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7. Modélisation numérique de l’écoulement et du transport 1 Méthodologie

7.3 Modèle conceptuel et modèle numérique du secteur Valcartier

Un modèle conceptuel regroupe les différentes informations nécessaires à la représentation d'un aquifère par simulation numérique. Il met en relation les informations hydrogéologiques (charges hydrauliques, conductivités hydrauliques, coefficient d'emmagasinement, porosité, recharge), les informations stratigraphiques (type de matériaux) et les informations hydrogéochimiques (positions des sources, concentrations en TCE imposées). Le modèle conceptuel comporte aussi la définition des conditions imposées aux limites de l’aquifère (flux ou charges). En fait, le modèle conceptuel fait la définition complète du problème à résoudre par les simulations. Une grande importance doit être apportée à cette étape du processus de la définition du modèle conceptuel puisque celui-ci constitue la base des simulations numériques. Le domaine de modélisation doit être spécifié pour permettre de répondre aux différents objectifs de l'étude. Ce domaine doit être assez vaste pour couvrir la zone étudiée et doit être restreint autant que possible dans le secteur à l’intérieur duquel de l'information suffisante est disponible pour définir le problème correctement. Dans le cas du secteur Valcartier, l’étendue en surface du domaine défini pour la modélisation numérique va de Shannon à Val-Bélair, et couvre les flancs des Monts Rolland-Auger au sud et Brillant à l’Est (figure 7.1). La limite Nord se situe approximativement à 500 m au Nord du secteur des poudrières de la Garnison Valcartier. En profondeur, ce domaine comprend toutes les unités hydrostratigraphiques présentes entre la surface du sol et le socle rocheux (figures 3.3 et 3.7).

Les conditions aux limites du modèle sont spécifiées en bordure du domaine de modélisation ainsi qu’à la surface du maillage. Les limites doivent être assez éloignées des endroits où des sollicitations sont appliquées dans le modèle, comme par exemple pour un puits d'alimentation. Les conditions aux limites doivent aussi être réalistes du point de vue hydraulique. Enfin, autant que possible, elles doivent être situées dans des secteurs où les points de contrôle sont assez nombreux et fiables pour s’assurer de la pertinence des conditions imposées. La figure 7.1 montre l’étendue horizontale du domaine modélisé sous forme de maillage en deux dimensions avec les différentes conditions aux limites spécifiées dans le modèle. Deux types de conditions aux limites sont présentes : type 1 (Dirichlet) qui sont les charges hydrauliques imposées; et type 2 (Neuman) pour la recharge et les limites à flux nuls. Des charges imposées et des flux nuls sont assignés dans les deux aquifères séparés par la couche silteuse prodeltaïque, la nappe libre supérieure et la nappe semi-captive. Les conditions aux limites C, H, et K sont des charges imposées dans la nappe semi-captive avec des valeurs basées sur la carte piézométrique. Les conditions aux limites A, F, G, J, M, et N sont des charges imposées dans la nappe libre. Les limites A et F représentent les niveaux d’eau moyens dans les rivières Jacques-Cartier et Nelson, respectivement, tandis que les limites G, J, M et N sont basées sur la carte piézométrique. En imposant des charges dans les rivières, celles-ci jouent alors le rôle de « drains » vers lesquels l’eau souterraine aura tendance à converger. Enfin, les limites B, D, E, I, et L sont des limites à flux nuls. Les limites B, D, I et L représentent des lignes d’écoulement d’après la carte piézométrique et l’écoulement suit donc ces limites sans les traverser, tandis que la limite E représente la limite physique de l’aquifère au contact du Mont Brillant. La dernière condition limite est la recharge qui est considérée constante lors des simulations et qui est appliquée uniformément à la surface du maillage qui correspond à la surface du sol. La base du modèle reposant sur le socle rocheux sous-jacent est supposée imperméable. Le tableau 7.2b résume les conditions utilisées pour les limites.

L’approche utilisée pour générer le maillage 3D consiste premièrement à produire un maillage 2D représentant l’étendue horizontale du domaine modélisé tel que montré à la figure 7.1. Ce maillage 2D est ensuite reproduit plusieurs fois dans la direction verticale, en partant de la base du domaine (le contact entre les sédiments et le socle rocheux) jusqu’au sommet du domaine (surface du sol). La superposition de plusieurs « couches » du maillage 2D produit ainsi le maillage tridimensionnel. Des éléments triangulaires sont utilisés pour générer le maillage numérique en deux dimensions. La discrétisation de ce maillage 2D doit être suffisamment fine pour permettre une convergence des équations d'écoulement à saturation variable et surtout de transport de masse. Plus spécifiquement, le maillage est plus fin aux puits d'alimentation P-2, P- 4, P-5 et P-7, en bordure de la couche silteuse, et le long des voies de migration du panache de TCE dissous. La plus fine discrétisation horizontale est de 10 m et la plus grande est de 50 m en bordure du modèle (figure 7.1).

La superposition verticale du maillage 2D pour générer le maillage 3D a été basée sur la géométrie des différentes unités hydrostratigraphiques dans le modèle (figure 3.7). Au total, cinq surfaces ont été générées afin de superposer le maillage 2D. Ces surfaces représentent 1) la topographie du sol, 2) la limite supérieure de la couche silteuse prodeltaïque, 3) la limite inférieure de la couche silteuse prodeltaïque, 4) la limite supérieure du silt intermédiaire, et 5) la surface de l’unité proglaciaire. La topographie des différentes couches est obtenue par l'interpolation aux nœuds du maillage 2D des données ponctuelles provenant des descriptions stratigraphiques et des sections hydrostratigraphiques. Lors de la création de ces surfaces, l’interprétation du modélisateur est aussi utilisée dans les zones où l’information est plus limitée. Pour représenter les discontinuités des unités hydrostratigraphiques qui se terminent latéralement dans une couche du modèle, la distribution appropriée des matériaux de ces couches a été spécifiée manuellement à l’aide de GMS.

La figure 7.2 montre le modèle numérique en trois dimensions ainsi généré, de même qu'une section longitudinale dans le modèle illustrant la superposition du maillage 2D. La discrétisation verticale a été assurée par un total de 30 couches entre la surface et la base du modèle. Cette discrétisation fine est nécessaire pour assurer la convergence des équations d'écoulement et de transport. La portion supérieure du modèle comporte une discrétisation plus fine du modèle puisque l'équation d'écoulement à saturation variable est solutionnée pour ces éléments. Cette figure montre aussi que chacune des unités hydrostratigraphiques est représentée dans le modèle numérique (comparer à la figure 3.3).

Le contexte deltaïque de l'aquifère de Valcartier entraîne une grande variabilité des propriétés hydrauliques des matériaux dans ce système. De façon générale, les conductivités hydrauliques sont plus faibles à la bordure extérieure du delta tandis qu'elles sont plus élevées au cœur de celui-ci. Afin de reproduire cette distribution spatiale, une étude géostatistique a été faite à partir des résultats des essais de perméabilité (voir exemple au chapitre 4, figure 4.3a). Cette étude a permis de définir des zones de conductivité hydraulique pour le matériel deltaïque. Au total, 16 zones de conductivité hydraulique distincte ont été définies dans deux couches deltaïques (Tableau 7.1). Les figures 7.3 et 7.4 montrent les différentes zones pour l'unité deltaïque supérieure et inférieure. D’autres zones de conductivités hydrauliques ont été définies pour représenter les unités proglaciaire, prodeltaïque et l’unité silteuse glaciomarine (tableau 7.1).