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La paternité dans le thé3tre de Montherlant
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Lé!la Lecorps
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Th'ae présentée au Département de· Français de l'Univeraité MeGill comme complément
aux conditions d'obtention dé la
maftrise
ls
arts (lettr~. françaiaea) AoClt1915
[jLÉÏLA LECQRPS
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•
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1CI
1i,
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"
.L'auteur désire exprimer e8
reeonnai~sance
l sondirecteur de th~se, monsieur Henri Jones, docteur ~s lettres,
l qui il est r~evable d'une assistance constante et éclairée.
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Résumé 1.4 \Afin de justtfier le titre de notre th~ee,
Ha
paternité1
dans le· théAtre de
Montherla~t,
nous avons choisil'ét~de
comparativedes cinq pi~èes suivantes: L'ex\l, La reine morte, Le o/attre pe
Santiago, Fils de personne et Demain i l fera Jour.
NO'U~
avons'v~ulu
\
insister sur la relation parents-enfant mise en sc~ne da,s chaque
\
pi~ce en rattachant celle-c~ ~ la conception montherlanti~nne de la
domination et de l'émancipation.
Ici, un développement s "impose ~ regard de la noblesge
française Vu qu~ Montherlant Se préoccupe toujours de ses origines
même lorsqu'il semble Vouloir les railler. Le th~me de la déchéance
d'une race 8'ins~re ~. ce niveau. On peut faire le rapprochement entre
le comportement des "célibataires", branches mortes d'un!' gén~'alogie
'0
noble, dans le cél~b~e roman qui a ouvert les portes de l'Académie A
j ' 1 1
l'auteur, et celui de Georges Carrion, aristocrate mod~r~e sans pa~ticule,
;',
p~éoccupé
par la qualité de l'indiviqu et "cependantU.c~
ettr:att~e
1
sa patrie,surt~t
dans 'Demain il fera Jour.\....
Dans cette optique, il nous a paru important de rappeler la conception nietzschéenne du Surhomme pour expliquer les engagements
d'exception qui donnent 'sa verve pa1;ticul1he au théAtr.~ .. de Hontherlant.
Chaque pi~ce~p~ésente un déchirement psychologique entre les
parentstet l'enfant et 11 e'st 'difficile de ne pas ratt.acher ce drame
. il .
'aux théories freudiennes qui ont également
été
l'objet de l'attention,de l' auteur~·
\
, \
.;'J
..
.
~r , ' l ' .; :: 1", " " , "-", ' ",0
\
...
u
-A cc stade, une étude du mouvement dramatique en rapport
avec l'analyse de la relation parents-enfarit de m~me qu'un essai
de syrith~se en fin d'étude faisant le bilan des traits accUmulés par
les protagonistes de la relation vedette et permet~ann d'exprimer urie
attitude typique fondamentale s'av~rent nécessairès.
Une conclusion" ensui té, faisant ressortir la fidélité des
typés d'~tres créés non seulement au thé!tre mais dans les romans de
,
Nonther1ant ainsi qu.~un mot sur la situation du thé!tre montherlantien
daQs l'histoire de la littérature nous ont semblé entrer dans la logique de notre sujet.
1
•
"
1 1 - . ,
.
: \ \;.f
,
.,' AbstractIn order te justify the tit1e of my thesis, Fathlrhood in the
~\
Theatre of l-lonther1an.t, l have Made a co!Uparative study of the followins
1i10.y8: l ' exil, La rdnc morte, Le ,mat tre Gle SantLago J File de personne nnd
Demain il fera jour.
,
l have delineated the parent-child relationship ineach play ",hile shewing Hs bearing on the Ilontherlantian èoncept of domination and emancipation.
An explana,tion ia neeessary in regard to the French nobi l i ty,
•
sinee' Hontherlant t8 alway's preoeeupied with hie noble background even
when he seems -to be mocking it. The theme of racial decadence ia paramount thr;
here. We can Bee examples of such decadence in behaviour of the "bach'eIors"
-dead branches of a ~oble family- in the famouB novel (Les célibataires)
that apened the doors of the Académie
,
françai~e to the authar; and in that of Georges Carrion, modern aris tocrat l.,i thout ti tIe, preoccupié-d by thea
quality of the individual despite being a coward and traitor ta his country, especially in Demain il fera,Jour.
From this point of view, it 18 1mportant to rem~mber the Nietzschean
concep~ of the Superman lnJ
order to explain the many exceptional 1nvolvements that give particular yerve to the theatre of Montherlant.
Each play presents a psychologieal rift between th~ parents an~_
the child and i~ i9 difficult not tG relate this drama ta the Freudia~'
theorles which also'received the Attention of the author. \
a
At this s.tag:. a study of the dramtic movement in relation ta
the analysi,of the parent-child relationship; and an attemp~ to formulate
. {l
a synthes1s N the accumulated traits by the protagon. ists of the key
"
1
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+"1 .. ~I(~",. ... " "",,'-11-rclationship, appear necessary. The attempt to synthesize shows ah expression of a Eundamental typi'cal attitude in the protagonista.
.
:T~ sum up,my thesis shows the fidelit y of the types of beings
C'reated not only in the playar-but1also ih the novels of Hontherlant as
"-",ell as Il conunent on the situation of the ~:onther1antian theatre in the hiatory of Ilterature •
..
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Tao] e clef> Ilatièrcf,
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J\vnn t-proI10D •••••••••••••••• ~, •••••••••••••••••••••••••••••
Introduclion • • • • • • • • • • • • • • Ii . . . ~ . . . .
Ch,-'1pitrc prpl-;1icr - L'exil •••••••• ' . . . .
Chapi trC' II La reine morte
...
Chapi tre III - Le rnattre de Santiaço •••••••••••••••••••••Chapi tre IV - Fils de personne . . . .
Chapitre V
Conclusion
Dcrnnin il fera jour . . . " . . . • . . .
Essai de 1>ynthèse
...
'v...
Dibliograpllie •...•••.•••••••..•..•.••••••••••.•••••••• \ l'"
l 26 56 95 ll~ 126 140"
..!j Ilf51
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~ l , ".
, i ,.
~ii ~::~•
- ~--- ---Avant-proposLa relation parents~enfant fait l'objet de notre propos,
-",
biep que le titre de notre travail soit La paternité dans le théitre "'"
de Montherlant. Un tèl ~h9ix de titre peut\se justifier cependant
parce qu_~il semble que Montherlant pr,éfhe traiter le th~me du p~re.
,
.
C'e8~
la relationp~re-enfa~~
qui est partout miseA
l'honneur dansson théâtre, sauf dans t'~xil, premi~re pi~ce de l'auteur, écrite
A
dix-huit ans, qui met en sc~ne des relations m~re-fils. La m~re
-, réapparatt dans.Tile de personne et Demain il fera jour, mais son
personnage est plus effacé que celui du p~re.
La relation parents-enfant s'inscrit comme la relation d~
\
base des écrits de Montherlant. .. ~e concept de paternité ou de
,
maternité (lorsqu'il apparatt) nous_ semble primordial dans son oeuvre
et particuli~rement vivant dans son expr~ssion dramatique. Dans sa
vie personnelle, Montherlant fut un homme tr~s at~aché'l sa famille
et aux valeurs de ce qu'il considérait ,comme la race noble.' Il ne s'est jamais marié cependant.
,-,
..
La filiation apparatt commè une des préoccupations majeures
"- 1 - - - _ _ _
de l'auteur. Dans ses pi~ces, de veine ehrétienne et de veine profane,
.
~ (de Santiago, il y a la filiation charnelle e~ la_f~liation spirituelle.
ô
Il faut souligner q'importance de cette
.
dernl~re, si l'on tient compte.'
.
