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Les symboles alchimiques chez les poètes maudits : essai d'interpretation hermetique de la poesie.

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Academic year: 2021

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Texte intégral

(1)

Janis Darnbergs

\

LES SY}lBOLES ALCHIl'-UQ,UES CHEZ LES POE'fES HAUDITS

/ / /

Essai dtinterpretation hermetique de la poesie

Th~se

de Nait:rise és Arts:1 sous la direction de Monsieur Henri Jones,

. Peterson Hall~ le

8

avril

196t>.

",. Universito Hc Gill Hontreal

1968 .

~ Janis Darnberes 1968

(2)

PREMIER CHAPITRE" PRIN2IPES DE BASB D'UNE CRITIQUE

H~mvI~'r lQO"E Pol

CHAPITRE DEUX" MATJiRE

PREMI~RE,

l''lERCURE,,

SOUFR~

ET

SEL P.

21

CHAPITRE THOIS, L'AUTRE EST AMMON,

p.3'

CHAPI'IIRE QUATRE, LE MY'III-tE ALGHIlvIIQ.UE DB NAR.GISSE

DAN~·L1HERODIADE)j DE MALLARlulli

p.52.

~REMIER CHAPITRE" CHAPITRE DEUX

,

CHAPITRE TRIDIS, CHAPITRE QUA'IIRE, /

BIBLIOGRAPHIE DES 'IIEx'rES crrES

P.

67

p.69

P.

70

P.

72

(3)

,

LES SYlvJ.BOLBS ALCHINIQUES CHEZ LES POETES NAU1ùITS

h" '

lAbstract de t ese)

/

La publication recente, en langue frangaise, diun nombre

considérabl~

d'oeuvres alchimiques

(voir notre bibliographie) -t(moigne d'une r:surgence / 1 \

d1interet dans cette discipline que certains ont

/ /

qualifie de Itscience mauditell

• Surtout depuis Andre

, /

Breton, qui a remarque que l'expression rimbaldienne

"alchi~Iie

du verbe" doi t

~tre

prise au pied de la

ll) \ \ /'

lettre; le vingtieme siecle litteraire, dans le

/ ' / /

domaine de la poesie deconceptualisee, a priS-&0"~

conscience des affinitès entre l'ùaagination po~tique

"

et le urevell alchimique. Gaston Bachelard est de l'avis que la po(sie, ainsi que l'alchimie, est. une continuation de l,élan onirique de la nature.(2) Rent Alleau f'ai t remarquer que les applications

du symbolisme alchimique ne doivent pas se restreindre aux seules opé"rations du

magist~re.(3)

/

Nous t~chons donc d'edifier ici une critique

/

.,

l·l) CARROUGES, Michel, Andre Breton et les donnees

fondamentales du surréalisl11e,Gallimard, Paris, 190;0, p. 82. A

(2)BACHELARD,

repos, Corti,

,

(3)Voir these

Gaston, La terre et les reveries du Paris, 1~48, p.323.

p. 20.

(4)

-"

abstract de these, Oont.

her.m~tique

de la

po~sie,

et nous demontrerons par ...

\ .

le.s poe te s "maudi ts ", qui maints exemples comment

le sont parce qu'ils n'acceptent pas de se soumettre

, • 0 tO t" " hO'" hO

a une discipline ~n~ ~a ~que oua une ~erarc ~e

cosmique, rejoignent dans leurs symboles, mais

,

/ . ... . . . . ' / . . / ' .

a l'etat brutetindifferencie les alchimistes qui"

,

.

eux; se soumettent aune discipline initiatique

, , / " " . . , .

dont la symbolique se trouve a l'etat differencie.

' . . / .

En suivant le principe hermetique des corres-pondfl..nces, principe qui veut que lice qui est en hautll

soit commé lice qui est en bas" .

,

,

nous situerons le

\' .

poete l'mauditll

/ /

microcosme aliene et inverti du

,

par rapport au macrocosme universel connu a travers l'enseignement acroamatique des cosmologies tradi-tionnelles.

(5)

PREI-UER CHAPITRE

FONDE1~lENTS D'm'lE CRITIQUE HlERlVlE:J.1IQUEo

~ ,

""

Pour de~inir lloccultisme, nous nous servirons volontiers de la formulation de

Robert Amadou, dans son livre LrOccultisme,(l)

'\ '

oeuvmqui parvient a expliquer en langage

'\ "

clair" tout en restanb fidele a la Tradition"

les donn~es fondamental'es de cette science.

IILtoccultisme est Itensemble des doctrines

et,des pratiques fond6es sur la th(orie selon laquelle tout objet appartient ~ un ensemble

"

"

,

unique et possede avec tout/autre element de cet ensemble des rapports necessaires,

inten-tionnel~" non-temporels et non-spatiaux. Il (2) . ' /

Rene Alleau, dans les Aspects de l'alchimie tradi tionnelle nous pre;vi.è.n~

à

bon escient,

contreHles ~quivoques et les erreurs quren-tra.fu.elÏt, in~vitablel1lent, les interpr'tations

/

• o.olf}mystico-morales l' de lrecole 'occultiste'

cont~mporaineott!nest certain que celle-ci

,l'. . / /

s~esttrop souvent egaree de la lucidite pour

' ; " , ' .'.,

meriter ,le respect de l'esprit critique"

e'spri tqu1on<n 'a pas ~ ~bandonner dans l ' ~tude

: . . .

, ,

de l'occultisme puisque cette t science' doit

/ - . / ' ,

depasser les demarches ordinaires de la raison tout en les englobant et en les situant dans une nouvelle perspectiveo Le rapport entre la pensèe

/

critique ordinaire et la pensee occulte se trouve

i l ' ·

expr me a~nsi par Amadou:

"L1occultisme é"prouve le besoin d'expliquer

par llanalo~ie une unit6 dont lr~e occultiste

(6)

l'~ptrience

est quotidienne. L'analogie se presente donc ~ la fois comme une construction rationnelle (rationnelle dans la mesure où la raison trouve

à

sa disp~ition des voies de raisonnement médiat deduction, induction -aussi bien qU'immédiat - intuition ~)exigèe par la", desç,;ription occul tis te du monde,e t comme une realite qui s'impose au m~me titre que l'unité" et la diversité qU'elle explique."(.!J

./

A cela il faut ajouter que ce qui differencie

le v'ritable occultisme "traditionnel" des tristes

./ , / .. . .

elucubrations deill'ecole occultiste contemporaine", est la rigueur avec laquelle l'esprit de la tradi-tion applique certains principes irréductibles, rigueur qui, seule, est capable d'assurer une

/ , /

demarche pleinement lucide a la pensee. "La

dif'-~.. /

ference entre l'occultisme et la science, ecrit

.

,.

/ " /

Amadou, para~t se reduire a une difference dans la nature des rapports que les deux disciplines cher-chent'à 6tablir en:bre les di vers

~l{ments

de

l'uni-; "l'uni-;

vers qU'elles etudient.1I /

,.

Cette difference,

precise-,

t-il, correspond a 'belle qui séPare le qualitatif du quanti ta tif. Il (5)

/ ' / '

'"

Au point ou la pensee cartesienne aboutit a

./ ",

1 'irreductible, se trouve la borne separant le domaine quantitatif du domaine qualitatifo

L'oc-" ,

cultisme traditionnel IIvrai u detient les principes

(7)

3

-/' / '

Le principe occulte est different de la theorie

/ '

scientifique dans la mesure ou celle-ci evolue

,

/ '

a partir de certaines donnees empiriques et se trouve toujours apte

à

modifier, dans un

proces-/

sus dialectique" ce cp L,evolue dynamiquement. Les principes

herm~ïeutiques

traditionnels,eux, sont pour ainsi dire des IIprincipes-charniè'res",

/'

capables de fournir une emprise methodologique pour les fins de l'analyse tout en demeurant les points cardinaux d'une s~lth~se universelle que

/ / /

l'on peut poursuivre indefiniment, en revelant les in6'puisables variations de ce "monde ramifié"

,

a perte de vue et tout entier parcouru de la

A , /

meme seve"" celui qu'Andre Breton a paru entre-voir. (6)

' , " " , , / ,

Le principe,essentiel,qui sert

a

reunir les deux domaines du ,raisonnement médiat et de la

" ' " ' / '

, , ' "

/

connaissance irnmediate, c'est a dire de

l'experi-/

ence vecue ou de la participation, le "principe-, \

charnierell par excellence, est celui de l'immanence

,

/

et de la transcendance a la fois d'une personnalite

A

supreme qui ne se manifeste pas toujours direc-tement mms par des tmanations intermèdiaireso

Le

syst~me Aristot~lien

appelait ces

~manations

,

/ /

des IISp heres" et des ".linges". La revelation

/

(8)

-4-, /

un pantheon de udemi-dieuxll auquel se trouve

/ , .

