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Édition critique, traduction française, annotation et étude historico-doctrinale de Nicolas de Paris (Nicolas Parisiensis), Rationes super libro Peryarmenias (manuscrit Città del Vaticano, Biblioteca Apostolica Vaticana, Vat. lat. 3011, folios 21vb-34vb)

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Édition critique, traduction française, annotation et

étude historico-doctrinale de Nicolas de Paris

(Nicolas Parisiensis), Rationes super libro

Peryarmenias (manuscrit Città del Vaticano,

Biblioteca Apostolica Vaticana, Vat. lat. 3011, folios

21vb-34vb) : sa contribution pour la lecture du

chapitre 9 du traité De l’interprétation d’Aristote

Thèse

Maxime Vachon

Doctorat en philosophie

Philosophiae doctor (Ph. D.)

Québec, Canada

© Maxime Vachon, 2018

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Édition critique, traduction française, annotation et

étude historico-doctrinale de Nicolas de Paris

(Nicolas Parisiensis), Rationes super libro

Peryarmenias (manuscrit Città del Vaticano,

Biblioteca Apostolica Vaticana, Vat. lat. 3011, folios

21vb-34vb) : sa contribution pour la lecture du

chapitre 9 du traité De l’interprétation d’Aristote

Thèse

Maxime Vachon

Sous la direction de :

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Résumé

Cette thèse offre la première édition latine complète et la première traduction française, toutes deux annotées, du texte des Rationes super libro « Peryarmenias » (manuscrit Città del Vaticano, Biblioteca Apostolica Vaticana, Vat. lat. 3011, folios 21vb-34vb) de Nicolas de Paris (Nicolas Parisiensis) jusqu’alors partiellement édité seulement par H. Hansen et A. M. Mora-Márquez. Le texte est un cours de la Faculté des arts de l’Université de Paris du XIIIe siècle sur le traité De l’interprétation d’Aristote. Je le fais précéder d’une courte étude

dans laquelle il est montré que les Rationes super libro « Peryarmenias », de même que les

Notulae super « Peryermenias » de Kilwardby et un texte anonyme des archives munichoises

de contenu semblable aux Rationes (probablement de Nicolas aussi) appartiennent à la tradition d’enseignement de la lectio. L’édition et la traduction sont suivies d’une étude historico-doctrinale du chapitre 9 du traité De l’interprétation — sur les paires d’énoncés contradictoires relatifs au futur — dans laquelle je dégage les doctrines d’Aristote et de Nicolas, en plus de celles de quelques auteurs anciens et contemporains, notamment Ammonius, Boèce, Kilwardby et Thomas d’Aquin. Il est montré que d’après Aristote chaque partie de la contradiction relative à un futur contingent est « vraie ou fausse », le ‘ou’ (ἢ) faisant partie intégrante de la valeur de vérité, ce que Nicolas exprime en disant qu’un tel énoncé est vrai ou faux sous la disjonction seulement (sub disiunctione).

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Abstract

This thesis offers the first complete Latin edition and the first French translation, both annotated, of the Rationes super libro "Peryarmenias" (manuscript Città del Vaticano, Biblioteca Apostolica Vaticana, Vat. Lat. 3011, folios 21vb-34vb) by Nicolas of Paris (Nicolas Parisiensis) until now only partially edited in its first four lessons by H. Hansen and A. M. Mora-Márquez. The text is a medieval course of the Faculty of Arts of the University of Paris of the thirteenth century on Aristotle’s treatise On interpretation that I introduced with a short study in which it is shown that the Rationes super libro "Peryarmenias", as well as the Kilwardby’s Notulae super "Peryermenias" and an anonymous manuscrit of similar content to the Rationes (probably also of Nicolas) belong to the lectio teaching tradition. The edition and translation are followed by a historico-doctrinal study of chapter 9 of On

Interpretation — on the pairs of contradictory statements concerning the future — in which

I bring out the doctrines of Aristotle and Nicolas, as well as those of some ancient and contemporary authors, especially Ammonius, Boethius, Kilwardby and Thomas Aquinas. It is shown that according to Aristotle every part of the contradiction relating to a contingent future is "true or false", the "or" (ἢ) being an integral part of the truth value of the statement, which Nicholas expresses by saying that such a statement is true or false under disjunction only (sub disiunctione).

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Table des matières

Résumé ... iii

Abstract ... iv

Table des matières ... v

Remerciements ... vii

Introduction ... 1

1. Les Rationes super libro « Peryarmenias » et la lectio ... 2

1.1 La division et la complétude ... 3

1.2 La sentence et la contenance ... 5

1.3. L’ordre des parties ... 6

1.4 Les questions et les doutes ... 6

2. Les Rationes super libro « Peryarmenias » et le De interpretatione ... 9

Première partie. Édition latine et traduction française annotées des Rationes super libro « Peryarmenias » ... 16

1. Introduction à l’édition latine annotée ... 16

1.1 Le manuscrit du Vatican ... 16

1.2 La division des lectiones ... 17

1.3 L’orthographe, la ponctuation et l’habillage du texte ... 19

1.4 L'apparat des variantes ... 20

1.5 Sigles ... 20

1.6 L’apparat des sources ... 21

2. Introduction à la traduction française annotée ... 21

2.1 Les nombres ... 21

2.2 L’apparat des parallèles ... 21

3. Édition latine annotée des Rationes super libro « Peryarmenias » ... 26

4. Traduction française annotée des Rationes super libro « Peryarmenias » ... 225

Deuxième partie. Étude historico-doctrinale des Rationes super libro « Peryarmenias » par rapport au chapitre 9 du traité De l’interprétation ... 414

1. Lecture suivie et traduction française du chapitre 9 du traité De l’interprétation ... 418

1.1 De l’inter., 9,18a28-34(extrait #1) ... 423

1.2 De l’inter., 9,18a34-18b9(extrait #2) ... 424

1.3 De l’inter., 9,18b9-16(extrait #3) ... 426

1.4 De l’inter., 9, 18b17-25(extrait #4) ... 428

1.5 De l’inter., 9,18b26-19a6 (extrait #5) ... 431

1.6 De l’inter., 9,19a7-27 (extrait #6) ... 433

1.7 De l’inter., 9,19a27-32(extrait #7) ... 438

1.8 De l’inter., 9,19a32-19b4 (extrait #8) ... 439

2. Nicolas de Paris et cinq lectures du chapitre 9 du traité De l’interprétation ... 443

2.1 Ammonius d’Alexandrie (~517†) ... 443

2.2 Boèce (524†) ... 450

2.3 Deux textes didascaliques de l’Université de Paris (XIIIe siècle) ... 457

2.4 Robert Kilwardby (1279†) ... 459

(6)

2.6 Nicolas de Paris (avant 1263†) ... 472 Conclusion ... 477 Bibliographie ... 482

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Remerciements

Cette thèse n’aurait pas été possible sans le soutien moral et intellectuel de mon directeur Claude Lafleur que je ne saurais remercier suffisamment pour m’avoir soutenu et encouragé à poursuivre mon travail. Sa délicatesse et son respect autant que sa patience et son acribie m’ont touché et m’ont marqué tout au long de mon parcours avec lui depuis le baccalauréat. Je le remercie en outre d’avoir révisé à maintes reprises mon travail et d’avoir mis à ma disposition le matériel du Laboratoire de philosophie ancienne et médiévale (LAPAM) de l’Université Laval, notamment la copie sur microfilm du manuscrit de Nicolas de Paris, de même que la transcription utilitaire qu’il en avait réalisée avec Joanne Carrier. Je remercie chaleureusement cette dernière pour son travail conjoint de révision.

Je remercie Jean-Marc Narbonne et David Piché pour leurs critiques et recommandations de même que Philippe Hoffmann pour son accueil chaleureux et pour les ressources qu’il a mises à ma disposition lors de mon séjour à Paris.

Je remercie aussi les membres de la direction et du secrétariat de la Faculté de philosophie de l’Université, tout spécialement Suzanne Boutin pour son accompagnement dans les démarches de la cotutelle (que je n’ai pas complétée).

