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Internet en Afrique Sub-Saharienne : discours, enjeux et perspectives

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UMI

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(2)
(3)

'.

'.

UNIVERSITÉ MCGILL

INTERNET EN AFRIQUE SUB-SAHARŒNNE:

DISCOURS, ENJEUX ET PERSPECTNES

MEMOIRE PRÉsENTÉ

COMME EXIGENCE PARTIEI41.E DE LA MAÎTRISE EN COMMUNICATION

PAR

MAGALI BOISIER

(4)

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(5)

REMERCIEMENTS

Je tiens à adresser mes sincères remerciements à mon directeur de mémoire7

AlainPéricar~ pour m'avoir entbousiasmée7 encouragée7 et guidée à la rédaction de cet

ouvrage. Sanssonaidegénéreuseetcontinue7 sans son soutien critique et le savoir qu'il a

bien voulu ajouter aux diverses étapes de ma rét1exio~je n'aurais pas aujourd'hui l'honneur deprésenterce travail.

Je tiens à adresser ma gratitude à Mme Gertrude Robinso~ professeur au département des études graduées en communications de IUniversité McGi1l7 pour

m'avoir appris à conserver une démarche académique rigoureuse et objective dans mes analyses. Son enseignement et son attentive considération comptent pour beaucoup dans le plaisir que j'ai eu à construire ce mémoire.

Si ce travail estaujourd'hui une réalité7 il faut l'attribuer à mon compagnon de

toutes les heures7 Madenga Le Bouder7 et à une amicale inspiratio~ Nicolas Delerue.

Ensemble, chacun à sa manière7 ils m'ont exprimé leur confiance et leur soutien dans les

instants difficiles. C'est en eux et en leurs solides convictions que j'ai puisé la force de ma réflexion. Je ne pourrais jamais remercier assez le premier pour ses encouragements et l'importante dose de patienœ dont il a fait preuve tout au long de cette entreprise. Quant au secon~ il est généreusement venu à mon aide lorsque la technologie s'est liguée contre moi. Je leur en suis7 àtousde~très reconnaissante.

Finalement je dédie ce travail à mes parents, qui m'ont offert une confiance sans faille et un soutien génére~cette année comme les préœdentes. Ce mémoire est aussi le résultat de leurs conseils: Fais de ton mieux; ne remets pas àdemain ce que tu peux faire le jour même; lorsque l'on veut on peut. respère que ce mémoire prouve la justesse de leur enseignement.

(6)

AVANT-PROPOS

Internet en Afrique Sub&harienne: discours, enjeux et perspectives. «Où es-tu allée chercher un sujet pareil» m'a demandé un ami il Ya quelques semaines. fi est vrai que la problématique estassez novatrice et plutôt spécifique. Ses origines sont pourtant claires et raisonnées.

Pour laconstitution de ce sujet, je suis partie du contexte de l'étude plutôt que de son objet. L'Afrique m'est apparue comme un choix logique pour deux raisons principales. La première, d'ordre personnel, est que les personnes qui me sont les plus chères son~ chaconesà leur manière, proches du continent africain. Sous leur influence, j'ai développé un intérêt certain pour les cultures et les problèmes de l'Afrique noire. Ce penchant s'est transformé en conviction lorsque, dans les aléas de leur carrière professionnelle, mes parents ontété muté au Maliilya deux ans. Ce déménagement m'a pennis de constater la situation de l'Afrique par quelques voyages sur le continent. Ces expériences me permettent aujourd'hui affirmer que l'Afrique occupe unepartimportante de ma vie et de mes centres d'intérêt.

C'est alors tout naturellement que j'ai décidé de concentrer mes études sur un continent qui m'apparaissait de plus en plus familier et que j'ai orienté mes recherches vers les sujets qui me passionnaient. rajouterai, au bénéfice du Dé~ement de communications de McGill, que l'ouverture desprit et l'abnosphère intellectuelle particulièrement stimulante dans laquelle j'ai accompli ma scolarité, ont contribué à orienter mon choix d'analyse. Lorsque je suis arrivée à Montréal, je me suis trouvée plongéedansun environnement culturel bien plus complexe que je ne me l'étais imaginé. Côtoyer non pas une mais plusieurs cultures; dépasser les préjugés et pénétrer les complexes méandresdes mentalités; comprendre en quoi l'histoire~les paramètres socio-économiques et la culture compliquent les comportements de chaque groupe linguistique; confronter enfin différents points de we sans y ajouter mes préjugés personnels, nés eux. aussi d'une éducation particulière; voici les défis que ce nouveau contexte de vie me donnaità surmonter.

(7)

C'estaussi la seconde raisonàl'origine de ce devoir. Je pense qu'en adoptant une démarche critique vis-à-vis des rapports socioculturels, je pourrais construire un environnement intellectuel stimulant qui contnbueraitàremettre en question nombrede

présupposés que l'on tient trop souvent pour vrais et définitifs. Ce devoir est le résultat d'une volonté de regard critique sur les interactions sociales, culturelles et aujourd'hui internationalesqui régissent le monde.

Pour ce quiestdu sujet, Internet, le choix n'est pas si surprenant Lephénomène des nouveHes technologies est une matière d'études particulièrement prisée dans le domaine de la communication car elle ouvre un vaste champ d'analyse aux universitaires avant-gardistes. Ce phénomène très récent soulève, en effet, de très nombreuses et intrigantes questions sur la censure par exemple, mais aussi sur les notions d'espace et d'identité ou encore par rapport aux échanges monétaires. On entend partout que les nouvelles technologies sontàdemain ce que les médias étaient pour le vingtième siècle. Internet!

n

pounait modifier les processus de communication et influer sur les comportements et les interactions sociales. Tous les domaines de la société seraient affectés par ce nouveau processus de communication rai voulu en avoir le cœur net. Le sujet d'Internet ajoutait pour moi un défi au contexte d'analyse que je m'étais fixée.

(8)

TABLE DES MATIÈRES

REMERCIEMENTS

AVANT-PROPOS

TABLE DES MATIÈRES

LISTE DES TABLEAUX ET FIGURES LISTE DES ACRONYMES

RÉsUMÉ

CARTE DE L'AFRIQUE INTRODUCTION

PREMIÈRE PARTIE: CONCEPTS ET CONTEXTES

CHAPITREI:

LORSQUE LE DISCOURS A DU SENS

ii iii v viii lX xi

xii

13 17 18

1.1 A la recherche d'un sens caché 18

1.2 Lediscoursinvisible 20

1.3Le post-structuralismefait ses premierspas 20 1.3.1 Lesensdu discours estdanssasignification 21

1.3.2 L'analyse de discours 23

CHAPITREll:

DÉMARCHE MÉTHODOLOGIQUE

2.1 Aucommencement

2.2 Une composition composite 2.3 Une explorationrisquée CHAPITREm:

DANS LE CONTEXTE DE L'AFRIQUE SUB-SAHARIENNE

3.1 Au Sud duSaIIara ..

3.2 Les nombreux visagesd'une mêmeidentité .

26 26 28 30 33 33 34

(9)

CHAPITREN:

INTERNET OU LA COMMUNICATION DE DEMAIN 37

4.1 Une nébuleuse au nom familier 37

4.2 Il était une fois Internet 37

4.3 Les rouages au cœur du réseau 39

4.3.1 Une nouvelle façonde communiquer 39

4.3.2 Un réseaude réseaux 39

4.3.3 Latour de Babel électronique 42

4.3.4 Internet, le meilleur des services 44

4.4 Internet en Afrique 47

DEUXIÈME PARTIE: L'ANALYSE DE DISCOURS CHAPITREI

INTERNET,. UN MODÈLE DE DÉVELOPPEMENT

51

52

1.1 Les Fortunés et les Miséreux 52

1.2 Une grande liberté d'interprétation '" '" .,. 53 1.2.1 Internet, le miracle électronique '" ,. 54 1.2.2 L'approche coûtlbénéfices '" '" 56

1.3 La théorie de la modernisation '" 57

1.3. 1 Lesystème de communicationà sens unique , .. .. ... 57 1.3.2 Leparadigmede la modernisationetle concept d"empathie 58 1.3.3 Un modèle de développement économique '" '" 59 1.4Lathéorie de la diffùsion de l'innovation '" " 61 1.4. 1 Le processus de communication en deux temps 61 1.4.2Un développementparréseau ... ... ... ... ... ... 62 1.4.3 Une mise en contexte qui n"est qu'une façade '" .. , 63

1.5 «Un sérieux bémol aux beauxespoirs) 6S

1.5.1 L'École Critique 67

1.5.2 Un nouveau modèle de communication? 68

1.6Laconception de développement évolutionniste 69 1.7 Internet et développement '" " , " 72

CHAPITRE II

LA GUERRE DES RÉSEAUX

2.1 Mondialisation oumarginalisation? .

2.1.1 Un dilemme qui n'en estpasun .

2.1.2 Internetà l'origine de l'interdépendance mondiale .

2.1.3 Info-richesetInfo-pauvres .

2.1.4 Une nouvelle économiedel'Information .

77 77 77 78 80 81

(10)

2.1.5LaMondialisationetle Sud .

