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V. MODES DE GESTION ET USAGE DES PESTICIDES 1. Etat des lieux de la commercialisation des pesticides

V.3. Utilisation des pesticides

a. Les types d'usage de pesticides rencontrés au Tchad

Les pesticides sont parfois utilisés à tord et à travers, même à des fins médicamenteuses : il se pose fondamentalement un problème d’information et de sensibilisation. Le pays regorge de revendeurs et d’étalagistes dont la gestion pose problème aux services chargés de la réglementation et du contrôle. En effet, bon nombre d’entre eux ne répondent pas aux profils exigés par le métier. Les emballages vides de pesticides sont utilisés pour stocker, conserver et transporter des boissons (dont l'eau, le lait, etc.) ainsi que des aliments tels que les bouillies et l'huile.

b. Stockage des produits

Les Producteurs agricoles comme les structures sanitaires (Les unités d’imprégnation des moustiquaires), ne disposent pas en général de magasins appropriés de stockage des pesticides. Au niveau des populations, le système de stockage n’est pas conforme. En effet il peut arriver que les produits soient stockés dans les chambres, au niveau d’un coin de l’habitation, dans des contenants non identifiés avec tous les risques inhérents à cette pratique notamment l’utilisation pour des fins d’alimentation par les enfants et aussi les adultes.

c. Contrôle environnemental des pesticides

Tous les pesticides disponibles au Tchad sont importés. L’importation, la distribution et la vente des pesticides au Tchad est supervisée par une Commission Nationale Interministérielle/FAO/OMS de contrôle de pesticides à usage agricole dont le secrétariat se trouve à la DPVC.

Les pesticides ne sont pas vendus et distribués librement dans les marchés au Tchad.

Toutefois il y a un commerce non autorisé de pesticides au Tchad en provenance du Cameroun et du Nigéria.

La DPVC est autorisée officiellement à acheter les pesticides pour les distribuer aux Paysans pour la protection des cultures agricoles en général. D’autres agences de production agricole, telles que la COTONTCHAD, TABAC TCHAD et SONASUT ainsi que l’ONDR achètent, distribuent et utilisent individuellement des pesticides sans recours à la DPVC qui par conséquent est incapable d’entreprendre efficacement le contrôle de pesticides utilisés par ces agences. Chaque année la DPVC demande aux vendeurs de fournir les pesticides en vente afin qu’ils soient achetés par les fonds alloués par le Gouvernement. Il est demandé aux sociétés intéressées de soumettre des dossiers détailles sur les caractéristiques techniques et les prix des produits qu’ils mettent en vente; il leur est aussi demande de soumettre 7 documents administratifs pour soutenir leurs offres. Les dossiers et les documents d’offre sont revus plus tard par un Comité Interministériel à travers un processus d’approvisionnement officiellement approuvé qui résulte du choix des sociétés qui approvisionnent la DPVC en pesticides pour cette année-là. Les 5 sociétés suivantes ont gagné les marchés d’approvisionnement au cours de l’année 2001 : Société Kanem Négoce, Etablissement Abouna, Boutique Ismail Ahmed M. Saker , Vit Agri, et AgriSahel. Bien que les sociétés obtiennent les contrats de fourniture de pesticides à la DPVC, il n’y a aucune procédure en place pour licencier les fournisseurs de pesticides. Ces aménagements constituent ainsi une structure de contrôle pour les pesticides agricoles.

Bien que ces législations et décrets aient été passés, le service de protection des végétaux à la DPVC manque sérieusement de personnel suffisamment et normalement formé, de ressources et de fonds de fonctionnement pour remplir efficacement ses fonctions de mise en vigueur de législation .Les fournisseurs de pesticides n’ont pas de licence, l’équipement de protection n’est pas disponible et la formation régulière des Paysans dans la manipulation saine et l’utilisation des pesticides est très limitée.

Par ailleurs, l’expérience montre que les pesticides sont habituellement utilises à très grande échelle pour la production du coton et de sérieux problèmes de santé et d’environnement sont apparus dans un tel système de production. Si les organisations de producteurs produisant le coton doivent participer au projet PROADEL-2, une attention particulière devrait être observée dans l’introduction de pratiques de Lutte intégrée pour réduire l’utilisation des pesticides et les risques qui y sont associés.

