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Ce jeune garçon appartient à la banlieue de BATNA. J’avais laissé des recommandations au niveau de l’ U. D. S (l’Unité de Dépistage et de Suivi) de Santé Scolaire pour m’orienter des cas d’enfants maltraités, mais sans résultats. J’ai rencontré un employé des services de la Santé qui s’occupait des statistiques, et je lui fis part de nouveau de mon désir de retrouver des cas de maltraitance. A ce moment-là, il m’indiqua qu’il existe le cas d’un jeune garçon qu’on avait signalé au niveau d’une Ecole de la zone de Parc à fourrage. Je me suis donc orientée vers le lieu du Cabinet du médecin qui avait contacté pour ce cas. A partir de là, on m’orienta sur l’endroit de l’Ecole où cet enfant se trouvait scolarisé.

Une fois arrivée sur les lieux, le directeur s’excusa de ne pouvoir me recevoir, car il partait à l’instant même en mission, mais il me recommanda à des surveillants pour m’orienter sur l’enseignant qui a eu à s’occuper de Youcef.

J’avais de l’aubaine, puisque je suis tombée sur l’enseignant qui l’avait prit en début de sa scolarité, et ce durant deux ans, et donc qui le connaissait mieux que quelqu’un d’autres parmi le personnel de l’Ecole. L’enfant est âgé de neuf (09) ans, il est en deuxième année scolaire. Il avait redoublé sa première année. Cette année, il est supposé être classé en troisième année, mais le retard accusé en première année de deux ans l’obligeait à être en niveau de deuxième année. Et encore si les choses au moins en sont restées là , cela aurait été un demi-mal et aurait suffit. La condition de Youcef ne lui a pas permis de s’adapter cette année au milieu scolaire, la présence enregistrée était juste d’une période de deux mois pour cette année, puis on ne revit plus l’enfant à l’école.

Je suis donc arrivée en retard, et ne pu rencontrer Youcef, néanmoins j’ai pu discuter de son cas avec ses deux enseignants, j’ai pu recueillir les informations suivantes :

L’enseignant de première année connaissait mieux son élève, il a passé plus de temps avec lui. Il nous apprend que tout au début, ce fut la grand mère paternelle qui accompagnait l’enfant à l’école, et qui priait le maître de bien s’occupe de son petit-fils. Plus tard, le maître y verra de la sournoiserie. Car la réalité qui touchait à cette famille semblait si invraisemblable.

Au début, Youcef ne savait pas parler l’arabe. Il ne parlait qu’en langue berbère « le chaouie » . Lorsque le maître s’adresse à lui, l’enfant réplique par des insultes, les propos sont

sur un mode coprophilique. Il est distrait en classe, l’air ailleurs et pensif. Pas le moindre effet ou article scolaire, sinon un cartable déchirée et quasi-vide, malgré la mobilisation de tous à le pourvoir en cette matière et en matière vestimentaire. Il se présente en classe affamé, parfois l’œil boursouflé, d’autres fois avec une plaie saignante au front. Des balafres sillonnent la figure du petit.

Au vu de ce triste tableau le maître ne se montrait guère exigeant, clément il se faisait plutôt compatissant devant les seuls gribouillis que son élève avait à produire sans la moindre évolution. Sinon, il prononçait toujours le mot « lozegh » dans l’expression chaouie qui signifie « j’ai faim ». Le maître donnait à l’élève des pièces d’argent pour aller s’acheter de la nourriture, soit du pain, soit une pizza , il veillait à ce que ce ne soit pas des caprices.

« Au début il disait des choses infectes… , il ne s’absentait pas. Plus tard il commença à s’absenter…. .. ».

L’enseignant tentait de comprendre le chaos de la situation, cherchait toujours à attirer l’enfant vers lui. Il interroge le frère de Youcef de deux ans plus âgé que lui, scolarisé lui aussi à la même école sur les conditions d’existence de leur famille: « Est- ce que vous avez la Télévision chez vous, et la regardez-vous ?…. Que mangez-vous à la maison ?.. ».