2.2 L'approche technologiqueetstructurelle ..

2.2.1 Desstratégies discursives d'argumentation . 2.3 Services commerciaux ou infrastructures publiques? . 2.3.1 Privatisation etInternetau meilleurprix .

2.3.2 Protectionnisme ou déréglementation .

2.3.3 Des multinationales auxdentslongues .

2.4 <<En peine mondialisation» .

2.5La dépolitisation du discours .

2.6Internet pour tous ..

2.7Une stratégie d'aide internationale

pour l'introduction d'Internet en Afrique .

2.8 Internet, stratégies et pouvoir .

CHAPITREm

INTERNET AUX FRoNTIÈREs DE L'AUTRE

82 83 85

87

87

89

92 93 95 96 98 99 105 3.1 Bilan et perspectives 105

3.2 Internet: une nouvelle colonisation culturelle 106

3.2.1 Vers une homogénéisationetla création d'une culture

globale . ... .. 106

3.2.2 Une nouvelle fonnededomination culturelle 106

3.3 L'hégémonie de la langue anglaise 108

3.4 Internet libèrel'Afriquedeseschaînes , 111

3.5 Une réappropriation culturelle d'Internet 113

3.6 Internet est une bonne chose pour la conscience nationale 114

3.7Le concept de culture 116

3.8 Les communautésdeparole 120

3.7. 1Des

discours aux

interdiscours 120

3.7.2Internetetla communauté de parole 123

3.8 Les énonciateurs et leurs discours 125

3.8.1 Le discours etl'Autre 125

3.8.2Lavoix de l'Ouest 127

CONCLUSION

ANNEXES:

Liste des textes du corpus Bibliographie

134

139

140

(11)

Tableaux

LISTE DES TABLEAUX ET FIGURES

Différentiation entre énoncé et discours Différentiation entre les services foumis par Internetet les autres réseaux.

Tableau récapitulatif des distinctionsentre

les caractéristiques du téléphone, du courrier électroniqueetdu courrier postal.

22

46

(12)

ACDI AIDAT AISI APC ARPA ARPANET AUPELF BITNET CABECA CIDA

LISTE DES

ACRONYMES

AgencedeCoopération et de Dévelopment International; CANADA.

African Internet Development Action Team; AfRICA Africa'sInformation Society Initiative; AFRICA Association for Progressive Computing; USA

Advanced Reserach Projects Agency, département de la défense américaine.

Advance Research Projects Agency Network; research network; USA

Association des Universités Partiellement ou Entièrement de Langue Française; WORLO.

Because It'5 Tinte to NETwork; cooperative; WORLO. Capacity Building for Electronic CommunicationinAfrica;

AfRICA

f

Canadïan International Development Agency; CANADA

CRDIJIDRC Centre de Recherchepourle Dévelopment International International Development ResearchCenter; WORLO.

DARPA DTN ENSP FAO FrF leAD

Defense Advanced Research Projects Agency DigitalThinkïDgNetwork.

Ecole Nationale Supérieure de Polytechnique; CAMEROON. Food and AgricultureOrpnization; United Nations; WORLO. File TransferProtoeol; INTERNET.

(13)

ISDN Integrated Services Digital Network; INTERNET.

ISP Internet Services Providers; INTERNET.

!TU International Telecommunication Union; WORLO. IT Internationales Télecommunications

NGO/ONG Non Governmental OrganizationlOrganisation Non Gouvernementale; WORLO.

NSFNET National ScienceFOundatiODNETwork: n:search; researeh; USA.

ORSTOM Institut Français de recherche scientifique pour le développement en coopération.

PADIS Pan African Development Information System; ETmOPIA. PIT / PTO Post and Telecommunication Organization; WORLO. RIFNAF Regional Informatrics Network forAfrica; AFRICA. RIO Réseau Intenropical d'Ordinateurs.

ROUSAS Réseaux Ouverts Universitaires au Service de l'Afrique Subsabarienne.

ICAD Imaginer et Construire l'AfriquedeDemain

TCPIIP Transmission Control Protocol/lntemet Protocol; INTERNET. UNECA United Nations Economie Commission for Africa also

known as ECA (Economie Commission for Aftica); AfRICA. UNITAR United Nations Institute for Training And Research; WORLD; USAID United States Agency for International Development; USA USENET USEr's NETwork; cooperative; WORLO.

(14)

RÉsUMÉ

Selon une approche multidisciplinaireàla jonction de la linguistique, de )a sociologie et des études en communication, ce mémoire envisage les enjeux et les rapports socioculturels liésà l'introduction d'Internet en Afrique. fi suppose la

mise en

place d'un discours dominant correspondant davantage aux intérêts des principaux acteurs du développement qu'à la réalisationd'unetransformation sociale durable. Parune approche linguistique fondée sur l'analyse de discours, il énumère l'ensemble des counnts idéologiques et des paradigmes de communication pour le développement auxquels se rattachent les textes ducorpus.fi metenévidence les conflits d'intérêtsetles rapports de force qui sous-tendent les argumentations. n analyse les contextes d'énonciation, les structures d'opinions et les paramètres externes qui influencent les discours afin

d'envisager les directions que pourrait

prendre

Internet dans

son

développement sur le continent africain.

n

s'interroge sur le rôle du langage et sur les conséquences que peut avoir la présence d'un discours occidental dominant dans le débat sur l'introduction d'Internet en Afrique.

Using a multidisciplinary approach drawn from linguistics, sociology and communication studies, this master's tbesis investigates the socio-cultural relationships and the stakes involved in the introduction of Internet in Africa. It hypothesizes on a dominant discourse focused on the interests of the major protagonists ratherthan on the implementation of a sustainable development for Africa. Using a discourse analysis methodology, it outlines the different ideological models and communication for development paradigms concealed in the corpus. It higblights the confliets of interests and thepowerrelationships revealed tbrough the argumentations. It analyses the contexts of utterance, the rbetoric structures and the extemaI parameters involved in the construction of the discourses in order to envision the plausible strategies of development toward wbicb Internet migbt be directed. It finally questions the raie of language and wonders howan occidental discourse might affect the debate for the introduction ofIntemet in Africa.

Mots clés: Internet; Afrique Sub-Sabarienne; Télématiques; Discours; Communication pour leDéveloppement; Développement; Linguistique; Sociétédel'Information; Culture....

(15)

(16)

INTRODUCTION

Comme tous les matins, Fatimaestdéjàli, assise sur le pas de la porte, devant son réchaud en fer blanc. Elle attise les braises d'un revers d'éventail en sirotant le premierthédela journée. Fatima a 38 ans et 4 enfants. EUe ne saitni lire niécrire mais prie cinq fois parjour comme tout musulman pratiquant. Son avenir est là, devant la

vitrine du magasin d'informatique où je passe mes journées. Comme tous les matins, depuis maintenant cinq ans, Fatima venddesblésd'Indeaux passants. Fatima ne saitpas

que, derrière le mur contre lequel eUeest adossée, le Mali vient d'être branché au réseau télématique mondial.

Le développement des télématiques en Atiique s'est effectuée à une vitesse fulgurante. En moins de dix ans, les pays afticains sont passés d'un état de néant en matière de communications technologiques à une complète connexion à Internet. Ce phénomène extrêmement récent n'est pas erx:ore tout à fàit finalisé mais au rythme actuel, l'Afrique devrait être totalement connectée d'ici l'an 2000. Si ce changement technologique imponant semble inévitable à l'heure actuelle, il n'en reste pas moins problématique, si l'on en juge le nombre important de conférences ministérielles, de débats et de documents aux opinions divergentes publiés sur le sujet.

