Yol.24 No.2
2007 Page 13'usage dc la porlpe exteme à
perfusion d'insuline est sans conteste
un
traitement de référence chezies
palients diabé-tiques de type 1. En effet,il
est claire-ment établi qu'en termed'améliora-tion de l'équilibre glycémique et de
réduction
des
hypoglycémics, le traitement par pompe externe montre des effets positifs et supérieurs ailx traitements par multinjection (1).I
convient
bien shr de
respecter lesindications officielles avant de pro-poser une pompe à insuline chez un de nos patients sans quoi, I'objectif visé ne sera.jamais atteint (2). Parmi ces indications, on peut trouver des
indications transitoires comme I'utili-sation d'une pompe lors de mise en
évidence d'une allergie à I'insuline ou I'un de ses composants. Cette
indica-tion
a
déjà été évoquée précédem-ment dans un arlicle de la revue (3).Il
avait été démontré queia
pompe externc à insuline perfusant un ana-logue rapidede
f insuline pouvaitl{f,EU'CHfff'
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Iir---Hd.Pompe
externe
à
perf'usion
continue
d'insuline
et
lipodystrophies
Régis
P
Radermecker
Service
de
[liabétologie,
F.lutrition
et
Maladies
métaboliques
CHU Sart Tilman,
Liège,
Belgique
représenter une altemative séduisante
dans
la
gestion
du
problème allergique. Nous nous intéressonsdans cet article à la problématique des
cornplications cutanées liées
à
fin-sulinothérapie et, en particulier, celui
des lipodystrophies. Parmi les lipody-strophies, on trouve les
lipohypertro-phies
et
ies
lipoatrophies. Peu detemps après la découverte et I'utilisa-tion de I'insuline, les cliniciens se sont rapidement rendus compte des
com-plications immunologiques
et
desaltérations cutanées résultant de I'in-sulinothérapie.
A
cette époque, lescomplications
étaient
fréquentes notamment en raison de l'origine ani-male de ces insulines et de ses nom-breuses impuretés. Par ia suite, avecI'avènement des techniques de génie génétique et de la production d'insu-line humaine par cette méthode, les réactions cutanées
sont
devenues rares mais pas nulles. Lescomplica-tions allergiques
au
sens large du terme ou infectieuses au site d'injec-tion d'insuline ne seront pas abordéesdans
cet
article.
Nous
abordons brièvement le concept de lipohyper-trophies et iipoatrophies induites parf insulinothérapie ainsi que le rôle que
peut avoir
la
pompe exteme sur cerypc de lésion. Il ne sera pas question du diabète lipoatrophique, entité clin-ique particulière.
Lipohypertrophie (Tableau 1) Chez
les
patients diabétiques, ies lipohypertrophiessont
principaie-ment causées par I'effet anabolique de finsuline
favorisant
la
synthèse lipidique et protéique. Sur le plan his-tologique, ies lipohyperlrophies sont principalement cornposéesde
gros adipocytes et d'autres adipocytes deplus petite taille suggérant une dif-férenciation ou une prolifération
cel-lulaire
probable. L'aspect
his-tologique d'une lipohypertrophie dia-bétique ne semble pas comporter despécificité et ressemble à une celluiite hypcrtrophique. Honnis un cas ancc-dotique de lipohypertrophie chez un
Page 14
patient diabétique de type 1 porteur d'anticorps anti-insuline,
le
rôle
deces anticorps n'est pas clairement
établi
dansla
pathogéniede
ceslésions (4).
