui est donc contemporaine ou postérieure. Des portes plus récentes y ont été percées à l’époque contemporaine.

Apport des sources archivistiques

• Salle du chapitre

Le chapitre n’est jamais décrit dans la documentation dont nous disposons. En revanche, le nombre de chanoines susceptible d’y siéger apparaît à quelques reprises. En 1411, l’évêque Jean de Bertrand visite l’abbaye dans le cadre de ses visites pastorales, mais le nombre de

chanoines n’est pas précisé. En 1436, les membres du chapitre sont au nombre de treize28. En

1536 et 1550, les chanoines sont au nombre de onze29. Leur nombre chute encore, puisqu’ils ne

sont plus que huit en 1604, date à laquelle on décide de leur remplacement par douze cisterciens de la congrégation des Feuillants.

En 1863, Léon Charvet, suite à son étude du site, écrit qu’il lui « a semblé que le mur du cloître, vers la troisième travée en partant de cette porte [de la Vierge] avait dû être percée d’une ouverture très large, puisque précisément cette travée est divisée par deux colonnes à l’exception de toutes les autres. On retrouve dans la maçonnerie le bahut en chanfrein en marbre noir, ainsi que les colonnes, des pieédroits. Cette ouverture devait contribuer à éclairer le couloir qui longe le cloître et qui est bien obscur, ainsi que l’entrée de la sacristie. J’ai fait remarquer qu’il n’y a pas de trace de peinture dans le tympan. »

• Sacristie

À l’issue de la visite pastorale de 1411, il est ordonné de construire une sacristie « in loco ubi

est horilodium30 », qui doit se trouver au plus près du cloître.

Au début du XVIIe siècle, des aménagements sont négociés entre le dernier abbé des chanoines

réguliers, Vespasien Aïza, et le procureur de la congrégation des Feuillants le révérend Jean de Malachie. Les cisterciens n’étant pas chargés du service paroissial, contrairement aux chanoines, il est prévu que l’on « ferait à frais communs […] une sacristie séparée de celle des moines pour

l’usage du curé et de la paroisse31 ».

28 Chaperon A., « Monographie de Saint-Gingolph », Mémoires et Documents publiés par l’Académie

Salésienne, Annecy : Académie salésienne, 1913, p. 270

29 Foras (de) A., « Abbaye d’Abondance » in Mémoires et Documents publiés par l’Académie Chablaisienne,

Tome I, Thonon, 1887 30 Oursel 1954, p. 191

(31)

• Espace de circulation

À la liaison entre l’église et l’aile orientale, à l’étage, un espace de circulation a été mis en évidence en 2016 (pl. 6). Il est postérieur à l’arrivée des cisterciens à Abondance (début du

XVIIe siècle). Ce lieu n’est mentionné qu’à trois reprises dans la documentation, dont une

première fois dans l’inventaire faisant suite à l’incendie de 1728 :

« […] Pour la pente du toit, soit couvert du cloistre, et autres petits membres joints à l’église […] plus pour le toit soit couvert du degré qui conduit à l’horloge joignant à l’église. » Il apparaît une seconde fois dans un document daté d’environ 1760 :

« […] Dom Paul Michel, prieur, qui avait abusé d’une fille, sa pénitente, la fit accoucher

dans une chambre du monastère proche l’orgue de l’église, sur une nappe d’autel32 […] »

Enfin il est mentionné une troisième fois dans le cahier de fouilles de l’abbé Baud :

« Février 1979. J’entreprends le nettoyage de l’escalier qui conduit à la petite tribune. Il faut sortir des poubelles de débris : verre, ardoise, gravats, buis et sapin de toutes les crèches d’antan. Enfin un plancher bien usé apparaît. Il n’y a plus de fenêtre, plus de vitre. Les jeunes du Mont réparent les marches déficientes. Je fais placer en vue d’en faire un lieu d’exposition rampes électriques et panneaux d’accrochage. C’est là qu’à Pâques [19]79 seront rassemblés toutes les chasubles, les chapes, les tableaux et statues. J’ai fait nettoyer l’escalier rejoignant l’ancienne tribune de l’orgue. »

• Corridor

L’inventaire après incendie de 1728 mentionne « un corridor du côté du Levant […] et incendié tout auprès de la fenêtre visant sur la fontaine. Plus pour quatre marches y contigus servant pour aller au corridor supérieur ».