A ma connaissance,aucuneanalyseacadémiquen'a, àce jour, étudié les enjeuxet

implications du développement des nouveUes technologies en Afrique, au niveau des

représentations, c'est-à-dire par le biais des diKOurs.

n

me semble pourtant que c'est par leur intermédiaire que je pourrais le mieux évaluer l'ensembledes paramètres impliqués

dans l'introduction d'Internet sur le continent afiicain. Par l'analyse de discours, je pourrais mettre à jour les logiques d'argumentation des différentes prises de positions. C'est pourquoi en postulant que toute énonciation n'est pas juste la diffusion d'informations mais aussi la production et la volonté de communiquer une opinion, de

façon plus ou moins implicite,à l'interlocuteur, je propose d'analyser en quoi les discours sur l'implantation d'Internet en Afrique reflètent, influencent, etlégitiment les raisons et les structuresderéalisationdece projet.

(17)

Ce faisant, je postule également que toute énonciation ne peut être analysée en dehors de son contexte d'énonciation et que ce dernier influence les propos tenus par

l'énonciateur. Si l'on prend en considération le fait que les précédents moyens de communication ont été introduits en Afrique pour le besoin des classes supérieures et des expatriés plus que pour la population africaine1, je suppose qu'Internet ne fera pas

exception et visera tout d'abord à satisfaire les intérêts des groupes sociaux dominants. Mon hypothèse est donc la suivante: il existe un discours dominant correspondant aux intérêts des principaux interlocuteurs et ce dernier va influencer le développement d'Internet sur le continent africain. Je cherche à démontrer en quoi la communication peut refléter les conflits d'intérêts socio-économiques, politiques et culturels au cœur des changements sociauxtouten les justifiant.

Dans cette optique, il s'est avéré à-propos d'étudier les échanges de point de vue sur le déveloPPement d'Internet en Afrique,à la lumière d'une approche pluridisciplinaire et critique des rapports de pouvoir entre les différents intervenants. Selon un cadre méthodologique linguistique et une base de réflexion fondée sur les études en communication, je compléterai cette analyse de discours par l'évocation des modèles théoriques que l'ethnographie, la sociologie et les études culturelles ont mis à ma disposition. Jepourraiainsi ouvrir la perspective d'analyse vers de nouvelles directions.

Ce mémoire s'inscrit parailleurs dans un cheminement de réflexion à plusieurs niveaux. À un premier niveau, la démarche est synchronique de parle fait qu'il s'agit ici d'une analyse de discours mettant en parallèle les textes du corpus que je me propose d'évaluer. L'objectif premier est alors de répertorier l'ensemble des arguments pour ou contre une opinion donnée.À un second niveau d'analyse, la démarcheestchronologique en raison de la rapide introduction des nouvelles technologies en Afrique. Dans le court laps de temps, huit ans, que couvre le corpus, il semblerait qu'il y ait eu une évolution des problèmesetdes préoccupations. À un troisième niveau, il s'agira aussi de voirdans

quelle optique se situe l'énonciateur. Adopte-t-il un point de vue macro/global ou au contraire une vision microllocale? Finalement, à un quatrième niveau, cette étude vise à définir les processus d'énonciation.

Qui

parle • qui de quoi pour qui, comment et

(18)

récurrentes, les processus rhétoriquesdejustification et le rapport entre l'énonciateur et le ou les interlocuteurs.

Ces quatre niveaux se retrouvent dans les trois grands moments de l'analyse de discours. fi est en effet possible de distinguer trois grands champs de réflexion et de

confrontation quantàl'introduction d'Interneten Afrique.La premièreanalYse les raisons avancées et les justifications apportées à l'introduction d'Internet en Afrique, afin de rattacher les arguments aux courants idéologiques et théoriques qui sous-tendent la logique des discours. <<Internet, une chance pour le Sud'f», «Internet: quel intérêt pour les pays en voie de développement'f»; «Internet sauvera..t·iJ l'Afrique?'» etc.... La question que je serai amenéeàmeposerest de savoir si le butdesarticles estde justifier Internet en vue du développement ou de légitimer le développement d'Internet. Intemet est-il l'objet ou la fin en soi?

Je prolongerai cette question dans le second chapitre, en examinant la manière dont sont envisagés l'introductionetle développementd'Internet sur le continent africain. Il ne s'agit plus ici de s'intéresseràl'objetdes télématiquesnide savoir si Internet est une bonne chose pour l'Afrique mais d'analyser le «comment» de son introduction. Cette seconde frange de réflexion touche essentiellement les dimensions technique et économique, qui sont des paramètres importants de la discussion. Ce chapitre met â jour les conflits d'intérêt à l'origine de certaines prises de positions et de leurs opinions divergentes. Sur le plan de l'énonciation, je répondrai donc ici aux questions des circonstances d'énonciationetdu «pourquoi».

De ce débat fort complexe, j'isolerai pour finir la composante culturelle, centrale à l'analyse, pour déterminer quelles sont les voix dominantes du débat etàqui s'adressent les discours. Cette dernière partie complète la démarche chronologique envisagée plus haut. Elle couvre la dimension la plus récente de la question de l'introduction d'Internet en Afrique: Vers quel avenir s'orientent les télématiques en Afrique? raborderai alorsla

dimension politique et culturelle de cet enjeu en distinguant les «communautés de parole» du corpus. En résumé, je répondrai alors à mon hypothèse de départ: est.ce qu'Internet apporte un renouvellement dans le processus d'utilisation des

communications pour le développement ou chercbe-t-on une nouvelle foisà faire du neuf avec du vieux?

(19)

NOTES

( BourgaultLouise. 1995.MassMedia ins.~Africa,IndianaUniversityPress,BloominBtonand Indianapolis.

2Pascal Fortin,(cInterœt,UDecbaDœpourle Sud».LeMondeDiplomati~IDII'S1996.

J Giffard Anthony.dnternet, quel intérêtpourles pays en voiededéveloppement». L'Interdépendant.

Février 1996.

.. ThierryPell~secréIairepermaneatdelaDéclarationdeBerne(UIOCiatiODsuissepourune développement solidaire), [decladebeme@gn.apc.org1«IDtemetuuvaa-t-i1I'Afiique? ~volet». (http://www.epf1.chlSIClSAIpublieatioaslFI96]

(20)

PREMIÈRE

PARTIE

(21)

CHAPITRE 1

LORSQUE LE DISCOURS A DU SENS

1.1 A la recherche d'un

sens

caché:

Comme je l'ai indiqué dans l'introduction de ce devoir, mon intention est,

non

seulement de relever l'ensemble des points et problèmes soulevés, sur le sujet de l'introduction d'Internet en Afrique, mais aussi de dévoiler les courants idéologiques et les intérêts, soutenantles logiques d'argumentationdesdifférentes prisesde positions. Je postule, en effet, que toute énonciation n'est pas juste la diffusion d'infonnations mais aussi la production et la volonté, plus ou moins volontairel, de la partde l'énonciateur, de communiquer une opinion à un interlocuteur. Ce faisant, je postule que toute énonciation ne peut être analysée en dehors de son contexte d'énonciation et que ce dernier influe sur les propostenus par l'énonciateur.

Je suppose finalement qu'il existe

un

discours dominant correspondant aux intérêts des principaux interlocuteurs et que ce dernier va influencer le développement d'Internet sur le continent africain. Mon objectif est, par conséquent, d'envisager en quoi les discours sur l'implantation d'Internet en Afrique reflètent, influencent, et légitiment les raisons et les structures de réalisation de ce projet. Je me situe, selon cette optique, dans le cadre théorique de l'analyse du discours.

Cette discipline linguistique n'est toutefois pas

un

mouvement de pensée unifonne. Ainsi il faut remarquer que l'analyse de discours possède de larges ramifications sur le plan méthodologique et conceptuel. Selon Dominique Maingueneau2, la linguistique du discours, discipline qui étudie le discours,

désigne aujourd'hui non une discipline qui aurait un objet bien circonscrit mais un ensemble dedisciplines étroitement liées qui, au lieu de replier le

(22)

langage sur l'arbitraire de ses unités et de ses règles, l'appréhende en le rapportant à desancragessociaux, psychologiques, historiques....3

De même, à chaque conception de l'analyse de discours est reliée une interprétationdece que doitêtrele discours:

Le discours est

un

objet théorique dont la définition dépend de l'école de

penséequi l'a formulée.Dudiscours considéré commeunlieu d'actualisation des potentialités de /a langue au discours conçu comme l'articulation de formes linguistiques et de places institutionnelles ou sociales, du discours pris comme facteur d'organisation de l'enchaînementdes énoncés (l'au-delà de la phrase ou dela réplique) à l'étude des genres discursifs représentatifs

d'une époque ou d'une culture donnée, il existe diverses conceptions, qui découlent tout autant de traditions culturellesetscientifiques différentes que de la diversité des positions théoriques rencontrées·.

