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6. Distribution et transport du TCE dissous dans l’aquifère 1 Méthodologie

6.4 Zones sources potentielles de contamination en TCE

À la section 1.7 où nous avons fait la distinction entre 1) les activités polluantes qui ont engendré la présence de contaminants dans les sols et dans l’aquifère pour former des zones sources de contamination, 2) les émissions de contaminants dissous dans l’eau souterraine à partir des zones sources de contamination présentes en profondeur dans les sols et l’aquifère, et 3) la migration des contaminants dissous à partir des zones sources suite à l’écoulement de l’eau souterraine. Dans la présente cette section, nous allons récapituler l’état de nos connaissances sur les activités polluantes, les zones sources potentielles et le lien potentiel entre ces zones sources et la contamination en TCE dissous présentement observée dans le secteur Valcartier. Nous reviendrons sur cette question à nouveau au chapitre 7 qui porte sur la modélisation numérique de l'écoulement et du transport de TCE. Les résultats du modèle nous permettent en effet de tirer des conclusions plus précises sur le lien entre chaque zone source potentielle et les diverses parties du panache de contamination en TCE du secteur Valcartier, notamment en relation avec les émissions qui atteignent les milieux récepteurs, particulièrement la municipalité de Shannon. D’abord, au niveau des activités polluantes qui ont engendré la présence de contaminants dans les sols et dans le système aquifère, les informations disponibles nous indiquent qu’il n’y a plus d’activités qui pourraient encore contribuer activement à la contamination des sols et de l’eau souterraine dans le secteur Valcartier. Il n’y a donc pas d’activités qu’il faudrait modifier ou arrêter pour empêcher que d’autres contaminants, particulièrement le TCE, n’atteignent les sols ou le système aquifère du secteur Valcartier. Au niveau des activités qui ont historiquement été à l’origine de la contamination dans le secteur, nous avons encore très peu d’information sur la nature exacte de ces activités. Ainsi, nous ne connaissons pas la forme des déversements, fuites ou épanchements à partir de la surface ou en profondeur qui ont pu résulter de ces activités. Nous devons toutefois souligner la compilation des activités potentiellement polluante à RDDC Nord faite par Nathalie Roy dont nous discuterons à la section suivante. Il reste donc une grande

incertitude sur la période où se sont produites ces activités qui ont pu conduire à la formation des zones sources de contamination. Cette incertitude se reflète dans nos travaux sur le transport de contaminants dissous dans le secteur (chapitre 7). Pour ces simulations, il n’a pas été possible d’utiliser des temps de transport spécifiques à chaque zone source et nous avons dû faire des simulations plus générales pour comprendre la migration des contaminants dans le secteur. Puisque les activités polluantes ont cessé, les actions dans le secteur doivent donc porter sur le contrôle et la réhabilitation des contaminants déjà présents dans les sols et le système aquifère, tant dans les zones sources que dans le panache de TCE dissous. La figure 6.6 montre une version simplifiée de la carte de contamination sans les points de contrôle. Cette carte est utilisée pour mieux identifier les zones sources présumées qui pourraient être à l’origine de la contamination en TCE dans le secteur Valcartier. Pour mieux souligner la présence de zones sources, une troisième plage de concentration est indiquée dans le panache, montrant les secteurs où la concentration en TCE dissous excède généralement 500 µg/L. Ces fortes concentrations se retrouvent généralement à proximité des principales zones sources présumées dans le secteur qui sont localisées à RDDC Nord ainsi que sur les terrains de SNC TEC (Secteur 214 et Lagune C). Les sections 6.5 et 6.6 décrivent en détail la distribution du TCE à RDDC Nord ainsi que les zones sources présumées à l’origine de cette contamination.

