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Notre démarche a jusqu‟ici consisté à schématiser le tourisme dans sa globalité. Il nous paraît nécessaire maintenant d‟exposer les enjeux culturels de nouveaux tourismes qui

fondamentalement du domaine de l‟inauthenticité. Ces traits sont : a) l‟approbation générale de l‟idée qu‟il n‟existe plus de vraie expérience authentique ; b) l‟esprit du jeu par rapport à l‟inauthenticité ; c) le manque d‟intérêt pour la distinction entre le réel et le fictif ; d) l‟attrait pour l‟expérience d‟hyper-réel ; e) l‟approbation des représentations et du simulacre (ibid.: 35). Or, soulignons ici que dans cette approche une seule des dimensions de l‟authenticité est retenue, celle de l‟authenticité objective. Si l‟on admet la thèse de Rojek (1993) selon laquelle le « post-touriste » se met dans une disposition particulière qui suppose l‟esprit du jeu face à l‟inauthenticité générée par la marchandisation de l‟expérience touristique, il n‟en est pas moins vrai que le jeu étant « une action ou une activité volontaire, accomplie dans certaines limites fixées de temps et de lieu, suivant une règle librement consentie, mais complètement imprécieuse, pourvue d‟une fin en soi, accompagnée d‟un sentiment de tension et de joie, et d‟une conscience d‟être

autrement que dans la vie courante » (Caillois, 1958: 57-8 dans Équipe MIT, 2002: 110-1; c‟est nous qui

soulignons) suppose un état existentiel potentiel de l‟Être ou ce que Brown (1996) appelle « authentically

good time ». La « conscience d‟être autrement que dans la vie courante » met en évidence l‟authenticité

se déploient dans les pays du Tiers Monde, y compris l‟Inde. Sous les vocables du tourisme durable, de l‟écotourisme, du tourisme solidaire, équitable ou responsable, du tourisme vert, du tourisme ethnique ou de l‟ethnotourisme, du tourisme de charité ou de bénévolat, du tourisme d‟aventure, du « long-term & long-haul independent travel », etc. ce nouveau phénomène touristique multiforme qui incite les Occidentaux à voyager de manière éthique/humanitaire/authentique, a déjà fait l‟objet de nombreuses analyses37.

Si l‟on considère les attributs majeurs liés à la forme (par « forme » entendons les modes d‟organisation du voyage, les caractéristiques du voyage, les équipements utilisés : la durée du voyage, la flexibilité de l‟itinéraire, les destinations visitées et les attraits, les modes de transport et d‟hébergement, le contact avec les communautés locales, etc. [Uriely et al., 2002: 524]) et au type (c‟est-à-dire les attitudes des touristes à l‟égard des valeurs fondamentales de leurs sociétés d‟origine, leurs motivations du voyage et le sens qu‟ils assignent aux expériences résultantes, etc. [ibid.]), il est aisé de constater que ces nouveaux tourismes supposent des ruptures significatives avec les pratiques hégémoniques du tourisme conventionnel de masse ou de ce que L. Turner et J. Ash (1975) appellent le « tourisme des hordes d‟or » ou de ce que E. Cohen (1972) désigne comme « tourisme institutionnalisé de masse »38.

Pour autant, considérer tous ces tourismes, comme d‟aucuns le font, sous le signifiant général de « tourisme alternatif » pose problème. Dans l‟analyse du champ sémantique du terme « tourisme alternatif », M.-F. Lanfant et N. H. H. Graburn montrent que

Alternative Tourism always has an antithesis : commercial, conventional, mass tourism. It arises as the contrary to whatever is seen as negative or bad about conventional tourism, so it is always a semantic inversion, found at all levels of discourse. For instance, some tourists are motivated to think that Alternative Tourism is individualized or selective, expressing their good taste, as opposed to mass tourism, which is seen as plebeian, organized, gregarious, and allowing little individual choice (1994: 92).

37 Nous en tenant aux considérations susceptibles d‟éclairer notre propos, nous ne présenterons pas ici un

exposé exhaustif sur ces tourismes. Pour la même raison, nous n‟intégrerons pas tous les types et formes de nouveaux tourismes à notre analyse. Voir Mowforth et Munt (1998: 100) pour une liste exhaustive du corpus de nouveaux tourismes.