Toutefois mon intention n'est pas ici d'analyser ces diverses approches conceptuelles. Bien que passionnante, cetteétudenefait paspartie de monprojet. Je me contenterai d'appréhender l'analyse de discours comme une «discipline d'interprétation,

qui peut devenir

un

lieu d'articulation de la linguistique • l'histoire, histoire sociale ou histoire des idées~voire

un

moyen d'investigation de l'idéologie,5» conçue comme

les systèmes socio-cognitifs des représentations mentales socialement partagées qui contrôlent d'autres représentations mentales telles que les attitudes de groupe sociaux (y compris les préjugés) et les modèles mentaux.6

Dans cette perspective, je considère l'analyse de discours, comme une méthode d'exploration des courants idéologiques auxquels sont, àmon avis, rattachés les discours que j'étudie ici. Ma conviction s'appuie néanmoins sur deux courants linguistiques distincts et complémentaires: l'analyse dediscours du post-structuralisme représenté par

le linguiste français, Dominique Maingueneau, et le counmt anglophone de la «critical discourse ana1ysis». De ces deux approches, découle l'ensemble des suppositions quej'ai énoncé plus hautdansce chapitre.

(23)

1.2 Le discours invisible:

Les deux approches linguistiques dont je viens de parler se rejoignent dans la supposition d~un discours sous-jacent dans chaque énonciation et dans la volonté de «déceler l'indécelé dans le texte même~(...)de le rapporterà unautre texte7»~ celui de

ridéologie~conçue comme

un système (possédant sa logique et sa rigueur propre) de représentations

(images~ mytbes~ idées~concepts selon les cas) doué d'une existence et d'un rôle historiquedansune société donnée.8

Tous deux en appeUent donc à une pensée théorique destinée à étudier l'investissement du langage par les processus idéologiques. Il n'en reste pas moins qu'il existe une grande différence dans la perspective qu'ils adoptent Le courant anglophone s'emploie aujourd'huiàjouer un rôle socialcritique~

dans la dénonciation des idéologies rampantes~qui perdurentdans les Etats démocratiquesdéveloppés~commedans les autres,par l'étude des médias ou encore des discours politiques9•

TI aborde les discours selon un prisme soci().politique~par l'étude, par exemple~

de la violence ou du racisme dans les médias, tandis que le post-structuralisme vise plutôt à décrire les fonctionnements discursifs qui révèlent ce second message, et les paramètres externes qui conditionnent les processus d'énonciation. Le post-structuralisme ne cherche pas à interpréter et à porter un jugement sur les courants idéologiques qu'il dévoile.

1.3 Le post-structuralisme fait ses premierspas:

C'est autour du philosophe marxiste Louis Althusser que se sont constitués les premiers noyaux conceptuels du courant linguistique post-structuraliste dans les années 1960. De formation structuraliste mais influencé par la psychologie, Louis Althusser

(24)

soutient que le discours se révèle par des «discontinuités» dans la trame textuelle, par des ruptures susceptibles de montrer son inconsistance radicale. La démarche consiste, pour les pionniers du mouvement post-structuraliste, à décortiquer les articulations d'un énoncé le longde lignes syntaxiques, lexicales ou encore argumentatives. (<A ce niveau, écrit Todorov, ce ne sont pas les évènementsrapportés quicomptent, mais la façon dont le narrateur nous les fait connaître.10» L'analysedediscours se tient donc ici davantage sur le présupposé d'un second senset sur la méthode traditionnelle de l'analyse de texte, selon la démarche structuraliste, que sur l'interprétation socio-politique des significations.

Dans cette première conception du terme de discours, nous pouvons percevoir la présence d'une analogie entre texte et discours, le second étant le premier doué d'une intention. Toutefois Michel Foucault fait vite remarquer que l'analyse de discours n'est

pasl'analyse de texte. Avec la publication, CD1969,del'Archéologie du Savoir, ouvrage

dans lequel il défend moins la quête d'un sens caché que l'existence d'un discours comme dispositif énonciatif et institutionnel, Michel Foucault amorce un changement dans la théorie du post-structuralisme.

DominiqueMaingueneau, résume cette évolution comme suit:

Làoù la démarche analytique de Althusser désarticule le discours, Foucault cherche à articuler les diverses composantes d'un discours appréhendé comme genre du discours associé à un espace social de production et de circulation spécifique.Il

1.3. 1 Le sens du discoursestdanssa signifiaction:

Deces deux influences s'établit une définition du discours élaborée en opposition au concept d'énoncé.

L'énoncé, c'est la suite des phrases émises entre deux blancs sémantiques, deux arrêts de la communication; le discours, c'est l'énoncé considéré du pointdewe du mécanisme discursif qui le conditionne. Ainsi un regard jeté sur un texte du point de vue de sa structuration «CD langue» en fait un

(25)

énoncé; une étude linguistique des conditions de production de ce texte en fera undiscours.12

Selon cette distinction, quej'adopte à la suitedeDominique Mainguenau, il faut comprendre le terme de discours comme un énoncé considéré dans son contexte de production et l'analyse de discours comme l'étude non seulement des marques d'opinion au travers du texte mais aussi des paramêtres externes rattachés à ses conditions d'élaboration. Cette opposition énoncé/discours estaussi expliquée par l'opposition

sens

etsignification.13

Tableau 1.3.1: Différentiation

entre

énoncé et

discours:

sens

usagecourant·consensus

Énoncé + situation de communication

=

Discours

1

spécificité

1

signification

Le sens d'un énoncé est défini en dehors de tout cadre énonciatif: alors que sa signification est référée aux circonstances de communication et aux conditions d'énonciation qui en font un discours. Pour Dominique Maingueneau, <da perspective vise essentiellement des significations construites à partir d'hypothèses et de méthodes fondées sur une théorie de l'articulation du discours sur les conditions socio-historiques.14))

On retrouve ici les principes adoptés par le courant de la «critical discourse analysis)) à la seule distinction que l'intentionalitéde l'énoncé n'est pas aussi clairement reconnue. Néanmoins, àla suitedeces considérations théoriques, on peut considérer que le discours n'est pas une réalité univoque et simple mais une construction volontaire offertedansle cadre précis d'un contexte socio-économique déterminé.

(26)

1.3.2 L'analysededicours:

En partant du concept de discours donné par Dominique Maingueneau, à savoir que le discours est untexte, ou ensemble de textes, émis avec l'intention, volontaire ou non, de produire une significationautreque le sens explicitement perceptible, etque ce discours est produit dans

un

contexte économique, socio-historique précis, qui conditionne ses modalités d'énonciation, on peut alors envisager le discours

en

relation avec le concept de pratique discursive que Foucault définit comme:

un ensemble de règles anonymes, historiques, toujours déterminées dans le temps et l'espace qui ont défini à une époque donnée, et pour une aire

sociale, économique, géographique ou linguistique donnée, les conditions d'exercise de la fonction énonciativeIS.

. Le discours prend alors le sens de «dispersion de textes que leur mode d'inscription historique pennet de définir comme un espace de régularités énonciatives.16))Ona ainsi affaire à destextes dont les unitésdediscours constituent des systèmes signifiants, des énoncés qui relèventà la fois de la sémiotique textuelle et de l'histoire et des conditions sociales qui rendent raison des structures de sens qu'ils déploient.

L'analyse de discours est comprise dans ce sens comme un processus d'analyse plus complexe que la simple étude du langage en contexte. Elle suppose la mise ensemble de plusieurs textes afin de déterminer si ces derniers suivent un modèle précis d'énonciation et si celui-ci est rattaché à un contexte social précis.

