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Chapitre I : L'histoire de l'enquête

3. Valévol

Hormis mes tentatives de réaliser un entretien avec Stéphanie, qui sont restées sans succès, je n'ai repris le travail de terrain qu'en février 2013. Mes premières recherches plus globales m'avaient informé que plus de la moitié des ouvriers et ouvrières du nettoyage appartenaient à de très grandes entreprises – selon les chiffres de la Fédération des entreprises de propreté et services associés (Fepsa), 52 % des salariés de la branche travaillent pour les 0,9 % d'entreprises de plus de 500 salariés64. Je souhaitais par conséquent réaliser au moins une enquête de terrain

dans une entreprise de ce type. Après quelques tentatives de candidatures spontanées au hasard des informations que je trouvais sur ces entreprises – sans succès –, j'ai changé de stratégie à la fin du mois de mars. L'une de ces entreprises, que j'appellerai ici Valévol, disposait de plusieurs agences en région parisienne. Employant 70 000 salariés, dont 40 000 dans le seul secteur du nettoyage d'après son site internet, Valévol était l'un de ces groupes multi-services que je voulais

63 Carnet de terrain, crèche des Bambins heureux, vendredi 14 septembre 2012

approcher, et présentait cet intérêt d'avoir pignon sur rue dans plusieurs endroits proches de Paris. J'ai donc profité du fait que je disposais d'une voiture pour faire le tour de ces agences, mon CV en poche. Plutôt que de continuer à éparpiller les candidatures, j'ai fait le choix de « cibler » Valévol, en insistant auprès des agences. Chaque semaine, je me rendais dans chaque antenne de Valévol que j'avais pu identifier. La première semaine a été peu fructueuse. Selon les agences, soit on me congédiait sans même accepter mon CV, soit je trouvais porte close, soit, dans les meilleurs cas, on prenait mon CV en me précisant qu'il n'y avait pas de travail pour l'instant. La seconde semaine s'est trouvée plus encourageante. Je me suis concentré sur les trois agences ayant accepté mon CV. Dans la première, le jeune homme de l'accueil m'a reconnu, et a même appelé une collègue d'une autre agence :

Là j'ai un intérimaire qui postule chez nous pour être agent de service, c'est quelqu'un de sérieux, il est là toutes les semaines.65

Ma persévérance n'était donc pas inutile. Je n'ai rien obtenu de cet appel – fort heureusement d'ailleurs, car les missions de cette autre agence n'étaient pas dans le secteur de la propreté –, mais le début de relation qu'il instaurait entre l'agence Valévol et moi m'encourageait. Dans la seconde agence, on s'est d'abord étonné de mon passage, puisque j'avais déjà déposé mon CV la semaine précédente. Mais une des femmes me recevant s'est aussi exclamée : « hé ben, il est motivé celui-là ! », avant de m'indiquer le bureau d'un responsable. Là encore, l'acharnement sembla commencer à payer, et si je suis ressorti sans emploi, j'avais pu néanmoins avoir un court entretien avec le responsable, qui m'avait transmis sa carte. En plus d'une adresse, je disposais alors d'un nom à donner pour ouvrir les portes. Dans la troisième agence, les choses ont été moins encourageantes, puisqu'on s'est contenté de reprendre mon CV.

Lorsque j'ai repris le chemin des agences Valévol une semaine plus tard, les choses étaient sur le point de se débloquer. J'ai revu les mêmes personnes que les autres fois – je passais toujours le lundi, espérant justement tomber sur des responsables qui me reconnaîtraient. Dans la première agence, l'échange a été bref. Mais le jeune homme de l'accueil me glissa, alors que je partais, qu'il allait contacter directement certains chefs d'équipe. Dans la seconde, j'ai brandi le nom que l'on m'avait donné. Cela ne m'apporta rien, mais la femme qui m'accueillit me dit :

Ça tombe bien que vous soyez venu, parce que j'ai parlé de vous à quelqu'un d'autre.66

Quelques minutes après, un homme dynamique et bien habillé m'a reçu :

