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En quoi l’appropriation peut elle être moteur ou frein de l’évolution d’un espace conçu à un espace vécu espéré ?

III. E SPACE V ÉCU E SPACE ESPÉRÉ DE K AYSIEVA G RADINA

II.1. A S YSTÈME POLITIQUE ET HISTOIRE DU COMMUNISME EN B ULGARIE (1944 1989)

Le XIXe siècle est marqué par les guerres balkaniques, les deux guerres mondiales, et la guerre froide.

Bien que le pays chercha toujours à conserver sa neutralité dans la se- conde guerre mondiale, elle rejoint l’Axe aux côté de l’Allemagne mais refuse tout engagement militaire envers la Russie, mais ce rapprochement sera le pré- texte à l’intervention russe ; l’Armée Rouge déclare la guerre le 5 septembre 1944, aux portes des frontières bulgares.

C’est une « guerre d’un jour », les Russes sont aimés de la population et malgré les ordres, l’armée bulgare n’oppose aucune résistance, l’armistice est signé le jour-même.

Les derniers monarchistes effectuent un coup d’Etat sous l’égide du parti politique Zveno, socio-démocrates le 9 septembre 1944. Sous ce nouveau ré- gime conduit par des communistes socialistes, la Bulgarie déclare officiellement la guerre à l’Allemagne aux côtés des forces roumaines et soviétiques.

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Le régime pro-russe se durcit, s’en prenant de plus en plus aux symboles de la monarchie. En septembre 1946, suite à un référendum, la monarchie ab- solue est abolie, la famille royale fuit le pays.

C’est le Parti Ouvrier Bulgare qui instaure une « démocratie populaire », véritable dictature communiste étouffant le pays jusqu’en 1990. Une politique d’épuration des opposants au système est mise en place, d’abord sauvage puis légale. La culture est fortement contrainte, voire muselée, sa seule expression doit répondre aux idéologies socialistes.

Les sociaux démocrates se rallient aux communistes et forment en- semble le Parti Communiste Bulgare. Le Front Patriotique autrefois composé de socio-démocrates continue d’exister maintenant ainsi l’idée d’un multipartisme. Les goulags continuent de se développer et un régime de terreur contrôle la population par la police secrète du régime (Comité pour la Sécurité de l’État).

La Bulgarie étant encore une nation essentiellement agricole, une poli- tique de collectivisation des terres est mise en place ; le gouvernement impose en outre un système d’achat obligatoire d’un quota de fournitures d’État, qui s’avère ruineux pour une grande partie des paysans et aggravent la situation alimentaire du pays.

Les changements de dirigeants au parti entretiennent la poursuite du ré- gime du parti aligné sur la politique stalinienne. A la mort de Staline, Todor Jivkov passe à la tête du secrétariat du PCB. La politique de la Bulgarie communiste demeure étroitement associée à celle de l’URSS. La politique répressive conti- nue ainsi que les actes de collectivisation des terres. En 1958, la décision est prise d’appliquer le 3ème plan quinquennal soviétique qui s’avérera être un échec.

Todor Jivkov deviendra en 1971, le chef de l’Etat, prônant un « socialisme avancé » et sera élu à 99,6% des suffrages officiels. La constitution socialiste de 1971 tente une réforme du régime stalinien afin d’accorder les nouvelles préro- gatives avec ce socialisme nouveau. La nouvelle constitution cherche à créer l’idée d’une ‘unité de pensée et unité d’action du PCB et de l’Union agricole Populaire Bulgare. Le socialisme est une victoire qui permettra « la fin de l’exploi-

tation de l’homme par l’homme » La constitution même stipule « la coopération et l’entraide avec l’URSS ».

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Le pays connaît une sensible amélioration du niveau de vie de ses habi- tants dans les années 1960-1970 : la répression politique demeure cependant prégnante, et le régime engage une période de relative libéralisation culturelle et politique influencée par la fille de Jivkov ; Ludmila Jivkova qui décédera subite- ment en 1981.

Dans les années 1980, la Bulgarie connaît une période de difficultés éco- nomiques. Malgré de nombreuses réformes, la Bulgarie ne sort pas de l’impasse dans laquelle elle est embourbée. Le socialisme réel supposé offrir la rédemp- tion à cette crise sera au début des années 1990 un échec. La dette s’accroît et la qualité de la production malgré un respect des standards ne satisfait pas le marché européen. Les problèmes énergétiques s’accentuant également, l’ac- cès à l’électricité est limité parfois jusqu’à trois heures par foyer dans certaines villes. La société se démoralise et se crée un épuisement du système en place depuis près de 40 ans car ne satisfaisant pas une qualité de vie normale, adé- quate pourtant promise par l’ensemble des régimes succédés.

La situation démographique inquiète, la société est vieillissante. La part de la population urbaine passe de 24,7 % en 1946 à 58 % en 1975. L’indus- trialisation forte et rapide pousse à un exode rural parfois forcé auxquelles les villes doivent s’adapter. De nouveaux territoires naissent dans les villes à l’image d’une ville densificatrice, dirigée par une architecture en accord avec l’industrie et les plans quinquennaux incités par les relations très fortes entre la Bulgarie, son actuel dirigeant Jivkov et l’URSS, alors dirigé par Khrouchtchev.

Des réformes visant à augmenter la natalité des bulgares voient le jour (taxes divorce, avortement, impôts supplémentaires aux célibataires). Une diffé- renciation de traitement s’opèrent entre les bulgares natifs et les turco bulgares contre lesquels les violences augmentent. La paupérisation de la population et son oppression est inévitable.

L’unité nationale est loin d’être restaurée contrairement aux attentes du régimes de l’Homme nouveau socialiste annoncé dès 1945. Les relations inter- nationales se dégradent durant la guerre froide coupant un peu la Bulgarie du reste de l’Europe occidentale. La crise est totale.

Le système politique est contesté souvent par des personnalités au sein même du parti et dont les voix furent tues avant qu’une révolte puisse démarrer ou que les premiers signes n’en soient écrits (destitution, internements des des- titués et de leurs proches, arrestations, méthodes non sanglantes qui assurèrent une relative pérennité du régime de Jivkov) Le régime de Jivkov était très proche des dirigeants de l’URSS, conseillé et calqué sur ce modèle soviétique.

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La Bulgarie, annexée par l’URSS, subit de nouveau une dictature de près de 45 ans après la seconde guerre mondiale avant de s’orienter après la chute du « rideau de fer », vers un régime démocratique conforté par l’entrée dans l’Union Européenne en 2007.

L’emprise soviétique qui opéra pendant près d’un demi siècle, imposa également à travers un régime autoritaire des outils de planification du territoire et de planification des villes qui marqua le territoire Bulgare.