A notre seos, l'intérêt qui oriente l'analyse du discours, c'estden'appréhender

ni l'organisation textuelle en elle-même, ni la situation de communication, mais le dispositif d'énonciation qui lie une orpnisatioD textuelle et un lieu social détenninés. Le discoursyest considéré comme activité rapportéeà un genre, comme institution discursive; les lieux n'y sont pas pensés indépendamment des énonciations qu'ils rendent possibles et qui les rendent possibles.17

L'analyse de discours vise donc à un premier niveau «i penser les conditions d'une «énonciabilité) historiquement circonscripbbleI8», c'est·à-dire à établir les

(27)

conditions de production ainsi que lesstructuresdesens mis en avant dans les textes, età un second niveau, elle chercheàcomprendre les relations existantes entre ces textes.

Pour simplifier ces considérations quelque peu techniques mais nécessaires, je pourrais finalement résumer mon approcheà celle adoptée par Tzvetan Todorov:

Face à un texte, on peut chercher avant tout à l'expliquer (par des causes sociales, ou des configurations psychiques, par exemple) ou bien à le comprendre; j'ai opté pour cette seconde voie. Du coup, je vais peu «en amont» des textes, vers ce qui les a fait naître, et beaucoup plus «en aval», puisque je m'interroge non seulement sur leur sens mais aussi sur leurs implications politiques, éthiques, philosophiques. Je postule, en somme, que si quelqu'un a dit quelque chose, ctest (aussi) parce qu'il a voulu le faire: quelles que soient les forces qui aient agi à travers lui, je le tiens pour responsabledeses propos. 19

NOTES

1Laquestion de l'intentionalité du messageest unobjetde polémiquequej'aborderai unpeuplus loindans

ce chapitre.Dest

a

l'origine de divers c:ounnts d'aoaIsye du discours.

2LinguistedanslaügnéedustructuralismeetdeMichelFoucauI~professeurà l'université d'Amienset

auteur denombreuxouvragesdontLesgénè.s • diSCOflTS, 1984;L'analyse • diSCOllTS, 1991.C'est essentiellement selon sa conception du terme dediscoursetson utilisation deladiscipline linguistiquede l'analysede discours que j'envisqeraï mon étude.

3Maingueneau Dominique. 1996. «L'analyse dudisc:ounen France aujourd'hui»,InLediscorns: enjeux et

perspectives, LeFrançaisdansle MondeINuméroS~

Edicet:

p.8

.. Sophie Moirand, «Introduction»lnLediSCOllrs:~"jera ~Ipenpectiw!s,LeFrançaisclansle MondeINuméro Spécial. Ediœt: coordonné par Sophie Moirand,p. 4.

SSophie Moirand, dntroductiQl1» InLediSCOllTs:enjera elperspectives.. LeFrançaisdansle MoodeINuméro Spécial.Edicet:coordonnéparSophie Moirand, p. S.

6TeunA.vanDijk,«Vers l'analyse socio-politiquedudisc:ours», Traduction: PierreOudan..InLe diSCOllrs:

enjeux el perspectives,LeFrançaisdansle MondWNuméro Spécial,Edice(cordonnéparSophie Moirand.. f·28.

AlthusserLouis- 1968_Lire le Copi1Dl.Paris,Maspéro, p. 12

8 Althusser Louis. (s.d.).POlIT Marx,Paris, Maspéro,

r--

ed,p.238.

~gueneauDominique. 1996.«L'analyse ducIisc::ounen Fnnceaujourcl'bui».InLediSCOllTS:~1IjeJaet perspectives,LeFrançaisdansleMondeINuméroSpécial,

Edicet:

p. S

10Todorov Tzvetan.. «Problèmesdel'énonciation»,l.anpga17.. p. 126.

Il Maingueneau Dominique. 1996.«L'analyse du discoursen Franceaujourd'hui» ..InLediSCOllTS:enjera el perspectives..LeFrançaisdansle MonœJNuméroS~

Edieet:

p. 10

(28)

12Guespin.L. Sept. 1971.(M'gaps23.LedisaJlus po/itilflle.p. 10.

13Tableauinspiré duschémade PatrickChareaudeall. 1973. «Réftcxionspourune typologie desdisc:ours».

Eludesdelinguistique appliquie.Septembre,no Il.p. 28.

1.. MaiDgueneau Dominique. 1976. InitiDliOll aIa rtlitJtodu de 1'onaJyse dM diSCOllTS. Paris, Hachette

Université.,p. 13.

15FoucauJtMichel 1969.L'aIdtio/ogie dM Savoir. P.ns,~p. 154

16Maingueneau Dominique. 1914.Genùesdlldis&ows. Liège. Pierre Mardapéditeur, p. S

17MaingueneauDominique. 1996. cL'anaIysc du diJcounen FranceIUjourd'bui». InLedis&ows:enjeux el

perspectives,Le Françaisdansle MondelNuméro Spécial,Ediœt: p. 8

18MaingueneauDominique. 1914.GenèMsdlldiSCOllrs,Li* Pierre Mardapéditeur. p. 7

19Todorov Tzvetan, 1989, NOlIS e' les AlllTes:lAréflexion françoiseSIITladiversité lrflmaine. éditions du

(29)

CHAPITREll

DÉMARCHE MÉlHODOLOGIOUE

2.1 Au commencement... :

Pour cette analyse, j'ai cherché à assembler un corpus aussi diversifié que possible. restime, en eff~que par l'analyse d'un échantillon représentatif de l'ensemble des acteurs participantsà l'introduction d'InternetenAfrique, jepounaiévaluer,defaçon rigoureuse et complète, les différents types de discours ainsi que leur agencement, dans le réseau complexe des

prises

de position. Avec

une

vue très large des opinions exprimées sur la question, il

sera

possible de

mettre

en évidence les argumentations récurrenteset les discours dominants.

Un certain nombre de points de

vue

ont toutefois été délibérément écartés de la sélection. Ainsi, je n'ai inclus ni les discours oraux de tyPe infonnel (conversations téléphoniques ou personnelles) ni les discours télévisés et radiophoniquesdans le corpus car il m'a été difficile de trouver dans ces catégories en Afrique, des textes faisant référence aux télématiques. Internet reste malgré tout un phénomène très restreint sur le continent africain. fi Y a toujours aujourd'hui une grande méoonnaissance de l'existence de cette technologie au sein de la population dans son ensemble, mais aussi parmi les professionnels des milieux de l'informatioD. Les télévisions et les radios africaines, en particulier, ne semblent pas s'y intéresser particulièrement En raison de contraintes externes et pour éviter un déséquilibre dans le traitementdesdonnées, j'ai donc choisi de limiter les sources textuelles aux médiums écrits (textes imprimés) et «semi-écrits» comme Internet, qui propose des textes écrits sur un médium électronique.

Je ne pense pas réduire la valeur de l'analyse que j'entreprends ici, car il est

possible de retrouver un éventail très large d'opinions dans les médias écrits en provenance aussi bien d'Afrique que des paysindustrialisés. De plus, cette limitation du

(30)

corpusà un ensemble de sources écrites ou semi-éerites ne contredit en rien,à mon sens, la volonté d'ouverture dont j'ai fait part au début de ce chapitre. Les supports papieret électronique touchent tous les typesdediscours possibles, du plus vulgarisateur au plus spécialisé. Le médium écrit a, par exemple, l'avantage de pouvoir aborder un sujet plus en profondeur et surtout de ne pas se limiter à la simple diffusion d'information et de

loisirs comme la télévision et la radio. Certes les médias électroniques sont employés pour l'enseignement à distance ou la retransmission des débats parlementaires mais le papier reste le médium de base utilisé pour des tâches professionnelles et administratives, telles que la prise de décisions lors de réunions de travail,. pour des rapports de recherche ou pour des ébauches de documents officiels.

Le sujet d'Internet est enœre une nouveauté. Organisations internationales, gouvernements, indépendants concernés par le développement se penchent actuellement sur le phénomène de l'introduction d'Internet en Afrique. Les opinions sont encore neuves et leurs détendeurs cherchent toutes les formes d'expression possibles pour affirmer leurs convictioDS. Le médium <<papieo) nous propose ainsi des discours aussi variés que les articlesdejournaux, les préfaces de conférences, les adresses publiques ou encore les rappons gouvernementaux.

n

est le moyen de communication idéal pour une analyse diversifiée des points de vue. Les opinions et les contextes d'énonciation changent mais la variable du support d'expression,. elle, reste la même. Le support ne pourra pas interférer avec l'interprétation des énoncés.