65 Carnet de terrain, recherche d'emploi, lundi 8 avril 2013 66 Carnet de terrain, recherche d'emploi, lundi 15 avril 2013

Je suis désolé, je vous reçois comme ça. J'ai pas beaucoup de temps, beaucoup de travail.67

Après m'avoir félicité d'être venu plusieurs fois, en précisant que « d'habitude on recrute par connaissance », l'homme m'a posé quelque questions sur mes compétences. J'ai insisté sur mes deux expériences, en précisant que je ne savais pas vraiment me servir des machines. L'homme évoqua alors un poste à temps partiel, sans machine, qui pourrait s'ouvrir prochainement. Le chantier était éloigné de mon domicile, mais j'ai néanmoins accepté sur le principe, et suis reparti avec la promesse qu'on me rappellerait dans la semaine. Devant mes remerciements, l'homme m'a repris :

Non non, c'est normal, c'est très bien. En plus voilà, vous parlez le français, vous écrivez le français… pas de problème, je vous appelle sans faute.68

La dernière agence n'a toujours rien donné. Deux jours plus tard, j'ai reçu un appel téléphonique d'un certain Mr Grandon. Après quelques difficultés, j'ai compris qu'il avait eu mon contact par le jeune homme de la première agence, et qu'il souhaitait me proposer un poste dans l'hôpital situé à deux pas de mon domicile. Sautant sur l'occasion, j'ai accepté un rendez-vous pour le lendemain à 9 heures 30.

À 9 heures 25 le lendemain, j'arrive donc à l'hôpital, à l'endroit indiqué : bâtiment Bordet, porte 1. L'entrée se fait par une route qui passe sous le bâtiment, où stationnent des ambulances, et des cars de police. Le bâtiment d'en face accueille la faculté de médecine, et des hommes et femmes plus ou moins jeunes en blouse blanche passent de l'un à l'autre. Une malade est dehors avec sa perfusion et fume une cigarette. J'entre dans l'hôpital. À ma droite, un accueil avec deux femmes assises derrière une vitre. J'explique à l'une d'entre elles que j'ai rendez vous avec la société de propreté pour un entretien d'embauche, et lui demande d'appeler le poste 22-215, comme on me l'a expliqué au téléphone. Elle appelle, et explique « qu'un monsieur est là pour un entretien ». Elle raccroche et me dit qu'il arrive. Je reste à quelques mètres.

À ma gauche, une cafétéria (7,50 euros le plat). Derrière moi la porte, par laquelle les allées et venues sont fréquentes (malades, médecins, brancardiers...). En face, un escalier accompagné d'un escalator, au milieu d'un hall de bureaux. Et puis des portes qui indiquent des services de l'hôpital. Plusieurs fois, je vois passer des agents de l'administration pénitentiaire, gilets pare balle sur le torse, menottes à la ceintures, mais je ne vois pas d'armes. Après un moment, un homme arrive. Grand, crâne rasé ou peut-être chauve, métis sans doute. Il porte une

67 Carnet de terrain, recherche d'emploi, lundi 15 avril 2013 68 Carnet de terrain, recherche d'emploi, lundi 15 avril 2013

blouse blanche, et après un instant, j'estime que ce n'est sans doute pas l'homme avec qui j'ai rendez-vous, d'autant qu'il ne s'intéresse pas à moi. Mais il reste dans les parages. Et au bout d'environ cinq minutes, je l'entends dire distinctement à une femme « bon, il faut que j'y aille là, le monsieur attend ». Je comprends qu'il s'agit de moi. La conversation continue, il parle avec deux femmes à l'accent portugais, dont l'une porte une blouse blanche marquée « Valévol santé ». Les deux sont très petites, brunes, et plutôt bien en chair. Au bout d'un moment, l'homme se retourne et me tend la main :

Florian Grandon, me dit-il, en même temps que son badge que j'aperçois à sa poitrine, excusez moi, vous patientez une minute ?

