M3596
Blackdr
McGill
University
Libraries
//: CA
F a u b o u r g d e s R é c o l l e t s
o j e t d e m i s e a I e u Projet de rechercheRapport final
Pierre Malo
McGill University
Faculty of Graduate Studies
School of Urban Planning
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Le faubourg des Récollets Projet de mise en valeur
Par Pierre Malo
Projet de recherche dirigé
présenté comme exigence
â l'obtention du grade de
maîtrise en urbanisme
(M. U. P.)
McGill University
Faculty of Graduate Studies
School of Urban Planning
Mars 1991
© Pierre Malo, 1991
© copyright,
Pierre Malo, 1991 La reproduction d'un extrait de cette recherche, de son contenu, de ses illustrations ou de ses photographies, sous
quelque forme que ce soit, par des moyens mécani-ques, électroniques ou autres, en particulier par photocopie est interdite, sans la permission écrite du détenteur du copyright.
«Une ville dolt être bâtle de ffa^on â donner â ses habitants la sécurité et le bonheur.»
Table des matiêres
Table des figures 3
Remerclements 4 Introduction 5 Le faubourg des Récollets : un cas prioritaire 7
1 . Le faubourg des Récollets et son environnement 1 1
1.1 Le contexte urbain 11 1.2 Le slte d'interventlon 11 1.3 L'évohitlon historique du faubourg des Récollets 11
1.3.1 Le «Fauxbourg» des Récollets â l'ombre des fortifications
Avant1800 13 1.3.2 La consolidation d'un faubourg résidentiel
de 1800 â 1860 13 1.3.3 Les «voies de fer» et l'industrialisation
de 1860 â 1929 15 1.3.4 La Crise et le déclin
de 1929 â 1965 18 1.3.5 La fragmentation et l'éclatement du faubourg
de 1965 â nos jours 21
1.4 Le portralt du secteur 23
1.4.1 La précarité de la fonction industrielle 23 1.4.2 Le développement de la fonction tertiaire et commerciale 24
1.4.3 Lafonction résidentielle 26 1.4.4 L'omniprésence des espaces de stationnement 26
1.4.5 L'accessibilité et la circulation 28 1.4.6 Le patrimoine architectural et archéologique 29
1.5 Les enjeux d'aménagement 32
1.5.1 Les contraintes de développement 32 1.5.2 Les potentiels d'aménagement 33 1.5.3 La problématique d'aménagement du faubourg des Récollets 33
2. La réutilisation et la revitalisation des secteurs industriels
en Amérlque du Nord 36
2.1 SLI-awrence Neighbourhood, Toronto 36
2.2 Ataratiri Site, Toronto 38 2.3 Western Canadian Warehouse Dlstrict, Winnipeg 40
2.4 South Houston Street, SoHo, New York 42
2.5 Near East Side, Dallas 45
3. La stratégie pour la mise en valeur du faubourg des Récollets 48
3.1. Les tendances du dêveloppement immobilier â Montréal 48
3.1.1 Le centre des affaires 48 3.1.2 Le Vieux-Montréal et le faubourg des Récollets 48
3.1.3 Les conditions du marché résidentiel du Vieux-Montréal 50
3-2 Le plan directeur d'aménagement et de développement
de l'arrondissement Ville-Marie 51 3-3 Les principes d'aménagement 52
3.4 Le plan d'aménagement 53
3.4.1 Lesfonctions urbaines 53 3.4.2 Les espaces publics 55 3.4.3 La grille de rues 57 3.4.4 La morphologie urbaine 57
3.4.5 Les hauteurs et les densités 61 3.4.6 L'interface canal de Lachine/rue Queen 6l
3.4.7 L'interface Pointe-â-Calliêre/parc du Séminaire 65
3.4.8 L'autoroute Bonaventure 65
3.5 La problématique de réaménagement du poste Central
dHydro-Québec 65 3.6 Les éléments particuliers et considérations d'aménagement 67
3.6.1 La typologie résidentielle 67 3.6.2 La réhabilitation des terrains contaminés 68
3.6.3 La mise en valeur du patrimoine architectural et archéologique 68
3.6.4 L'encadrement réglementaire 70 3.6.5 Le transport en commun 70 3.7 La programmation 71 Conclusion 72 Lexique 73 Bibliographle 74
Table des figures
L'arrondissement Ville-Marie 6
Le contexte urbain 9 Le faubourg des Récollets, 1729 12
Le faubourg des Récollets, 1846 14 Le faubourg des Récollets, 1872 16 Le faubourg des Récollets, 1949 19 Le faubourg des Récollets, 1966 22 Le faubourg des Récollets, les fonctions urbaines, 1991 27
Le faubourg des Récollets, le patrimoine architectural et archéologique, 1991 30
St.Lawrence Neighbourhood, Toronto 37
Ataratiri Site, Toronto 39 Western Canadian Warehouse District, Winnipeg 41
South Houston Street, SoHo, New York 43 Le faubourg des Récollets, les tendances du développement immobilier 49
Le faubourg des Récollets, les fonctions urbaines, plan d'aménagement 54
Le faubourg des Récollets, le plan d'aménagement 56 Le faubourg des Récollets, coupes des rues Est-Ouest 58 Le faubourg des Récollets, coupes des rues Nord-Sud 1 59 Le faubourg des Récollets, coupes des rues Nord-Sud 2 60
La rue Queen entre les rue Ottawa et William 62
Le parc du Séminaire, vers le Nord 63 Les rues Wellington et d'Youville, vers le Vieux-Montréal 64
Remerciements
Je desire souligner l'aide précieuse des personnes qui ont contribué â la réalisation de ce projet de recherche. Mes remerciements s'adressent d'abord â Louise de Grandpré oû plusieurs idees développées dans cette étude se sont précisées au cours de multiples échanges, également â Michel Barcelo, directeur de cette recherche, pour la rigueur de ses commentaires.
Je souhaite remercier Raymonde Lavoie, d'Hydro-Québec, Francois Rémillard, d'Héritage-Montréal ainsi qu'Alain Loof qui m'ont permis de bénéficier de leur expertise dans le domaine de la revitalisation du patrimoine architectural et de l'architecture de paysage. Je tiens â remercier tout spécialement Gaston Dussault qui a revu et corrigé avec patience
et application plusieurs versions de ce projet. Â Serge Tardif, pour avoir effectué la mise en page qui rehausse la qualité de ce projet de recherche. Je remercie également BenoîtTardif qui a consacré plusieurs heures â réaliser les trois croquis qui expriment visuellement le projet de mise en valeur du faubourg des Récollets.
Enfin, un grand merci â Carole Lacroix qui a dactylographié avec soin la premiêre version de cette étude.
Introduction
A l'heure actuelle, Montréal est confrontée â deux problêmes majeurs : l'exode de sa population de classe moyenne vers la banlieue et une compétition de plus en plus impitoyable de la région suburbaine pour s'accaparer des activités de bureau et les services spécialisés, alors même que la région métropolitaine est en três faible croissance et qu'il s'agit plutôt d'une redistribution des populations et des activités.
Ce projet de recherche tente de répondre â ce problême crucial en proposant un projet de revitalisation pour le centre de Montréal. En effet, la mise en valeur du faubourg des Récollets s'inscrit dans cette volonté de renforcer le centre-ville en tant que pôle économique et lieu d'habitat. Toutefois, la revitalisation du centre de Montréal ne repose pas unique-ment sur le faubourg des Récollets, mais égaleunique-ment sur la mise en valeur des autres faubourgs adjacents au Vieux-Montréal (faubourg Québec et faubourg Saint-Laurent). L'abondance de terrains sous-utilisés dans les trois faubourgs ainsi que leur proximité du centre des affaires garantissentun volume adéquat de logements coopératifs, de logements privés et d'espaces â vocation commerciale qui offrentune alternative â la grande banlieue montréalaise.
