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4. Etude   géomorphologique   et   tectonique   des   segments   côtiers   de   l’Orocline   bolivien

4.2. La   côte   sud   du   Pérou

4.2.3.2. La   zone   de   Chala ‐ Tanaka ‐ Chaviña

 

La zone de Chala‐Tanaka‐Chaviña est caractérisée par un cap entouré de deux baies : la 

baie de Chala et la baie de Tanaka (Figure 65). 

  Figure 65 : Localisation de la zone de Chala‐Tanaka‐Chaviña dans le sud du Pérou. Les carrés rouges  représentent les sites échantillonnés : une terrasse marine de dépôts à l’Ouest de Chaviña et trois  terrasses marines de dépôts dans la baie de Chala, et une terrasse d’abrasion marine au sud de  Tanaka.    Cf.  Figure  68  pour  le  zoom.  Mosaïque  d’images  satellite  issue  de  Google  Earth  (http://earth.google.fr). Copyright: Terrametrics, DigitalGlobe, Image NASA, 2008. 

 

La baie de Chala (15,83°S – 74,25°W) contient une succession remarquable de plus de 15 

niveaux de terrasses marines étagées sur plus de 6 km à l’intérieur des terres (Figure 66, 

Figure 67 et Figure 69). La séquence de terrasses marines de Chala a fait l’objet de plusieurs 

études  (e.g.  Laharie,  1970 ;  Goy  et  al.,  1992)  et  sa  bonne  préservation  présente  un 

enregistrement  temporel et  spatial  très  intéressant  pour  la  reconstruction  de  l’histoire 

tectonique de la région. Les niveaux de terrasses sont étagés entre 0 et 250 m d’altitude, dans 

la baie de Chala, sous forme de terrasses marines de dépôts, et au Sud de la baie de Chala, 

deux niveaux de terrasses d’abrasion marine sont préservés en contrebas de l’hôtel de Las 

Turistas (Figure 66, Figure 69 et Figure 70). La baie de Chala a une orientation originale le 

long de la côte péruvienne. La ligne de côte est orientée WNW‐ESE, perpendiculaire à la 

de la baie et l’absence de sables éoliens recouvrant les terrasses (Gay, 1962 ; Goy et al., 1992 ; 

Figure 66). 

En revanche, la particularité de la baie de Chala est la présence de colluvions et de dépôts 

alluviaux qui se sont déposés pendant, ou juste après, chaque épisode de formation de 

terrasse. De fins dépôts alluviaux recouvrent partiellement de nombreuses terrasses ou 

peuvent localement être interstratifiés avec des dépôts marins formés lors des transgressions. 

Des cônes alluviaux se sont aussi déposés aux pieds des escarpements de terrasses, à la 

surface des terrasses marines (Goy et al., 1992). Ces dépôts continentaux ont été très peu 

érodés à cause du climat hyper‐aride de cette zone du désert d’Atacama.   

  Figure 66 : Vue 3D de la baie de Chala (image satellite drapée sur un SRTM à 90 m). On distingue les  différents niveaux étagés de terrasses marines de dépôts. Se reporter à la Figure 67 pour le zoom. 

       

__________________________________________________________________________________  Figure 67 (page suivante) : Cartographie des niveaux de terrasses marines de dépôts dans la baie de  Chala.  Les  zones  hachurées  soulignent  les  escarpements  de  terrasses.  Les  chiffres  en  noir  correspondent aux altitudes des pieds de falaise de chaque terrasse marine mesurées à l’aide du GPS  cinématique. Ils correspondent aussi à la dénomination des terrasses marines telles qu’elles seront  référencées dans le texte. Le trait en rouge A‐B correspond à la localisation du profil GPS. LS 1 à LS 6  sont les logs stratigraphiques relevés sur le terrain (Cf. Annexe). LS 2, 3 et 4 ont été utilisés pour  l’échantillonnage selon un profil vertical et la datation des terrasses marines +60 m, +94 m et +154 m,  respectivement.

