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Validité externe du construit de narcissisme pathologique tel que mesuré par le PNI :

4.3. Pathological Narcissism Inventory (PNI)

4.3.2. Validité externe du construit de narcissisme pathologique tel que mesuré par le PNI :

La validité de construit réfère à la capacité d‟un instrument de mesure, dans le présent cas présent la capacité du PNI, à identifier de manière certaine le construit mesuré, c.-à-d. le narcissisme pathologique sous ses deux formes soit la vulnérabilité et la grandiosité. Elle n‟est pas une méthode unique, mais bien un ensemble de méthodes visant à établir jusqu'à quel point le test fournit une mesure adéquate du construit théorique qu'on prétend qu'il mesure et s‟établit d'abord en montrant la correspondance entre la théorie et certains faits qu'elle devrait prédire. Plusieurs types de validation peuvent être entrepris avant de prétendre à une validité externe pour un instrument de mesure. Celles choisies dans le présent mémoire sont la validité convergente, divergente et nomologique.

Les validités convergente et divergente impliquent de comparer les construits que l‟instrument vise à mesurer avec des mesures reconnues comme liées positivement

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(convergente), négativement ou non liées (divergente) avec ces construits. Plus précisément, des calculs corrélationnels permettront de démontrer la présence de corrélations entre le PNI et d'autres tests (ou sous-échelles) qui sont supposés mesurer le même construit ou des construits théoriquement liés (convergente) et montrer l'absence de corrélations entre le PNI et d'autres tests (ou sous-échelles) qui sont supposés mesurer des construits théoriquement indépendants (validité divergente). Il n‟est donc pas surprenant que l‟on se soit penché sur les associations entre le PNI et d‟autres mesures du narcissisme. Lorsque l‟on s‟intéresse aux associations entre le PNI et le NPI, mesure du narcissisme la plus utilisée en recherche présentement afin de mesurer le narcissisme, des corrélations allant de faibles à modérées(r totales allant de .13 à .22) sont rapportées par divers auteurs (Pincus et al., 2009; Maxwell et al., 2011). Ces résultats viennent appuyer l‟hypothèse selon laquelle ces deux mesures sont significativement différentes dans les construits qu‟elles mesurent. En effet, lorsque comparées à l‟aide d‟une méthode statistique appelée structural summary method for circumplex data à l‟Inventory of Interpersonal Problems (IPP-C; Alden, Wiggins & Pincus, 1990), mesure de dysfonction interpersonnelle, les différentes échelles du NPI se regroupent autour d‟une seule échelle de cet instrument : la domination (élévation de 75,98 o à 98,22 o). De leur côté, les échelles du PNI se voient dispersées autour des différents cadrans (c.-à-d. différents déficits interpersonnels) avec des élévations positives allant de .04 à .34. Plus spécifiquement, les différentes sous-échelles du PNI sont associées aux dysfonctions interpersonnelles de la façon suivante : les échelles de colère/supériorité de droit et de dévaluation se retrouvent dans le cadran vindicatif du IIP-C (116, 52 o et 154,05 o), l‟échelle d‟exploitation dans le cadran de domination (82,98 o), l‟échelle d‟estime de soi contingente dans le cadran exploitabilité (335, 41 o), l‟échelle d‟auto-valorisation par sacrifice de soi dans le cadran excessivement-aidant (359,44 o), l‟échelle de fantaisies grandioses dans le cadran intrusif (57,90 o) et l‟échelle de dissimulation de soi dans le cadran évitant (238,89 o). On peut conséquemment en conclure que le PNI est associé à une détresse interpersonnelle importante, alors que le NPI semble dans l‟ensemble davantage associé à un fonctionnement interpersonnel plus adaptatif, et donc à un narcissisme plus normal. Pincus et al. (2009) ont également mesuré le niveau

