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Sacrifice de soi et satisfaction conjugale

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Academic year: 2021

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Texte intégral

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SACRIFICE DE SOI ET SATISFACTION CONJUGALE

Mémoire doctoral présenté

à la Faculté des études supérieures et postdoctorales de l’Université Laval dans le cadre du programme de doctorat en psychologie

pour l’obtention du grade de Docteur en psychologie (D.Psy.)

École de psychologie

FACULTÉ DES SCIENCES SOCIALES UNIVERSITÉ LAVAL

QUÉBEC

2012 ©Elizabeth Collins 2012

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Résumé

La présente thèse a pour objectif d’explorer la relation entre le sacrifice de soi et la satisfaction conjugale en portant une attention particulière aux disparités sexuelles des

partenaires. Au total, 150 couples hétérosexuels provenant de la province de Québec ont répondu à l’Échelle d’ajustement dyadique, à l’Inventaire des Syndromes psychiatriques, au Questionnaire de patrons de communication du couple, ainsi qu’à l’Inventaire d’organisation de la personnalité. Les résultats de cette étude témoignent de la nature multifactorielle du concept de sacrifice de soi et de quelques différences sexuelles sur cette variable. De plus, les résultats des analyses

acheminatoires indiquent que le sacrifice de soi est associé à des taux plus élevés de détresse psychologique et conjugale.

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Table des matières

Résumé…..………..…...2

Remerciements………..………...………5

Introduction générale………..………...11

Recension de la littérature………..14

La théorie du sacrifice de soi comme facteur de maintien du couple...14

Sacrifice de soi et propension à sacrifier…...…...………...………...16

Sacrifice de soi et engagement………...…16

La théorie des perceptions associées au sacrifice de soi………..……….18

La théorie des motifs associés au sacrifice de soi………...20

L’autocensure……….………...22

Sacrifice de soi et satisfaction conjugale………...……25

Masochisme………...…………27 Objectifs et Hypothèses………..………...………31 Méthodologie………...…….…….33 Participants………...……….…33 Procédure……….…………..33 Instruments...33 Analyses statistiques….………..………...…35 Résultats….………..………..…………37 Structure factorielle……..………...…….……….…37

Différences sexuelles et sacrifice de soi……..………...…………...………….…42

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Analyses de régression multiple...46 Analyses acheminatoires……….…...48 Discussion………...………...53 Forces, limites et retombées de l’étude……….………...………….…………...…...…..60 Conclusion générale………...67 Références………..69 Appendices………...…..81

Appendice A : Critères diagnostiques pour le Trouble de la personnalité masochiste tel que présenté dans le DSM-III-R………...……….………82 Appendice B : Les différents sous-types de la personnalité masochiste par Million et al. (2000)……….84

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Remerciements

C’est un peu paradoxal que la section « remerciements » constitue une des premières de ce mémoire doctoral puisque c’est la toute dernière section à laquelle je me suis consacrée. Et ironiquement, ça été la section qui me donna le plus de difficultés. Pourquoi? Parce que chaque fois que j’écrivais un petit paragraphe, ma gorge se serrait automatiquement et mes yeux s’emplissaient de larmes sans que je ne puisse rien y faire...Pour moi ce mémoire doctoral symbolise une multitude de choses : le couronnement d’efforts soutenus durant quatre longues années pour ce projet qui m’a été confié, que j’ai chéri (et détesté par moments, je dois l’admettre!) et sur lequel j’ai réfléchi durant quatre année. Mais au-delà de cela, ce projet symbolise pour moi la fin de mon parcours scolaire, mon dernier gros « travail d’école », l’ultime, le plus fastidieux, mais le plus merveilleux à la fois par toutes les connaissances et l’expertise qu’il a su m’apporter…et, enfin, (soupirs), le dépôt de ce mémoire symbolise, la fin de mon aventure doctorale à Québec. Ceux qui me connaissent savent combien j’ai chéri mon expérience à Québec et tout ce que ces 3 ans à Québec m’ont apporté : des amitiés précieuses, des opportunités incroyables et une connaissance de soi inestimable. C’est donc avec une immense fierté et le cœur gros que je dépose enfin le produit final de tous mes efforts sur un sujet qui a su piquer ma curiosité d’aussi loin que je me souvienne : les relations de couple. Avant de vous dévoiler ce produit final, je tiens à prendre le temps de remercier toutes ces personnes qui m’ont aidé, de loin comme de près, à réaliser ce mémoire.

Tout d’abord, je tiens à remercier mon directeur de thèse, M. Sabourin, qui a su m’offrir une aide précieuse tout au long du projet. M. Sabourin a su non seulement m’offrir une aide concrète et une expertise inespéré en ce qui concerne le « comment faire » de la rédaction de la thèse et des analyses statistiques, mais a grandement contribué à mon développement professionnel et

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personnel par l’autonomie qu’il m’offrait ainsi que toutes les opportunités qu’il mettait à ma disposition.

J’aimerais également remercier Hélène, notre professionnelle de recherche, qui m’a aidé dans mes analyses statistiques. Merci d’avoir été patiente avec moi en prenant le temps de m’expliquer des choses simples en statistiques, de t’être montrée hyper disponible pour mon projet, d’avoir été humaine et aussi pour toutes ces belles conversations sur la vie que nous avons eues. Ce fut franchement une bouffée d’air frais que de travailler avec toi!

Un gros merci évidemment au membre de mon comité, Yvan Lussier, pour ses commentaires constructifs lors des séminaires, pour sa flexibilité dans son horaire et ses déplacements et surtout pour sa personnalité rayonnante qui fait descendre automatiquement notre niveau de stress le jour d’un séminaire.

Un merci spécial aussi à Mme Danielle Lefebvre, ma première superviseure clinique, qui m’a offert une expérience clinique inestimable et de qui j’ai énormément appris. Merci pour toutes ses réflexions cliniques et personnelles qui font de moi aujourd’hui une personne qui se connait davantage. Merci du support que vous avez su m’apporté lorsque je vivais des choses plus difficiles et que j’avais besoin de m’exiler en Afrique. Grâce à votre flexibilité et à celle de M. Sabourin, j’ai pu réaliser mes projets de longue date durant l’été 2010 et ai rencontré l’homme de ma vie du même coup!

Bien entendu, toutes ces personnes citées plus haut m’ont été d’une aide concrète dans la réalisation de ce fastidieux projet, toutefois j’aimerais maintenant prendre quelques lignes afin de remercier ces personnes qui sont, un peu comme dans la métaphore d’une réalisation cinématographique, « derrière la caméra ». Ce sont ces personnes qui ont fait en sorte que j’avais une vie bien remplie autre que ma thèse, ces personnes qui ont étés pour moi des modèles, des sources inépuisable de support, ces personnes qui m’offraient de petites joies tous les jours, ces

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personnes qui constituent mon filet de sécurité pour assurer mon bonheur et qui m’aident à garder contact avec le vrai sens de la vie.

Je tiens donc à remercier ma famille adorée : mes frères, Toby et Philippe, qui ont toujours su me donner des bons mots d’encouragements, mon père, ma tante Denise qui m’a appris à toujours viser plus haut, ma cousine Sophie qui est et a toujours été pour moi un modèle intellectuel, professionnel et relationnel et qui est le type de super-woman que nous aspirons toutes être et enfin, ma très chère mère. Ma mère qui est probablement le plus grand modèle de force au monde et qui m’a appris à ne jamais se laisser abattre par un obstacle. Ma mère qui dès que j’étais en mesure de le comprendre m’a dévoilé le plus grand secret de la vie : The sky is the limit: nous avons le pouvoir de faire ce que nous voulons avec notre vie. Ma mère qui m’a offert un support émotionnel, pratique et financier au meilleur de ses capacités, et ce, de façon inconditionnelle.