Rappel des résultats de l’opération 2016

L’étude du mur est de l’aile orientale (M 3002)

Le mur M 3002 correspond au mur oriental de l’aile est (fig. 18). En 2016, il a fait l’objet de

deux interventions : dans un premier temps, une tranchée creusée à la pelle mécanique dans le cadre de l’assainissement des bâtiments abbatiaux mené par la société Alep Architecte, et dans un second temps le relevé manuel des deux tiers de la partie nord du mur par une équipe d’archéologues du bâti. Le creusement de la tranchée a permis la découverte de deux massifs maçonnés perpendiculaires è ce mur ; malheureusement, l’urgence dans laquelle a dû être

(32)

menée l’opération n’a permis de dégager entièrement que le massif sud (M 3039), alors que le

massif nord (M 3041) n’a été qu’entraperçu (pl. 13). Quant au relevé pierre à pierre, il a mis en

évidence de nombreux remaniements. Avant le décroutage du mur, seules deux anciennes portes

étaient visibles dans la moitié nord (POR 3012 et POR 3017, fig. 36). Une troisième ouverture

était connue uniquement par l’observation du parement intérieur du mur33 (le soupirail SOU

3011), le parement extérieur ne révélant rien.

La description suivante se fera du nord au sud (pl. 9 et 10).

La moitié nord du mur

Maçonnerie USC 30.027 et porte POR 3012

La maçonnerie primitive de la moitié nord du mur (USC 30.027) mesure un peu moins de 3

m de longueur et se développe entre le mur du transept sud (M 5016) et l’arrachement d’un

massif qui coupe verticalement le mur en deux parties (USC 30.017). Elle a été identifiée sur une hauteur d’environ 4,50 m, le reste n’ayant pu être décroûté. Il a été observé dans la partie basse que le mur du transept de l’église est venu postérieurement s’accoler à celui de

l’aile, puisque les piédroits de la porte située tout au nord (POR 3012) sont apparus une fois le

mortier dissimulant l’angle enlevé. Cette porte est contemporaine de la maçonnerie, composée presque exclusivement de blocs de calcaire non assisés mesurant entre quelques centimètres et une trentaine de centimètres de côté. En revanche, les piédroits de la porte sont constitués de calcaire gris aux arêtes vives et le linteau plus l’arc de décharge de calcaire rouge. Elle mesurait 0,82 m par 2,02 m de hauteur entre le seuil et le linteau droit. Les blocs des piédroits atteignent 0,62 m de longueur.

Le bouchage de cette porte a été réalisé en plusieurs étapes : d’abord, le linteau et la partie supérieure de la porte ont été détruits puis bouchés au moyen d’une maçonnerie (USC 30.004), afin d’insérer la canalisation du lavabo de la sacristie. En dessous, l’USC 30.006 pourrait être un bouchage contemporain de l’USC 30.004, puisque tous deux sont essentiellement composés de blocs de calcaire. Il semble que les USC 30.005 et USC 30.007 datent de l’époque contemporaine, dans la mesure où, d’après le curé Baud, cette porte était partiellement ouverte pendant la seconde guerre mondiale. La présence de parpaings va dans ce sens.

• Baie 3035 et porte 3017

Dans un second temps, une nouvelle baie a été percée dans le mur (BAI 3035). La maçonnerie

d’insertion (USC 30.025) n’est visible qu’au niveau de l’ancien linteau et est essentiellement composée de petits blocs de calcaire et de tuf atteignant au maximum 0,14 m de longueur. Seul

33 Celui n’est que partiellement observable : le mur de la sacristie est entièrement enduit et dissimulé par de hauts placards de bois. Toutefois, grâce à une trappe située dans un de ces placards, il est possible de passer sous le plancher de la sacristie et d’observer une petite partie de ce parement.

