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6.6. Mise en défens et Gestion participative

« Une mise en défens est une interdiction de pâture momentanée, sur une parcelle donnée, afin de laisser la pelouse se reconstituer naturellement » (Laurent Boutot, 201 ; p.23). Dans les parcours sylvopastoraux du PNI, le plan d’aménagement forestier a été renforcé par la mise en place d’un système de gestion de l’espace avec l’implication des associations sylvopastorales. L’État marocain encourage cette gestion participative, au moyen de compensations financières, encadrées par la loi. Cela est considéré comme action très innovante dans ce domaine. L’objectif principal est la meilleure gestion de l’espace pastoral afin de réduire la pression sur le milieu forestier dans les zones mises en défens, pour de restaurer la cédraie d’Ifrane. Cette démarche inspire inciter les éleveurs à organiser leurs pratiques dans des associations sylvopastorales, coopératives forestières et groupements d’éleveurs (Azizi et al, 2014).

« Cependant, ce mécanisme présente certaines fragilités, notamment un risque de non durabilité des mises en défens (du fait que celles-ci ne sont financées que par le budget de l’État) et un contrôle social plus faible dans les nouvelles associations qui n’ont pas la même légitimité pour prendre des décisions au nom du collectif que les anciennes jmaa » (Azizi et al, 2014 ; p.1).

6.7. Zonages touristiques

Le PAG propose un programme de zonage touristique, qui doit être utilisé comme un outil de gestion et de planification des activités touristiques pour organiser et contrôler le tourisme de masse et pour développer l’écotourisme dans les perspectives de protection des milieux. Le tourisme peut se pratiquer en partie dans le zonage bioécologique, dans le respect de la vocation écotouristique de certaines zones naturelles protégées et de zones naturelles gérées (Tableau 37).

Tableau 37. Caractéristiques des zones d’aménagement ou de développement touristique Source HCEFLCD, PAG du PNI 2007; p.38

Les principes du zonage touristique sont les suivants :

- Promouvoir un tourisme respectueux et durable, basé sur des activités de loisir compatibles avec la vocation protectrice des milieux et des espèces dans la zone centrale du parc et les sites sensibles ;

- Répartir la pression touristique pour réduire l’impact du tourisme de masse concentré sur quelques sites ;

- Organiser les visiteurs selon les pratiques et éviter la sur-fréquentation et la dégradation sur les secteurs fragiles ;

- Valoriser les sites naturels et culturels sur l’ensemble du territoire ainsi que les produits du terroir ;

- Valoriser la diversité et la richesse des milieux et des paysages pour développer une sensibilisation forte à l’environnement, avec différents moyens d’informations et de communications (PAG du PNI, 2007).

Certains secteurs du parc, du pôle urbain périphérique à la zone centrale, sont sur-fréquentés par un tourisme de masse, le cas de la commune d’Ifrane qui accueille un grand public de ce type de tourisme, au niveau de l’oued Tizguit/source Vittel. Cependant d’autres secteur comme, la commune d’Ain Leuh et autres communes sont moins fréquentées. Le plan projette de valoriser l’axe routier pour repartir les fréquentations touristiques, comme la route Azrou- Kherzouza-Ain Leuh et le circuit des lacs et des cédraies Azrou-Afenourir-Ain Leuh.

« Fréquentation touristique à forte saisonnalité et irrégularité, et des pratiques qui se diversifient peu avec des impacts forts sur les sites naturels » (UICN ,2015; p. 30).

7. Évaluation et recommandations du PNI

Sous forme d’un rapport qui a était réalisé en 2011 pour le compte du HCEFLCD du Maroc et l’Agence Française de Développement (AFD). Cette évaluation a été réalisée par le bureau d’études Oréade-Brèche, accompagnée par un comité de pilotage constitué de représentants, de partenaires techniques et financiers et de gestionnaires de parcs (AFD, 2011).

Dans le cadre de cette étude, l’analyse porte sur le projet d’appui à l’aménagement et à la protection des massifs forestiers de la province d’Ifrane. Un projet d’appuis que l’AFD a cofinancé avec le Fonds Français pour l’Environnement Mondial (FFEM). Initialement, l’AFD a proposé au HCEFLCD de réaliser l’évaluation de ce projet d’appui. Afin d’atteindre ses objectifs, l’étude a autant porté sur le parc même que le projet d’appui : les objectifs et les actions étant extrêmement liés, il n’était pas envisageable d’étudier le projet d’appui seul, de façon isolée (AFD, 2011).

7.1. Principales faiblesses

Plusieurs points faibles sont relevés dans l’évaluation du PNI par le projet d’appuis de la AFD, citons comme exemple :

- Le manque d’indicateurs de suivi communs ;

- Le montage financier présent de nombreux défauts ; - L’assistance technique est parfois peu adaptée ; - Équipe du parc est incomplète et manque de stabilité ;

- La contribution est extrêmement faible dans la création et le fonctionnement de comité de gestion/scientifique, la mise en réseau, l’élaboration d’un plan de formation et dans la mise en place et la valorisation d’un suivi, etc ;

- Les programmes de régénération des essences de la cédraie d’Ifrane n’ont pas rencontré les taux de réussite attendus, à cause du transfert des travaux des régies aux entreprises locales privées ;

- La faible activité scientifique et l’absence de dispositif de suivi et d’évaluation de la biodiversité ;

- L’écomusée en place, mais est moins valorisé ; l’écomusée et les centres d’information ont portant été construits, mais moins opérationnels et visités. Le choix l’emplacement n’a pas été satisfaisant ;

- Les ressources humaines sont insuffisantes ; la gestion des ressources humaines aura été un frein majeur au développement, qui se traduit manque d’effectif et équipe souvent jeune non expérimentée (AFD, 2011).

