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1. SOLS F O R E S T I E R S A M A R B R U R E S :

L'étude descriptive des marmorisations a montré la très grande variété des aspects, lesquelles ne correspondent pas toujours à de grandes variations physico-chimiques de la masse de terre.

1.1. T O P O S É O U E N C E (ou Hydroséquence) : si l'on ne considère que le sol-type, sur limon d'épaisseur donnée, depuis le sol brun uniforme bien drainé (situé sur une pente et reposant d'ailleurs sur un cailloutis perméable) jusqu'au sol à marbrures très accen-tuées (du milieu de la langue tabulaire), il y a tous les intermé-diaires qui forment une séquence continue. Les faciès dépendent de la proximité de l'exutoire naturel (vallons) et de l'horizontalité du sous-sol.

Nous-méme avons proposé en 1956 dans le Procès-verbal de Ré-vision d'Aménagement de la forêt domaniale de Chaux, une classi-fication simple pouvant être utilisée par des Préposés forestiers : marbrures apparaissant <à une profondeur inférieure à 25 cm ; com-prise entre 25 cm et 40 cm ; comcom-prise entre 40 cm et 60 cm ; su-périeure à 60 cm. Elle est empirique, mais d'application aisée.

V. aussi ch. X I I 1.1. et 1.2.

1.2. ACCIDENTS: ils sont nombreux, perturbant le schéma.

1.2.1. Accidents du microrelief apparent: butte d'ancien chablis, accumulation éolienne au pied d'un arbre, d'une touffe ou d'un bouquet d'arbres dans un vide, déblai ancien de fossé, etc.

1.2.2. Variations de texture du limon (d'origine sédimentaire) : par exemple celles de la teneur en sable grossier en surface (meil-leures zones forestières),

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1.2.3. Variations du sous-sol (qui est un obstacle plus ou moins puissant à la descente verticale de l'eau) : a) lentilles d'argile en sous-sol ou, au contraire, cailloutis plus filtrant, b) induration du sous-sol actuel par des climats défunts, à une époque où il était encore le « sol » (avant recouvrement), ou déjà le « sous-sol ».

1.2.4. Accidents dus à la végétation antérieure au point consi-déré: succession de bouquets vraiment forestiers laissant un enton-noir de sol plus humifère non marmorisé; zone cultivée et fumée ou, au contraire, zone dégradée à marbrures hautes, par un couvert de bruyère ou par l'extraction de la litière... ; zone où la molinie a été plus persistante, etc.

1.2.5. Variations d'épaisseur de la masse de limon: si le cail-loutis est plus proche, le drainage est meilleur.

1.2.6. Effet d'un fossé (à courte distance): tous ces accidents et toutes ces variations, et d'autres encore, rendent compte des nombreuses « bizarreries » observées en ce qui concerne les ni-veaux d'eau dans les trous. Ils expliquent aussi les différences de profondeur et d'aspect des marbrures constatées sur de courtes distances, sans qu'intervienne la pente générale. Ils expliquent aussi les « caprices » de la reprise et de la croissance des plants fores-tiers introduits sur un même plateau.

2. SOLS F O R T E M E N T HYDROMC )RPHES DES VIDES (à distinguer nettement des premiers) :

Ce sont des sols noirs en surface ; ce sont, en réalité, des sols

« pratogènes » de prairies humides à hautes herbes, non vraiment

« forestiers » puisque, depuis une époque très ancienne, ils ont été influencés par la molinie. Leur teinte noire (H 81, 82, 90 ou J 81, 82, 90 du Code Expolaire) est due à la mauvaise décomposi-tion de la molinie (riche en silice) en milieu anaérobie;

La décoloration intense de l'horizon médian devenu blanc est due à l'influence persistante de l'eau stagnante. Si leur sous-sol semble bien être plus dur que celui des sols voisins sous forêt, c'est pro-bablement qu'il y a eu une action hydromorphique plus marquée.

Il est toujours fortement marbré.

Nous avons observé, en particulier en II 14, une variante de sous-sol à marbrures litées horizontales (semblables à des varves).