Je tiens également à remercier mes chères amies de longue date qui sont un véritable bijoux pour moi, des perles rare, toutes plus uniques les unes que les autres. Ariane Cloutier-Gill, Ariane E.F, Marie-Noëlle De blois, Vanessa Renaud-Bowen, Amélie Bissonette et Léa Lemire-Dicire qui sont une véritable bouffée d’air frais, toujours là pour me faire rire et dédramatiser n’importe quelle situation qui semble insurmontable sur le coup. Merci de vos visites à Québec, merci d’être toujours disponible quand je décide de rentrer au bercail à pied levé, mais surtout, et simplement, merci de votre précieuse et loyale amitié. Un merci tout spécial à ma grande amie d’enfance Sabrina Djidel avec qui j’ai rêvé et visualisé mes projets d’adulte, avec qui j’ai formé ma personnalité et avec qui j’ai appris à toujours viser plus haut.

Je ne saurais passer sous silence ces nouvelles amitiés, ces personnes si importantes que j’ai rencontrées dans mon programme ici à l’Université Laval. Je me compte extrêmement chanceuse d’être tombée dans une cohorte si dynamique, si diversifiées et si différente. Je peux

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honnêtement dire que toutes les personnes de ma classe ont grandement contribuées à faire de mon expérience doctorale, une des plus enrichissantes aventures de ma vie. Pour n’en nommer que quelques uns, je voudrais remercier Catherine Gagnon, Sarah Paquin, Marie-Pier Chenito-Beaulieu, Amélie Couture, Vanessa Keegan, Caroline Goulet, Simon Paquette et Geneviève Gaudreau de m’avoir consolé, écouté, supporté, amusé, offert de la place pour ventiler et conseillé durant ces dures, mais magnifiques quatre belles années. Encore une fois, j’aimerais apporter un merci tout spécial à une grande amie qui m’a marquée à tout jamais, Brandy Lee Callahan. Merci de ta fidèle amitié, merci de m’avoir montré les choses de la vie que je ne connaissais pas, merci de m’avoir jamais porté aucun jugement sur ce que je pouvais vivre ou dire, merci d’avoir été toujours là pour moi, merci pour ces bon débats, pour ces innombrables conversations sur le plancher de la cuisine ou encore pour ces soirées inoubliables aux situations X,Y, P et T!

Évidemment, je tiens à remercier cette nouvelle personne dans ma vie qui m’est si chère et qui a su m’apporter un support inconditionnel absolument hors du commun, cet homme magnifique que j’ai rencontré lors de mon été d’exil et qui par toute sa précieuse naïveté et sa conviction a accompli l’exploit de me faire croire de nouveau à l’amour, mon fiancé, Jack Stern. En plus de tout l’amour et le support qu’il a su m’apporter lors de mes deux dernières années d’étude au Doctorat, Jack a été pour moi le pont entre la personne que j’étais avant mes études sur les relations conjugales et mon futur. Il est mon pied à terre, celui qui me permet de garder contact avec les vrais plaisirs de la vie, mon partenaire, mon meilleur ami et celui avec qui je bâtis mon futur. Comme j’aurais aimé que les résultats de cette thèse appuient notre relation à distance et les sacrifices qu’elle demande! Mais au lieu de cela, à toi seul mon cher amour, je dis : fais abstraction des résultats de ce mémoire, les sacrifices que nous faisons pour maintenir notre

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relation sur deux continents sont sans aucun doute l’exception à la règle, puisque que notre amour est plus grand que tout!

Pour tous les autres, voici donc les effets potentiels des sacrifices de soi répétés dans vos relations amoureuses…à moins que vous aussi soyez une exception à la règle?? 

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.

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Introduction générale

Les relations intimes en général et plus particulièrement les relations amoureuses occupent une grande place dans la vie de l’ensemble des individus. La célèbre pyramide des besoins de Maslow place même le désir d’amour et d’appartenance au troisième rang des besoins fondamentaux pour l’être humain (Maslow, 1943). Toutefois, les relations intimes peuvent être à la fois source de bonheur et de frictions pour l’individu, si bien que les répercussions psychologiques de celles-ci peuvent s’avérer autant positives que négatives. En effet, comme la nature dyadique du couple implique l’union de deux individus distincts détenant chacun leur propre système motivationnel, leurs propres valeurs et intérêts, ainsi que leur propre structure de personnalité; il est inévitable que tôt ou tard, les intérêts des partenaires divergent. Ces conflits d’intérêts observés fréquemment dans les relations conjugales mènent invariablement à des désaccords entre les partenaires et peuvent engendrer une détresse importante au sein du couple. Certains auteurs rapportent qu’une proportion de 20 à 25% des couples éprouvent une détresse clinique significative reliée à leur union (Uebelacker, Courtnage & Whisman, 2003; Whisman & Bruce, 1999). Cette détresse aurait non seulement des retentissements néfastes au niveau de la santé physique des partenaires, mais aurait également des répercussions non-négligeables sur la santé psychologique de ceux-ci et de leurs enfants en les rendant plus susceptibles de développer un trouble mental (Christensen & Brooks, 2001; Gallo, Troxel, Matthews & Kuller, 2003; Kiecolt-Glaser et al., 2005; Kiecolt-Glaser, Bane, Glaser & Malarkey, 2003; Lorenz, Wickrama, Conger & Elder, 2006). La dépression majeure constitue un exemple de trouble mental associé à la détresse conjugale. En effet, plusieurs études portant sur cette association démontrent qu’un individu souffrant de détresse conjugale est plus sujet à sombrer dans un épisode de dépression majeur (Heim & Snyder, 1991; Whisman, Beach, & Steven, 2001).

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En plus de provoquer une détresse au sein du couple, les conflits d’intérêts entre les conjoints peuvent entraîner une insatisfaction à l’égard de l’union (Adams, 1946; Heim & Snyder, 1991). L’insatisfaction conjugale peut s’avérer fatale pour la survie d’un couple puisque la satisfaction conjugale semble détenir un rôle de premier plan pour expliquer la longévité d’un couple (Berscheid & Lopes, 1997; Karney & Bradbury, 1995; Kurduk, 1993). D’ailleurs, la notion de satisfaction conjugale a reçu beaucoup d’attention ces dernières décennies en raison de l’augmentation exponentielle du nombre de divorces en Amérique du Nord (Weiss, 2005). Plusieurs experts dans le domaine des relations intimes se sont alors penchés sur les déterminants de la satisfaction conjugale (Bouchard, Lussier & Sabourin, 1999; Karney & Bradbury, 1995, 1997; Kelly & Conley, 1987; Lavee & Ben-Ari, 2004; Luckey, 1964; Möller, 2004; Robins, Caspi & Moffitt, 2000; Zaleski & Galkowska, 1978). Parmi ceux-ci, la façon dont les partenaires gèrent les conflits d’intérêts au sein de leur union représenterait un déterminant de la satisfaction conjugale (Gottman, 1993; Gottman & Krokoff, 1989; Markman, Stanley, & Blumberg, 1994; Notorius & Markman, 1993). Ainsi, la technique de résolution de conflits adoptée prédirait le degré de satisfaction conjugale et par le fait même, la stabilité du couple.