_ des tendances intimes 4e l'auteur pour qui l'homme est l'es8entie1 de notre rac~ •
\
G,~, • ' '
\
1 • t 11
. '" , . ' "'l.~ r1
1-~
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1----
---.
2-La fillàtion charnellè ou d'amoùr naturel entre parent et enfant, 'n'existe dans le théâtre de Montherlant qU!! dans le
cas de l'amour maternel car .e p~re qu'il met en 8c~ne n'aime pas
'"
son enfant qu'il connatt mal • . 11 lui e8t étranger, l'enfant ayant été élevé
soit par la m~re, soit par un précepteur ou quelqu'un d'autre. Ceci
est d'ailleur; un trait autobiographique. De ~'aveu m~me de Month~rlant: "
il fut élevé par sa m~re'8urtout, et par sa ~rand~m~re, communiquant ,
.
tr~s rarement avec son
.
p~re qui était, paratt-il; d'une raideur ,ml1itair~t plus entiché de chevaux que de son p~opre fils.
Nous pouvons également trouver une interprétatiqn
1
/
sociologique et historique de ce falt. Dans les famill~ nobles,
l'éducation de l'epiant n'était pas en
général-l'afhiJ~
dup~re:
,i
.
J ,"~
..,
La f1li~tion' spirituelle es.t ce~le qui eXiZ'e lorsque
parènt et enfant pârtagent les m~mes aspirations,
cJ
~t-l-dire lemarne souci de
no~~~~set
'''respirent A lam~~~teur".
(cf. : La1 reine morte)
/ '
/ "
/
Dans. l'esprit du p~re, c'est, dan~ une veine profane,
..
. / 'davantage une
filiat~on~
caste ou de rang: _entre gens du mêmemonde, on 8e comprend •••
•
Mais ~oill ce qui choque: le théâtre de Montherlant met
-
.'en Ic~ne la paternité comme une relation Ip1r~tuel1e effondrée au
~~
.
.
'premier abord. Lee per8onnage. tenant le r&le de.p~re se distingüent
...
tOUjOur8 de l'insta~ation "révéréelt ou conventionnelle).. en reniant
.'
) '
..
•
1
/
1
Cfe t 1 ce niveau que
s~ si~e'nt
sans aucun doute es- 3
~semblancea
profondes entre les diJersespi~ces
de théâtrJ de ,Montherlant, malgré les différences d'époque, ne milieu
(s~uation
sociale, état de fortune, statut), malgré ëelles
lèsquelles se trouvent ~e p~re et le fils. Par exemple, on peut
,
constater le souci de moralité du p~re et l'esp~ee de 'pris ou de
dédain de celui-ci pour son fils ou sa fille. Ce qui va expliquer
/ '
l'abandon de l'enfant pAr le p~re et parfois même le sacrifice de l'enfant •
.
~
'Leprobl~me
dup~re, ch~z
Montherlant, eot leprobl~me
du./
1.
,monde institut~onnalisé, soit celui de la noble~e.
/
j ,
~~~~~~S~~8~i~0~n~p~r~e~n~d~p~o~ur~;a1jri;:s;i~d~i:r:e~1~':e~n:8:emble d~8'
civilisations, le pater familias décide. I{Le matr a
1
forme tr~s rare.) Plus le's peu~leà sont/CiVilisés, ,plùs 11a sont
institutionna1i~és. Les Grecs et les~omains / en sont un bon exemple. ;1
---..
Rien ne peut se développer 'sans l'~a~e~~ impose l'inégalité aux
hOlllllés. Cet état de détermination "cause;' l'ordre. Joe pater familias a dr~1t de vie et de mort sur ses enfants. Le p~re peut mar1èr~--8a .fille',
s'11 le veut, l l'homme de son choix. C'est un marchandage. L'enfant
vit compl~tement eOU8 S4 dépendance et il l'utilise dans son intérêt.
Le catholicisme, l'Eglise, tend
1
abolir,A
adoucir le r81e du p~re.Cependant les évêques mitrés et le pape l, trois couronnès sent une
autre forme d'autorité oligarchique en collaboration avec l'Btat que le roi ou un président gouverne. dans notre soçiété patriarcale oh
..
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•
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l t ~ :.~
i, ~,
~ t 1o
.:o
o4
-La noblesse ne fait que reprendre la hiérarchie de~l'Eglise
..
avec ses dogmes.
Montherlant était né comte Milon de Montherlant. Comme
nous le voyons dans sa vie, dans ses pièces et dans la nobles~e (d'un
point de vue historique),. i l Y a toujours séparation entre le père et
l'enfant •. La tendresse doit être contenue. C'est pourquoi nous
assistons, &ns l 'histoire et la littérature,
l
des luttes cornélienneso~ la raison, tant indi~iduelle que d'Etat triomphe s~r la teQ4resse.
Kin~
Leàr est déchir6 par ses enfants. C'est undr~e
pré-.cOrnélienqui nous montre la 1utt~ de l'homme contre lut-m~me, l'homme qui se
néantise parce que l'instauration "réfléchTe" l'emporte sur l'affectivité.
Du poin~ de vue socio-génétique, le père représente une
autorité qui est une structure d'instauration. Le fils seul compte,
,
fille, car dans la filiation patriarcale, c'est l'homme qui a drame du mattre de Santiago qui déplore le fait
d'avoir une ~tre père que dt~tre père d'une fille?"
•
·s'interroge-t-il. Il
i-pour cette
raison et il la néglige au point dans la misère matérietle
parce qu'il a le dédain des choses matérte11es al~ant m~me jusqu'l la
saèrifier en refusaht de faire le nécessaire pour rendre son mariage
possible" avec celui :qu'el1è aIme (soit de
fai~e
fortune façilementPQUr
la doter) au nom de S4 co~c~Ption"personnelle ~e la noble~se, laquelle
fait de lui un"être 8up~rieur en retr~it ~u monde qU'ii mé~rise. Cette
cQnceptiôn est largement celle de.la·noblesse masqué~ dè catholicisme
•
•,
ou de vertu chrétienne. L'amour et les besoins huma1.nà normaux n'ont
pal cie pl.tce
dm,
l'espritd'ùn
hoame qui le, considère con:fte une.' "
1
~
,
~ ~ ::i
ï~:'t
"1
()
,--,---~----~---'" 5 -\ ibassesse et se ~.u~ d'un raffinement supérieur ou d'une noblesse telle
qU'il n'a de qU'ave; Dieu ou,
~
la limite,so~
roi,repr~sentant
de'Dieu sur terr seul être capable d)influencer
,
Le noble dans sadécision de
1:) parti)pour faire fortune ou non. (cf,_: Le maître de Santiago)
D'autre part, nous pouvons dire qu'e les hommes étant ce
qu'il's sont, l'Eglise ne pouvait pas faire autrement. La force physique
de l4homme est l'argument tranchant: l'homme est le soutien de la
)
femme et, le roi, celui de la Création (son royaume). La nobless/ tient
~
compte de cette prédomin,at~~n. de rrce masculine qui, toute ethique
mise A part, n'est pas si arbitraire que cela. -<V
Le rôle de la femme d'apr~s la mentalité montherlanthienne
est confiné A celui de reproductrice subordonnée , A , l"'ordre mâle",
.
ce qui ne lui enl~ve pas -ses prérogatives féminines: inspiratrice,
conseill~re, amoureuse, donneuse~e plaisir, ••• Montherlant lui reproche ou plutôt la tient responsable de l'asservissement masculin au nom de l'amour qui peut affaiblir l'homme au point de juguler son pouJoir d'action.
roman Les
Montherlant
~
A
célibatat.res. \ "Je suis l'on me prend", Gc..ri t .. i\
l'Académie français8 grâce 1 son
•
partout lé,..mIme, cela #pend o~
S1 on le croit, Les célibataires
seraient un autre aspect du probl~me de la filiation telle qu'il la
conçoit. On pourrait facilement établir une analogie e~tre ce roman
et La mort l Venise de Thomas Mann. Les deux romans symbolisent' la
fin d'un monde, la décrépitude d'une race. Ils préfigurent la fin de
f
.