Pour la mise en valeur du faubourg des Récollets, on doit donc insister sur la préservation des bâtiments d'intérêt patrimonial ainsi que sur des aménagements qui créent un milieu de vie et de travail de qualité.
Ce document présente les résultats de ce projet de recherche et propose une solution réaliste pour la mise en valeur du faubourg.
La démarche retenue pour l'élaboration du présent document repose sur l'analyse du faubourg des Récollets et de son environnement, sur l'étude d'expériences menées â l'extérieur de Montréal en matiêre de revitalisation des secteurs industriels et sur la stratégie pour la mise en valeur du faubourg des Récollets.
L'arrondissement Ville-Marie
Échelle : 1: 40 000 Source : vllle de Montréal
Le faubourg des Récollets : un cas prioritaire
Cette section présente les hypothêses retenues lors du projet de recherche visant la mise en valeur du faubourg des Récollets ainsi que les conclusions qui en ont découlé et qui sont l'objet même du présent document.
Le problême:
• une sérieuse pénurie de logements â prix abordables dans le centre de Montréal; • une compétition de plus en plus implacable de la part de la banlieue montréalaise pour attirer les activités de bureau et de services spécialisés — rendue possible par l'effritement des attraits qu'offre le centre-ville.
La solution:
• une quantité appréciable de terrains â prix abordables est nécessaire pour assurer la production adéquate de logements coopératifs et privés;
• une partie de ces espaces doit être destinée â des activités commerciales en collaboration avec le secteur privé.
Pourquoi au centre-ville:
• pour renforcer la position et la vitalité du centre-ville;
• parce que de nombreux professionnels et employés de services travaillent au centre-ville et ont de la difficulté â se trouver un logement â prix abordable â proximité de leurs lieux de travail;
• pour réduire l'engorgement des ponts et du réseau routier en offrant des logements â proximité des lieux de travail.
Pourquoi le faubourg des Récollets :
• au même titre que les faubourgs Québec et Saint-Laurent, le faubourg des Récollets compte un nombre considérable de terrains sous-utilisés qui peuvent être dévelop-pés dans des délais raisonnables;
• la localisation stratégique des faubourgs leur procure un fort potentiel de réaménagement;
• la mise en valeur du faubourg des Récollets, articulée autour d'une mixité sociale et fonctionnelle est profitable pour l'ensemble de la communauté;
• le secteur est situé â proximité des lieux de travail et de services;
• la présence de nombreux bâtiments d'intérêt patrimonial donne au secteur un caractêre distinctif.
Le contexte urbain
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© Échelle : 1: 8 000 Source : Ville de MontréalLe faubourg des Récollets
et son environnement
1 . Le faubourg des Récollets et son environnement
1.1 Le contexte urbain
II faut situer le faubourg des Récollets par rapport â son environnement afin d'éviter une proposition d'aménagement confinée sur elle-même.
Le faubourg des Récollets s'inscrit dans le prolongement naturel vers l'ouest du Vieux-Montréal. La proximité de ce quartier historique avec son patrimoine architectural grandiose, ses fonctions administratives et touristiques, le Vieux-Port — éventuellement réaménagé — et le fleuve Saint-Laurent, est un atout indéniable pour la faubourg des Récollets.
 l'ombre de la tour de la Bourse, le square Victoria tend la main au centre des affaires, ce qui a pour effet de renforcer les liens entre celui-ci et le faubourg des Récollets. Ainsi, le positionnement stratégique du faubourg des Récollets par rapport aux secteurs limitrophes en fait un point de jonction important.
Quelques ombres au tableau: la présence de vastes terrains de stationnement; une activité industrielle précaire; l'autoroute Bonaventure; la rampe d'accês du Canadien National qui accentue l'isolement du faubourg avec le Griffintown plus â i'ouest. De plus, le point de contact entre le centre des affaires et le faubourg des Récollets qu'est le square Victoria, est affaibli par divers éléments (topographie, stationnements et l'autoroute Ville-Marie). La rue McGill, avec sa large emprise et son cadre bâti exceptionnel, constitue un point de contact de premier ordre entre le Vieux-Montréal et le faubourg des Récollets. De plus, cette artêre représente un axe structurant majeur entre le centre-ville et le fleuve Saint-Laurent.
1.2 Le site d'intervention
Le secteur d'intervention couvre environ 25 hectares. II est délimité par la rue Duke â l'ouest, la rue Saint-Jacques au nord, la rue McGill â l'est et le canal de Lachine au sud. Les propriétés sous la juridiction de la Société du Vieux-Port de Montréal, au sud du canal de Lachine, ne sont pas parties intégrantes du site â l'étude — bien que la Société envisage une réouverture des écluses du canal de Lachine.
1.3 L'évolution historique du faubourg des Récollets
Le faubourg des Récollets est le résultat d'un processus d'urbanisation qui confêre au sectê run caractére qui lui est propre. Pour bien saisir l'évolution du faubourg, l'on se doit de tenir compte de l'histoire des différents faubourgs qui„ composent les premiêres banlieues montréalaises de l'époque. Par conséquent, deux secteurs sont inclus dans ranalyse historique : l'ancien faubourg des Récollets, en forme de tríángle circonscrit, au XVHF siêcle, par les foitifications ã í'est, la petite riviêre Saint-Pierre au sud et le ruisseau Saint-Martin au nord — qui, convergeaient vers le ruisseau Prud'homme â l'ouest; le faubourg Sainte-Anne qui s'étend au sud de la petite riviêre Saint-Pierre jusqu'au fleuve Saint-Laurent, aujourd'hui devenu le Griffintown.
La documentation disponible a permis de diviser l'étude historique en cinq époques correspondant aux périodes suivantes :
• le «Fauxbourg» des Récollets â l'ombre des fortifications, avant 1800; • la consolidation d'un faubourg résidentiel, de 1800 â 1860;
• les -voies de fer» et l'industrialisation, de 1860 â 1929;
Le faubourg des Récollets, 1729
S
•H 6 _> n> t <u û. @ FLEUVE SArNT-LAURENT Échelle : 1: 8 000 Source : Chaussegros de Léry• la Crise et le déclin, de 1929 â 1965;
• la fragmentation et l'éclatement du faubourg, de 1965 â nos jours.
1.3.1 Le «Fauxbourg» des Récollets â l'ombre des fortiflcations, avant 1800
Le faubourg des Récollets occupe un ancien boisé entre le ruisseau Saint-Martin et la petite
riviêre Saint-Pierre au pied d'une forte dénivellation. La construction des fortifications, en
1722, circonscrit le développement urbain â l'intérieur de í'enceinte fortifiée. Dans la partie
occidentale des fortifications, la porte des Récollets s'inscrit dans le prolongement de la rue
Notre-Dame qui s'ouvre sur le cherhin Saint-Joseph sur la route de Lachine. La porte des
Récollets est ainsi nommée en l'honneur de l'église sise â proximité, rue Sainte-Hélêne.
Cependant, les incendies et la surpopulation de la ville fortifiée incitêrent la population â
s'établir dans les faubourgs situés â l'extérieur des murs.
Vue de la ville fortifiée et du faubourg des Récollets, 1784, James Peachey's, the British Library Board, 1975.
 l'extérieur des fortifícations, le faubourg des Récollets se développe autour du chemin
Saint-Joseph — rue Notre-Dame aujourd'hui — caractérisé par de petites maisons de bois
d'un étage â proximité du chemin—la notion de faubourg se définit comme une extension
linéaire de l'urbanisation le long d'une route principale agissant comme un -axe de
structuration et garantissant un contact immédiat avec le noyau urbain ancien plus
densément occupé
1-.