""

delegue l'entretien des innombrables ~onction8

du cosmos materiel. Loin d'etre un anthropomorphisme / .~

primitl~, ce principe d'hypostase qui tend a re-....

"

, /1 ve er dans tout phenomene une presence / ' " " perso~~e e~ 11 ' / '

,:','~. se trouve present sous une ~orme explicite dans un texte traditionnel du Judalsme, cit{par

Mëi-; '

monidea (.l~~tA~AbG1Qham, dont la puissance prophetique

,-etait grande, les anges ont apparu sous la rorme

....

,.

d'hommes; a Lot$ dont la puissance etait ~aible,

ils ont apparu comme anges. 11 (7) CI Martin Buber

""

""

'

a consacre une partie considerable de son oeuvre

"

a elucider, en langage moderne, certains aspects

"

essentiels de cette immanence personnelle. Dans L'Occultisme d'Amadou l'importance primordiale

, '

,.

""

de cet ,aspect personnel est clairement demontree: , , 'IILaplus é'16mentaire lecture deJr.extes montre

que l

~occul

tisme

na"prt~che

ni l '

athè?~me

ni le pantheisme. L'occultisme admet, l'existence d'un 'Dieu personnel." (8)

c , ' / '

"La science pourra bien integrer tout ~acteur

dans une descripyion quantitative, tout ,

,

~acteur

,.

saur un dont le caractere qualitati~ est irreduc-tible. Ce caractere, irréductiblement qualitatir, non par postulat mais par définition, est précis~ ment celui que rait apparattre toute analyse~d'une

pratique occultiste. Il est l'intentionnalite.," (9)

"Par dé~inition, l'univers occultiste est celui dans lequel l' homme est~ intégré', celui auquel il participe. La volonté de l'homme est l'instrument de sa participation. Que cette volonté, cette intentionnalitG, que cette conscience disparais-sent, des 61éments essentiels se trouvent exclus d'un un)vers qui, pour ~tre occultiste, devrait prècisement les inclure." (10)

(9)

5

-Nous nous excusons ici de citer si longue-ment le texte d1Amadou, mais il s 1agit là d1rul

.

"

ouvrage indispensable a la construction d1une

cri tique occultiste systêmatique et claire, sei··

1\

entifique meme. Nous nous en servirons, ainsi que

de certains ouvrages de René Alleau, de Fulcanelli, et

,

dtEugene Canseliet, en tant que sources de

don-/' / . /

nees qui permettent d1integrer la pensee

con-temporaine aux principes tradi ti onnels o·.~~- La tendance des critiques po~tiques ~ orientation

/ /

occultiste a ete, jusqu'ici, de ramener les textes

/ \

traditionnels au meme plan que les oeuv~es des

,

"poetes maudits", sans bien voir que, dans

celles-/'.. ",.

. ci" "14Action et le Reve ont brise / Le pacte

/ (II)

primitif par les siecles use ••• ". Pourtant, certains cri tique s, notamment Mic hel Carrouges, ont vu ce

, A

problemedans s'a vraie perspective, 0t nous

tache-,

/' / ' . /

.

rons, quant a nous, de preserver l'integrite

ph~-losophique (ou philosophale) des textes tradition-nels. tout en 'lucidant; autant que possible, la

/

portee de leurs symboles dans les termes de la

/ . / / '

poesie contemporaine deconceptualisee. Pour ef-fectuer ce travail" nous devons nous servir de

l'interm~diaire

des oeuvres philosophiques

o~

l'on a

dé'j~'fait

jouer les "principes

charni~esll

d'une fa~on qui apporte l'illumination "traditionnelle"

\ \ /

(10)

exis-,.

,.

tentiel~Oecl n'a pas encore ete fait, dans le

/ Ui

. domaine de la ·poesie,qui . est portant le plus

,.

..

"vecu", celui qui. devrait se livrer mieux que le d6mainede l'a

philo~ophieauxinterpre;tatio~s

. occul tes. Lara:tson en est·· sans doute que les

". ... . . . >. / ...

donnees traditionnelles se presentent souvent

"

. ,

. /

sous une forme tressemblable a la formspoetique

,.

/ /

deconceptualisee de notre epoque. Les critiques. tendent donc ~ traiter ces donn~s traditionnelles

/ '

"

comme curiosites qu'ils ramenent arbitrairement

,

.

,

sous le signe de leur systeme personnel .. Parla s'expliquent ces images, parfois

tr~

s" surr'al:ts tes"" qu'on trouve dans lesfextes alchimiques et dans.

les cosmogonies kaballistiaues pouvant appartenir

\

"

. .

organiquement a un systeme de symboles dans lequel

A-le pacte entre l'action et A-le reve reste en vigueur"

A.

et qui omt meme le pouvoir de restituer tin pacte brist par notre civilisationo ·

\

Un deuxieme principe essentiel de notre cri~

.. /. ,/

tique sera celui qui se trmuve ·enonce sur la Table d'Emeraude et qui annonce l'existence d'une mani-festation suptrieure avec laquelle la manimani-festation inf(rieure est en correspondanceg

,

/ "Il est vrai, sans mensonge, certain et tres veritable:

"Ce q.l i es t en bas e st comme ce qui es t en haut, et ce qui est en haut est comme ce qui est

(11)

-·7 ..

en bas; par ces choses se ~ont les miracles d'une seule choseo Et comme toutes les choses sont et proviennent dlUN, par la ... mèdiation d'UN, ainsi toutes les choses sont nees de cette ohose unique par adaptation."

(12)

, / ./ ./

Ge principe d'emanation se trouve aussi enonce dans la plupart des traditions initiatiques, et surtout ··dans. celles qui visent 1 vaspect personnel de 1 r Absolu.

La phase di~~:renQie;e de l'existence supéI-ieure .'J;;.

. .

ou spiri tue lIe ,dont la connaissance ne peut ~tre . regue que par une voie acroamati que se trouve

re~l~t~e

dans le monde des

ph~nom~es

maté'riels

. / .

et ~'ournitItobjet des sens materiels qui ne

sont qu'unre~letpervertides senstranscendentaux

. . . . ,

. . . "

ou spirituelfloDans la percepti ontranscendentale,

iln'~xiste pas de di~tinction. entre le sujet,

l'ob'jet,etla connaissance.que celui-ci poss"ède

'.

, '. ·C' .

de celui~la.Pour cette raison, entre autres,

cer-/ .

tains philosophes ont congu 'l'Absolu comme depourvu

.

,

de tout attribut. Ils soutiennent la these que l'aspèct / ' .

/

...

'.' ." ." . " . .

di~~erenCiedel'Absolu n'est qu'un produit de

l'imagination des esprits ~aibles, incapables'de

/'

se liberer de. toute. conception. En niant la

. / '"

personnalite de llAbsolu, ils releguent

l'indivi-/"

"

dualite dans la sphere de l'illusion qui s'e~~acera

,"

lors de l'illumination ultime. Ces tendances imper-sonnelles se sont exprim:es dans l'interpr(tation

(12)

8

-schppenhauerienne de la philosophiev~dique . ainsi

, .' / " ,

que dans ,l'obsession mallarmeennedela page blanche ,

/ ' . ' / : . . . ' /

....

' , . '

",'

ou de cette idee de Valery qu'il. "n'etait poe.te que

/., ' ..

