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Europe de l’Ouest pendant les deux

derniers millénaires

Introduction

Un des objectifs de cette thèse est d’obtenir de nouvelles mesures d’intensité du CMT en Espagne pendant les deux derniers millénaires. Cela permettra de mieux caractériser l’évolution de l’intensité du CMT en Europe de l’Ouest ainsi que de comparer les résultats obtenus avec les données d’intensité disponibles pour d’autres régions du globe. Dans une première étape, nous avons utilisé la base des données mondiale publiée par Korte et al. (2005). Dans cet article, une compilation de données d’archéointensité pour différentes régions et pour les derniers millénaires est disponible. Nous avons traité les données pour chaque région par la méthode bayésienne (voir chapitre 2). Les résultats sont montrés à la Figure 1. Plusieurs méthodes de détermination de l’archéointensité ont été utilisées pour obtenir ces données: des méthodes à chauffes successives (Thellier et Thellier (1959), Coe (1967)), et d’autres méthodes comme la méthode de Shaw (1974), de Rolph et Shaw (1986), de Tanguy (1975), de Burakov (1981) ou Burakov et Nachasova (1985). Ces méthodes ont été appliquées avec ou sans tests de stabilité magnétique. Il faut signaler aussi que les corrections de l’anisotropie de l’ATR et de l’effet de la vitesse de refroidissement sur l’acquisition de

l’ATR ne sont pas systématiquement appliquées. Nous remarquons que dans cette base de données aucune sélection n’est faite par rapport à la méthode utilisée pour la détermination de l’intensité. Pour chacune des régions, les données ainsi que la courbe bayésienne obtenue, sont présentées à la latitude et longitude moyennes des sites étudiés (voir Korte et al., 2005).

Comme on peut voir à la Figure 1, la dispersion entre les données est en général très forte. Cette dispersion est probablement liée à l’utilisation de méthodes de détermination de la paléointensité peu précises ou à un faible nombre d’échantillons par site (voir Chauvin et al. 2000). Elle peut être due également à des mauvaises datations. En plus, dans certaines régions un faible nombre de données est disponible. Nous voulons faire remarquer aussi que la majorité des données d’archéointensité proviennent de l’Hémisphère Nord (essentiellement de l’Europe).

Il est donc nécessaire, pour améliorer notre connaissance de la variation de l’intensité du CMT dans le passé, d’obtenir plus de données d’intensité et, à la fois, des données plus précises. En ce qui concerne la Péninsule Ibérique, une seule étude d’intensité du CMT (Kovacheva, 1995) existe pour les deux derniers millénaires. Cette thèse essaie de combler ce manque de données. Les 24 fours étudiés dans la détermination de la courbe de variation séculaire (Chapitre 2), complétés par des lots de céramiques et de briques, nous ont également permis d’obtenir l’intensité du CMT ancien en utilisant la méthode de Thellier (1959). Les valeurs d’intensité ont été corrigées de l’effet d’anisotropie de l’aimantation thermorémanente ainsi que de l’effet de la vitesse de refroidissement sur l’acquisition de l’aimantation thermorémanente.

Figure 1a: Données d’archéointensité pour les différentes régions du globe (Korte et al., 2005) et courbes bayésiennes obtenues. N, nombre de données disponibles pour chaque région.

Figure 1c : Données d’archéointensité pour les différentes régions du globe (Korte et al., 2005) et courbes bayésiennes obtenues. N, nombre de données disponibles pour chaque région.

Dans la première partie de ce chapitre, nous présentons sous forme d’article intitulé « Archeomagnetic study of seven contemporaneous kilns from Murcia (Spain) », sept valeurs d’intensité obtenues à travers l’étude de sept fours contemporains datés entre 1100 et 1200 et prélevés sur un même site archéologique à Murcia. Après correction de l’effet de la vitesse de refroidissement sur l’acquisition de l’ATR acquise, la dispersion des données d’intensité inter-sites est réduite de 50%. Bien que la dispersion demeure toujours élevée, ces résultats confirment le besoin de corriger l’effet de la vitesse de refroidissement pour une détermination précise de l’intensité du CMT ancien. Nous discutons par la suite l’origine de cette dispersion et enfin nous comparons nos résultats à ceux obtenus en France.

Dans un deuxième article intitulé « Evolution of the geomagnetic field intensity in Western Europe for the last 2000 years inferred from Bayesian statistics: 17 new archeointensity data from seven Spanish archeological sites », la détermination de l’intensité du champ magnétique est obtenue par l’étude de 15 fours, d’un lot de briques et d’un lot de céramiques. Ces résultats, ainsi qu’une compilation des données d’intensité fiables déjà publiées, nous permettent d’obtenir par la méthode bayésienne, l’évolution du CMT en Europe de l’Ouest pour les derniers millénaires. Nous comparons ensuite la courbe d’évolution prédite par les modèles globaux du CMT de Korte et Constable (2005) et de Hongre et al. (1998) avec nos résultats. L’enveloppe d’erreurs de notre courbe (au niveau de confiance 95%) contient les prédictions à Paris du modèle de Korte et Constable (2005). Les prédictions du modèle de Hongre et al. (1998) sont assez différentes de la courbe obtenue. Par contre, l’évolution de l’intensité du champ dipolaire au cours des deux derniers millénaires paraît plus réaliste pour le modèle de Hongre et al. (1998). Enfin, nous comparons la courbe

obtenue avec les courbes de variation d’intensité dans différentes régions d’Europe (Bulgarie, Russie, Caucase, Uzbekistan et Hongrie), obtenues aussi par la méthode bayésienne.

Comme nous le verrons dans les sections 3.1 et 3.2, les minéraux magnétiques contenus dans les terres cuites étudiées présentent, en général, une très bonne stabilité aux expositions thermiques qui sont nécessaires à la détermination de l’intensité. Par conséquent, l’application de la méthode de Thellier et Thellier (1959) donne lieu à des taux de réussite très élevés (plus de 80% dans la majorité de sites étudiés). Cependant pour les quatre fours de Cabrera d’Anoia étudiés (voir section 2.1), la méthode de Thellier ne permet pas d’obtenir des valeurs d’intensité fiables à cause de la forte altération magnéto-chimique observée. Pour cette raison, ainsi que pour tester la validité de la technique microondes pour la détermination de l’archéointensité dans les terres cuites, nous avonsétudié 29 échantillons provenant des sites étudiés en utilisant la désaimantation par microondes. Les résultats d’archéointensité obtenus sont présentés dans la troisième partie de ce chapitre. Les résultats montrent que la désaimantation par microondes est peu efficace pour ces échantillons. Cependant quelques valeurs cohérentes ont été obtenues bien que les moyennes par site montrent une forte dispersion.

3.1. Article : Archeomagnetic study of seven contemporaneous

kilns from Murcia (Spain) (Physics of the Earth and