7.2. Recommandations

Cette évaluation a abouti à des recommandations assez larges, certaines concernent le PNI, alors que d’autres sont orientées vers ses partenaires techniques et financiers, ses gestionnaires et l’État marocain. Toutefois, la mise en œuvre nécessitera une meilleure réflexion de différents acteurs, notamment, les acteurs concernés par la gestion de protection et de promotion des aires protégées, voir tableau 38.

Tableau 38. Recommandations de l’AFD concernent le PNI

Source : AFD, Évaluation partenariale des projets d’appui à la gestion des parcs nationaux au Maroc Pressions sur les ressources naturelles du PNI, 2011 ; p.40 et 41

Conclusion

L’étude détaillée du PAG du PNI, de ses objectifs, ses caractéristiques, son mode de gestion entre autres, nous a amenés à acquérir une meilleure compréhension des enjeux du parc. En effet, certains objectifs du parc s’allient parfaitement aux objectifs de deux projets l’éco-douar et l’éco-complexe, tous aspirent à la protection et à la valorisation du milieu naturel, le développement durable du territoire et l’amélioration du cadre de vie de la population locale. Ces ambitions partagées consolident la possibilité de créer des liens durables entre le PNI et les deux projets, Nos explorations des lois et des décrets marocains promulgués sur les aires

protégées montrent qu’elles cautionnent bien les actions de développement de la commune dans une perspective de protection du milieu naturel.

Les analyses graphiques du territoire de la province (Figure 20) et de la CR d’Ain Leuh (Figure 21) ainsi que l’examen des limites du parc vis-à-vis celles de la commune rurale d’Ain Leuh et des terres collectives révèlent que, le PNI occupe presque la moitié du territoire de la commune et notamment, l’ensemble des terres collectives des parcours situées dans les montagnes. Soulignons, la monographie de la commune montre, que les terres collectives situées dans les montagnes sont les meilleures terres fertiles. À cause de cette occupation du territoire de la commune par le PNI, la population ne dispose que de deux types de terres : les terres des plaines « Azagahar » infertiles et les terres du piémont « dir » fertiles, mais qui représentent, pour ainsi dire, 20 % du reste. Donc, cette occupation par le PNI, sans compensation, légitime l’implication et la participation de la population dans les projets d’aménagement et de développement durable de son territoire partagé à moitié avec le PNI. Le HCEFLCD déclare renforcer le PAG du PNI par la mise en place d’un système de gestion participative avec des associations sylvopastorales, offrants des dispositifs de compensation. Cependant, notre diagnostic à l’échelle du douar indique que moins de 3 % de la population possèdent des cheptels et à l’échelle de la commune et notre analyse de la monographie montre bien que les éleveurs sont les plus fortunés.

Donc, on peut conclure que ledit programme de gestion participative et de compensation ne cible qu’une minorité de la population fortunée. C’est une raison de plus, qui légitime le droit de la population au développement durable de son territoire. D’autant plus que, le cèdre de l’Atlas fait désormais partie des réserves mondiales des biosphères, cela ouvre autres opportunités pour un meilleur développement durable de la commune grâce de la protection de la forêt de cèdres.

Analyse Graphique du territoire de la province d’Ifrane

Source: HCEFLCD, 2007. Google Earth. Potin, 2004. Auteur Samira El Mamouni

Massif forestier d’IFrane Parc National d’Ifrane

Massif Forestier de la province

16 000 ha dont 48 700 ha de cédraies pures ou en mélange (dans le parc) Parc National d’Ifrane 125 000 ha depuis son extension

Terres du parcours (du parc/de la province) : 114 000 ha/142 000ha

Analyse Graphique

du territoire de la providence d’Ifrane

Les limites du territoire de la province d’Ifrane, superficie : 3 310 Km2 CR d’Ain Leuh Terres Collective LEGENDE

Analyse Graphique du territoire de la CR d’Ain Leuh

Source: HCEFLCD, 2007. Google Earth. Potin, 2004. Auteur Samira El Mamouni

La carte 12 illustre la répartition disproportionnée de la fréquentation touristique dans le PNI. Dans la commune d’Ifrane, le parc subit une grande pression exercée par un tourisme de masse, versus une absence d’activité touristique dans le territoire de la commune d’Ain Leuh. Le PAG du PNI en 2007 a projeté la valorisation de l’axe routier pour une meilleure répartition de la fréquentation touristique, comme la route Azrou-Kherzouza-Ain Leuh et le circuit des lacs et des cédraies Azrou-Afenourir-Ain Leuh. Toutefois, nos constats et nos analyses montrent qu’il n’y a pas eu d’évolution à ce niveau et la répartition des activités touristiques demeure inégale. Le PNI a donc prévu la population locale de ses meilleures terres fertiles sans compensation juste et équitable et sans lui offrir l’opportunité de bénéficier des retombées économiques de son tourisme.

Carte 12 : Répartition de la fréquentation touristique dans le PNI