31 d‟association entre les différentes sous-échelles du NPI et PNI et différentes variables psychothérapeutiques (ex : idéations suicidaires et homicidaires, hospitalisations, prise de médication, etc.). Le score total et les différentes sous-échelles du NPI ne montrent pas de corrélations significatives avec ces différentes variables alors que le score global du PNI ainsi que ses différentes sous-échelles (à l‟exception de l‟échelle de dévaluation) démontrent des corrélations significatives avec ces variables (corrélations allant de. 33 à. 50). Plus spécifiquement, les échelles de grandiosité du PNI ne présentent qu‟une faible corrélation positive avec le NPI, alors que les échelles de vulnérabilité présentent que de très faibles corrélations. Le PNI corrèle néanmoins positivement avec une mesure d‟hypersensibilité narcissique (HSNS), corrélations généralement moyennes, alors que le NPI ne présente que de faibles corrélations (Hendin & Cheek, 1997; Pincus et al. 2009; Miller et al., 2012).Une différence majeure quant à l‟association du PNI et du NPI avec l‟estime de soi (explicite) est également remarquée. Alors que le PNI montre des associations négatives, le NPI montre quant à lui un patron d‟association positif avec l‟estime de soi (-.34 versus .26) (Maxwell et al., 2011).À noter que dans l‟étude de Maxwell et al. (2011), les résultats permettent de soulever une corrélation élevée entre la sous-échelle d‟exploitation d‟autrui du PNI et le score du NPI (r=.71).Le NPI et le PNI semblent donc mesurer des concepts relativement distincts à l‟exception des contenus liés à l‟exploitation d‟autrui et la colère/supériorité de droit selon cette étude.

La validité nomologique fait quant à elle référence à la mesure des associations entre le PNI et d‟autres mesures ayant démontré une validité empirique et une association préalable avec le narcissisme pathologique (positive ou négative), sans que ces mesures ne soient spécifiques au narcissisme pathologique (fait référence au concept de relation «théorique existante»). Après avoir comparé les patrons corrélationnels pour le NPI et le PNI avec des concepts bien établis dans la littérature comme liés au narcissisme pathologique, les auteurs du PNI (Pincus et al., 2009) ont conclu avec leur étude préliminaire que les résultats permettaient de croire en la validité de construit de cet instrument comme mesure du narcissisme pathologique. Le score global du PNI a démontré des corrélations négatives avec les construits d‟estime de soi (-.37) et d‟empathie (-.14), et

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positives avec la honte (.55), l‟agressivité (.36) et avec certains indicateurs de l‟organisation limite proposés par Kernberg (défenses primitives (.60), diffusion de l‟identité (.62), contact avec la réalité (.47)) (Pincus et al. 2009). Des patrons corrélationnels similaires ont été trouvés auprès d‟un échantillon clinique (population ambulatoire ayant un suivi psychologique dans une clinique), ce qui démontre une ouverture préliminaire à sa généralisation à différentes populations. Récemment, Thomas et ses collaborateurs (2012) ont tenu à mesurer l‟utilité clinique du PNI en évaluant à l‟aide de cliniciens expérimentés et non expérimentés quant au narcissisme pathologique à quel point ces derniers pouvaient prédire avec précision les mesures qui pourraient corréler avec les phénotypes de grandiosité et de vulnérabilité narcissique. Les mesures utilisées dans cette étude étant des mesures de traits normaux et pathologiques de la personnalité. La méthode statistique de Westen et Rosenthal (2003), le r contrast-cv, a été préconisée. Les résultats démontrent une valeur de r contrast-cv de .65 pour les deux groupes, valeur pour laquelle il est difficile d‟évaluer la force puisque peu de résultats sont présentement disponibles afin de déterminer les lignes maitresses d‟une bonne versus une mauvaise valeur de r-contrast. Après révision des différentes valeurs, les prédictions quant au phénotype de vulnérabilité semblent meilleures pour les traits normaux de la personnalité alors que les prédictions pour le phénotype de grandiosité narcissique semblent meilleures quant aux composantes des diverses psychopathologies et d‟enjeux cliniques. Ces résultats permettent d‟extrapoler que les cliniciens, qu‟ils soient expérimentés ou non, peuvent effectuer avec confiance des prédictions à l‟aide des deux facteurs du PNI (grandiosité et vulnérabilité) en regard à certains traits de la personnalité reconnus comme normaux et pathologiques.