(33)

le seuil atteint les 0,90 m. Tout contre se trouve une plaque d’enduit (e4) beige clair en mauvais état. La hauteur de cette ouverture demeure inconnue, puisque cette porte a été remplacée par

la suite par la porte POR 3017. Rien n’indique que ces deux premiers aménagements, la porte

nord et la baie insérée, n’aient pas pu servir en même temps. En revanche, cette baie a été

détruite lors de l’insertion de la nouvelle porte. Celle-ci était déjà connue grâce au Journal du curé Baud, qui la situait derrière un placard et à côté du lavabo de la sacristie (fig. 19). Entièrement murée aujourd’hui par des blocs de calcaire gris et rouge et de tuf (USC 30.009), il s’agissait à l’origine d’une baie gothique en arc brisé ornée d’un boudin. Son apparence extérieure est pourtant toute autre.

Mesurant 1,25 m de largeur pour 2 m de hauteur, cette porte se trouve à l’altitude de 930,90 m. La maçonnerie d’insertion (USC 30.008) comprend en partie inférieure des piédroits constitués de blocs de tuf au sud et au nord. L’un d’eux a même été aligné avec le piédroit sud de la porte

nord (POR 3012). Puis, à un peu moins de 932 m d’altitude, les blocs de tuf du piédroit sud

sont remplacés par des petits blocs de calcaire, de tuf, et de la brique, tandis que le piédroit nord est dissimulé par un enduit e3 blanc apposé sur une couche de mortier gris. Un arc surbaissé en briques surmonte cette porte à la place de l’arc brisé attendu, indiquant une datation moderne. Son seuil est visible sous le plancher de la sacristie (fig. 20). L’insertion de cette porte a eu

pour conséquence la destruction de la première baie (BAI 3035) et le comblement de sa partie

inférieure au moyen d’un bloc de tuf mesurant 0,42 m par 0,20 m de côté (USC 30.010) et la création d’un trou de poutre contre le piédroit sud (USC 30 .011). D’autres trous de poutres ou de boulins ont été identifiés.

Trous de boulins dans l’USC 30.027

Ce trou (n°5) mesure 0,40 m par 0,22 m de côté. Il est aligné avec le trou n°4 (USC 30.012). Tous deux supportaient très probablement une galerie de circulation en lien avec la porte d’époque moderne. Peut-être un troisième se trouvait-il à l’emplacement de l’USC 30.007 dont la maçonnerie consiste en deux remplois de molasse et de tuf noyés dans du ciment. Ces deux trous de poutre fonctionnent avec une série de trois autres conservés en partie haute du mur. Le trou n° 10, correspondant à l’USC 30.031, mesure une vingtaine de centimètres de côté. Il est aligné avec le trou n° 9 (USC 30.030) et le trou n°12 (USC 30.047). Il existe deux mètres d’écart entre ces deux séries de trous de poutre (voir restitution ci-contre). La série supérieure correspond au niveau de l’arc surbaissé de la porte moderne.

D’autres trous maçonnés ont été découverts pendant l’intervention. Le n° 3, correspondant à

l’USC 30.015, se trouve au sud de la porte nord (POR 3012). Il est aligné avec les trous n° 1 et

2, respectivement les USC 30.013 et 30.014, qui se trouvent dans la moitié sud du mur de l’aile. Leurs dimensions, oscillant entre 0,25 m et 0,30 m, inciteraient à les identifier comme des trous de poutre. Pourtant, ils sont situés à un peu plus d’une cinquantaine de centimètres du seuil de

(34)

la porte nord et à une cinquantaine de centimètres sous le seuil de la baie (BAI 3035). Il s’agit

donc de trous de boulins. À cette série de trous de boulins correspond une seconde située un peu moins de deux mètres au-dessus. Le trou n°6 (USC 30 020) mesure 0,30 par 0,20 m de côté; son bouchage est essentiellement composé d’un gros bloc de tuf et d’un morceau de brique. Le trou n°8 (USC 30 24) est comblé avec des briques. Enfin, le trou n°11 (USC 30.046) a été identifié grâce à son comblement à l’emplacement de l’arc de décharge de la porte nord. Il est aligné avec les trous décrits précédemment.