Les
lipohypertrophies, facilement détectables par I'examen ciinique et, en parliculierpar
la
palpation deszones d'injection, représentent une cause majeure de déséquilibre
g1y-cémique. En effet, I'insuline injectée dans une de ces lésions s'y accumule
et
se relargue dansle
tissu sous-cutané sain à des moments inoppor-tuns. Cela entraîne des variations glv-cémiques inattendues.Le
meilleur moyen de ies éviter ou de les atténuer est de varier les zones d'injection.Lipoatrophie (Tableau 1)
Les
lipoatrophies sont considérées cofirme une réaction aliergique localeau
site
d'iniection d'insuline. Les patients pofieurs de cette anomalie présentent souvent d'autres problèmes allergiquesliés
à
I'insulinothérapie. Contrairement aux lipohypertrophies, les lipoatrophies sont de plus en plus rares depuis I'amélioration des prépa-rations insuliniques dépoun'ues d'irn-puretéset
fabriquéespar
thérapie génique. Cependant,il
est difiicileYal.24 No.2
2007Histologie
d'en
préciser I'incidence puisque aucune donnée claire à ce su_jet n'est disponible dansla
littérature. Sur le plan histologique, on trouve des lob-ules de petits adipocytes associés àunc hlperplasie capillaire, une perte
de
tissu
adipeux,et
la
présence d'éosinophiles. On peut aussiy
voirun infiltrat lymphoïde au niveau de
I'hypoderme.
Les
lipoatrophies induites par I'insuline sont définiescûmme
une perte
de
substance adipeuse au niveau du site d'injectionI-ipohypertrophie Lipoatrophie
- gros adipocytes
*
autres - lobules de petits adipocytes plus petitsidif-
adipocytesférenciation ou proliféra- - hyperplasie capillaire
tion)
- perte de tissu adipeux - présence d'éosinophiles- infiltrat lymphoide
Mécanisme
phys-
- effet anabolique deI'in-
- mécanisme allergique, ,.,--,--;--:-
loparnologrque
suline ( synthèse lipidique - contexte inflamrnatoire..
-et
protéique)
avec présence de cytokrnesEffet de la pompe
€xterne
+l-Tableau lz Caractéristiques histologiques et physiopathologiques et elJbt de la potnpe externe à propos des lipohl.pertrophie,s et les lipaatrophies
et peuvent aussi être la cause d'une instabilité glycémique.
Un
contexte inflamrnatoire est mentionné avec sécrétion de cytokines pro-inflamma-toires (TNF ) tout comme I'existence de taux circulants éievés d'IgM et defraction C3 du complément. Pompe à insuline et
lipohypertrophies
D'importantes lésions de lipohyper-trophie peuvent être retrouvées chez
,{rcc
MedtranrË fidrnrMedzur
le
cJrermn
dupansrÉasarùffictËl
hLdl,{rft FïÉlrcÈ5..Lc
E*rii*ËEr
E, urrr dr ÉitirlLrdrr
*51{ &r&gur ELsrrl ErJc
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lElirlnrr: {Il5J }t ÈI E
lEti+çir: {155 3t Hl I1
###rf*--Vol.24 No.2
2û07 Page 15les
patients porteurs de pompe exteme en raisonde
I'effet
anabolique def insuline
(cf
supra) et dela
moindre rotation deszones
de
perfusion par rapport au traitement par injections qui, idéalement, se fait dans des sites dif-ferents à chaque injection.En effet, même
s'il
s'agit d'une perfusion continue d'insuline,elle
se réalise durant plusieurs jours dansla
même zone jusqu'à ceque le patient change son
cathéter. Cette probléma-tique, bien que réversible
cause
à la fois
undéséquilibre
du
diabètemais aussi
un
problème esthétique.Il
convient dès lors d'être attentifà
cette problématique en cas d'ap-parition d'un déséquilibreglycémique
cbez
les patients porteurs depom-pes, Des
conseils
de changement plus fréquent du cathéter ainsi que de la zone de perfusion serontpromulgués.
