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Des avalanches de m ots r o u le n t d ’u n b o u t à l’a u tre d ’une table fum ante, celle de l’Association valaisanne des entrepreneurs. A cette table vient de s’asseoir u n président très digne, à la belle voix de basse, à la chevelure couleur d’écume : M. Charles Meyer, ingénieur. N o u s n ’avons plus q u ’à l’écouter :

Dans l’économie valaisanne ? Le sec­ te u r de la constru c tio n interv ien t p o u r u n 20 °/o environ. P renez le to u ­ risme : on ne saurait l’im aginer sans u n développem ent intense du réseau routier, sans une co n stru c tio n très poussée telle q u ’on peu t la voir à

Verbier, Crans, N endaz, où l’on

co n s tru it chaque année p o u r des

centaines de millions.

Les grandes réalisations ? Si l ’on

r e m o n te à 1950, c’est l’ère des

grands barrages qui ce rtainem e nt o n t révolutionné le Valais. N o m b r e de nos villages de m o n tag n e o n t p rofité de ces réalisations hydro-électriques p o u r se développer et m a inte nir une p o p u la tio n en place. Grande-Dixence, Mauvoisin, La Gougra, La Lienne. Et dix ans plus ta rd, M a ttm a rk , puis les ouvrages d ’Aletsch et de Binn. Enfin, le dernier im p o rta n t en date: Emosson.

Si ce sera v r a im e n t le dernier ? C ’est difficile à dire. F ranchem ent, on p e u t encore im aginer d’autres o u ­ vrages du genre chez nous. Je songe au fabuleux am énagem ent Aletsch- Gletsch, qui serait une réalisation en tous points spectaculaire et qui v e r­ rait la réu n io n des eaux du prem ier glacier dans le bassin d’accum ulation de Gletsch ; u n im mense barrage qui s’érigerait sur la partie horizontale, à l’end ro it où le chem in de fer a tte in t le vallon. N os C ham bres et le Conseil des E tats se sont m ontré s très fa v o ­ rables à ce projet. Vous voyez donc q u ’on n ’a pas épuisé toutes nos res­ sources en houille blanche et celle-ci garde to u t son in té rê t en dépit du développem ent de l’énergie atom ique

et calorifique. Le Valais a cette

chance d ’avoir l’énergie la plus p ré ­ cieuse : l’énergie de pointe.

Le dom aine ro u tie r ? O h ! c’est

précisém ent l’u n des plus négligés, l’u n des plus mal traités. D e tous les cantons suisses, c’est le n ôtre, hélas ! qui est le plus en re ta rd sur le plan des routes nationales. O n a focalisé tous les m oyens sur la seule ro u te nationale actuellem ent en chantier en Valais : celle du Simplon. O n y tr a ­ vaille depuis quinze ans et on ne verra

pro b ab le m e n t pas son achèvem ent

com plet av a n t d ix ans.

Les plus beaux souvenirs de m a carrière ? Les ouvrages hydro-élec­ triques, sans doute. J ’ai effectué moi- m ême plus de cinquante kilomètres de galeries dans tous les coins du canton. P én étre r au cœ u r de ces m ontagnes, c’est u n voyage dans l’in ­ connu qui laisse des souvenirs im pé­ rissables. Il fau t l’avoir fait, p o u r le com pre ndre , ce travail de taupe. Il

M . C h a r l e s M e y e r

fau t l’avoir goûtée cette passion

q u ’inspire u n f r o n t d ’attaque, une paroi criblée de mèches, le suspense d ’une explosion...

Ce que je referais si j ’étais to u t- puissant ?... H m m ! la c o o rdina tion de ces tra v a u x hydro-électriques dans lesquels on a fait des m onstruosités innom mables. Pensez seulement à ces

deux géants : G rande-D ixence et

Mauvoisin. O n a l’impression q u ’il y a u n m onde e n tre eux, mais en fait ils se to u c h e n t presque et leurs lacs ne sont distants que de cinq kilo­ mètres. U ne meilleure entente entre les sociétés, une meilleure planifica­ tion de nos autorités fédérales aurait sans do u te évité b o n n o m b r e d ’erreurs de ce genre, erreurs qui se chiffrent p a r des quantités invraisemblables de millions.

Si le Valaisan est v r a im e n t bâtis­ seur ? Oui. Il l’a toujours été. Déjà la n atu re de son terrain, de son sol, l’y pousse. Pensez à ce q u ’il a fallu faire dès le M oyen Age p o u r am ener l’eau du fo n d des vallées dans les régions cultivables ! D e grands nom s ? L ’in­ génieur V enetz, p a r exemple, qui a réussi ce gigantesque travail dé l’en- diguem ent du R h ô n e , de fertilisation de la plaine.

U n e œ u v re que j’aurais aimé réa­ liser ? Le p o n t de G u euroz peut-être. C ’est u n ouvrage qui s’est c o nstruit il y a en viron q u a ra n te ans et qui

reste, sur le plan artistique, une œ u v re impérissable. M ême s’il est

dépassé au jo u rd ’hui p a r le déve­

lopp e m en t automobile.

La m a in -d ’œ u v re étrangère ? C ’est n o tr e épine dans le pied. N ous t r a ­ vaillons, dans le dom aine de la cons­ tru ctio n , presque exclusivement avec des étrangers. Leur s ta tu t est ac­ tuellem ent très contesté par l’Italie et cela risque de nous valoir de fâcheuses surprises. Le n o r d de la péninsule est en plein développem ent ; il y faut é n o rm é m e n t de m a in -d ’œ u v re et déjà des officines sont en activité à la gare de Milan, qui a rrê te n t to u t ce qui

vient du sud des A ppenins en

o ffr a n t des conditions de travail

meilleures q u ’en Suisse. Chez nous, la p r o p o rtio n est en gros de deux Ita­ liens p o u r un Espagnol. Mais déjà, l’on est forcé d ’augm enter l’effectif espagnol et certaines entreprises o n t te n té d e s’approvisionner en Y o u ­ goslavie et au Portugal.

Malgré cela, le Valais est u n des cantons où l ’on effectue le plus grand n o m b r e d ’heures de travail.

Dans le f u tu r ? Les matières plas­ tiques ! Vous verrez que d ’ici dix ans, la technique de constru c tio n aura c om plètem e nt évolué. O n les utilise a u jo u rd ’hui déjà p o u r les canalisa­

tions, les conduites, les descentes

d ’eau, les amenées d ’électricité. Il est vraisemblable ,que b ie n tô t tous les objets n o n -p o rta n ts, cloisons, portes, encadrem ents de fenêtres, parois, se­ r o n t réalisés en m atériau synthétique. Des souhaits p o u r l’an 2000 ? P o u ­ v o ir fêter le vingt-cinquièm e an niver­ saire de l’o u v ertu re du Raw yl, par exemple. Je vois des autorités clair­ voyantes, plus énergiques surtout, à

tous les niveaux. U n can to n au

développem ent véritablem ent specta­ culaire. U n Valais qui aille au-delà du prospectus publicitaire, u n au th e n ­ tique paradis du tourism e à l’économie

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