38 Il convient de préciser que ce qui nous préoccupe ici c‟est l‟appréhension de ces tourismes en termes de

Cependant, malgré leur rejet commun du tourisme dit « de masse », tous ces tourismes ne se caractérisent ni par les mêmes motifs, ni par le même engagement, ni même par la même idéologie39 que peut connoter le terme « alternatif ». D‟ailleurs, le rejet du tourisme de masse n‟est pas tout à fait nouveau, comme R. Butler l‟indique : « Thomas

Cook‟s tourists aroused great opposition from the elite individual tourists they encountered on their travels in the nineteenth century » (1994: 32).

En outre, si le tourisme de masse est accusé en raison de son caractère volumineux et/ou organisé, les tourismes dits « alternatifs », rappelle Michel, « ne sont-ils pas – ou plutôt ne deviennent-ils pas – également de nouvelles formes de „tourismes massifs‟»40? (Michel, 2004: 38). Si ce n‟est pas encore le cas pour tous ces tourismes, ils assurent du moins la fonction pionnière de la promotion et de la production des lieux périphériques hors des sentiers battus en ce sens qu‟ils sont « un terrain d‟essai pour de nouvelles destinations qu‟un jour des tours-opérateurs d‟aventure ou culturels vendront dans leurs catalogues (Williams, 1998: 122) » (Michel, 2004: 279-280). On est donc tenté de dire que ces « tourismes alternatifs de peu d‟envergure » (« alternative small scale tourism » selon Butler [1994:46]) constituent le secteur « recherche et développement » des nouveaux créneaux d'activités rentables de l‟industrie touristique.

Enfin, malgré leur argumentaire en faveur d‟un tourisme solidaire, les nouveaux tourismes échappent mal à la relation inégale du pouvoir entre les pays de l‟Occident et du Tiers-Monde, comme le constatent M. Mowforth et I. Munt :

39 Lanfant et Graburn font remarquer que « [t]he emergence of the word „alternative‟ allied with tourism

throws light on its ideological nature. The Ecumenical Coalition on Third World tourism (ECTWT) claims paternity. Since its establishment in Bangkok (1981), it has aimed “to explore possible models of alternative tourism in the Third World”. In 1980, a precursor group of militant Christians gathered just before the World Tourism Organization Conference on Tourism in Manila to denounce economic imperialism, domination by transnational corporations, political exploitation, organized prostitution of women and children, the degradation of traditional cultures, and other ills » (ibid.: 89-90; souligné dans

l‟original).

40 L‟essor des guides associés au « tourisme alternatif » comme le Lonely Planet ou le Guide du Routard

n‟est qu‟un exemple de cette institutionnalisation. Comme le constate C. M. Hall, «[a]rguably, the most

influential travel guides are the Lonely Planet guides which by the end of 2003 were selling approximately 5 millions books a year with 650 different titles […] . According to Tony Wheeler, founder of Lonely Planet ,“These days … in some countries, it seems like everyone is travelling. You‟re almost expected to do it. …it‟s not uncommon to start at 18” (quoted in Lansky 2003, p. 32). In terms of cross- cultural exchange and the economic benefits of tourism, Tony believes the books have had a positive effect on the whole. The most noticeable one, according to Tony, is that “they‟ve made exotic places more accessible” (Lansky 2003, p. 33) » (2005: 36; souligné dans l‟original). Dans un autre esprit, certains

auteurs, tel T. V. Singh, avancent l‟hypothèse que : « old tourism, largely based on “sea, sun and sand”

Forms of tourisms with prefixes such as „alternative‟, „appropriate‟, ‟responsible‟, „acceptable‟ and […] „sustainable‟ attempt to challenge the notion that all forms of tourism necessarily draw the Third World into a highly unequal relationship with the First World…[however the] new forms of tourism can actually maintain unequal power relationships, albeit in less obvious ways (1998: 83).