--,
~ /:<
•
6
-la race noble, en ll0ccurence, bien que Monther-lant voit déjh se profiler la fin de la bourgeoisie'et la décrépitude de tout un peuple. Ils montrent les derniers moments d'une élite, d'une race qui fut
autoritaire et brillante et qui déj~ perd de son pouvoir. La mort ~
Venise nous la montre fabuleusement riche et oisive par l'observation
d'une famille noble en vacances sur les plages du Lido ~ Venise, h
l'aube de la guerre qe 1914, laquelle, nous le savons aujourd'hui,
tuera les meilleurs éléments de l'Europe. Les célibataires présentent les derniers sdrvivants de la noblesse française sous la forme de clochards insanes, imbus des attributs de leur'caste, en "1924, après que la guerre ait rait périr les éléments valables. Montherlant fait cependant remonter les causes de cette agonie d'une race bien avant
1914, A l'époque o~ vivait le ~~e. de M. de Co~tquidan, le plue vieux
des clochards, déj~ âgé de 64 arts, oncle de M. de Coantré. Le père
était, avec un peu plus de fortune, b~en qu'il l'ait dilapidée, un
clochard plus doré, mais tout aussi oisif, inutile, égo!ste et méchant
que M. de Co~tquidan fils. La lignée familiale est décrépite. L'arbre
'"
généalogi~~e e~t pourri déjl, ce qui exPlique le sort des descendan~s. Montherlant signale d'ailleurs que Coantrê est dépourvu d'ambition et de cupidi~é, , "les deux .
~ -' (1)
jambes,o <le l'honme dd' s1~cle", cOllllle le ""ttre de
\
i
Santiago se permet de l'3tre' en 1519.
Ce qui ressort est simple. L'effet est miné parce que la
,
cau8~ est minée., L'aristocra~ie se comporte comme si elle était vaincue
1
mlme si elle ne s'avoue pas vaincue.
(1) Montherlant, L«8 célibataires, ,Gallimard, Livre de poche, Paris, 1934, p. 35 •
•
•
)
;. 1o
,. (\
r.o
c' 1°
1
• 7-La cause, appa~emment, ne change pas. L'effet donc est
inchangé, mais la structure de la cause se trouve minée par toutes sortes de facteurs. Il s'en suit que les faits apparents (sauvegarde
. / '
de l'instauration établie) dissimulent un effet réel de désagrégation sociale.
Tel est le cas de l'aristocratie.
La seule trace française, herlant, est la race
no~ie, parce qU'elle'a été établie en France pa
\
·c'est-h-dire ses qualités chevaleresques. Le noble
. notre auteur, fait partie de la classe dirigeante. 1 l es t noble pour
partir du moment où il s'impose. VoilA sOrement une des causes de
ltadmiration de Montherlant pour Hitler et Mussolini, car ils se sont créé leur propre noblesse. Montherlant, pour sa part, s'estime noble
par ses écrits. La seule race française qui ait drQit
1
la parole dans80n oeuvre est la noblesse ou celle des nouveaux arietocrates Costals, Carrion, Prinet.
Un tranefert s'effectue. Montherlant envisage un transfert
j •
/
dans l'action chevaleresque de l'homme, llaction,d'éclat, trouvant sa
4-'. so~rce dans ra survie du primitif (cf.! La guerre du feu de J.H. Rosny: cet esprit de la lutte des hommes des cavernes, l'action d'éclat).
Pour Montherlant, l'action d'éclat salutaire prend la forme
du.cérémonial noble avee l'instauration. Ici. telle est l'intelligence
de Monther!ant, l~humour critique apparatt bien des fois, surtout pour
fustig~r l'influence religieuse parce qutelle s'oppose au SurhQmme,
prIche liaplant •• ement des classes par la charité •••
o
•
"
..
8
-Le sport va montrer chez notre dramaturge la mutation de
l'acte chevaleresque nécessaire (guerre) en acte chevaleresque contingent (sp~rt). C'est l'esprit d'équipe perdu quand la guerre a été finie que Mon,therlant recherche dans le sport. L'amour de l'armée montre le
culte ~e l'homme comme dans l'Antiquité. L'homme n'est jamais séparé
de lu~-même. Comme certains critiques le pensent, Montherlant est
peut-~tre plus intéressant par sa psychologie que par ses écrits.
, L'explication psychologique de la paternité chez Montherlant est donc une conséquence de sa vision du monde séparé en classes
sociales supér~eure et inférieure.
Le p~re incarne l'instauration sociale noble. L'enfant "sauvage", c' es t-l-dire pri~itif, la mutation, qui V4 de l'animal A
l'homme s'effectuant par cette agressivité qui est l la racine de la
noblesse. Il ne peut que ae conformer l l'instauration et il y a
confl! t entre une liberté agissante et une liberté "imposée". S'il
•
n'y a pas conflit, curiejX paradoxe, il nry a pas valeur, il nry a pas goGt de l'acte, et
If
vraie noblèsse ne réside que dans l'acte. Dans Les célibataires, ,le fils est la réplique_du père. C'est une branche morte, inutile de la société.'1
1
.\ cause de l"'embourgeoiaement" des nobles, le goGt de
l'acte a di.pa~ et d'autres classel s'en sont emparé. Il y aurait
er-... _
-",
un rapprochement l fa.ire ici avec Alfred de Vigny, dans Sèrvitudea
et grandeure militaire., oa,!1 tente d'expliquer le raIe du 80ldat
dans la
IOQUt',
ou mime avec Chateaubriand! Le grand soldat est~, 1 '. ~ Î' f~"· , ' "
1
,.o
9-noble pour les uns comme pour les autres. peut le concevoir
autrement. Michel de Saint-Pierre, dans L a 18 t:ocrates et.!:!!.
, 1
nouveaUX aristocrates, reprend la même
tentatt~e:
expliquer le raIedu noble dans la soc,iété._ " /
'
-Bref, la question de la ~ésagrégàtion de la noblesse réside • l
dans le fait qu'elle garde_~a __ ~~~ mais~ne conserve'pas ~~ f~~:
l'authenticité du comportement. Il y a disparition de la race noble
l'Iéelle. C'est ce que l'oisiveté et l'inut1Uté des"célibataire8~
parasites sociaux dans toute l'acception du terme, démontrent parfaitement.
L'enfant "s~uvage" se virilise en s'anoblissant par l'acte
et, partant, il s'humanise. C'~8t le processus inverse qu'on rencontre
l ,.'
chez Colette pour q~i l'humain doit s'en tenIr 1 la sauvagerie animale
,
..
"
sans trop la dominer pour pouvoir èommunier ave~ la nature.
Pour Montherlant, l'animal est rejeté par un p:oces8ue de
mutation, c'eat-l-dire par une force élevant
1
un niveau autre du'''pouvoir agir". ,Pour Colette, l'animal doit l'emporter sur l'hoJlllle.
Telle eet la déchéance française. Le noble n'est vraiment noble que quana il 8e manifeate comme tel, c'est-A-dire comme un homme
fort, ,un lutteur. Le. voiturel de course, les. avion., lei motos, •••
lont
(1
défaut de lr'pée et du cheval) les inltruments du nouveau noble. '.