1.3.2 La consolidation d'un faubourg résidentiel, de 1800 â 1860
La démolition des fortifications, entre 1801 et 1817, favorise l'expansionurbaine de la vieille
ville. Les Sulpiciens fontreleverune partie du faubourg des Récollets inondée périodiquement
par la petite riviêre Saint-Pierre, pour y construire le petit Séminaire, en 1806 — en
remplacement du château Vaudreuil, â la place Jacques-Cartier, qui leur servait de maison
d'enseignement, incendié en 1803. Le faubourg des Récollets consolide sa vocation
résidentielle autour du petit Séminaire et du Marché aux foins au pied de la dénivellation
qui agit comme barriêre psychologique au développement urbain du secteur.
VILLE DE MONTRÉAL, Service de l'habitation et du développement urbain, Faubourg Québec, 1988, p.2.
Le faubourg des Récollets, 1846
0> .o <*• _> g " • C5L © Echelle : 1: 8 000 Source : CaneEn 1818, le territoire au sud de la petite riviêre Saint-Pierre est subdivisé en prévision de la
construction du canal de Lachine. Ce dernier, construit entre 1821 et 1825, vient modifier
iarnature marécageuse du secteur. L'immigration irlandaise, principale main-d'oeuvre de
l'époque, s'établitdans Griffintown. Cependant, les inondations périodiques de Griffintown
en font un lieu peu propice â l'habitation.
Quelques années plus tard, en 1843, de nouveaux travaux sont entrepris afîn d'accommoder
les voiliers et les nouveaux bateaux â vapeur sur le canal de Lachine. Également â cette
époque, l'entrepôt Dow, la fonderie Eagle et les entrepôts Penn et Buchanan s'implantent
au sud de la petite riviêre Saint-Pierre. Enfin, plus â l'ouest, en plein quartier résidentiel, la
brasserie Dow consolide ses activités autour du square Chaboillez.
La construction du canal de Lachine vient modifier la nature marécageuse du secteur, 1841, Canadien lllustrated News.
1.3.3 Les «voies de fer» et l'industrialisation, de 1860 â 1929
En décembre 1861, les Sulpiciens quittent le petit Séminaire â cause des fréquentes
inondations de la petite riviêre Saint-Pierre. Ils s'installent au grand Séminaire pendant la
construction du Collêge de Montréal, inauguré en 1870. Avec le départ des Sulpiciens, on
assiste â l'effritement de la fonction résidentielle au profit des fonctions commerciale et
industrielle. Et, quand brûle le petit Séminaire en 1866, une usine est aussitôt érigée sur les
lieux du sinistre. La même année, le Marché aux foins délaisse le square Victoria en faveur
des terres de l'ancien jardin des Sulpiciens. Pour des motifs de salubrité, la petite riviêre
Saint-Pierre est canalisée, reliant du même coup le faubourg des Récollets â Griffintown.
 la même époque, le secteur Nord du faubourg articulé autour du nouveau square Victoria
subit de profondes mutations. En effet, la construction d'édifices commerciaux en
périphérie du square confêre au secteur un rôle de charniêre entre la vieille ville et les
faubourgs Saint-Antoine et des Récollets.
Ces années sont marquées par une vague d'implantation industrielle associée au début de
l'industrialisation. Cette demiêre provoque la disparition progressive des résidants du
secteur et de leurs institutions. La révolution industrielle est caractérisée par l'implantation
Le faubourg des Récollets, 1872
O) o (0 9) fc Echelle : 1: 8 000 Source: Hopkinsde diverses manufactures et d'activités de support dans le faubourg des Récollets et
Griffintown. Entre autres, la fonderie Ives & Allan, construite entre 1864 et 1872, devient
alors la manufacture la plus importante du secteur. Enfin, la concentration d'industries dans
le secteur amêne l'établissement d'activités de support comme la New City Gas, en 1859, la
Royal Electric, en 1902, et la Montreal Light Heat & Power, en 1928.
Parallêlement â l'industrialisation, le développement du transport par voies ferrées connaît
une croissance phénoménale. L'inauguration du pont Victoria, en 1859, engendre le
développement du réseau ferroviaire â travers llle de Montréal. Dês 1864, une petite gare
est construite au square Chaboillez; elle sera remplacée par la gare Bonaventure, en 1887.
Dans Griffintown, en 1871, une ligne de chemin de fer dans l'axe de la rue Brennan relie
le pont Victoria au port de Montréal — alors en pleine expansion. Au début du XX
esiêcle,
la Montreal & Southern Counties Railway inaugure un service de train de banlieue vers la
Rive-Sud dont la gare est située rue d'Youville. Ce réseau de communication ferroviaire
favorise une poussée de croissance sans précédent, l'activité d'entreposage vient
rapide-ment s'y greffer et en 1900, le Grand Tronc inaugure son siêge social face â la place
d'Youville. Au tournant du siêcle, plus d'une douzaine d'entrepôts sont disséminés â travers
le secteur.
WaBÊÊm
JSÉîL-i . Í"-*- &
La fonderie Ives & Allan, la manufacture la plus importante du secteur, 1891, Montreal Commercial Metropolis of the Dominion.
 la même époque, le square Victoria connaît une période de stagnation provoquée par
l'exode de plusieurs grands magasins et d'institutions vers les squares Phillips et Dominion.
Par exemple, en 1891, Henry Morgan & Co. quitte le square et inaugure son nouveau
magasin rue Sainte-Catherine, face au square Phillips. L'année suivante, la Young Men's
Christian Association déménage au square Dominion.
Dês le début du XX
esiêcle, le square Victoria et la rue McGill connaissentun nouveau souffle
de vie dû â l'arrivée de nombreuses compagnies de transport et d'institutions financiêres.
Dans les années 20, la métropole vit au rythme des années folles. On retrouve au square
Victoria un nombre impressionnant d'immeubles prestigieux. Le faubourg des Récollets
regroupe des grossistes, des marchands et quelques résidants. Griffintown compte une
concentration impressionnante de manufactures, de fonderies et d'entrepôts.
En 1929, la Crise jettera une ombre au tableau.
La métropole vue âvol d'oiseau en 1885, l'industrialisationtransforme le paysage urbain, 1885, A.W. Morris & Bros..
1.3.4 La Crise et le déclin, de 1 9 2 9 â 1 9 6 5
La destinée du faubourg des Récollets et de Griffintown allait cependant chuter
brusque-ment avec laCrise des années 30. Cette période est caractérisée par un ralentissebrusque-ment de
l'implantatiori'de houvelles activités industrielles — entre 1931 et 1943, aucun nouveau
bâtiment industriel ne voit le jour.
La construction de la rampe d'accês ferroviaire de la gare Centrale scinde en deux le faubourgdes Récollets et le Griffintown, 1941, Canadian Airways Limited.
Le faubourg des Récollets, 1949
O) O) r-l 6 (0 _> _. _ @Faubourg des Récollets
Echelle : 1: 8 000 Source : Ville de Montréal
Cependant, en 1933, dans le cadre des travaux civiques instaurés pour contrer la Crise, le
Canadien National entreprend la construction d'une rampe d'accês ferroviaire pour joindre
la gare centrale. La gare sera ouverte á public en 1947 et remplacera la gare Bonaventure
qui sera fermée en 1948. Du coup, le faubourg des Récollets et Griffintown sont coupés l'un
de l'autre par le passage de cette voié ferrêe surélevée. Le faubourg, maintenant amputé
du square Chaboillez, prend une configuration différente et inclut désormais un pan de
Griffintown, â l'est de la rue Dalhousie. L'évolution lente et continue du faubourg des
Récollets est définitivement rompue. La brisure créée par la voie surélevée est réelle, dure
,et írréparable.
