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1. M A S S I F D E L A F O R E T D E C H A U X (fig. 3 et 3 bis):

La forêt de Chaux est un bon terrain d'études pour montrer l'im-portante répercussion des formes du terrain sur l'évolution des sols et sur leur distribution. On sait que des séquences topographiques naissent, entre autres motifs, par suite des différences de drainage local. Ce sont donc des séquences hydrologiques. Il est par consé-quent utile de prêter attention aux formes actuelles du terrain et également aux formes anciennes dont elles dérivent ( P L A I S A N C E ,

1953 a et b).

L'ensemble a formé un grand glacis peu accidenté, d'un seul te-nant qui descend du Nord-Est (altitude 270 m) vers le Sud-Ouest (altitude 230 m).

Il a été fortement entaillé par l'érosion remontante à partir d'un niveau de base situé actuellement à l'altitude 205 m. L'ensemble a une grande monotonie. Ce sont toujours les mêmes formes qui se répètent dans les profils en travers ; ce sont des langues tabu-laires résiduelles en pente dont l'érosion a arrondi les angles.

Un seul accident est à noter dans la disposition générale ; c'est une crête qui semble être en surélévation au-dessus du glacis, au Nord-Ouest de la forêt ; elle constitue un petit plateau à 260-263 m au Sud de la source de la Belle Manette : il s'agit vraisemblablement d'un basculement local des bancs calcaires sous-jacents ; cette hypo-thèse est confirmée par la présence d'entonnoirs en surface dans le sol caillouteux ; ces entonnoirs ne sont, évidemment, que la repro-duction extérieure de dolines profondes non visibles.

Les langues médianes ont des ramifications (interfluves).

La pente moyenne est de 1,4 %. Autrement dit, la surface de chaque langue est subhorizontale ; à peine distingue-t-on une dé-pression en face d'Eclans qui a une largeur d'environ 1 à 2 km.

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Par contre, en plusieurs points, on note des cuvettes fermées ou presque, donc à très mauvais drainage : il en sera question plus loin à propos de la paléopédologie (chapitre XI).

Chaque croupe est convexe vers le haut et concave vers le bas : ce qui est tout à fait normal. Les pentes transversales des vallées varient de 3 à 10 %. Certains sont entaillées dans la masse de cail-loutis qui affleurent. Les autres ont été empâtées par la solifluxion des limons supérieurs qui couvrent les plateaux résiduels.

Nous ne parlerons pas des nappes phréatiques, qui sont rares et profondes: celle du puits du Dépôt de l'Armée à la Châtelaine est à une profondeur de 20 m ; elle est à l'altitude absolue de 235 m.

Le débit dépasse 15 nr/jour. Nous ne nous intéressons guère qu'aux nappes perchées (Voir chap. IV).

Nous n'avons pu distinguer aucune terrasse nette. Le système de la forêt de Chaux est indépendant de tout système de terrasses de la vallée de la Saône ; s'il y a des terrasses, elles concernent les altitudes 220 m et inférieures ; le glacis de Chaux les domine, et en est indépendant.

On peut remarquer que l'érosion (donc l'enfoncement des ravi-neaux) 31 est quasi-terminéc et que le relief (sous le climat actuel tout au moins) y est à peu près définitivement fixé: la preuve est la faible quantité de matériaux charriés par l'émonctoire de la Clauge qui rassemble la quasi-totalité des eaux de la forêt ; nous avons, lors des crues, recueilli de l'eau dans des bouteilles au pont de la porcherie de Goux : les dépôts terreux y étaient infimes. A notre avis, il en résulte qu'il n'y a pas à craindre un dessèchement par abaissement de nappes phréatiques. Comme elles sont profondes, elles n'alimentent pas la surface par remontées capillaires ; le pro-blème hydrique se joue entièrement dans la couche supérieure et dépend de l'économie des eaux de pluie sous un couvert végétal plus ou moins dense.

2. A U T R E S REGIONS :

Un problème pédologique analogue à celui de la forêt de Chaux se pose pour toutes les buttes et les langues résiduelles qui se trou-vent au Sud de la Loue et même sur des terrasses ou pseudo-ter-rasses de la vallée de la Saône. Par conséquent, l'étude géomor-phologique préalable à l'étude pédologique des sols de la région, devrait comprendre quatre systèmes distincts, tous à l'Ouest de la côte calcaire jurassienne:

1) Un glacis démantelé en 3 parties : forêt d'Arne, forêt de Chaux, forêt de Souvans.

2) La grande cuvette bressanne dont le centre serait aux envi-rons de Louhans. Elle est elle-même constituée par un grand

nom-L E S S O nom-L S A M A R B R U R E S D E nom-L A F O R Ê T D E C H A U X 465 bre de petites buttes aux formes arrondies par l'érosion, mais pou-vant être considérées comme les restes d'une ancienne surface qui se serait incurvée au centre.

3) Les Dombes qui sont un complexe fluvio-glaciaire, bien indé-pendant, au Sud (forêt de Seillon).

4) Le Val de Saône et les terrasses alluviales, près du fleuve de la Saône. Les meilleures forêts sont sur sols alluviaux et basses terrasses. Les forêts sur des croupes plus élevées (lambeaux de terrasse ou de glacis) sont moins belles. Plus médiocres encore celles situées sur des lambeaux d'altitude supérieure à 235 m.

En résumé, les formes du terrain ont commandé et commandent étroitement la genèse et la distribution des sols.

S'il n'y a pas de vraies terrasses, il y a d'importantes surfaces en glacis subhorizontaux, qui portent de très vieux sous-sols.

Les sols qu'ils supportent sont mal drainés et hydromorphiques.

Ils sont bordés par des sols de limons bruns des pentes, bien drai-nés, disposés comme un ourlet par rapport aux premiers : ce sont des sols lessivés de types bien connus ; ils ont été affectés par des phénomènes de déplacement (ruissellements et solifluxions) ; ceux situés au bas des pentes sont à considérer comme colluvions.

Les sols de cailloutis du substratum affleurent (mais pas tou-jours), par suite de l'érosion, sur les pentes fortes.

Les sols de fonds de vallon sont des colluvions, et des alluvions arrachés au même socle, plus en amont. Ces trois derniers types sont hors de notre sujet principal.

Bibliographie : B O U R D I E R 1961, G A R N A U D . . . 1953, J O U R N A U X 1956.

C H A P I T R E IV