Nous reconnaissons que le PROADEL-2 n’est pas supposé renforcer la capacité nationale de contrôle de la distribution et de l’utilisation des pesticides, bien que le contrôle des pesticides sera bénéfique aux organisations de producteurs impliquées dans la production de cultures agricoles. Par conséquent, l’approche recommandée, est d’aider le PROADEL-2 à soutenir la

formation dans l’utilisation saine et efficace des pesticides dans le contexte de la gestion de peste intégrée ainsi que la prise de conscience publique des risques relatifs à l’excès d’utilisation et la mauvaise utilisation des pesticides à la santé humaine et à l’environnement.

Ces activités de formation, par conséquent, constituent un élément majeur du plan de gestion des pestes.

Si les pesticides sont nécessaires pour la gestion de pestes par les Organisations de Producteurs, la sélection de pesticides ne serait faite qu’à partir des listes des produits approuvés sur le plan national, (liste dans l’Appendice 1) afin que le PROADEL-2 fonctionne dans le contexte du système national.

d. Gestion des pesticides obsolètes et emballages vides

Les pesticides peuvent devenir obsolètes en cas de non utilisation prolongée des stocks présents dans le pays. En outre, le stockage prolongé des pesticides peut provoquer des fuites et contaminer le sol et l’eau des zones de stockage. La destruction saine de ces produits obsolètes nécessite des moyens financiers énormes et des technologies de pointe. C’est pourquoi il a été mis en place le Programme Africain Relatif aux Stocks des pesticides Obsolètes (PASP-Tchad) financé par la Banque mondiale avec d’autres Partenaires Techniques et Financiers. L’objectif du PASP-Tchad est d’éliminer les pesticides obsolètes et les déchets apparentés ; de préparer un Plan National de décontamination et décontaminer les sites prioritaires ; appuyer les actions visant à réduire l’accumulation de nouveaux stocks de pesticides à l’avenir.

Concernant les emballages vides, en général, ils sont jetés dans la nature d’une manière anarchique : soit les emballages sont enfouis ou brûlés, soit il n’existe aucun système de gestion et d’élimination des emballages vides et des restants de produits phytosanitaires. Les recommandations récentes de la FAO stipulent que ces emballages vides devraient être repris par les distributeurs de pesticides pour un traitement approprié. Présentement, les seules initiatives sont prises par le PASP-Tchad qui assure la gestion des emballages vides (presse pour les fûts métalliques et broyage pour les récipients en plastique, en vue de leur recyclage).

e. Les importations des pesticides

Les importations viennent frauduleusement de nombreux pays comme le Cameroun et le Nigéria, etc. Le circuit d'importation des pesticides n'est pas encore bien maîtrisé, c’est pourquoi il est difficile de connaître la quantité totale de pesticides importés dans le pays.

f. Produits utilisés et homologués au Tchad

La liste des pesticides utilisés au Tchad et homologués par le Comité Sahélien des Pesticides (CSP) est indiquée en Annexe 4 du présent rapport. Ces pesticides homologués par le CSP sont en conformités avec les exigence et recommandations de l’OMS et de la FAO.

g. Produits à risque et produits interdits

Parmi les produits à risque, on peut citer les pesticides qui sont répertoriés dans les POPs (Polluants Organiques Persistants) : DDT; Aldrine; Chlordane; Dieldrine; Heptachlore;

Hexaclorobenzene; Mirex ; Toxaphène. Ces produits font tous partie de la famille des organochlorés. Ces polluants sont strictement interdits dans les pays industrialisés depuis les années 70. Ils sont difficilement biodégradables et persistants dans l’environnement et restent de redoutables polluants pour les sols et le milieu aquatique. Les POPs sont des substances chimiques organiques. Leurs propriétés sont telles qu’une fois rejetés dans le milieu naturel, ils restent stables extrêmement longtemps (des années) ; ils se répandent largement par le biais

de processus naturels mettant en jeu le sol, l’eau, l’air ; ils s’accumulent dans les tissus adipeux des organismes vivants et atteignent des concentrations très élevées en haut de la chaîne alimentaire ; ils sont toxiques pour les êtres humains, la flore et la faune. La facilité d’accès aux pesticides, parfois même des pesticides prohibés notamment certains organochlorés (DDT, Heptachlore, Dieldrine, Hexachloroexane, Endosulfan, Alachlor, Endrine, etc.) est due à la multiplicité des points de vente de produits phytosanitaires mais aussi et surtout, du manque de contrôle sur l’usage et la commercialisation de ces substances.

Soucieux de la Protection de la santé humaine, animale et de l'environnement, et sur proposition du Comité sahélien des pesticides en sa séance de travail du 08 mai 2007 à Bamako, l'endosulfan est interdite en agriculture dans les Etats membres du CILSS.