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On voit en effet que chez Holton les rapports - sont plus que superficiels entre anthropologie et é- pistémologie. Nous voudrions toutefois en montrer un autre aspect et en inscrire sinon les limites, du >' moins les différences qui peuvent apparaître par rap­ port à d ’autres modes d'investigation relevant d'une analyse et d'une définition des point-origines de la genèse de l'oeuvre. Quand Holton pose son axe vertical marquant la tridimensionnalité de l'entreprise de dé­ couverte scientifique, il inscrit dans sa figure s p a - : tiale une orientation ascendante ou descendante qui n' est pas que celle, figurative, de l'axe de coordonnées

En appliquant au texte d'Holton ses propres concepts ■ analytiques, on peut faire les remarques suivantes: Holton voue l'analyse thématique à s'auto-situer dans une symbolique de ce qu'on pourrait nommer des thêmata antithétiques "bas/haut'.' Or par rapport au pain hori­ zontal des coordonnées x et y, contenu empirique et contenu analytique, plan où se développe la discussion classique et ultrascientifique sur la validation et la véridiction de l'oeuvre formalisée, la verticalité est située, dans les images textuelles produites par l'au­ teur, tantôt au-dessus de ce plan, tantôt sous-jacenr : tes à ce même plan C'est-à-dire que l'analyse théma­ tique se développe soit dans le sens d'une élévation surplombante de l'activité théorique des savants con­ sidérés par rapport au plan de "la science publique", soit dans le sens d'un regard tourné vers les profon­ deurs et mystères de cette activité. Le couple anti^b thétique de thêmata "bas/haut", dans cette représentai tion ascentionnelle ou régressive, engendre d'autres conséquences. Elle distribue aussi le groupe de ceux .| qui débattent du développement de la connaissance et de la réalité scientifique, soit dans le demi-espace h

haut, soit dans lè demi-espace bas, soit encore dans le plan horizontal.

Deux hypothèses s'affirment à cet égard. La première considère qu'il est nécessaire, pour aborder cette q : question d'une anthropologie de la science, de renouer avec la nomenclature nietzchéenne bipartite de l'apol- linisme et du dionysiaque.( 1). Ceci revient à affir-î mer que la réalité de l'ordre scientifique se caracté­

rise par cette double référence mythique, et que le bi débat critique ou la polémique qui s'ensuit se présen­ te comme une prise de position à l'égard du fait fi-.bvu scientifique du point de vue de l'un ou l'autre de ces caractères référentiels antinomiques. Faut-il comprerir dre pour autant qü'apolliniens et dionysiens se trou-?:! vent respectivement et symboliquement situés au-dessus et au-dessous du plan horizontal de la formalité de l'oeuvre? Pour éviter toute confusion, ce rapport àu-i débat sur la science ne peut être confondu avec l'in­ vestigation menée du point de vue !td 'une psychologie des hommes de science"(2). De par les caractéristiques attribuées aux apolliniens, suivant sciemment ou non les traits de la figure du mythe antique((3), à savoir leur goût marqué pour la logico-mathématique et le ra­ tionnel comme par la tenue à distance, leur position i dicursive la plus réaliste et conséquente sera située dans le plan horizontal de discussion sur la formalité de l'oeuvre. Ils la revendiqueront en déniant toute

validité à une quelconque interrogation sur les dimen­ sions multiples de la genèse de l'oeuvre (théorique) notamment, sur le parcours de formation des prémisses de concepts qui, selon l'hypothèse d'Holton, seraient situés dans le plan vertical de l'analyse thématique. Les apolliniens ou néo-apolliniens s'en tiendront au concept et à leur structure théorique, à la froide pu­ reté de l'énoncé formel de la théorie. De ce point de vue G. Holton n'entre pas dans la catégorie des apol-I

liniens. Mais fait-il partie pour autant de ceux qui, sous le label dionysien ou néo-dionysien, mènent la critique de la science au nom d'une contre-culture. Contre-culture souvent anti-rationaliste qui attache à la figure de la science et de la technique, aux phéno­ mènes socio-culturels qu'ils engendrent, des valeurs négatives assorties de termes moralisants tels: mal, faute, vice, erreur, anti-humanitaire, etc...? Leur i:

