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Analyse des données

7. ANALYSE DES DONNEES

7.2 F AÇON DE COMPRENDRE LA PROBLÉMATIQUE

7.2.1 La violence en général

Les différentes formes

Lorsque nous avons demandé aux professionnels de nous donner leur définition de la violence, plusieurs éléments sont ressortis. Sur quinze personnes interviewées, dix nous ont directement parlé des formes de violence qu’elles connaissent.

Voici les formes de violences qui sont ressorties avec des exemples pour chacune, issus de différents entretiens :

les violences psychologiques : jalousie, chantage, manipulation

les violences physiques : coups, donner une gifle, taper avec un sac à main, attraper par le bras

112 En effet, lors d’un entretien, deux personnes ont participé et ont répondu simultanément à nos questions. La raison est qu’elles travaillaient dans la même institution et hors canton. Cela nous a donc permis de ne pas nous déplacer deux fois au même endroit.

113 Voir annexe F : Fiche d’identité des professionnels l’échantillon

les violences sexuelles : relations sexuelles dans des lieux insalubres, contrainte à des relations sexuelles sans tenir compte des envies de la partenaire

les violences verbales : menaces, insultes

Pour Astrid114, la violence physique est également présente dans les relations amoureuses chez les adolescents. Elle précise même que cette forme de violence peut aller très loin, malgré le fait que la relation ne comporte pas d’enjeux importants, c’est-à-dire, par exemple, que souvent les couples de jeunes ne dépendent pas économiquement l’un de l’autre. Elle nous dit également que, pour elle, la jalousie peut parfois être considérée comme une forme de violence.

En ce qui concerne les violences sexuelles, Myriam constate qu’elles sont passablement présentes dans la population adolescente.

Ismaël parle de la violence sexuelle comme étant une catégorie à part : « C’est une forme particulière de violence qui contient les trois autres (physique, verbale, psychologique). Dans une agression sexuelle, vous avez automatiquement de la violence psychique, physique et pas toujours verbale, cela peut aussi se passer sans parole. »

En lien avec un exemple de situation qui s’est passé dans l’institution dans laquelle il travaille, François nous précise que pour lui le fait qu’un homme ait des relations intimes avec sa compagne dans un endroit insalubre comme par exemple un lieu public, relève déjà de la violence sexuelle.

Dans leur définition de la violence, trois professionnels ont abordé la notion d’agressivité.

L’un d’entre eux a fait une distinction entre la violence et l’agressivité. Voici comment il nous a présenté la différence entre ces deux termes : « Un spécialiste nous avait dit : « Chez l’être humain, il faut distinguer, il y a l’agressivité et la violence, ce n’est pas tout à fait la même chose. L’agressivité c’est ce qui nous permet de réagir quand notre intégrité est menacée.

Tandis que pour lui, la violence c’est quelque chose de construit. L’agressivité c’est si deux jeunes s’embrouillent à l’école, dans la cour de récréation : « Je vais te péter les dents, tu vas voir ta gueule à la récré… ». Tandis que la violence pour lui dans les relations c’était quand il y en a deux ou trois qui se disent : « Celui-là, on ne l’aime pas, donc, ce soir, on l’attend au coin de la rue et on lui pète la gueule ». Voilà la différence entre agressivité et violence ».

Les deux autres considèrent que l’agressivité est synonyme de violence autant au plan physique que verbal. L’un d’entre eux apporte une distinction encore plus précise entre l’agressivité chez les jeunes hommes, qui serait essentiellement de type verbal, et l’agressivité chez les filles qui correspondrait plus à de l’hystérie.

114 Toutes les citations utilisées dans ce travail de recherche sont tirées du discours des personnes interrogées. Afin de préserver leur anonymat, nous avons choisi des prénoms d’emprunt.

La violence en tant qu’acte et ses conséquences

Lors de certaines interviews, les professionnels ont abordé les conséquences que peuvent engendrer la violence sur les personnes. Ismaël nous a parlé de la violence comme ayant un impact négatif sur l’estime de soi et sur la dignité de l’être humain.

Maria nous définit l’acte de violence comme tel : « C’est quelque chose qui est intentionnel, ça ne peut pas être un accident, et c’est un acte ou une absence d’acte qui va avoir des conséquences importantes sur la santé et le développement, donc la santé, au sens de l’OMS, mentale, physique et sociale de la victime ou sur son développement. »

Les facteurs de risque

Dans cinq interviews, nous avons constaté que les professionnels relevaient certains facteurs de risques en rapport avec la violence. Les facteurs de risques correspondent à des éléments augmentant la probabilité pour tout un chacun d’adopter des comportements violents. Voici ceux qui ont été mis en évidence par les professionnels interrogés :

L’influence de l’histoire de vie

Trois personnes ont relevé l’impact que peut avoir l’histoire de vie des adolescents dans leurs relations amoureuses. Certains professionnels nous ont parlé des répercussions de l’histoire de vie en tant que victimes de violences, tandis qu’une personne a plutôt abordé l’influence que ce facteur de risque peut avoir sur l’auteur.

D’après Bastien, le fait de se retrouver dans une relation amoureuse violente peut avoir un lien avec l’histoire de vie. Il pense que les personnes ayant par exemple subi de la violence physique dans leur enfance ont une définition confuse entre l’amour et la violence. Il souligne en outre que lorsque des adolescentes ont été victimes de violence sexuelle, cette dernière se répète par la suite dans leurs relations futures.

Quant à Nina, elle aborde la notion de répétition du point de vue de l’auteur de violence. Elle nous fait part que : « Si le jeune a vécu de la violence auprès de sa famille ou qu’il a vu ses parents communiquer avec beaucoup de violence, c’est ce modèle qu’il répétera. Et après il peut y réfléchir et changer mais pas de manière abrupte comme ça. »

L’insécurité personnelle

Amélie a introduit un nouvel élément qui est l’insécurité personnelle. Elle nous explique que selon elle, une personne peut avoir un comportement violent lié à son insécurité personnelle.

Cette dernière veut dire, selon Amélie, que la violence peut être une émotion mal gérée dans le sens où certaines personnes sont sensibles à ce qu’on leur dit. De ce fait, des phrases du type : « Tu es nulle. » ou « Tu ne vaux rien. » peuvent les toucher profondément dans leur personne. Cela a pour effet de générer trop d’émotion et d’entraîner de la violence de leur part envers celui qui les a blessées verbalement.

L’influence des groupes de pairs

Un professionnel a relevé que de ne pas assumer ses actes et ses paroles devant sa partenaire représente déjà pour lui de la violence : « Pour moi la violence commence... c’est un peu compliqué parce qu’on peut tout à fait imaginer qu’une attitude, par exemple un partenaire qui dit quelque chose à sa compagne, à son amoureuse ou amoureux et que face aux autres il désavoue cela. Pour moi, c’est déjà un acte violent de ne pas assumer un certain nombre de choses devant les autres. »