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Tout d’abord, la principale force de notre étude est son originalité. Les études qualitatives s’intéressant au projet personnalisé en EHPAD sont actuellement rares dans la littérature.

Notre recherche a été menée de manière rigoureuse afin de répondre au mieux aux critères de validité. Pour recueillir des notions subjectives non mesurables telles que le vécu de la CL, l’approche qualitative était la plus adaptée. Les personnes interrogées ont pu exprimer leur ressenti au travers de leur expérience personnelle.

Concernant l’heure et le lieu des entretiens, ceux-ci étaient déterminés à l’avance, permettant une plus grande disponibilité de chaque participant. Les interruptions, notamment téléphoniques, ont été limitées au maximum. Cependant, certains entretiens, notamment ceux des IDE, ont parfois dû être interrompus puis repris, compte tenu des contraintes professionnelles.

Une des forces de ce travail est également le nombre important de personnes interrogées, trente- huit, permettant d’obtenir un travail riche en données. Ces dernières ont été très diversifiées et des thèmes inattendus ont été découverts au cours de l’analyse. Cette diversité a pu être obtenue grâce à l’hétérogénéité des quatre populations interrogées (médecins, IDE, résidents et accompagnants). Nous pouvons aussi noter que la saturation des données a été obtenue, sauf pour le groupe des médecins. Cette population pourrait sembler restreinte, mais elle était complète. La population des IDE était exclusivement composée de femmes, ce qui se justifie par la forte représentation féminine dans la profession (20). Le mode de recrutement des résidents et des accompagnants a permis d’explorer des échantillons en variation maximale sur

62 les critères de sexe, d’âge, de médecin référent, de nombre de CL réalisées, d’étage de lieu de vie et du statut cognitif du résident, de la présence ou non d’un accompagnant lors de la CL et de son lien avec le résident. Les résidents étaient aussi représentés majoritairement par des femmes, ce qui s’explique en partie par la démographie française qui compte plus de femmes que d’hommes en EHPAD (21). Ceci est confirmé par la répartition propre à l’EHPAD Chantemesse, qui comptait en mars 2020, 153 résidents avec 106 femmes et 47 hommes soit respectivement 69,3% et 30,7%. On retrouvait parmi les résidents interrogés, trois accompagnés et sept non accompagnés. Alors que selon le rapport annuel de 2019 de l’IDE dédiée à la CL, le nombre de résidents participant à la CL était de 153 avec 58% de présence d’un accompagnant (22).

S’agissant d’une étude qualitative, les échantillons n’ont pas pour but d’être représentatifs de la population générale : le biais de sélection est ainsi inévitable pour ce type d’étude. En effet, ils doivent avant tout être diversifiés. L’objectif est d’obtenir des témoignages issus de personnes très variées qui pourraient avoir des opinions opposées.

Le manque d’expérience des chercheurs a pu représenter une limite. Cette dernière a été atténuée par l’existence d’un guide d’entretien utilisé, pour chaque participant interrogé, par les chercheurs qui s’efforçaient de reformuler les réponses pour éviter un biais d’interprétation. Ce biais a également été limité par le double codage des verbatims réalisé par les deux chercheurs. Les résultats obtenus ont été concordants lors de la triangulation des données, ce qui a renforcé la validité interne de l’étude.

Une des forces de notre étude est aussi le travail de recherche complémentaire, réalisé par Smărăndiţa Popa, permettant l’utilisation de la triangulation méthodologique entre les deux thèses.

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1.2. Faiblesses

Nous pouvons citer les possibles réserves liées à l’enregistrement audio (pudeur, confidentialité...). Il est également vrai que les données sont déclaratives. La qualité de l'interview dépend des qualités de communication des enquêteurs.

De la même manière, chaque participant avait des capacités différentes à exprimer ses opinions. La personnalité et la qualité relationnelle de l’entretien sont à l’origine de ces limites. Le développement de mécanismes de défense, ainsi que la timidité et la gêne de certains participants lors des entretiens, ont probablement fait obstacle au recueil de certaines données.

Les chercheurs étant eux-mêmes médecins, peut-être la peur du jugement a poussé certains participants à ne pas se livrer complètement, ce qui représente un biais d’investigation. Il pouvait aussi exister un biais de désirabilité sociale puisque les chercheurs se présentaient comme internes en médecine générale, avec une volonté de plaire à l’enquêteur.

De plus, nous avons fait le choix d’utiliser un questionnaire commun, peut-être moins accessible à certains. Avant de commencer l’entrevue, le chercheur rappelait le sujet de l’étude et insistait sur le fait que celle-ci visait à recueillir leur ressenti. Il gardait une attitude bienveillante et empathique tout au long des entrevues et assurait l’anonymat des participants. Malgré cela, les réponses des interrogés peuvent avoir été influencées par un manque de compréhension des questions, principalement de la part des résidents.

La majorité des entretiens a eu lieu juste après la période de confinement, ce qui a engendré un biais de mémoire auprès des accompagnants et plus particulièrement auprès des résidents. La dernière CL décrite était plus ou moins éloignée selon les participants, qui gardaient en tête les conditions sanitaires strictes qui ont été mises en place durant cette période (absence de visite, isolement en chambre). Pour limiter ces phénomènes, le chercheur reformulait certaines

64 questions et réponses. Le port du masque et la distanciation sociale lors des entretiens ont été une barrière à la communication, entraînant une perdition de données.

Le retour de retranscription auprès des participants n’a pas eu lieu, car entravé par le contexte sanitaire. Une synthèse leur sera faite ultérieurement.

Le même sujet pourrait être étudié avec une autre technique de recueil des données. Nous avons fait le choix dans notre travail de réaliser des entretiens semi-dirigés individuels. Il aurait pu être intéressant de voir quels auraient été les résultats obtenus lors d’entretiens collectifs (« focus groups »). La dynamique de groupe aurait pu permettre aux participants de s’exprimer sur des thèmes qu’ils n’auraient pas abordés en entretien individuel. Les interactions entre les participants auraient pu également faire émerger des opinions et des expériences. Néanmoins, les entretiens en groupe peuvent influencer les réponses de chacun par peur du jugement de l’autre, notamment en cas de présence de participants soignants et non soignants dans un même focus group. C’est donc pour que chaque participant puisse exprimer librement sa propre opinion que notre choix s’est porté sur l’utilisation d’entretiens individuels.

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