' ... '. " .. ' >/ /

..

par faiblesse." Andre' Breton a aussi prefere con . ' . . ; ' , ' . '

cevoir l'ultime illumination comme un etat

indif-/ ; ' A . , A / /

ferencie du "point supreme". Il a} quand mez.n~} ete

. /

fascine parle propos ,"Osiris est un Dieu noir", ce qui lui semblait probablement l'occasion .de

. . '

';.,

. . . / /

connaftre une manifestation superieure qui revele-rait quelouechose de plus que la blancheur du point

supr~e.·,: sans ~tre empreinte de. la bondieuse:r!ie(~

qui voudrait imaginer ùne manifestation spirituelle ; ' /

dans les termes de la morale mondaine~ detestee de Bretom.

. ... ; "

Songeons alors au "Sonne tdeVoyelles "de RimbaUd.

ft 0 0 0 E, candeurs des vapeUrs et' deslten te s ..

Lanceà des. glaciers. fiers, rois blancs ,';frissolls " ;. '.'

. .. " : ' d'ombelles f (13)

. . . .

-• . . , . " . / ' / • . ' . . . . ' . . , . • . . · · · 0 ·

Ce sonnet, dont la rnatierea<e.te incontestablement .

;'

'.

' . '

.. :.. ...•. , ... <: ',." ... ....• "... .

puisee dans des l i . vresaléhimiques a. :la'bibliotheque' . .

' . .'. .... ~ '.:-. .' '. . . , . . " . : .

de CharIe.ville

;comme~~~ll~:' O~l1sé:·lietl'acl{~on.·tr~,{i4),iaiS

se .

",1' . , . . . . .

perooevo'oir:' l'empreinte

dru~e t·raditionacroairiàtiqu.~·.

que Rimbaud n'a pas re~ü.e par di scipline ma:is dont la'

/ A ' " / " ' .

forme exteI'ieure a, quand-meme., repondu a l ' intui tion

, /

.

que le poete avait de la.lJdUf.é\rèm),iation

transcen-"

dante". Tout poete veut consciemment ou

inconsciem-"

(13)

9

-/

"

la differenciation, mais si le poete nia pas une

./ ./

connaissance initiatique de l raspect differencie sur

i~,p,ial1.transcendental,

il es t vout

~ ré'p~ter

"

;','

: '" ",,:

.:;'

/, : /

",11echec'pro,met,heeri:'dela tentative qui essaie de reconcilier

les

li~i ~a..~forls

deIa, manifestation I}1a ttriell e

, : ' , '

,:,.

' : , " ' , ' , ' , , ' /

'qui slof,fre"a, nos sens' ordinaires avec les dormees dé ,la:

raisone~:gir:i.qlie'C?ll

car t(s ierme • Gelle-ci ne

,'"

',,,

" , ' , ' , ' ,

,,'.

, ' , ' " ' , "

peut mener a d,' autre,'~onclU:sion)a propos du plan

, ,~\ , ./ ,,' " ,

spir! tuel,ou'transcendant quala re:Lega ti on

,

a un,' , , '

/ .', / " .'> ' , : , " , " ,

"-Neant clepourvu, d~ toute, manifeste,tion, , ()u a un

.. " ' , ' " " , ' " '" , , ' , "

",'

" ' , ' , ,

',',

",

t'point blanc\' ou. "Qien encore, a unel#luniiere . . . . SÜPI'~e

\ ' . . .

',:': : , " -- /",", ,':' /: ' . - : ' , / " ' , , " , , , , ' ,':' , - - , ' '

et indifferenciee~~ Pour le poete maudit, la

limita-tion

se~ble'~t~e,gr~'ce'à'lad~formation' car~é"sierme,

, ,'- ' , , : , " / " " . - ' , ,"',/' , , ' ',--' ' - - , ./ , " , , " , ,"" '

, une' conseguerlce, necéssairedeladlfferenciation, et

coinmeson:int~itionpottique

lui lai'ssesous-':,

entendreun~rdre

__ :sUIJ'rieu.r,il

'ch~rche cl:Se~p:r~ent'

~re trouV"erlaU~ompatibilit{n

0ntre'1fttat

pàra~~"

~~siaOuéetl!l nlanifesta tion' qui,

n~

,se

:prtse~t~: ~',.,:"

,"',,',

' " , , " ' , , ; , , ' ,--,',' " " ' , " , ' ,

lui, ou 'a ,travers ses sens mondains .XJa t à~pec t du,

,

,,'"

, ' , ' , , ' , " , , ' ' , " , ' , " / " ,

probleme daIS. l'compatibilite Il entre transcendance

"ètdif'f~e!lc:i~tibn'sé

trouve, eiprim:da'ns le'pr6se

' " , , /

, ',' ",:~our DeSEsseintes",de M,aIl arme :

"OUi, dans une tle que 11 air' charge De vue et pas ae vision

Toute fleur s,étalait plus large Sans que nous en devisions

Telles, immenses, que chacune Ordinairement se para

D1un lucide contour, lacune, Qui des jardins la sépara. \1 (15)

(14)

r(concilier la IIblancheurll de L,li absolu avec sa

manifestation: par exemple, il essa1e d'en faire

la synth~seavec l'aspect tactile de l"rotisme~ ,.

/ ' . . .

IILIETOILE a pleure rose BU coeur de tes oreillés ".

L1infini roule blanc de ta nuque .~tesreins;no (16)

. ' . . . / .

Aillethrs, dans l 1 Illumination intitulee IIBeing

. .. / / /

. Beauteousll

, un'I personnage idealest represente

"devant une neige", vers lâquelle il é'volue ~ ,reculons ,point de mire de tous les yeux des

.' . " . /

adeptes qui ont le dos tourne . au monde.I:\LeUr!J:: .. ; . transfiguration c<brporelle se produit durant··

, . . . '. .

. '

,

leur contemplation de ce personnage, au furet a' mesure qu'il se dresse, en reculant, devant.la

IIneige

l'.

If • • • elle recule, elle se':dre·ss·~.,O~l

no.sQS so

nt

.~~~tue

d'un

.~otive

au

~O~~~3l1lou~etiX.

1'(17) .•.•.• . . .. .

' . . ': :

.' .Baudelaire

·.a·c·ru pouvo

irreFrowve~·~ Ia:neoIJi-" ... ' ' . . : ' . / ' .,:,:: .... :~. . " , " .:: . .

. patibili teU entrelamanif'estl1tiOIl, qUis'of'frait:,'.>

,

;;. '.. . . . . . ' .. ,

a ses sens et l'ideal'absolu, da.ns la "vaste·et.::· . .

~ ..'

. ,

'.

. ~.':';".:'

.

:/:':': . . . . '.:'.' '. . . . . . . . . " '. " , ,

. profonde unite n .annoncee .·pa:rles>c0:r'resp0l1dances'.

LePht~omci'nedesynf)sth'~i~devient.beàucpup

plus'

prononc~'

sous 1

'infl~~~ce

de certaine s drogthes,

"

notamment le haschisch. Ceci expliaue peut-etre,,)

/ . .

,

pourquoi Rimbaud :a ecrit les uIlluminationsll àpres

la IIS a

ls

on Il', o~~vre dans laquelle il semble avouer

d~finitivement

son (chec. Si l'on tient compte du

(15)

; ...

Il

-,

rait que Rimbaud a commence la pratique de la drogue

\ \ '\

ou du paradis artiriciel chimique a peu pres a la

m~me e~oque

ori il a r6dig' la "Saison" etsi l'on

/

se souvient qU'il a pousse cette pratique beaucoup plus loin lors de la composition des "Illuminations",

'\

on comprendpourqudli le,poete apu continuer de

se manifester) nonobstant) les objections que la '!)aison"

,

"

semble opposer a la tentative de l'alchimie du verbeo

- \ - - ,

-La derniere phrase de la "Saison" annonce,en effet,

'\

,

la determination qui portera le poete a continuer ;' sa tentative: et il lui sera "loisible de posseder

/ / A "

la verite dans une ame et un corps. Une lecture a t ten ti ve de

:1.'

