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2.1 Le site d’étude : Benfica, un exemple type de localité des fronts pionniers localité des fronts pionniers

3.1.4 Vitesse de déforestation

En moyenne 41 hectares de forêt ont été coupés annuellement soit 8 % du paysage initial, ou 18 % de la forêt initiale (Tableau 4). Si la vitesse de déforestation reste constante (42 ha/an sur ~11km2), la forêt aura complètement disparue d'ici 15 ans.

Tableau 4: Vitesse de déforestation

2002-2003 2003-2004 % paysage deforesté 2 6 % foret coupée 5 14 2002-2003 2003-2004 surface déforestée 22 61 41 variation 2002 - 2004 moyenne 2002 - 2004 8 18 variation occupation du sol 2002 2003 2004 forêt 462 440 379 - 83

bas fond en forêt 36 36 36 0

bas fond en pâturage 51 51 51 0

jachère 119 132 141 + 21 culture fruitière 4 4 4 0 abbatis 9 0 0 - 9 Haricot (Feijao) 2 1 1 - 1 pâturage 376 404 415 + 39 culture annuelle 26 18 60 + 33 habitation 2 2 2 0 eau <0 <0 <0 0 % du paysage en forêt 42,4 40,4 34,8 % du paysage en pâturage 34,6 37,1 38,1 % du paysage en jachère 11,0 12,1 12,9 2002 - 2004

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milieuanthropisé forêtprimaire

3.1.5 Anthropisation du milieu

2002 2003 2004

Figure 14: Evolution de l'anthropisation du paysage

En 2002, 54 % du paysage était anthropisé (591 ha, Figure 14). En 2003 la proportion passe à 56 % (613 ha), et en 2004 à 62 % du paysage (674 ha). En trois ans la proportion de paysage anthropisé a donc augmenté de 14 %.

3.1.6 Discussion

La vitesse de déforestation est très élevée à Benfica. Elle se fait quasiment exclusivement dans l'optique d'implantation de pâturages. Contrairement à d'autres régions d'Amazonie, aucune culture pérenne, ou système agroforestier ne se développe réellement. La relative petite taille des parcelles (6,7 ha en moyenne) est typique des zones d'installation d'agriculture familiale, ce qui explique la très forte fragmentation du paysage. Il est néanmoins difficile de comparer les chiffres obtenus avec ceux de la littérature, étant donné que les chiffres sont très dépendants de l'échelle d'observation, et que ces données ne sont jamais présentées à une échelle aussi restreinte, avec une résolution aussi élevée. Cependant cette tendance à la fragmentation n'est véritable que dans la partie récente de Benfica, où est située la fenêtre de paysage étudiée ici, qui est dominée par des petites exploitations. Dans la plus ancienne partie de Benfica, correspondant anciennement à une fazenda (grande exploitation) rachetée en partie en

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1990 et en 1992 par deux éleveurs originaires du Tocantins, qui ont aujourd’hui intégré l’assentamento pour bénéficier des aides publiques, la taille des lots est en moyenne de 150 ha.

Les indices de fragmentation n'ont pas été calculés dans cette zone, mais d'après les images satellites et des études socio – économiques (Bentes, 2003, Biri Kassoum & Maître d’Hotel, 2002), il est évident qu'il y a moins de forêt résiduelle, qu'elle y est moins fragmentée et que la taille des parcelles pâturages est plus élevée (d’une vingtaine d’ha en moyenne). Les 34 lots de plus de 150 ha de l’aire des « petits fazendeiros » avaient en 2002 en moyenne 27% de forêt, 8% de forêt secondaires, 5% de cultures vivrières et 60% de pâturages ; dans l’aire des colons de Benfica, les lots de 50 ha étaient en moyenne composés de 37 % de forêt, 15 % de jachère, 7 % de cultures vivrières et 41% de pâturages.

Du point de vue de la biologie de la conservation, le développement type "grande exploitation" est probablement préférable pour les espèces forestières. En effet, la fragmentation entraîne la diminution de la surface des parcelles de forêt, ainsi que l'augmentation des distances inter parcelle de forêt. La diminution en surface des parcelles de forêt diminue la surface continue de forêt disponible, qui est nécessaire pour certaines espèces. Elle diminue également le nombre d'habitats disponibles au sein des fragments. En définitive, il est souvent dit que cette perte en disponibilité d'habitat diminue la diversité dans les petits fragments (Carvalho & Vasconcelos 1999). Un fragment forestier est généralement considéré comme petit en dessous de 100 ha, soit 1km2 (Turner & Cortlett 1996). Cependant, il est difficile d'isoler l'effet "réduction de la surface" de celui de la" proximité avec la lisière". Or l'influence des lisières, ou bordures, est considéré par certains auteurs comme étant prépondérant vis à vis de la distribution des espèces. La quantité de lisières augmente avec la fragmentation. Les études montrent que l'intérieur des forêts est modifié jusqu'à 200 mètres depuis leur bordure, en particulier par des processus "d'érosion" des lisières ("edge effects") (Gascon et al. 2000 ; Laurance et al. 2001). Ainsi l'humidité, le vent, la lumière, peuvent pénétrer profondément en forêt. Les organismes, animaux ou végétaux (Didham 2001 ; Laurance et al. 1998 ; Sizer & Tanner 1999; Sizer et al. 2000; Carvalho & Vasconcelos 1999), sont sensibles à ces modifications, et peuvent être classés en conséquences en fonction de leur affinité pour les lisières (Didham et al. 1998). Une augmentation de la

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diversité ou de la densité des invertébrés est souvent observée à proximité des lisières (Andresen 2003 ; Didham 2001 ; Jokimakï et al. 1998).

D'autre part l'isolement des parcelles de forêts, diminue l'interaction entre individus d'une même espèce, ce qui à terme crée des sous populations. Cela amoindri le brassage génétique et les chances de reproduction des individus (Dias 1996). A long terme cela peut entraîner une baisse en densité des espèces ainsi qu'une dérive génétique, ce qui fragilise les populations et augmente le risque d'extinction face aux perturbations ou aux variations stochastiques des densités. En milieux tropicaux, ces scénarios "densité dépendants" sont tout à fait vraisemblables du fait que la plupart des espèces semblent présentes en très faible densité (Novotny & Basset 2000 et cf. chapitre 3.3). La réalité de ces flux d'individus entre sous-populations a été récemment testée lors d'une synthèse bibliographique, et il apparaît qu'ils n'ont finallement pas été démontrés de façon convaincante pour la plupart des organimes, à l'exception des invertébrés (Bowne & Bowers 2004).

3.1.7 Conclusion

L'évolution du paysage est très rapide à Benfica. Dans la zone étudiée, dominée par de petites exploitations d'agriculture familiale, le paysage est très fragmenté, avec des parcelles de 7,6 hectares en moyenne. Cependant la zone de Benfica non étudiée dans ce travail, dominée par des exploitaitons de taille moyenne, semble présenter un facies un peu différent. D'après les théories de la biologie de la conservation, l'évolution du paysage au sein de notre fenêtre d'étude semble particulièrement défavorable au maintien de la biodiversité.

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