,Chez Jalnt-lxupéry, le noble le crée. Il semble dire:
'~n payl a cr" de.
bon,
A
rien qui setai ••
ent battre mais,A
ê8tédal ~afiquant., de.
bon,
1
rien, il y a de. lenoir, etç., ceux qui1
•
,"
10
-Evelyn Vaugh est un noble anglais converti au catholicisme car fI avait la nostalgie dù noble en contemplant la hiérarchie
,
française en opposition l la fausse noblesse anglaise, fondée sur
le 'succls matériel.
Llesprit du noble a cDnduit Monther~ant l une telle
impasse qu'il â'e~t' suicidé, en accord avec son esprit d'origine. '
Ses çoncepts de filiation et de paternité demeurent. Il ne peut
renier cet aspect charnel du noble, ayant hérité d'un titre, d'une
c~rtaine éducation et' de certaines mari'i~res'~ Lucide,
n°
constatecependant que la, structure est minée. Le processus de néantisation de la structure, -et donc- de la cause, veut que l'effet se traduise toujours par un effondrement. La noblesse est minée dans le monde. Par exemple, les nobles ne peuvent plus se.battre, c'est pourquoi
notre auteur admire ceux qui ont le courage de le faire, y compris
Hitler, comme nous l'avons souligné tout l l'héure.
L'h18toire~rte plusieurs exemples de prise ,de
eonsc1ence sémblable.
,
Michel ~akounine, anarchiste d'origine noble, s'est rangé
pendant un temps awc eSté. de Marx •
..
Pierre Kropotkine, anarchiste, était un noble authentique.
Emmanuel d'Astier de la ~i8.r1e a tourné presqu'au
c01IIDUI'lieme au tempe de la lléeis-tanèe. Il fut longtemps
1
la têtedu jour.nal. LiWr.t1on .. ~
"
"
"
o
"
o
11
-Le buste de -Lepelletier de Saint-Fargeau se trouvait dans les tribunaux révolutionnaires.
Tous ces ,nobles transfuges sont en fait des nobles qui
,
-se renient devant la disparition de la nobles-se comme institution
sociale. Nous savons aujourd'hui que c'est un~ disparition méritée
car la noblesse a toujours été une bévue~
Certains ,pr~tres démoniaques sont de bons exempl'es de ces
changements de camp.
Un fait 8ociolqgique est certain: la noblesse e&t finie et elle est cause de sa propre perte.
•
En fait, il y aurait troié sortes de hable:
..
le Le noble qui prociame la négation de l'état nobiliaire, et dont nous avons produit quelq\les exemples.
2e Le noble qui, comme Monther!ant, reconnatt que la
noblesse est minée, ~i8 reste prisonnier de ses structures. ,.
Il eait reconnattre les causee qui correspondent l l'idéal noble.
3~
Le
nobl~ qu1 croit quela
noblesse existera toujours,qui croit vrai~nt l sa 8~riorité. ,Comme un homme intelligent ne
p~ut ace~ter l'irréalité, Montherlant ~ejette le. pouvo~rs de la
noble ••• et d~ la reliaion, maia avec regret
(cf.:
La ville ,dontle
prisee est un enfant. Quand MOntherlant a écritta
ville dontle prince est un enfant, il a tenu l le pr'8ente~ l l'évlque parce que"
cela
corre.pond~it
l
.4D
état:q~ique
anti-el'rical de pen.é.. il nel' •• t pas par éducatton.)
1
o
- ---~- ~---~
- 12 -
,\
Au XVIIIe si~cle, des écrivains co~e Andréa' de Nerciat,
auteur d'une oeuvre érotique précieuse, ou -Mirabeau, illustreràient
~n peu le point de vue "libertin", contre les principes instaurés (l'Eglise et la noblesse minée), de Montherlant. Malgré qu'il fut
libre penseur, Nerciat prit la défense du roi Louis XVI'. Pour sa part,
le comte de Mirabeau eut une attitude magnifique au moment de la Révolution. Partisan d'une monarchie constitutionnelle, il mena un double jeu entre l'Assemblée et le roi, qui aurait pu sauver la monarchie. Montherlant fait partie de cette race des derniers nobles, qui malgré des idéeu modernes ou révolutionnaires, ne peut se
résoudre ~ renier son essence, c'est-A-dire A devenir vulgaire.
D'un autre c8té, malgré l'intérêt évident de Montherlant pour l'AntiqUité, le guerrier antique, le chevalier .et les moeurs
du temps passé, on peut poser'chez lui lë probl~me du p~re d'une façon
plus
~mporaine ~me
si ellé garde tous 'ses rapports avec le nobleou la cl~8se sociale noblesse. L'auteur semble souvent intéressé
s'
davantage par des individualismes qui affrontent, l'affirmation d'un
, individu face
l
un autre ou le eomportement individuel et sesrépercussions 'sur les autres.
On elasse cet auteur parmi ceUX de l'entre-deux guerres
qui ont inei,té eur l'individu, Montherlant est l'homme, un peu
1 eomme Malr~ux qui s'attache au r é volutionnair~, un peu~omme Celine, '
mai~ cela
l
l'envers,1
l'homme bafoué, effacé dans son destin, ou eneore .un peu eomme Camus qui e'interrQle eur 1ee valeurs qui régissent\
1
'.
..
~~ L _ • ,-l
13-Nous ne dirions jamais que Montherlant se soit ifitéressé
~ décrire le~ moeurs d'une classe donnée comme Balzac ou Zola ou
mê~e, sur ce point précis comme Vigny ou Chateaubriand, malgré que
nous ayions pu établir un rapproche~ent justifié avec ces deux
derniers noms. ~
Pour clarifier notre pensée nous pouvons dire que
Montherlant s'intéresse ~ la qualité ou au manque de qualité dé
l'individu. C'est de ce point de vue que la noblesse trouve sa
raison d'être pour lui et c1est précisément ce qutelle désigne'
parfois, en dehors des structures de la noblesse traditionnelle, chez ceux qui ne portent pas la particule.
( ) La relation p~re-fi1s, surtout, est
A
ce moment difficileo
l
définir. Quel est le rapport entre ces personnes, en principetr~s proches l'une de l'autre, alors que le p~re semble faire preuve
de sadisme où de ma.ochis~ a~' ? Le p~re est sadique s'il
détruit l'épanouissement dans quelqu'un d'autre. Il est masochiste
a'il détruit une part de lui-mAme. Dans le théltre de Montherlant,
le fils ou la fille dépend compl~tement du p~re, et le p~re, détruisant
soo enfant, doit être jugé: le fait-il par sadisme, màsochisme ou
dédain simpiement?
Ce que nous hals8on. dans les autres, c'est, paratt-il,
ce qui res.emble le plua l nous-m'~. E8t-ce que le p're
montherlantien n~est pas un faible qui veut détruire la faiblesse
quI 11 ressent? Ceci est une interprétation psychologique; presque
\
14
-psychanalytique alore que l'explication de la noblesse est une
interprétatio~ sociologique et historique. Les deux sont plausibles et peuvent s'accorder avec la conception individualiste de l'homme
qui veut s'affirmer et ~st exigeant quant aux valeurs que noussavons
être nobles.
Que penser de Georges Carrion (FUs ,de personne et
Demain iLfera jour) qui renonce définitivement
l
son fils caril ne répond pas ~ ses exigences morales, c'est-l-dire, quiln'es~
'\
pas cOllllle lui?
Que penser du p~re dans La reine morte qui déclare avoir
été intéressé l son fils jusqo'~ trei&e ans puis apr~e plus du tout, et qui fait tuer la femme de son fils, d'autre part enceinte, en sachant qu'il détruit le bonheur de son fils?
, Que penser du maltre, de Santiago qui refuae de faire le bonheur de sa fille et l'entratne vera une vie de 'cl01tr~ et de sa<!rifice?