Or, de multiples techniques de résolution de conflits s’offrent aux partenaires qui doivent régler un conflit lorsque leurs intérêts divergent. Un individu peut, par exemple choisir d’exprimer ou non son intérêt divergent, en décidant par la suite, s’il maintient sa position ou s’il concède son point à son partenaire. Les conjoints peuvent également en venir à un compromis ou un arrangement suite à une discussion ou peuvent décider de ne rien faire et tenter d’oublier ou de nier ce conflit d’intérêt et enfin, dans des cas plus extrêmes, peuvent décider de mettre un terme à leur relation. Ces diverses réactions sont elles-mêmes influencées par une multitude de facteurs à la fois intrapersonnels, interpersonnels et situationnels (Gattis, Berns, Simpson, & Christensen,

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2004). En ce sens, un individu peut réagir d’une certaine manière lors d’un conflit selon ses traits de personnalité, ses motivations, son type d’attachement, son humeur, son niveau d’estime de soi, le style interactionnel qu’il entretient avec son partenaire, l’historique de la relation, etc.

Récemment, quelques chercheurs se sont intéressés aux implications d’une méthode de résolution de conflits plus passive; celle de renoncer à ses intérêts personnels au profit de ceux de son partenaire. Cette façon de réagir aux désaccords, communément appelé le « sacrifice de soi », est perçue comme un signe d’amour ou d’altruisme par certains et de masochisme ou de manque d’affirmation de soi par d’autres. Bien qu’il existe une multitude d’écoles de pensée sur le fait de concéder à son partenaire (par p. ex., concéder son point à son partenaire lors d’un conflit d’intérêt, concéder son opinion ou concéder un intérêt particulier pour le bien d’une relation), la présence du sacrifice de soi dans les relations intimes est indéniable. D’ailleurs, ce concept fait partie intégrante de la définition populaire de ce qu’est l’amour au même titre que les notions de confiance, de respect et de loyauté (Noller, 1996). Certains vont même jusqu’à affirmer que l’acte de se sacrifier, ou de sacrifier ses besoins immédiats pour autrui, est l’essence de ce qui différencie l’amour de l’amitié (Pam, Plutchik, & Conte, 1973). Ces derniers justifient cette affirmation en soutenant que la tendance à se sacrifier pour autrui s’intensifie avec la proximité du lien entre les individus, atteignant son paroxysme dans les relations amoureuses et les liens de sang. En psychologie, le concept du sacrifice de soi est défini comme : «Le fait de renoncer à ses intérêts personnels au profit du bien-être de son couple ou de son partenaire » (Van Lange et al., 1997a; Van Lange, Agnew, Harink, & Steemers, 1997b). Ce construit est étudié depuis maintenant quelques décennies en psychologie sociale et a connu un regain de popularité au sein de la littérature portant sur la théorie du jeu (Game theory), où l’on a remarqué qu’il existait chez

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une proportion considérable d’individus une tendance à se sacrifier en contexte expérimental (Van Lange et al., 1997b).

Les quelques études s’étant penchées sur le sacrifice de soi dans le cadre des relations intimes s’inscrivent sous trois principaux courants théoriques, dont la théorie du sacrifice de soi en tant que facteur de maintien du couple, le modèle des perceptions associées au sacrifice de soi, ainsi que la théorie motivationnelle du sacrifice de soi. Aux fins de ce mémoire doctoral, la recension des écrits est effectuée par un bref survol de ces courants théoriques.

Recension de la littérature

La théorie du sacrifice de soi comme facteur de maintien du couple

Une grande partie des écrits sur le sacrifice de soi dans le cadre des relations intimes a étudié le concept sous un angle interactionnel. Ceci est en partie dû à l’intérêt des spécialistes en psychologie sociale qui ont cherché à mieux cerner les mécanismes interpersonnels, cognitifs, affectifs et comportementaux qui régissent les relations intimes. Après s’être longtemps attardé aux facteurs qui contribuent à l’effritement d’une relation, l’intérêt des chercheurs s’est davantage tourné vers les déterminants de la satisfaction conjugale. Une théorie issue de ces recherches soutient que certains comportements, appelés pro-relationnels (pro-relationship behaviors), favorisent le bon fonctionnement d’une relation amoureuse (Johnson & Rusbult, 1989; Kumashiro, Finkel, Rusbult, 2002; Rusbult, Drigotas, & Verette, 1994; Rusbult, Verette, Whitney, Slovik, & Lipkus, 1991; Wieselquist, Rusbult, Foster, & Agnew, 1999). Selon cette théorie, les couples les plus heureux démontreraient certains patrons d’interaction et partageraient certaines caractéristiques menant à la satisfaction conjugale des partenaires. Ces facteurs de satisfaction conjugale seraient en fait des mécanismes à la fois individuels et interpersonnels, se manifestant sur les plans cognitif, affectif et comportemental. Le recours à ces mécanismes vise à maintenir la relation. Parmi la multitude de facteurs considérés comme des mécanismes de

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maintien du couple, on trouve notamment la présence d’un haut niveau d’engagement des partenaires, une vision commune du couple, un degré élevé d’investissement dans la relation, un degré élevé d’ajustement dyadique, une qualité amoindrie d’alternatives à la relation conjugale, ainsi qu’une prédisposition à sacrifier ses intérêts personnels pour le bien du couple (Van Lange et al., 1997a; 1997b). Par conséquent, cette approche perçoit le concept du sacrifice de soi comme un mécanisme central de maintien de la relation.

La théorie des mécanismes de maintien est elle-même constituée de plusieurs autres sous-théories. Par exemple, la théorie de l’interdépendance de Kelley et Thibault (1978) qui stipule que plus deux partenaires deviennent dépendants l’un de l’autre et de leur relation, plus ils démontrent des patrons cognitif, comportemental et interactionnel spécifique visant à promouvoir la longévité de leur relation abordent ce même sujet (Kelley, 1979; Kelley & Thibault, 1978). D’ailleurs, parmi les différents facteurs qui constituent ce patron interpersonnel distinct, Kelley et Thibault y incluent la tendance à se sacrifier pour son partenaire. La théorie des mécanismes de maintien est également appuyée par la littérature sur la résolution de conflits qui affirme, tel que mentionné précédemment, que le degré de satisfaction conjugale est influencé par la manière dont les partenaires intimes règlent leurs conflits (Gottman, 1993; Gottman & Krokoff, 1989; Markman et al., 1994; Notorius & Markman, 1993). Selon cette dernière perspective, les partenaires les plus satisfaits opteraient pour des techniques plus douces et accommodantes de résolution de conflits, moins destructrices de la relation. Parmi les différentes tactiques de résolution de conflits considérées comme étant plus douces, on note le sacrifice de soi.

Compte tenu de la popularité de la théorie des mécanismes de maintien de la relation conjugale, il incombe alors d’exposer un bref résumé des principaux résultats d’études s’étant penchées sur le sacrifice de soi dans ce contexte.

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Sacrifice de soi et propension à se sacrifier

La propension à se sacrifier (appelée willingness to sacrifice en anglais) est un concept qui s’est popularisé dans le domaine de la recherche sur les processus gérant les relations intimes en psychologie sociale. Van Lange, l’instigateur de ce mouvement, a publié plusieurs articles encore jugés comme centraux à ce jour pour la théorie du sacrifice de soi dans le cadre des relations amoureuses (Agnew, Van Lange, Rusbult, Langston, 1998; Van Lange et al., 1997a; Van Lange et al., 1997b;).

En plus de se questionner sur les raisons pour lesquelles un individu est plus enclin à se sacrifier qu’un autre, Van Lange reprend le concept du sacrifice de soi vers la fin des années 1990 en tentant de démystifier son impact potentiel sur le fonctionnement des relations intimes. Celui-ci démontre qu’il existe plusieurs associations entre la propension à se sacrifier et les facteurs contribuant à la satisfaction conjugale. Or, selon Van Lange, la tendance à se sacrifier chez un partenaire serait non seulement associée à des indicateurs d’une relation intime satisfaisante (stabilité, longévité et satisfaction conjugale), mais aussi à d’autres facteurs favorisant le bon fonctionnement de la relation, i.e. les mécanismes de maintien (Van Lange et al., 1997a; 1997b).