Je remercie enfin le Conseil de Recherches en Sciences Humaines du Canada (CRSH) pour son soutien financier dans le cadre du Programme de bourses d’études supérieures du

(8)

Introduction

L’apport de ce doctorat est d’offrir la première édition critique complète et la première traduction française du texte — jusqu’ici largement inédit — des Rationes super libro

« Peryarmenias » de Nicolas de Paris (Nicolas Parisiensis) suivies d’une étude

historico-doctrinale de sa lecture du chapitre 9 du traité De l’interprétation d’Aristote.

La première partie de cette thèse comprend l’édition latine et la traduction française annotées des Rationes super libro « Peryarmenias ». Cette partie contient l’essentiel de ma contribution scientifique. Je fais précéder cette édition et cette traduction d’une présentation qui rend compte des décisions éditoriales que j’ai prises et des apparats critiques que j’ai élaborés. Des textes importants pour l’apparat des parallèles s’y trouvent introduits : les

Points communs de la logique, le Guide de l’étudiant parisien, et les Points communs des arts libéraux, trois documents contemporains des Rationes et issus du même milieu parisien.

La deuxième partie comprend une étude historico-doctrinale des Rationes super libro

« Peryarmenias » dans laquelle je présente quelques lectures antiques et médiévales du

chapitre 9 du traité De l’interprétation pour mettre en relief la doctrine de Nicolas de Paris. J’ai choisi ce chapitre sur les énoncés relatifs au futur contingent parce que leurs modalités de vérité et de fausseté — leur statut aléthique — ont été interprétées des manières les plus diverses, autant durant les périodes antique et médiévale que moderne et contemporaine. Cette partie est elle-même divisée en deux sous-parties. Dans la première, je traduis le chapitre 9 du traité De l’interprétation et j’expose la doctrine d’Aristote, extrait par extrait, un peu à la manière des commentaires anciens. Dans la seconde, je compare la doctrine de deux commentateurs anciens (Ammonius et Boèce), de deux contemporains (Kilwardby et Thomas d’Aquin), de même que le traitement de cette question dans deux textes didascaliques de l’Université de Paris du XIIIe siècle avec les Rationes super libro

« Peryarmenias » de Nicolas de Paris pour en souligner les points de convergence et de

(9)

1. Les Rationes super libro « Peryarmenias » et la lectio

Nicolas de Paris, qui est mort au plus tard en 1263, a enseigné comme maître ès arts à la Faculté des arts de l’Université de Paris durant la première moitié du XIIIe siècle où il a

donné plusieurs cours sur la logica uetus1. Professées vers 1240-1250, les Rationes super

libro « Peryarmenias » font partie d’une série manuscrite de trois exposés sur la « vieille

logique » explicitement attribués à Nicolas : on lit dans l’inscription inaugurale de leur manuscrit que « les explications de Nicolas de Paris sur Porphyre, les Six principes et le livre

De l’interprétation commencent <ici> »2 (pour la présentation du manuscrit, voir p. 16).

Les Rationes super libro « Peryarmenias », comme exposition et commentaire3 du

traité De l’interprétation d’Aristote, s’inscrivent dans la tradition médiévale d’enseignement de la lectio, une approche qui consiste essentiellement à lire (legere) les textes à l’étude, ce qui veut dire les exposer, les expliquer et les commenter tout en les lisant4. Mais alors qu’au

XIIe siècle une lectio désigne le commentaire dans son ensemble, au XIIIe siècle elle en

1 Pour plus d’informations biographiques et documentaires, cf. O. WEIJERS, « Répertoire des noms

commençant par L-M-N-O », Le travail intellectuel à la Faculté des arts de Paris : Textes et maîtres

(ca. 1200-1500), Brepols, Turnhout, 6, 2005, p. 191-197 ; cf. R. A. GAUTHIER, « Les commentaires du Peryermenias aux XIIe-XIIIe siècles », dans THOMAS AQUINAS, Sancti Thomae de Aquino Opera

Omnia, iussu Leonis XIII edita, tomus I*, 1, Expositio libri Peryermenias, editio altera retractata, cura

et studio fratrum praedicatorum, éd. R. A. GAUTHIER, Roma, Commissio Leonina ; Paris, Vrin, 1989, p. 66*-67* ; cf. H. HANSEN, « Strange Finds, or Nicholas of Paris on Relations », dans J. L. FINK,H. HANSEN and A. M. MORA-MÁRQUEZ (éds), Logic and Language in the Middle Ages, Brill, Leiden, coll. « Investigating Medieval Philosophy », 4, 2013, p. 141-142 ; C. LAFLEUR avec la collaboration de J. CARRIER, « L’Introduction à la philosophie de maître Nicolas de Paris », dans C. LAFLEUR et J. CARRIER (éds), L’enseignement de la philosophie au XIIIe siècle, « Philosophia magistri Nicolai Parisiensis », éd. C. LAFLEUR avec la collaboration de J. CARRIER,Turnhout, Brepols, 1997, p. 447-449.

2 Cf. ms. Vatican, Biblioteca Apostolica, Vat. lat. 3011 (= V), fol. 1r : « Incipiunt rationes Magistri

Nicholai Parisiensis super Porfirio, sex principiis et libro Perihermeneias. »

3 Cf. J. ISAAC, Le Peri hermeneias en Occident de Boèce à Saint Thomas. Histoire littéraire d’un

traité d’Aristote, Paris, Vrin, 1953, p. 153-154 : « Un commentaire est à proprement parler une œuvre

écrite dans l’esprit d’un maître (cum-mente), ce qui suppose évidemment que l’on se soit assimilé la pensée de celui-ci, mais autorise sur cette base tous les développements personnels. Tout autre chose est une explication de texte (expositio), ou une étude critique (sententia), dans laquelle on suit pas à pas un auteur pour en déterminer et en juger la doctrine. » La lectio du XIIIe siècle présente les traits

d’un commentaire dans la section dédiée aux questiones ou dubitationes, mais ceux d’une exposition dans la divisio, la sententia et l’ordo.

4 Cf. O. WEIJERS, Le maniement du savoir. Pratiques intellectuelles à l’époque des premières

(10)

désigne les parties en suivant « l’organisation de l’enseignement universitaire »5. Les

lectiones sont des « unités de lecture ou leçons »6 : elles désignent les séances en classe. Ces

lectiones sont habituellement divisées en quatre parties : un découpage et une division du

texte (divisio) ; une sentence qui présente le sens du texte (sententia) ; une explication de la place et de l’ordre des parties du texte (ordo) ; et une série de questions (questiones) ou doutes (dubitationes) sur le texte7.

À titre introductif, je vais présenter la visée générale des Rationes super libro

« Peryarmenias » à travers ces quatre parties canoniques en prenant deux points de

comparaison : d’une part un manuscrit munichois anonyme de contenu semblable probablement de Nicolas lui-même (voir plus bas le sous-point « 1.1.1 Un manuscrit munichois »), d’autre part les Notulae super « Peryermenias » professées vers 1240 par Robert Kilwardby8, un autre logicien et maître ès arts de l’Université de Paris de la même

période9.

1.1 La division et la complétude

La première partie d’une leçon est la divisio, mais dans les Notulae super

« Peryermenias » Kilwardby parle par ailleurs d’une sufficientia, qui ne peut pas tout à fait

correspondre à la divisio des textes du Vatican et de Munich puisque dans la troisième leçon

5 Ibid., p. 44. 6 Ibid., p. 42.

7 Sur le commentaire médiéval sous la forme de lectiones, cf. S. EBBESEN, « The Theory of loci in

Antiquity and the Middle Ages », dans K. JACOBI (éd.), Argumentationstheorie. Scholastische

Forschungen zu den logischen und semantischen Regeln korrekten Folgerns, Leiden, coll. « Studien

und Texte zur Geistesgeschichte des Mittelalters », 38, 1993, p. 60-79.

8 Pour les Notulae super « Peryermenias » de Kilwardby, j’ai consulté l’édition non publiée de

O. Lewry (1987†) mise à ma disposition par mon directeur de thèse Claude Lafleur en format PDF. D’après J. F. SILVA, « Robert Kilwardby », The Stanford Encyclopedia of Philosophy (Winter 2016 Edition), https://plato.stanford.edu/archives/win2016/entries/robert-kilwardby/, consulté le 25 janvier 2018, Alessandro D. Conti prépare actuellement une édition des Notule super librum

Peryermenias et des Notulae super librum Porphyrii.