III uminati on

"M~

tinte d , ivre ss e Il

devrait suffire

-~;rouver

.que

--'~

'e-s:t' principalement sous l ' influence

-c1el~d~ogue

que,IÜ.mbaud a 'continue'

. . .. ~' .'

' , 1 _ ' , ' \ : ' ' A.

aecrire; _dans .ce, poeme il, ose meme affirmer que ,1IeffElt':serÎ:i per~anên

t,:'

. " . " , .:" . ' .. ,' " , ' ' , , " ' , , '

' O " " •

. " .

Il Ho 1i,r r.a' pOUl:' 'lbeuvre

',Ùlo~ie

et pour le 'corps

merveilleux ' pour la pl:'emiere foisl:... ••• Ce poison va l'ester ,dans toutes nos veines merne auand, la , "fanfaj·EJtournant, .nous _ serons réduits

à

l'ancienne

inharmonie ••••• On'nous' a promis d'enterrer dans

1 'omRre~.'arbre du'bien et du mal, de deporter les

honnetetes tyranniques, afin que nous amenions notre très pur amour." '

,-

,

-Apres ces expressions de l'exaltation de la drogue, Rimbaud reprend sur un ton plus critique, mais sans abandonner l'espoir que la drogue puisse donner un

/

effet permanent de liberation:

"Peti te veille d , ivre sse sainte & quand ce ne, seramt que pour le masque dont tu nous a gratifie

(16)

/.

Nous t'affirmons, methodeJ Nous n'oublions pas que tu as glorifié hier chacun de nos ~ges8 Nous avons foi au poison. Nous savons donner notre vie tout

"-entiere tous les jours.

Voici le temps des ASSASSINS.

(18)

,

/

Les poetes maudits, en se servant de la poesie,

/

.

ou parfois de la oombinaison upoesie-drogue", essa1ent donc de reconstruire un paradis artificiel, qui

n'in-dique que sous la forme d'un reflet perverti, l'existence d'une manifestation transcendante.

.

,

Untroisieme principe capital de notre critique occulte veut que l'esprit individuel soit

qualitati-. A A /

vement le meme que l'esprit supreme de la Personnalite de l'Absolu, mais quantitativement plus petito Dans

/ . .

,

l'etat:paradisiaque, cet esprit est tout a fait

.. . / / / /

conscient de cette simultaneite. Dans l'etat dechu,

. "

l'individu se croit independant, et oublie son absolue

,

/

subordination quantitative a la Personnalite Absolue;

"

ou bien en suivant certaines philosophies materialistes il se croit absolument soumis au dtterminieme, et

oublie ainsi ses cJualit(s transcendentales, qui

/

comporten~ aussi la liberte quoique celle-ci soit

/ '

"-d'ordre infinitesimal par rapport a celle de l'Etre

supr~me. La parfai te relation "Je-Toi Il entre

l'indi-~ /

vidu infinitesimal (que la philosophie vedique appelle l'atome spirituel) et l'Individu supr;me ne peut avoir

(17)

13

-,

lieu que si celui-la entre en relation amoureuse

/

avec celui-cie Malmonide a ecrit que la crainte de

/

Dieu se developpe par la pratique des commandements,

/

"

tandis que 1.' amour di vin se revele avec la connaj.ssance

.;

des attributs transcendentaux de la Personnalite 'Absolue.

,

/

Le poete maudit essale de retablir des rapports "Je-Toill

,

.

/

par la gnose du paradis artificiel, lequel, répetons-le,

, /

n'est qu'un reflet perverti de la diversite spirituelle. Ains!D. que l'a observ,'Buber, dans l'ordre de la nature mat{riell e, tout "Toi Il es t iné'"vi tablement voue: a' devenir

, " . : , /

un lICela". C'est le mode quantitatif de la pensee qui

' / ' / /

cree la'dualite materielle du sujetet'de l'objet,

/ " "

,

qù.i·',:i·aduitl'autre d'un "Toi" aUn "Cela", et c'est aussi en oubliant sa position quantitativement subor-donn§e que l'atome spirituel tombe de la manifestation

spiri tuelle ~ la manifestation matCrielle pour y sou.,!;-frir des limitations quantitatives. C'est dans cet

/ /

etat quantitativement limite que Breton a dit uLé.

/'

beaute sera convulsive ou ne sera pas." (19)

,

/

Avant l'ere scientifique, qui lia explique par

/ .; /

des lois d'optique, llarc-en-ciel etait considere, avec un grand nombre d'autres phenomenes, comme ; ' ... man ife s ta tion d'une personnaLite divine, fut-ce / 1\

Iris chem les grecs, ou le~hovah des juifs qui

/

en fit un signe de temoignage de sa liaison avec Israëlo En tout cas, plutôt que de

fair~

entrer,

~

(18)

- 14

/ /

"

coups de theories scientifiqu.esl) le phenomene naturel· ainsi que l'observateur dans un même dtterminisme

. /

mecanique, conception qui n'a aucun rapport avec

/' . . /'

l'experience vecue, les ancien~ se contentaient

./ . ' . . . . . .. ,

"

d'etablir des rapports personnels avec les mysteres de la nature' qui les contront·aient. Aujourd'hui, le

"

' . / . . .

poete lyrique, pour resoudre l'angoissante incertitude

. , / . / . /

ou son environnement de plus en plus mecanogenetique

. . .

. / . . . ' A " , .

laisse l 'experience vitale et intime , tache de reilablir· des relatlons "Je-Toi" en:tre lui e t l a nature. Dans

' . ' /'

l'Bel ipse de Dieu, Nartin Buber retrace les progres

. / A

de la pensee philosophique grace auxquels la'

possi-. / . . . / . ' .

bilitede retrouver une experience'Pllrede la relation

. ' /

personnelle "Je-Toi Il se trouve aujourd.1hui menacee;>

.... , / ' .

. . '

...

'.' ... .

par le mode de pensee scièntifique- qui situe l e sujet

. . ' ' . .. . . . / ' .'

e.t l fobjetsur' deux plans qualitat ivement differentso ·.

;'"

.'"

' . ' . . . " . . " . ' . - . ' . .... ' ... , -. '

... .

Le poetemaüdi·t essaie de restituer des .ra.pports' . "Je'-Toi'~~I5\\'.)j.C(lmlir>ontant 'les limites .de la rais on'

/ / . ; ' . . . ' / " . . ' .' . collec'ti vement rvonnue et en yrevelant desdechirements.

"

/ ' / .

Puisque le poete doit avoir vecu ces dechirements

avec intensitt, ils se

r~v~lent

souvent soùs une forme

. t / . d . , / I I / . ,

qu~ Gmo~gne' e la parente etroite poesie-folie' 0

(19)

15

-perd, vers la fin du Moyen Age ,son p()~voir' d:'ensei- .

gnem~nt

pour ne gardee qU'un'

po~v~i~de

fa.àcinat:ton. Une 'plurali

t(

infinie

d'int~rpr'tati:ons s~I':C'harie···'

. . " , . ., . . . . " ... ' '.' '.' .

"'.

.,

....

l'image de sens supplementaires et : permetl:tu reve,' a Itinsenst, de

njUstifiernltirrationn~l·~:·'··La.~en~~e~:

" ' 0

m(diate,. celle du,' "molli qui, d'

apr~sBub~·r,:,':s·ém.ani~

i'es te dans les relations'

IIJe'~Ceianét.quid.è.vrEtit

'.'

\ , ;, ... ;. " ' , " ,', . . . ' . . . ,

.,

.'. " . ~ ,".: , . . . / '.'-.:'. .

toujours sesubbrdonner a la conna;lssànce:inrn.ediate

. . ... , . . . . . " / ... :

...

: . .

..

".;.;".:.{:;,: .. de la relation IIJe-T·oi",· eclipseèettê dèrniere •.

. . . " . . . . ~ ; : . '. .'. '.. . ; . '. .

