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1.4 Test Open-field (OFT)

1.4.5 Variables mesurées dans le OFT

1.4.5.1 Élimination

Les principales variables mesurées par les chercheurs ont toujours été la fréquence d'élimination et la mobilité des sujets expérimentaux. L'élimination comprend la miction et la défécation. Plus l'animal a peur de la nouveauté, plus il élimine (Fraser, 1980). Le réflexe d'élimination est inné et il est contrôlé par les noyaux de la moelle épinière, mais il peut ètre aussi contrôlé par des centres supérieurs, dans la substance blanche, et même au niveau cortical, comme cela semble ètre le cas chez les porcs et les chevaux (Fraser, 1980).

Kiigour (1975) considère que la défécation peut être une conséquence de la peur, de l'établissement de droits temtoriaux, ou simplement destinée à donner une odeur familière à un environnement étranger. Il a observé que la seule séparation d'une vache de ses compagnes de troupeau était sufisante pour déclencher la défécation, puisque plusieurs vaches ont déféqué avant même d'arriver à l'arène pour être soumises a un OFT. Fraser (1980) affirme que lorsque l'espace personnel des bovins et des ovins est envahi, il y a activation d'un réflexe d'évacuation. Dans le cas des rats, la manipulation des animaux par une personne étrangère peut augmenter leur fréquence de défécation (Holson et al., 1991). Ces derniers arguments peuvent expliquer les observations de Kilgour (1975) a ce sujet. Le Neindre (1989) a affirmé que l'établissement de droits territoriaux par marquage avec les excréments est négligeable chez les bovins.

Kilgour (1975) a soumis cinquante vaches à un

OFT

durant trois jours, une fois par jour. II a trouvé que 10 vaches (20 %) n'ont pas déféqué ou uriné durant le premier jour, 18 vaches (36

%) ont évacué durant les trois jours, et deux vaches (4 %) n'ont jamais déféqué ou uriné.

Aucune vache n'a déféqué ou uriné plus de trois fois au cours d'un test (5 min).

1.4.5.2 Motilité

La motilité est mesurée en fonction du temps consacré à se déplacer et de la distance parcourue pendant la durée du test. Dans son expérience, Kilgour (1975) a observe que la vache la moins active s'est déplacée de six carrés (grille de 36 carrés sur une surface de 22 m2), tandis que la vache la plus active a parcouru 97 carrés. Cet auteur a soumis des vaches à un

OFT

pendant 3 jours, et la plupart des animaux ont diminué la distance parcounie entre le jour 1 et le jour 3. Les auteurs expliquent cette diminution en affirmant que les animaux deviennent, avec le temps, plus familiers avec l'arène. Dans une autre étude, Le Neindre (1989) a observé que 36% des vaches ont traversé tous les carrés de l'arène ou I'OFT a été réalise (grille de neuf carrés sur une surface de 64 m2), et que 13% des vaches ont traversé seulement deux carrés. Ces données peuvent nous donner une idée de la variation que présente la motilité, lorsque des animaux sont soumis à un

OFT.

La motilité des animaux peut être liée à la peur, car la fuite et l'immobilité sont considérées comme ses conséquences les plus visibles. Pour la plupart des animaux de laboratoire comme par exemple les rongeurs, 1 'immobilité est justifiée car lorsqu' ils demeurent immobiles, ils sont moins attirants pour les prédateurs (Denenberg, 1969, cité par Kilgour, 1975).

Pourtant, chez les animaux de ferme, la réaction peut être opposée, car ils ont naturellement tendance à fbir ou se battre pour assurer leur survie. De plus, la majorité des ruminants sont des animaux grégaires. Chez eux, la motilité peut donc être aussi liée à la quête de compagnons sociaux. Par exemple, Veissier et Le Neindre (1992) ont soumis au test des génisses Aubrac seules ou accompagnées par trois autres génisses. Les génisses testées en groupe ont été moins actives que les génisses testées seules.

La motilité peut être aussi liée à la motivation de l'animal à effectuer des comportements qu'il se trouve souvent empêché de réaliser à cause du système de logement. Le terne éthosrasis a été proposé par Fraser (1974) pour désigner l'empêchement de réalisation des activités qui sont effectuées par les animaux de façon naturelle ou normale. Par exemple, Bowers et al.