9 Pour plus d’informations biographiques et documentaires, cf. O. WEIJERS, « Répertoire des noms

commençant par K », Le travail intellectuel à la Faculté des arts de Paris : Textes et maîtres (ca.

1200-1500), Brepols, Turnhout, 8, 2010, p. 198-216 ; cf. H. LAGERLUND et P. THOM, « Introduction : The Life and Philosophical Works of Robert Kilwardby », dans H. LAGERLUND et P. THOM (éds), A

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l’auteur parle de la « suffisance de la division déjà donnée »10. Kilwardby précise souvent

l’objet de la sufficientia : « suffisance de ces <parties> énumérées dans le proème », « suffisance quant à cette partie qui reçoit les <éléments> qui définissent le nom et le verbe », « suffisance quant à la partie qui a été déterminée au sujet du nom »11. La sufficientia est la

« suffisance » des parties divisées du texte au sens de leur pertinence, de leur nécessité, de la nécessité de leur nombre. Dans la deuxième leçon, par exemple, l’une des deux parties d’une division semble superflue, mais Kilwardby ajoute la justification suivante : « bien que la seconde <partie> serait suffisante (sufficeret) sans la première, cependant les deux sont plus satisfaisantes ensemble (plus… sufficiunt) »12. Dans les Rationes super libro

« Peryarmenias » de Nicolas, le terme ‘sufficientia’ apparaît à trois reprises, chaque fois avec

le même sens, sans toutefois désigner comme dans le commentaire de Kilwardby une partie de la lectio. Le terme apparaît une première fois dans la deuxième leçon à l’occasion d’une question sur la « sufficientia de ces signes » que sont la pensée (intellectus), l’expression vocale (vox) et le mot écrit (littera). La réponse est que « les trois sont pertinents pour que la doctrine se fasse »13. Le terme apparaît deux autres fois dans la huitième leçon dans une

réponse sur « la sufficientia de ces espèces d’opposition qui sont déterminées dans le livre des Prédicaments » et sur la sufficientia de l’opposition posée dans le traité De

l’interprétation14. La question était de savoir « comment l’auteur détermine ici de

l’opposition et comment <il le fait> dans le livre des Prédicaments »15. Dans chaque cas, la

sufficientia est la justification du nombre des membres dans une division. Kilwardby parle

10 Cf. ROBERT KILWARDBY, Remarques sur le « Peryermenias » (Notulae super « Peryermenias »),

éd. O. Lewry, édition non publiée, leçon 3, § 4, p. 30, l. 19-20 : « et ex dictis patet sufficientia iam date diuisionis ».

11 Ibid., leçon 1, § 2, p. 11, l. 11-12 : « sufficientia eorum que enumerantur in prohemio » ; leçon 2,

§ 9, p. 19, l. 11-12 : « sufficientia quantum ad partem illam que recipit per diuisionem diffinientia nomen et uerbum » ; leçon 3, § 10, p. 33, l. 13-14 : « sufficientia quantum ad partem que determinatur de nomine ».

12 Ibid., leçon 2, § 3, p. 16, l. 17 : « quamuis sufficeret secunda sine prima, magis tamen sufficiunt

ambe ».

13 NICOLAS DE PARIS, Explications sur le livre « Peryarmenias » (Rationes super libro

« Peryarmenias ») (= V), éd. VACHON, leçon 2, § 27 : « ut fiat doctrina tria pertinent ».

14 Ibid., leçon 8, réponse 2, § 18 : « Sufficientia […] istarum specierum oppositionis que

determinantur in libro Predicamentorum est hec », etc. ; idem : « Oppositionis autem istius que in hoc libro ponitur hec est sufficientia, quia », etc.

15 Ibid., leçon 8, question 2, § 14 : « quomodo auctor hic determinauit de oppositione et quomodo in

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donc sans doute de sufficientia au lieu de divisio du fait que la nécessité d’une division devrait être exposée en même temps que la division.

1.2 La sentence et la contenance

La continentia de Kilwardby, pour sa part absente du vocabulaire de Nicolas, correspond sans doute à la sententia en tant qu’exposé du « contenu » du texte. Les parties correspondantes dans le texte des deux auteurs se ressemblent par la forme, quoique celle de Kilwardby soit souvent plus longue, mais la sententia des Rationes inclut en outre une exposition littéraire (expositio litteralis), c’est-à-dire une paraphrase littérale du texte, qui suit la sententia proprement dite. Dans la seconde leçon, par exemple, Nicolas résume le sens d’une phrase d’Aristote (De inter., 1, 16a9-11) en ces termes : « À ce moment, l’auteur continue en poursuivant le troisième membre, et il dit que, tout comme dans l’intellection sur les <réalités> qui sont en elle existent <parfois> la vérité, parfois la fausseté, ainsi en est-il aussi dans l’expression vocale, parce que parfois il y a vérité ou fausseté dans l’expression vocale, parfois non »16. Nicolas paraphrase ensuite le texte d’Aristote de la manière suivante :

Il dit donc : “Or il y a’’ ; ‘or’ pour ‘mais’, “comme’’ (ut), pour ‘tout comme’ (sicut), “dans l’âme il y a une intellection parfois sans le vrai ou le faux, mais parfois quandl’un de ces derniers déjà’’, c’est-à-dire la vérité ou la fausseté, “est présent nécessairement, ainsi <en est-il> aussi dans l’expression vocale’’ ; ajoute ‘parce que parfois il y a vérité, parfois fausseté’.17

Trois procédés caractéristiques de la paraphrase sont employés : l’explication d’un mot par un synonyme (‘sicut’ pour ‘ut’, car ce dernier terme peut signifier non seulement ‘comme’ mais aussi ‘pour que’), le renvoi d’un pronom à son antécédent (‘la vérité ou la fausseté’ pour ‘ces derniers’) et l’ajout final d’un complément en continuité avec la phrase paraphrasée. De ces procédés, le second est présent dans les trois commentaires, mais les

16 Ibid., leçon 2, § 10 : « Modo, prosequitur auctor uenando tertium membrum, et dicit quod, sicut in

intellectu aliquando circa ea que sunt in ipso consistit ueritas, aliquando uero falsitas, sic est etiam in uoce, quia aliquando est in uoce ueritas uel falsitas, aliquando non. »

17 Ibid., leçon 2, § 10 : « Dicit ergo : ‘‘Est autem’’ ; ‘autem’ pro ‘sed’, ‘‘ut’’, pro ‘sicut’, ‘‘in anima

intellectus est aliquando sine uero uel falso, aliquando autem cum iam alterum horum’’, id est ueritas uel falsitas, ‘‘necesse est inesse, sic etiam in uoce’’ ; supple ‘quod aliquando est ueritas aliquando falsitas’. »

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deux autres le sont surtout dans les Rationes. Pour ce passage, par exemple, Kilwardby et l’auteur du texte munichois présentent une sententia plus élaborée18, mais sans paraphrase.

1.3. L’ordre des parties

Pour l’ordo, Kilwardby parle plus précisément de « la raison de l’ordre des parties » (ratio ordinis partium)19 et il traite de cette partie non pas après la continentia (et la division),

mais en même temps qu’elle. Dans le texte de Nicolas et dans le texte anonyme, l’ordo est traité la plupart du temps dans un paragraphe à part, juste après la divisio.20.

1.4 Les questions et les doutes

Comme l’ont souligné H. Hansen et A. M. Mora-Márquez (2011), la principale différence de forme entre le texte du Vatican et le texte munichois anonyme tient à la présentation des questions et des réponses : alors que dans la recension vaticane les questions sont regroupées plus ou moins thématiquement en des séries qui reçoivent successivement leurs réponses — même chose dans le texte de Kilwardby —, dans la recension munichoise une seule série de questions précède toujours une seule série de réponses par leçon21.

