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Objectif 3 : Un nouvel outil de datation Cette thèse constitue la première étude systématique des variations d’intensité en Espagne pendant les deux derniers millénaires Les données

1.3. Un coup d’oeil sur l’histoire de l’Espagne

structures (correspondant au dernier refroidissement) doit être accomplie pour chacune des structures archéomagnétiques étudiées. Dans cette thèse, nous avons étudié des structures archéologiques espagnoles, et un coup d’oeil sur l’histoire de l’Espagne reste nécessaire pour bien comprendre les contraintes archéologiques qui servent de base à la datation des structures étudiées. J’aimerais bien signaler aussi la nécessité d'une réelle collaboration entre deux groupes de chercheurs: les géophysiciens, qui vont mesurer le signal ancien dans les terres cuites, et les archéologues, qui vont proposer une datation ce qui nous permettra d’établir la relation directe avec les mesures faites au laboratoire. Il est nécessaire d’avoir des datations les plus fiables possibles pour les structures, car, les erreurs de datation peuvent donner lieu à de mauvaises estimations des variations du CMT.

Voici un bref résumé de l’histoire de l’Espagne de l’époque Romaine jusqu'au XVIième siècle, intervalle dans lequel sont comprises la grande majorité des structures archéologiques étudiées dans le cadre de cette thèse.

Carrefour entre l’Europe et l’Afrique, entre les civilisations païennes, chrétiennes et musulmanes, l’Espagne fut pendant des siècles un pays de conflits, de conquêtes et de reconquêtes. Après la victoire de Rome contre Carthage, au IIIe siècle avant JC, les Romains arrivèrent, et mirent deux siècles pour imposer leur culture dans la quasi totalité de la

péninsule. Ainsi Hispania est devenue une province de l’Empire Romain pendant sept siècles, rythmés par la « Pax Romana » et l’essor de la culture et civilisation latine. Rappelons ainsi que des Empereurs comme Trajan et Hadrien ou penseurs comme Sénèque, étaient d’origine ibérique. Pendant ce temps Hispania se couvre d’aqueducs, théâtres, cirques, ponts et thermes. C’est pourquoi, de nombreux fours à céramiques, domestiques ou forges datant de cette époque ont été découverts par les archéologues. Dans cette thèse un four romain a été étudié (DENA).

Pendant le haut Moyen-âge, la péninsule Ibérique a vu l’arrivée de plusieurs peuples germaniques, ce qui sert à accélérer la crise sociale de l’Empire Romain. Si les Vandales, poursuivant leur route vers l’Afrique du Nord, ne firent pas que traverser le pays, les Suèves s’installèrent dans le nord-ouest et les Visigoths établirent dans le reste du pays un royaume puissant qui s'étendait au-delà des Pyrénées. Finalement ils se replièrent dans la péninsule, se convertirent aux christianisme, et vont dominer le pays jusqu’au début du VIIIeme siècle. De

cette époque, très peu de vestiges de l'activité industrielle et de surcroît mal datés ont été trouvés.

En 711 se produit l’arrivée des Musulmans en provenance de l’Afrique par le détroit de Gibraltar et la défaite du dernier roi visigoth Rodéric (Don Rodrigo). Les Musulmans s’établirent sous le mandat du calife de Damasco. Même s’il y avait des noyaux de résistance dans le nord, la culture arabe fut florissante dans le reste de la péninsule et les Arabes développèrent les arts, les sciences, les techniques agricoles et créèrent de nombreux palais, mosquées, écoles et bains publics. Al-Andalus, la nouvelle appellation de la péninsule musulmane, devient le foyer incontournable de la culture occidentale à cette époque, c’est grâce aux philosophes et scientifiques ibero-árabes que nous ont été transmises les œuvres les plus importantes de l’antiquité grecque et romaine. Les Musulmans en s’installant dans la péninsule vont renforcer l’importance des concentrations urbaines déjà existantes au lieu de fonder des villes nouvelles, particulièrement au cours du IX et X siècles. A l’exception du palais de l’époque califale de Madina-al-Azhara et Madina-al-Zahira, le reste des 22 villes créées par les Arabes en Espagne répondent, au début, à des raisons stratégiques. Plusieurs d’entre elles ont donné lieu après à des concentrations urbaines stables. Six, sur la route qui reliait Córdoba à Toledo et à Zaragoza; les plus importantes étant Calatayud, la ville hispano- musulmane la plus ancienne, créée en 716, et qui est considérée comme la plus importante forteresse de l’ouest de Al-Andalus; Calatrava, dans la vallée du Guadiana, étape sur le chemin des troupes entre Córdoba et Toledo; Madrid, emplacement des troupes qui surveillaient l’accès septentrional à la vallée du Tajo; et Medinaceli, qui a été créée au cours de la moitié du IX siècle pour être le point de départ des troupes musulmanes contre la Castilla de Fernán González. Mise à part cette importante voie de communication, mais aussi en suivant des critères stratégiques, les villes de Murcia et Tudela ont été créées après la destruction des anciennes villes rebelles contre le pouvoir de Córdoba au début du IX siècle. Tudela, servira ensuite de base avancée pour les Musulmans de Zaragoza afin de contrôler cette région (García de Cortázar, 2001). En 929, Umayyad Abd-al-Rahman III autoproclame