Durant cette période, plusieurs industries ferment leur porte ou quittent le faubourg pour
aller s'installer dans des parcs industriels modernes en périphérie de la métropole. Malgré
tout, comme l'indiquent la documentation et les cartes de l'époque—on n^assiste pas a un
déclin généralisé du fauboure. En effet, au cours des années 40 et 50, plusieurs petites
usines, ateliers, fonderies, ainsi que la centrale thermique du Canadien National s'implantent
dans la portion Sud du faubourg des Récofíets. De plus, délaissé au profit de la voie maritime
d ^ãTnt-Laurent ouvérté eri 1959, lê canal de Lachine est fermé en 1965. Cette fermeture
semble avoir peu d'impact sur les industries implantées dans le faubourg.
La fonction tertiaire se consolide en périphérie du square Victoria. En 1961, la banque
Toronto Dominion démolit son ancien siêge social pour le remplacer par un édifice plus
important. Quelques années plus tard, en 1963, le Crédit Foncier regroupe ses activités sur
la rue Saint-Jacques, face au square. ÂJUunême époque, une série de bâtiments tombent
sous le pic des démolisseurs pour faire place â la tour de la Bourse — aujourd'hui, place
yictoria. Complété en 1965, ce gigantesque projet de 47 étages devait en théorie rattacher
le centre fínancier de la rue Saint-Jacques au nouveau centredes affaires regroupé autour
de la place Ville-Marie. L^tqur de la Bourse n'aura "pås décienché le mouvement de
cohsolidatíon espéré; elle restera isolée dans un environnement qu'altêre l'exode continu
des siêges sociaux de la rue Saint-Jacques au profit du secteur de la place Ville-Marie.
.:•.':•-•.:: r;: - :: •-:.._:•.- :^; . : : > • : • . ; >-j > r;: r: • r: :;-;:-;;•:-:;::>::>:.-:: > > :;. • • • : . • • . • • • • • • • • • . • . • . • • • • . . • • • • •..•.•• • • • • • : • . . • • : . : •.•.••:.•••..•. • . •
Vue générale du faubourg des Récollets depuis les écluses du canal de Lachine, 1963, Archives photographiques, Ville de Montréal.
1.3.5 La fragmentation et l'éclatement du faubourg, de 1965 â nos jours
L'année 1965 est^marguéepat le .dêfeutdes expropriations en vue de la construction de
i'autoroute Bonaventure dans le cadre des grands travaux de l'Exposition Universelle de
1967 — raccorder la rue University avecle pont Champlain, avec accês â la place d'AccueiI
de l'Expo â la Cité du Havre. J_>ans le faubourg des Récollets la construction de cette
autoroute, combinée â la mise én place^du métro, allait entraîner la destruction de prês de
200 bâtiments. L'adjonction et la surélévation de l'autoroute allaient accentuer l'effet de
rupture créé par la rampe d'accês 4 u Canadien National érigée précédemment.
Durant cette période, on note un affaissement de l'activité industrielle ainsi que la
dégénérescenceduJfouJMurgtoutentier. En dépit delamise enplace d'un zonage industriel
IMJE*-*'*-**-* *
a m eSaint-Paul, en 1963, aucune nouvelle construction ne vient stimuler le
secteur; plusieurs industries ferment leur porte ou quittent le faubourg; plusieurs grandes
surfaces sontsubdivisées en petites manufactures et ateliers, ou tout simplement délaissées;
le^constnjctions se détériorent rapidement; entre 1966 et 1990, prês de 75 bâtiments
s'écroulent sous le pic des démolisseurs pour faire place â d'imposants stationnements. Ã
contre-courant, Hydro-QuéBec consolide ses installations par la-construction d'un nouveau
poste de transformation et d'un entrepôt, entre 1967 et 1970.
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n. H î 'J5K § te is *^ "f 1 -*_ * HP. H - w - ^ - i . --»"#! lmå WM * • • mmLa construction de l'autoroute Bonaventure allait entraîner la destruction de prês de 200 bâtiments dans le faubourg des Récollets, 1966, Archives photographiques, Ville de Montréal.
Dans le/riolrclilu faubourg, lezonage actuel—hauteur minimum de 18,25 mêtres—favorise
un -upzonírig* qui éntraîne la démolition des bâtiments de moindre hauteur. Également, la
píêsénce de stationnements, liée â l'autoroute et aux besoins du Vieux-Montréal, dpnne au
secteur un caractêre déstructuré. Âu cours des années 70, deux investissements majeurs
restent sans suite : en 1975, la société immobiliêre Marathon construit pour CN-CP
Télécommunications un bâtiment de 15 étages nullement intégré â son milieu d'insertion;
en 1977, le Hyatt-Regency s'implante sur le site prévu pour la seconde tour de la Bourse sur
la rue University — qui ne sera jamais construite.
Le faubourg des Récollets, 1966
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_ * * >í-3
_ _ _ -" 'h___|___d°*§_1
_____ 0) O) _o (. _> IV b * • o. Échelle : 1: 8 000 Source : Ville de MontréalDans les années qui suivent, le faubourg des Récollets continue de s'enfoncer dans une
pénible agonie, quelques bâtiments sont rasés, et le faubourg semble en attente d'une
nouvelle vocation.
Le milieu des années 80 suscite une lueur d'espoir pour le faubourg en décadence. Une
r e c j u f e c e n c e - ^ suscite la rénovation de nombreux bâtiments
d'intérêt patrimonial. En 1986, Imasco annonce la mise surpied d'un centre d'entreprise sur
lá r ê Duke qui représente íe premier investissement majeur depuis prês de dix ans. L'année
suivante, Jaguar aménage une concession, également sur la rue Duke, face â l'autoroute
Bonaventuré. Â la même époque, píusieurs bâtiments de la rue McGill retrouvent leur
panache du XIX
esiêcle — plus particuliêrement l'ancien édifice du Grand Tronc face â la
place d'Youville. Autre signe encourageant, la SIMPA procêde, rue Saint-Maurice, â la
transformation en bureaux de l'ancien entrepôt Black Horse. Aujourd'hui, le square
Victoria est la scêne d'une fébrile activité immobiliêre due â la construction du Centre de
commerce mondial de Montréal.
Ce regain d'activité correspond-t-il â un renouveau urbain pour le faubourg ou
assistons-nous tout simplement aux retombées d'un courant passager, d'une phase transitoire?
1.4 Portrait du secteur
L'analyse des fonctions urbaines, l'inventaire du domaine architectural et l'étude de la
circulation et de l'aspect visuel du faubourg des Récollets permettront de dégager un constat
précis de ce secteur.
1.4.1 La précarité de la fonction industrielle
Activité prédominante du faubourg des Récollets, la fonction industrielle est animée d'une
vivacité insoupconnée. On y retrouve plusieurs fonderies, des fabriques diverses et des
entrepôts. Peu de bâtiments sont présentement vacants dans le faubourg.
Cependant, la vaste majorité des activités de fabrication et d'entreposage ne sont pas
tributaires du centre-ville. Leur présence est motivée par des loyers dont le coût est
Le faubourg des Récollets est animé d'une vivacité insoupgonnée. Cependant, la majorité des activités de fabrication et d'entreposage ne sont pas tributaire du centre-ville, Darling Bros, 1990, P. Malo.
relativement modéré en fonction de la localisation privilégiée du faubourg des Récollets.
L'accroissement de la demande de bureaux et d'ateliers le long de la rue de la Commune
a graduellement fait disparaître les fonctions d'entreposage et de grossiste en raison de
l'augmentation des valeurs fonciêres.