L‟équipe de Thomas (2012) s‟est également penchée récemment sur la validité nomologique du PNI. Ils ont démontré que le phénotype de grandiosité semble davantage associé à de hauts niveaux de cognitions, d‟affects et de comportements maniaques ainsi qu‟à la personnalité antisociale alors que le phénotype de vulnérabilité narcissique montre de plus fortes associations avec les problèmes d‟internalisation (anxiété et dépression), l‟isolement social, un niveau faible d‟extraversion, des tendances à la recherche d‟approbation d‟autrui/à s‟appuyer sur les autres(dépendance), des idéations suicidaires, et

33 des comportements impulsifs et d‟automutilation. À noter que ces résultats permettent de mettre à jour un certain patron corrélationnel où le facteur de vulnérabilité narcissique semble significativement plus associé à des traits pathologiques de la personnalité tels que ceux mesurés par le Scedule for Non adaptive and Adaptive Personality-2 (SNAP-2) ainsi qu‟à différents indicateurs de psychopathologie que celui de grandiosité narcissique qui lui semble davantage associé à des indicateurs appelés de pathologie émotionnelle positive tels que la manie, l‟exhibitionnisme et la supériorité de droit. Des résultats similaires sont rapportés dans l‟étude de Miller et al. (2010) où le facteur de vulnérabilité narcissique montre des corrélations allant de r= .28 à - .48 quant à divers indicateurs de pathologies de la personnalité.

Des résultats d‟analyses statistiques basées sur des régressions ont permis de déceler sensiblement les mêmes types de patrons d‟association que dans les études présentées précédemment soit des associations importantes entre le phénotype de vulnérabilité narcissique et des composantes dépressives(β =.61), anxieuses(β =.53), la colère (β= .38)et la cyclothymie (β=.55), alors que le phénotype de grandiosité narcissique ne montre aucune association significative avec ces composantes si l‟ont contrôle pour l‟effet du phénotype de vulnérabilité narcissique (Tritt, Ryder, Ring, and Pincus (2010). Le phénotype de grandiosité narcissique montre une association positive avec l‟hyperthymie (i.e. tempérament énergique/adaptatif du tempérament) (β =.56) alors que la vulnérabilité montre une association inverse (β= −.35). Zeigler-Hill, Green, Arnau, Sisemore, et Meyers (2011) se sont quant à eux se sont intéressés aux liens entre les schémas non-adaptatifs et le PNI. Le facteur grandiosité semble être prédit parle sacrifice de soi (β =.18), la présence de difficultés d‟autorégulation (β =−.14) et de normes inflexibles/rigides (β =.12) et alors que le facteur de vulnérabilité narcissique semble pouvoir être davantage prédite par l‟abandon (β= .23), la subjugation (β=.19) et la dépendance (β =−.16). Les deux facteurs semblent avoir pour prédicteurs communs la méfiance à l‟égard d‟autrui (grandiosité, β=.31; vulnérabilité, β= .20) et la colère/supériorité de droit (grandiosité et vulnérabilité, β =.13),

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En définitive, par de tels résultats, le PNI se définit comme ayant un grand potentiel de mesure du narcissisme pathologique, et ce, malgré sa récente apparition et les limites potentielles qui sous-tendent son manque de validation. Également, le PNI semble davantage s‟accorder à la vision du narcissisme pathologique présente dans la littérature contemporaine et pourrait potentiellement permettre des indices de la gravité de la pathologie du narcissisme présente (Pincus et al., 2010). En effet, des études récentes tendent à démontrer qu‟une forme de hiérarchisation dans la structure factorielle du PNI puisse exister. Soulignons, notamment l‟étude d‟Aidan et ses collaborateurs (2010) où les conclusions suite à diverses analyses statistiques révèlent la présence de deux dimensions (grandiosité et vulnérabilité) qui semblent chapeauter les sept autres sous-facteurs que le PNI évalue.