3. 1. Toile de fond

Tributaires des changements substantiels et considérables qui se sont opérés, à partir de la deuxième moitié du XXe siècle, dans la nature de l‟économie et des sociétés occidentales, ces tourismes « alternatifs » se caractérisent par la diversité, la segmentation et le choix.

Plus clairement, la diversification du tourisme ou l‟émergence des « tourismes à la carte » (c‟est-à-dire l‟adéquation de l‟offre des créneaux aux demandes plus individualisées, plus spécialisées et plus flexibles par rapport au tourisme dit « de masse ») correspond à la dynamique de la mutation économique des sociétés occidentales. S. Williams a remarqué, à notre avis très justement, que la transition économique de l‟industriel au post-industriel a redéfini plusieurs paramètres-clés qui agissent sur le tourisme :

In particular, the shifts from Fordist conditions of mass and standardised patterns of production and consumption to what Harvey (1989) describes as „flexible accumulation‟, has encouraged the progressive development of a tourism industry that has less emphasis upon the packaged and the standardised, and much greater segmentation, flexibility and emphasis upon the customised […]. This is a pattern of tourism that both encourages and facilitates the exercise of choice – and choice invites the emergence of new directions and alternative forms of tourism (2004: 14-5).

Or, cette nouvelle donne post-fordiste s‟accompagne de l‟émergence et de l‟accroissement rapide (surtout en Occident) de nouvelles classes moyennes qui sont en effet des agents actifs des changements dans la sphère de la consommation culturelle sur laquelle les nouvelles formes de l‟organisation économique ont bien des incidences. En un mot, il s‟agit de « nouveaux intermédiaires culturels » pour reprendre l‟expression de P. Bourdieu (1979).

Their ranks have been swollen dramatically with the growth of the media (advertising, lifestyle research, and so on), caring personal services (from physiotherapy to reflexology) and the emergence of service sector-oriented economics more generally. They are, therefore, key social groups in initiating, transmitting and translating these new cultural processes and consumption patterns, of which holidaying is demonstrably a significant part. […] these social classes are not only important consumers of Third World holidays but are also key groups in promoting and implementing notions of [alternative tourisms]. This is

not to claim that all Third World tourism is the product of cultural consumption preferences and political leanings of members of the new middle classes […]. Rather, it is to suggest that they are major initiators and consumers of new tourism in Third World destinations (Mowforth et Munt, 1998: 33-4).

Ainsi pour discerner la portée des nouveaux tourismes derrière la réaction culturelle et sociale de nouvelles classes moyennes à ce que Barrett (1989) désigne comme « the

naffness of package holidays », il faut d‟abord prendre en considération le nœud formé

des nouvelles formes de l‟organisation économique et d‟un nouveau type de consommateurs.

À cela, on pourrait aussi ajouter l‟émergence d‟une « nouvelle politique » pour reprendre l‟expression de J. Habermas (1981), politique qui s‟affiche et s‟affirme dans les nouveaux mouvements socio-environnementaux relevant des domaines de l‟anti- nucléaire, de la paix, des droits des femmes, de l‟environnement, des libérations des minorités, des styles de vie religieux et alternatifs, etc. À ce titre, Mowforth et Munt font remarquer que

The new middle classes are not only significant as cultural intermediaries, but are also heavily represented in the new political alignments (or new socio-environmental organisations) that have emerged focused on issues such as the environment, and that are concerned primarily with sustainability and sustainable lifestyles (ibid.: 34).

Dans le contexte qui nous concerne, le tourisme et le mouvement en faveur des causes humanitaires ont, largement, partie liée. La remarque générale de R. Knafou relève cette articulation : « [l]‟intérêt croissant à l‟égard des causes humanitaires, au sein des populations des pays nantis, a été l‟un des caractères de la fin du XXe siècle. La montée en puissance des ONG dans les domaines de la santé, du secours d‟urgence, de l‟aide au développement, etc., en atteste, au point que, désormais, ce secteur alimente lui-même un nouveau type d‟économie » (2003: 247).

