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La grande halle de Colombelles

Le projet de la grande halle de Colombelles né de la volonté de transformer les derniers vestiges restants de la Société Métallurgique de Normandie (SMN). C’est le déclin des activités métallurgiques dans toute l’Europe à partir des années 1970, associé à la compétitivité chinoise qui entraine sa fermeture brutale en 1994, après une dernière grande coulée en novembre 1993. Il ne reste aujourd’hui qu’une immense tour réfrigérante ainsi que l’ancien atelier électrique. Le plateau de Colombelles, de 160 hectares de friche, est alors récemment confié à Normandie Aménagement en 2013 dans le but d’être repensé. Dans un premier temps, des projets ciblant l’entreprenariat, l’agroalimentaire et du logement s’installent. Puis la question se pose de l’avenir des deux dernières traces de la SMN en désuétude. Elles ont une grande valeur patrimoniale, politique et restent un lieu emblématique pour les anciens travailleurs.

En 2013, une équipe se monte au sein de Normandie Aménagement. Pauline Cescau et Ophélie Deyrolle commencent alors à penser au projet. En 2015, l’agence Construire est sélectionnée pour penser le programme du projet, via des concertations et des rencontres avec toutes personnes susceptibles d’avoir des idées et des envies pour le lieu. Ainsi en 2015, une architecte de l’agence vient

gauche : Image 3D de la grande halle - © Encore Heurex droite : Image 3D de Zellige - © Tact architectes

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faire une permanence architecturale sur le site. En habitant pendant quatre mois sur le plateau, elle travaille à inventer le projet avec les personnes de l’agglomération qui sont intéressées : le programme se construit et le projet architectural avance petit à petit.

Chantier de la grande halle, le réfrigérant derrière.

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Cependant, une fois le permis de construire déposé, ils se rendent compte que finalement Normandie Aménagement ne peux pas vraiment financer le projet en tant que bailleur privé. Il faut savoir que Normandie Aménagement est une société d’économie mixte. D’un côté elle a un volet d’intervention avec les opérateurs publics, à 80% financés par des subventions publiques qui en font le bras armé de l’agglomération Caen-la-mer. D’un autre, elle possède un volet d’intervention privé, une casquette de promoteur avec laquelle il était prévu de financer le projet. Finalement les banques ne suivent pas car un projet culturel « d’animation du territoire » n’est pas considéré rentable.

Après des péripéties au sein de Normandie Aménagement et des changements politiques, il est envisagé de faire passer la grande halle dans la ZAC (Zone d’Aménagement Concertée) du plateau de Colombelle. En entrant dans la ZAC, on tombe dans le domaine public. Normandie Aménagement peut alors bénéficier de différentes subventions, notamment celles de la ville de Colombelle, celles de l’agglomération Caen la mer, de la région, de l’établissement publique foncier de Normandie, de l’Europe, etc. Mais encore une fois, ils se rendent compte que pour mener à bien un projet de cette ampleur avec autant de complexité et si peu de rentabilité, il faut une équipe pour lancer le projet. En 2016 Pauline Cescau et Ophélie Deyrolle décident de quitter Normandie Aménagement dans l’objectif de constituer une équipe pour porter le projet. Elles rassemblent alors quelques personnes de l’agglomération et du territoire et créent l’association le WIP en mai 2016 pour penser la future gestion du lieu et construire quelque chose de plus originale, satisfaisant les attentes de toutes les parties prenantes : habitants, associations, entreprises, collectivités.

Les acteurs qui donnent forme au projet sont alors : La maîtrise d’ouvrage composée de Normandie Aménagement qui est propriétaire auquel vient se greffer un deuxième propriétaire le temps du chantier qui est l’établissement public foncier de Normandie pour obtenir davantage de subventions. Il y a l’équipe de maîtrise d’œuvre, Construire, qui s’occupe de la programmation avec un glissement qui s’opère ensuite vers l’agence Encore Heureux avec notamment une architecte présente en permanence architecturale le temps du chantier sur

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lequel nous reviendrons plus tard. Enfin, il y a ce qu’on peut appeler une maîtrise d’usage - terme récent pour désigner les futurs gestionnaires des lieux, souvent oubliés des projets architecturaux mais qui n’en sont pas moins impliqués dans le processus d’invention du projet –, il s’agit ici du WIP.

Le WIP, qui habite sur le chantier, a pour mission de «Créer des environnements où l’on travaille, échange, crée et découvre de la façon la plus libre et ouverte possible, pour révéler et valoriser le potentiel de chacun, tout en faisant participer à la construction de projets communs, fédérateurs et utiles pour le territoire. »1 Pendant près de deux ans du temps de préciser les choses, de trouver les

financements et les bons raccords juridiques, l’association anime la cité de chantier pour préfigurer ce qu’il pourrait y avoir à plus grande échelle dans la grande halle une fois les travaux finis. Elle a globalement trois domaines d’activités qui sont : le chantier culturel avec les visites et spectacles qui sont organisés régulièrement, l’inclusion sociale par le biais d’ateliers, de concerts, de repas, qui ont lieu plusieurs fois par semaine pour faire venir des gens, et le réemploi de matériaux du secteur du bâtiment dans le cadre du projet dont on parlera plus en aval. Le WIP revêt un rôle particulièrement important pour assurer la cohésion du projet et son intégration dans le territoire en invitant les gens à venir et s’y accoutumer dès le temps du chantier.

Seulement, le montage de financement pour investissement ne suffit pas à assurer la viabilité du projet et il faut aller plus loin et anticiper pour pérenniser les idéaux du tiers lieux2 circulaire et citoyen de la grande halle. Ainsi, pour assurer le coût

de fonctionnement à venir, une nouvelle solution juridique est mise en place. Une

1. L’association le Wip. Le-Wip. Disponible sur : https://le-wip.com/index.php/lassociation/ 2. «Les tiers-lieux sont un néologisme, certes, issu d’un autre néologisme anglais third place qui

désigne un lieu entre le domicile (first place ou « premier lieu ») et le travail (second place ou « second lieu »).» Ils sont destinés à être des espaces physiques ou virtuels de rencontres entre personnes et compétences variées qui n’auraient pas forcément vocation à se croiser. Ils sont en quelque sorte une «pièce à vivre» de la société.

Source : Article, La grande halle de Colombelles veut améliorer la qualité de vie au travail. Par Yann GOURVENNECK, (2018). Disponible sur : https://zevillage.net/espaces-de-travail/la-grande- halle-de-colombelles-veut-ameliorer-la-qualite-de-vie-au-travail/

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