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Adaptation française du

37 Résumé

Le Pathological Narcissistic Inventory (PNI) est une mesure développée récemment permettant de rendre compte de deux phénotypes importants dans le narcissisme considéré comme pathologique soit le phénotype de grandiosité narcissique ainsi que le phénotype de vulnérabilité narcissique. Dans cette étude, une adaptation francophone du PNI a été développée puis validée auprès de deux échantillons populationnels, soit normal (n = 236) ainsi que clinique (n = 27). Plus spécifiquement, cette étude s‟est intéressée à la validité de construit de cet instrument par le biais d‟analyses corrélationnelles de la validité convergente, divergente et nomologique. Les résultats ont permis de démontrer des associations congruentes à celles obtenues par l‟équipe de Pincus et ses collaborateurs (2009) quant à la version originale. Ainsi, l‟Échelle de narcissisme pathologique (ENP), version francophone du PNI, a démontré des associations positives avec deux autres mesures du narcissisme (le NPI et le HSNS). Des associations significatives avec diverses autres mesures normalement associées au narcissisme pathologique ont également été détectées (associations négatives avec l‟estime de soi, positives avec une mesure de machiavélisme ainsi que divers indices d‟organisation limite de la personnalité). Des différences significatives entre l‟échantillon normal et clinique ont pu être mesurées quant aux scores obtenus au ENP ce qui nous indique un potentiel de généralisation à plusieurs types de populations. Une utilisation indifférenciée semble également possible à travers les genres puisqu‟une invariance significative est retrouvée dans la présente étude.

38 Introduction

Le trouble de la personnalité narcissique s‟est vu à ce jour associé multiples conceptualisations et continue d‟être source de mésentente dans la communauté scientifique. En effet, le concept de narcissisme a subi plusieurs transformations traversant de l‟univers lyrique du mythe de Narcisse vers une conception plus intrapsychique composée de processus organisés et complexes (De la Barca, 1661; Ellis, 1898; Freud, 1910; Kohut, 1968). Kohut (1977), premier auteur de la littérature psychanalytique à établir l‟appellation « trouble de la personnalité narcissique » et Kernberg (2006), auteur de la théorie des relations d‟objet, s‟impliquent particulièrement dans la conceptualisation du narcissisme en tant que trouble psychologique. Pour Kohut, le développement d‟un narcissisme dit pathologique survient suite à un bris dans le développement normal narcissique d‟un enfant. La non-résolution de cette phase développementale ayant pour conséquence une perte traumatique de l‟image positive des figures d‟attachement, et conséquemment, de l‟image de soi. Les manifestations d‟un narcissisme pathologique peuvent alors prendre deux formes : la grandiosité, qui permet la répression d‟éléments négatifs et inacceptables perçus en soi et chez l‟autre, ainsi que la vulnérabilité, qui serait manifestée sous forme de sentiment chronique de vide, de faible estime de soi et de honte. Différemment de Kohut, pour qui l'étiologie du trouble se résume en une fixation à un stade développemental, Kernberg rapporte plutôt son origine à un investissement libidinal dans une structure de soi dite pathologique aussi appelée le soi grandiose. L‟individu vivant des difficultés narcissiques ferait l‟expérience alors d‟une rage associée à des limites perçues ou réelles quant à l‟expansion ou la diminution de soi. L‟individu présentant un trouble de la personnalité narcissique (TPN) se voit ainsi incapable de vivre ses représentations de soi avec stabilité sans passer d‟un état grandiose à un état de dévaluation du soi, ce qui rend la régulation de son estime de soi difficile. Il parle alors d‟oscillation dans les représentations internes de soi et des autres (alternance entre une image de soi vulnérable et grandiose). Le traitement du TPN est conséquemment centré sur l‟activation, puis l‟intégration du soi grandiose à l‟aide d‟une approche thérapeutique dite neutre, ou qui ne prend pas position quant aux diverses représentations et émotions présentes.

