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CHAPITRE IV CONCLUSIONS GÉNÉRALES

4.3. RECOMMANDATIONS ET FUTURES RECHERCHES

Nous avons voulu évaluer l’efficacité de la gestion des herbes adventices par des moutons selon deux volets, biologique et économique, pour donner une vision plus large de la méthode. Même si nous arrivons à la conclusion que l’utilisation des moutons pour la gestion de la végétation compétitrice favorise la croissance des jeunes conifères, les praticiens vont être plus réticents à son application si celle-ci n’est pas rentable.

Pour le volet biologique, nous avons évalué l’effet du pâturage (deux passages consécutifs du troupeau un an après l’autre) sur la croissance de l’épinette hybride. Étant donné que le pâturage n’a pas eu un effet significatif sur la croissance globale des jeunes épinettes, mais qu’il y a eu un effet significatif sur la longueur internodale cumulée, tendant à s’accentuer plus on s’éloigne des années où le pâturage a eu lieu, il serait pertinent de prendre des mesures dendrométriques à un stade plus avancé de la plantation. Ainsi, il pourrait exister un effet significatif du pâturage sur la croissance globale des jeunes arbres.

De plus, l’étude s’est concentrée sur la réponse à la croissance de l’épinette hybride après deux passages du troupeau, mais étant donné que certains auteurs (Sharrow 1994; Boateng 2007) indiquent qu’un minimum de deux passages consécutifs la même année ou durant deux années de suite sont nécessaires pour gérer la compétition, il s’avère essentiel d’étudier un troisième passage du troupeau tant pour le volet biologique qu’économique. De même, l’épinette étant une espèce tolérante à l’ombrage, il serait pertinent de mesurer son taux de survie, ainsi que le temps nécessaire pour déclarer la forêt comme établie. Dans le cas du pin tordu, l’autre espèce à valeur commerciale présente dans les plantations de l’étude, il serait aussi intéressant d’évaluer sa survie, sa croissance et le temps nécessaire pour arriver au statut de forêt établie. Comme il s’agit d’une espèce moins tolérante à

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l’ombrage, l’effet de la gestion de la végétation compétitrice par broutage sur la croissance pourrait être plus notable que pour l’épinette hybride.

Cette étude étant rétrospective, une étude prospective permettrait de planifier les plans d’expérience. Ainsi nous recommandons de mettre en place un dispositif expérimental dès le début pour contrôler le plus que possible la variabilité des facteurs externes. Cela consisterait à réaliser un dispositif en blocs complets aléatoires comprenant les deux traitements (pâturé et témoin), avec un nombre de répétitions suffisant à l’analyse statistique, ainsi que la sélection de plusieurs sites correspondant à une même zone biogéoclimatique ou bien à plusieurs, selon l’intérêt et le budget disponible. L’étude s’étendrait sur plusieurs années, s’étalant de l’année de préparation du site et de la mise en place de la plantation à l’année de déclaration de la forêt comme établie. Dans ce cas, on pourrait analyser la survie et la croissance des arbres, ainsi que le temps nécessaire pour déclarer la forêt comme établie. Durant cette période, il y aurait le passage du troupeau (une, deux ou trois fois). La mise en place d’une clôture pour empêcher le bétail de brouter les témoins serait nécessaire.

Pour le volet économique, nous avons réalisé une étude exploratoire pour voir l’applicabilité de l’approche de Garcia (1996). En utilisant cette approche, la rentabilité est évaluée par rapport au temps gagné durant la période de rotation. Une prise de données plus systématique et notamment la mesure du taux de croissance durant plusieurs années, permettrait d’obtenir un estimé réel du temps gagné durant la période de rotation et ainsi de décider de l’application ou pas du pâturage. Ce gain pourrait être traduit en termes monétaires, ce qui aurait un impact plus important aux yeux des gestionnaires forestiers.

De plus, nous avons réalisé une analyse marginale qui tient en compte uniquement les coûts du pâturage. Étant donné que, dans le domaine de l’agroforesterie, on se situe à long terme à cause de la composante ligneuse, les analyses financières demandent beaucoup de temps et de données. Cependant, il serait pertinent de réaliser une analyse financière intégrant

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toutes les entrées (inputs) et les sorties (outputs) du système sylvopastoral. Il faudrait réaliser une analyse globale de tout le système en intégrant tous les coûts reliés à la gestion du troupeau, les revenus (i.e. viande, laine) ainsi que les Biens et Services Environnementaux obtenus grâce à la non utilisation d’herbicides ou de la machinerie au sein des opérations forestières.