Faut-il aussi parler ici du symptôme autocritique du « sanglot de l‟homme blanc » (pour reprendre l‟expression de P. Bruckner, 1983), c‟est-à-dire la culpabilité émanant de la prise de conscience du sous-développement et de la responsabilité des pays riches à l‟endroit des pays démunis du Tiers-Monde, attitude qui contribue à l‟essor du tourisme solidaire. « Cette réflexion, nous rappelle Knafou, alimentée par le mouvement tiers- mondiste, s‟atténua durant les années 1980, avant de resurgir, dans les années 1990, à la

faveur de la sensibilisation des opinions publiques occidentales par les ONG aux drames de la misère » (ibid.: 251).

Autrement dit, le tourisme à l‟étude apparaît comme une déclinaison du mouvement en faveur des causes humanitaires qui « est à la fois l‟une des formes et l‟une des réactions au processus de mondialisation, omniprésent dans les références économiques et politiques » (Knafou, 2003: 247).

3. 2. Diverses aspirations voyagistes

Mowforth et Munt notent finement l‟articulation des horizons d‟attente et des terrains d‟expérience émanant de certains d‟entre ces tourismes :«[i]n recent years the image of

the Third World in western minds has emerged from that of cataclysmic crisis – of famine and starvation, deprivation and war – to represent the opportunity for an exciting […]“off-the-beaten-track” holidays » (1998:1). Or, ces tourismes ne se

résument pas à l‟aspect voyeur, reposant souvent sur un souci développementaliste – comme R. Knafou le note :

Depuis une dizaine d‟années émergent de nouveaux acteurs et de nouvelles formes de tourisme. Les nouveaux acteurs sont des associations et des réseaux associatifs, généralement en relation avec des ONG, quand ce ne sont pas ces dernières qui montent directement des projets touristiques au service du développement. Les acteurs en sont aussi des citoyens des pays riches, qui envisagent de consacrer leur temps de vacances à « voyager autrement », voire travailler au service de projets de développement (à ce point, il ne s‟agit plus de tourisme, mais d‟un travail, d‟un engagement, durant un temps de vacances ou de disponibilité) (2003: 247).

Enfin ils reposent aussi sur une idéologie humanitaire: « [s]temming out of eco-vision

have emerged more sustainable tourism practices in the name of “volunteerism” which embody in them the true spirit of travel – a kind of journey in personal discovery and caring for humanity » (Singh, 2004: 8)41.

41 Comme le constate C. C. O‟Reilly:« Eco-tourism, supposedly culturally sensitive travel, charity

tourism, and so on, have moved the emphasis away from travel purely for selfish reasons, attempting to imbue an aura of social responsibility to the activity » (2005:156).

À cet égard, il serait intéressant de citer ici le message para-textuel d‟un Guide du Routard (2002) entièrement consacré à l‟action humanitaire : « Soigner ou enseigner, nourrir ou reconstruire, affronter l'urgence ou aider au développement. En un mot, vous souhaitez souscrire à une cause. Le Routard Humanitaire est pour vous. Quelle formation choisir ? À quel organisme s'adresser ? Comment se réinsérer après une mission ? Entre les problèmes administratifs et pratiques, le Guide du routard vous conduit dans un milieu où on ne s'improvise pas «French doctors», mais où les rejoindre peut devenir passionnant » (quatrième de couverture).

Ces diverses aspirations voyagistes (utopique, éthique, humanitaire et sociale) de nouveaux tourismes constitutives des visions occidentales du Tiers Monde agissant en tant qu‟éléments actifs de la resémantisation et de l‟organisation fonctionnelle du tourisme se saisissent mieux dans la remarque suivante de T. V. Singh :

For that fascination with the macabre, they trip out on death ; visit war-zones for first-hand experience in destruction ; indulge in altruistic pursuits to redress ailing humanity ; and epouse the cause of deep ecotourism for greening the industry. The list of strange experiences and stranger practices is endless. This brave new world has so much to offer (2004: 5).

Si l‟on prend la mesure du caractère spécifique de ces tourismes, il semble que ces tourismes se distinguent prioritairement par les aspects suivants :

a) voyager autrement à l‟écart des pistes toutes tracées (majoritairement des voyages à longue distance et à long terme) ;

b) vivre et/ou construire (souvent par le truchement d‟activités de genre éthique, humanitaire et social) les expériences hors des sentiers battus (l‟expression « hors des sentiers battus » s‟entend ici dans sa dimension la plus mythique) ; c) découvrir les conditions et les modes de vie des communautés locales42.