39 Ronningstam (2005), auteure s‟étant intéressée à rallier les différents points de vue cliniques quant au TPN, propose pour sa part une opérationnalisation du narcissisme à trois types en se basant sur leurs similarités et leurs différences quant aux déficits d‟estime de soi, la présence d‟affects négatifs et de difficultés interpersonnelles (le narcissique arrogant, le narcissique psychopathique et le narcissique timide). Les deux premières typologies manifesteraient une grandiosité apparente alors que la dernière aurait pour affect dominant la honte et des comportements d‟évitement social.

Narcissisme normal et pathologique

Le narcissisme normal peut être conceptualisé comme : « la capacité de maintenir une image de soi relativement positive à travers une variété de processus internes (par divers champs de régulation, par la régulation de soi ainsi que la régulation de ses affects), et comme étant à la base des besoins des individus de validation et d‟affirmation aussi bien que la motivation (qu‟elle soit ouvertement manifestée ou non), cherchant à travers les expériences avec l‟environnement social une forme d‟amélioration de soi» (Pincus & Lukowitsky, 2010, p.423). Le narcissisme pathologique est quant à lui présentement conceptualisé de façon catégorielle dans le champ de la psychiatrie. Selon le Manuel Diagnostique et Statistique des Troubles Mentaux-IV-TR (DSM IV-R: APA, 2000), trois grands domaines permettent d‟établir un diagnostic de trouble de la personnalité narcissique, à savoir : la présence de comportements ou de fantaisies de type grandioses, un besoin constant d‟admiration et un manque d‟empathie envers autrui. Néanmoins, on remarque dans cette typologie des critères essentiellement associés au phénotype de grandiosité narcissique, ce qui semble être en dissonance avec la recherche actuelle où une oscillation vers des aspects de vulnérabilité fait partie intégrante d‟un pan important du narcissisme pathologique (Cain et al., 2008; Pincus et al., 2009). En effet, un consensus se dessine dans la littérature à l‟effet que cet outil diagnostic ne serait pas suffisamment sensible au narcissisme pathologique, plus spécifiquement au phénotype de vulnérabilité narcissique, qu‟il y aurait confusion dans plusieurs de ses critères et que plusieurs chevauchements avec d‟autres troubles de l‟axe II peuvent être observés. On lui reproche également un manque de sensibilité et d‟opérationnalisation de certains concepts et bien

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d‟autres lacunes métrologiques (Maier, Minges, Lichtermann, & Heun, 1995;Mattia & Zimmerman, 2001;McGrath, 2005;Pincus & Lukowitsky, 2010).

Une grande variété de conceptualisations et de catégorisations autres que celles proposées par le DSM-IV-R ont pu être répertoriées dans les dernières décennies (Cain et al., 2008; Ronningstam, 2005; 2010, Pincus et al., 2009). Les chercheurs Cain et al. (2008) ont identifié, grâce à une analyse conceptuelle de la littérature disponible, plus de cinquante appellations différentes pour décrire les possibles sous-types liés à la pathologie du narcissisme. Ces auteurs ont néanmoins démontré qu‟il est possible de regrouper toutes ces catégories en deux grandes classes ou phénotypes, soit le narcissisme à phénotype grandiose et le narcissisme à phénotype vulnérable.