Cet aspect feuilleté est peut-être dû au dépôt de loess saisonniers dans un marais (simple hypothèse), ou, au contraire, à des colma-tages saisonniers de textures un peu différentes.

Ces sols de vides sont eux-mêmes disposés en chaînes depuis le faciès typique au centre du vide jusqu'au faciès forestier en bor-dure : on peut considérer qu'il s'agit d'une phytoséquence, d'ailleurs d'origine souvent semi-artificielle.

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2.1. D É P R E S S I O N S N A T U R E L L E S : les sols les plus typiques de cette sorte se rencontrent dans de minimes dépressions des glacis. Nous proposons au chapitre X I 3.11 une explication de leur genèse (an-ciens marécages jamais boisés). Ce sont les sols dits de « mauvais vides ». La molinie y forme des « touradons ». Ils sont d'amélio-ration coûteuse.

2.2. V I D E S A C C I D E N T E L S : d'autres sols, également hydromorphes, à couche noire, ou seulement grise, sont observés sur les plateaux sans qu'on perçoive de dépressions ; il est vraisemblable qu'il s'agit de vides accidentels prolongés, dus en particulier à des feux: le découvert a augmenté la quantité d'eau entrant dans le sol, donc le lessivage ; la molinie a imprimé sa marque. Ce sont les sols dits de « bons vides ». La molinie ne forme pas de « touradons ».

La distinction entre 2.1. et 2.2. quelqu'arbitraire qu'elle soit, a probablement une assez grande importance relativement aux possi-bilités de restauration (plus aisées pour les bons vides relativement récents que pour les mauvais vides, relativement anciens).

3. SOLS MARMORISÉS D E V A L L O N S :

A cause de leur grande extension, nous avons surtout étudié les sols marmorisés de plateau (en position haute), mais il en existe également dans les fonds de vallon. Si le cours d'eau est permanent, ce sont des types faisant transition avec les vrais gleys. Si c'est un ruisselet intermittent, ce sont des pseudogleys.

4. SOLS MARMORTSÉS D E P E N T E :

Certes, les sols marmorisés sont très généralement sur des pla-teaux, mais les Allemands, en particulier H U N G E R , en ont signalé sur des pentes. Nous-même en avons observé en TIIe série, par-celle 5. Puisque l'eau ne stagne pas actuellement en ces stations, nous pensons qu'il s'agit de pseudogleys fossiles très épais dont la masse a été entaillée en biseau par l'érosion ou, encore, que les ac-tions périglaciaires de la marmorisation contrastée se sont produites sous des pentes moins fortes que 1a pente actuelle alors que le mas-sif n'était déjà plus un glacis uni.

5. SOLS A SOUS-SOL P L U S A R G I L E U X E T P L U S R I C H E :

Nous l'avons étudié en VIII 25. L'indice de plasticité est qua-druple ; la surface spécifique quintuple ; la perte au feu est double ; la capacité d'échange, triple : peut-être s'agit-il d'une couche d'argile pliocène.

En tout cas le bon état du peuplement (beau bouquet de chêne rouvre et hêtre) nous avait intrigué depuis longtemps ; il est

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bable que l'explication en est la plus grande richesse en argile du sous-sol. Il semble que d'autres taches de sol du même genre se trouvent disséminées sur la ligne de partage des eaux entre- le Doubs et la Loue.

6. SOLS REGRADÉS (Voir chapitre XIII 1.4.):

Signalons, par exemple, des sols localement regradés aux empla-cements d'anciens chablis. La terre attachée aux racines forme une butte qui s'effondre, la souche pourrit et enrichit localement le sol en matières organiques. Les conditions sont meilleures.

Sont à considérer aussi comme sols améliorés les emplacements d'anciens arbres du fait de leur succession naturelle au même point (dans le cas d'essences à graines lourdes) ou de recépages répétés : on a ainsi des « entonnoirs » de bons sols.

Doivent être signalés aussi les anciens champs cultivés en forêt et aujourd'hui reboisés : pendant des périodes de durée variable, ils ont reçu une fumure qui laisse longtemps des traces.

Sur ce sujet des variantes, on consultera aussi le chapitre XIII (Comparaisons).

Bibliographie: MAZENOT (d.d.), WILDE (d.d.).

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