Le p~re impos. l~ néànt d~ la vie
l
son enfant. Il• applique une morale individuelle
l
une situation familiale. Il"
impol.
1
qûelqu'un d'autre q~e 80i une morale qui n'est valable quepour soi. Il y a opposition entre~rave et réalité: l'enfant ne
correspond pas
l
ce qu'il aurait souhaité: Ce eont dee Itre8 quis'enivrent ~. rave sur leur grandeur parc. que la réalité ne
corre.pond pas au rive.
'1
1
•
15
-Dans le per8onnag~ de Montherlant il y a peut-~tre une
horreur du vide. Ce n'est pas seulement une question subjective,
mais le probl~me entier de la personne _h~ma{he.
"
o
. r
Introduction
Les événements qui se déroulent dans une pi~ce de théâtre,
auront '''une répercussion plus grande s ',ils surviennent 1 des ~tres qui
ont une communauté de destin. Celle-ci se trouve tout naturellement dans la famille dont les membres pourront être considérés en tant qu'époux - ce sera alors la relation mari-femme qui sera la plus
importante - ou en tant que parents: dans ce cas, ce sera la relation
parents-enfants qui sera mise en valeur surtout. Les exemp1~s seraient
ici particu1i~r~ment nombreux: citons seulement deux 'pi~ces de Racine:
Iphigénie, Andromaque. Dans chacune d'elle se trouve présentée cette
relation des époux - qu'ils soient tous deux vivants, ou qu~ l'un des
deux soit décéd~, et aU88i 4es parents et des enfants.
r-S1 nous considérons des oeuvres littéraires'p1us proches ,
de nous. nOU8 trouverions des asp,ects essentiels analogues dans le
,
.
thé!tre de Paul Claudel par exemple, et l~i
1
un poi,nt tel que (2)prétendu que 1; •
certains auteurs ont la situation type y était la
o
1
séparation des amants. C,eux:cil/préaentent ce <tu' i l y a de plus intime
dans la fam\lle
l
son début: l'amour réciprbque de l'homme et de laFemme. Ils souhaitent ou rechetchent cette communauté\de vie, de
destinée q~e leur interdisent les lois, les,événements, les jalousies
dt'autrui ••• ou enCOl'e lee mouvemenU myséerleux qui m~nent la vie.
C'r.I\
l '~;
(2) • .J'ean Roueset, rQrmea et' Slsnificat1!J1l8, .;;;E_s.;:.8~al~8_u~r~l~e.;;.8
structure. littéraires de Corneil
'1
Claudel Paris,~ortl, 1 •
,
" "
/ . t ,
()
'--" .o
I I
-.. l
Le théâtre de Montherl~n~}. dâns~un certain nombre de
•
• 1 \ --- 1
pi~cesJ met également et\. sc~~e' dé,s !tmillea o~ la diversité des opinions,
des situations, les
male~ten~s ou\~:s
mésententes,malg~é
la vie... -Il ' \
commune, mettent cette société
restre~ait
être unie, dansdes situations o~ tout peut se-rompre. C'est ~ cette relation d,es
parents et des enfants, aux aspects divers de leur entente ou de leur
désaccord, que noue nous a~rêterons dans cette étude. El~e nous
/
permettra, au-~el~ des caract~res propres ~ chacun dè ces personnages,
~.. ,.9-"_
de dégager certaines constantes chez ces êtres'- père, m~re, fils ou fille.
Pour cette étude littéraire, qui a pour but de dégager,
~.
l'par~ir de ces situations, les~entlmentâ dans leurs nuances ainsi
que leur lia180n avec les événements qui se déroulent sur la sc~ne,
il est bon 'qe préciser d'abord le plan qui sera suivi.
Après une analyse succincte de chaque pilce intéressant notre propos, i l y aura lieu de dégaser .
~
..
quelle eat l' atH tude de)
l
p't'ti,r de ce qu' i l ou mêmechaque personnage, dit, de,ce qU'il fait,
'.,.--les silences d'un tex~~.littéraire ont aussi leur valeur- de cè qu'il
omet de" dire. '-'
...
....-Ceci permettra dtex~iner un autre aspect de cette
.
,relation diffi~ile 'en;re
ie
p~re -ou la mlre- et le fila: en quoicrée-t-elle une situation dramat~que, dont l'issue reste pour un
moment douteuse? Quel' eat le lien entre le mouvement d~ la pi~ce
étudiée et l'attitude du p~re, ou de laJm~r.?
,
.
o
ù
-1
(
} " 1 • jH" ~ ~ , .-i' $"'., III
-Enfin, l'~xamen des diverses pi~ces aboutira
A
unecompara~son des diverses situations, au pr~mier .,. abord tr~s différentes, dans lesquelles l'auteuT a placé ses personnages, ainsi que des
sentiments qulil leur prête. Une synth~se -en ce domaine limité au
,
moins- sera-t-elle possible? L'on parle de situation cornélienne,
q~i se ret~uve dans les grandes pi~ces du créat~ur du~, ou encore
d'atmosph~~e racinienne: pourra-t-on prétendre que Montherlant
a créé sous des manifestatio~ diverses, un 'type nouveau1 De
1 ~_
l'oeuvre multiforme d'un auteur peuvent parfois se dégager des
aspect$ d'ensemble et comme une mani~re nouvelle de présenter une
situation humaine, ou m~me, un mode d'expression original par rapport
A ce qui a été présenté jusqu'alors •
.
\. - ,
.
Trois grands th~mes alime9teront donc ce travail:
. .' 1
les caracdres et les s.1tuation,sf..du p~re,' de la m~re, du fils;""
le mouvement dramatique de la
p~elatio~
avec le rôledu p~re, de la ~re;
'un essai de synth~se sur la situation des parents, et
A
partir deceux-ci, la psychologie des personnages du théitre de Montherlant.
, Les deux premiers th_s seront )raltés enéentble,
sa~~'
le~
dernier qui constituera une partie l pert. UJordre de l'étude (division
par chapitre) sera s1mplement ~elui de
la
parution des pi~ces.èepflndant, C il a paru bon de x:egrouper l ',étude de FUs de personne .'
et celle de
D!!!in .11
fera Jour • cette Bernl're pl~ce étant la suitede la précéd.nte~
/
1 1
-.,
... IV
l
Les textes étudiés qui présentent cette relation parent-fils oufille, sont donc les suivants: L'exil
La reine morte
Le mattre de Santiago
.
' .. - Fils de personne
)
Demain il fera Jour.
/ • y û 1 1 Il. >; ~'
"
, -" '~. !o
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t
(
o
-1
Chapitre premier L'exil 1~ Sujet de la pi~eMadame Genevi~ve de P~es1es, tre~te-huit ans, veuve,
st occupe de soins aux soldats blessés pendant la guerre 1914-1918,.
La conduite qU'elle eut
1
Maubeuge dans ce genre d'activité luivau4ra urie citation ~ l'ordre du jour de l'armée, ce dont se réjo~i8sent 80n fr~re,
pe
Coulange, et diverses dames qui passentleur temps aux bonnes oeuvres en faveur des militaires bl~ssé8.
Genevi~ve de Presles est agacéé d'ailleurs par cette dietinc~ion
"
qui lui sera accordée.
Son fils unique, Philippe,
19é
de dix-huit &ne, rappelle1 Bernard Sénac,dix-neuf ans, leur amitié de jadis, au coll~ge.
Ils la retrouveront au front: exaltés par les combats et la viè toute
particuli~re des soldats. Bernard Sénae part pour se battre: Philippe
ftésire le suivre: sa m~re lui rappelle les sacrifices qu'elle a ,faits
pou~ lui, l'attente qu'elle a nourrie pendant des années et qui risque d'être anéantie en un instant: 11 'ne partira donc pas, et pr~textera, 1
devant son ami Sénac, de sa peur et de sa situation familiale.