(1993) ont étudié le comportement à 1'OFT des moutons avant et après avoir été confinés

pendant 9 jours dans des cages métaboliques. Ces moutons ont montré un plus grand degré de motilité (trotte, marche, et petit galop) après avoir été confinés.

Dellmeier et al. (1990) ont réalisé une expérience ou ils ont testé l'influence sur la motivation locomotrice des veaux Holstein, de quatre systèmes de logement qui différaient dans le degré de restriction qu'ils imposaient aux animaux. Selon ces auteurs, la motilité des animaux durant I'OFT serait directement liée à deux facteurs, à savoir le degré et la durée de la restriction à laquelle les veaux sont soumis. Un OFT a été appliqué aux animaux pendant 8 semaines, à raison d'une fois par semaine. Les animaux plus restreints ont eu une motivation plus grande pour marcher, trotter, et aller au petit galop. Ces comportements ont été de plus en plus fréquents chaque fois que le test était répété ; la nouveauté n'aurait donc pas été leur motivation. De plus, la fréquence de ces comportements a diminue après le sevrage (sixième semaine).

Dellmeier et al. (1990) affirment donc que l'exercice occasionnel peut réduire la motivation de motilité des veaux. De plus, ils soutiennent que leurs résultats appuient la théorie de l'existence d'une source endogène de motivation pour la motilité. Cette motivation serait régulée, au moins jusqu'à un certain degré, par un mécanisme de rétroaction négative déclenché par la motilité elle-même, en accord avec les observations de Lorenz (1950).

Une

activité ludique, selon ces auteurs, peut avoir une fonction biologique de régulateur de la motivation pour des componements qui ont une origine endogène, comme c'est le cas de la motiiité.

De Passillé et al. (1995) ont fait une expérience dans laquelle ils ont testé trois facteurs pouvant affecter les résultats de

I'OFT

chez les veaux ; l'un d'entre eux était l'incidence d'une période d'exercice antérieure au test. Ils n'ont pas trouvé d'effet spécifique d'une session d'exercice avant

I'OFT,

sur les comportements observés ou sur la fréquence cardiaque des animaux.

Dans

leur article, ces auteurs signalent que les conclusions auxquelles Dellmeier et al. (1990) sont arrivés sont douteuses. Premièrement, l'explication de Dellmeier et al. (1990) est appuyée sur le modèle psycho-hydraulique de la motivation de Lorenz (1 9 50). lequel a été sérieusement questionné par les éthologues. Deuxièmement, d'autres travaux ont démontré

que la motivation pour la motilité pouvait être plutôt liée à la crainte, en partie à cause de la nouveauté. Dellmeier et al. (1990) ont négligé le facteur de nouveauté car l'activité avait augmenté lorsque les animaux avaient été soumis à des répétitions de I'OFT. mais de Passillé et ai. (1995) affirment qu'il existe un effet de nouveauté, masqué par le facteur âge. En ce sens, ces derniers auteurs font appel au travail de Boivin et al. (1992) qui ont montré que les animaux de 23 mois d'âge font preuve de plus de motilité que les animaux âgés de 10 mois.

Ce dernier argument sur l'existence d'un facteur de nouveauté masqué par le facteur âge, est également très peu convaincant car les différences d'âge entre les répétitions des

OFT

faites par Dellmeier et al. (1990) étaient à peine d'une à cinq semaines et non de 13 mois. De plus, les animaux utilisés par Dellmeier et al. (1990) étaient bloqués par jour de naissance pour chaque traitement, ce qui montre que l'influence de l'âge était contrdée.

1.4.5.3 Vocalisations

Selon Fraser (1980), les vocalisations chez les animaux sont l'un des moyens de communication les plus utilises dans les cas de réactivité par rapport à l'environnement social.

Les animaux émettent des sons spécifiques selon leur sexe, leur âge et des circonstances particulières. Par exemple, la faim, l'alarme et la menace provoquent des vocalisations chez presque tous les animaux, de n'impone quel âge, mais sunout chez les jeunes. Durant la saison reproductive. il existe des changements dans les vocalisations chez les animaux sexuellement actifs.

Lorsque la réactivité augmente, par exemple lorsque l'animal est très motivé, le volume, la quantité, et la complexité des vocalisations ont tendance a être accrus. C'est le cas des animaux soumis à I'OFT car l'isolement et la nouveauté augmentent alors leur réactivité (Munksgaard et Jensen, 1996).