Sacrifice de soi et engagement

Les premières études sur le sacrifice de soi en tant que mécanisme de maintien d’une relation se sont penchées sur la relation positive entre ce concept et le degré d’engagement de l’individu qui effectue le sacrifice. En effet, Kelley et Thibault ont démontré qu’il y avait une association entre l’engagement d’un individu en couple et sa propension à se sacrifier pour le bien-être de son couple et/ou de son partenaire (Kelley, 1979; Kelley & Thibault, 1978). Cette association a été confirmée par plusieurs autres auteurs dans les décennies suivantes (Mattingly & Clark, 2010; Powell & Vugt, 2003; Van Lange et al., 1997a, 1997b), si bien que cette association

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est l’une des plus significatives jusqu’à présent au sujet du sacrifice de soi. Ainsi, un plus haut taux d’engagement serait associé à une plus grande propension à se sacrifier (Kelley, 1979; Kelley & Thibault, 1978; Mattingly & Clark, 2010; Powell & Vugt, 2003; Van Lange et al., 1997a, 1997b).

Powell et Vugt (2003) ont également trouvé une association entre un taux élevé d’engagement et le nombre de sacrifices qu’un partenaire effectue, particulièrement dans des situations représentant des « dilemmes sociaux», où les coûts sont élevés pour l’individu effectuant le sacrifice. La notion de dilemmes sociaux à coûts élevés pour le partenaire se sacrifiant au profit de son couple, inclurait, par exemple, des choix tels que déménager dans une autre ville pour la carrière de son partenaire ou rompre une amitié pour celui-ci. Au contraire, des dilemmes sociaux à moindres coûts incluraient, par exemple, le fait de laisser à son partenaire le choix du film au cinéma ou encore le laisser lire le livre que vous venez de débuter. Ainsi l’individu affichant un taux d’engagement élevé envers sa relation serait plus prompt à se sacrifier lorsque ce sacrifice implique de larges conséquences pour lui, comparativement à un individu détenant un faible taux d’engagement. Ces derniers effectueraient cependant plus de sacrifices dans des situations où les coûts sont moindres, possiblement pour faire bonne impression auprès de leur partenaire (Powell & Vugt, 2003). Ces résultats ont étés répliqués par Mattingly et Clark en 2010. Les auteurs ont démontré qu’un haut niveau d’engagement était spécifiquement important lorsque le sacrifice demandé dépassait les attentes sociales de sacrifice pour son partenaire amoureux. Par ailleurs, Mattingly et Clark (2010) soutiennent que l’importance de l’activité sacrifiée pour l’individu qui se sacrifie, serait davantage associée à la propension à se sacrifier que le niveau d’engagement envers l’union le serait. Ainsi, plus l’activité sacrifiée est importante pour l’individu (hommes et femmes), moins celui-ci sera porté à la sacrifier, et ce, même après avoir contrôlé pour le niveau d’engagement.

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Pour leur part, Whitton, Stanley et Markman (2007) ont démontré que la perception négative qu’un individu entretenait vis à vis ses comportements de sacrifice influençait son niveau d’engagement, si bien que plus l’individu perçoit le sacrifice qu’il effectue comme étant dommageable pour sa personne, moins il ressent de l’engagement envers son union.

La théorie des perceptions associées au sacrifice de soi

Le second courant théorique aborde le sacrifice de soi en couple sous un aspect plus cognitif. En effet, dans le chapitre dédié au sacrifice de soi de leur ouvrage sur les relations intimes, Whitton, Stanley et Markman (2002) rapportent que l’un des faits les plus saillants de la recension des écrits à ce sujet concerne l’importance des perceptions associées au sacrifice qu’un individu effectue. Ainsi, les questions de nature, d’intensité ou de fréquence du sacrifice de soi seraient moins importantes que la vision que l’individu se fait de son sacrifice. Or, cette théorie soutient que le fait que l’individu adopte une vision positive ou négative de son sacrifice prédirait son bien-être psychologique et aurait une influence non-négligeable sur la santé du couple. Ceci s’effectuerait notamment par l’association qui existe entre la perception qu’un individu a de son sacrifice et certaines composantes dites essentielles au bien-être du couple (mécanismes de maintien du couple, voir section précédente), telles l’engagement et l’ajustement dyadique (Stanley, Whitton, Sadberry, Clements, & Markman, 2006; Whitton et al., 2002; Whitton et al., 2007). Stanley et collègues (2006) vont même jusqu’à affirmer que l’attitude sous-tendant le sacrifice de soi agirait comme médiateur entre l’engagement et le niveau d’ajustement dyadique dans le cadre des relations intimes. Qui plus est, la relation unissant les perceptions du sacrifice de soi à la qualité du fonctionnement de la relation intime semble être bidirectionnelle. En effet, certains auteurs rapportent qu’en plus d’être associée à certains comportements influençant le bien-être d’une relation, la perception du sacrifice de soi serait elle-même influencée par certains

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construits interpersonnels. Or, le fait qu’un individu adopte une vision positive ou négative du sacrifice qu’il effectue à l’intérieur de son couple serait en partie le fruit de mécanismes spécifiques de maintien de la relation. Ces mécanismes incluent la présence d’une identité de couple (le fait de percevoir son couple comme une équipe où les partenaires partagent une vision commune des intérêts de leur dyade) (Stanley & Markman, 1992), l’existence d’une vision à long-terme de l’union, la perception que la relation est de grande qualité (Whitton et al., 2002), ainsi que la vision de devoir répondre inconditionnellement aux besoins de son partenaire (Communal Strength) (Kogan et al., 2010). Concrètement, la théorie des perceptions associées au sacrifice de soi avance qu’une composante relationnelle présente dans le couple influencerait la perception de l’individu face à son sacrifice de soi et que cette vision viendrait à son tour influencer la composante relationnelle initiale, et ce, de manière circulaire. Par exemple, une évaluation très favorable de la qualité de l’union par un partenaire engendrerait une vision positive d’un sacrifice de soi à effectuer et, le fait que celui-ci soit perçu de façon positive, renforcerait l’idée d’une plus grande qualité de l’union, résultant ainsi en divers bienfaits sur le plan du fonctionnement relationnel. Selon les tenants de ce courant théorique, la vision qu’un partenaire se fait de son sacrifice peut également être le résultat de la perception de réciprocité des sacrifices au sein de son couple. En fait, l’idée que l’individu se fait de la réciprocité des sacrifices conjugaux serait associée aux affects ressentis lors du sacrifice. À ce propos, la vision positive ou négative du sacrifice qu’un individu effectue dépend partiellement de la perception qu’il détient de la réciprocité des sacrifices dans l’unité dyadique (Whitton et al., 2002). Ainsi, s’il juge ou perçoit qu’il y a inégalité du nombre de sacrifices (manque de réciprocité), le sacrifice sera davantage perçu comme étant dommageable par l’individu qui le fait.

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Dans ce contexte, l’impact de la perception du sacrifice de soi aurait non seulement des retentissements sur la santé du couple, mais également sur le bien-être psychologique de l’individu qui effectue le sacrifice. Certes, selon certains, l’attitude adoptée par les partenaires en contexte de sacrifice de soi irait jusqu’à prédire les symptômes dépressifs de ceux qui effectuent le sacrifice (Whitton et al., 2007). Ainsi, un partenaire qui percevrait son sacrifice comme étant dommageable pour son intégrité personnelle, en plus d’être plus enclin à démontrer un faible engagement envers son partenaire et un faible degré de fonctionnement conjugal, serait plus vulnérable aux symptômes dépressifs (Whitton et al., 2007).