. .... ' . . '. . . " ,:.:-:-"' ... ".":.' ... ",." ' . " .

ilLe sens neSé lit plus dansune·.p~rceptiori>·imme'diate,.

la figure cesse de parlerdtelle.-meme;entre.-le:savoir

qui 11 anime et la forme dans laquell é elle', se

.tran's-pose, un vide se creuse. Il . (20) . .' . " . : ,: '''',

La :rasc ina;tion qui s

'exerc~ :~ice~~e'~oqù~:'~:

trâ.\rers

, . . . " , , ' ' .. ; .", " . . ... . : ' " ....

. / . " . '. > •. ' . ' . : ' " . . < " ' . ' .• ;

les images delirantes d'animaux:fantastiques·tels

... ~. .

.-qu 'on rencontre dans lestableâuxde'130s(jh,est:' .,. '. . . ... ' .... :.'.

dé'6ri te par>

.F6ucalù~· solls'detixa~~eêts:',:

' ...

'.~'.

/ ' .

... :

. ,~.. . . ' ... ",: '. ;/ .. , .•. ' .;-<:'.:.: .. :-:.".',.., ...

. "L'animali te aechl3ppea.ladomesticàtionpar les,' . valeurs et le~ ,syrnboleà·:hwnâin.Stetsf:c ~estelle::.

main tenQIlt .qui,fascine . .-l·'holtll7le·p~r'·:.s on·deso~dre., ",st:\ ,f'ureur,· s~.richesse·;~e ;monstru~uses·.lmpossibili·t;es,,·· '.

c lest' elle. qui. d€voile la, sombre' rage', ·la:folie·· . . infert ile : quie s t· ~ u-..:.coel.il:~.des hOllUJles~:;/:, .' i:.,. ' ...

. Aup~le" oppose. aoette. p.sture . de j t.enebres, 'la .

foliet.aàcin,e. papce qurelle'est savoir. Elle est

savoir, d'abord" parce que toutes èes figures absurdes sont en /éalj. té les éléments d 'WZsavo il' diff'icile ~ ferme, esotérique. II( 21) . ' . .

,

. ' . '

Les parglleles entre cette situation de la fin du

. . / /

Moyen Age et celle du surrealisme sont evidentsg

(20)

,/

surtout en ce qui concerne la deformation de Itob~et et la gnose de l'insolite. En parlant, dans la

con-. .' . \ .

clusionde son Histoire, des poetes maudits contem-porains et en prenantcomm.e·exemples Nietzsch~,Van Gogh, et Antonin Artaud,. Fouoault donne une fonction

. . . / " .

"

. . ' . ' .. ' . . '

presque prophetique a leur folie:'

" •••• par la folie. qui l ' int~rrompt, une oeuvre ..

ouvre~vide~ un temps de'silencJ; une question

." s~sreponse ,el~e .provoque un .dechiremen t sans. reconciliation ou le monde est bien contraint

'il

st interroger." (22) .

A ' - '. . ' . ' . . ' .

C'est grace. a. cette' folie que se . . . . transmue~ . . para->

. . . . ' . doxalemen t, ce que . Foucault appelle "l t oeuvre Il "

" ' . '

.

"

du poete actuel - ou ce qui constitue lamatiere'

quelepo'ète a puis{edans les certitudes de l

iintel~

ligenc~eollecti

ve' conténiporEiine .. - en'urie' ma tiire '. apte

'.~

nous donner

uri~ ,~mp~:i.s·~

.

surdes·di~e~io~s

... ···

/ . . . . .' ... : .... " . ' . ' .

. .

.' .... :'-.... /--, ' .. depassantle.s·entraves :de . ~acollecti vite ~ , .. uIl)$l'Y. a::.ëÎe· foi:i.è

qll~,Comm~:·:ins:t'ë.~~·deI'nier

ll.oeuvre . ' .'~ ·oelle.~c.i·' . .

"...

. . . la'repous:s e:·.ihde,finiment::à:

. ' .. ,." . . . .

. ses confins;,: la ,ou' il·' y,'a oeuvre ,·il'n·'y···s;.pàs .. ' f.olie; et pOur'tant.la .f'olieest.' contemporaine de. l ~oeuvre;:puisctu' e·lle ·.1l18.ugurèf·,lê: temps de ·.sa:; ." veri té' •. ·Ltinstan·t> 011, ens.e:mb1e.,·.naiss eJ:lt >,e.t .: .

s' aC~Oinpli'ssent .ll.o~uvre ·et.la.folié, cO' est

le d~putdutemps .ou.le.monde se trouve as,:,,"

signe par cette oeuvre; et responsable de ce qU'il est devant elle. Il ( 2 3 ) ' . '

(21)

17

-rec~lait

la possibili ttf d'une vraie gnose dans

/' /. / . /

laquelle la pensee mediate et ~a pensee immediate

, /

furent reconciliees par l'enseignement esoterique, "..

'"

. les produi tr symboliques des poetes maudits de notre

,

/

epoquepourl'aientfort probablement fournir un moyen de comprendre la situation de notre

civili-sation

~,l'aided'une.~tudesoumise·i

certains principes'· trï:iditionnels. Entre la fin du Moyen

.

..,

. .

Age et le 20e siacle stest accomplie une

cris-.. . /' ..

tallisationde la pensee " sc ientif'ique I l ou

posi-tiviste, dont le résultat fut un total obscurcis,"",

. . . . . . . . / .

sement du symbolisme traditionnel, celui qui etait,

. /

au moyen age, le vehicule de .la vision hypostatique de l'univers •.

./ ./

AUjourd'.hui,. là. perversion de llima.ge a cede

,- . , ..

. . ,

. . . ..

sa place ala perversion .d~. l'objet ,vue l'ïnter-posi tion,entre les' traditions hypost~tiques du l'loye.n. Age et notr.e:eonscieneéd'~Ujourd' hui, d'une

.. . /' / /' ' ... ' . , .

culturellmecanogenetique" etinlpersonnelle par le· ... moyen des sCiences'ppsitive~quine'so!l~,qu~la

. . ' . : . : . / .. : . . . ,- ' / . ' .

suite de cette' indepehdence d'intarpretation et

. . / ' ... /' /'

d'examen. La cul ture "mecanogene tiquelt occupe

aulô~d'hui une situntion analogue, en certains

,

(22)

sym 18 sym

-"

bolique a la fin du Moyen Age. C'est elle qui

se pr~te aujourd'hui aux perversions de l'objet

et ~ la dtconceptualisation qui se trouve ~tre

. A. ' /

l 'essencememe de la poesie contemporaine. Si,

. "

toutefois~'ia pervers:Lon de' l'image,marqùait~", aux

14e et, au15esi~cles un d~part de la vision

,.' / , , ' ,

immediate fournie par la tradition, les perver-, " , : " , ,', ," '. '

,

.

sionsdel'objet du1geet du 20e siecles marquent,

, ,

sucontrl3.~re,'une

voie possible de retour,

gr~ce

~ laUd{c~IIlP~siti6nll

de la certitude positiviste

. relati';e

~cette

vision im..rn'diate. Comme au haut Moyen Age, la perversion de l'ordre ttabli implique

/' " '

, neanrnoins un anachronisme, une "syncope Il entre

le rhythmeuniverselet le rhythme symbolique d~ ·il..~~

,

\ /'"

poete. L'oeuvre du pOl9te s'etablit dans le doma:J.ne

/

"

mysterieux ou slopere la conjonction entre le

/

travail de la nature et le travail de l'humanite.

,1\ 1 / / '" 1

Rimbaud a frole sette verite quand il a dit I·Le

"

/ ' , ' '

poete definirai t la OU anti

d'inconnu s! eveill ant ' A

eh son temps dans l'ame universelle; •••• 11, •

/

"La poesie ne rhythmera plus l'action, e11 P, sera

en avant." ~24)

" / 1

Entre le microcosme du poete aliene et le

macrocosme il existe quand-même des correspondances

(23)

du

19

-,

,qualitatives qui permettent a l'intelligence moderne

/

de si tueI"et de conna:ttre son experience coll ec ti \B

ou individuelle dans le cadre de la symbolique uni-verseile .dele.·· tradi tion. A cet ei'i'et,. Hallarmt a / " . . . . \ .

ecrit dans une ·lettreaV-EMichedè toue uL'

occul-. : : occul-. , occul-. occul-. . .

tismeest lecoliIDlentâiredessignes purs auquels

. / ,'. " ' / " .. , / .

obeit toute là'litterature,jet immediatdel'esprit.II (25) ...