De plus, bien que les mêmes expressions soient employées dans les trois textes pour parler des questions et des doutes, des différences peuvent être observées. Dans les trois textes, on se questionne (queritur), mais c’est dans le manuscrit du Vatican que l’on parle de

18 Cf.ANONYME (ouNICOLAS DE PARIS ?),L’appréhension précède tout jugement… (Omne iudicium

praecedit apprehensio…) (= M), édition du texte latin dans H. HANSEN etA.M.MORA-MÁRQUEZ, « Nicholas of Paris on Aristotle’s Perihermeneias 1-3 », Cahiers de l’Institut du Moyen Âge grec et

latin, 80, 2011, leçon 2, p. 24-25 : « Per hoc intendit dicere quod quandoque est intellectus in anima sine vero et sine falso, et tunc intellectus incomplexus, quandoque autem cum vero et falso, et tunc

est complexus, sicut est quaedam vox incomplexa sine vero et falso, quaedam quae significat verum et falsum. Et quoniam vox incomplexa est cuius partes per se nihil significant sumptae, patet quod innuit illam divisionem vocum signicativarum ad placitum : Aliae sunt quarum partes per se sumptae aliquid significant, aliae quarum partes per se sumptae nihil significant ». Cf. KILWARDBY,

Remarques sur le « Peryermenias », éd. LEWRY, leçon 2, § 7, p. 18, l. 9-13 : « intellectus aliquando est sine uero et falso, aliquando cum uero et falso ; et uoces sunt note intellectuum ; ergo et uoces quedam sunt sine uero et falso, et sunt incomplexe, quedam cum uero et falso, et sunt complese. In hac sic procedit : dat maiorem et conclusionem in sua materia, et hoc est, est autem, quemadmodum ».

19 Cf. les références ci-haut à la continentia et à la sufficientia.

20 Voir exceptionnellement NICOLAS DE PARIS, Explications sur le livre « Peryarmenias », éd.

VACHON, leçon 2, § 33-35.

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mettre en doute (dubitare), une seule fois dans les quatre premières leçons22,

comparativement à quinze fois dans le manuscrit munichois pour les mêmes leçons23. Dans

le texte de Kilwardby, on y « doute » à peu près tout le temps, et la première question d’une leçon est appelée la plupart du temps « le premier point de doute » (primum dubitabile)24.

Cependant, Nicolas parle de « doutes »25 autant que de « questions » pour désigner cette

section de la lectio, comme d’ailleurs Kilwardby. Il est possible que ces différences d’appellation traduisent des préférences d’auteur plutôt que des divergences dans la compréhension de cette partie de la lectio, mais il faut remarquer que le texte de Kilwardby avec son penchant marqué pour le vocabulaire du doute est aussi le texte le plus « dialectique » des trois, puisque Kilwardby accompagne souvent les questions et les réponses d’une série d’objections et de réfutations bien étoffées qui prend plus de place que dans les deux autres textes26. Bien entendu, le commentaire de Kilwardby est deux fois plus

long que les deux autres — ce qui suggère que le format des cours n’était pas le même —, mais cette longueur tient justement au traitement des questions (non pas, par exemple, à leur nombre)27.

22 Cf. NICOLASDE PARIS, Explications sur le livre « Peryarmenias », éd. VACHON, leçon 3, § 15

(l’occurrence de ‘dubitatio’ au § 27 de la même leçon ne renvoie pas au questionnement de Nicolas, mais à la réflexion d’Aristote sur le membre de la phrase à expliquer).

23 Cf. ANONYME (ou NICOLAS DE PARIS ?),L’appréhension précède tout jugement… (= M), éd.

HANSEN et MORA-MÁRQUEZ, leçon 1, question 5, p. 18 et question 8, p. 19 ; leçon 2, question 1, p. 26 ; questions 4-7, p. 27 ; question 12, p. 28 ; réponse 4, p. 29 ; leçon 3, question 12, p. 37 ; question 14, p. 38 ; leçon 4, question 1, p. 45 ; question 5, p. 46 ; question 10, p. 47 ; question 11, p. 47.

24 Cf. KILWARDBY, Remarques sur le « Peryermenias », éd. LEWRY, leçon 1, § 3 ; leçon 2, § 10 ;

leçon 3, § 13 ; leçon 4, § 12, etc.

25 Cf. NICOLASDE PARIS, Explications sur le livre « Peryarmenias », éd. VACHON, leçon 4, § 13 :

« Comment il faut comprendre ce <point>, <c’>est dit dans les doutes » (Quomodo hoc sit

intelligendum, dicetur in dubitationibus) ; leçon 4, § 10 : « Et comment il faut comprendre ce <point>,

<cela> se trouve dans les questions » (Et quomodo hoc sit intelligendum, habetur in questionibus).

26 Pour les Explications sur le livre « Peryarmenias », cf. notamment H. A. G. BRAAKHUIS, « The

Chapter on the Liber Peryarmenias of the Ripoll Student's Guide. A Comparison with Contemporary Commentaries », dans C.LAFLEUR etJ.CARRIER (éds), L’enseignement de la philosophie au XIIIe

siècle, Turnhout, Brepols, 1997, p. 305-306.

27 Voici pour les quatre premières leçons le nombre de questions dans chacun des trois textes

(V/M/Notulae) : 9/9/19 pour la première leçon avec le proème ; 9/12/8 pour la deuxième leçon ; 14/15/16 pour la troisième leçon ; 16/12/14 pour la quatrième leçon. L’écart pour la première leçon s’explique par le fait que dans le texte de Kilwardby le proème constitue en fait à lui seul une lectio à part avec ses propres questions.

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Pour l’essentiel, la visée des trois textes est la même : la connaissance complète et approfondie du traité De l’interprétation d’Aristote selon la méthode de la lectio. Il est possible, cependant, que les étudiants concernés par ces cours n’aient pas été du même niveau, en l’occurrence que ceux des Notulae super « Peryermenias » aient été plus avancés que ceux des Rationes super libro « Peryarmenias ». La longueur du texte de Kilwardby et sa méthode plus dialectique par objections et réfutations peuvent le suggérer. À l’inverse, la place importante de la paraphrase dans le texte de Nicolas et ses préoccupations afférentes à la cohérence du texte28, à la rigueur de l’argumentation d’Aristote29, à l’organisation des

parties30, à la démarche d’Aristote31 — autant de préoccupations formelles d’ordre plus

élémentaire — sont peut-être le signe que les Rationes super libro « Peryarmenias » s’adressent à un auditoire moins avancé dans leur cursus d’études que celui des Notulae super

« Peryermenias ».

28 Cf. par exemple NICOLASDE PARIS, Explications sur le livre « Peryarmenias », éd. VACHON, leçon

3, questions 5-6, § 24-25 ; ibid., leçon 12, question 2, § 20 ; ibid., leçon 14, questions 2-3, § 14-15.

29 Cf. par exemple ibid., leçon 12, question 3, §23 ; ibid., leçon 17, § 6 ; ibid, leçon 18, question 7,

§20 ; ibid., leçon 21, question 5, §30.

30 Cf. par exemple ibid., leçon 1, question 8, § 29 ; ibid., leçon 10, question 4, § 23.

31 Cf. par exemple ibid., leçon 2, question 5, § 22 ; ibid., leçon 16, question 3, § 16 ibid., leçon 19,

(16)

2. Les Rationes super libro « Peryarmenias » et le De interpretatione

Les proèmes des Rationes super libro « Peryarmenias » et de leur alter ego munichois sont structurés de la même manière et présentent à peu près le même contenu doctrinal. Les deux textes s’ouvrent sur l’antériorité de l’appréhension (apprehensio) par rapport au jugement (iudicium) tant du point de vue sensitif qu’intellectif, avec dans chaque texte une référence explicite aux Topiques d’Aristote dans des termes semblables32. Cela dit, le

processus de réception des images (phantasiae) et des formes (species) est plus développé dans le texte munichois, où se trouve par exemple précisé que « les formes reçues dans l’imagination sont offertes à la pensée, et <que> l’intellect les abstrait de la représentation (a

phantasmate) et des conditions matérielles, et ainsi <qu’>elles sont reçues dans l’intellect

possible, <l’intellect> agent <les> illuminant »33.

Dans la suite des deux proèmes, une triple division — selon le vrai appréhendé par la faculté appréhensive ou intellective, selon le vrai qui est complet ou incomplet, selon le vrai dont les principes existent en eux-mêmes ou en autre chose — permet de situer le traité De

l’interprétation par rapport aux Seconds analytiques et aux Topiques.