tendance à dramatiser la situation planétaire et à in­ criminer la réalité scientifique, au nom d'une vision du monde tragique et pessismiste, reste finalement as­ sez distincte des valeurs esthétiques du nihilisme u n nietzchéen comme de celles attachées au héros mythique de référence (Dionysos). Cette critique externe de la réalité scientifique reste du coup extérieure à 1' univers de réflexion tridimensionnel décrit par Hol-: •.\u

ton. Elle ne sè :situe ni dans le plan horizontal de la discussion classique qui, elle, se pose des problèmes intra-scientifiques, ni sur l'axe vertical de la dim.?.'- mension thématique qui, elle, présuppose la question 1 de la genèse de l'oeuvre et de ses déterminations an­ te-scientifiques ou symboliques.

De par sa positiori anthropologique à l'égard des évè­ nements de la science, Holton n'adhère à aucune de ces deux catégories et revendique à raison une distance critique à l'égard de l'une et de l'autre position an­ tinomique. Mais ceci ne disqualifie pas pour autant ces dénominations antithétiques qu'il intègre de façon distante à son analyse. Ces dénominations restent va­ lides à nos yeux, mais pour d'autres raisons. Elles : tiennent à une précision qu'il faut apporter dans 1' ■:./ ordre du débat sur l'approche d'une mentalité créatrir ce et sur sa dynamique projective, en accompagnant é- videmment l'idée d'Holton qui avance que, ni l'une ni l'autre de ces modalités référentielles de l'oeuvre, ne seraient propres à l'homme de sciences. L'investigay' tion intra-scientifique d'Holton ne vise qu'à reconn naître et analyser la vision du monde de l'homme de science, les grandes images à partir desquelles il la

structure et la comprend, les thématiques qui en fi-M xent les point-origines et la dynamique d'invention et de création qu'elle suscite. Sur ce cheminement critiq que et introspectif de l'oeuvre que gère l'analyse thématique, Holton rencontre des visions ét des images du monde et des images de la science, les grandes ima­ ges à partir desquelles il la structure et la com- prend, les thématiques qui en fixent les point-origi^ nes et la dynamique d'invention et de création qu'elle suscite. Sur ce cheminement critique et introspectif I de l'oeuvre que gère l'analyse thématique, Holton renr contre des visions du monde et des images de la scien­ ce, des métaphysiques et des mystiques. Elles sont, : selon lui, repérables par les thêmata, leur stabilité, leur permanence et leur récurrence cyclique reconnues et acceptées comme telle. Nous pensons pour notre part que ces visions et images du monde, leur structure thématique, viennent à la rencontre effectivement d' u une nomenclature des régimes de l'imaginaire sur la­ quelle elles viennent se modeler. L'anthropologie structurale ou l'anthropologie culturelle ont déjà a- bordé et formalisé ces faits. On sait ce qu'une an­ thropologie de l'imaginaire fondée sur un comparatisme de la structure des mythes, tel celui de Claude Lévi- Strauss et de Gilbert Durand, suivant la voie tracée v. par d'illustres figures, ont pu apporter comme moda­ lités compréhensives sur ce sujet.

Par exemple, pour revenir sur le point d'une orientati­ on "haut-bas" du plan de l'analyse thématique, la rér férence aux régimes de l'imaginaire tels que les dér.:'. crit et les synthétise G. Durand, tendrait à en spéci­ fier le sens. Pour lui, l'ascendance ou la descendance ne sont pas neutralisés par une géométrie euclidienne. Selon ses hypothèses, certes l'imaginaire spatialise selon 1 ’axiomatique d'Euclide. Les directions spatial les de l'axe vertical sont au contraire symptomatiques anthropologiquement d'un ërigagement vsymbolique polari- sateur, soit à tendance apollinienne (mais pas seule­ ment). Elle s'exprime par la verticalisation et la m montée héroïque en pleine clarté, en pleine lumière, '!.

là où réside aussi toute la vérité transcendantale. i Elle correspond au régime diurne de l'imaginaire; p quant à la tendance dionysiaque, portée à la régres-ti'' sion mystique, au parcours dans les profondeurs matri­ cielles, elle correspond partiellement sans la recou­ vrir entièrement, au régime nocturne de l'image.