Le trou n° 7 (USC 30.022), situé au-dessus de l‘arc surbaissé de la porte moderne, mesure une dizaine de centimètres de côté et correspond très certainement à un trou de boulin. Il n’a aucun équivalent.

En résumé, les trous de poutre correspondent à une double circulation en lien avec la porte à arc surbaissé. Ils doivent se rattacher à une phase d’occupation moderne du site. Les trous de boulins témoignent d’une phase de travaux qui pourrait aussi bien correspondre au mur initial qu’à ces travaux d’époque moderne.

Restitution des échafaudages (noir) et des circulations (marron) au 1/100e.

S N 1 2 3 4 5 11 10 9 12 8 6

(35)

L’arrachement vertical (USC 30.017)

Tout contre la maçonnerie d’origine du mur (USC 30.027) et du côté sud se trouve une maçonnerie qui s’apparente à l’arrachement d’un massif (USC 30.017 ) qui séparait la partie nord du mur de la partie sud. Signalons d’emblée que cette maçonnerie n’a été qu’en partie identifiée sur le terrain, les rejointoiements successifs compliquant la lisibilité du liant. La césure située tout contre la maçonnerie d’insertion de la porte moderne apparaissait assez clairement, mais le reste a été repéré grâce au décalage des blocs et à l’insertion de pierres de calage. La majorité des pierres sont des blocs de calcaire atteignant parfois de grandes tailles (0,50 m pour le plus long). Le reste est composé de petits blocs de tuf, d’éclats de calcaire rouge et d’un fragment de molasse de moins de dix centimètres de côté. Celui-ci se trouve à l’aplomb d’un petit massif

ne dépassant que de quelques centimètres le mur M 3002 et qui doit être assimilé au massif M

3041 découvert lors de l’aménagement du drain (fig. 21).

La moitié sud du mur

Les maçonneries situées au sud de cet arrachement sont plus difficiles à interpréter. Tout contre

se trouvait une ouverture (OUV 3036) dont la césure d’insertion a été partiellement identifiée

sur le terrain (USC 30.021). Cette ouverture, dont la césure nord se confond avec celle de l’USC 30.017, n’est à ce jour pas identifiée. L’appui se trouve à une altitude de 931,5 m NGF, soit une soixantaine de centimètres au-dessus du seuil de la porte moderne et près de quatre-vingt-dix centimètres au-dessus du seuil de la baie insérée contre la porte nord. La maçonnerie d’insertion est exclusivement composée de petits et moyens blocs de calcaire, tandis que le bouchage de cette ouverture (USC 30.026) contient quelques blocs de tuf de petit module regroupés ensemble. La limite supérieure a été tracée en fonction des différences de maçonnerie. Cette ouverture devait mesurer dans les 1,20 m de hauteur.

• La baie BAI 3034 et l’USC 30.032

Dans le parement intérieur du mur, on distingue tout contre l’arc du soupirail SOU 3011 et

au nord de celui-ci, un bloc de calcaire mesurant 0,28 m de largeur pour 0,69 m de hauteur,

pouvant être identifié comme le piédroit intérieur d’une ancienne baie (BAI 3034) dont la

partie inférieure se trouve à 929,71 m d’altitude. De manière tout à fait pratique, le trou de poutre n° 4 (USC 30.012) a été installé au-dessus de ce bloc et une poutre du plancher de la sacristie est toujours fichée dedans. Idem pour le trou de poutre n° 2 (USC 30.014) qui a été installé sur la limite inférieure de l’ouverture. En revanche, aucun trou de poutre n’a été trouvé en relation avec le niveau inférieur de cette baie, comme c’était déjà le cas pour la baie située

au nord (BAI 3035). Il semble donc que ces deux ouvertures doivent être considérées comme

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principalement composé de blocs de calcaire de toutes tailles et de deux blocs équarris de calcaire rouge mesurant une quarantaine de centimètres de longueur.