recherche d’une amélioration de leur qualité de vie ainsi que de leur sécurité sur les terres de la Péninsule Ibérique. La guerre civile éclate et l’Al-Andalus se divise en plusieurs petits états indépendants, appelés Taifas, comme par exemple Toledo, Badajoz, Sevilla, Valencia, Cordoba, Granada, Murcia. Pendant les XI et XII siècles la population africaine de l’Al- Andalus augmenta avec l’arrivée des « Almorávides », berbères nomades du Sahara, et les « Almohades », qui venaient de l’Atlas marocain. Cette période correspond aussi à un important développement culturel et économique des petits royaumes chrétiens du nord de la Péninsule. Durant le XI siècle, quelques-uns de ces royaumes commencent à s’agrandir, et sous le règne d’Alfonso VI, Toledo est reconquis. Cette période est appelée par les Chrétiens

la reconquête. Il faut noter aussi la présence importante de la communauté juive tant dans Al-

Andalus que dans l’Espagne chrétienne, avec une grande influence dans le commerce et l’artisanat et en général de bonnes relations de coexistence entre les trois cultures. Une autre preuve de l’interrelation des cultures est l’existence de l’art mudéjar (ou mozárabe), crée par des artisans arabes (chrétiens) dans des territoires chrétiens (arabes), ou les différentes caractéristiques architecturales coexistent. Au XIII siècle, les conquêtes chrétiennes mirent fin à la domination musulmane dans le sud de la péninsule sauf l’important sultanat de Granada qui dura jusqu'au XV siècle.

La majorité des fours étudiés (Murcia: MURG, MURO, MURN, MURM, MURL, MURI, MURH, MURK; Calatrava la Vieja: CALA, CALB, CALC et le lot de céramiques CERCALB produites en CALB; Valencia: VALN, VALI, VALK, VALM) correspond à la période comprise entre les X et XV siècles.

L’union en 1469 entre Isabel de Castilla et Fernando d’Aragon, réunit deux des plus importants royaumes chrétiens d’Espagne et fut un moment décisif pour l'unification sous le pouvoir chrétien de la péninsule. En 1492, la reddition d’Abu Abdallah (Boabdil) face à Isabel et Fernando supposa la perte du dernier sultanat de Granada et marqua définitivement la fin de la domination musulmane. A cette époque un décret imposa l’expulsion des Juifs des royaumes d’Espagne, des milliers de Juifs étaient contraints ou à se convertir ou bien à abandonner leurs possessions. Pendant des siècles ces juifs d’origine espagnole, les Sefardies, ont conservé dans la diaspora, la langue espagnole telle qu’on la parlait au XV siècle. Après la découverte de l’Amérique par Cristobal Colon, en 1492, l’Espagne devient l’une des nations les plus puissantes d’Europe. Juana, dite « la loca » (fille des Rois Catholiques), se maria avec Felipe, dit « el Hermoso » (petit-fils de l’empereur germanique Maximilien), avec qui elle eut

un fils, Carlos Quinto, qui devint roi d’Espagne et Empereur de l’Empire Romano- Germanique. Il introduisit ainsi la maison d’Autriche (les Habsbourg) en Espagne et passa à la tête de l’empire le plus puissant de l’ancien monde. Bien que le XVI siècle voit donc la puissance espagnole atteindre son apogée par la force de ses armées, et malgré l’obtention de richesses par l’exploitation du continent américain et la politique matrimoniale des Habsbourg (son union avec le Portugal), l’économie va à la catastrophe. Toute une littérature extrêmement critique où les « Picaros, Hidalgos, Licenciados » essayaient de survivre et de se débrouiller dans un monde d’apparences, est la meilleure illustration d’un géant aux pieds d’argile tel que l’était l’Empire espagnol.

Quelques fours étudiées appartiennent aussi aux XV et XVI siècles (PATH, PATA, PATB, PATJ)

Le pouvoir des Habsbourg prit fin lorsque Carlos II, dit « el Embrujado », meurt sans descendance et qu’une guerre de Succession eut lieu au terme de laquelle le Bourbon Philippe V (neveu du roi soleil, Louis XIV) devint roi d’Espagne en abandonnant ses droits sur la couronne de France. Actuellement un de ses descendant Juan Carlos est le roi d’Espagne.

Deux fours et un lot de briques étudiées appartiennent aux XVII (VALL), XIX (le briques GUA2) et XX siècles (YUS2).

La Figure 7 illustre les événements postérieurs à cette date ainsi qu’une vue générale des différentes périodes de l’histoire de la péninsule Ibérique. Il s’agit, bien sûr, comme la brève introduction ci-dessus, d’une approche très générale. Le lecteur pourra se référer aux livres d’histoire comme par exemple la collection « Historia de España dirigida por Miguel Artola, Alianza Editorial » pour avoir une vision plus approfondie de l’histoire espagnole.

Figure 7: Tableau synoptique de l'histoire de la Péninsule Ibérique (d’après le tableau synoptique de l’histoire du Monde pendant les cinquante derniers siècles de L. H. Fournet édité pas SIDES)