Enfin, voici quelques futures recherches qui permettraient de combler les lacunes de connaissance actuelles et de promouvoir l’utilisation du bétail pour la gestion de la végétation compétitrice:

- Étudier la palatabilité (propriétés organoleptiques) des espèces concurrentes (herbacées, arbustives ou arborées) pour mieux adapter la pratique aux sites les plus propices, permettant en plus de diminuer les dommages aux jeunes conifères. - Étudier l’efficacité des moutons à contrôler les feuillus (i.e. peuplier faux-tremble)

et déterminer si un mélange de moutons et de caprins serait faisable afin d’élargir le nombre d’espèces concurrentes ciblées; les caprins ayant une préférence pour les espèces ligneuses.

- Étudier le rapport hauteur/diamètre maximal selon l’espèce d’arbre afin de créer un outil de prise de décision pour évaluer le besoin ou pas de gérer la végétation compétitrice.

- Étudier le compactage du sol provoqué par le piétinement du bétail afin de déterminer un taux de charge adapté selon les sites.

- Étudier l’effet potentiellement bénéfique des excréments du bétail sur le cycle des nutriments et la fertilisation du sol.

- Étudier la faisabilité de la méthode au Québec, notamment la présence de troupeaux et de bergers disposés à la réaliser, l’intérêt du Ministère des Ressources Naturelles, la présence de forêts où elle pourrait être appliquée, la rentabilité, la production ovine, etc. Un essai a été réalisé dans la Forêt modèle du Bas-Saint-Laurent en 1995 (Belleau et Bell 1997), mais la forêt n’est plus opérationnelle depuis 2007.

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Pour finir, l’épidémie de Dendroctonus ponderosae qui est en train de ravager les forêts de la C-B va provoquer la présence d’un nombre important de parterres de coupes forestières à reboiser qui vont avoir besoin d’une gestion de la végétation compétitrice. Si à cela on ajoute la pression de la société qui prend de plus en plus conscience de l’importance de la conservation de l’environnement, l’utilisation des moutons comme outil pour la gestion de la végétation dans des plantations forestières apparait comme une solution durable pour le futur.

4.4. BIBLIOGRAPHIE

Belleau P et Bell Y (1997) Le broutage par les moutons : un mode de gestion des végétaux en milieu forestier. Rapport final. La forêt modèle du Bas-Saint-Laurent Inc, 36 pp Boateng JO (2007) The use of sheep and goats for the management of competing

vegetation in BC forests In Olivier A and S Campeau (eds). When Trees and Crops Get Together. Proceedings of the 10th North American Agroforestry Conference, Quebec City, Canada, 203-210

Coopersmith D et Hall E (1999) Experimental projects 1077 – the Siphon creek mixedwood trial: the use of a simple height-to-diameter ratio to predict the growth success of planted white spruce seedlings beneath aspen canopies. Research Note No. PG-17. Prince George Forest Region. Prince George, BC, 9 pp

Foster RF (1998) Grazing animals for forest vegetation management. Northwest Sci. & Technol. Technical Note TN–40, in Bell FW, M McLaughlan and J Kerley (compilers). Vegetation Management Alternatives - A Guide to Opportunities. Ontario Ministry of Natural Resources, Thunder Bay, ON, 12 pp

Garcia O (1996) Easy evaluation of establishment treatments in forest management planning and managerial economics. Proceedings of the S4.04 meetings sponsored by International Union of Forestry Research Organizations (IUFRO) XX World Congress. August 6–12, 1995, Tampere, Finland

Lieffers VJ, Mugasha AG et MacDonald SE (1993) Ecophysiology of shade needles of

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Lieffers VJ et Stadt KJ (1994) Growth of understory Picea glauca, Calamagrostis

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Newsome T, Wikeem B et Sutherland C (1995) Sheep Grazing Guidelines for Managing Vegetation on Forest Plantations in British Columbia. Land Management Handbook No. 34 Ministry of Forests, Victoria, 47 pp

Sharrow SH (1994) Sheep as a silvicultural management tool in temperate conifer forest. Sheep Research Journal, Special Issue, 97 – 104

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Sutherland C, Newsome T et Daintith N (1992) Sheep grazing – a biological tool for controlling competing vegetation in spruce plantations. Forest sciences section, British Columbia Ministry of Forests, Cariboo Forest Region, 21-29

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