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Parmi les études recensées traitant de l’abandon, 13 études sur 53 (24,5%) ont évalué l’association entre l’abandon du traitement psychologique et des variables propres au participant ou au traitement.

Les variables se regroupent en quatre catégories : (1) les variables sociodémographiques, (2) les variables liées au jeu, (3) les autres problèmes ou caractéristiques psychologiques et (4) les variables propres au traitement. De plus, les auteurs ont évalué les associations à des moments différents de leurs études (prétraitement, traitement et post-traitement). Comme cette étude s’intéresse à l’abandon durant le traitement, les résultats quant à l’abandon aux autres catégories temporelles ne sont pas présentés. Pour les études qui n’indiquent pas clairement à quel moment l’abandon a eu lieu, la catégorie « moment de l’abandon non spécifié » a été créée. Les Tableaux 4 et 5 présentent le nombre d’études ayant évalué l’association de l’abandon avec chacune des variables, la présence d’une association significative ou non, et, s’il y a lieu, la direction de l’association.

Les variables associées à l’abandon durant le traitement.

Huit études (5, 8, 32, 33, 43, 44, 45, 48) ont évalué l’association entre l’abandon et des variables sociodémographiques, les variables liées au jeu, aux caractéristiques psychologiques et au traitement. Parmi les variables sociodémographiques, une association négative significative est rapportée entre l’âge et les personnes qui ne se sont pas présentées à leur séance de traitement planifiée, et ce, chez un échantillon de 97 personnes présentant des problèmes de jeu (1). L’abandon survient significativement davantage chez les individus plus jeunes, dont l’âge moyen est de 36,1 ans (ÉT = 7,5), comparativement aux individus plus âgés, dont l’âge moyen est de 44,8 ans (ÉT = 10,6). Cinq autres études ayant évalué le potentiel de prédiction de l’âge sur l’abandon durant le traitement n’ont pas trouvé d’association significative (5, 33, 43, 45, 48). Les résultats d’une étude démontrent que le statut divorcé ou séparé est significativement associé à l’abandon, mais pas le statut de célibataire (45). D’autres études ne démontrent aucun lien significatif entre le statut matrimonial et l’abandon durant le traitement (5, 32, 44, 45). Quant aux autres variables sociodémographiques, soit le genre (5, 32, 43,44, 48), l’ethnie (5, 48), le niveau de scolarité (5, 8, 32, 44), le revenu (8, 44), l’occupation (5, 32, 44, 45), le type de logement (habiter seul, en colocation, avec des enfants, etc.; 44, 45) ainsi que le soutien social

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(45), aucune étude n’a observé une association entre l’une de ces variables et l’abandon durant le traitement.

L’association de variables se rapportant aux JHA avec l’abandon est évaluée dans huit études (5, 8, 31, 33, 43, 44 45, 48). Une étude a évalué l’influence de l’âge d’initiation au JHA sur l’abandon durant le traitement. Les variables suivantes semblent positivement associées à l’abandon du traitement : plus le jeu survient tôt dans la vie, plus un joueur risque de cesser le traitement prématurément (48). De plus, plus les comportements de jeu problématiques apparaissent tôt dans la vie, plus une personne tendra à mettre fin prématurément au traitement (48). Dans le même sens, une étude démontre que la durée du problème de jeu est positivement associée au taux d’abandon (31). Plus précisément, leurs résultats indiquent qu’une personne aux prises avec des habitudes de jeu problématiques depuis au moins 10 ans ou plus est deux fois et demi plus à risque d’abandonner le traitement comparativement aux joueurs de moins longue date. Par ailleurs, les autres études ayant évalué l’association entre la durée du problème de jeu et l’abandon n’ont pas obtenu de résultats significatifs (33, 45). Quant à la gravité du problème de jeu, une étude démontre qu’un joueur ayant des habitudes de jeu problématiques plus importantes est plus à risque d’abandonner prématurément le traitement psychologique (8). Les autres études ayant évalué cette association avec d’autres mesures n’ont trouvé aucune relation significative (5, 8, 33, 43, 44, 48). D’autres variables liées au jeu ont fait l’objet d’analyse afin d’évaluer leur association avec le taux d’abandon. Or, les résultats démontrent qu’aucune des variables suivantes ne prédit l’abandon : le temps passé à jouer (5, 44), la fréquence de jeu (8), l’argent misé (5, 8, 43), le ratio gains et pertes, la limite d’argent, la consommation de substances pendant une séance de jeu (5), les problèmes causés par les problèmes de jeu, les éléments qui déclenchent le désir de jouer (43), le désir de jouer et le sentiment de pouvoir contrôler ou cesser le jeu (48).

