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Le "Glossaire du latin philosophique médiéval"

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Academic year: 2021

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DU LATIN PHILOSOPHIQUE MÉDIÉVAL »

La carte d'identité du Glossaire du latin philosophique mediéva l n'est pas difficile à établir : projeté depuis plusieurs années, il fut organisé en 1944 par M . BAYER, Professeur à la Sorbonne . Le « Glossaire » a été placé en octobre 1957 sous la direction d e M . de Gandi]lac, Professeur à la Sorbonne . Il constitue une entre -prise du C . N . R. S . de Paris, qui lui assure, en personnel comme en matériel, les moyens nécessaires à son fonctionnement, le fait qu'il y soit rattaché à la section « Philosophie » précise son orienta-tion doctrinale et non philologique .

Vous &tes trop au courant des méthodes selon lesquelles s e construisent les dictionnaires pour qu'il y ait lieu d'insister sur l'aspect matériel du travail, tel qu'il se présente dans le stade ac-tuel où nous rassemblons les matériaux nécessaires pour la ré-daction du Glossaire : l'élément essentiel en est la fiche qui porte en exergue le mot considéré et le nom de l'auteur qui l'emploie ; le corps de cette fiche est constitué par un texte de cet auteu r donnant la définition de ce mot, ou l'employant d'une manière éclairant cette définition . Le « mot » peut-être en fait une expres-sion complète correspondant à un seul concept : anima mundi, primum moyens, liberum arbitrium, bonum commune, quod quid est, etc . . . D'autre part on peut trouver sur certaines fiches, en nombre relativement restreint et distinguées par une marqu e apparente, deux autres renseignements : les fiches d'équivalence portent l'indication du mot grec, ou, transcrit en caractères ro-mains, sémitique, auquel correspond le mot latin dans les tra-ductions ; elles renseignent sur la valeur donnée par le traducteu r (*) A la demande des organisateurs de la conférence internationale de Cra-covie, M . Lefèvre a donné lecture de cette communication, rédigée par le prin-cipal collaborateur du « Glossaire du Latin Philosophique médiéval », M . l'abbé Pierre Michaud-Quantin .

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au mot latin en cause, et sur le contexte de pensée orientale dont ce terme se trouve désormais chargé . Les fiches bibliographique s renvoient aux ouvrages ou articles dans lesquels le mot a fait l'objet d'une étude, doctrinale, plus poussée ; elles restent d'ail-leurs strictement objectives ; ne portant pas de jugement cri-tique sur ces travaux, elles indiquent au lecteur où trouver l e commentaire des textes cités par le Glossaire et lui fournissent u n point de départ pour les recherches qu'il désirerait entreprendre . Quels mots figurent dans ce Glossaire ? C'est évidemment là un des points les plus délicats : si l'on répond « ceux qui ont un e signification ou une valeur philosophique » on se borne à déplace r et renvoyer la difficulté . Pour circonscrire le terrain, en restan t dans la problématique médiévale, on peut dire qu'il est celui que couvre au XIIe s . la science théorique, pratique et logique, au XIIIe leCorpus aristotelicum ; mais à condition d'ajouter aussitô t qu'il ne s'agit pas de suivre les auteurs dans tous les développe-ments qu'ils donnent à ces connaissances, tels le cours de jardinag e d'Albert le Grand dans sonDe Vegetabilibus, les descriptions géo-graphiques ou cosmogéo-graphiques des Chartrains ; de par sa natur e même le Glossaire exclut ce que l'on entend aujourd'hui par le s « Sciences Physiques, Chimiques et Naturelles » selon la formul e des Facultés françaises .

Il existe bien une liste des termes à retenir et à étudier dans le s fiches ; composée dès le début du Glossaire elle reste très util e comme base de référence, mais l'expérience a montré que par rapport au vocabulaire effectivement employé elle se trouve dan s la situation exprimée par la formule «deficit et superhabundat » . Sans même parler des auteurs au vocabulaire spécial comme Ber-nard Silvestre ou Raymond Lulle, des domaines possédant leur s

termes techniques,De modis signi facandi, de gradibus /ormarum , de tormalitatibus, il existe dès le douzième siècle, par exempl e chez Gilbert de Poitiers et ceux qui s'en inspirent, des penseur s capables d'aller chercher parfois très loin leur moyen d'expres-sion quand ils ne le forgent pas eux-m@mes . C'est pourquoi, tout en restant très ferme sur ses principes, le Glossaire doit reste r très ouvert à ce qu'il rencontre et admettre un certain empirism e dans ses méthodes : il ne prétend pas enseigner le latin philoso-phique aux médiévaux, mais l'apprendre d'eux .

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Autour de la philosophie on rencontre certaines zones-frontière s disciplines voisines avec lesquelles elle possède un terrain com-mun ; c'est pourquoi le fichier général est flanqué de trois vocabu-laires marginaux, un grammatical, un scientifique, un juridique ; ce n'est d'ailleurs qu'un stade provisoire destiné à faciliter le tra-vailen confiant la supervision de ces domaines particuliers à de s collaborateurs spécialisés, mais les mots ne sont recueillis e t étudiés qu'en vue de leur intégration dans le Glossaire lors de l a rédaction, donc en fonction de leur valeur philosophique .