Selon la recension de la littérature effectuée par Pincus et Lukowitsky (2010), il est envisageable de classifier les mesures actuellement accessibles pour mesurer le narcissisme pathologique en deux grandes catégories : celles permettant de mesurer le TPN tel que conceptualisé par le DSM-IV-R (approche catégorielle) et celles s‟intéressant également au narcissisme pathologique, mais selon une vision plus dimensionnelle (Annexe B).Parmi les instruments de mesure dimensionnels les plus utilisés afin de mesurer le TPN, l‟on retrouve indéniablement loin devant le Narcissistic Personality Inventory (NPI; Raskin & Hall, 1979; Cain et al., 2008). Plusieurs critiques lui ont cependant été adressées au cours des dernières années. Soulignons notamment ses difficultés à tenir compte des deux phénotypes propres au narcissisme pathologique (plus spécifiquement le phénotype de vulnérabilité narcissique) ainsi que sa tendance à davantage mesurer des composantes adaptatives (ou normales) du narcissisme plutôt que le narcissisme pathologique en soi (Brown & Zeigler- Hill, 2004; Kubarych, Deary & Austin, 2004; Cain & al., 2008; Pincus et al., 2009).

C‟est donc dans un contexte où aucun instrument de mesure ne semble permettre de rendre compte des deux phénotypes du narcissisme pathologique adéquatement que l‟on comprend la nécessité de développer de nouveaux instruments de mesure capables de prendre en considération les nuances conceptuelles du narcissisme pathologique. Une approche plus dimensionnelle, telle que celle proposée dans le Pathological Narcissism

41 Inventory (PNI; Pincus et al., 2009), semble plus respectueuse de la complexité du narcissisme pathologique en tenant compte de ces deux phénotypes (Ronningstam, 2009). Le pathological Narcissistic Inventory (PNI)

Le pathological Narcissistic Inventory est un outil multifactoriel développé par Pincus et ses collaborateurs (2009) qui vise à mesurer deux phénotypes du narcissisme pathologique soit le phénotype de vulnérabilité ainsi que le phénotype de grandiosité. Cet outil est considéré présentement comme l‟unique instrument de mesure capable de couvrir adéquatement l'ensemble du spectre des manifestations narcissiques (Pincus et al., 2009). Le PNI comprend 52 items auto-rapportés sur une échelle de six points allant de « je ne suis vraiment pas comme cela » à « je suis vraiment comme cela ». Cette échelle est subdivisée en 7 facteurs énoncés comme suit : estime de soi contingente, exploitation d'autrui, auto- valorisation par sacrifice de soi, dissimulation de soi, grandiosité, dévalorisation et colère/supériorité de droit. Trois de ces facteurs font référence au phénotype grandiose de la pathologie (exploitation d‟autrui, auto-valorisation par sacrifice de soi et grandiosité), et quatre autres au phénotype vulnérable (dissimulation de soi, dévalorisation, estime de soi contingente et colère/supériorité de droit).

Les analyses factorielles du PNI

La fidélité peut être déterminée de deux façons distinctes soit par l‟analyse de la stabilité temporelle ainsi que par celle de la cohérence interne d‟un instrument (Kline, 2000). On considère qu‟une fidélité satisfaisante devrait atteindre au moins .80 et qu‟un indice de cohérence interne (alpha de Cronbach) devient significatif à partir de .70.

Des analyses exploratoires et factorielles confirmatoires menées par Pincus et al. (2009) ont permis d‟appuyer la validité de ses sept sous-échelles et de ses différents facteurs. Des coefficients alpha variant entre .78 et .93 ont été obtenus. Des études plus récentes ont permis d‟obtenir sensiblement les mêmes résultats (Wright et al., 2010; Tritt, Ryder, Ring & Pincus, 2010; Houlcroft, Bore & Munro, 2012) et d‟amener la possibilité d‟une structure factorielle hiérarchique en deux paliers quant à la composition du PNI (Aidan et al., 2013). Pour ce qui est de la consistance interne pour les différentes sous-

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échelles de grandiosité et de vulnérabilité du PNI, les résultats obtenus sont de .88 et .85 respectivement (Pincus et al., 2009; Zeigler-Hill, Clark, & Pickard, 2008).

Différences entre les sexes

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