Au cours d'une réunion avec ces ~es des ambulances et
h&pitaux, Philippe ee montre peu courtois. Seul, ensuite, avec sa
mlrer il exprime,toute sa rancoeur4'et combien il 8e 8ent séparé,
"exUé"- de ce qu'il avait de meilleur. Genevi~ve de Presles lui
• , "" r
....
.
.;p.~t de partir; ~l ne le f.~t pae. ~Elle devine que c'eet
l
Séfiacqu'il tient et comme celui-ci retourne
du
front, 11 n'a plue aucunerahotl de, parti,r: 11 recherchait donc la continuat;1.on d1une amitié Q
1
o
2
-plus que le service de la patrie.
Maia comme sénac revenant du front est différentL La conversation parmi ses camarades de combat, devant Philippe, est. remplie..de sous-entendus, incompréhensibles pour le non" initié, et ~uand les autres militaires sont partis, il est impossible l Philippe
de retrouver la simplicité des relations amicales de jadis: il n'est
question que de leur rendez-vous futur, qui trouvera d'ailleurs difficilement
place dans leur horaire qu'ils pré~~ndent chargé. Ils he savent que se
dire. Finalement, Philippe partira au front. Genevj~ve, sa m~re,
croit que, brouillé avec.Sénac, son fils veut se séparer de lui, et elle s'en félicite: i l n'en est rien: "Je pars, affirme Philippe, me faire une ~e C!C!lIIIle la sienne, pour le retrouver au retour". '
L'intér~t littéraire cOhsiste l trouver dans L'exil comme le fit Robert Brasillach, "la clef de tout 'Ce qui suivra". Paul
(3)
Ginestter et Georges Bordonove s'accordent aussi pour le souligner.
\ ... ) . ~
Pour Bordonovet L'exil est la "pierre d'angle", tlla préfac(! et' la clef
de l'oeuvre de Montherlant... Cette cur~euse p1~ce contient en germes
les personnages 1ûturs, les idées et les th'mee essentiels de son
auteur."
. (3) Robert Brasillach, Sept couleurs, Club de l'honnête homme, Paris
1951.,
r ,
Paul
Glneetiec, Montherlant. coll. Théitre de tous les temps,'8eahera, Pub,
1973.,
p.6,
et Georsee Bordonove, Ilenry deMontherlant~ clae8iques du
xxe
si'clet'éd. universitaires,Patt ••
i§S4,
p. 16.t
(1
,
V k()
, ;o
. \ 3-Th~mes p~incipaux de la Pi~c~
L'exil présente l'amour maternel dans un développement freudien en faisant ressortir le lien de parenté charnelle avec la maternité qui présente une relation parent-enfant ihverse de la
paternité.(cf.: Avant-propos) Le fils et la m~re s'aiment mais
se torturent mutuellement.
Cette pi~ce met en sc~ne le désir de noblesse du fils face
1
sa m~re qui veut l'empêcher de se réaliser au nom de l'amour qu'ellelui porte. Comme dans Le sOnge o~ AJban de Bricoule ressent finalement
l'amour de Domininue comme un obstacle qu'il rejette, la femme, même si elle est la m~re, est écartée ~ la fin au profit de l'''ordre mâle". Fid~le
1
lui-même, Montherlant fait, dans le roman cOlIllledans la pi~ce. triompher l'amitié sur l'amour. Le Philippe de L'exil,
impaUent de "monter au front", fils unique d'une veuve qu~ l'adore, par-fois puéril, parfois .cyniqu~, "parfois sensible et pal:'fois blessant,
et blessant pour rien, ajoute Bordonove, n'est pas sans rappeler non \
plus le Costals,des Jeuna8 filles qui fu.tigent les felIllles. L'exil
s'identifie donc au th'me de la femme ob8tac1e ~ la mission de l'homme.
La ~orre8pondance étroite de ce th'me avec celui de la
tendre8'~ parentale, toujour&~ladroite et déçue, s'établit directement
personne et de Demain i l fera jour et'le conflit grandeur-~endre88e
(sl tendresse il y a) de La rein~morte.
1
c
Mais sa f.~ de pureté apparente le,h'ros au
mettre de
Santiago: comme celui-ei, il étouffe au milieu d.s aléus; 11 aapire
l
unEf vie plus haute. c' •• t toujour. ledédr
de
noble .... ca.p1tal,/
" , If ,
1
(
" "..
".. 4
-chez 'Montherlant.Le
protagoniste de L'exil éprouve la volonté de puissance,c'est-l-dire le "goOt d'appréhender le monde l travers soi, de la dominer, en payant le pr x • i " (4) Le prix de l'acte maximal est la
vie. C'est le même goOt,du Surho~e de Nietzsch~ que partagent
Malatesta, le roi Minos, Alban de Bricoule. o
Notons aussi la certitude d'être l ltécart, différent des
autres et non fâché de l'être. ,N'est-ce pas la nature propre du Surhomme et le savoir romantique de . l'~tre qui se juge supérieur
.
auxautre's, en quelque sorte pl~s nobl~ que les autres?
Une analogie existe avec L'anabase de Saint-John Perse.
(cf.: Xénophon, auteur de la
premi~re ~e.
mot signifiant levoyage intérieur) Le po~me raconte la çonstruetion d'une ville d'une
f~çon peu messag~re. ee 9ui en fait d'ailleurs la poésie, mais celui
qui s'impose"est le Surhomme: tout lui ~béit. On pe~t.pen8er qulil
part, l la fin, pour eonstruire une autre ville.
Lllneorpor~tlon du mythe nietz8chéen·du Surhomme dens son ~
oeuvre contient l'exp1ieation de l'hitléri8~ qutun~ critique
incertaine a imputé
l
Montherlant. Le th'me de la décrépitude d'unerace eat une autre facette du m&me mythe. Il conèeme dans L'exil ' ceux qui restent en
&rl'nre,
qui ne le battent pa8A
l'oppoeé de; ceuxqui sont au front.
,.
. (4) Georg •• 'Iordonove, B!9El de Montherlant.
cla ••ique. du
ix·
.flele,'de umlver.lt.ir ••• Paria, 1954,
p.16 •
c
• 10
? 1!
1
J
5-Une tirade de Philippe nous, éclaire sur l'identité de ceux qui restent en arri~re et sur le sens ~ donner ~u titre de la
"
pi~ce. Le th~me de »'engagement absolu et le th~me de lioccasion
, r ' ' "
manquée, leitmotiv de l'oeuvre de Montherlant y ont.!J-4ce. '",
"Toujours l
c~té.
Toujours en dehors. Manquer celal\Manquer la guerrel Etre
Il,
parmi les vieillards, les)ferrmes et lee cula-de-jatte, sans pouvoir' rompre ce ___ ~-'
cercle infernal de la solitude. Manquer cette occasion
de vivre, de souffr~r, d'aimer, de' me donner, de me transformer
en le meilleur de moi-m~mel Moins que cela, c'est-l-dire
plus encore, manquer, tout 8implemen~, cette occasion de
devenir gareil aux autresl ~lais non, l'exil, toujours"
l'exil.,,~5)
Hitler n'a-t-il pas dénoncé les vieillards, les débiles, les infirmes, les "inutiles" l1 la société et n'a-t-il pas même organisé
un systlme d'exterminatj.on de ces "parasltes"1 Pour Hitler, la race
ar'f 'enne est noble, c'~st .. 11-dire supérieure aux autres races qU'elle doit combattre pour établir sa supériorité. Sa victoire-sur les ràces
, ,
inférieures 0't décrépites étabUra 80n r~gne sur le monde et seule les
jeune8'Ar~ ens beaux etJn bonne santé, c'est-l-dire aptes au combat,
auront le droit de se reproduire pour'l'é~aboration dlun monde meilleur.
