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CHAPITRE 2 REVUE DE LITTÉRATURE

2.5 Conditions météorologiques et réseaux de transport

2.5.2 Différentes influences de la météorologie sur les transports

2.5.2.1 Variation de la demande

Les conditions météorologiques peuvent provoquer des variations d’achalandage dans les transports, quel que soit le mode. En effet, certains usagers sont susceptibles de reporter, de supprimer leurs trajets, de changer de mode de transport ou d’itinéraire. Khattak et De Palma (1997) retirent de leur étude auprès de salariés de différentes entreprises à Bruxelles (Belgique) que 54% des automobilistes changent leur mode de transport, leur heure de départ et/ou leur itinéraire en cas de mauvaises conditions météorologiques, l’heure de départ étant la plus impactée. Cools et al. (2010) obtiennent des résultats similaires sur une étude également menée en Belgique, pour laquelle l’impact des conditions météorologiques est différencié selon le type d’activité motivant le trajet. Cette tendance à modifier son comportement par rapport au temps engendre des variations de la demande en transport, notamment en ce qui concerne les volumes d’usagers.

Guo et al. (2007) ont étudié l’influence de la température, de la pluie, de la neige et du vent sur l’achalandage du réseau de transport en commun de Chicago à partir de données de cartes à puce et ont conclu que les conditions défavorables tendent à diminuer la fréquentation, tandis que les bonnes conditions tendent à l’augmenter, dépendamment du mode de transport, de la saison et du jour de la semaine. Les résultats montrent que les usagers des autobus sont plus sensibles aux conditions météorologiques que ceux du train et les usagers de la fin de semaine sont plus impactés que ceux des jours ouvrés. Concernant l’influence de la pluie, l’étude menée par Hofmann et O’Mahony (2005a) montre une tendance générale à la diminution de l’achalandage d’un réseau de transport en commun irlandais pendant les journées pluvieuses, comparativement aux journées non pluvieuses, avec une baisse plus marquée pendant la période de pointe du matin. Relativement aux masses d’air, pour les réseaux de train de trois villes américaines, Kalkstein et al. (2009) arrivent à la conclusion que l’achalandage a tendance à diminuer pour les conditions froides et fraîches (sèches et humides), à augmenter pour les conditions chaudes et

douces (sèches et humides) et que les variations sont plus importantes la fin de semaine par rapport aux jours ouvrés, ce qui est en adéquation avec les études citées plus haut.

En ce qui concerne le trafic routier, la pluie faible et la neige faible semblent avoir des effets dérisoires sur la vitesse et les volumes de véhicules, alors que les fortes précipitations ont un impact non négligeable sur ces deux fonctions, pouvant entraîner une diminution de 10 à 20% des volumes routiers lors de fortes pluies et de 30 à 48% lors des importantes chutes de neige (Ibrahim & Hall, 1994). Al Hassan et Barker (1999) ont conclu de leur étude sur le trafic routier de la région d’Édimbourg (Écosse) que les volumes varient plus la fin de semaine que les jours ouvrés, rapportant des baisses comprises entre 4 et 5% quand les températures sont défavorables par rapport aux normales saisonnières, une diminution de presque 5% lors de fortes chutes de neige et de plus de 15% dans le cas où la neige tient au sol. Keay et Simmonds (2005) ont pu constater que la pluie induit une réduction du trafic routier pour la région de Sydney (Australie), en fonction de la période de la journée ainsi que des saisons. Les jours humides présenteraient une plus grande influence sur le trafic routier l’hiver et le printemps en provoquant des baisses des volumes routiers n’excédant cependant jamais 3%. Changnon (1996) rapporte une légère diminution de fréquentation dans les transports de Chicago lors des pluies estivales, de moins de 1% les jours de semaine et proche de 2% la fin de semaine pour le trafic routier, de 3 à 5% pour les bus et de 2,1% pour les trains. Les volumes routiers n’apparaissent pas impactés par la pluie pendant la semaine mais montrent une diminution de 9% pendant la fin de semaine.

Enfin, Knapp et Smithson (2000) ont mené une étude exclusivement sur l’impact des tempêtes de neige sur le trafic routier en Iowa qui leur a permis de conclure que dans la majorité des cas, les volumes routiers diminuaient de 29% en moyenne. Les diminutions de fréquentation constatées sont comprises entre 16 et 47%, les principales causes de cette plage de variation étant les différences d’intensité et de durée des tempêtes.