Dans les deux textes, cette division est suivie d’une présentation du traité De

l’interprétation selon les quatre causes aristotéliciennes — matérielle, formelle, efficiente et

finale. À vrai dire, c’était l’objectif de ce proème que de présenter la cause matérielle, comme l’indique dans les deux textes la conclusion de cette division : « le sujet est donc patent, et la cause matérielle de ce livre, parce qu’<il s’agit de> l’énonciation dans la mesure où elle est la matière éloignée en vue de tout syllogisme probant »34. Les autres parties des deux

32 Cf. d’une part NICOLASDE PARIS, Explications sur le livre « Peryarmenias », éd. VACHON, leçon

1, § 1 : « Qui sentit, quoddam modo iudicat » ; cf. d’autre part ANONYME (ouNICOLAS DE PARIS ?),

L’appréhension précède tout jugement… (= M), éd. HANSEN et MORA-MÁRQUEZ, leçon 1, p. 13, l. 6 : « qui sentit iudicat aliquo modo ».

33 Ibid., leçon 1, p. 13, l. 7-10 : « species receptae in phantasia offeruntur intellectui, et intellectus eas

abstrahit a phantasmate et condicionibus materialibus, et sic recipiuntur in intellectu possibili, illuminante agente ». — Ce renvoi implicite, ou indirect, à la théorie des deux intellects du De anima d’Aristote pourrait indiquer, suivant une suggestion de H. Hansen et A. M. Mora-Márquez, une date de composition plus tardive pour le texte anonyme. Cf. HANSEN et MORA-MÁRQUEZ,2011,p. 8.

34 NICOLAS DE PARIS,Explications sur le livre « Peryarmenias », éd. VACHON, leçon 1, § 7 : « Patet

ergo subiectum, et causa materialis huius libri, quia enuntiatio prout est materia remota ad omnem sillogismum probantem. » Cf. ANONYME (ouNICOLAS DE PARIS ?), L’appréhension précède tout

(17)

proèmes — sur les trois autres causes, sur la partie de la philosophie à laquelle appartient la doctrine de l’énonciation, sur le titre grec du traité aristotélicien, sur la structure d’ensemble du traité et sur l’ordre des parties — sont encore une fois semblables dans les textes du Vatican et de Munich, si ce n’est pour quelques explications qui se trouvent seulement dans le manuscrit munichois, comme celle autour de la cause finale éloignée qu’est la « discipline philosophique » (philosophica disciplina)35. L’auteur du manuscrit anonyme ajoute en effet

qu’« elle est préparée par une matière complète déjà dans la disposition éloignée du syllogisme probant, par l’intermédiaire duquel sera générée la discipline philosophique »36.

Alors que toutes les parties du proème sont les mêmes dans les Notulae super

« Peryermenias » de Kilwardby, bien qu’ordonnées quelque peu différemment et

entrecoupées de questions, c’est un développement sur l’interpretatio qui prend la place de la division du verum présente dans les deux autres textes. Il est remarquable que le terme ‘interpretatio’ ne soit presque pas présent dans les Rationes super libro « Peryarmenias » — trois fois seulement dans les quatorze folios, dont deux fois en « traduisant » le titre grec du traité d’Aristote37 — et qu’il le soit seulement un peu plus dans le manuscrit munichois38.

jugement… (= M), éd. HANSEN et MORA-MÁRQUEZ, leçon 1, p. 15, l. 8-9 : « et c’est l’énonciation ou interprétation la cause matérielle de cette doctrine » (Et est enuntiatio sive interpretatio causa

materialis huius doctrinae).

35 Cf. NICOLAS DE PARIS,Explications sur le livre « Peryarmenias », éd. VACHON, leçon 1, § 7 ;

ANONYME (ouNICOLAS DE PARIS ?),L’appréhension précède tout jugement… (= M), éd. HANSEN et MORA-MÁRQUEZ, leçon 1, p. 15, l. 15-20.

36 Ibid., leçon 1, p. 15, l. 17-19 : « praeparatur enim materia completa adhuc in remota dispositione

syllogismi probantis, mediante quo generabitur disciplina philosophica ».

37 Cf. NICOLAS DE PARIS,Explications sur le livre « Peryarmenias », éd. VACHON, leçon 1, § 9 : « on

dit ‘Peryarmenias’ d’après la préposition grecque ‘peri’, qui est <la même chose que> ‘relatif à’, et ‘armenias’, qui est la même chose que ‘interprétation’ ; d’où <il suit qu’>on dit ‘Peri hermeneias’, comme si <on disait> ‘le livre relatif à l’interprétation’ » (et dicitur ‘Peryarmenias’ a ‘peri’ greca

prepositione, quod est ‘de’, et ‘armenias’, quod idem est quod ‘interpretacionis’ ; unde ‘Peryarmenias’ dicitur quasi ‘liber de interpretacione’). La troisième occurrence se trouve dans la

seizième leçon dans un contexte où il aurait pu être question tout autant d’« énonciation ».

38 Dans le manuscrit anonyme, le terme interpretatio est plus courant, mais enuntiatio l’accompagne

la plupart du temps. Cf. par exemple ANONYME (ouNICOLAS DE PARIS ?),L’appréhension précède

tout jugement… (= M), leçon 1, p. 15, l. 1-2 : « il est signifié par l’interprétation ou énonciation »

(significatur per interpretationem vel per enuntiationem) ; p. 15, l. 8 : « l’énonciation ou interprétation » (enuntiatio sive interpretatio).

(18)

Qu’est-ce que pourtant l’« interprétation » ? Quelle est la différence, s’il en est une, entre l’« interprétation » et l’« énonciation » ?

Suivant la définition boécienne de l’expression vocale (vox), Kilwardby affirme qu’« est dite ‘interprétation’ l’expression vocale proférée avec l’imagination du signifier (ymaginatione significandi) »39. Kilwardby précise que l’interpretatio est plus qu’une

expression signifiante, mais une expression accompagnée d’une « imagination du signifier, parce que <c’est> signifier de manière vraie en présupposant de manière décente et congrue »40. La « vérité » de la signification doit être comprise en conjonction avec une

représentation donnée : l’interpretatio n’est pas un énoncé désincarné, détaché de tout contexte, mais l’expression orale d’un locuteur accompagnée d’une représentation mentale. C’est aussi cette compréhension de l’interpretatio qui se laisse dégager du texte anonyme lorsqu’il est dit dans le prologue que « l’énonciation est appelée ‘interprétation’ parce que c’est au moyen d’une énonciation que nous nous faisons les interprètes (interpretamur), pour les autres, de ce qui est pensé dans <notre> âme »41. L’interpretatio est en quelque sorte la

« traduction » de notre intérieur vers l’extérieur, l’« expression » de nos pensées dans un contexte de communication42.

39 KILWARDBY, Remarques sur le « Peryermenias », éd. LEWRY, proème, § 1, p. 1, l. 11-12 : « dicitur

‘interpretatio’ uox prolata cum ymaginatione significandi ». — Cf. BOÈCE, Second commentaire sur

le Peri hermeneias (Commentarii in librum Aristotelis Περὶ ἑρμηνείας [secunda editio]), édition du

texte latin dans BOETHIUS,Anicii Manlii Seuerini Boetii Commentarii in librum Aristotelis Peri

hermeneias recensuit C. Meiser (secunda editio), éd. C. MEISER, Lipsiae, Teubner, 1880 (repr. Garland Publishing, New York et Londres, 1987, 1, p. 4, l. 26-28 : « il peut y avoir aussi cette définition de l’expression vocale, puisque nous disons qu’elle est un son avec quelque représentation d’un signifier » (illa quoque potest esse definitio vocis, ut eam dicamus sonum esse cum quadam

imaginatione significandi).

40 Cf. KILWARDBY, Remarques sur le « Peryermenias », éd. LEWRY, proème, § 1, p. 1, l. 15-16 :

« ‘Ymaginatio’ enim ‘significandi’ aliquid addit supra ‘significare’, quia uere significare presupponendo decenter et congrue ».

41 ANONYME (ouNICOLAS DE PARIS ?),L’appréhension précède tout jugement… (= M), éd. HANSEN

et MORA-MÁRQUEZ, leçon 1, p. 16, l. 3-4 : « Enuntiatio autem dicitur interpretatio, quia mediante enuntiatione interpretamur aliis quod conceptum est in anima ».