Comme le confirme une étude de l'INRS-Urbanisation
2, la tendance observée depuis 1971
dans l'arrondissement Ville-Marie correspond â une baisse de 30 % â 50 % de l'activité
manufacturiêre et de gros. Ces activités industrielles vont continuer â décliner au cours des
prochaines années. «Le secteur manufacturier va se concentrer autour des secteurs
traditionnels présents dans l'arrondissement: les brasseries, la fourrure, l'imprimerie et la
bijouterie-, note l'auteur de l'étude
3. Dans le faubourg des Récollets, on ne retrouve aucun
de ces créneaux d'activités susceptibles de consolider la fonction industrielle du secteur.
1.4.2 Le développement de la fonction tertiaire et commerciale
La fonction bureau se concentre au nord de la rue Saint-Maurice ainsi que dans l'axe de la
rue McGill. Sur cette derniêre, elle est caractérisée par la présence de services
gouverne-mentaux et de petites entreprises aux étages supérieurs des commerces.
L'activité de bureau est concentrée autour du square Victoria avec la présence de la tour de
la Bourse, le 740 Notre-Dame, Ia Banque du Canada et le Centre de commerce mondial de
Montréal — actuellement en construction. Cet immeuble devrait renforcir les liens entre le
centre des affaires, établi sur la terrasse supérieure, et le Vieux-Montréal, en contre-bas.
Dans le Nord du faubourg des Récollets ainsi que dans le secteur du square Victoria,
plusieurs projets commerciaux d'envergure sont présentement â divers stades de
planifica-tion (Premiêre Québec, Canderel, Westcliff, Fonds F.I.C., Rodican). Ces projets témoignent
de la volonté municipale de'développer un secteur â vocation internationale et ainsi
renforcir les liens physiques et fonctionnels ehtre le centre des affaires, le Vieux-Montréal
et le faubourg des Récollets.
Le secteur de la rue de la Commune est le foyer de plusieurs reconversions et réutilisations de bâtiments industriels en ateliers et bureaux, intersection des rues de la Commune et Queen, 1990, P. Malo.
THIBODEAU J.-C., L'industriemanufacturiêredansl 'arrondissementCentre, INRS-Urbanisation, 1988, p.53.
Les nouveaux usages
Art et conception graphique
• Studio de cinéma, 715, rue Saint-Maurice
• Graphisme et photographie, 715, rue Saint-Maurice • Graphisme et photographie, 80, rue Prince
• Aménagement et design, 11, rue Queen
• Aménagement et design, 711, rue de la Commune Ouest • Audiovisuel, 10, rue King
Immeubles â bureaux, locataires multiples
• Place Saint-Paul, 640 rue Saint-Paul Ouest
• Ancien entrepôt Buchanan, 777, rue de la Commune Ouest • Ancien entrepôt Black Horse, 740 rue Saint-Maurice
• Ancien entrepôt William Busby Lambe, 731-741, rue de la Commune Ouest • 781, rue William
Incubateurs d'entreprises
• Centre d'entreprises Duke, 47-55, rue Duke • Centre d'apprentissage YMCA, 31-35, rue Prince
Restauration
• «11 était une fois», 50, rue McGill
• «L'ancre d'or», 777, rue de la Commune Ouest
0) _o rtj _> fc O.
o
La fonction commerciale se retrouve exclusivement en périphérie du secteur : de la Commune, McGill et Notre-Dame. Le type de commerces de ces deux derniêres rues est essentiellement de caractêre local durant les heures d'ouverture des bureaux. Sur la rue de la Commune ainsi qu'au pied de la rue McGill, les commerces et les restaurants attirent une clientêle régionale en raison de la proximité du Vieux-Port et de la piste cyclable du canal de Lachine
Depuis quelques années, le faubourg des Récollets — â l'exception du secteur du square Victoria et de la rue McGill — est le foyer de plusieurs reconversions et réutilisations de bâtiments industriels en immeubles â bureaux et en ateliers. 11 s'agit en général d'activités différentes de celles du centre-ville. Elles ontun caractêre de soutien ne nécessitantpas une localisation centrale et sont complémentaires aux activités du centre-ville. De plus, un taux de location abordable (150 $ â 175 $ le mêtre carré) légitime ces activités nouvelles et inédites qui sont regroupées au sud de la rue Wellington, secteur oû le cadre bâti est le plus homogêne, avec têtes dllots sur la rue de la Commune.
Une étude de la SIMPA4 affirme également que la partie sud du faubourg -constitue â bien
des égards le premier secteur d'intervention de tout plan d'action visant la mise en valeur du faubourg des Récollets-. Cest en conformité avec cette orientation qu'Investissements Lalco a annoncé â l'automne 1989, la reconversion de l'entrepôt Fleurs de Lys, ainsi que l'ajout d'un nouveau bâtiment sur la rue de la Commune. Ce projet qui représente 46 000 mêtres carrés, aura pour clientêle cible les artistes et les créateurs qui ont besoin de bureaux et de vastes ateliers, sans pour autant pouvoir se permettre les prix pratiqués dans le centre des affaires. De 80 â 100 unités de logement se grefferont â ces ateliers et bureaux dans le nouveau bâtiment de la rue de la Commune.
Ce projet de reconversion—un des plus considérables â voir le jour â Montréal—témoigne de l'inévitable effacement des activités de fabrication et d'entreposage présentes dans le faubourg des Récollets.
SIMPA, Faubourg des Récollets, proposition de remembrement, 1988, p.28.
1.4.3 La fonction résidentielle
Interdites par le rêglement de zonage
5du secteur, un certain nombre de résidences sont
quand même disséminées dans le faubourg. Des observations sur le site nous permettent
de recenser environ 25 logements. On note cependant une petite concentration sur la rue
de la Commune. Les autres unités d'habitation sont réparties inégalement: d'une facture
três discrête, et généralement non visibles de la rue, elles sontlocalisées sur les rues McGill,
Brennan, Queen et Saint-Paul. Ces unités d'habitation sont occupées par des chambreurs
et des artistes résidant dans leurs ateliers. Cette population «marginale» est três difficile â
localiser et â recenser — les affîrmations précédentes reposent sur des observations faites
sur le terrain ainsi que sur des rencontres avec des gens résidant dans le faubourg des
Récollets.
Quelques résidents du faubourg se sonttrouvés une place au soleil..., rue Queen, 1990, P. Malo.
1.4.4 L'omniprésence des espaces de stationnement
Ironiquement, le stationnement est une des fonctions prédominantes du faubourg, plus
particuliêrement dans le Nord du secteur. Ainsi, la présence de ces vastes stationnements
donne au secteur un caractêre fragmenté et éclaté.
Cependant, ces espaces de stationnement répondent â une demande du secteur Ouest du
Vieux-Montréal qui se chiffre â quelque 6 500 unités de stationnement
6. Avec une offre de
seulement 4 300 unités, le déficit de 2 200 unités est comblé par le stationnement en
périphérie, et ceci en dedans d'une distance de marche de 330 mêtres. Le faubourg des
Récollets offre â quelques minutes de marche de la rue McGill, prês de 3 300 unités de
stationnement. Par conséquent, on peut affirmer que le faubourg accueille une grande
partie du manque â gagner en stationnements de l'Ouest de l'arrondissement historique.
Par le fait même, toute demande additionnelle dans le Vieux-Montréal ou dans le faubourg
des Récollets aurait comme effet d'augmenter le stationnement illégal sur rue ou
d'accen-tuer la demande de stationnement extérieur et intérieur.
5
6
VTT. .E DE MONTRÉAL, Rêglement de zonage ns2875, 1980.