Si, plus généralement, ce sont les principales valeurs caractéristiques de l‟épanouissement de ces nouveaux tourismes, il convient d‟ajouter que ces tourismes

d‟épreuves se distinguent de ceux de vacances, pour reprendre l‟expression de Graburn

(1976), par le fait qu‟ils se manifestent souvent sous le signe de ce que certains désignent comme « dé-différentiation ». À ce titre, Munt souligne

The emergence of new […] tourism practices that may no longer be about tourism per se, but embody other activities. An A to Z of tourisms has therefore evolved. On the one hand this means combining a variety of „activities‟ such as adventure, trekking, climbing, sketching and mountain-biking. On the other more significant hand, it means the marriage of different, often intellectual, spheres of activity with tourism, of which academic, anthropological, archaeological, ecological and scientific tourisms are indicative. In a sense, tourism is everything and everything is tourism (1994: 104; souligné dans l‟original).

42 Il est possible de rappeler ici que l‟essor de nouveaux tourismes doit beaucoup au processus de la

mondialisation qui a rendu la poursuite touristique de l‟aventure, de l‟expérience et de l‟authenticité plus accessible et par conséquent plus désirable. Comme le note C. C. O‟Reilly, « The exotic „Other‟ is more

accessible and seemingly more knowable than ever before. As the pursuit of the authentic in the Other has characterised Western attitudes to travel, it was almost inevitable that the increasing ease of travel and the relative nearness of a myriad of exotic Others would engender something like long-term independent travel » (2005: 152).

Par ailleurs, les opérateurs du tourisme et les nouveaux touristes (qui se croient relativement autonomes et indépendants des modes conventionnels institutionnalisés) cherchent à maximaliser la dissociation et la distinction par rapport au tourisme de masse par la mise de l‟avant d‟un « culte d‟individualisme » dans lequel voyager

autrement puise sa dimension mythique.

En effet, il s‟agit là d‟une construction discursive d‟une opposition binaire entre la figure du voyageur (projeté comme autonome, supérieur et authentique) et celle du touriste (considéré comme fléché/guidé, médiocre et inauthentique). Selon Munt,

A simple listing of adjectives applied to travellers in travel brochures begins to map the key co-ordinates: adventurous, broad-minded, discerning, energetic, experienced, keen, imaginative, independent, intrepid, „modern‟, real and true. By implication, if not explicitly as noted above, the counter-distinctions constitute tourists (1994: 116).

C‟est ce qu‟exprime aussi F. Michel en disant que « [cette] opposition classique, toujours d‟actualité parmi les nomades du loisir et notamment les “néo-aventuriers”, [fait] du voyageur un explorateur en puissance non dénué d‟intelligence et du touriste un simple badaud miné par une médiocrité rampante » (2004: 65)43. Or, cette représentation idéelle et « idéale » du voyageur de laquelle ces nouveaux tourismes tirent leur vigueur préfigure un romantisme qui n‟est pas, parfois, sans rapport avec la nostalgie coloniale, comme le note B. A. Simmons :

[T]his discourse emulates the travel practices of the past: that a traveller is an explorer, and in doing so, adopts the narrative of the male privilege of colonial travel. This traveller is presumed to be free, autonomous and able to colonise place in a way that modernity precludes. Yet, this version of freedom and escapism itself may have been a fantasy, even in colonial times (2004:51; souligné dans l‟original).

This is what Bauman terms « left over fantasies » that become integral to an assembly of travel illusions where he says « the “real reality” has been already squeezed out … so that there inside, all is clear for the play called life : for life as play » (1994:150). However, it is one version of colonialism that is used to accentuate the position of the dominant and ruling-class male coloniser and explorer. As Mills (1991) points out, this version romanticises selective colonial relationships as they might have been for some, though certainly not all, who lived under colonial rule. Colonial elitism further enhances the element of western elite class privilege already bestowed on international tourists (ibid.: 48-

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