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CHAPITRE IV CONCLUSIONS GÉNÉRALES

4.1. VÉRIFICATION DES HYPOTHÈSES

La gestion de la végétation par des moutons dans de jeunes plantations de conifères est une méthode biologique fonctionnelle alternative aux autres méthodes existantes qui, généralement, ne sont pas en harmonie avec l’environnement et ne sont pas acceptées socialement (Sutherland et al. 1992). Cependant, elle doit être utilisée dans des sites appropriés et suivre un protocole déterminé (Newsome et al. 1995). Elle possède ses propres avantages et limites (Foster 1998).

Pour cette étude, nous nous sommes fixés comme but d’évaluer l’efficacité de la gestion des herbes adventices par des moutons dans de jeunes plantations de conifères en C-B. L’efficacité de la méthode a été évaluée d’un point de vue biologique et économique.

Au plan biologique nous nous sommes intéressés à savoir si l’application de deux pâturages consécutifs avec des moutons favorisait la croissance de l’épinette hybride, l’essence commerciale étudiée. Le manque d’études sur l’épinette hybride ainsi que les conclusions divergentes des études existantes sur l’effet du pâturage sur la croissance des conifères (Sharrow 1994) ont relevé le besoin de réaliser une étude basée sur des données et des analyses scientifiques démontrant l’effet du pâturage sur la croissance de l’épinette hybride.

Ainsi, d’après les résultats obtenus, nous avons pu conclure que dans la zone biogéoclimatique ESSFmv3, le passage de deux pâturages consécutifs sur un même site n’a pas favorisé la croissance globale en hauteur et en diamètre de l’épinette hybride. Les rapports hauteur/diamètre (HDR), indicateurs du niveau de compétition, n’ont également pas été affectés par le passage du troupeau. Le fait que les valeurs des HDR étaient situées entre l’intervalle 50 - 60 et que l’épinette croît sans problèmes quand les niveaux de compétition produisent un HDR situé dans cet intervalle (Coopersmith et Hall 1999), pourrait expliquer le manque d’effet du pâturage sur la croissance des jeunes arbres. De plus, les épinettes sont des espèces tolérantes à l’ombrage et qui, d’après Lieffers et Stadt (1994), atteignent leur maximum de croissance à un taux de transmission de lumière de

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40%. Ainsi, la compétition par la lumière ne serait pas un facteur limitant pour la croissance de l’épinette hybride.

Par contre, la croissance en longueur internodale s’est révélée être plus importante au sein des sites pâturés à partir du deuxième passage du troupeau. D’abord, lorsqu’on réalise un dégagement de la végétation compétitrice, les jeunes plants ont besoin d’une période (même de plusieurs années) pour reprendre leur rythme de croissance (Lieffers et coll. 1993), qui peut se traduire auparavant par un arrêt de croissance ou un taux de croissance faible. Il est de même possible qu’un seul passage du troupeau soit insuffisant à l’élimination de la compétition, d’où la nécessité d’un deuxième passage. La tendance des deux courbes à se séparer plus on s’éloigne des années où le pâturage a eu lieu (Figure 4) laisse penser que cet avantage en croissance de la longueur internodale des épinettes sur les sites pâturés pourrait se traduire en une croissance globale supérieure de l’arbre à un âge plus avancé de la plantation. Nous pouvons conclure que notre hypothèse selon laquelle « la gestion des herbes adventices par les moutons favorise la croissance des jeunes conifères » est partiellement vérifiée. Pour qu’elle soit totalement vérifiée, le pâturage aurait dû favoriser la croissance globale de l’arbre.

Étant donné qu’un minimum de deux passages du troupeau, durant la même saison ou bien pendant des années consécutives, soit nécessaire pour efficacement réduire les réserves des racines de l’épilobe à feuille étroite (Sharrow 1994; L. Taylor, communic. pers., juin 2011), nous nous sommes intéressés à évaluer la rentabilité du nombre de traitements (1 ou 2 passages du troupeau) pour la gestion de la compétition des herbes adventices dans de jeunes plantations mixtes de conifères. Grâce à l’utilisation de l’approche de Garcia (1996), il a été démontré que le nombre de passages optimal est dépendant des caractéristiques du site et qu’avec un taux d’intérêt de 4%, aucun des deux traitements n’est rentable sans un gain en temps durant la période de rotation.

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Concrètement, le nombre d’années qu’il faut gagner, dans la rotation, pour que deux passages soient rentables, s’est révélé être supérieur à un seul passage dans les zones biogéoclimatiques ESSFmv3 (scénario A) et SBSmk1 (scénario C). Par contre, les résultats de la zone biogéoclimatique SBSwk3 (scénario B) n’ont pas montré de différences entre un ou deux passages du troupeau. Cela confirme partiellement notre hypothèse selon laquelle la rentabilité est la même pour les deux traitements. En effet, un scénario sur trois le démontre. En ce qui concerne l’influence de la période de rotation (PR) et du prix (P) sur la rentabilité du traitement, les résultats ont montré que cette influence n’est pas constante dans les trois scénarios étudiés. Cela indique que cette influence dépend aussi des caractéristiques du site.

Finalement, en ce qui a trait aux analyses de sensibilité, la variation du taux d’intérêt de 0,5% à 8% n’a pas changé les résultats à l’exception d’un pâturage (G1) pour le scénario A et C où à partir d’un taux d’intérêt de 6,5%, G1 devient rentable sans avoir besoin de gagner en temps (δ). En ce qui a trait à la variation des revenus, celle-ci n’a pas modifié les résultats, ce qui renforce la robustesse de notre interprétation sur la rentabilité. La rentabilité s’est relevée être sensible à partir d’une variation de 45% (+45% pour les coûts d’établissement et -45% pour les coûts du pâturage) des coûts du pâturage. Cela indique qu’il faudrait une variation de 45% pour que nos résultats soient différents, ce qui est quand même une valeur très élevée. Nous pouvons conclure que nos résultats ne sont sensibles qu’à partir de valeurs très élevées, ce qui confirme donc la robustesse de nos résultats.

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