L'analyse minutieuse des zones deperfusion
est
impérative d'autant plus qu'une lipo-hyperlrophie ne se voit pasnécessairement à 1'æi1 nu. Pompe à insuline et
lipoatrophies
Bien que l'insuline se trouvant dans
une pompe soit en coûtact prolongé avec le réservoir et les composants de
la tubulure, qu'elle soit agitée par le mouvement permanent du piston et que la structure tertiaire de I'insuline puisse être modifiée,
les
données actuelles ne montrent pasd'augmen-Tableau 2: Modification des réactions lipoatropiques dur{tnt le traitement par pompe à insuline (CSII) ou par analogue rapide de l'insuline chez les patients diabétiques de type
l:
revwe de la littérature.tation de réactions d'allergie à
I'insu-line
chezles
patients porteurs de pompe.La
fréquence des lipoatro-phies est nettement moindre actuelle-ment. La pompeà
insuline pourrait même être une alternative séduisante chez les patients présentant des lipoa-trophies.La
description dela
surv-enue d'une lipoatrophie sévère chez une patiente traitéepar
injectionsd'insuline humaine,
s'est
avérée résolue par futilisation d'une pompe exteme. D'autres cas cliniques ont étédécrits et notamment I'impact favor-able du traitement par pompe à insu-line utilisant des analogues rapides de
I'insuline. Néanmoins, certains cas
exceptionnels de lipoatrophies appa-Age (années) Durée diatÈte (années) Sexe Insuline précê dente Nouvelle insuline Durée
csw
Analogue (mois) Effet sur Ia lipoatro-phieA) CSII {avec ou sans analogue}
Griffin et al 2001
t5)
1û 5 F Humaine Lispro tztL2 Réappariti
on Griffin et al 2001(5) 51 39 F Bovine/Po rcine ,{FIumaine
Lispro 36fi2 Réappariti
on Ampudia -Blasco et al 2003 29 6 F Humaine llumainell ispro TtLl Réappariti on Chantelau et al 1993 (?) 56 2 F Humaine Humaine 2-3ll'IA Reversible Beltrand et al 2006 f8) 2 1 M Humaine /tispro Lispro 12t24 Non réversible
B)Analogue de I'insuline (sans CSff)
Aranz et nL2004
(9)
35 13 F Humaine/Lispro Lispro NA/23 Réappariti
on Anpudia -Blasco et al 2005 (10) 39
I
F Humainel GlarginoLispro NAl6-12 Réappariti on
VitalAire
Partout en France
lnsulinothérapiê pâr
pompe
Pour centacter votre infirmière coordinatnce VitalArre
Page l6
raissant chez des patients porteurs d'une pompe à insuline perfusant de
la lispro ont été décrits. Le tableau 2
résume I'effet de la pompe à per{usion
d'insuline etlou celui de I'utilisation
d'un
analogue rapidede
I'insuline chez les patients présentant une lipoa-trophie. En outre, ceftaines dermatites de contactont
été rapportées mais principalement liéesà la
présence d'acrylates, de composants de colle, ou de nickel (aiguille) présents sur les sets d'infusion.Conclusion
Les problèmes cutanés rencontrés chez 1es patients diabétiques insulino-traités sont nombreux. Parmi ceux-ci,
les
lipodystrophies restentun
réel problème.
Les
lipohypertrophies restent une compiication renconirée aussi bien chez les patients traités parmultiinjections
que
par
pompe externe.Elles
sont principalernent dues à I'effet anabolique de f insulineet
seront évitées en variantle
plus possible les zones d'injections.A
cetitre, le traitement par pompe exteme
à
perfusion continue d'insuline ne représente pas une solution idéaleYal.24
No
.2 2007
dans I'approche
de ctte
probléma-tique. Les iipoatrophies, quant à elles, sont la résultante d'une problématique allergique ar] sens largedu
terme. Depuis la purifrcation des insulines, son incidence est devenue anecdo-tique. Dans ce câs, certaines obserua-tions ont permis de mettre en évi-dence que I'utilisation d'une pompe exteme perfusant un analogue rapidede
I'insuline pouvait permettre derésoudre ce problème. Néanmoins au
l.us des cas cliniques publiés dans la littérature à ce sujet, force est de con-stater qu'il n'existe pas encore de con-sensus concernant
la
gestion de 1aproblématique lipoatrophique par une pompe exteffre à perfusion continue d'insuline.
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