Moi : Oui oui, bien sûr, pas de problème.69

Là dessus il reprend sa conversation, dont je ne saisis pas grand chose. Au bout de quelques minutes, les femmes partent, il leur fait la bise, et revient vers moi en s'excusant, ce à quoi je réponds bien sûr qu'il n'y a pas de problème. Il m'entraîne à sa suite dans les couloirs.

Bon, alors pour trouver mon bureau, là je vais vous montrer comment trouver mon bureau, après on ira au local si on a le temps... donc vous suivez les panneaux « rééducation ». vous voyez, par là, là [nous passons quelques portes]... vous avez vu c'est bien indiqué. Ensuite vous prenez par là, et là vous avez mon bureau.70

Nous sommes arrivés devant une porte où une pancarte dit simplement « Valévol santé », sans plus. Il ouvre la porte, et m'invite à m'asseoir. Je referme derrière moi, et m'assieds sur la seule chaise manifestement destinée à quelqu'un d'autre qu'aux chefs. Le local est très exigu, aucune fenêtre ne vient apporter autre chose que la lumière lugubre des quelques lampes. Des dossiers côtoient des produits de nettoyage sur une étagère, et deux bureaux me font face. Celui devant lequel est ma chaise est une table basique, avec des papiers essentiellement. L'autre est muni d'un ordinateur, d'une imprimante, d'un routeur internet, et d'un téléphone. Derrière les bureaux, deux chaises, pas franchement en meilleur état que la mienne. Et sur le mur, des panneaux sur lesquels sont inscrits des plannings et des notes (« prévoir un nettoyage de tel endroit », « aux chefs : contacter untel »...) avec de nombreuses fautes d'orthographe. Sur ma gauche, un genre de petite cuisine, je distingue une table et un évier, pas grand chose d'autre.

Florian Grandon sort mon CV, de mon côté je sors pièce d'identité, carte vitale et carnet de vaccination qu'il m'avait demandé d'apporter au téléphone. D'entrée de jeu, il me dit : « bon, il faut pas stresser hein, soyez détendu, c'est vraiment pour la forme ». « Oui... » réponds-je sans vraiment me décrisper pour autant. Plusieurs fois au cours de l'entretien, il me demandera si ça

69 Carnet de terrain, entreprise Valévol, jeudi 18 avril 2013 70 Carnet de terrain, entreprise Valévol, jeudi 18 avril 2013

va, me dira de me détendre. Il est dans une approche très sympathique, voire amicale, et il passera d'ailleurs peu à peu au tutoiement au cours de l'entretien. Il regarde mon CV, passe rapidement sur les diplômes et les premières expériences.

Bon les deux dernières expériences, c'est surtout ça qui va nous intéresser. Vous pouvez m'expliquer un peu ce dont il s'agit ?71

J'explique rapidement, pour ClariNet : nettoyage de DiscountPlus, des nettoyages courants, du chiffon et ce genre de choses dans des magasins, et les nettoyage chocs sur toute la nuit, avec de la manutention et du nettoyage intensif. J'explique que j'ai peu touché aux machines. Pour les Bambins heureux : travail plus soigné, moins dur physiquement, gestion d'un espace, préparation de repas, linge, sols… Il passe tout de suite à la description du poste :

Bon, donc moi je vous explique, le poste sur lequel je veux vous mettre, c'est un poste qui est un peu au milieu de ce que vous avez fait. Vous avez pas de machine, et c'est un poste en restauration en fait. Vous avez pas de contact avec les aliments, mais vous nettoyez un espace, il y a des sols, des poubelles à vider, un self... voilà, c'est assez varié quoi.72

À ce moment, un autre homme rentre dans le local, me salue ainsi que celui que j’appellerai bientôt Florian, et s'assied à l'autre bureau. Florian m'explique qu'il s'agit de la personne qui gère les agents.