Sur les terrains de SNC TEC, le Secteur 214 ainsi que l’ancienne Lagune C sont des sites contaminés connus qui ont fait l’objet de mesures de réhabilitation. Selon des informations transmises par SNC TEC au comité technique, les sols contaminés de l’ancienne Lagune C ont été excavés en 1994, tandis qu’un système de pompage et traitement saisonnier réhabilite le Secteur 214 depuis 1998. Les sols contaminés excavés à l’ancienne Lagune C et en plusieurs autres sites sur la propriété de SNC TEC ont été enfouis dans une cellule imperméable à la fin de 1994 en aval et à proximité du Secteur 214. Il était hors de notre mandat d’évaluer les mesures de contrôle et de réhabilitation des zones sources du Secteur 214 et de l’ancienne Lagune C. Nous ne sommes donc pas en mesure de porter un jugement sur l’efficacité potentielle des mesures prises par SNC TEC à ces deux zones sources, ni de déterminer si ces deux zones sources peuvent encore émettre du TCE dans l’eau souterraine qui migrerait hors de ces zones. Dans le cas des zones sources potentielles à RDDC Nord, elles viennent juste d’être détectées suite à la dernière caractérisation du MDN. Les mesures éventuelles de contrôle ou de réhabilitation de ces zones sources potentielles restent à être définies.

Sur la base de notre compréhension de l’écoulement dans le système aquifère, nous pouvons faire un lien entre les zones sources et le panache de contamination en TCE dissous délimité dans le secteur Valcartier. Nous constatons d’abord à la figure 6.6 que la migration de la contamination en TCE sous forme dissoute s’est produite avant tout vers l’ouest dans la nappe libre régionale, bien que les zones sources émettent soit au-dessus, en bordure ou en dessous de la couche silteuse prodeltaïque, comme nous le verrons en détail pour RDDC Nord à la section 6.5. Aussi, il y a une continuité apparente dans le panache de contamination de l’extrémité ouest où il a été défini à Shannon avec les zones sources situées en amont hydrogéologique à l’ancienne Lagune C, au Secteur 214 et à RDDC Nord. Nous pouvons donc conclure que le panache de contamination en TCE dissous retrouvé à la Garnison Valcartier prend son origine à ces trois zones sources. Les autres zones où la concentration en TCE dissous est plus élevée que 500 µg/L retrouvées à l’intérieur du panache de la Garnison Valcartier n’ont pas pu être reliées à

d’autres zones sources à la Garnison. Ces fortes concentrations pourraient possiblement être causées par la variation des concentrations émises aux zones sources ou aux changements des conditions hydrauliques dans le secteur reliés aux modifications des débits des puits d’approvisionnement en eau de la Garnison Valcartier et de SNC TEC. Le panache de contamination en TCE dissous délimité jusqu’à Shannon se rend probablement jusqu’à la rivière Jacques-Cartier plus à l’ouest mais il n’y a pas de données disponibles entre la limite du panache tracée aux figures 6.5 et 6.6 et la rivière. Sur la base des résultats de la modélisation numérique présentés au chapitre 7, nous ferons un lien plus précis entre les zones sources et la contamination en TCE dissous retrouvée à Shannon.