42 C'est d’ailleurs le sens de l’ἑρμηνεία au sein du corpus aristotélicien dans tous les passages relevés

par P. AUBENQUE,« Sens et unité du traité aristotélicien De l’interprétation », dans S. HUSSON (éd.),

Interpréter le De Interpretatione, Paris, Vrin, 2009, p. 39-41. Cela dit, la nuance d’une « traduction »

qui serait « inévitablement interprétation et, en particulier, d’un message obscur ou ambigu pour le récepteur dans une langue plus claire pour lui, avec le risque insupprimable de la mécompréhension, voire du contresens » (p. 39) n’est nulle part présente dans l’œuvre d’Aristote. — Cf. plutôt T.

(19)

Cette perspective « communicationnelle » des penseurs médiévaux a déjà été suggérée par les auteurs de History of Philosophy in Reverse. Reading Aristotle through the Lenses of

Scholars from the Twelfth to the Sixteenth Centuries43 au sujet même des Rationes super

libro « Peryarmenias » et de la recension munichoise, mais à partir d’un autre passage. Dans

la deuxième leçon, Nicolas s’interroge sur la complétude ou exhaustivité (sufficientia) de la série à trois termes intellectus-vox-littera44. Il répond que ces trois « signes » sont requis pour

que la science se fasse : « pour savoir, l’intellection passible suffirait, mais pour enseigner la science, l’expression vocale est exigée, parce que la science ne peut pas être enseignée sans l’expression vocale ; or pour que les sages puissent retenir, le mot écrit est exigé, <mot> que le disciple doit nécessairement avoir afin de noter par lui <ce> qui a été dit par le maître »45.

C’est donc dans la perspective de la transmission du savoir que Nicolas situerait l’interpretatio46. Cette suggestion me semble confirmée par un autre texte de Nicolas, la

SHEEHAN, « Hermeneia and Apophansis : The early Heidegger on Aristotle », dans F. VOLPI et autres,

Heidegger et l’idée de la phénoménologie, Dordrecht, Kluwer, 1988, p. 71 : « Generically it means

expression, manifestation, or communication (semainein). In increasingly determinate specification it can then mean : verbal semainein, called lexis or dialectos ; and declarative verbal semainein, called

apophansis or logos apophantikos. »

43 Cf. S. EBBESEN et autres, History of Philosophy in Reverse. Reading Aristotle through the Lenses

of Scholars from the Twelfth to the Sixteenth Centuries, Copenhague, The Royal Danish Academy of

Sciences and Letters, Scientia Danica. Series H. Humanistica 8, vol. 7, 2014, p. 139 : « un contexte communicationnel » (a communicational setting).

44 Cf. NICOLAS DE PARIS,Explications sur le livre « Peryarmenias », éd. VACHON, leçon 2, § 27 :

« De même, on demande <ce qu’il en est> de la suffisance de ces signes, parce que là <l’auteur> pose trois signes : un qui est signe et non sign<ifi>é, un second qui est sign<ifi>é et signe, un troisième qui est sign<ifi>é et non signe » (Item, queritur <de> sufficientia istorum signorum, quia ibi ponit

tria signa : unum quod est signum et non signatum, secundum quod est signatum et signum, tertium quod est signatum et non signum). Cf. ANONYME (ouNICOLAS DE PARIS ?),L’appréhension précède

tout jugement… (= M), éd. HANSEN et MORA-MÁRQUEZ, leçon 2, question 7, p. 27, l. 17-22.

45 NICOLAS DE PARIS,Explications sur le livre « Peryarmenias », éd. VACHON, leçon 2, § 29 : « ad

scire, sufficeret passibilis intellectus, sed ad docere scientiam exigitur uox, quia scientia doceri non potest sine uoce ; ut autem possint docta retineri, exigitur littera, quam necesse habet discipulus ut, per eam, notet que dicuntur a magistro ». Cf. ANONYME (ouNICOLAS DE PARIS ?),L’appréhension précède tout jugement… (= M), éd. HANSEN et MORA-MÁRQUEZ, leçon 2, réponse 7, p. 30, l. 10 – p. 31, l. 7.

46 Cf. EBBESEN et autres, 2014, p. 139 : « Nicholas is then strongly suggesting that the underlying

intention of introducing the triad littera-vox-intellectus in the first chapter of De interpretatione is to explain the mechanisms of the effective communication and perpetuation of a given thought. »

(20)

Philosophia47. Dans cette introduction à la philosophie, Nicolas justifie la nécessité d’une

philosophie rationnelle qui porte sur le langage (une « logique ») à partir du fait que « le sage engendre la doctrine en autrui par l’intermédiaire du langage » et que « la tâche du sage est de ne pas mentir au sujet de ce qu’il sait, mais de dire vrai »48.

Cette compréhension « communicationnelle » de l’interpretatio est-elle fidèle au projet d’Aristote dans le De interpretatione ? Difficile à dire puisqu’il n’est fait mention nulle part de l’« interprétation » (ἑρμηνεία, interpretatio) dans le De interpretatione. Au début du traité, Aristote annonce qu’« il faut d’abord poser ce qu’est (τί) le nom et ce qu’est le verbe, ensuite ce qu’est la négation (ἀπόφασις), l’affirmation (κατάφασις), la déclaration apophantique (ἀπόφανσις) et le discours (λόγος) »49. Un peu plus loin, il précise que « c’est

le <discours> apophantique (ἀποφαντικὸς) qui relève de la présente étude (τῆς νῦν θεωρίας) »50. Or d’après C. W. A. Whitaker (1996) le traité serait tourné tout entier vers la

dialectique, puisque les chapitres 7-14 concernent en fait les « paires d’énoncés contradictoires »51, sur lesquelles reposent « l’interrogation dialectique » (ἡ ἐρώτησις ἡ

διαλεκτικὴ) et la confrontation des points de vue52. Les six premiers chapitres qui portent

justement sur la déclaration apophantique, ses parties et ses espèces ne feraient qu’introduire ces autres huit chapitres consacrés à la contrariété des énoncés et à la contradiction.

47 Pourtant le texte n’est pas mentionné dans History of Philosophy in Reverse. Reading Aristotle

through the Lenses of Scholars from the Twelfth to the Sixteenth Centuries. Il est absent de leur

bibliographie (cf. ibid., p. 201).

48 NICOLAS DE PARIS, Philosophie (Philosophia), édition du texte latin dans C. LAFLEUR et J.

CARRIER (éds), L’enseignement de la philosophie au XIIIe siècle, « Philosophia magistri Nicolai Parisiensis », éd. C. LAFLEUR avec la collaboration de J. CARRIER,Turnhout, Brepols, 1997, § 28, p. 459 : « Sapiens autem generat doctrinam in alio mediante sermone. […] ‘<O>pus sapientis sit non mentiri de quibus nouit’ sed dicere uerum ».

49 ARISTOTE, De l’interprétation (Περὶ ἑρμηνείας), édition du texte grec dans Ἀριστοτέλης,

Aristotelis categoriae et liber de interpretatione, éd. L. MINIO-PALUELLO, Oxford, Clarendon Press, 1949 (repr. 1966) (d’après la pagination de l’édition de Aristotelis Opera ex recensione Immanuelis

Bekkeri edidit Academia Regia Borussica, éd. I. BEKKER, Berlin, Reimer, 1831 [editio altera quam curauit O. Gigon, Berlin, de Gruyter, 1960], t. I, col. 16a1-24b9), 1, col. 16a1-2.