Le village de Chaviña est situé entre Punta Lomas et le village de Tanaka, dans la vallée 

du Río Acari (Figure 65). Quatre niveaux de terrasses marines au moins ont été préservés à 

l’Ouest de la vallée du Río Acari. 

Dans la baie de Chala et à l’Ouest de Chaviña, les terrasses marines étudiées sont des 

terrasses marines de dépôts. Les terrasses sont constituées d’une épaisse couche sédimentaire 

de dépôts contemporains de la formation des terrasses qui ont été partiellement recouverts 

par des dépôts continentaux postérieurs (cônes alluviaux, des colluvions et du sable fin 

d’origine éolienne). Afin de pouvoir bien dater ces deux types de dépôts, nous avons donc 

échantillonné les terrasses selon un profil vertical effectué dans des puits creusés dans la 

couverture de la terrasse, ceci jusqu’à ~2 m de profondeur. Comme nous l’avons vu dans la 

partie  méthodologie, l’intérêt  d’avoir  des échantillons  à différentes  profondeurs est  de 

pouvoir quantifier l’héritage contenu dans l’échantillon, en considérant l’héritage identique 

pour tous les échantillons. On peut ainsi en déduire s’il a subi une pré‐exposition aux rayons 

cosmiques, antérieure à la formation de la terrasse et/ou de pouvoir déterminer différents 

épisodes de dépôts, et donc de déterminer si le dépôt est contemporain ou postérieur à la 

formation de la terrasse. 

Au niveau du cap au sud de Tanaka, on distingue cinq niveaux de terrasse d’abrasion 

marine avec de nombreux écueils (Figure 68). Ces terrasses ont été érodées dans le socle 

constitué de diorite et de monzodiorite. Nous avons échantillonné un écueil rocheux à +90 m 

d’altitude sur le niveau de terrasse d’abrasion marine T2. Le village de Tanaka est située sur 

  Figure 68 : A – Panorama des niveaux de terrasse d’abrasion marine au niveau du cap de Tanaka (B)  où l’on en distingue 5 : T1, T2, T3, T4 et T5, avec T5 le plus récent et le plus bas. Les lignes en tirets  soulignent les pieds de falaise des terrasses. B est une image satellite issue de Google Earth.  

 

Dans la baie de Chala, nous avons échantillonné la couverture de trois terrasses marines 

dans cette zone selon ce protocole: les terrasses marines +60 m, +94 m et +154 m (Figure 67 ; 

Figure 69). A l’Ouest de Chaviña, nous avons échantillonné la terrasse marine à +150 m. 

Cependant, afin de relier du point de vue géométrique et chronologique ces deux sites entre 

eux, nous avons échantillonné entre les deux, un niveau de terrasse d’abrasion marine formé 

à +90 m au niveau du cap entre Tanaka et la baie de Chala. L’échantillonnage d’une terrasse 

d’abrasion devrait donner l’âge de l’épisode d’abrasion et de formation de la terrasse lors du 

haut niveau marin. Cet âge permettrait de calibrer les âges obtenus sur les terrasses marines 

 

 

Figure 69 : Profil GPS cinématique des niveaux de terrasses marines de dépôts de la baie de Chala entre 0 et 250 m d’altitude. Les chiffres correspondent aux  altitudes des pieds de falaise de chaque terrasse marine et à leur dénomination. Le trait en tirets représente le profil théorique des terrasses avant l’érosion des  escarpements. Les dépôts accumulés au niveau des pieds de falaise sont représentés en gris. 

  Figure 70 : Les deux niveaux de terrasses d’abrasion marine sur le bord sud de la baie de Chala (en  contrebas de l’hôtel de las Turistas). Le niveau d’abrasion de la terrasse d’abrasion marine 1 (~ +2m)  est assez étendu. On peut le distinguer en arrière plan, sur la photographie du haut. L’altitude du pied  de falaise de la terrasse d’abrasion marine 2 est à +11 m. Cette terrasse n’a pas d’équivalent le long de  la baie de Chala et n’est donc préservée que localement.