Il y a aussi eu migration de TCE dissous vers l’est en direction de Québec (Val-Bélair) à partir des zones sources situées à RDDC Nord ainsi que des environs du Secteur 214. Les figures 6.5 et 6.6 montrent bien que le panache est beaucoup moins développé du côté est que du côté ouest. Nous verrons au chapitre 7 sur la modélisation du transport que ce faible développement du panache de ce côté est relié aux faibles vitesses d’écoulement de l’eau souterraine vers l’est. Cette migration vers l’est provient du fait que des émissions se sont produites près de la ligne de partage des eaux souterraines délimitant l’écoulement vers l’ouest et vers l’est dans la nappe libre et dans la nappe semi-captive. Le panache migrant vers l’est délimité sur les figures 6.5 et 6.6 est présent dans la nappe semi-captive et dans la nappe libre mais l’extension relative du panache dans les deux nappes n’est pas bien définie. Les concentrations retrouvées dans la nappe libre à RDDC Nord ont une extension limitée comme nous le verrons à la section 6.5. Les concentrations retrouvées dans la partie du panache présumé migrer vers l’est à la Garnison Valcartier ont toutes été trouvées inférieures à 50 µg/L. Par contre, une partie des concentrations présentes dans le panache migrant vers l’est chez SNC TEC excèdent 50 µg/L. Bien que la migration du TCE vers l’est se fasse lentement, le panache de TCE dissous sort des limites de propriété de SNC TEC et de la Garnison Valcartier pour se retrouver à l’intérieur de la ville de Québec (Val-Bélair) sur une portion de terrain où les propriétés de SNC TEC et de la Garnison Valcartier au sud ne rejoignent plus les terrains de RDDC Nord et de la Garnison Valcartier plus au nord de chaque côté de rues formant une intersection en Y. Sur la base des données utilisées pour ce rapport, il n’y avait pas de concentrations détectées au-delà de 50 µg/L sur les terrains de la Ville de Québec. Il y a cependant un « trou » à être comblé dans les données disponibles dans la partie est du panache de contamination en TCE. Des concentrations en TCE dissous inférieures à 50 µg/L ont aussi été détectées dans nappe libre à proximité de la rivière Nelson. Il semble donc y avoir une possibilité d’émissions de TCE dans cette rivière mais les conditions dans ce secteur doivent être mieux précisées pour être en mesure de tirer des conclusions fermes. Sur la base des informations disponibles sur les zones sources potentielles, l’image qui se dégage est que les zones sources à l’origine de la contamination semblent « ponctuelles », c’est-à-dire qu’elles ne couvrent pas une grande surface. Bien qu’elles soient ponctuelles, les zones sources potentielles qui ont été identifiées semblent avoir été relativement « continues » dans le temps. Ces zones sources doivent en effet avoir émis des contaminants dissous pendant une longue période puisqu’elles sont à l’origine d’un très long panache qui a dû se former par la migration de l’eau souterraine contaminée à partir des zones sources sur une longue période de temps. La nature continue dans le temps des émissions à partir des zones sources est aussi indiquée par la continuité dans le système aquifère entre le panache et les zones sources retrouvées en amont par rapport au sens d’écoulement de l’eau souterraine. Si les émissions avaient cessé à partir des

zones sources il y a longtemps, il y aurait un espace entre les zones sources et le panache. La continuité des émissions dans le temps n’implique pas que la concentration des émissions était constante. Au contraire, la grande variabilité des concentrations retrouvées dans le panache de contamination en TCE dissous semble plutôt indiquer que les concentrations étaient variables ou qu’elles ont été affectées par les changements des conditions hydrauliques dans le temps, notamment par l’opération des puits d’alimentation en eau souterraine de la Garnison Valcartier (surtout P-5) et de SNC TEC qui s’est approvisionné par des puits situés sur ses terrains durant une longue période mais dans des conditions que nous ne connaissons pas en détail.

Finalement, nous pouvons nous demander si les zones sources potentielles émettent encore présentement du TCE dissous dans l’eau souterraine. Puisque des mesures de contrôle et de réhabilitation ont été prises à l’ancienne lagune C et au Secteur 214 chez SNC TEC, la possibilité d’émissions présentes est réduite si les mesures prises sont efficaces. Ces zones sources ont cependant dû émettre jusqu’à ce que ces mesures soient prises car le panache de contamination en TCE dissous semble continu jusqu’à ces zones sources. Au niveau de RDDC Nord, il est probable que les émissions de TCE soient toujours actives, surtout pour ce qui est du TCE qui est transporté à travers la couche silteuse prodeltaïque (voir section 6.5). Puisque le transport du TCE est retardé à travers le silt et que l’écoulement à travers cette couche est limité, il est probable que de telles émissions à la base de la couche silteuse se poursuivront encore sur une longue période sans la prise de mesures de contrôle ou de réhabilitation. La longue durée des émissions à partir des zones sources pourraient être reliée à des activités polluantes à l’origine de ces zones sources s’étant étendues sur de longues périodes ou par une lente migration des contaminants entre les secteurs où se tenaient les activités polluantes et les zones sources. Une autre explication possible pour la longue durée des émissions à partir des zones sources serait la présence de liquide immisicible (DNAPL). Cependant, jusqu’à maintenant il n’y a pas eu de DNAPL de détecté dans les échantillons de sols analysés lors des campagnes de caractérisation du MDN. La présence de DNAPL dans les zones sources n’est donc pas démontrée.