Le support Intemet a, pour sa part, l'avantage d'être d'une extrême actualité. D donne accès à des documents non disponibles sur papier, parce que trop récents ou trop distants pour être diffusésà grande échelle. Ce médium, tout comme le support imprimé, est aussi le plus à même de fournir des discours au contenu «officieb), définitif et tangible. Sa très grande facilité d'accès et son caractère décentralisé permettent finalement, àun plus grand DOmbre de particuliers d'exprimer leurs opinions au même titre que les grandes organisations internationales. Cette liberté n'est pas spontanément accordée sur les ondes radiophoniques et télévisées. Intemet a l'avantage d'offiir un éventail plus large d'énonciateurs potentiels.Les médias écritsetsemi«ritssant,à mon avis,à mon sujet d'analyse.

(31)

Je voudrais rappeler, d'autre part, que je ne me situe pas dans un cadre méthodologique visant à couvrir l'ensemble des strates sociales d'une ou de plusieurs communautés. Je cherche avant tout à établir un vaste panorama des tendances et courants de pensée qui sous-tendent les discours relatifs à l'introduction d'Internet en Afrique. Cene étude est plus linguistique qu'elle n'est sociologique. Je ne cherche pas l'exhaustivité mais la synthèse.

2.2 Une composition composite:

Ce corpus très varié se compose de quatre sources principales. J'ai tout d'abord collecté quelques articles de journaux maliens, lors de séjours dans ce pays en 1997, ainsi que tous les journaux occidentaux présents sur place aux mêmes moments. J'ai ajouté à cette première collecte des articles préalablement assemblés par l'organisme PARDOC1dans undossier documentaire intituléInternet. Afrique et Francophonie. J'ai

complété ces données par une recherche approfondie sur Internet qui m'a amené à l'élaboration finale d'un corpus de 69 textes dont je n'ai retenu que 64 énoncés pour l'analyse.

Parmi les 6 textes écartés, 2 textes adressaient bien le sujet d'Internet en Afrique mais leur contexte d'écriture se situait en Afrique du Nord, exclue de notre étude. J'ai également éliminé un article dont la démonstration et les exemples d'introduction d'Internet dans les pays du Tiers Monde étaient basés spécifiquement sur la situation actuelle au Pérou. J'ai rejeté un quatrième texte pour des raisons de plagiat et de pertinence: le document était un condensé motà mot de plusieurs rapports déjà présents dans le corpus. Un autre texte ne s'estpas qualifié pour l'analyse parce qu'il incluait les Antillesdans sa définition de la culture africaineetparcequ'il orientaitladiscussion vers la culture afro-américaine. Finalement j'ai exclu un dernier texte pour son <<manque d'intérêt». Très court, celui-ci énumérait une succession de projets et de noms de peu d'importance pour rapproche discursive qui estadoptéeici.

(32)

Je n'ai comptabilisé qu'une seule fois lestextesrencontrés à plusieurs reprises au cours de la recherche. Cette méthodologie n'a pas été appliquée toutefois aux auteurs récurrents, qui apparaissaient le plus souventdansle même contexte d'écriture mais dont les propos étaient différents. Le corpus se compose de textes publiés entre 1994 et 1998 avec une majorité de discours datant de 1996 et 1997. Cette répartition est compréhensible puisque, d'une ~ nous sommes au tout début de 1998 et que, d'autre

part, en 1994, les textes publiés étaientdes précurseurs du débat qui s'est développépar

lasuite. Lestextesse subdivisent comme suit:

• 23 documents produits pardes organisations internationales, gouvernementales, à but non lucratifetautres.

• 28 Journaux dont 8 journaux «online», 8 journaux spécialisés sur l'Afrique, les questions de développement et l'information, et 12 journaux grand public dont 1 hebdomadaire, 8 mensuels et 3 quotidiens.

• 8 études réalisées par des universités dont quatre recherches effectuées par des africains et présentées dans le cadre du Symposium africain sur les télématiques durant l'été 1997. Deux autres recherches ont été effectuées par des occidentaux. L\me vient de IUniversité de Montréal, du département d'Informatique et de recherche opérationneUe. Elle est datée de janvier 1995. J'ai défini son contenu comme non-africain parce querédigé en Amérique du Nord, mais il semblerait que deux de ses auteurs, DuniaRamapnj etStepbaDe Soteg Some, soientde l'hémisphère Sud. L'autre recherche est produite parlUniversité de Louvain en Belgique mais est publiée sous les auspices de l'Union Internationaledes Télécommunications (ITU)et éditée par la Fondation des TéléœmmunieatioDS pour l'Afrique (TFA) en 1994. Finalement une dernière étude est produite par un africain Edgar Gnansounou, qui

travaille au laboratoire de systèmes énergétiques DGC-EPFL mais qui est, par ailleurs, président d'une association, Imaginer et Construire l'Afrique de Demain

(lCAO).

• J'ai regroupé 4 autres documents sous la rubrique: opinions personnelles et

(33)

un article/rapport sur le symposium destélématiques en Afrique en 1995, réalisé par un journaliste non affilié à un organisme de presse, une colonne exprimant l'opinion d'une journaliste dans le magazine Woyaa African Internet News/etter et finalement

un poème de F.G Barbier-Wiesser comparant Internetetle tam-tam.

• J'ai isolé un document produit par une compagnie commerciale spécialise dans les services en ligne: Africa OnIine (voir listedestextes du corpus)

Lecorpus se composede 31 textes en français et de 32 textes en anglais. Si cette distinction peut sembler équitable au premier abord, il faut toutefois noter quelques contraintes qui pourraient influer sur les résultats del'analyse finale, si elles n'étaientpas

prises en considération.

n

est à noter qu'Internet est avant tout un outil de travail en langue anglaise. Ceci explique la forte prépondérance de textes anglophones dans la panie du corpus obtenue sur Internet. Sur 44 textestirésdeIntem~32 sont anglophones soit la totalité des textes de langue anglaise du corpus. A l'inverse, la plupart desarticles de journaux sont en français car le dossier documentaire et les journaux quotidiens dans lesquels ils ontétécollectés proviennent de plysfrancophones. Cette répartition pourrait avoir une conséquence sur l'analyse finale, dans le cadre d'une distinction entre les discours journalistiques et institutionnels. Certains documents classifiés en une langue étaient aussi disponibles dans l'autre langue.

n

parait logique, néanmoins, que les documents émisparles organisations américaines ou internationales soient en anglais et inversement que les institutions françaises publient dans leur langue. Pour ce qui est des textes produits lors de conférences, ils seront étudiés dans la langue de la conférence, c'est-à-dire dans le cas présent, en anglais.

2.3 Une exploration riSQuée:

Je viens de démontrer que cette disproportion peut entraîner des restrictions potentielles dans le résultat final de mon interprétation. Le fait d'avoir assemblé des documents venant en grande partie d'une même source, àsavoir le document PARDOC,

(34)

est aussi une limitation qui pourrait avoir une conséquence sur l'ensemble de l'analyse. En effet, ces textes ontpuêtre sélectionnésparles auteurs du documentaire en raison de leur contenu. L'introduction du dossier indique d'ailleurs avoir voulu présenter «Une

cenainevitrine francophone sur Intemet etsepencher sur les politiques que dessinenten la matière les acteurs institutionnels de la Francophonie». C'est pourtant dans cet

ensemble que j'aitrouvéles énoncés les plus diversifiés.

En ce qui conœme la méthodologie, par le choix de la diversité, je suis consciented'introduire,en contrepartie, lamise encomparaisondetextes qui nesontpas forcément équivalents au plan du discours. En effet, les documents étudiés ne visent, par exemple, pas tous le même public. Certains, tels que les articles de grands quotidiens, s'adressent à un lectorat peu familier avec les problèmes relatifs à l'utilisation des télécommunications en Afrique. Ce sont des lecteurs peu conscients des enjeux impliqués dans les questions de développement. A l'inverse, quelques textes journalistiques ciblent un public très averti soit par leurs compétences technologiques soitparleur degrédeconnaissance du contexte africain. Dansle mêmesens, les rapports ministériels ne s'adressentpas aux mêmesacteursque lescourriers individuels. Dans le cas présent, tandis que les énonciateurs des discours officiels font partie prenante des processus d'exécution et de planification d'Internet en Afrique, les seconds sont de simples spectateurs de la bataille qui est entrain desejouer.