Il est possible que la maçonnerie d’arrachement (USC 30.016) matérialise une partie de ce bouchage, dans la mesure où sa limite supérieure se situe à 931,85 m NGF, soit deux mètres au-dessus du seuil de l’ouverture en question. Toutefois, elle pourrait aussi être à rattacher à la maçonnerie (USC 30.032) qui se développe au sud de celle-ci et plus haut. Essentiellement composée de blocs de calcaire et de tuf atteignant les 0,30 m de longueur, seule une partie de la césure sud a été formellement identifiée sur le terrain grâce aux différences de mortier. De même, la limite inférieure pourrait être donnée par une série de pierres plates de calcaire rouge situées à l’altitude de 931 m NGF, soit seulement quelques centimètres au-dessus du seuil de la porte moderne (ancienne baie gothique), et la césure nord par l’USC 30.016. Les limites supérieures ont été tracées en fonction des différences de maçonnerie. Si l’emprise générale de

cette unité rappelle celle de l’autre côté de l’arrachement vertical (POR 3017), il nous est pour

l’instant impossible d’affirmer qu’il s’agissait bien d’une baie ; par conséquent, aucun numéro d’entité architecturale ne lui a été donné.

• Le soupirail SOU 3011

En dessous de cette USC de bouchage, un soupirail n’est visible qu’en partie depuis l’intérieur du bâtiment et est surmonté d’un arc en plein cintre composé de blocs de calcaire. La partie la plus haute de l’intrados se trouve à l’altitude de 929,59 m et l’ouverture mesurait 0,90 m de large. Le bouchage est composé de deux maçonneries superposées impossibles à distinguer de l’extérieur et qui ont donc été numérotées ensemble (USC 30.018). Si quelques claveaux de calcaire, calcaire rouge et tuf sont discernables à l’extérieur, l’arc a été endommagé par un arrachement (USC 30.019) au-dessus duquel se trouve le trou de boulin n° 1 (USC 30.013). Lors du creusement de la tranchée, nous nous attendions à trouver les piédroits d’une porte : il n’en

a rien été. Seul le massif M 3039, d’une largeur de 1,14 m et orienté ouest/est, a été découvert.

Il avait été arasé de manière inégale entre 927,16 m et 926,83 m, soit 1,74 m maximum sous le niveau de sol actuel (fig. 21).

• Fenêtre à meneau FEN 3029

Enfin, la partie sud du mur est surmontée d’une large fenêtre à meneau (FEN 3029), dont la

césure d’insertion (USC 30.023) était parfaitement visible sur le terrain et composée de petites pierres plates de calcaire rouge et de quelques blocs de tuf et de calcaire gris de petit module. Si pour des questions logistiques, il ne nous a pas été possible de décroûter l’ensemble du mur, on aperçoit tout de même que la maçonnerie d’origine a été surélevée pour atteindre sa hauteur

actuelle en même temps que cette fenêtre FEN 3029 était insérée. Cette surélévation a été

(37)

• Synthèse

Les données issues de la surveillance du creusement de la tranchée et du relevé du bâti avaient apporté plusieurs informations.

Pour la moitié nord:

-le mur de l’aile orientale est antérieur au mur sud du transept. La porte nord appartient à ce premier état de construction.

-un second état de construction est représentée par l’insertion d’une baie contre le piédroit sud de cette porte, et un troisième par la condamnation de cette baie pour l’insertion d’une baie gothique.

-la baie gothique est transformée en porte à arc surbaissé. Pour la moitié sud:

-un premier état est représentée par une baie condamnée dont ne subsiste que le seuil et un fragment de piédroit sud.

-celle-ci est condamnée et potentiellement remplacée par une baie gothique similaire à celle se trouvant dans la moitié nord. Celle-ci est ensuite bouchée.

-un soupirail est inséré en partie inférieure et à l’emplacement du massif sud découvert en fouille.