/ ' ; . '

.<

Donc si lé,'ide.tornia t'ion de l'image moyenna.geuse

.

/ . . . . /

recelait,' sous ses aspects,exterieurs, un enseigne-ment, il ost assez raisonnable de süpposer que la d6f'ormation de l'objet chez certains

po~tes

du 1ge et

'.

'.,

, . ,

,

20e siecles peuvent fournil' une voied'acces a

," . .

" ,

/

une gnose transcendante. Eugene Canseliet et Rene

. " . ; .... - ' . ' . / .

Alleau ont vu, dans la IIperturba~ionde I fequilibl"'e

·l·ogique et de l a connaissance profane Il dont parle

. .

...

. ' / . ' .

. An tonin Artaud dans

Le

.Thea tre et. son double" . la

.

.',

. ' "

'. / .

~Imlil~iere .premiér·e et .·conse.quemrnontle Chaos du

Grand Oeuvre sur le . plan rnontaletspirituel,"

"

. / '" .' ' . . '. . '. , ; ' , , '

chaos oureside

'.':L'

explica tion esoterique de

/ ' . . .

certaines oeuvres poetiques, la justii'ication

; \ . / '.' ; '

des poetes inspires, qualii'ies de maudits." (26) Alleau envisage l'alchimie comme une science des

,

"principes charnieres":

(24)

~Il semble ainsi que l'alchimie corresponde moins a une science physique qu'

a-

une·co:rmaiss ance

esth~tique de la mati~r~ et qU'il faill~ la situer

~mi-chemin entre la poesie et les mathematiques,

entre le monde du symbole et celui du nombre.

Quoique positive, experimentale, et concrète, l'al-chimie emprunte ses principes ~ la "mltaphysique traditionnelle" dont elle represente une des ap~

plications au domaine "formel" ainsi au 'aux rap-ports de la uforme If et de la "lumiè're". (27)

" •• ole s applica tions du symbolisme alchimique sont indéfinies et •••• on tLe do it :gasles restreindre aux opèrations du "Magistère". (28)

,

Nous reprendrons, dans cette· the.~ les termes

"

"

"

de "forme If et de "lumiere 11 tels qu'ils ont et e

'tablis par Alleau dans les Aspects de l'alchimie

,.

./

traditionne11e, car c'est precisement par ces

termes qU'il nous sera possible d'aborder l,élucidation alchimiqueo Par elle nous ~cherons de travailler

'"

,

/

la matiere premiere que presentent, sur l~splans

/ /

mental et spirituel, les donnees esthetiques de l'oeuvre d'Arthur Rimbaud, d'Isidore Ducasse, et

./ , /

(25)

CHAPÏTltE DEUX

,

"

MATIEH~

PRMMIERB, ViliRCURE, SOUFRE, ET SEL.

"\

Pour examiner la matiere premiere telle

\.

qU'on la retrouve dans les oeuvres des poe te s / maudits, nous allons tout d'abord considerer

comment Rimbaud et Ducasse, ne pouvant devenir

"

ni prophetes ni dieux" ont voulu se faire "monstresll.

/

Dans sa lettre a P. Demeny du

15

mai 1871, Rimbaud prtcise:

"

II. • • • il s 1 agi t de faire 11 rune mons trueuse : •• Il

A / "

-Dans la meme lettre, il declare aussi que le poete "Devient entre tous le grand malade). le grand cri-minel, le grand maudit, -et le supreme savantL - Il (1)

"

Diapres le Dicclonario de simbolos tradicionales

de

J.E. Cirlot, (2) le monstre (racine mono - avertir)

"

est symbolique des forces cosmiques au stade ou

"

elles se trouvent a mi-pas du "chaosll ou des

poten-/ /'

'"

tialites indifferenciees. Le monstre est l'antithese par excellence du h{ros, qui se sert des "armes"

/ /

"

~mboliques des puissances positives leguees a

/

l'homme par la divinite. La tentative rimbaldienne, la tentative

surr{aliste~

et, par excellence, la

./ ./

tentative d'Antonin Artaud, ont ete des tentatives

...

"mons trueuses" dans la mesure ou au lieu de se

/ / /

(26)

elles ont voulu parvenir au secret de la transmuta-tion en traversant le voile de la scintillatransmuta-tion

, . , /

,.

indi~~erenciee. Selon·Andre Breton, l'imagination surr:aliste est la

"~aculté'

merveilleuse d'atteindre

/

deux realites distantes et, de leur rapprochement~

/

de tirer une etincelle. U (3). Cette \fimaginati on

". /

'"

,

/

surrealiste" operait deja dans la poesie rimbaldienne

./ , / , /

par le "dereglement de tous les sens", en degageant

./ ./

un scintillement indi~ferencie provenu du

~oison-nement d'images insolites.

,

,.

DIapres Alleau, nLa perturbation de l'equilibre

; '

du mecanisme logique de la conscience pro~ane de

/

l'etat de veille semble constituer le principe di-dactique de l'alchimie."(4) L'alchimie du verbe de

A

Rimbaud semble donc avoir le meme principe didactique que 11 alchimie tradi tionnelle. Mai s l'alchimie tra-ditionnelle se distingue de l'alchimie rimbaldienne en ce que celle-ci n'a aucunement suivi la 'logique tradi tionnelle' dont le propre demeure, selon Alleau,

/

n ••• de regler les processus de substitution

pe

sym-boles entre eux selon des normes initiatiqueinent transmises et d'appliauer rigoureusement ces prin-cipes aussi bien à l'61aboration des textes qU'a leur explication sys t6'ma tique. Il (5)

, /

Il convient d'evoquer ici le Chant premier de Maldoror,

,

ou l'on trouve ce sombre avertissement:

A

"Plut au ciel que le lecteur, enhardi et devenu momentanément ~~roce comme ce qU'il lit, trouve, sans se désorienter, son chemin abrupt et sauvage,

a

travers

(27)

23

-/ . / . /

les marecages desoles de ces pages sombres et pleines de poison; carl

à

moins qU'il n'apporte dans sa lecture une:1Q~i.mle rigoureuse et une

.. 0 " 1 : 1 ' " 7 " "

tension d'esprit au moins egaIe a sa defiance l les émanations mortelles de ce livre imbiberont son 'Sme, comme l'eau le sucre." {6}

/

,

La recherche de la monstruosite apparaît tres

/

frequemment chez Lautrea~Qnt. Se souciant peu, au

"

/

contraire des autres poetes de son epoque, de la

/ /

'"

"-decantation, il n'hesite pas a donner a son personnage principal une forme qui co~respond

exactement aux descriptions alchimiques de la

"

"-matiere premiere:

" ••• je couvre ma face

fl~trie

avec un morceau,.de velours, nc;,ir.comme la suie qui remplit l'interieur des cheminees.ll

e?)

Dans le symbolisme alchimique, la mati~e premie~e est souvent

nomm~

la pierre angulaire ,

&

~

de laquelle nous citons le passage suivant de

Fulcanelli:

~ /

,

".o.avant d'etre taillee pour servir de base a L'ouvrage d'art gothique aussi bien qut~ l'oeuvre d'art philosophique, on donnait souvent ~ la pierre brute, impure, mat6rielle et grossi~re, l'image

du diable. / . /

Notre-Dame de Paris possedait un hieroglyphe semblable, ••••• etetait une fi-gure de diable, ouvrant

une bouch~ ~norme, et dans laquelle les fid~les

venaient eteindre leurs cierges; de sorte qle le

,

,.

bloc sculpte apparaissait souille de bavures de cire et de noir de fumé"eo "(8)

/ /

Le dereglement des sens se manifeste dans la

/ / /

(28)

.. 24

-" , .... /

de l'objet. Ces deux phenomenes poetiques ont pour

; '

effet d'etablir un equilibre nouveau entre la t'orme ;"

"-passive de la matiere de l'objet "de t'orme " et l'as-;,,' ;" ; '

pect "lumineux" de cet objet qui degage l'aura lyrique. L'aspect formel et pa.ss1.f correspond au mercure"

tandis que l'aspect lumineux et actif correspond au soufre. C'est au moyen du langage qU'une

collec-", ./ "".

tivi te etabli t un certain equilibre "normal Il de

l'intelligence profane, et cette f'onction

"corpori-,

; '

"

t'iante" a llegard des deux aspects de la matiere

'\.

correspond a la f'onction du sel dans l'alchimie.