Conséquemment, certains auteurs affirment que la perception associée au sacrifice de soi prédit la propension future d’un individu à se sacrifier à l’intérieur de son couple. Selon Whitton et ses collègues (2002), le nombre de sacrifices qu’un individu effectue corrélerait avec la perception qu’il entretient de ces sacrifices, supposant ainsi qu’une évaluation positive des sacrifices qu’un individu peut effectuer dans sa relation prédispose à se sacrifier davantage.

La théorie des motifs associés au sacrifice de soi

Le troisième et dernier courant théorique rassemblant les écrits sur le sacrifice de soi en couple porte sur les motifs sous-jacents à celui-ci. Contrairement aux deux précédentes approches qui se penchaient sur les aspects interactionnels (mécanismes de maintien) et cognitifs (perceptions) du sacrifice de soi, la théorie des motifs sous-tendant le sacrifice aborde le concept sous un angle motivationnel. Ce courant théorique incorpore la théorie d’activation des systèmes d’inhibition et d’activation du comportement ainsi que la théorie de l’attachement chez l’adulte.

La théorie de l’activation des systèmes d’inhibition et d’activation du comportement perçoit le partenaire amoureux comme étant un être en réaction à son environnement, qui adopte

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soit un mode général d’approche de situations plaisantes et bénéfiques, soit un mode général d’évitement de situations aversives ou néfastes pour son intégrité personnelle (Mikulincer, 2006).

Il existerait ainsi deux formes de motifs sous-jacents aux sacrifices de soi en couple, soit celle des motifs d’approche (approach motives) et celle soutenue par des motifs d’évitement (avoidance motives) (Impett, Gable, & Peplau, 2005). Les individus fonctionnant selon un mode général d’approche (BAS-Behavior Activation System) seraient plus enclins à effectuer un sacrifice de soi au sein de leur union afin de provoquer une réponse, une situation ou un état leur étant agréable. Ceci inclut par exemple, la réponse de satisfaction du partenaire, le bien-être de celui-ci et de son couple, le désir de plaire à son conjoint, le désir de réciprocité du sacrifice dans le futur, etc. À l’inverse, les individus fonctionnant selon un mode général d’évitement (BIS-Behavior Inhibition System) auraient davantage tendance à effectuer un sacrifice de soi afin d’éviter une réponse, une situation ou un état émotionnel leur étant désagréable. À l’intérieur d’un couple, ceci peut se traduire par l’évitement d’un conflit, d’une rupture, du fait de déplaire à son partenaire, d’une punition future, etc. (Impett et al., 2005). Selon cette théorie, les deux formes de motifs derrière le sacrifice de soi génèreraient des sentiments différents à l’égard du sacrifice pour la personne qui le fait et pour le partenaire qui en bénéficie. En effet, les motifs d’approche sous-tendant un sacrifice de soi seraient associés à un plus grand bien-être psychologique, une plus grande perception de la qualité de la relation, ainsi qu’à un affect positif lié au sacrifice pour l’individu qui l’effectue (Impett et al., 2005). À l’opposé, le sacrifice de soi en couple effectué pour des motifs d’évitement serait associé à des sentiments de bien-être amoindri, une perception affaiblie de la qualité de la relation, un plus grand nombre de conflits, ainsi qu’une longévité écourtée du couple (Impett et al., 2005).

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De plus récentes études ont démontré que tout comme les motifs d’approche et d’évitement soutenus par la théorie d’activation des systèmes d’inhibition et d’activation du comportement, le type d’attachement chez l’adulte pouvait également être une forme de motivation venant influencer la propension à sacrifier ses intérêts en couple. En effet, dans leur récente étude, Impett et Gordon (2010) démontrent qu’un style d’attachement préoccupé, particulièrement chez la femme, est associé à une plus grande fréquence de sacrifices au sein de l’union, alors qu’un style d’attachement détaché/évitant est associé à de moins nombreux sacrifices au sein de l’union conjugale.

La théorie motivationnelle du sacrifice de soi en couple soutient également que la motivation pour laquelle l’individu décide de se sacrifier n’a pas seulement des répercussions sur le bien-être du donneur, mais se répercute également sur le bien-être du partenaire bénéficiant du sacrifice, sur sa perception de la qualité de la relation et sur sa tendance personnelle à se sacrifier (Impett et al., 2005; Van Lange et al., 1997b).

Ceci dit, il est à noter que la littérature englobant le sacrifice de soi dans le cadre des relations intimes et plus particulièrement le courant théorique abordant le sacrifice de soi comme motif d’évitement, inclut un autre concept s’apparentant au sacrifice de soi; celui de l’autocensure.

L’autocensure

Le concept d’autocensure se définit comme la tendance d’un partenaire à inhiber ses pensées, sentiments ou comportements dans le but d’éviter des conflits ou de perdre une relation qui lui est chère (Jack & Dill, 1992). Ce concept provient d’une littérature dite « féministe » ayant tenté, dans les années 80’, d’expliquer les disparités sexuelles dans l’incidence de la

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dépression majeure. Cette littérature présentait alors la tendance de la femme à se sacrifier en couple comme un facteur de risque à la dépression. Selon l’ensemble des écrits sur l’autocensure de l’époque, les femmes avaient davantage tendance à sacrifier leurs intérêts personnels pour ceux de leurs partenaires parce qu’elles sont davantage orientées vers les relations interpersonnelles que les hommes (Chodorow, 1978; Gilligan, 1982; Rubin, 1983). Une chercheure réputée dans le domaine, Dana Crowley Jack, proposa en 1991 un modèle de la dépression selon lequel les femmes en couple obéissaient à certains rôles sociaux prescrits (« tout donner à son partenaire », « mettre les besoins des autres avant les siens », etc) qui sous-tendaient des schémas cognitifs de négation de soi créant ainsi une vulnérabilité potentielle à la dépression. À partir de ce modèle, Jack développa une échelle d’autocensure (The self-silencing scale) où elle mesura la propension de la femme à s’autocensurer à l’aide de quatre facettes: le soi divisé (divided self), la représentation de soi externalisée (Externalised self-perception), l’autocensure (self-silencing), ainsi que la notion de prendre soin de son partenaire par le sacrifice de soi (Care as self-sacrifice) (Jack & Dill, 1992). La facette du soi divisé se rapporte à l’expérience de la femme qui agit de façon soumise afin de vivre selon les stéréotypes traditionnels féminins dans ses relations alors qu’elle est habitée par un sentiment de colère et d’hostilité grandissant face à ces stéréotypes. Un exemple d’item dans l’échelle référant à cette facette est : « Je parais souvent heureuse d’un point de vue extérieur, alors que je suis en colère et me sens rebelle intérieurement ». La facette de la représentation de soi externalisée, quant à elle, réfère à la notion de jugement de soi par l’entremise du jugement d’autrui. L’item suivant est un bon exemple du contenu de cette facette : « Le jugement que je me fais de moi-même tend à dépendre de comment je pense que les autres me perçoivent ». La facette d’autocensure de cette échelle fait plutôt référence à l’action d’inhiber l’expression de soi afin d’éviter des conflits et, ultimement, la perte possible de la relation. Cette facette est illustrée par l’item suivant: « Je n’exprime pas mes sentiments dans

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ma relation intime lorsque je sais qu’ils causeront des conflits ». Finalement, la dernière facette de cette échelle, l’action de prendre soin de son partenaire par le sacrifice de soi, renvoie à l’action de sécuriser la relation en priorisant les besoins du partenaire. Jack et Dill mesurait le sacrifice de soi à l’aide d’items tels que: « Prendre soin d’autrui signifie mettre les besoins d’autrui avant les miens » et « Considérer que mes besoins sont aussi importants que ceux des personnes que j’aime ferait de moi une personne égoïste » (Jack & Dill, 1992). Lorsque l’échelle d’autocensure a été développée, Jack et Dill, croyaient que plus le niveau d’endossement de ces schémas cognitifs était élevé chez les femmes, plus il était associé à une symptomatologie dépressive. Bien que les recherches subséquentes aient réfuté l’hypothèse d’une plus grande tendance à s’autocensurer en couple chez les femmes, le concept de l’autocensure resta très présent dans la littérature sur le sacrifice de soi en relations intimes. En effet, plusieurs chercheurs ont récemment démontré l’effet contraire, observant un taux d’autocensure plus élevé chez les hommes que chez leur partenaire (Cramer & Thoms, 2003; Whiffen, Foot, & Thompson, 2007). Ceci dit, plusieurs experts dans le domaine d’études des relations intimes croient toujours que l’autocensure ait un impact néfaste sur l’individu. Certains ont d’ailleurs démontré que les concepts de sacrifice de soi et d’autocensure, sont fortement associés à une symptomatologie dépressive (Flett, Besser, Hewitt & Davis, 2007; Harper & Welsh, 2007), ainsi qu’à un degré amoindri de la satisfaction conjugale (Harper & Welsh, 2007).