L’étude du mur sud du transept (M 5016)

Le mur sud du transept de l’église est perpendiculaire à celui de l’aile orientale (M 5016,

fig. 22). Un premier niveau mesurant un peu plus de 4 m de hauteur court jusqu’à une première corniche, visible seulement à l’extrémité orientale du mur. Au-dessus de cette première corniche se trouve un niveau intermédiaire, uniquement percé d’une ouverture rectangulaire qui a été condamnée au moyen de briques. Une seconde corniche sépare ce niveau du troisième où se trouve une fenêtre ogivale. Ce mur a été relevé manuellement sur une hauteur minimum de 3 m et une hauteur maximum de 4,20 m en raison du mortier qui le recouvrait et qu’il ne nous a pas été possible d’enlever partout. Les données issues du relevé, comparées aux données issues des archives et plus particulièrement de l’inventaire après incendie de 1728, ont permis d’identifier à cet emplacement un ancien corridor orienté nord/sud.

• Le mur du transept

Le relevé a permis de mettre en évidence quatre unités stratigraphiques construites (pl. 11). La

première, l’USC 50.001, est située dans la partie orientale du mur M 5016. Elle est constituée

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d’environ 932,25 m, un premier appareil est constitué de gros blocs de pierre calcaire grise et rouge. Ces blocs mesurent 0,50 m de hauteur pour les quatre premières assises, puis un peu moins pour les deux dernières, c’est-à-dire respectivement 0,38 m et 0,20 m. C’est au niveau de ces deux dernières que se concentrent les calcaires rouges. La longueur des blocs peut atteindre 1,20 m. Au-dessus, la maçonnerie est constituée d’un petit appareil de calcaire gris. Les assises mesurent entre 0,10 et 0,14 m de hauteur tandis que les blocs ne dépassent pas les 0,25 m de longueur.

Contre le mur de l’aile orientale se trouvent les USC 50.003 (en bas) et 50.004 (en haut). Leur appareil est très semblable à celui situé dans la partie haute de l’USC 50.001 puisqu’il est composé de petits blocs de calcaire gris. On notera toutefois que les deux premières travées au niveau du sol sont composées de blocs de moellons plus importants, mesurant jusqu’à 0,35 m de longueur et une vingtaine de centimètres de hauteur, et que certains blocs en connexion directe avec l’USC 50.002 ou situés au-dessus d’un trou de boulin sont également plus longs (jusqu’à 0,52 m de longueur). Contre le mur de l’aile orientale, l’appareil change d’apparence : les assises ne sont plus aussi bien réglées et les pierres sont de plus petits modules. Aucune

césure n’a été observée ; un étroit sondage pratiqué le long du piédroit nord de la porte POR

3012 a montré que le mur du transept était venu s’installer contre le mur de l’aile et que le

jambage nord de la porte avait été en partie bûché. Aucune pierre chaînée avec l’aile n’a été

mise en évidence dans le cadre de ce relevé.

En outre, des vestiges d’enduits ont été observés dans la partie occidentale du mur : ils ont été protégés des chutes de pluie et de neige par l’avancée du toit de l’aile orientale et non recouverts par le mortier contemporain. Nous avons choisi de les conserver. Il s’agit principalement d’un enduit peint (e3) : de couleur grise, il a été appliqué sur un lait de chaux très blanc recouvrant le mortier du mur. Il comporte des aplats de peinture noire horizontaux et diagonaux, mais les traces trop fragmentaires empêchent la reconstitution d’un motif. Cet enduit suggère que la partie occidentale du mur du transept était autrefois à l’intérieur d’un bâtiment disparu, correspondant probablement au corridor mentionné par les sources.

L’arrachement du corridor (USC 50.002)

Entre les maçonneries précédemment décrites se trouve un arrachement (USC 50.002). En raison de la présence d’un enduit très épais au niveau du sol, cette USC n’est observable qu’à partir de l’altitude de 929,45 m, mais tout laisse supposer qu’elle se poursuit vers le sol. Longeant l’USC 50.001 sur toute sa hauteur, sa largeur varie de 0,55 m à 1,55 m en partie basse pour atteindre 2,30 m en partie haute et venir s’accoler contre le mur de l’aile orientale (932,4 m NGF), avant de se rétrécir à nouveau jusqu’à disparaître en limite supérieure du relevé. Constituée essentiellement de blocs de tuf de petits et moyens modules mesurant jusqu’à 0,40m de longueur, ainsi que de

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