"

DIapres Jean Fabre, le sel est le "principe de corporif'ication aui est le noeud et le lien des autres deux principes souphre et mercure, et qui leur donne corps."(9)

/ . /

La triade energetiql e souf're-sel-mercure correspond

d'apr~s

Al1eau

~

la triade

~erg(tique

lumi~'e-son-f'orrne

0' Cet:te triade souf're-sel-mercure

"-"apparatt comme une 'matiere unique' dans les li-mi tes de nos perceptions habi tuelles." (10)

D'apr~s

l'alchimie mintrale, les

m~taux

vils se

;" ;" /

sont specifies pav la corporif'ication saline

pre-/

(29)

25

-"

"

Si cette corpori~ication prematuree nia pas lieu,

/ /

"

"

les metaux evoluent jusqu'a lletat de perfection, qui est l'or. Dans le domaine du langage et des

/ /

symboles de la societe humaine, il se produit

un

/

"

phenomene analogue. Les habitudes et les conven-tions sociales ont lle~~et de corpori~ier la cons-cience de l'individu. Cette corpori~icati6n a lieu surtout ~ l'aide du langage, ce qui justi~ie la

\ \

these dlAlleau ou il assigne le sel au son.

/

"

L'individu adopte le Weltanschauung de sa societe,

/ A

et son evolution spirituelle s'arrete avant que l'or de la pure cognition puisse se mani:6'ester

A "

grace a l'accouplement par~ait du mercure et du

so~re.

/

Le soufre est le It~eu celeste qui, s'introduisant dans les semences inf{rieures, suscite et fait paroistre

/

,

la forme interieure du plus profond de la matiere." (11) Le mercure est la substance passive de ~a nature

/

dans laquelle le soufre s'introduit. Le "feu celeste"

.,

qui donne a l'individu la connaissance de la forme

/

,

interieure du plus profond de la matiere ne peut s'introduire sans une relation parfaite u;fe-Toill

avec la personnalité" individuelle macrocosmique

A..

(30)

/

materielles et efficaces. La conscience nrofane

./

comporte un faux equilibre entre le mercure et le soufre, en tant qU'elle implique une fausse dis-tinction entre le sujet et l'objet, entre la cause mat{rielle et la cause efficace. C'est cette fausse distinction qui d'truit la relation universelle

Il Je-Toi Il pour la remplacer par des relations "Je-Cela ",

comme l'a demontv{ Martin Buber. Le vrai dissolvant

"

universel, capable d'aider a la transmutation de la conscience profane, ne peut ~tre que la parole

/ / ./ ./

revelee,le Verbe incarne et transcendant, l'eau saline, qui peut dissoudre le sel des symboles

./

et des superstitions profanes, pour liberer la

,.

plus profonde et la plus intime subjectivi te de l'individu, dont l ' ttincelle sulfureuse spiri tuelle

" A,

est qualitativement identique a la S~urce Supreme mais quantitativement infinitesimale par rapport

"

a elle. Ce n'est qU'en entrant dans une relation

personnelle "Je-Toi II' avec cette source transcendante

/ /

et quantitativement superieure, que la subjectivite \

de l'individu peut S8 manifester completement. Par

" 1\

rapport a la Source Supreme, l'individu occupe la position du mercure par rapport au soufre. Par

"

(31)

27

-du soufre par rappo~ au mercure. Si l'individu oublie son r~le mercuriel par rapport ~ l'individu

A /

supreme, il se cree un microcosme convulsif, illu-soire, dans lequel il occupe plus ou moins la

posi-/ \. /

tion de createur. La tentative des poetes de derober

/ / /

le feu celeste pour recreer le monde, et leur echec

/ ./

prometheen, s'explique ainsi par le symbolisme alchimique. Mercure et soufre se trouvent sur le plan microcosmique ainsi que dans le macrocosme,

.,

celui-la n'est ou'un reflet de celui-ci. Si la corporification est parfaite, le sel contient en lui l'harmonie des deux principes sur les deux

plans, ce oui se trouve

~tre

"le nom de

l'ope~ateurll,(12)

... /

'"

selon le systeme d'alchimie kabirique presente par Alleau. Ce sel parfait ne peut s'obtemir que

"

/ / /

par la grace de la revelation divine. En litterature,

/ /

Mallarme esperait

\.

ce serait le poeme pur que

/ /

ecrire. Ayant refuse le compromis avec lllIndi vidu

A " . /

Supreme, les poetes maud~ts se s0nt enfermes dans

/

leurs microcosmes personnels pour y recreer un paradis artificiel, comme le faisait le peintre Elstir de Proust:

\. / /

"Si Dieu le Pere avait c:reeles choses en les nommant, c'est en Stant leur nom et en leur donnant ttn autre

(32)

28

-/ ,

/ /

Nous avons deja cite,qette phrase d'Andre Breton

/

"La beaute sera convulsive, ou ne sera, pas ". Le

mot "convulsif" vient du latin "convellere, convulsus"

/

signifiant "arracher". La beaute convulsive implique,

... \

en effet, a sa genese, une tentative d'extirpation

/ /

d'experience paradisiaque et, simultanement, de

"s'arracher" del'impermanence du monde dialectique,

/

de se liberer des concepts profanes, et de retrouver

/

,

la beaute absolue, qui, dIapres Kant, eost lice qui

l1J;L~ît universellement, sans concept. 11

,

"Le poete, Il

dit Rimbaud, " doit 'être voleur de feuo"(lL~) La po:sie serai t capable de "rtincruderll la conscience

/ . A

emprisonnee dans le langage profane, de la meme

/ '

fagon que le me l'cure , parfo isnomme dissolvant

"-universel, est capable, a l'aide de l'art, de

/'

dissoudre et de ranimer les metaux vils. Ce

dis-/ '

solvant universel se nomme aussi "eau ignee", ou "feu aqueux!:, et sert

~

la pr:paration du "second

, /

mercure" ou du "mercure philosophique". La preparation du "mercure philosophique", plus qU'aucune autre

/

etape du Grrundloeuvre, ne peut s'accomplir sans l'aide

/ / / ' /

de la revelation transcendante. Sans cette revelation, , /

il est possible de dissoudre les metaux, mais il n'est pas encore possible de les ranimer. Basile

(33)

29

-Valentin nous indique la nature transcendante de ce "mercure philosophique":

,,-"Cher amateur chretien de l'art sache que la Sainte-Trinite a orêé la Pierre Philosophale d'une

mani~re brillante et merveilleuse, car Dieu le pere

est un esprit et il apparaft cependant sous la forme d'un homme ••• de m~me nous devons regarder le mercure des philosophes comme un corps esprit ••• "(l.$;.)

"

Les poetes maudits, voleurs de feu, ont voulu

/ . ; '

accomplir le Grand Oeuvre sans l'aide de la revelation divine. Certains, tels Rimbaud et Thloasse, en voulant

.;'

se faire monstres, ont neanmoins accompli une

fon-/ / / /

ction prophetique, car ils nous ont revele une

"

\ '\

matiere premiere, matiere dans laquelle le soufre

./

et le mercure ne se trouvent pas encore

definiti-/ . /

vement fixes ou corporifies.