En ce qui concerne la théorie motivationnelle du sacrifice de soi, la corrélation négative entre les motifs d’évitements et le bien-être du partenaire effectuant le sacrifice de soi est également présente dans le concept de l’autocensure. Quelques chercheurs ont étudié l’impact d’utilisation de l’autocensure comme technique de résolution de conflits et ont démontré que

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l’autocensure était alors associée à une symptomatologie dépressive chez la femme (Cramer, Gallant, & Langlois, 2005).

En somme, comme la documentation scientifique sur le sacrifice de soi englobe celle de l’autocensure, il semble alors justifié d’inclure les données probantes de ces derniers écrits dans le cadre de ce mémoire doctoral. En effet, les deux concepts sont si similaires que Jack et Dill (1992) conceptualisent le sacrifice de soi comme un moyen de s’autocensurer. Conjointement, le fait de taire volontairement ses désirs, intérêts ou désaccords dans le but de sécuriser une relation (l’action de s’autocensurer) rejoint également la définition du sacrifice de soi: « outrepasser ses intérêts personnels au profit du bien-être de son couple ou de son partenaire» (Van Lange, 1997a; 1997b). Les deux concepts sont d’ailleurs largement corrélés (r = 0.59, p < 0.01) (Flett et al., 2007).

Sacrifice de soi et satisfaction conjugale

La documentation scientifique compte à ce jour si peu d’études s’étant penchées sur la relation unissant le sacrifice de soi et la satisfaction conjugale, qu’il est encore incertain si le sacrifice de soi a un impact bénéfique ou défavorable pour la satisfaction des partenaires formant un couple. En effet, il existe une controverse sur le sujet opposant deux courants distincts au sein des études. L’un de ces courants prône les bienfaits du sacrifice de soi sur la satisfaction conjugale, alors que l’autre soutient une relation inverse.

Au sein du corpus scientifique portant sur la relation entre le sacrifice de soi et la satisfaction conjugale, on note que les études qui supportent une relation linéaire positive sont davantage menées par des spécialistes de la psychologie sociale. Celles-ci stipulent que le sacrifice de soi est associé à une hausse de la satisfaction conjugale. Certains des auteurs qui sont

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de cet avis vont même jusqu’à affirmer que le sacrifice de soi favorise la « santé » du couple en accroissant la satisfaction et la paix au sein de celui-ci (Kelley, 1979; Kelley & Thibault, 1978; Van Lange et al., 1997a). La relation linéaire positive entre les deux construits est notamment appuyée par les recherches sur les facteurs de maintien dans le couple ainsi que par les études sur la résolution de conflits au sein du couple (Gottman, 1993; Gottman & Krokoff, 1989; Johnson & Rusbult, 1989; Kumashiro et al., 2002; Notorius & Markman, 1993; Markman et al., 1994; Rusbult et al., 1991; Rusbult et al., 1994; Wieselquist et al., 1999).

Plusieurs études se sont penchées plus précisément sur la relation positive entre le sacrifice de soi et la satisfaction conjugale dans les relations amoureuses (Impett et al., 2005; Impett & Gordon, 2010; Powell & Vugt, 2003; Stanley et al., 2006; Stanley & Markman, 1992; Van Lange et al., 1997a; 1997b; Wieselquist et al., 1999). Ces études expliquent cette relation positive par les nombreux bénéfices qu’entraîne le sacrifice de soi pour l’union conjugale. Parmi ces bénéfices on retrouve : un climat de confiance et de coopération entre les partenaires qui a pour effet d’augmenter les comportements dits pro-relationnels (voir section précédente intitulée La théorie des perceptions associées au sacrifice de soi pour une liste exhaustive des mécanismes de maintien du couple), un désir de réciproquer le sacrifice de son conjoint ce qui alimente l’interdépendance des partenaires, une plus grande intimité entre les partenaires, une meilleure capacité à résoudre les conflits, un partage plus grand d’activités communes au couple et finalement, une plus grande capacité à maintenir l’union conjugale à travers le temps. Ces auteurs ajoutent également que l’action de sacrifier ses intérêts pour son couple constitue une forme de communication comportementale (plutôt que verbale) qui démontre l’engament d’un partenaire pour son conjoint. Ces exemples constituent tous des retombées positives associées au sacrifice de soi en couple. Dans ce contexte, les coefficients de corrélation unissant les concepts de

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sacrifice de soi et de satisfaction conjugale varient généralement de 0.33 à 0.63 (Impett et al, 2005; Van Lange et al., 1997a; 1997b).

À l’opposé, d’autres auteurs prétendent que la relation entre le sacrifice de soi et la satisfaction conjugale suit un modèle linéaire négatif, proposant ainsi que le sacrifice en couple aurait un effet néfaste sur la satisfaction des partenaires (Collins et al., 2006; Impett et al., 2005; Impett & Gordon, 2010; Rusbult, 1998; Stanley et al., 2006; Whitton et al., 2007; ). On note que plusieurs des études qui supportent cette position semblent plutôt être d’influence psychodynamique où le concept du sacrifice de soi est alors conceptualisé de manière plus négative, se rapprochant davantage du concept de masochisme. Il importe donc de définir brièvement la notion de masochisme.

Masochisme

Le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux présente une définition de ce concept par l’entremise du Trouble de personnalité masochiste (aussi appelé trouble de la personnalité autodestructrice) qui était proposé comme diagnostique à l’étude dans sa troisième version révisée (DSM-III-R). Ce trouble répondait aux critères suivants :

«Mode général de comportements autodestructeurs qui apparaît au début de l’âge adulte où la personne a tendance à éviter ou à gâcher des expériences qui pourraient lui être agréables, a tendance à être attirée par des situations ou des relations dans lesquelles il ou elle souffrira, et a tendance à empêcher les autres de l’aider. Ce mode général de comportements autodestructeurs est présent dans des contextes divers, comme en témoignent au moins cinq des manifestations suivantes […] » (DSM-III-R, 1987).