Le faubourg des Récollets, les fonctions urbaines, 1991
0. 0) •H _o (0 _> 0> t <D © Bureau Habitation Atelier-bureau Commerce Industrie Utilité publique Espace public Stationnement Échelle : 1: 4 000 Source : Ville de MontréalDans le Vieux-Montréal, le problême majeur des utilisateurs d'espaces actuels et éventuels
repose sur le manque de places de stationnement et la difficulté économique et technique
des solutions altematives — comme la construction de stationnements sous les bâtiments
existants. Même constatation en ce qui a trait â la problématique de la vocation résidentielle
du Vieux-Montréal. Tout compte fait, la problématique du stationnement déborde
largement le faubourg des Récollets et constitue un facteur fondamental lors de tout projet
visant sa mise en valeur.
Le faubourg des Récollets accueille une partie du manque å gagner en stationnement â l'Ouest du Vieux-Montréal. Combien de voitures...372,1990, P. Malo.
1.4.5 L'accessibilité et la circulation
Le faubourg des Récollets bénéficie d'une bonne accessibilité grâce aux autoroutes
Bonaventure â l'ouest et Ville-Marie au nord qui assurent des accês régionaux au faubourg.
De plus, les artêres McGill, Wellington, Saint-Jacques et Saint-Antoine procurent des liens
locaux de premier ordre.
Cependant, â l'échelle du faubourg, la faible largeur de la chaussée de certaines artêres peut
rendre la circulation hasardeuse par endroit. Mais elle donne au faubourg une identité qui
lui est propre et représente un élément â préserver pour une mise en valeur éventuelle.
Enfîn, la desserte par autobus du faubourg des Récollets est assurée par plusieurs lignes
convergeant vers le métro — rabattement sur la station square Victoria : les circuits
Notre-Dame (n
Q35), de la Commune (n
s60), Wellington (n
s61), Saint-Jacques et Saint-Antoine
(n
Q78) et Duke et Nazareth (n
2* 167 et 168); rabattement sur la station McGill: les circuits
Wellington (n
s61) et Duke et Nazareth (n* 167 et 168). Cependant, il faut déplorer la faible
fréquence des circuits d'autobus et l'éloignement de la station de métro square Victoria qui
engendrent des distances de marche souvent três grandes.
La faible largeur de la chaussée de certaines artêres du faubourg peut rendre la circulation hasardeuse par endroit, la rue de Longueuil, 1990, P. Malo.
1.4.6 Le patrimoine architectural et archéologique
Cette section synthétise les études déjâ réalisées
7sur le patrimoine architectural du faubourg
des Récollets. D'autre part, des observations sur le terrain ont été effectuées afin de valider
les constats des études précédentes.
Le Nord du secteur â l'étude, soit l'ancien faubourg des Récollets, recêle que três peu de
bâtiments ayant une grande valeur architecturale. Ce territoire renfenne cependant
quelques bâtiments d'intérêt : l'édifice Claxton (1874), l'édifice F. Gault (1900) et la
«jbrgerie» Cadieux (1870), le seul témoin d'une époque révolue oû ateliers et résidences se
côtoyaient. Cette forgerie abrite encore tout l'équipement et la machinerie de forgeron du
début du siêcle — un patrimoine unique â conserver â tout prix.
Également, on retrouve sous le stationnement de la rue William lesjmnesi du petit Séminaire
des Sulpiciens, construit en 1806. Ces ruines possêdent un potentiel d'interprétation
archéologique.
Au sud, l'ancien Griffintown se caractérise par un cadre bâti plus homogêne, et on y retrouve
plusieurs bâtiments d'intérêt patrimonial. La maison Bagg (1821) et l'entrepôt Buchanan
(1844) sont respectivement reconnus et classés monument historique — sans aires de
protection. Plusieurs bâtiments témoignent d'un passé industriel prospêre et affichent des
qualités architecturales appréciables. Ainsi, l'entrepôt Dow (1821), l'édifice Law, Young
Co. (1857), l'entrepôt William Busby Lambe (1857), la fonderie Ives & Allan (1864), la
fonderie Eagle (1880), la Royal Electric (1902) et la fonderie Darling Brother (1889, 1903,
1927) devront faire l'objet d'une attention particuliêre.
BEAUPRÉ ET MICHAUD, Patrimoine, zones d'intérêt et moyens d'intervention, 1988, 540 p. GERSOV_TZ,J., Inventaire architectural dufaubourg des Récollets, 1985, 146 p.
Le faubourg des Récollets, le patrimoine architecturale et archéologique, 1991
0. o « j _> QJ fc Q_ CL Q Bâtiment classé ou reconnu Bâtiment d'intérêt patrimonial Bâtiment d'intérêt local F* Source Échelle : 1: 4 000 : Ville de MontréalTémoin d'un passé industriel prospêre, la fonderie Ives & Allan construite en 1864 représente l'un des derniers exemples d'architecture de fonte â Montréal, 1990, P. Malo.
Enfin, ceitains éléments du mobilier faisant paitie intégrante de l'ambiance du secteur ont
été observés. La présence de pavés de granit de 30 centimêtres sous le macadam évoque
encore un passé récent. Également, certains lampadaires du faubourg (type 11, 1941)
donne au secteur des allures marginales, propres au faubourg des Récollets. Les voies
ferrées (rues de la Commune, Brennan, Queen) rappellent également un passé industriel
glorieux. Tous ces éléments de «spectacle» et de «décor» devraient être mis en valeur et
généralisés (pavés de granit, lampadaires) dans l'ensemble de la partie Sud du faubourg afin
de redonner au secteur son caractêre d'origine distinctif.
Certains lampadaires du faubourg donnent au secteur des allures marginales, rue Wellington, 1990, P.Malo.
1.5 Enjeux d'aménagement
Les enjeux d'aménagement résident dans l'identification des contraintes et des potentiels
qui déterminent la problématique d'aménagement. Étape fondamentale de cette étude :
l'identification des contraintes et des potentiels du faubourg des Récollets qui permettront
d'en déterminer la problématique d'aménagement.
1.5.1 Les contraintes d'aménagement
De vastes terrains de stationnement etune activité industrielle précaire font du faubourg des
Récollets un milieu sans structure et sans organisation; la présence tout â coté du centre des
affaires et du Vieux-Montréal ne fait qu'amplifier cette impression de profonde désolation.
Cette état de chose donne sur des rues qui se butent â l'autoroute Bonaventure, limitant ainsi
les cheminements est-ouest. La pollution et l'impact sonore, compte tenu de la densité de
la circulation sur l'autoroute, doivent être considérés si on veut en minimiser les effets
négatifs.
La topographie en terrasses du.centre de Montréal forme une barriere naturelle et
psychologique qui scinde le centre-ville en deux parties distinctes. La rupture est causée
par la forte dénivellation de la côte du Beaver Hall et de la rue University, entre le boulevard
René-Lévesque et l'avenue Viger. Le square Victoria agit comme un point de contact entre
le centre des affaires, le Vieux-Montréal et le faubourg des Récollets. L'importante
dénivellation (18 mêtres) exclut le faubourg, en quelque sorte, du centre des affaires, et en
fait un secteur excentrique; cette situation suggêre des fonctions complémentaires et
distinctives de celles qui s'implantent dans le centre des affaires ou même ailleurs, dans
rarrondissement Ville-Marie.
Dans le faubourg, une topographie relativement plane s'écoule vers le canal de Lachine (16
mêtres â 13 mêtres). Cependant, dans l'axe de la rue William, un point bas (13,4 mêtres)
signale le passage de la petite riviêre Saint-Pierre — canalisée â la fin du X_X
esiêcle.
Les activités incompatibles avec le milieu urbain telles que la cour â ferraille Deitcher constituent un élément d'altération qui fait obstacle au redéveloppement du faubourg, 1990, P. Malo.