C'el!lt toute l',histoire des jeuneeaee hitlériennes.
Cet aspect nietz8chéen de l'auteur, qu'Hitler a déformé
en ttappliquant, est dqne préeent
dan,
L'exil, 8urtout dans lemépris et le dédain qu, le hér08 affiche :pour toua ceux qui sont "en exil" de la gùerre, ete8t':~-dire qui ne participent pas au
"èambat.
l
l'action chevaleeresque, ou ~ tout. aceaaion 8embl~ble.pa. néc ... dr ... nt • • le, "de ee da,mer, de devenir pareil aux ~'ùtrell" •
(5) MoiJther,lant. Tbéltre. Bibl~o~que de la Pléi:ade" Gallimard, 1972,
p. 50.
(»'.orale
noue dfé1"91\8 ~ cet ouvr~e p'r !a lettre X.)-{.,.,
, -W;1.
t'.r •
••
- 6 -
1
les "autres" étant ceux qui participent A la race noble par l'action.
c
-C'est ainsi que le sport et la tauromachie s~nt mis l l'honneur par
Montherlant en temps de paix.
Le Hemingway français prône les valeurs du héros guerrier comme du sportif, la guerre apfaraissant comme le sport masculin par e~ce1lence d'où les femmes sont exclues. Comme Hemingway, en effet, Montherlant s'est suicidé lorsqu'il s'est jugé en queique sorte "inapte au combat". Les Olympiques sont des po~mes ~ la jeunesse
sportive, l l'esprit d'équipe et au corps humain athlétique q~i se
dépasse en battant un record et ne trouve sa mesure qu'en action.
On connatt l'influence d'Hemingway sur la mentalité américaine matérialiste. En même temps qu'il l'a influencée, Hemingway a été le miroir d'une certaine jeunesse amériéaine qui
" ,
axe une grande partie de ses valeurs matérialistes sur l'éphé~re
jeunesse du corps et sur la culture phy8i~ue. Nous le constatons
aux Etat8-Unis lorsqu'un étudiant. Oniveraitaire, ' par exemple, élé~ent
:v
important 'de l'équipe de~ootball, aura des passe-droits et des
facilités dont un autre ne pourrait certai~eme~t pas bénéficier.
Si l'individu ne peut-boire, lnanger, faire l'amour, et "agir" en
~oute
liberté, ,11 ne peut selon cette optique matérialiste, jouir de la vie e~ la vie ne vaut plus la peine d'Ître vecue.Cette philosophie de l'action que partag~ Montherlant,
,
.
• , ,.
/t>
..
,1
(
(
o
- 7celui-ci l'appétit de grandeur ou de noblesse dont nous parlons.
lJ
L'action doit aider l'homme
l
s'élever,A
se dépasser, doncA
,se,
réaliser. L'action doit donc être noble et nous assistons
.
.'
l
notreépoque o~ les valeurs de l'anti-héros ont supplanté c~lles du héros
l la réhabilitation intellectuelle de l'acte d'éclat ou chevaleresque,
qu'if slagisse de battre' un record ou de combattre.
Le code d'honneur chevaleresque énoncé dans Le solstice de juin est esquissé dans cette réplique de Philippe:
"J'outrerai mon esprit militaire, rien que pour ces mo,rveux
dont aucun ne l'a; j'ac~epterai toutes les incommodités
pour le plaisir de la sensation imprévue; je serai tr~s .
affable ~arce que je suis tr~s chic, tr~s religieux par
fierté de faire rire de moi •• ~ Ah tout cela, ça ne devrait
pas ~tre pe~Js que ce soit ' i me~eilleux, ça enl~ve tout
le méritel"
.
,En restituant ainsi la noblessé, Mo~therlant la redéfinit:
la race noble est celle qui est apte
l
l'action équivalenteA
la guerre\:~
et agit. "Il faut élever la paix au niveau de la guerre", a' écri t.
Comme pour Hitler, seule la race noble a droit
A
la•
•
parole pour Montherlant. C'est pourquoi presque tous les héros de
S~8 pi~~e8 80nt n~bles au point de porter un titre oU la particule •
..-Georges Carriory/(Fi18 de p~r.onne et Demain 11 fera jour), nouvel
aristocrate modetne, fait l'exception dans les pi~ees que nous étudions'.
\
o
8
-·Paul Ginestler fait reposer l'action de L'exil sur des leurres psychologiques, ce que J.-P. Sartre appelle la "mauvaise foi".
(que la pluralité des s~st~mes de référence rend, par définition,
dramatique) Il est vrai que les personnages ont des mobiles cachés,
inconscients peut-être au pr~mier abord[, mais toute cette conèeption
sartrienne de la liberté, appliquée surtout au contexte de Montherlant
pourrait ~tre amenée ~ un déterminisme si l'on abordait une àutre
approche 'philosophique. Il ne semble pas que M. Ginestier ait été
sév~re sur ce plan vis-l-vis de lui-même. Il conclut que Philippe de Presles est un "salaud". La th~se déterministe que recoupe celle
de Sartre s'allierait mieux avec la conception d~ sang noble qui
est celle de Montherlant, implicite ou avouée.
",,-m.s en face de c ircona tances données -dans L'exil,
l'av~nement de
ia
guerre- les p~rsonnages doivent faire un choix.Ce ch~ix sera~noble dépe~dant de la qualité des individus. Mais
1
, -.1 'l
ont-ils vraiment le choix? Le déterminisme etant un principe diapres
lequel tout fait a une cause et, dans les ~me8 con4itions, les mêmes
,
causes produisent les mAmes faits, nous fai~ nous ranger de l'avis
du destin immanent. Admèttons qu'il 'y a une certaine "mauvaise foi"
puisqu'il y a .mobiles inavoués, mais d~ns L'exil, il ne peut y avoir
de Ifsalaud" au aens sartrien du terme
1
cause du contexte .historique qui noua place en 1914l
l'époque encore de la fleur au fusil etdes actes de ~ravoure gratuits. L'a.pect autobiographique de la
pi'ee no~è fait _ésalement pencher pour la th'.e déterministe. La
~'rè
de Montherlant -commec~l~e
de Philippe dePresl~s
et'sana doute\
,
(
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•1
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i
(
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-.
9-émout' pour lui, pour flU'll soit heureux, et pas seulement nu service de la patrie. Le courage de ln m~re' et le coura;e Ga fils, quels que soient leurs mooilcs, les innocentent de la "snloperie" sartrienne •
1l. Caract~re et sit~untion de Philippe de Presles Philippe de Presles, &gé de dix-huit ans, est le
personnage principal de la pi~ce puisque presque tous les autres
3rnvitent autour ~e lui et font ressortir son caract~re et sc
dégager l'orientation nouvelle qulil veut prendre. Fils unique
d'une veuve, il n'a connu que la vie d'études ùans un coll~ge, et
la vie familiale avec ses réceptions, ses petits sroupes sociaux.
De la guerre qui' a li~u) il ne sait pas grand chose: les quelques
notions qU'il cn a restent théoriques.
L'amitié de jadis
Du coll~ge, il a gardé le souvenir d'amitiés ferventes.
II évoque cet aspect de sa vie passée avec son ami Bernard Sénac,
d'un an son atné, au début de'la pi~ce: il voudrait le bonheur de
80n coll~gue (Acte l, ,3) "Je ferais p_et; ton intérêt avant le
mien, tu entends, ton intérêt avant le mien ••• Que veux-tu j'en suis resté II quand 'nous ét)-o?s chez ces bons messieurs prêtres." Ils évoquent ces manifestations multiples d'amitié: Philippe allait voir en cachette les places de composition de Sénac, pour aller
;
les lui dire le premier; il souhaitait que ,l'on attaqu&t son ami
pour pouvoir le défendre, s~uhaltait aussi ltre de la m3me équtpe
, l '
sport:1v,e qUè 1u1. Cette amitié de col1~8e va se poursuivre
,
.