Pour constituer le « corps » de la fiche, le meilleur texte est évidemment une définition du mot envisagé ; aussi le Glossaire les enregistre-t-il avec un soin particulier ; tout en reconnaissant l a valeur des arguments de LINDSAY déclarant inutiles pour les recherches modernes les divers lexiques médiévaux, il sembl e nécessaire d'utiliser ceux-ci lorsque l'on se préoccupe davantag e de pénétrer la pensée du milieu qui les a composés et s'en es t servi, que de faire oeuvre de philologie . Le fait particulièrement s'impose en matière de définitions étymologiques ; elles peuvent être artificielles et môme fausses, elles n'en constituent pas moin s un témoignage, indirect et à exploiter s'entend, sur la valeur sé-mantique profonde, les résonances, que possédait un terme ; d'autres définitions se rencontrent dans des glossaires spéciaux, o u dans les introductions, accessus, materiae, etc . de certaines oeuvres, que l'on peut dire pratiques, voire « opérationnelles o ;

elles précisent à l'intention de l'auditeur ou du lecteur la signifi-cation à donner aux principaux vocables du texte que le maîtr e entend exposer . On peut même considérer comme des diction-naires spécialisés, présentés sous forme de traités, des oeuvre s comme les Summulae logicales et la Scientia libri de anima de Pierre d'Espagne . A côté des définitions les données les plus intéressantes sur la valeur sémantique d'un mot peuvent s e ranger dans la catégorie actio passìo, le rôle spécifique de la réalité désignée par ce mot, mais aussi dans celle derelatio ; pour éclairer cette dernière idée, peut être moins aisée à saisir, il suffi t de penser aux valeurs différentes du terme intellectus, selon qu'il est opposé à ratio, à sensus, ou introduit dans l'énumé-ration «ratio, intellectus, intelligentia » . La principale diffi-culté lorsqu'il ne s'agit pas d'une définition proprement dite

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est de trouver une phrase qui, tout en dégageant bien cette signification donnée per accidens, soit suffisamment brève pour être immédiatement saisie par le lecteur et ne pas offrir elle -même de problèmes d'interprétation.

Depuis que les fiches ont commencé à s'accumuler en quan-tité intéressante, en fait depuis deux ans, il est procédé dè s leur établissement et leur premier rangement à une sorte d e pré-classification : il semble en effet inexact de dire que le lati n philosophique a comporté pour le Moyen Age un vocabulaire technique hautement spécialisé ; il y a en fait toute une série de vocabulaires techniques qui. coexistent et interfèrent entre eux. Au début du XIIe s . l'opposition animalis-spiritualis peut indiquer l'opposition entre la vie sensible et la vie spi-rituelle au sens actuel, mais si l'auteur s'inspire des donnée s médicales, non seulement chez les Chartrains, mais chez certain s Cisterciens, cette opposition sera inversée, spiritualis, ratta-ché au s/iiritus indiquera le moins noble des niveaux de vie , alors qu'animales, adjectif de anima, signifiera (cspirituel » .

Lex

est pour un canoniste la justice civile, pour un maître-ès-arts la Révélation divine . On trouve même des confusion s chez les contemporains : Guy d'Orchelles affirme que l'Incar-nation est une dispensatio au sens du grec oixovo iLda et

l'expli-que par la définition juridil'expli-que iuris communis relaxant, . Le futur Alexandre III faillit bien être massacré à la Diète Impérial e de Besançon parce que ses auditeurs avaient pris le mot bene-ficium au sens de fief, non dans le sens général de bienfait que l e Pape dut expliquer dans une décrétale spéciale .

Dès maintenant le Glossaire se prépare donc à pouvoir in-diquer, comme les dictionnaires modernes, les sens pris par un même mot dans les divers domaines spéculatifs touchan t à la philosophie où il se rencontre .

Il y a bien une autre multiplicité de sens, peut-être plu s frappante, car elle est susceptible de se rencontrer à l'intérieur d'une seule oeuvre, voire d'un passage assez court, celle qui provient des divers courants de pensée : natura . . . bonum.. . numerus . . . motus . . . Mais à ce moment articuler et étiqueter ces divers sens serait sortir du rôle que doit remplir un diction-naire et porter un jugement . Pour rester objectif, le Glossaire

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groupera les textes qu'il a pu rassembler d'après la similitud e des formules qu'ils contiennent et les contextes où ils ont ét é extraits, laissant au lecteur le soin de les utiliser pour les tra-vaux d'interprétation et d'histoire doctrinale qu'ils pourront suggérer .

Ainsi peut-on espérer que notre entreprise atteindra le doubl e but en vue duquel elle a été conçue et organisée . Elle faciliter a l'accès aux textes philosophiques du moyen âge à ceux qu e rebute et détourne d'un contact direct l'emploi d'une langu e dont nous devons bien reconnaître qu'elle constitue un obstacle à vaincre . Mais le Glossaire vise aussi à rendre aux médiéviste s ses modestes services ; il n'est pas nécessaire de suivre dans le détail la problématique de la psychologie moderne langag e et pensée pour se rendre compte qu'il existe une influenc e réciproque entre le concept et l'expression qui lui est donnée , surtout dans ce moyen âge où le culte del'auctoritas du « Magis-ter dixit » donnait une importance spéciale aux formules . E n retraçant l'évolution sémantique d'un mot le Glossaire souhait e grouper des matériaux dont l'exploitation rendra plus facil e la tâche aux historiens de la pensée médiévale .

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