Parmi les sous-critères énumérés, on note la tendance de l’individu à s’adonner à : « Des sacrifices de soi excessifs qui ne sont pas sollicités par celui qui les reçoit.» (voir Appendice A). Bien que cette définition n’ait jamais officiellement été adoptée dans le DSM, la conception d’un

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type de personnalité masochiste existe encore de façon générale dans la conception psychodynamique et chez certains auteurs en particulier comme Millon (voir l’Appendice B pour les différent sous-types de la personnalité masochiste; Millon et al. 2000). En ce qui concerne le lien entre masochisme et sacrifice de soi dans le cadre de relations intimes, Glickauf-Hugbes & Wells (1991) soutiennent que le masochisme inclut une façon pathologique d’aimer. Cette façon pathologique d’aimer réfère à des comportements tels qu’aimer un partenaire qui n’offre pas d’amour en retour, tenter de sécuriser une relation et de gagner l’amour d’autrui par la négation de soi, la souffrance pour l’autre, la nécessité de plaire et de se sacrifier pour l’autre. Cette dernière conception du masochisme en couple reflète bien les plus récents écrits psychodynamiques qui décrivent le masochisme comme mécanisme de défense visant à maintenir les relations d’objet (Bernstein, 1957; p. ex., voir : Berliner, 1958; Gear, Liendo & Scott, 1981; Storolow, 1975) contrairement aux première conceptions psychanalytiques du masochisme qui s’intéressaient davantage aux instincts libidinaux (e.g. voir : Freud, 1924; Reich, 1933 et Reik, 1941).

De par ce bref survol historique du concept de masochisme, il est possible de comprendre comment le sacrifice de soi est encore aujourd’hui intimement lié au concept de masochisme. En effet, ce survol nous permet de voir comment la conception psychodynamique du masochisme englobe la conception générale du sacrifice de soi, ce qui pourrait peut-être expliquer la conceptualisation négative du sacrifice de soi dans le courant psychodynamique.

Cette conceptualisation négative du sacrifice de soi se dégage d’ailleurs des études qui portent sur les répercussions du sacrifice de soi sur la satisfaction conjugale. En effet, les études qui supportent la relation négative entre le sacrifice de soi et la satisfaction conjugale semblent être plutôt d’influence psychodynamique. Cette position est notamment supportée par la recherche sur

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les motifs d’évitement associés au sacrifice de soi et la documentation sur l’attachement conjugal. Cette dernière prétend que les individus détenant un style d’attachement sécurisant, préoccupé ou détaché/craintif, auront une conception différente du sacrifice de soi en couple (Bartholomew & Horowitz, 1991; Whitton et al., 2002). Ainsi, selon cette théorie, il est attendu que les partenaires détenant un style d’attachement préoccupé exercent le plus haut taux de sacrifice de soi en couple puisque ceux-ci ont une plus grande angoisse d’abandon (Feeney, 1994). Ces individus useraient alors du sacrifice de soi comme moyen de sécuriser leur relation et seraient ainsi, les plus vulnérables à se sacrifier d’une manière masochiste, au point de devenir néfaste pour leur intégrité personnelle (Kunce & Shaver, 1994; Mikulincer & Nachshon, 1991). Pour leur part, les personnes détenant un style d’attachement sécurisant seraient enclines à sacrifier leurs intérêts pour le bien de la relation ou celui de leur partenaire sans, toutefois, tomber dans l’excès. Le taux le plus bas de sacrifice de soi serait retrouvé chez les partenaires détenant un style d’attachement détaché puisque ceux-ci sont réputés pour leur peur de l’attachement et leur perception négative d’autrui (Bartholomew & Horowitz, 1991). Donc, selon la théorie de l’attachement en contexte de relations intimes, un haut taux de sacrifice de soi est associé à des répercussions malsaines pour l’individu.

Jusqu’à présent, le corpus de recherches empiriques sur le sacrifice de soi est composé de 19 études au total. Parmi ceux-ci, seulement 11 études cernent de façon plus directe la relation entre le sacrifice de soi et la satisfaction au sein du couple. Étant donné le petit nombre d’études sur le sacrifice de soi et vu la proximité du concept d’autocensure de Jack (1991), nous inclurons ce dernier concept ainsi que la littérature s’y rattachant dans notre définition du sacrifice de soi aux fins de ce mémoire doctoral. Ceci permet alors d’élargir le corpus littéraire englobant la relation entre le sacrifice de soi, l’autocensure et la satisfaction conjugale à 24 recherches.

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En plus du nombre restreint d’études sur le sacrifice de soi, ces dernières présentent une limite importante quant à la population utilisée à titre d’échantillon ainsi que relativement à la mesure du construit de sacrifice de soi. En effet, la majorité des échantillons des études présentées sont formés de jeunes couples étudiant à l’université. Ceci peut biaiser les résultats puisque ces couples se trouvent encore dans les débuts de la relation où l’on estime que les sacrifices sont moindres et la satisfaction, plus élevée.

De plus, la façon dont les différents auteurs ont mesuré le sacrifice de soi chez leurs participants semble hétérogène et dans quelques cas, incomplète. En fait, on note que les chercheurs n’ont pas tous mesuré le sacrifice de soi de la même manière, mesurant parfois le construit en demandant aux participants de se projeter dans des situations hypothétiques, parfois en demandant aux sujets de se remémorer le nombre de fois qu’ils ont effectué un sacrifice dans le dernier mois, et d’autres fois en demandant aux participants de rapporter l’incidence de sacrifice de soi par l’intermédiaire d’une journal de bord quotidien. La première de ces méthodes est problématique puisqu’elle ne réussit pas à cerner le sacrifice de soi dans sa version quotidienne. La deuxième et la troisième méthode de mesure du sacrifice de soi sont également problématiques parce qu’elles minimisent les processus de congruence cognitive voulant que l’individu ait tendance à ne plus percevoir son sacrifice comme en étant un au fil du temps pour protéger sa relation et son intégrité personnelle (Festinger, 1962; Festinger & Carlsmith, 1959; Murray et al., 2009).

La mesure du sacrifice de soi telle que retenue dans ces études présente possiblement un sacrifice de soi « modéré », voire « léger », se rapprochant du concept de compromis. Par exemple, les questions qui visent à mesurer le sacrifice de soi font souvent référence à des situations anodines telles que : « Seriez-vous enclin à faire acte de présence à une fête où vous ne connaissiez aucun des invités pour faire plaisir à votre conjoint? ». À cet effet, outre le fait que la question en soi soit biaisée par la nature positive du geste, la mesure passe à côté du sens obsessif

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et malsain que le sacrifice de soi peut prendre s’il est effectué à outrance, en doses élevées ou encore par des sacrifices plus importants pour l’individu qui s’y adonne.

Sur ce point, l’échelle de Young (YSQ-Long version; Young & Brown, 1990) réussi bien à mesurer le sacrifice de soi dans sa forme plus malsaine avec des items comme : «Généralement, les autres me perçoivent comme une personne qui donne trop à son entourage et pas assez à soi-même », mais ne s’intéresse pas au sacrifice de soi dans le couple. L’Inventaire d’organisation de la personnalité (Inventory of Personality Organisation [IPO], Kernberg & Clarkin, 1995) par contre, réussi tout aussi bien à cerner les présentations plus malsaines du sacrifice de soi en portant également une attention particulière aux manifestations du sacrifice de soi dans les relation conjugales. Ceci est démontré par la présence d’items tels que : « Comme j’essaie constamment de ne pas paraître trop exigeante avec mon conjoint, je me prive d’expériences interpersonnelles qui pourraient être satisfaisantes ».

Ainsi, dans le cadre de ce mémoire doctoral, le sacrifice de soi sera étudié sous sa forme plus extrême se rapprochant ainsi du motif d’évitement, d’autocensure et du concept psychodynamique de masochisme. Étant donné la popularité de l’approche thérapeutique psychodynamique dans la pratique (Nelson & Steele, 2007), il importe de tester si la théorie du sacrifice de soi, telle qu’étudiée par les chercheurs d’influence sociale en contexte expérimental jusqu’à présent, est applicable à la pratique.

Également, il est nécessaire d’en déterminer les répercussions psychologiques pour la dyade amoureuse. La présente thèse se propose donc d’explorer la relation unissant la satisfaction conjugale et le sacrifice de soi au sein de couples de la population québécoise.