Certains textes représentent de larges organisations très structurées, mais aussi politiquement impliquées. D'autressontdes discours individuels qu'il faut replacerdans

leur contexte d'énonciation particulier. De plus, il ne fautpasoublier la possibilité d'une diffusion plus massive et plus facile pour les grandes organisations que pour les particuliers. Ainsi, lorsde ma recherchede documents sur Internet, il m'a été beaucoup plus facile d'accéder aux rapports d'organisations teUes que la Banque Mondiale ou Internet Society, par exemple, parce que ces derniers possèdent des sites bien mieux répertoriésetstmeturés que ceuxdeparticuliers anonymes. Les discours individuelssont parfois difficiles d'accès. Ainsi les entrevues de responsables aûicains, situées sur des sites web autonomes, n'étaientJIlS proprement inventoriées sur les enginsde recherche. Quant aux textes collectés sur Internet, certains comportent l'inconvénient de ne pas

(35)

contenir de date d'émission précise oudenom d'auteUT. Dans ce dernier cas, l'adresse de la page et le contenu laissent deviner, mais sans assurance, l'origine de l'énoncé.

La comparaison de ces textes met aussi en parallèle des textes très courts (de quelques paragraphes)àdecompletsetvolumineux projets d'une vingtaine de pages. Les

articles doivent répondre àdes contraintes d'espace au seinde leur journal, qui limitent leurs possibilités d'analyse et d'expression par rapport à un sujet donné. Les grandes organisations ont, à l'inverse, des contraintes budgétaires et politiques qui peuvent fausser le contenu de leurs discours. Les organisations internationales non gouvernementales (ONG) et les autres associations théoriquement détachées de tout agenda politique sont théoriquement plus hbres d'exprimer leurs critiques que les institutions internationales.

Tous néanmoins émettent des opinions et occupent donc une position de même importance dans lecadre de l'analysedediscours. En conséquence, il ne me semblepas

présomptueux d'envisager une étude rigoureuse et complète dans les limites des paramètres que je viens d'énoncer. Je tiens toutefoisà rapPeler qu'en raison du nombre detextes étudiés et de parlafaible représentation de certains supportsd'expressio~cette

étude reste avant tout exploratoire.

NOTES

1 Internet, Afrique et Francophonie. (s.d.). Dossier Documentaire no 12, Programme d'Appui à

(36)

CHAPITRE ID

DANS LE CONTEXTE DE L'AFRIQUE SUB-SAHARIENNE

3.1 AuSudduSalwa:

J'ai limité cette étude à l'Aftïque Sub-Sabarienne qui est la région située en dessous duSahara.Cechoix coïncide avec une volontédeméthodologie rigoureuse. Les pays du Maghreb étant le plus souvent rattachés au bloc de l'Afrique du Nord ou du bassin Méditerranéen, il m'a semblé judicieuxd'utilisercette délimitation géographique comme cadre contextuel de recherche. Je ne me préoccuperai pas des pays tels que le Maroc, la Tunisie, la Libye, l'Algérie, et l'Egypte parce que ces nations sont culturellementet historiquement issuesdecivilisations fort différentes des cultures sub-sahariennes. Séparées par le Sahara au sud et au nord par la mer Méditerranée, les civilisations maghrébines et machrekines se sont plus souvent tournées vers la mer que vers l'enfer brûlant du désert. La côte Nord·Africaine est davantage reliée à la région méditerranéenne qu'elle ne l'est au reste du continent. Al'exception des régions mitoyennes du Sud du Maroc et de l'Algérie, on retrouve de plus grandes similitudes entre les architectures espagnoles et marocaines qu'avec les habitations maliennes. De même, les langues arabes sont plus éloignées des langues africaines que des langues inda<uropéennes1•

Ce choix correspond

aussi'

la classification de facto trouvée dans les textes, où les regroupements des nations en blocs Nord et Sud sont de mise. Ainsi, lorsque les auteurs ne désignent pas la région géosraPhique que j'ai sélectionnée, sous le terme d'Afrique Sub.Saharïenne, ils emploient des termes plus vastes, comme la dénomination de «Sud». Ce nom fait référence àune distinction géographique qui agglomère les pays situés au Sud de l'équateuretduSaharaen un ensemble.

(37)

n

est vrai que de façon générale, le «Suœ) renvoie au concept de pays

sous-développés~ c~est-à-dire aux pays de l'Amérique Latine~ de l'Asie et de l'Afrique~ mais dans les textes, j'ai pu observer que cette dénomination désigne plus précisément l'Afrique noire. Cette partie du monde est en effet considérée, la plupart du temps, comme l'exemple type d'une région en voie de développement. Cette affirmation s'est confinnée, dans mon corpus, par le choix des exemples et par le fait que le terme de <<pays en voie de développement» y est employé de façon interchangeable avec celui d'Afrique Sub-Sabarienne.

3.2 Les nombreux visages d'une même identité:

Pounant Jean Lahisse objecte • l'idée de considérer les sociétés et les civilisations africaines comme un ensemble unifonne2• Selon cet auteur, même au Sud du Sahara, l'Afrique reste un immense continent avec des zones climatiques, économiques et géographiques différentes. Certains pays ont de très grosses réserves

naturelles~d'autres ont peu d'atouts comme la Somalie et leNiger. On trouve des régions de montagnes et de plaines, des pays enclavés et des régions maritimes. Le climat est tropical, semi-tropical, équatorial ou désertique. La moitié de la population zambienne habite en ville, tandis que 94% de la population burundaise vitdans les campagnes3•Le Nigeria compte une population d'environ lOS millions selon la Banque Mondiale mais

des pays plus petits, comme les Seychelles, ne possèdent que 7S 000 citoyens4• Ces

disparités démographiques se doublent souvent, à l'intérieur de chaque pays, de répartitions géographiques clairement délimitées.

n

peut également exister, au sein de chaque société, une grande disparité de niveau de vie. Ainsi la plupart des anciennes colonies compte aujourd'hui une élite minoritaire, riche, urbaine et éduquée, et une large population analphabète, rurale et démunie. Ce continent se divise également le long de lignes historiques7 culturelles~ linguistiques7 religieuses7 sociales et politiques.

(38)

Aujourd'hui la région géopolitique de l'Afrique Sub-Sabarienne comprend une population d'environ 572 millions d'individus et se divise en trois grandes régions linguistiques: les régions ftancophone.. anglophone et lusophone. Ces zones linguistiques recoupent 41 états indépendants résultant d'une division administrative effectuée dans les années 1960'1au sortir d'une longue période de colonisation. Pourtant tous font partie de l'Afrique Noire.

Sans nier les différences internes.. l'Afrique possède des traits culturels propres qui la différenciedesautres grandes aires culturelles: l'Occident, la Chine, 11slam. C'est ce qui a permis à Léa Frobenius de parler de la civilisation africaine.. à Léopold Sedor Senghor de la négritude tandis que naissait récemment le terme d'Afticanitét ensemble original de valeurs.. de

conceptions, de manières d'être et d'agirquiest issu de la longue expérience que de multiples fénérations ont eue de l'identique réalité de la vie sur le continent africain.

Sans forcément adhérer à l'idée d'une spécificité africaine.. il reste raisonnable d'affirmer,qu'au delà des divergenœs.. l'Aftique Noire est un tout ou peutêtreconsidérée comme tel. L'Afrique SuJ).Sabarienne est composée de nations jeunes et créées de toutes pièces après la colonisation et le saut dans l'ère de la modernisation. La majeure partie d'entre elles a dû affronter les mêmes problèmes endémiques de pauvreté extrême.. de manque d'éducation, d'hygiène etdedisette. Après 30 ans d'indépendance politique et de conflits, toutes font face aujourd'hui au même défi: sortir de la dépendance toujours présenteetfaire face aux contraintes imposéesparle nouvel ordre mondial. <<And for the last 30 years.. Aftica bas bad to live with the political and economic inheritance it was

bequeathed5))

Si les

pays

d'Afrique Noire avaient entamé un faible démarrage économique après l'indépendance6, le taux de croissance économique durant ces vingt dernières

années a été dérisoire. La région., très

pauvre,

fait moins de 1% du trafic économique mondial. (<Aftica's annual GDP per capotwas estimated at less tban 500$ in 1996, and annual income per head ranged from Mozambique 80$ 10 Seychelles S6.280.7) Sur les 32 pays classés par la Banque Mondiale comme les <<mOins développés»t 32 sont sub-africains. «Taking inflation and population growth into account, the region's real GDP per caput actuaIly feU by 42.5% ftom 198010 1990.8)

(39)

«Of the world's four major developing area5, Africa South of the Sahara bas the lowest GDPpercaput growth rate, the lowest Iife expectancy (52), the lowest primary scbool enrolment rate (just over one-balf of total eligible scbool-age cbildren), the lowest Iiteracy rate, the smaUest number of children immunized against childhood dîseases» the lowest daily caloric intake and the higbest percentage of people living just onder the international poverty line...(..) The factors UDdcrlying Africa's parlous economic condition cab he broadly catelorïzed eitber as «extemab> and «internai». The major extema1 factors include adverse movements in the terms of trade and declines in foreign aid and foreign investment The

internai factors include poor soils, widely tluctuatiDg and harsh climates, poor human and physical

infrastructure.

rapid urbanizationand population growth, environmental ~OD, inefTective govemment and

inappropriate public policies.I »

NOTES

1Walter Henriette. 1991. «L'aventure des motshnçaisvenusd'ailleurs».Robert Latron! (ed). Paris, 344p. 2Lobisse Jean. 1974.LacotrmnmieatÎon tribale, éditions Universitaires.