Six études ont évalué la présence de caractéristiques psychologiques au prétraitement comme variables associées à l’abandon durant le traitement (5, 31, 32, 33, 44, 45). Un lien

significatif positif apparaît entre l’abandon et la propension obsessive compulsive. Les traits de personnalité des personnes ayant recours à un traitement psychologique ont fait l’objet d’analyse dans trois études (32-33-45). Une première étude démontre que, pris globalement, les traits de personnalité ne seraient pas associés significativement à un taux d’abandon plus élevé (32). Les deux autres études se sont intéressées à sept dimensions spécifiques de la personnalité. Une seule étude démontre que la recherche de sensations est significativement associée à l’abandon. Cette association se traduit par un plus grand taux d’abandon chez les individus qui présentent une plus grande recherche de sensations (33-45). Une étude rapporte un lien significatif positif entre la consommation problématique de substances en comorbidité à un problème de jeu avec l’abandon d’un traitement psychologique (31). D’autres caractéristiques psychologiques ont fait l’objet d’analyses afin de vérifier leur association avec le taux d’abandon. Or, les résultats démontrent qu’aucune des variables suivantes n’est associée significativement à l’abandon : la dépression (5, 44), l’état et les traits anxieux (5, 31, 45) l’impulsivité (32) et la perception de la santé physique (44).

Parmi les variables propres au traitement, seulement la modalité du traitement a fait l’objet d’analyse dans deux études afin d’évaluer leur association avec le taux d’abandon (31, 33). Dans la première étude, les résultats démontrent que les participants ayant bénéficié d’interventions visant l’adhérence au traitement complètent significativement plus le traitement comparativement à la condition TCC seule ; les taux d’abandon dans cette condition étant respectivement 35% et 65% (31). Dans la seconde étude, les résultats démontrent que les participants composant le groupe TCC avec exposition et prévention de la réponse étaient plus à risque d’abandonner comparativement au groupe TCC, et ce, autant au début qu’à la fin du traitement (33). Les taux d’abandon à la condition TCC de groupe et à la condition TCC avec exposition et prévention de la réponse sont respectivement 29,7% et 53,4%.

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Les variables associées à l’abandon durant l’étude – moment non spécifié.

Quatre études ont exploré l’influence de l’âge sur l’abandon (12, 13, 49, 50). Une de ces études démontre que l’âge moyen des participants abandonnant le traitement (40,54 ans, ÉT = 11,96) est significativement plus élevé que celui des participants qui le complètent (33,43 ans, ÉT = 10,39; 12). Les trois autres études ayant exploré l’association entre l’âge et l’abandon n’observent pas de relation significative (13, 49, 50). Quant aux autres variables sociodémographiques, soit le genre (12, 13, 49, 50), le niveau de scolarité (49, 50), l’occupation (49, 50), et l’état matrimonial (49, 50), aucune d’entre elles n’est associée significativement à l’abandon durant l’étude de traitement.

L’association entre les variables liées au jeu et l’abandon à n’importe quel moment de l’étude a été également explorée. Aucune relation significative entre l’abandon durant l’étude ainsi que les variables suivantes n’a été trouvée: le temps passé à jouer, l'argent misé, la gravité du problème de jeu, la perception de la gravité du problème de jeu (12, 13, 49, 50), la fréquence des pensées liées au jeu, les problèmes causés par le jeu (12, 13), les modalités de jeu, le désir de jouer ainsi que les cognitions erronées liées au JHA (49, 50).

Deux études ont évalué la présence de symptômes ou traits anxieux et dépressifs comme variables associées à l’abandon durant l’étude (12, 13). Seule l’association entre les traits anxieux et l’abandon est significative, révélant que plus une personne a un niveau élevé de traits anxieux, plus elle est à risque d’abandonner la participation à l’étude (13). Cependant, cette même association n’est pas ressortie comme significative lorsque investiguée par la même équipe quatre ans plus tôt (12).

Deux variables propres au traitement ont été l’objet d’une analyse afin d'évaluer leur association avec l’abandon de la participation à une étude. Les résultats obtenus par deux équipes de chercheurs démontrent qu’il ne semble pas exister d’association entre la modalité de

traitement et l’abandon, et ce, autant entre deux conditions de traitement ou entre un traitement et la condition contrôle. Les conditions de traitement reposent sur (1) le contrôle du stimulus et l’exposition graduelle avec prévention de la rechute, (2) la prévention de la rechute en thérapie de groupe, (3) la prévention de la rechute en thérapie individuelle, (4) la restructuration cognitive en groupe et (5) le traitement combinant les conditions 1 et 4 (12, 13).

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Discussion

Dans le présent mémoire, la recension des études évaluant l’efficacité de traitement du jeu a pour objectif d’actualiser le portrait de l’abandon durant le traitement psychologique chez les personnes aux prises avec un problème de jeu de hasard. À cet égard, ce mémoire recense les taux d’abandon, les variables associées à l’abandon ainsi que les motifs d’abandon rapportés par les usagers ou les intervenants. Les stratégies de rétention employées par les études ayant obtenu les plus faibles taux d’abandon sont également mises en évidence. Par l’évaluation du risque de biais lié à l’abandon, cette recension met en lumière les différents défis méthodologiques à l’étude de l’abandon du traitement concernant le nombre d’études rapportant un taux d’abandon, les définitions de l’abandon, le moment de l’abandon ainsi que la méthode d’analyse des données manquantes.

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