Il apprit que la petite famille, la mère et ses enfants occupent le Rez-de-chaussée d’une grande maison, une Villa de trois étages. La grande-mère habite les étages supérieurs. Les enfants, quand ils montent pour voir la télévision, ils retrouvent leur grand-mère entrain de compter des liasses de billets d’argent, mécontente de la déranger, elle se fait menaçante et les chasse en leur balançant une chaussure ou tout ce qui peut lui tomber sous la main.

Au matin, la grand-mère sort avec les enfants, elle barricade la maison. Fermant tout à clé, portes et barreaux, laissant à l’intérieur la mère. Elle partait en voyage, et assez loin tels dans les secteurs éloignés d’ARRIS, d’ICHMOUL, ou de LEMDINA pour toute la journée, pour ne revenir que tard vers la fin de l’après-midi. Les enfants à leur sortie de l’école le matin, comme l’après-midi restent dehors affamés, le ventre creux et sans rien pour manger, la mère enfermée à l’intérieur ne peut pas leur ouvrir.

Les enseignants font un tas de suppositions sur cette famille, en avançant que la mère soit bien saine d’esprit, pour se laisser traiter de la sorte. De toute façon, ils savent que c’est une

orpheline qui n’a personne sinon elle ne resterait pas dans ces conditions pour se laisser exploiter par sa belle-mère. Un autre détail, intéressant à noter à propos de la grand-mère, ils ont apprit par les enfants, et même par ailleurs, où elle s’est fait d’ailleurs remarquer, qu’elle exerçait le métier de mendiante. Et qu’à son tour, elle exige de sa belle fille qu’elle vienne mendier avec elle, mais la bru s’y refuse.

L’Enseignant à ce moment-là, s’interroge sur l’absence du père, un père absent et démissionnaire, et qui malgré son inexistence, la mère est là toujours à procréer. Car Youcef est bien le deuxième d’une fratrie de quatre enfants. Les deux enfants qui sont scolarisés présentent tous les deux les mêmes signes de brutalités de coups reçus. Une autre personne compose avec les membres de cette famille, et c’est l’auteur de toutes les violences subies à youcef et à son frère. Il s’agit d’un oncle paternel très brutal qui ne savait que cogner et qui projetait l’enfant de toutes ses forces contre les murs. Ni soins et ni traitement, c’est la nature qui s’occupe du reste : les blessures et les plaies se cicatrisent d’elles mêmes. Et parmi tout ce monde, il n’y a pas la moindre trace du père .

Il arrive qu’à présent, l’enseignant remarque du haut de sa classe Youcef qui passe dans la rue pour aller rejoindre les conducteurs de véhicules, …..et leur demander de l’aumône. Pareillement, et comme sa grand-mère qui exerce la mendicité. Voilà un trait familial auquel a été initié l’enfant.

Le phénomène de la clochardisation, comme celui de la mendicité sont des phénomènes sociaux fortement complexe, qu’il serait bienheureux de démêler pour en comprendre les mécanismes. Par ici on découvre que la maltraitance familiale tient un rapport avec la déperdition scolaire, et avec le phénomène de la clochardisation .

Ici nous présentons un Tableau qui va reprendre l’ensemble des cas du 1er sous-groupe, à partir de l’approche de sujets victimes de sévices par le biais de témoignages recueillis :

ATTEINTES SUJETS CAS D’INFANTICIDE MOTRICES PHYSIQUES Troubles Fonctionnels CHAHINEZ X HICHEM X NORA X HAMID X HABIB X BADIS X ZAHIA X SEDDIK X SAMIA X YOUCEF X TOTAL 03 01 03 03

TABLEAU RECAPITULATIF COMPORTA NT LES DIX CAS DU PREMIER S/GROUPE EN FONCTION DES CONSEQUENCES

ASMA : Date d’Examen 13 NOVEMBRE 2004.