Objectifs et hypothèses

L’objectif principal de la présente étude est de vérifier la relation existant entre le sacrifice de soi et la satisfaction conjugale. Plus précisément, cette étude vise à découvrir la nature de cette

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relation lorsque le sacrifice de soi est effectué de manière plus intense. Pour ce faire, un questionnaire mesurant l’intensité, la fréquence, l’autocensure ainsi que le masochisme lié au sacrifice de soi sera administré à des participants provenant de la population générale. En se basant sur les résultats des études déjà effectuées, les hypothèses suivantes sont formulées :

Hypothèse 1 : En supposant que le sacrifice de soi ait un impact positif sur la satisfaction conjugale tel que les spécialistes en psychologie sociale l’affirment, nous désirons vérifier si une trop grande tendance à se sacrifier devient néfaste pour l’individu qui effectue les sacrifices. En effet, il est possible de croire qu’une tendance élevée à se sacrifier ressemblerait davantage au trait de personnalité masochiste en perdant sa portée favorable liée aux mécanismes de maintien du couple. Il est attendu que la tendance élevée à se sacrifier soit associée à un plus grand indice de symptômes de détresse psychologique pour l’individu démontrant cette tendance. Nous pensons également que cette tendance aurait une répercussion sur la relation entre le sacrifice de soi et la satisfaction conjugale, résultant ainsi en une relation linéaire négative.

Hypothèse 2: Notre deuxième hypothèse concerne les différences sexuelles en ce qui a trait à la propension de se sacrifier en couple. L’objectif sera de vérifier quel sexe a une plus grande tendance à se sacrifier en couple. Par la suite, il s’agira d’examiner si le sacrifice de soi a un impact différent sur la satisfaction conjugale des individus des deux sexes. Bien que les résultats soient inconsistants à ce sujet dans la littérature, nous pensons que les hommes détiendront une plus grande propension à se sacrifier vu les récentes études qui démontrent leur plus grande tendance à s’autocensurer (Cramer & Thoms, 2003; Whiffen, Foot, & Thompson, 2007). Nous supposons toutefois que la portée du sacrifice de soi sera plus néfaste chez les femmes que chez leur conjoint en raison des différentes perceptions associées au sacrifice de soi.

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Méthode

Participants

L’échantillon est constitué de 150 couples hétérosexuels québécois de langue française. Ceux-ci devaient répondre à certains critères d’inclusion, notamment le fait d’être marié ou d’avoir cohabité depuis au moins 6 mois et de détenir la majorité. L’analyse des caractéristiques sociodémographiques de l’échantillon démontre que 63% des couples participants sont mariés, 37% cohabitent et que l’ensemble des ces couple ont habité ensemble en moyenne sept ans au moment du recrutement. L’âge moyen des femmes de cette étude est de 28,4 ans tandis que celui des hommes est de 30,8 ans. Le revenu moyen des femmes est de 24 386$ alors que celui des hommes s’élève à 41 401$ et le nombre moyen d’années d’étude est de 15 ans sans distinction pour les sexes.

Procédure

L’échantillon de cette étude est recruté à l’aide du logiciel CONTACT qui identifie aléatoirement des participants à partir de coordonnées telles que le numéro de téléphone. Les questionnaires sont envoyés par la poste aux participants intéressés à participer à l’étude. Afin d’assurer la confidentialité entre les partenaires d’un même couple, ces questionnaires sont expédiés aux membres du couples avec deux enveloppes de retour préaffranchies afin qu’ils puissent retourner les questionnaires séparément. Ces enveloppes sont semblables pour les femmes et les hommes. Les couples ont été invités à répondre aux questionnaires à deux reprises, séparé d’un an d’intervalle.

Instruments

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items sélectionnés dans le Questionnaire de patrons de communication (Communication Patterns Questionnaires; Christensen, 1987; traduit et adapté par Yvan Lussier, Ph.D.), ainsi que par une des échelles de l’Inventaire d’organisation de la personnalité (Inventory of Personality Organisation [IPO], Kernberg & Clarkin, 1995, traduit et validé en français par Normandin et al., 2002). L’IPO se divise en deux sections principales, l’une portant sur les trois dimensions structurales de la personnalité (diffusion de l’identité, mécanismes de défense et épreuve de réalité) et l’autre traitant des relations objectales. Cette dernière est elle-même divisée en trois échelles mesurant l’organisation névrotique de la personnalité, ainsi que cinq échelles mesurant l’organisation limite de la personnalité. Quelques items (13 au total) se rapportant au trait de personnalité dépressif-masochiste sont sélectionnés de ces sous-échelles. L’IPO est intéressant puisqu’il peut être employé aussi bien dans un contexte clinique que dans la population générale puisqu’il touche à la fois des composantes de la personnalité dite normales et des aspects plus pathologiques du fonctionnement psychologique. Plusieurs études démontrent les qualités psychométriques de l’IPO, notamment au niveau de la consistance interne, de la fidélité test-retest et de la structure factorielle (Foelsch et al., 2000; Lenzenweger et al., 2001; Normandin et al., 2002). Pour ces deux questionnaires, un comité formé de juges a procédé à l’identification des items qui constituent la mesure du sacrifice de soi.

Ajustement dyadique : Une version abrégée de l’Échelle d’ajustement dyadique (ÉAD; Spanier, 1976, traduit par Baillargeon, Dubois, & Marineau, 1986) permet d’évaluer le degré de satisfaction conjugale des participants. Ce questionnaire auto-administré comporte 8 items quantifiés sur des échelles de type Likert dont l’étendue varie entre 0 et 5. La somme de ces items permet d’obtenir un score global d’ajustement dyadique pouvant varier entre 0 à 41. Un score élevé indique que l’individu est satisfait de sa relation. Deux dimensions constituent le facteur Ajustement dyadique, soit les sous-échelles de satisfaction et de cohésion. Celles-ci sont

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soutenues par les résultats d’une analyse factorielle et forment des scores utilisés dans les analyses structurales. La version abrégée française de l’échelle d’ajustement dyadique a de bonnes qualités psychométriques tel que démontré par la validité convergente et discriminante ainsi que le degré de fidélité (coefficients alpha variant entre 0,91 et 0,96) (Baillargeon et al.; Sabourin, Lussier, Laplante & Wright, 1990; Sabourin, Valois & Lussier, 2005).

Détresse psychologique : Le degré de détresse psychologique des partenaires est mesuré à l’aide d’une version française, abrégée en 14 items, du Psychiatric Symptom Inventory (ISP; Ilfeld, 1976; 1978; Préville, 1995; Préville, Boyer, Potvin, Perreault, & Légaré, 1992; Préville, Potvin, & Boyer, 1995). Ces items se répartissent sur quatre facteurs : dépression, anxiété, agressivité et problèmes cognitifs. Dans la présente étude, puisque nous jugeons qu’ils constituent tous des manifestations différentes de cette détresse, ces quatre facteurs sont utilisés séparément pour mesurer la détresse psychologique des partenaires. La version brève présente une validité de construit convenable, une consistance interne appréciable (= .89) et une bonne validité de critère (Préville, 1995; Préville et al., 1992; Préville et al., 1995). Les scores varient entre 0 et 42. Un score élevé reflète une détresse psychologique élevée. L’échelle de la dépression sera utilisée afin de contrôler pour un état dépressif, ainsi que pour déterminer le niveau de détresse psychologique du partenaire effectuant le sacrifice de soi dans l’immédiat et au long cours.

Analyses statistiques

D’abord, afin d’examiner les caractéristiques de l’échantillon, des analyses descriptives sont effectuées sur les variables sociodémographiques et psychologiques des participants. Ensuite, des analyses factorielles exploratoires sont effectuées pour détecter la présence de composantes spécifiques du sacrifice de soi à l’intérieur des deux questionnaires utilisés. Puis, des analyses

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