Kilgour (1975) a trouvé que le nombre de vocalisations a diminué presque de moitié à la troisième joumée de test (47%) par rapport à la première joumée. Les vocalisations ont été significativement corrélees aux déplacements des vaches (mesurés par le nombre de carrés

traversés) durant les 3 jours du test

(?

= 0,35, = 0,42 et

?

= 0,37 pour les jours 1, 2, et 3, respectivement). Par contre, Kovalcikova et Kovalcik ( 1982) n'ont pas trouvé de relation entre le nombre de vocalisations et l'activité motrice des vaches soumises au

OFT.

Boivin et al. (1992) ont étudié la réactivité des animaux selon le degré de manipulation auquel ils ont été soumis. Un groupe était constitué de bovins élevés en pâturage, l'autre de bovins élevés en stabulation et noums à la main pendant la lactation. Ils ont mesuré la facilité de manipulation ( h d i n g ) durant des tests de restriction par un travailleur, et leur comportements dans un

OFT.

Les animaux ont vocalisé plus durant I'OFT lorsqu'ils avaient été davantage habitués à la manipulation par l'homme.

Dellmeier et al. (1990) ont comparé les réactions des veaux aux différents systèmes de logement, ces derniers étant classifiés selon le degré de restriction auquel ils soumettaient les animaux. Ils ont classé les vocalisations émises par les veaux en deux catégories : les vocalisations normales (rnws), et les vocalisations ludiques (baaocks). Les auteurs affirment que les veaux logés dans les systèmes de logement plus restrictifs ont fait plus de vocalisations ludiques. montrant une motivation plus forte pour le jeu à cause du phénomène d'éthostasis.

Les veaux ont fait plus de vocalisations normales lorsqu'ils ont été logés sous le système le moins restrictif. Les auteurs ont supposé que ces veaux ont vocalisé pour appeler leurs compagnons de troupeau.

Ce dernier exemple, montre l'importance de faire la distinction entre les différents types de vocalisations. Les vocalisations n'ont été que très peu étudiées chez les animaux de ferme.

1.4.5.4 Exploration

On a mentionné que Fraser (1980) considère la curiosité et la peur comme des motivations antagonistes. Pourtant, Kilgour (1975) affirme que l'animal peut présenter deux réponses à I'OFT qui peuvent être associées à la peur et à la motivation à explorer : 1) l'animal peut être très actif et explorer jusqu'à ce que sa peur diminue ; ou 2) l'animal peureux peut explorer très peu et rester figé jusqu'à ce que sa peur diminue.

Ces deux réponses sont illustrées dans le travail effectué par Boissy et Le Neindre (1990). Ils ont utilisé une arène où l'on pouvait placer deux animaux comme des spectateurs dans une structure adjointe. La présence de compagnons est un facteur très important pour la réduction de la réactivité émotionnelle chez les animaux grégaires, comme c'est le cas des bovins. Dans cette arène, ces auteurs ont placé un dispositif qui comprenait un sceau posé sur un support pneumatique. Ce dispositif faisait monter le sceau pour que les animaux puissent accéder a son contenu (nourriture). Le placement d'un objet nouveau dans l'arène est l'une des pratiques les plus fréquentes lors d'un

OFT

pour exacerber la nouveauté de l'environnement. Les vaches qui ont été soumises aux tests sans spectateur ont montré une plus grande motilité. ont senti d'avantage leurs alentours. et ont passé moins de temps immobiles que les animaux testés devant des spectateurs. Ces mêmes vaches ont passé moins de temps près du dispositif et elles ont montré des latences plus longues à sentir le dispositif ainsi qu'a manger lorsque le dispositif était activé. Les animaux peuvent donc présenter les deux stratégies énoncées par Kilgour (1975). L'animal peureux est très actif et montre une grande activité exploratoire, mais en présence du dispositif il est plus méfiant pour s'y approcher et pour y toucher.

Néanmoins, l'affirmation de Fraser (1980) a pu aussi être confirmée lorsque Boissy et Le Neindre (1990) ont manipulé le dispositif En entendant le bruit du support pneumatique, les animaux ont perdu toute intention exploratoire et ont fui. Autrement dit, l'animal, malgré son sentiment de peur, peut montrer des comportements exploratoires si cette motivation est plus forte que son envie de fuir. Lorsque le stimulus effrayant est très fort, la motivation exploratoire est substituée par celle de fuite.

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