3DonaldL.SparIcs. 1997. «EconomietreDds inAfiica South oftheSabara». lnAfrica South oftlte SDhara,

2'fbedition,Europa PublicationsLimitall998,p. Il

.. International Telecommunications Union, World TeiecolDllJUlliçation IndicatorDatabase1996.

5Lobisse Jean. 1974.LaCOItItmmÎCtltion Tribale, éditions Universitaires.

p.13

6 Bourgault Louise. 1995.MtISS Media inSllb-SDhtlranAfriCtl,IndianaUniversityPress,Bloomingtonand

Indianapolis, p.226.

7Donald L.Sp&rks. 1997. «Economie trendsinAfiicaSouth oftheSabara».lnAfrica South oftlte Sahara,

2""edition, Europa Publications Limited, 1998,p. Il

8Donald L.Sparks. 1997. «EconomietrendsinAfiica South oftheSabara»,lnAfrica SoMth oftheSahara.

2""edition,EuropaPublic:alionsLimited, 1998,p. II

9Donald L.Sparks. 1997. «EconomietrendsinAfi'ica South oftheSabara», InAfrica SouthoftheSohara,

2Thedition,EuropaPublicationsLimited, 1998, p. II

10DonaldL.Sparks. 1997. (<Economietrendsin Afi'ic:aSouth oftheSabara»,InAfriCtl SOIIth ofthe Sahara,

(40)

CHAPITRE IV

INTERNET OU LA COMMUNICATION DE DEMAIN

4.1 Une nébuleuse au nom familier:

Internet est aujourd'hui aussi familier que Coca..cola et aussi à la mode que

Madonna Pourtant, derrière ce terme se cache souvent une étrange nébuleuse, composée de bits et câbles; un mot aux évocations un peu mystérieuses, que l'on cerne pas bien mais qui fera bientôt partiedela viedetoutun chacun. Internetest une réalité du monde moderne sur laquelle les experts ont du mal à s'accorder. En effet les modes d'accès, les services, la configurationet les types deprotocole influent surladéfinition que l'on peut en donner.

Internet est un ensemble en perpétuel mouvement, qui se modifie au fur et à mesure que des connexions et des créations de réseaux s'ajoutent aux réalisations antérieures. C'est une composition hybride de câbles et d~ondes téléphoniques, de données numériques et de multiples informations. C'est à la fois une structure et un ensemble deservices. Que l'on se situedans une optiquetechnique ou utilitaire, Internet montre toujours une Douvelle facette de sa complexité.

4.2 Il était une fois... Internet:

Tout commence ilyaun peu plus de 20 ans, en Septembre 1969, au département de défense militaire américaine. Dans le cadre d'un projet de recherche nommé ARPA (Advanced Research Project Agency), 3 chercheurs décident de connecter entre eux quatre ordinateurs sur la côte Ouest des Etats-Unis. Le but de l'exercice est de développer un système de communication qui puisse s'auto-configurer et conserver

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l'ensembledescentres névralgiques de collllll8Ddement de l'armée américaine connectés entre e~ même si un des maillons de la chaine de communication de l'information venaità manquer. Le Département ne veutpas avoirde structurecentralisée de gestion du réseau et désire laisser son autonomie à chacun des noeuds (ou point de connexion entre deux ou plusieurs ordinateurs), afin de construire un réseau capable de résister à

toute attaque nucléaire. Le systèmeest nommé ARPANET. D'un début assez modeste, le projet commence, cependant,à la findesannées 1970,àprendrede l'envergure.

Une autre contributionau développement d'Internet est apportée, àce moment là, par la Fondation Scientifique Nationale (NSF) aux Etats-Unis qui crée le réseau NSFNET. La NSF décide de mettre les capacités informatiques les plus perfonnantes à

la disposition de toutes les unités de recherche des universités américaines en créant six centres de relais de type ARPANET. Le réseau NSFNET est tout d'abord réservé aux centres de recherche, mais sapopularitéa vite raison des capacités limitées du système. Les six relais ne pouvant pas supporter l'ensemble des connexions de toutes les universités, la NSF en vientà établir des centres régionaux. Et en Septembre 1990, elle annonce la créationde Advanced Network and Services, Inc. (ANS).

<<ANS

was

the creation of Merit, IBM and MCI. The three proposed its formation to Provide structure to the NSFNET operation.(...) ANS would also create a subsidiary called ANS CO+RE wbich would support commercial users ofthenetwork1»

Le département de la défense prend, à la même période, la décision de diviser ARPANET en un réseau militaire, MILNET, et un réseau scientifique, ARPANET.

Internet est sur le point de naître. Par la subdivision des premiers réseaux NSFNET et ARPANET en plusieurs structures indépendantes mais néanmoins connectées au début des années 1990, aucun réseau ne sert plus de charpente pour soutenir l'ensemble. Tous se fondent progressivement dans la structure très large d'Internet qui, en s'étendant, devient finalement accessible à toute l'Amérique du Nord puis au monde entier, avec une utilisation en proportion exponentiellepar rapportà son extension.2

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4.3 LesrOllages au cœur du réseau:

4.3.1 Une nouvelle(acondecommuniguer

Le modèle ARPANET a conditionné la conception de Internet tel que nous le

connaissons aujourd'hui puisque cette sttueture ~ elle aussi, basée SUT une

communicationdetypehorizontale. L'idée est que chaque ordinateur doitêtrecapable de se connecter avec tout autre ordinateur du réseau, sans qu'aucun terminal ne serve de base centralisatrice pour les connexioDS. Lorsqu'un ordinateur A veut contacter et envoyer un message à un ordinateur B, il divise cette information en <<paqUets». Les données transportées par «paquets)) sont compressées en petits morceaux auxquels le sYStème attribue un certain nombre d'informations, qui permettent, ensuite, aux ordinateurs destinataires d'aiguillonner les données dans labonnedirection. Ainsi chaque «paquet» estenvoyé aux ordinateurs les plus proches avec l'adresse de l'ordinateur B. Si l'ordinateur le plus proche vient à disparaître, le message emprunte la voie libre la plus proche. Le processus se reproduit, d'ordinateurs en ordinateurs, jusqu'à ce que l'ordinateur B reçoive le message. Grâce à ce système, chaque terminal est en même temps unserveur et les communications ne suiventpas unchemin prédéfini mais passent là où le chemin est libre. C'estunprocessus décentralisé.

4.3.2 ilnréseau de réseaux

Élargi à l'échelle des réseaux, Internet suit un Processus semblableà celui que je viens d'expliquer.

n

n'existe pas de réseau centralisateur autour duquel sont regroupés tous les réseaux annexes. Internet estavant tout un réseau de réseaux, une structure ou architecture sans tête. A chaque réseau est ajouté unautre qui lie aussi d'autres réseaux.

Aujourd'hui, Internet constitue une vaste toile d'araignée, une masse de réseaux interconnectés, une pieuvre sans tête où le contrôle et la réglementation sont encore quasi absents3: la périphérie est au centre; et le

Figure

Tableau 1.3.1: Différentiation entre énoncé et discours:
Tableau 4.3.4 Les services offerts par Internet et les autres réseaux.

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