"-C'est a l'oeuvre de la critique alchimique '~

"-qU'il appartient de ~rendre cette matiere informe

./ L' ./ '"

de l'etincelle est~etique differenciee et de la

d~fferencier o / en y accomplissant, par les principes ./

initiatiques, la separ~tion du soufre et du mercure, et en y

./ celeste

/

celeste

observant la conjonction entre le soufre et le mercure universel au moyen du feu

. / / /

des principes reveles. Dans l'univers

"-convulsif du poeta =!.es trois principes alchimiques

"

/ /

existent a un niveau hierarchiquement inferieur

au niveau universel. En

~tablissant

l'ultime relation

./

...-"Je-Toi", le soufre et le mercure sont depouilles de leur corporification saline en tant que sub-stance capable de voiler l'ultime unit{ , .;

(34)

/

(et unici te) d'intention qui se manifeste dans

-1

"-le phenomene. Du point de vue profane et

quanti-/

tativement limite" le II se l" se cristallise en

/ /"

"

fon.ction du desir qu'eprouve l'individu de

pe-/ / \ . /

netrer tout lui-meme" independamment de la

/

'"

'

personnalite supreme qui est la source du IIfeu"

/

celeste. L'homm~,alors, se renferme dans un mic-rocosme" car le "mercure microcosmiquell n'est

/

pitus le IImercure universel" dont l'universalite

-1 /

A...

/ /

est eternellement manifeste grece a la penetration /

du "soufre" ou du "feu celeste".,

./

Cette alienation microcosmique s'exprime dans une terminologie alchimique directe si l'on

"

/

considere le poeme rimbaldien "L'epoux infernal et

/

la vierge folle". L'epoux infernal correspond au soufre, et la vierge folle au mercure tels qU'ils

/ 1

se trouvent refletes dans le m:i.crocosme de la monade rimbaldienne o Rimbaud a voulu restituer

,

/

son amant Verlaine a l'etat de "fils de soleil".

1\

En termincllogie alchimique, l'or nal t de l ' accoup-lement du soleil et de la lune" le soleil est

, , 1

son pere et la lune est sa mere. Enferme dans son microcosme convulsif, Rimbaud semble confondre les

(35)

30

-/

"projections" de sa personnalite avec la vraie

- /

,

individualite de Verlaine. Puisque le poete ne

sacrifie rien

~

la coh{rence du discours, et puisqu1j.l n1existe aucune v,"ritable relation "Je-Toi" dans

ce microcosme, les deux persolli1ages ne sont que 188

, /

porte-paroles de la seule personnalite de Rimbaud.

,

/

On ne sait jamais tres bien si c'est llepoux

./

ou la vierge qui a la parole. La coherence

trans-"

ra tionne lIe de ce poeme est la tente de même que le

/

terme lunaire reste la tent dans la considerati on de Rimbaud quand il envisage la transmutation de son amant on "fils de soleil". C'est l'aspect

/ \

lunaire et mercuriel par.' lequel se revele la

/

,

/

manifestation phenomenale dans son ultime coherence, que nous saisissons ici.

,

/

Le poete maudit ne. sait creer que des· "Je-Toi"

/

illusoires qui resultent de la projection de sa

sub-/

"

jectivite sulfureuse, qualitativement identique a

A. /

la Supreme subjectivite macrocosmique mais quanti-tativement

inf~ieure,

sur les limites de son

1\. /

microcosme oui doivent etre envisagees autant comme

. /

des parois que comme dos dechirures. Ces limites

"

"

se urouvent la ou l'individu perd son emprise

/

quantitative sur l'agencement coherent de ce qui

/ /

cons ti tue sa re ali te. En tant que ~'parois Il ce s

./ ./ /" ...

.

/

(36)

J.mpe 31 J.mpe

-./'

netrable sur lequel l'individu projette, par

./

l'aspect actif, sulfureux, ct igne de sa subjec-./ " / . /

tivite alieneeet ignorante de l'aspect

transcen-. / " ./

dental manifeste, le t rideau de feu' d' etincelles

/"~ /'

indifferenciees d'images surrealistes qui le . . . , . . ,

" ./ ": " . . "

separe de la connaissance transrationnelle

dif'feren-/ . " "

,

ciee. En ayant recours a la -:>;CQnna!T:.âSi\nOè alchimique

./

de la correspondance des assonnances nomrneerJ'ba'bale"

.'

- ,

("qu'il faut, diapres Fulcanelli et ses disciples, distinguer de la "kabbale!}' juive), on peut rapprocher le mot "paroill du verbe "parois tre

11 dans la

cre'fini-tion du soùi're

c·~'ie~te

(voir plus haut,p.25), par lequel on fait"paroistre" le plus profond de la mati~rè.

Toute philosophie moniste qui exclut la Person-nalit( de l'Absolu tend

~

aboutira l'etat indifferen-... 1 .."

/ " ' . /

cie primordial comme etat supreme, dans " A. ./

l ' individu perd son indi viduali te en se

lequel noyant

/ /' /

dans l'ultime eblouissement indifi'erencie de ./

l'illumination impersonnelle ou pantheiste. En

./

,

releguant toute manifestation a l~Tillusion, les

ho /

p 11osophies impersonnelles perdent la possibilite de la projection de la conscience individuelle

(37)

au 3:a au

-

"-dela du "'rideau de feu", grace a la decouverte

A"

/

/./. /

philosophes" revele 0 Jean Guitton,

du "mercure des

dans son livre La Vierge Marie, s'exprime ainsi au sujet de Goethe:

/ '

"

"Ce qu'il presente a la derniere scene de Faust, ce n'est pas ce vide et ce n6ant eternels, qui sont la tentation de ~'esprit, das ~wig-Leere, dont

parle Mèphistoptielèa, non, c'est un ~tre de type feminin, capable de tout sÜ.blimer:

Alles VergHngliche lst nu.r Gleichnis~ .. c

Das Unbeschreibliche Hier iat's getan: Das EwiS-Weibliche Zieht uns Hinan.

'Tout ce qui passe - n'est que symboleo~o - Ici, l'ineffable s'acdomplit. L'Eternel-Feminin nous tire vers le haut." " (16)

Ce rideau de

lumi~re indiff~enci:e

constitue

donc la "paroi" qui s'pare l'illuministe lucif:rien

1 /

ou prometheen de la manifestation transcendante. Pour la conscience profane, la "paroill est

con-/'

"

stituee par la matiere telle qu'elle est collec-tivement

envisag~

dans la civilisation. Pour

/

la conscience illuminee la~l~roi" devient le "paradis" de la menife station transcendante. Alleau indiaue que dans l'acception alchimique, il est important de noter que l'{tymologie du mot

"paradisl/ fait na'itre la signification de "rideau" 0 ('lr)

(38)

af 33 af

-firment que dans leur ultime illumination, la

/

,

realj.te se fait voir a travers ce qui constituait l'illusion

'\

" a l'etat de conscience profane. C'est -1 a-dire que la manifestation

mat~ielle

limit:e

devient manifestation transcendante lorsque l'adepte

".

Y confronte l'omnipresence du "Toiu illimite. Ce

/

"

phenomene de transsubstantiation se retrouve dams le culte de la Vierge sous une forme comparable

aux, transmutations alchimiques:

"La Vierge est donc l'image, non seulement du Paradis terrestre, c'est-a-dire de l'alpha, mais encore de l'om{ga, c'est-à-dire du Paradis c~leste. Bien p'lus, son "Assomption" est le type m"ême de cette

dernie~e transformation ou transmutation de toute

cr'a ture ••• " (1'8)

Ajoutons que les alchimistes nomment souvent leur mercure "Vierge", et l'associent

~

la Lune, de

A

meme que Jean Guitton y associe la Sain~e

:Vierge.(19)

/"

En tant que dechirures, ces limites du micro-cosme convulsif laissent entrevQir l'aspect

indif-". / / /

-

,

ferencie de l'energie creatr~ce du poete, qualita-

"-tivement identique a l'energie creatrice macrocos-mique. Puisqu'il refuse le compromis avec la

/

Personnalite macrocosmique, et puisqu'il veut

,.-sfextirper des entraves quantitatives qui resultent

"

/'

d'un tel refus, le poete est tente par une

auto-/ / / '

apotheose dans l~dentification de ses energies cre-atrices avec celles de 10 Personnalit{ macrocosmique.

(39)

34

-en y perdant toute trace de

diff~eneiation

quantitative, et touteœace d1individuation îor-melle, ou d1existence personnelle.

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