Le Tableau 2-6 rapporte les principaux résultats chiffrés rapportés dans la littérature sur l’impact des conditions météorologiques sur les volumes d’usagers des réseaux de transport :

Tableau 2-6 - Principaux résultats de la littérature sur les variations de demande liées à la météorologie sur les réseaux de transport

Auteurs Recherche Principales conclusions

Al Hassan & Barker (1999)

Étude de l’impact des conditions météorologiques non saisonnières et extrêmes sur les volumes routiers dans la région d’Édimbourg (Écosse).

Jours ouvrés :

- Moins d’heures d’ensoleillement, température maximale plus basse que prévue et chute de neige plus importante que prévue : diminution inférieure à 3% du trafic quotidien;

- Plus d’heures d’ensoleillement, température maximale plus élevée que prévu et température minimale plus élevée que prévu : légère augmentation du trafic quotidien;

- Forte chute de neige : diminution inférieure à 1% du trafic quotidien; - Neige au sol : diminution de 10% du trafic quotidien.

Fin de semaine :

- Températures maximales et minimales moins élevées que prévu : diminution comprise entre 4 et 5% du trafic quotidien;

- Forte chute de neige : diminution proche de 5% du trafic quotidien; - Neige au sol : diminution de plus de 15% du trafic quotidien.

Keay & Simmonds (2005)

Étude de l’impact de la pluie sur le trafic routier dans la région de Sydney (Australie) en tenant compte des périodes de jour et de nuit ainsi que des différentes saisons.

Volumes quotidiens :

- Au global : diminution de 1,29% par rapport aux jours secs; - Hiver : diminution de 1,35% par rapport aux jours secs; - Printemps : diminution de 2,11% par rapport aux jours secs. - Automne et été non significatifs.

Volumes de jour :

- Hiver : diminution de 1,86% par rapport aux jours secs; - Printemps : diminution de 2,16% par rapport aux jours secs.

Auteurs Recherche Principales conclusions

Volumes de nuit :

- Hiver : diminution de 0,87% par rapport aux jours secs; - Printemps : diminution de 2,91% par rapport aux jours secs.

Guo, Wilson & Rahbee (2007)

Étude de l’impact de la météo sur l’achalandage des bus et des trains (Chicago, US) en tenant compte du mode, du jour de la semaine et des saisons.

Nombre moyen d’usagers (jour de semaine) : 1 000 000 (bus) + 500 000 (train) Température :

- Augmentation de 1°C : 400 à 700 usagers de plus pour le bus et entre 300 et 500 pour le train;

- Résultats non significatifs pour des températures froides. Pluie :

- 1 po quotidien: diminution de 16 000 à 22 000 usagers pour le bus et entre 5 000 et 8 000 pour le train;

- Très forte pluie (>0,6 po) : impact accru, particulièrement pour le bus. Neige :

- 1 po quotidien: diminution de 6 000 à 2 000 usagers pour le bus. Impact moins évident sur le train.

Vent :

- Augmentation de 1mph : diminution de 800 à 1 300 usagers pour le bus, impact négligeable pour le train.

Brouillard :

- Tend à augmenter l’achalandage et semble avoir plus d’effet sur le train que sur le bus.

Auteurs Recherche Principales conclusions

Gerrity & Clancy (2009)

masses d’air sur l’achalandage de trois réseaux de train américains : Chicago (CTA), Baie de San Francisco (BART) et Hudson-Bergen (NJT). DM (doux/sec) +1,4% +0,7% +2,3% DP (froid/sec) -0,3% -2,8% -0,2% DT (chaud/sec) +1,1% + 1,1% +1% MM (frais/humide) -1% -0,2% -2,9% MP (froid/humide) -0,8% -1,1% -3,8% MT (chaud/humide) +0,7% +0,2% +0,6% TR (transition) -1,4% -0,7% -1,5% MT+ (très chaud/humide) -0,1% -0,1% +0,7% Cools, Moons, Creemers & Wets

(2010)

Étude de l’impact des conditions

météorologiques sur les

comportements de déplacement des individus en tenant compte du but des trajets.

Trajet récurrent (travail, études) :

- Neige : plus de 50% des usagers reportent le trajet et 50% changent leur itinéraire;

- Brouillard, orages, fortes pluies : impact principalement sur le minutage du trajet.

Trajet pour les courses :

- Neige : 70% d’annulations et de reports;

- Fortes pluies, forts vents ou orages : jusqu’à 60% de reports et 50% d’annulations.

Trajet pour les loisirs :

- Neige : 65% d’annulations et de reports;