Il y a environ 150 agents sur le site, donc le matin c'est... [rires], ça bouge quoi, et donc moi en gros là je fais l'entretien pour lui en fait.73

Je viens alors de rencontrer Stéphane, le chef de site, un personnage central à Valévol. Florian m'explique peu les détails du poste envisagé, simplement qu'il s'agit d'un remplacement de vingt jours. C'est peu, mais il envisage également de me former au travail avec machine, ce qui me laisse espérer une suite. L'embauche m'est confirmée oralement, je commencerai le 30 avril. Avant de partir, Stéphane me montre le chemin du « local ». C'est là que je devrai me rendre lors de mon premier jour. Nous empruntons un large couloir souterrain, où nous ne croisons que peu de personnes. Un sol carrelé, des rambardes en béton sur les côtés, de longues gaines au plafond, quelques néons : nous sommes clairement dans une zone qui n'est pas destinée au public. Quelques employés de l'Assistance publique - Hôpitaux de Paris (APHP) manœuvrent de petits engins motorisés qui tractent cinq à six conteneurs, probablement de linge ou de nourriture. Après un virage et environ 200 mètres de marche, nous arrivons au fameux local. Stéphane m'indique comment ressortir, et nous nous séparons.

71 Carnet de terrain, entreprise Valévol, jeudi 18 avril 2013 72 Carnet de terrain, entreprise Valévol, jeudi 18 avril 2013 73 Carnet de terrain, entreprise Valévol, jeudi 18 avril 2013

À partir du 30 avril, j'ai donc travaillé pour Valévol, dans un hôpital de la banlieue parisienne dépendant de l'APHP. Au sein de l'hôpital, différents travaux étaient sous-traités à des entreprises de nettoyage. Le nettoyage courant des espaces peu sensibles (chambres, bureaux, espaces de circulation, extérieur…) était à la charge de Valévol. La plupart des opérations plus lourdes dans ces mêmes espaces (décapage* des sols, nettoyage des murs, nettoyage au jet à haute pression des parkings…) étaient également sous-traitées à Valévol, de manière moins régulière. Je n'ai pas pu observer la manière dont les contrats étaient négociés entre Valévol et l'APHP, mais il est clair que ces opérations lourdes faisaient l'objet de contrats spécifiques – ou à tout le moins d'avenants –, apportant un bénéfice à Valévol en plus du contrat de nettoyage courant. Enfin, des ouvriers de Valévol assuraient également ce qu'ils appelaient un travail de « bio-nettoyage* ». Il s'agissait alors d'un nettoyage d'espaces plus sensibles, comme des blocs opératoires. N'ayant pas ou peu eu accès à ces espaces, je ne suis pas en mesure de dire jusqu'où Valévol était mobilisée dans ces opérations. Il semble toutefois que la limite en la matière résidait en la présence de déchets organiques. À aucun moment je n'ai rencontré d'ouvrier ou d'ouvrière de Valévol dont une partie du travail prescrit consistait à nettoyer du sang, ou le vomi d'un patient. Cela ne signifie pas qu'il en était de même concernant le travail réel, et de telles situations se présentaient régulièrement, mais nous n'étions pas supposés assurer ce type de nettoyage, hormis dans le cas particulier du nettoyage des toilettes. Par ailleurs, le traitement des déchets était sous-traité à une autre entreprise, SNF. Tandis que les ouvriers et ouvrières de Valévol regroupaient les déchets d'un service dans des bennes un peu partout dans l'hôpital, les ouvriers de SNF transportaient ces bennes vers un compacteur unique. Les déchets étaient triés selon trois catégories. Les ouvriers de Valévol avaient affaire aux déchets courants et aux déchets de type « papier/cartons », mais jamais à la troisième catégorie, celle des déchets organiques. Même le transport de ces déchets depuis les salles de soins jusqu'aux bennes n'était pas dans nos attributions.