50 ARISTOTE, De l’interprétation, 4, éd. BEKKER, 17a6-7.

51 Cf. WHITAKER, Aristotle’s De Interpretatione. Contradiction and Dialectic, Oxford, Clarendon

Press, Oxford Aristotle Studies, 1996, p. 7 : « ‘On the Contradictory Pair’ (περὶ ἀντιφάσεως) would be the most obvious title to express the true subject of the treatise. »

52 ARISTOTE, De l’interprétation, 11, éd. BEKKER, 20b22-6. Cf. également ibid., 10, 20a23-30, des

(21)

Est-ce ainsi que le De interpretatione a été compris par les auteurs des Rationes super

libro « Peryarmenias » et des Notulae super « Peryermenias » ? Difficile que ce soit le cas

si le De interpretatione est ordonné, comme il l’est traditionnellement, à la syllogistique en général. Or il ne fait aucun doute que Nicolas et Kilwardby ont tendance à comprendre le traité dans cette optique53. Les deux reconnaissent néanmoins la place de l’opposition tout au

long du De interpretatione et cherchent par conséquent à en rendre compte. Dans la première

lectio du texte de Nicolas, la quatrième question porte justement sur le fait que le prologue

du traité aristotélicien « n’aura <rien> avancé relativement à l’opposition, quoique cependant <l’auteur la> poursuive dans le développement »54. Nicolas répond que le prologue incluait

ce thème de manière implicite55. Dans le cas de Kilwardby, la thèse de Whitaker s’y trouve

affirmée en toutes lettres. Kilwardby affirme en effet que « ce qui est interrogé premièrement et par soi au sujet de l’énonciation », dans le De interpretatione, « c’est l’opposition »56.

Kilwardby est donc bien conscient que le traité est tourné vers les paires de propositions opposées et contradictoires. Il précise même que l’« utilité » (utilitas) du De interpretatione « pour les autres sciences » tient à ce qu’il enseigne « à prendre correctement la négation opposée d’une affirmation donnée »57, une habileté essentielle à la pratique dialectique. Sans

53 Cf. par exemple KILWARDBY, Remarques sur le « Peryermenias », éd. LEWRY, proème, § 16, p. 5,

l. 12-18 : « ici la visée <de ce traité> est relative à l’énonciation en tant que le syllogisme se fait à partir d’elle » (hic est intentio de enuntiatione quatenus ex ea fiat sillogismus) ; proème, § 19, p. 6, l. 8-12 : « l’art relatif à l’énonciation n’est utile que grâce au syllogisme » (ars de enuntiatione non

est utilis nisi gratia sillogismi).

54 NICOLAS DE PARIS,Explications sur le livre « Peryarmenias », éd. VACHON, leçon 1, § 20 : « De

même, on demande pourquoi dans le proème il n’aura <rien> avancé relativement à l’opposition, quoique cependant il <la> poursuive dans le développement » (Item, queritur quare in proemio non

proposuerit de oppositione, cum tamen in executione prosequatur).

55 Ibid., leçon 1, § 23 : « Au second <point>, <il faut dire> qu’il a assez posé l’opposition dans sa

cause, à savoir la cause qu’il a posée dans le proème, à savoir le discours, parce que l’opposition est une propriété (passio) de l’énonciation ou du discours » (Ad secundum, quod satis posuit

oppositionem in sua causa, quam scilicet causam posuit in prohemio, scilicet orationem, quia oppositio est passio enuntiationis uel orationis).

56 KILWARDBY, Remarques sur le « Peryermenias », éd. LEWRY, proème, § 11, p. 4, l. 15-16 : « quod

enim primo et per se queritur circa enuntiationem est oppositio ». Cf. aussi ibid., leçon 1, § 16, p. 13, l. 17-19 ; et leçon 1, § 21, p. 14, l. 18-19.

57 Cf. ibid., proème, § 11, p. 4, l. 13-14 : « Patet etiam huius utilitas ad alias scientias, cum in hac

(22)

orienter le traité dans son ensemble vers la dialectique, Kilwardby parle de temps à autre du dialecticien (dialecticus), là où Nicolas parle plutôt du logicien (logicus)58.

L’originalité de ces trois textes — les Notulae super « Peryermenias », les Rationes

super libro « Peryarmenias » et le texte du manuscrit munichois — et même l’« avantage »

de ces commentaires « sur les commentateurs d’aujourd’hui quand ils abordent les idées linguistiques d’Aristote »59 — tient sans doute à ce qu’ils s’inscrivent — et inscrivent le De

interpretatione — dans une tradition d’enseignement oral et de pratique dialectique, comme

le montre leur compréhension de l’interpretatio. Dans ce contexte culturel, l’utilité du traité aristotélicien sur l’opposition dans les énoncés apparaît avec plus d’évidence : après tout, c’est dans un contexte de dispute dialectique (in disputatione dialectica) que le logicien se sert de l’énonciation60.

58 Cf. par exemple ibid., leçon 1, § 5, p. 12, l. 2.

59 EBBESEN et autres, 2014, p. 140 : « <the> advantage over present-day interpreters when

approaching the linguistic ideas that Aristotle deployed in his De interpretatione ».

(23)

Première partie. Édition latine et traduction française

annotées des Rationes super libro « Peryarmenias »

1. Introduction à l’édition latine annotée

1.1 Le manuscrit du Vatican

V = ms. Vatican, Biblioteca Apostolica, Vat. lat. 3011, 21vb-34vb.

Pour autant que l’on puisse en juger par les renvois à « la leçon d’hier »61, le contenu

du manuscrit dédié aux explications sur le livre De l’interprétation est basé sur les notes d’un étudiant qui aurait assisté à l’enseignement oral de Nicolas de Paris sur le De interpretatione d’Aristote62. Cela dit, je n’ai pas été en mesure d’établir à quel moment le morceau

correspondant aux Rationes super libro « Peryarmenias » a été copié. On remarque qu’au moins deux copistes sont intervenus, le second ajoutant de courtes notes au-dessus des lignes, des développements plus élaborés dans les marges et parfois de plus longs encore dans le haut d’un folio (on retrouve ces trois types d’ajout au folio 28r, par exemple).

Pour la présente recherche, j’ai édité et traduit le texte des Rationes super libro

« Peryarmenias » à partir d’une copie du manuscrit du Vatican sur microfilm disponible au

Laboratoire de Philosophie Ancienne et Médiévale (LAPAM) de la Faculté de Philosophie de l’Université Laval et à partir de sa transcription provisoire — utilitaire et précieuse — par Claude Lafleur et Joanne Carrier, transcription que j’ai révisée. Bien que je n’aie pas posé les yeux sur le manuscrit original, j’ai consulté à l’occasion une version numérisée de ce codex depuis DigiVatLib, la bibliothèque virtuelle du Vatican (à l’adresse https ://digi.vatlib.it/view/MSS_Vat.lat.3011).

61 Cf. NICOLAS DE PARIS,Explications sur le livre « Peryarmenias », éd. VACHON, leçon 10, § 16 :

« Relativement à la leçon d’hier, deux <points> restèrent à questionner » (De hesterna lectione,

remanserunt duo querenda) ; leçon 16, § 6 : « ces dernières, […] traitées dans la leçon d’hier » (iste,

[…] in hodierna lectione).

62 Cf. GAUTHIER, 1989, p. 67* : le manuscrit n’est pas basé sur les notes de Nicolas lui-même, mais

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1.1.1 Un manuscrit munichois

M = Munich, Bayerische Staatsbibliothek, Clm. 14460, fol. 62ra–100vb.

Bien que le manuscrit du Vatican soit le seul témoin dont nous disposons, un manuscrit munichois contient ce qui semble être la reportatio d’une autre occurrence du cours de Nicolas de Paris, donné possiblement à un autre semestre avec les variations auxquelles on peut s’attendre pour un cours professé par un même enseignant à des moments différents63.

(Considérant cependant que ce manuscrit munichois demanderait en lui-même un travail d’édition et de traduction semblable à celui que j’ai réalisé pour les Rationes super libro

« Peryarmenias », je me suis limité à étudier les quatre leçons éditées par Hansen et

Mora-Márquez.)

