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Le festival de construction organisé par l’association Bellastock est une autre expérience de chantier étudiant annuelle, avec néanmoins une approche différente que celle de Korat. Il s’avère intéressant de le décrire avant de mettre en perspective la construction telle qu’elle est donnée à vivre par et pour des étudiants.

Il s’agit d’une occasion donnée à tous de pouvoir se confronter aux problématiques de la fabrication de la ville par l’auto-construction d’une ville éphémère. Tous les ans et ce depuis 2006, la thématique est différente et spécifique au lieu sélectionné pour accueillir le festival dans la région parisienne. Ainsi ont vu le jour : The

Sandy Shop, une ville en sacs de sable extraits du site, La ville en un souffle, faite

de structures gonflables, Waterworld, et ses installations flottantes, La ville des

terres, construite d’une multitude de procédés de mise en œuvre de la terre, Cime City, suspendue entre les arbres de la forêt, et d’autres encore. Toujours pendant

l’été, c’est une expérience qui dure 4 jours pour les participants dont l’objectif est de construire des structures éphémères et de les habiter.

J’ai participé au festival en 2016 pour la première fois ainsi qu’une seconde fois en 2018, l’année 2017 correspondant à l’année d’échange international en Thaïlande. J’ai ainsi pu découvrir deux contextes différents. La majeure partie des éditions consistent à habiter les structures, autrement dit à se fabriquer son propre abri, par groupe, et à l’investir comme « chez soi » pour la durée du festival. C’était le cas lors de Cime City (2018). L’édition 2016, Superstock correspondait aux 10 ans de l’association. À cette occasion, le format a été en partie modifié et l’objectif était de construire des installations pour le parc de la bergère à Bobigny, majoritairement du mobilier pour la durée de l’été. Bien que l’un soit une ville éphémère suspendue et l’autre des aménagements d’espace public à vocation plus pérenne, le fonctionnement est globalement le même.

Les participants sont en grande majorité des étudiants en architecture. Bien que le festival soit ouvert à tous, il est surtout communiqué dans les écoles

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d’architecture car l’association Bellastock elle-même prend ses racines dans une école d’architecture parisienne. D’autre part, les partenariats qui sont développés avec les écoles en France permettent de s’inscrire à moindre coût que pour les gens « extérieurs ». Il rassemble également des étudiants d’écoles de design, d’art, de paysagisme, d’urbanisme, et d’étudiants étrangers. À ses débuts, le festival ne comptait qu’une centaine de participants. Aujourd’hui le nombre de participants est adapté en fonction des sites, mais il a déjà pu accueillir 1000 participants sur une seule édition. Cime City comptait 500 participants contre 250 pour Superstock, nombre limité car le chantier d’aménagements pour le parc se trouvait en milieu habité avec un espace de vie plus contraint. Pour pouvoir s’inscrire, il faut constituer un groupe – avec des amis motivés – et envoyer un dossier contenant une brève idée de projet en relation avec le thème au travers de quelques dessins et collages. S’ajoute à cela une participation financière qui comprend tous les repas et boissons, matin midi et soir, l’accès aux outils, etc. Lorsque les participants arrivent, le cadre est déjà posé. Le festival nécessite une grosse préparation en amont. Tous les matériaux qui sont mis à disposition des participants pour édifier les structures ont été rassemblés à l’avance. Ils sont en grande partie issus du réemploi et quelques fois prêtés par des entreprises ou des associations qui le récupèreront après comme c’est le cas pour les filets et les

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sangles de camion, matériaux principaux de la ville suspendue. Les infrastructures pour la vie collective tels que les douches, la cuisine, les lieux de représentation, sont, avec les réseaux techniques, installés avant le début du festival par les membres de Bellastock et une équipe de bénévoles.

À la borne d’accueil, comme dans tout festival, on récupère un bracelet, un gobelet en plastique (unique verre qui sert aussi d’assiette, à ne pas perdre) et un tee-shirt. C’est aussi le moment de signer une décharge de responsabilité quant aux risques potentiels des activités de construction, de l’utilisation d’outils et le moyen d’exposer les règles de sécurité à respecter. Elles seront répétées quelques minutes plus tard lors du discours d’accueil et d’introduction au festival. Une fois tous arrivés et rassemblés, ce discours a vocation à présenter les acteurs du projet, l’association et la municipalité. La thématique est explicitée avec une description des recherches en cours et des actions préalables. Ces travaux sont l’essence même du travail de Bellastock, le festival n’est qu’un temps d’expérimentation collective pour tester des scénarios, trouver et tester des idées nouvelles et enrichir la prospective sur l’avenir possible du territoire. C’est donc un moment à la pédagogie libre, libre à l’expression et à la créativité de chacun. Toutefois, l’expérimentation a des contraintes et c’est aussi le moment de poser le cadre, sur le fonctionnement du festival, les règles du vivre ensemble et les règles de sécurité à respecter pour ne pas nuire à son intégrité physique comme à celle des autres. C’est aussi l’occasion de remercier une première fois tous les partenaires, ainsi que toutes les personnes volontaires qui œuvrent à la préparation depuis déjà un certain temps.