Mon immersion à Valévol s'est déroulée en deux temps : un premier contrat de vingt jours, et un second de trois mois. Lors de mon premier contrat, je travaillais six heures par jour, du lundi au vendredi, soit trente heures par semaine. Mes horaires étaient fixes : de 7 heures à 10 heures 30 le matin, puis de 14 heures à 16 heures 30 l'après-midi. Je remplaçais Nouha, un ouvrier en congé, chargé habituellement du nettoyage courant du bâtiment des cuisines – le matin –, et de la cantine y attenant – l'après-midi. Nouha avait assuré ma formation en m'accompagnant le premier jour. Le lendemain, j'étais laissé à moi-même ou presque, pour organiser le travail que j’espérais avoir réussi à mémoriser la première fois. Mon second contrat

était également un CDD, dont la justification n'était plus un remplacement mais une augmentation de l'activité de l'entreprise. Mes horaires étaient habituellement de 7 heures à midi, six jours par semaine (le samedi étant mon jour de congé), soit à nouveau trente heures par semaine. Les horaires pouvaient varier exceptionnellement, et mon jour de congé s'est trouvé dans les faits le plus souvent décalé au dimanche. Mon travail était beaucoup plus varié que lors du premier contrat, allant du nettoyage quotidien d'un service, au décapage* de sols, en passant par le nettoyage d'un parking ou d'espaces de circulation. Hormis les tâches de bio-nettoyage, j'ai plus ou moins assuré lors de ce contrat tous les types de travaux délégués à Valévol dans l'hôpital.

Le travail à Valévol présentait une particularité forte en comparaison avec ClariNet : celle de se dérouler sur un site stable et étendu. Le collectif de travail s'élevait à une centaine d'agents, dont une partie présente depuis plusieurs dizaines d'années sur le site. Cette présence longue est particulièrement importante du fait d'une particularité du secteur du nettoyage : l'article 7 de la convention collective nationale des entreprises de propreté et services associés. Cet article spécifie que sous certaines conditions, en cas de changement de société prestataire d'un contrat, « le nouveau prestataire s'engage à garantir l'emploi de 100 % du personnel affecté au marché faisant l'objet de la reprise »74. Les conditions évoquées concernent le niveau de qualification – à

partir d'un certain niveau, les salariés d'encadrement ne sont plus concernés –, l'ancienneté – un minimum de six mois pour les salariés en CDI, les salariés en CDD de remplacement étant traités selon l'ancienneté de la personne qu'ils remplacent –, et la situation régulière au regard de la législation du travail relative aux travailleurs étrangers. Cela signifie concrètement, que sur des chantiers comme ceux des hôpitaux, on rencontre souvent des ouvriers et des ouvrières dont l'ancienneté sur le site est très largement supérieure à celle de leur entreprise. C'était le cas à l'hôpital, où Valévol et ses cadres n'étaient présents que depuis 3 ans. Une autre conséquence de la taille du site était la présence de deux délégués du personnel syndiqués, l'un à la Confédération générale du travail (CGT), l'autre à la Confédération française démocratique du travail (CFDT).

Le travail de nettoyage à l'hôpital s'organisait autour de deux lieux centraux, nommés par les cadres comme par les ouvriers « le bureau » et « le local » (parfois aussi appelé « local de pointage », essentiellement par les cadres). Le bureau était le lieu où aller pour s'adresser à Florian, l'Animateur de secteur (ADS), le plus haut placé dans la hiérarchie de l'agence Valévol à être régulièrement présent sur le site. On y négociait les embauches, y demandait un congé, ou une avance sur le chèque du mois suivant. C'est là que se déroulaient les entretiens d'embauche.

74 Convention collective nationale des entreprises de propreté et services associés du 26 juillet 2011 - Texte de  base, article 7.2.

Mais c'était aussi un lieu où pouvait se réunir la hiérarchie, éventuellement en compagnie de quelques ouvriers admis, pour organiser le travail. J'y ai été ainsi admis quelques fois, bien que pas réellement convié à prendre part à la conversation. On y décidait de la constitution de l'équipe de décapage du lendemain, mais on y laissait aussi libre cours à une parole décomplexée, notamment en ce qui concerne le racisme.

Le local75 était bien plus fondamental pour les ouvriers eux-mêmes. Perdu au milieu des

sous-sols de l'hôpital, le local était une pièce d'environ 50 mètres carrés, devant lequel on trouvait non pas un couloir mais une sorte de hall d'environ 150 mètres carrés. Dans ce hall,