1.2 La division des lectiones

Le manuscrit comprend pour les Rationes super libro « Peryarmenias » vingt-trois leçons et environ 36 000 mots64. Il se termine ex abrupto au début d’une leçon65, sans doute

la dernière (puisqu’elle porte sur le dernier chapitre du traité d’Aristote). J’ai divisé le texte en lectiones d’après les lemmes du texte d’Aristote qui le ponctuent ; le proème a été

63 Pour une étude comparative des quatre premières leçons de ces deux manuscrits, cf. HANSEN et

MORA-MÁRQUEZ,2011,p. 8-9 : « The strong similarities in content between the two commentaries suggest, it seems to us, that they were most probably the product of one and the same person. The differences in formulation and presentation of this shared content, however, as well as the fact that both contain some content that is not found in the other, would seem to suggest that the two commentaries are not two different written records of one and the same course, but rather of two separate courses. If one were to suggest a relative chronology, the use of arabic psychological notions in M and the fact that some of the unique content in this commentary seems to elaborate on some of the common material could suggest that M is the later of the two. We would like to stress again, nonetheless, that such conclusions, being based solely on the first four lectiones, must be taken as preliminary and can only form the starting point of a more thorough investigation. » Cf. EBBESEN, 2014, p. 132 : « Nicholas of Paris’ commentary on De interpretatione has come down to us in two versions, which we shall call the Munich and the Vatican recensions. »

64 Par comparaison, le texte de Kilwardby comprend — en comptant le proème — dix-sept leçons et

environ 61 000 mots. Cf. O. LEWRY,Robert Kilwardby’s Writings on the ‘logica uetus’ Studied with Regard to Their Teaching and Method, Oxford, 1978 (thèse de doctorat inédite), p. 281. Dans

l’édition de Lewry, le proème précède la « première lectio ». Ce dernier est donc deux fois plus long que le premier bien qu’il comporte moins de leçons.

(25)

incorporé à la première leçon. Voici ce qui en résulte. On remarque que les leçons 19 et 20 ont le même lemme, la vingtième leçon reprenant un peu en arrière.

1 21vb-22rb début du premier livre, aucun lemme 2 22rb-22vb « Sunt ergo ea », etc. (De inter., 1, 16a3) 3 22vb-23rb « Nomen est uox » (De inter., 2, 16a19) 4 23rb-24ra « Verbum est », etc. (De inter., 3, 16b6) 5 24ra-24va « Oratio autem », etc. (De inter., 4, 16b26) 6 24va-24vb « Est autem una prima » (De inter., 5, 17a8)

7 24vb-27rb « Quoniam, autem est enuntiare » (De inter., 6, 17a26) 8 27rb-27vb « Quoniam sunt hec quidem » (De inter., 7, 17a38) 9 27vb-28ra « Contrarie uero », etc. (De inter., 7, 17b20) 10 28ra-28va « Manifestum est », etc. (De inter., 7, 17b37)

1 1 28va-29ra « In singularibus et futuris », etc. (De inter., 9, 18a33) 1 2 29ra-29va « At uero, nec quoniam » (De inter., 9, 18b17)

1 3 29va-29vb « Quod si hec possibilia », etc. (De inter., 9, 19a7) 1 4 29vb-30ra début du deuxième livre, aucun lemme

1 5 30ra-30rb « Quando autem », etc. (De inter., 10, 19b19) 16 30rb-30vb « Alie autem » (De inter., 10, 19b37)

17 30vb-31rb « Quoniam uero contraria est affirmatio negationi » (De inter., 10, 20a15)

18 31rb-31va « Ille uero que sunt » (De inter., 10, 20a31)

19 31va-32ra « At uero unum de pluribus » (De inter., 11, 20b12) 20 32ra-32vb « At uero unum », etc. (De inter., 11, 20b12)

21 32vb-33va « His uero », etc. (De inter., 12, 21a34)

22 33va-34vb « Consequentie uero secundum ordinem », etc. (De inter., 13, 22a14)

23 34vb « Utrum autem affirmatio negationi », etc. (De inter., 14, 23a27) Par ailleurs, j’ai divisé chaque leçon d’après les parties canoniques de la lectio en division (divisio), sentence (sententia), ordre (ordo) et questions (questiones).

Enfin, pour des raisons de clarté, j’ai modifié la division des paragraphes (§) de l’édition pour qu’elle corresponde à celle de la traduction française. Le lecteur retrouvera néanmoins le découpage d’origine (¶) que j’ai laissé apparent, avec la pensée que cette division reflète une certaine compréhension des articulations du texte, au moins celle du copiste. Dans le manuscrit, les pieds-de-mouche, dont l’usage est uniforme et constant, servent à introduire ou bien une nouvelle leçon, ou bien une question, ou bien une réponse (cela veut dire que la diuisio, la sententia et l’ordo ne sont pas séparés d’un point de vue typographique). Dans tous les cas, le découpage en alinéa correspond à celui de la traduction.

(26)

1.3 L’orthographe, la ponctuation et l’habillage du texte

L’orthographe d’origine a été conservée pour tous les mots, à commencer par le titre du traité d’Aristote (« Peryarmenias » au lieu du traditionnel « Peri hermeneias »).

Ceci n’inclut pas l’emploi des majuscules dans le manuscrit. Je les ai ajoutées ou retirées en fonction de la traduction française et de leur usage en français (notamment pour les noms propres, les titres d’ouvrages, les mentions de Dieu, etc.).

La ponctuation d’origine n’a pas été respectée non plus considérant qu’elle ne semble pas être employée de manière systématique, du moins selon les usages modernes. À de rares occasions, cependant, et pour des passages difficiles, je me suis appuyé sur la ponctuation latine pour en comprendre la syntaxe. Je me suis permis par ailleurs d’intégrer des parenthèses et des tirets longs pour faciliter la lecture de passages à la syntaxe plus alambiquée.

L’italique a été utilisé pour les passages qui se trouvent soulignés dans le manuscrit latin et pour les titres d’ouvrages (suivant en cela l’usage français). Contrairement à une certaine pratique éditoriale, je n’ai pas « souligné » plus que ce qui se trouve souligné dans le manuscrit, même lorsqu’il s’agit clairement d’une citation en bonne et due forme du traité

De l’interprétation.

Les guillemets français (« … ») ont été employés pour le discours rapporté direct et pour les citations ou les approximations du texte d’Aristote (même si dans ces nombreux cas il s'agit plus d’une paraphrase que d’une citation). Dans la sententia, par exemple, tout ce qui ne fait pas partie d’une explication ou d’un ajout de Nicolas se trouve entre guillemets. Les guillemets anglais simples (‘…’) ont été employés dans une optique métalinguistique, lorsqu’il est question des mots eux-mêmes ou des énonciations. Les guillemets anglais doubles (‘‘…’’) remplacent pour leur part des guillemets qui se trouveraient dans d’autres guillemets.

(27)

1.4 L'apparat des variantes

Comme il n’y a pas d’autres témoins pour ce manuscrit, j’ai corrigé les passages qui me sont apparus fautifs en prenant en compte le contexte et les passages similaires. Les ajouts se trouvent entre chevrons (<…>) et les retranchements se trouvent entre crochets ([…]).

Cela dit, j’ai renvoyé à quelques reprises au manuscrit munichois partiellement édité par Hansen et Mora-Márquez — pour les raisons avancées dans l’introduction — afin d’éclairer les premières leçons des Rationes super libro « Peryarmenias », dans les cas d’une stricte correspondance des contextes. Par exemple, dans la réponse à la septième question de la deuxième leçon, le manuscrit du Vatican parle d’ « intellect » alors que le munichois parle de « passion de l’âme ». Je n’ai consulté que les (quatre) leçons éditées par Hansen et Mora-Márquez. L’apparat des variantes pourra être complété lorsque le reste du manuscrit munichois sera édité.

De plus, j’ai distingué dans cet apparat ce qui relève de la première main (pV) et de la seconde main (sV) du manuscrit (par exemple, un mot raturé est de la première main alors que sa correction est de la seconde). Cela dit, je n’ai pas inclus les développements plus longs (du second copiste ?), lesquels relèvent plus du libre commentaire que de la paraphrase — c’est-à-dire la plupart de ces développements. J’ai intégré cependant toutes les clarifications supralinéaires.

Enfin, j’ai indiqué également les divergences éditoriales de mon travail avec celui de H. Hansen et A. M. Mora-Márquez (2011) pour les quatre premières leçons qu’ils ont éditées du manuscrit du Vatican.

1.5 Sigles

M Munich, Bayerische Staatsbibliothek, Clm. 14460, fol. 62ra–100vb

V Vatican, Biblioteca Apostolica, Vat. lat. 3011, fol. 21vb–34vb [non] j’estime qu’il faut enlever ‘non’

<non> j’estime qu’il faut ajouter ‘non’

app. lect. apparat des leçons (apparatus lectionum)

ed. édition (editio)

om. le manuscrit omet (omissit) tel mot

pV première main de V (prima manus V)

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