La localisation stratégique dufaubourgdes Récollets représente un potentiel considérable de réaménagement pourla revitalisation du centre de Montréal, 1989, Ville de Montréal.
La présence de nombreux éléments d'intérêt patrimonial évoque une époque industrielle
révolue. La mise en valeur de ce patrimoine est essentielle afin de créer une ambiance
propre au secteur.
Plus au sud, le front de ville de la rue de la Commune est un point repêre, un axe-frontiêre
entre le faubourg et le canal de Lachine. Ce «front de canal» doit devenir la «facade» du
faubourg sur le fleuve pour inviter les Montréalais et les Montréalaises â le découvrir.
La réutilisation et la revitalisation des secteurs
industriels en Amérique du Nord
2. La réutilisation et la revitalisation des secteurs industriels en Amérique du Nord
En Amérique du Nord, plusieurs secteurs industriels â proximité des grands centres urbains
ont subi un déclin progressif â partir de la fin des années 40. Plusieurs industries ferment
leur porte ou quittent les quartiers anciens pour s'installer dans des parcs industriels plus
modernes engendrant ainsi l'exode d'une partie de la population ouvriêre; les coristructions
se détériorent rapidement et un grand nombre de ces zones industrielles se retrouvent dans
un état de dégradation avancé.
Au cours des années 70, divers intervenants de l'aménagement reconnaissent le caractêre
particulier de ces secteurs â- vocation industrielle qui représentent un potentiel de
réaménagement considérable grâce â leur localisation â proximité des centres-villes.
2.1 St.Lawrence Neighbourhood, Toronto
Dês 1974, l'Administration municipale de Toronto déclare son intention de développer un
nouveau secteur résidentiel de 17,8 hectares â proximité du centre des affaires : le
StXawrence Neighbourhood. Â l'époque, ce secteur est défini comme un milieu dont la
déstructuration et la sous-utilisation sont caractérisées par des stationnements, des cours de
ferraille, des dépôts de camions et des activités d'entreposage.
En 1974, la municipalité met en branle un processus d'acquisition de la majorité des terrains
dont elle n'est pas propriétaire afin d'éviter la spéculation. En collaboration avec la Société
canadienne d'hypothêque et de logement et le gouvernement provincial de l'Ontario, la
municipalité de Toronto finance l'achat de ces terrains et la construction des bâtiments
résidentiels sous la forme de logements â loyer modéré et de coopératives d'habitations. Les
premiers résidants prennent livraison de leur logement en 1979, soit cinq ans aprês le début
du processus de planification. Les industries en place sont relocalisées sur une période de
transition de cinq ans, et des compensations sont réglées â l'amiable ou en justice.
Le St.Lawrence Neighbourhood s'inscrit dans le prolongement des secteurs adjacents et témoignent des efforts de redéveloppement du secteur central de Toronto, vue de l'Esplanade â proximité du centre des affaires, 1990, P. Malo.
St.Lawrence Neighbourhood, Toronto
M /
Faubourg des Récollets
Échelle : 1: 2 500 Source : Housing Department, City of Toronto
La création de ce nouveau quartier â proximité du centre des affaires s'inscrit dans le prolongement des secteurs adjacents et témoigne des efforts de redéveloppement du secteur central de Toronto. Une des caractéristiques de base de ce nouveau quartier est le concept de mixité dans la morphologie urbaine, les fonctions, les classes socio-économiques et la taille des ménages.
Le concept d'aménagement8 repose sur le prolongement naturel de la grille de rues, avec
une esplanade de 60 mêtres au coeur du quartier. La morphologie urbaine de ce secteur est particuliêre; des bâtiments de dix â douze étages sur l'esplanade servent d'éléments-tampons aux habitations familiales de trois â cinq étages sur des rues adjacentes.
Le projet SLLawrence Neighbourhood est un prototype de revitalisation d'un secteur industriel qui s'apparente â plus d'un point de vue au faubourg des Récollets. Le St.Lawrence Neighbourhood était, avant son réaménagement, «l'arriêre-cour» du centre-ville de Toronto — comme le faubourg des Récollets â l'heure actuelle. Sa localisation â proximité du centre des affaires dictait une meilleure utilisation du secteur, et le besoin criant de logements dans la Ville Reine étaitun incitatif majeur pour le démarrage du projet. A Montréal, le faubourg des Récollets présente des caractéristiques similaires au St.Lawrence Neighbourhood : proximité du centre des affaires, sous-utilisation, présence d'éléments d'intérêts patrimoniaux, volonté municipale de favoriser la mise en place de nouveaux secteurs résidentiels au centre-ville. Le projet St.Lawrence Neighbourhood constitue un point de référence privilégié pour nos décideurs publics afin de faire du faubourg des Récollets un quartier â l'échelle humaine avec une ambiance distinctive.
2.2 Ataratiri Site, Toronto
Le secteur Ataratiri s'inscrit dans le prolongement du St.Lawrence Neighbourhood, vers l'est, jusqu'â Don Valley. Amorcé en 1988, ce projet multifonctionnel répond â la forte demande de logements â prix abordable â Toronto. Â l'heure actuelle, Ataratiri s'étend sur 32 hectares et se distingue par des activités industrielles en déclin: voies ferrées, manufactures, entrepôts et commerces liés â l'automobile.
Le concept préliminaire s'appuie sur la volonté de créer un nouveau quartier â proximité du centre des affaires pouvant accueillir prês de 7 000 unités d'habitation pour une population éventuelle de prês de 12 000 résidants et résidantes. La mixité est assurée par diverses typologies de logements: 35 % sous forme d'organismes sans but lucratif (OSBL), 25 % â loyer modéré et 40 % au prix du marché. De plus, les activités de support assureront aux futurs résidants les services nécessaires au bon fonctionnement d'une communauté. Le défi du concept réside dans la conversion d'un secteur industriel en dégénérescence en un quartier distinctif en relation avec les secteurs adjacents.
Le concept devra répondre aux objectifs suivants9:
• intégration de la trame de rues existantes afin d'établir des relations avec les quartiers environnants;
• création de nouvelles rues pour renforcer la trame existante et créer des îlots fonctionnels; • création d'une hiérarchie urbaine;
• identification des éléments patrimoniaux â valoriser;
• amélioration de la visibilité des zones â vocation patrimoniale; • définition des espaces publics par des rues;
• création d'espaces publics.
8 CITY OF TORONTO, Official Plan Proposals, Sf.__atm?nc€;Planning Board, 1976,102 p. 9 CITY OF TORONTO, Ataratiri, Housing Department, p.7.
Ataratiri Site, Toronto
•*«* •* i — "***•-•"-*.
Faubourg des Rêcollets
Échelle : 1: 20 000 Source : Housing Department, City of Toronto
39
Présentement, la Ville de Toronto complête les diverses études et consultations publiques
relatives au site Ataratiri. Le processus prévoit le début de la construction, en 1991. Le
redéveloppement complet du secteur devrait s'étendre sur dix â quinze ans, selon les
conditions du marché.
Les similarités entre le secteur Ataratiri et le faubourg des Récollets sont indéniables: teirains
sous-utilisés, manufactures, entrepôts... La mise en valeur du secteur Ataratiri s'inspire du
réaménagement du SLLawrence Neighbourhood sis â proximité — ce qui confirme le
succês de la revitalisation de ce dernier. Les décideurs montréalais devraient s'inspirer de
ces exercices de planification «â succês- plutôt que de rechercher de nouvelles solutions
irréalistes et non conformes â la réalité montréalaise.
Les similarités entre le secteur Ataratiri et le faubourg des Récollets sont indéniables..., Wickett and Craig tannery, Cypress Street, 1989, City of Toronto Housing Department.
