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1.5 Discussion

1.5.2 Variation entre les espèces

S. eriocephala . La biomasse la plus importante de toutes les trois espèces a été produite par le S. eriocephala. Ce résultat peut en partie s’expliquer par la dominance plus prononcée du primordium apical chez cette espèce comparée aux primordium latéraux (Doffo et al., 2017). Au niveau du primordium apical se produit une hormone de croissance appelé auxine, favorisant la croissance verticale d’où l’émergence de nouvelles tiges de façon régulière et rapide (Lapointe, 2007). Le S.interior qui dispose de la même caractéristique a cependant produit deux fois moins de biomasses aériennes que le S.eriocephala. Il reste que c’est l’espèce n’ayant pas de dominance du primordium apical, le S.discolor, qui a produit la plus faible biomasse et même de 4 et 1,5 fois inférieure à celle produite par le S. eriocephala et S. interior. Ce résultat concorde avec une autre étude dans laquelle les auteurs ont constaté que le S.eriocephala a produit une biomasse et une longueur racinaire nettement supérieure au S.interior et le S.discolor.

S. discolor. La plus petite biomasse des trois espèces a été produite par le S. discolor. Aussi, selon les observations faites au cours de la période de l’expérimentation, la reprise fut très lente chez cette espèce en comparaison avec les deux autres espèces. Nous attribuons ce résultat au manque de tolérance de cette espèce à s’établir dans un sol moins fertile, comme le sable (Mosseler & Major, 2014). Nous n’avons apporté dans le cadre de notre étude qu’une très petite dose de fertilisant une seule fois (500 mL de NPK 20-20-20 liquide), ce qui n’était probablement pas suffisant pour stimuler la croissance de la biomasse pour cette espèce. Par ailleurs, les stress hydriques n’ont pas eu d’effet sur la longueur racinaire du S.discolor, ce qui ne concorde pas avec l’écologie de l’espèce qui colonise préférentiellement les hauts de talus (Mosseler et al., 2017). Toutefois, nous pouvons constater une certaine tendance à avoir une longueur racinaire moins élevée en conditions d’inondation pour le S. discolor, quoique les différences n’étaient pas significatives. Il est aussi possible qu’il puisse pousser

apical (Doffo et al., 2017; Wikbergi & Ögreni, 2007). Toutefois, cette espèce est celle ayant produit le plus de biomasse aérienne par rapport à sa biomasse racinaire : elle a montré un ratio biomasse aérienne/racinaire 1,7 et 3,15 fois plus élevé que S.eriocephala et S.discolor. Nous attribuons ce résultat au fait que les conditions expérimentales de notre étude n’ont pas permis au système racinaire de se déployer pleinement puisque chez cette espèce, les racines se développent à l’horizontale (Mosseler & Major, 2015). Les racines des boutures du S. interior étaient ici soumises à un espace assez restreint ne favorisant pas leur développement maximal comme en milieu naturel où des colonies de S. interior peuvent se développer à la suite de longues ramifications racinaires issues des racines de base (Hilty, 2017). Nous avons tout de même trouvé une plus grande longueur racinaire chez le S.interior en conditions d’inondation comparativement aux conditions de sécheresse et de capacité au champ, ce qui correspond au fait que le S.interior colonise principalement les berges des rivières et les plaines inondables (Doffo et al., 2017). Cette espèce est confinée aux habitats riverains dans la majeure partie de l’Amérique du Nord où elle est d’ailleurs utilisée pour la stabilisation des milieux perturbés (Cerrillo et al., 2013).

1.6 Remerciements

Cette étude a été financée par la bourse d’études de Naren KEITA et les subventions de recherches de Monique Poulin. Nous voulons remercier le Projet de Formation pour la Sécurité Alimentaire au Mali (FASAM ) pour l’appui financier. Nous remercions aussi tous les assistants de recherche du Département de phytologie ainsi que celle du Département des sols et de génie agroalimentaire de la Faculté des Sciences de l’Agriculture et de l’Alimentation de l’Université Laval qui a participé à cette étude. Nous sommes reconnaissantes à Hélène Crépeau pour les conseils pour les analyses statistiques.

Conclusions

La présente étude a permis d’approfondir les connaissances concernant la capacité d’établissement et de croissance des boutures du S. eriocephala, S. discolor et le S. interior sous différents régimes hydriques. En effet, les trois espèces testées, soit S. discolor, S. eriocephala et S. interior ont une tolérance certaine au stress hydrique, ayant eu des taux de reprise élevés sous les trois régimes hydriques. Néanmoins, des trois espèces, le S. eriocephala est celle ayant montré le meilleur potentiel pour produire de longues racines sous les trois régimes hydriques. S. interior en revanche, est la seule espèce pour laquelle la longueur racinaire fut favorisée en conditions d’inondation par rapport aux deux autres conditions, même si cette longueur restait inférieure à celle mesurée pour S. eriocephala. Le S. eriocephala a aussi montré la plus grande production de biomasse, tant aérienne que racinaire, ce qui en fait une espèce à privilégier dans les ouvrages de génie végétal.

Bien que le S. discolor ait montré les plus faibles productions de biomasse aérienne et racinaire, son ratio biomasse aérienne versus racinaire était celui le plus bas, ce qui indique son fort potentiel à s’ancrer dans le substrat et ainsi stabiliser le sol. Enfin, le S.interior a montré clairement sa capacité d’adaptation aux conditions d’inondation, ayant produit des racines plus longues qu’en conditions de sécheresse ou de capacité au champ. Cette espèce serait ainsi bien adaptée au bas de talus et serait à préconiser en pied de berge dans les ouvrages de génie végétal. La plupart des études portant sur le génie végétal ont utilisé d’autres espèces de Salix, telles que : S. nigra, S. viminalis ou S. elaeagnos (Fillion et al, 2009; Turhan & Serdar, 2013; Van Splunder et al, 1995). Très peu d’études ont porté sur les espèces étudiées ici. Notre étude jette ainsi les premières bases pour assurer une bonne utilisation de ces espèces dans les ouvrages de stabilisation de berges à partir des techniques de génie végétal. Cela est particulièrement vrai pour le Québec, où la pratique du génie végétal regorge de défis.

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