.
,
mainten~ni:
l.
l'armée:ene"'le Us iront ,.u combat.1) ,
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En décidant de s'engager le même joqr que son ami Sénac,
) ,
le jeune aristocrate a donc un mobile caahé: le souci de retrouver
son ami, souci accompagné par l'e désir de noblesse qui le poss~de.
Il aime tellement son ami qu'il veut sta~oblir avec lui: "Tu seras blessé, je te soignerai ••• ou bien non, c'est moi qui serai blessé •••
.
~
Ma foi, je ne sais ce qui est le mieux.,,(7)
~elevons la délicate peinture de l'adolescenc~. Toute
la pureté adolescente du ~ se retrouve dans L'exil o~ se mêlent
enfance et âge adulte, enfance que l'on rejette honteusement, état d'homme auquel'on aspire avant de se heurter au réel.
Par SOn amitié totale, PhiliPWe vivai~ les deux phases,
!
enfance
et
âge adulte, simultanément, maie Bernard Sénac, partantau front, le spolie de son enfance.
Ginestier fait le rapprochement avec Le Grand Meaulnes d'Alain-Fournier:
cette volonté de rejoindre 80n ami au co~bat est le début d'une ~uêtè
de l'enfance~emblable. /
(7)
Montherl$nt lu1-m~me stexplique sur ce sentiment:
"Il faut;; connattre bien peu IJ!s jeunes gens et particuli~rement les jeunes gens élevés dan$ les
maisons religièuses, pour ne pas savoir
1
quelletempérature montent teure amitiés, et d'autant plue haut qU'elles sont plus eandides'. En outre, le
Philippe de L'exil est fils unique, élevé durant toute son ~dole6cence par une femme: ces trois traits
(ind.lqués danl! la pi~ce) le pr4disposent
1
avoir unesensibilité viVE!
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1·exc~8.,,~8)T.,' p. 26. (8),
r.,
p. 10.1
1
,
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Il11 -La guerre ~
.
Sans doute, Philippe ne se rend pas compte de cc qu'est la guerre. Il l'imagine comme un jeu; dont les conséquences c,uelles
,
lui échappent. DI autres jeunes horrmes connus y meurent: "De Larches, tué, virtSt et un ans" lit-il. (Acte 1, 2) Il voit surtout en elle un moye~ exaltant,'cxceptionnel de manifester son amitié pour Sénac.
"C'en est épouvanttablc, tellement, on va s'amuser, que clen est ~ se demander si ce qu'on fait, ce n'est pas mal!
Et puis, tu vas voir si je sai~ me battret J'en tuerai
plus que °toi, tu sais ••• Sens-tu que nous allons men~r une vie admirable, libre, large, généreuse, une vie .• ,
comme il n'est plus d~nné d'en vivre dans notre b~tasse
d'époque? •• ' Nous seronl;l Àchille et Patrocle, Narchand et Baratier." (Acte l, 3)
C'est l'irléf'r'eprise dans La reave du matin selon laquelle
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guerre, c' es t du\Oll~ge
en grand".~" ~
Lal~onèeption puérile du héros s'éclaire lorsqu'il s'exclame: "Quelque chose de .snifique et de barba.re, Guérin, Le
Centaure, l'apr~8-midi d'un faune... Mals toute cet~
humani t~ -inférieure" née pour ~tre esc.1ave, tous ces médiocres, ces gens laids, stupides, mal habillés,
pourquoi ont-ils leur pa~t de cette gloire?
Y
ont-ilsdroit? Quelle l1ijv.etice 1',1 (9)
Le mythe du Surhomme'semble ici subordonné au parattre. Pourquoi les sens laids et , mal habillés ne seraient-ils pas des
Surhommes? Pour Philippe, l'habit fait le moine, ce q~i démontre
sa puérilfté.
(~~P;P.ét1t
de grandeur est le "dve de gloire dePige
~êtet,.
(10) Le Surhonme de Philippe est un grand guerrier,(9) T., p.
24.-(10) Paul Glnestier, M.on;herlant, èoll. Théitre de tous lee temps,
Segher8, Paria..
t91!,
p.'ft
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12-protégé d'une armure et couvert de gloire, c'est l'être noble par ~xcellence inc~t~stablement.
Ceci démontre que le héros de Montherlant a in~égré les
attributs de la noblesse mais qu'il est prisonnier de ses stràctures extérieures. Seul le valeureux a droit aux honneurs, mais comme la
race valeureuse existe déjA, 'on peut la reconnattre l des signes
extérieurs que Philippe croit conna!tre. C'est bien sOr, la classe noble et la jeunesse dorée et sportive de son époque l laquelle il
appartient ou le soldat couvert de décorations. Cette détermination
lui fait exclure "la mas,ge" qui comporte p,our lui des gens "médiocres",
"",,
'«l11'àl habillés" donc sans goGt, "sans idéal, sans valeur suffisante
~
ses yeux dlI aristocrate.Mais ai la guerre appara!t
A
Philippe comme un jeu, o~il lui sera possible de mener une vie neuve, en amitié toujours avec sënac, elle devient aussi, plus profondément, plus sérieusement, le
moyen po~r lui
de
devenir homme, de se rejoindre lui-~me.C'est au cours d~ trois entretiens avec sa m~re, l chacun
des trois pr~iers actes, que le départ de Philippe pour la guerre,
événement-catalys éur ou moteur de l'action, sera débattu dans un
,
mouvement progreasif qui va de l'héaitation, du désir maladroitement
~rimé, malhabilement d'fendu,~ontre les arguments de sa m~re,
A
l'exécution déCidée, en passant par l'affirQAtion de 80i plu8douloureuu, -plus profonde. La _uerre, l'amitié de ~~nac, les réunions
des dames d1h&pital, sont les occasions qui te préSentent
1
Philippe de..
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13-se libérer de l'empri-se ~e, la morale ordinairement reçue en ces
.milieux et de sa situation d'enfant dans les jupes de sa m~re.
A l'acte 1, 4, Philippe exprime apr~s quelque hésitation,
sa volonté de départ ~ sa m~re. Dans ce premie~ entretien, les
seuls argumenta qu'il emploie sont ceux du patriotisme et de sa
liberté ~ndividuelle.
Six mois,apr~8, ~ l'acte Il, 8, suite ~ la conversation
-pénible ~ laquelle la réunio~ des dames donna occasi~n, Philippe ayant ~~"
donné libre cours ~ son acr~monie, utilisera l~argument de l'épanouissement.
\
de sa personnalité d'homme.
La guerre donc est le moye~ pour Philippe de s'affirmer,
de se dégager d'un personnage 'qui était lui mais qu'il n'aime plus et ,que sa - m~re maintient
-
~n lui en le sommant de rester, et le~,
force l jouer encore. Ainsi s'explique sa révolte. Mais les
outrances de celle-ci sont démasquées: s'il ne part pas, quelques
instants aprl~, sur l'incitation mime de sa ~re, c'est qu'il 'est
\
.
trop tard, et- il est trop tard, parce que Sénac 1ui-m~me ret04rne
du front. C'est l'ami qu'il voulait suivre, p\us qu'~l ne voulait
s~rvir 'la patrie. C'est
Il
~bi8U!té ou maladresse d'adolescent.
,en m3me temps que no~ découvrona.le leurre psychologique ou la
"
... "mauvaise foi" du héro8. @
A l'acte 111, 5, Philippe ~c1de de partir pour remplir le