• Aucun résultat trouvé

Utilisation des désinfectants en milieu hospitalier

II.1.1

Intérêt

En milieu hospitalier, tout patient est considéré comme porteur connu ou non d’un risque potentiel d’agents infectieux. De plus, les surfaces et l’instrumentation médicale peuvent également constituer un réservoir de transmission d’organismes (Thiveaud et al., 2005). Des mesures doivent donc être prises pour protéger les autres personnes (patients, professionnels, visiteurs). De fait, afin de limiter la transmission des micro-organismes, le nettoyage et la désinfection dans le milieu hospitalier sont nécessaires et hautement recommandées (Rouillon et al., 2006). Ces recommandations sont d’autant plus importantes que de nombreuses personnes présentant un système immunitaire affaibli peuvent séjourner au sein de ces établissements. Les produits utilisés dans ce cadre sont essentiels pour contrôler les risques infectieux et les maladies nosocomiales (Gilbert et Moore, 2005 ; Maillard, 2002 ; McDonnell et Russell, 1999).

II.1.2

Utilisation et consommation des biocides ciblés en milieu

hospitalier

Parmi les ammoniums quaternaires, le DDAC est l’un des composés les plus utilisés, avec les alkyltrimethylammoniums et les benzylakyldimethylammoniums (Buffet-Bataillon et al., 2012 ; Zhang et

al., 2015), en raison de ses propriétés détergentes et désinfectantes. En France, selon les Laboratoires

B i b l i o g r a p h i e – C h a p i t r e I I P a g e 4 2 | 1 9 7

est utilisé comme détergent-désinfectant du linge et des surfaces mais également comme détergent- désinfectant de l’instrumentation médicale.

En ce qui concerne le digluconate de chlorhexidine, 160 tonnes/an seraient consommées (données transmises par le Laboratoire Anios). En médecine dentaire il est utilisé pour la désinfection du matériel bucco-dentaire (prothèses), dans les produits oraux (dentifrices, bains de bouches) et pour le traitement des patients (inflammations bactériennes, carries sévères, lutte contre la plaque dentaire). En médecine générale, il est utilisé (i) pour la désinfection de la peau (corps, mains) sous forme de savons, d’antiseptiques et de solutions nettoyantes, (ii) dans le cadre d’actes préopératoires et (iii) pour le nettoyage des surfaces et de l’instrumentation médicale. Dans les médicaments, il est retrouvé dans des produits pour la désinfection des blessures, des crèmes contre les brûlures et les solutions ophtalmiques (Dynes et al., 2006 ; Yildirim et al., 2015 ; Zong et Kirsch, 2012).

Quant au BAPLA, la consommation de cette molécule serait de l’ordre de 400 tonnes/an en France (Laboratoire Anios). Dans le domaine hospitalier, ce composé est essentiellement utilisé comme détergent et désinfectant des surfaces.

II.1.3

Le chlore

Avec un spectre d’activité très vaste envers les agents pathogènes et efficace contre la majorité des souches responsables de maladies nosocomiales, les produits à base de chlore sont également très largement utilisés au sein des établissements hospitaliers. Ils sont employés pour la désinfection des réseaux d’eau potable, le nettoyage domestique apparenté à l’hôtellerie ou encore dans certains cas pour inactiver les agents pathogènes d’effluents liquides particuliers (Rutala et Weber, 1997 ; Sharma

et al., 2016 ; Tsai et Lin, 1999 ; Direction générale de la Santé, 2016). De même, dans certains cas,

certains produits à base de chlore sont utilisés en tant qu’antiseptiques jusqu’à des concentrations de 5° chlorométrique (Billast et al., 2000).

A ce niveau, le chlore peut être employé sous différentes formes : sous forme de solution d’hypochlorite de sodium (NaOCl) ou sous forme de pastilles de dichloroisocyanurate de sodium (DCCNa). Dans les deux cas, les propriétés désinfectantes de ces produits sont principalement liées à l’acide hypochloreux et aux ions hypochlorites (désinfectants appartenant au groupe 1 du RPB n°528/2012/CE).

Dans les solutions d’eau de javel, les ions hypochlorites sont en équilibre avec l’acide hypochloreux : HOCl + H2O = ClO- + H3O+ (1)

B i b l i o g r a p h i e – C h a p i t r e I I P a g e 4 3 | 1 9 7

Lors de l’utilisation du dichlorisocyanurate de sodium, c’est l’hydrolyse de ce composé qui, en solution, libère de l’acide hypochloreux :

(2)

La stœchiométrie indique que 4 mg/L de HOCl disponible nécessite 6,19 mg/L de DCCNa.

Les différences entre ces produits se situent dans la façon de rendre le chlore disponible. Si les solutions d’hypochlorite de sodium permettent de libérer l’intégralité du chlore libre immédiatement, ce n’est pas le cas du DCCNa. En effet, pour le DCCNa, le chlore est stabilisé par l’acide cyanurique. Ce dernier joue alors un rôle de « protection » du chlore potentiellement libérable, (Clasen et Edmondson, 2006 ; Hammond et al., 1986 ; Heling et al., 2001). Ainsi, aux pH rencontrés dans les eaux domestiques (7-8), environ 50 % de chlore est disponible immédiatement et est libéré, tandis que les autres 50 % resteront liés à l’acide cyanurique, comme illustré par la figure 3.

Figure 3 : Proportion de chlore libre et de chlore lié dans une solution contenant 3 mg/L de DCCNa, d'après Clasen et Edmondson, (2006).

Le chlore lié sera libéré progressivement au fur et à mesure de la consommation du chlore libre suite à des déplacements d’équilibres. Ce mécanisme permet de libérer le chlore libre seulement lorsque cela est nécessaire. Il permet également de maintenir plus longtemps une concentration de chlore résiduel dans le milieu et d’éviter une surconsommation en chlore suite à des pertes rapides du chlore dans le milieu (par évaporation, dégradation…)

L’utilisation du DCCNa, plus récente que celle de l’eau de javel, peut être considérée comme une alternative à l’eau de javel. En effet, également reconnu en tant que désinfectant de l’eau potable en cas d’urgence par l’OMS, sa commercialisation principalement sous forme solide est plus pratique qu’un liquide : le transport est moins coûteux, les conditions de stockage et d’utilisation des tablettes

B i b l i o g r a p h i e – C h a p i t r e I I P a g e 4 4 | 1 9 7

de DCCNa sont plus simples et il présente un risque moindre lors de la manipulation (déversements accidentels et éclaboussures ou erreur de dosage).

De plus, contrairement à ce que pourrait laisser croire le nom de l’acide cyanurique, ce dernier ne présente pas d’effets toxiques sur la santé. Avant l’utilisation de DCCNa comme désinfectant de l’eau potable, de nombreuses études ont été réalisées pour mesurer ce potentiel toxique. Les travaux de Hammond et al. (1986) rapportent certains de ces tests toxicologiques sur l’acide cyanurique et indiquent qu’il ne présente pas de risque toxique que ce soit à court ou long terme ni d’effet cancérogène, reprotoxique et mutagène.

Enfin, l’efficacité bactéricide des protocoles de désinfection est significative. Le DCCNa aurait une meilleure efficacité que les solutions d’hypochlorite de sodium (Coates, 1985 ; Heling et al., 2001 ; Mazzola et al., 2003) puisque, entre-autre, son activité est moins impactée par la présence de matières en suspension (Clasen et Edmondson, 2006 ; Heling et al., 2001).