2.3 Western Canadian Warehouse District, Winnipeg
En 1974, Winnipeg reconnaît le caractêre unique du Warehouse District en constituant le
•Historic Winnipeg Restoration Area Study». Â la même époque, plusieurs propriétaires
commencent â mettre en valeur certains bâtiments historiques, et plusieurs nouveaux
restaurants profitent du caractêre unique du secteur. En 1976, commercants etpropriétaires
du secteur forment le Old Market Square Association et instaurent un marché extérieur qui
attire plus de 7 000 personnes par jour
10. Cette association a joué un rôle primordial dans
la revitalisation et la promotion du secteur.
Pour soutenir le redéveloppement de ce secteur, la Ville de Winnipeg entreprend la
construction d'un marché permanent et d'un nouvel espace vert. Les rues du secteur sont
reconstruites, les trottoirs élargis et le mobilier urbain adapté aux nouveaux besoins afin de
10 AUSTIN, R., Adaptive Reuse, Van Nostrand Reinhold Book, 1988, p.125.
Western Canadian Warehouse District, Winnipeg
Echelle : 1: 3 000 Source : City of Winnipeg
donner un cachet distinctif au Warehouse District. De plus, pour prévenir toute démolition
ou altération de ce patrimoine industriel, un comité consultatif analyse et fait des
recom-mandations sur toute nouvelle construction, modifîcation et affichage proposés dans le
secteur.
L'élément â retenir de l'expérience du Warehouse District est le rôle qu'a joué la
municipalité par la construction d'un marché et par la mise en place d'une réglementation
protégeant le caractêre du secteur.
Le Old Market Square, élément catalysateur de redéveloppement du secteur, 1988, S. Barber, Van Nostrand Reinhold Company Inc.
2.4 South Houston Street, SoHo, New York
Soho est un quartier historique de la métropole américaine réputé pour ses studios
d'artistes, ses galeries d'art et ses cafés pittoresques. Ce secteur du Lower Manhattan couvre
prês de 29 hectares et est délimité par les artêres Broadway, West Broadway, Canal Street
et Houston Street—d'oû vient le nom SoHo pour sa localisation au sud de la rue Houston.
Ce quartier se distingue par une architecture oû la fonte est omniprésente, ce qui lui donne
une ambiance unique. Le SoHo fut désigné «Cast Iron Historic District» par la ville de New
York, en 1973.
Dans les années 60, un premier groupe d'artistes apprécie le caractêre et les grands espaces
de ce secteur vieillot du Lower Manhattan. Malgré un zonage industríel, les activités
manufacturiêres et d'entreposages déclinent rapidement et laissent vacants une quantité
appréciable de lofts.
Les transfonnations débutent en 1968 avec le dépôt d'une étude du service de l'urbanisme
qui conclut que ce secteur, avec des entrepôts partiellement vacants, offre un potentiel
économique unique. Dês 1971, des amendements sont apportés â la réglementation pour
permettre un usage limité des lofts par les artistes. Par le fait même, les galeries d'art suivent
les artistes depuis le centre-ville jusqu'au SoHo.
South Houston Street, SoHo, New York
ir-^f'irmiit-iií,;!^,,iir ,ír .—u [< __L J \ - J — j'i^—i)M'Ml' ' _ ' ' _ " _ ;
Échelle : 1: 7 000 Source : Planning Department, City of New York
Aujourd'hui, les galeries d'art et les activités périphériques occupent les rez-de-chaussée et,
â l'occasion les étages supérieurs. Les galeries d'artse retrouvent en grand nombre surWest
Broadway, Prince et Greene streets. Les restaurants, librairies, boutiques et centres de
performances artistiques sont disséminés parmi les activités industrielles du SoHo.
Cette mixité de fonctions illustre bien la compatibilité des divers usages présents dans le
SoHo. De plus, ce voisinage d'activités diversifiées est synonyme d'animation urbaine et
imprêgne le secteur d'un caractêre distinctif.
Le profil socio-économique du SoHo démontre que 10 000 personnes résident dans prês de
4 000 unités d'habitation: 30 % des ménages sont des artistes, 34 % gravitent dans le monde
des arts et 36 % sont des cols blancs
11.
La cohabitation des diverses activités est l'élément majeur â retenir pour le SoHo, Bleecker Street avec ses galeries d'art et ses unités d'habitations, 1990, P. Malo.
11 CITY OF NETW YORK, SoHo/NoHo Zoning Study, Department of City Planning, 1987, p.4.
Le SoHo est unique et difficilement comparable â tout autre quartier. Néanmoins, l'élément fascinant du SoHo est la mixité des diverses fonctions urbaines qui donne au secteur un caractêre unique et animé. Les interventions municipales se sont limitées â un encadrement réglementaire afin d'éviter un développement anarchique.
Ce type de réaménagement est â privilégier pour le faubourg des Récollets. Cependant, il faut éviter de tomber dans des comparaisons trop faciles. L'élément majeur â retenir est la cohabitation de diverses activités dans un milieu urbain structuré.
2.5 Near East Side, Dallas
A l'ombre du centre des affaires de Dallas, le Near East Side se trouve isolé â cause de la présence d'éléments structurants majeurs : des autoroutes surélevées, un parc civique et une voie ferrée. Ce secteur couvre environ 69 hectares oû prédominent les activités
industrielle, d'entreposage et d'habitation.
Au début des années 80, galeries d'art, studios et quelques nouveaux commerces s'implan-tent dans le Near East Side. Profitant d'une localisation unique et d'un loyer relativement modéré, plusieurs bâtiments sontrénovés. Répondant auxtendances de redéveloppement, la Ville de Dallas met en oeuvre un processus de planification dans le but d'encadrer et de favoriser la revitalisation du secteur. En 1983, un plan d'action est mis sur pied dans le but de conceptualiser le développement du Near East Side12. Dans un premier temps, le Fair
Park est réaménagé pour rehausser l'image du secteur; puis, un nouveau systême de transport en commun est mis en place et relie le centre-ville â la banlieue. Une des routes prioritaires dessert le Near East Side.
Le concept du secteur repose sur une volonté de faire du Near East Side un secteur distinctif â caractêre multifonctionnel. L'aménagement reprend l'échelle du quartier (2 â 6 étages) et encourage la réutilisation des bâtiments industriels dans le but de conserver l'identité et le caractêre du secteur.
En résumé, le concept de revitalisation du Near East Side repose sur une série d'interven-tions stratégiques de la part du secteur public pour soutenir des investissements privés et provoquer un nouveau créneau d'activités jusqu'alors absent de Dallas.
La réussite du développement de Near East Side démontre le potentiel de revitalisation des anciens quartiers industriels â des fins multifonctionnelles.
Des cinq cas étudiés précédemment émergent des éléments susceptibles d'orienter le projet de mise en valeur du faubourg des Récollets :
• le projet St.Lawrence Neighbourhood constitue une expérience concluante qui peut — et doit — servir de canevas de base pour le réaménagement de tout quartier industriel; • le secteur Ataratiri, présentement en planification, offre une occasion unique pour les
Montréalais et les Montréalaises d'assister concrêtement â la mise en place de ce nouveau quartier du centre-ville de Toronto et, ainsi, de tirer profit de cette expérience;
• l'étude de ces cinq secteurs démontre la nécessité qu'il y a pour les municipalités d'intervenir dans le cadre du développement de tout quartiers industriels;
• dans plusieurs cas, l'aménagement d'éléments catalyseurs (marchés, espaces publics, esplanades, théâtres) aura servi â faire redécouvrir aux citadins les vieux quartiers;
12 AUSTIN, R., Adaptive Reuse, Van Nostrand Reinhold Book, 1988, p.95.